– Marc 9 : 30-41 ; 10 :13-16 –
« Revêtez-vous d’humilité, pour vous servir l’un l’autre ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles. » – 1 Pierre 5 : 5 (traduction littérale).
Le Maître savait que le moment de sa mort approchait. Il désirait annoncer cela avec douceur à ses chers disciples. C’est pourquoi Il traversa à la hâte la Galilée, en route pour Capernaüm, comme indiqué dans notre leçon, cherchant plutôt à éviter les curieux. Il désirait cette occasion pour annoncer à ses disciples la nouvelle de l’accomplissement prochain de son sacrifice. Bien qu’Il ait précédemment déclaré que personne ne pouvait se saisir de Lui car son heure n’était pas encore venue, à présent Il révélait qu’Il serait livré entre les mains des hommes, qu’ils Le crucifieraient, et qu’Il ressusciterait le troisième jour.
Mais les disciples ne comprenaient pas et craignaient de demander des explications. Ils n’étaient que des hommes charnels ; car, jusqu’à la Pentecôte, aucun d’entre eux n’était engendré du Saint Esprit (Jean 7 : 39 ; Actes 1 : 8). En tant que Juifs, l’idée du Royaume Messianique occupait la première place dans leur esprit. Jésus les avaient autorisés à prêcher que le Royaume était proche, et leur avait promis qu’ils auraient une part dans le Royaume. Jusqu’à ce moment, ils n’étaient pas prêts à accepter le fait que la nation Juive ne réussirait pas à L’accepter, et qu’ainsi les bénédictions du Royaume seraient différées de plusieurs siècles.
Les Apôtres avaient entendu Jésus prononcer tant de « paroles obscures » et de paraboles, qu’ils étaient abasourdis et se demandaient quelle interprétation donner à ces paroles au sujet de sa mort et de sa résurrection. Mais leurs pensées se portaient naturellement vers les grandes espérances qui étaient devant eux : que Jésus serait bientôt le Roi, et qu’ils seraient alors élevés à une position d’honneur en tant que ses associés dans le Royaume. Ils allèrent même plus loin en se querellant au sujet des positions d’honneur qu’ils occuperaient et de savoir qui serait le plus grand – le premier ministre du Seigneur. Ils comprenaient si peu les grandes épreuves et les déceptions qui les attendaient dans quelques jours.
Jésus les assembla autour de Lui et s’enquit de la cause de leur querelle, mais ils avaient honte de le Lui dire. Il les conseilla alors en indiquant que les ambitieux égoïstes recherchant les honneurs plutôt que le service seraient déçus. Dans son Royaume, les « opportunistes » auront la place la moins élevée. Pour illustrer la chose, Il prit un enfant et le plaça au milieu d’eux et dit : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi [seulement], mais celui qui m’a envoyé » – Marc 9 : 37.
Le Maître cherchait de cette manière à montrer à ses disciples que ce n’était pas leur grandeur qui était à considérer, mais la faveur de Dieu. Le plus humble parmi eux, s’il est bien-aimé de Dieu, aurait la position la plus élevée. Ils se devaient de posséder un esprit de compassion et d’appréciation de l’œuvre divine de grâce parmi chacun d’eux. Ils devaient se considérer les uns les autres comme représentants de Jésus, et même plus, comme représentants du Père. S’ils entretenaient une telle considération les uns pour les autres, alors ils seraient certainement aimables et prévenants envers tous, et rechercheraient à être utiles – « par honneur, usez de prévenances réciproques. » – Romains 12 : 10.
BÉNISSANT LES ENFANTS
La seconde partie de notre leçon rapporte que le grand Maître avait beaucoup d’amour pour les enfants bien que, pour autant que les écrits nous l’illustrent, Il ne leur accordait pas de son temps en général. Lorsque des parents affectueux amenaient leurs enfants, avec le désir qu’Il les bénisse, les disciples, considérant que le temps du Seigneur était trop précieux pour être ainsi utilisé, les reprenaient. Mais Jésus ordonnait vivement que les enfants soient autorisés à venir. Il les prenait dans ses bras, posait ses mains sur eux et les bénissait, manifestant son propre amour compatissant et son humilité de cœur. Il pouvait prêcher à une femme Samaritaine près du puits, ou prendre le temps de manifester son affection envers les enfants, malgré le poids de l’œuvre qui reposait sur Lui et le fait que sa course approchait de son terme.
Puisque le thème du Royaume était prédominant dans ses enseignements et dans les pensées de ses disciples, Il saisit une nouvelle occasion de leur enseigner une leçon. Peut-être avaient-ils une trop grande assurance de devenir membres de la classe du Royaume. Ils n’avaient pas encore appris à quelles épreuves décisives seraient soumis ceux qui seraient trouvés dignes de s’asseoir avec le Rédempteur sur son trône Messianique de gloire et de participer avec Lui à la bénédiction de toutes les familles de la terre. C’est pour cela qu’Il disait : « Laissez les petits enfants … venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » – Matthieu 19 : 14.
Par ces paroles, nous ne devons pas comprendre que le Maître voulait dire que ses disciples, ceux à qui Il s’adressait habituellement durant ses discours, ne seraient pas dans le Royaume, et que tous, dans le Royaume, seraient des petits enfants. Bien au contraire, les petits enfants ne feront pas du tout partie du Royaume. Seuls ceux dont le caractère est développé, éprouvé et perfectionné, constitueront les vainqueurs qui s’assiéront avec le Maître sur son Trône.
L’idée que le Seigneur souhaite ici mettre en valeur, comme exprimée par ailleurs, est que même les douze apôtres ne feront pas partie du Royaume à moins qu’ils ne deviennent comme des enfants : dociles, malléables et confiants. Un véritable enfant, bien élevé par ses ainés, est disposé à être plein de confiance ; et tant qu’il ne sera pas trompé, il sera disposé à croire chaque parole de ses parents et à avoir une confiance sans réserve en leur sagesse et leur influence. Tous ceux qui deviennent enfants de Dieu doivent atteindre cette condition de cœur à l’égard du Père céleste. Quiconque n’atteint pas cet état ne sera pas apte pour le Royaume.
Insistant encore plus sur le sujet, le grand Maître disait : « … quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. » (Marc 10 : 15). Cette expression éclaire le sujet. Les disciples de Jésus ne doivent pas être des petits enfants, mais doivent leur ressembler car seuls ceux qui leur ressemblent auront une part dans le Royaume. La réception du Royaume mentionnée signifie de toute évidence la réception du message du Royaume, car manifestement, personne ne peut recevoir un royaume avant que le royaume ne soit venu ou n’ait été offert.
Ainsi, pour la nation d’Israël, l’offre du Royaume vint à la fin du ministère de Jésus, lorsqu’Il monta à Jérusalem, à la manière des rois d’Israël, assis sur un âne, s’offrant ainsi à eux comme leur Roi. Les scribes et Pharisiens mondains étaient trop sages pour recevoir Jésus, et complotèrent de Le faire mourir. Ses disciples étaient confiants comme de petits enfants, et crurent pleinement dans le message de la Parole de Dieu qu’il y aurait un Royaume et dans l’autre message indiquant que Jésus était le Roi annoncé qui, au temps voulu, prendrait son pouvoir et son règne pour bénir le monde.
Ceci était illustré par le fait que Jésus s’assit sur l’âne. La multitude criant : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! … » (Matthieu 21 : 9) Le traitait comme le Roi. Les disciples, approuvant pleinement, tels de petits enfants, ne se doutaient de rien. Mais d’un autre côté, les « sages » scribes et Pharisiens appelèrent à faire cesser les cris de la multitude, demandant qu’on leur dise que Jésus n’était pas le Messie, et qu’ils étaient trompés. Mais Jésus leur répondit simplement que ce dont ils étaient témoins avait été annoncé par le Prophète Zacharie (9 : 9), et qu’il se devait d’y avoir un cri. Le Seigneur déclara que si le peuple se taisait, alors les pierres seraient obligées de crier, afin que la prophétie puisse être accomplie. – Luc 19 : 40.
Il semble remarquable qu’après tout ce que la Bible a annoncé en ce qui concerne le Royaume du Messie et l’œuvre de bénédiction qui doit s’accomplir envers Israël et toutes les familles de la terre, si peu semblent croire au message, si peu semblent enclins à l’accepter comme de petits enfants. La majorité d’aujourd’hui, tels les scribes et les Pharisiens d’antan, est trop « sage » pour croire en la possibilité de l’établissement du Royaume du Messie. Elle réalise la nécessité du Royaume, mais elle a certaines théories bien à elle qui l’aveuglent face à la Vérité.
Certains soutiennent à tort que le Royaume de Christ fut instauré à la Pentecôte et qu’il règne depuis, conquérant le monde. Malheureusement, cela semble si déraisonnable, sachant que même sous les conditions les plus favorables, le nombre des païens dans le monde double chaque siècle ! Oh combien il est étrange que certains chrétiens aient si longtemps prié que le Royaume de Dieu vienne et dirige le monde, détruisant le méchant et élevant ceux qui lui sont obéissants jusqu’à ce que l’on puisse dire finalement que la volonté de Dieu s’accomplit pleinement sur terre comme elle l’est aux cieux – et cependant tout ceci, sans véritablement, ni correctement, croire que le Royaume qui était offert à Israël, et qu’il refusa, doit de toute évidence être établi – à la Seconde Présence de Jésus et au changement de son Église dans la résurrection !
Un autre grand nombre de frères chrétiens, les Catholiques Romains, s’en tiennent à une théorie encore différente ; à savoir que le règne Millénaire du Messie commença au temps du Pape Léon III en l’an 800 après Jésus-Christ, et qu’Il règne depuis lors sur le monde. Ce point de vue contient la pensée qu’il était plus que nécessaire que Jésus vienne une seconde fois pour établir son Royaume ; mais que, en l’an 800 après Jésus-Christ, Jésus aurait investi ses disciples du pouvoir royal, et fait du Pape de Rome son représentant et vicaire. Le terme vicaire, comme nous le savons tous, s’applique à quelqu’un qui règne à la place d’un autre. Ils clament que Christ règne maintenant depuis onze siècles et treize années, pleinement et officiellement représenté par le Pape.
Aucun de ces points de vue n’est satisfaisant, ni scriptural. Il est certain qu’il n’y a pas eu de conquête du monde durant les onze derniers siècles, comme nous l’aurions espéré, si le temps de Dieu pour que le Messie prenne possession du Royaume promis depuis longtemps était venu. Certes, les paroles que l’apôtre Paul prononça en son temps sont aussi valables aujourd’hui : « le dieu de ce monde a aveuglé l’intelligence de ceux qui ne croient pas » (2 Corinthiens 4 : 4)- « les enfants de la désobéissance » – pour entraver la lumière du glorieux Évangile de Christ.
Le glorieux Évangile de Christ est : « … je reviendrai, et je vous prendrai avec moi … » (Jean 14 : 3). Son glorieux message est en outre que son Église s’assiéra avec Lui sur son trône, une Sacrificature Royale ; et qu’en son Jour, le juste croîtra (Psaume 92 : 13) et tous les méchants seront retranchés dans la Seconde Mort. L’apôtre fit bien de nous avertir de ne pas nous écarter de « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). N’avons-nous pas été avertis que « dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs – qui les induiront en erreur – et à des doctrines de démons » (1 Timothée 4 : 1). Ceci est totalement différent de l’Évangile glorieux et plein d’amour de l’amour de Dieu, et de sa miséricorde qui « dure à toujours ». – Psaume 136 : 1.
Notre texte d’or nous assure que l’Église, étant appelée maintenant à s’asseoir avec Christ sur son trône en temps voulu, doit se ceindre d’humilité, comme serviteurs les uns des autres. Car « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (Jacques 4 : 6). C’est pour cela que seuls les humbles recevront le merveilleux don des honneurs et opportunités du Royaume.
WT1913 p5361