« Oh ! Si vous pouviez écouter aujourd’hui sa voix ! » – Psaume 95 : 7.
« C’est pourquoi, selon ce que dit le Saint Esprit : Aujourd’hui, si vous écoutez ma voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte, le jour de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent pour m’éprouver et ils virent mes œuvres pendant quarante ans. Aussi je fus irrité contre cette génération et je dis : ils ont toujours un cœur qui s’égare. Ils n’ont pas connu mes voies. Je jurai donc dans ma colère : ils n’entreront pas dans mon repos ! » – Hébreux 3 : 7-11.
Tout au long du Psaume 95 : 7-11 et aux chapitres trois et quatre de l’épître aux Hébreux, le mot « Aujourd’hui » est mis en évidence. Un repos était promis au peuple d’Israël, mais il n’y est manifestement pas entré. Quelques siècles plus tard, David lui-même parle de ce repos et nous exhorte en ces termes : « Aujourd’hui, n’endurcissez pas votre cœur contre la voix de Dieu, comme vos pères l’ont fait. »
Il nous conseille de jeter un regard en arrière et de nous demander pourquoi les Israélites ne sont pas entrés dans le repos. Et nous constatons qu’ils étaient endurcis et incrédules. Nous aussi, méditons sur cette expérience. Les pensées de l’apôtre Paul vont dans le même sens et nous donnent à réfléchir en 1 Corinthiens 10 : 1-6 : « Frères, je ne veux pas que vous ignoriez que vos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous passé au travers de la mer, qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, qu’ils ont tous mangé le même aliment spirituel et qu’ils ont tous bu le même breuvage spirituel…. Mais la plupart d’entre eux ne furent point agréables à Dieu, puisqu’ils périrent dans le désert. Or ces choses sont arrivées pour nous servir d’exemples, afin que nous n’ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu. »
Reconnaissons que ces paroles de Moïse, de David et de l’apôtre ont une grande importance pour nous qui vivons à la fin de l’âge de l’Évangile !
Notons que cet avertissement est donné à ceux qui ont déjà parcouru un long chemin dans les voies de Dieu. Cela montre qu’un danger particulier guette ceux qui ont une bonne partie du parcours derrière eux. Ils peuvent encore dévier de cette merveilleuse voie, sur le petit bout de chemin qui leur reste jusqu’au but. L’apôtre termine par ce conseil : « Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! » – Verset 12.
Paul insiste sur un mot dans son texte, il répète cinq fois le mot « tous ». Ne sont-ils pas tous sortis d’Égypte, n’ont-ils pas tous traversé la mer, ne sont-ils pas tous baptisés en Moïse … etc. Mais la plupart d’entre eux ne furent pas agréables à Dieu.
Cela illustre le sérieux de notre consécration. Paul compare notre parcours à une course dans un stade, où tous courent, mais où un seul remporte le prix. – 1 Corinthiens 9 : 24.
Étudions le chemin parcouru par Israël à travers le désert. Comment était-ce possible qu’un peuple, qui avait vécu tant de manifestations de puissance et de bénédictions divines, s’écartât constamment de sa route ? Il avait encore entre les dents la viande que Dieu lui avait envoyée par un miracle, qu’il re-commençait à se plaindre. Alors que l’Éternel l’avait si merveilleusement sauvé de la Mer Rouge, il lui fallut seulement trois jours pour arriver près d’une eau amère – et douter et protester à nouveau. Et ce ne fut pas le seul dérapage, il y en eut d’autres. Il est évident que tous ont fait des fautes. Qu’est-il arrivé à ce peuple ? Est-ce tout simplement la nature humaine qui est défaillante ?
Ce « tous » doit sûrement nous faire comprendre qu’il s’agit de la faiblesse de l’homme déchu et qu’en fait, nous sommes tous semblables. C’est ce que dit l’apôtre.
Mais, voici un commandement : vous devez changer ! « Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un cœur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : aujourd’hui ! Afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. » (Hébreux 3 : 12, 13). Faire partie de ces « tous » n’est pas inéluctable. C’était aussi le cas en Israël. Il y avait un Caleb, il y avait un Josué, qui faisaient exception.
Six cent mille hommes (sans compter les femmes et les enfants) sont sortis d’Égypte, et deux sont entrés dans le repos de la Terre Promise. C’est peu, mais malgré tout réconfortant. Le Père Céleste certifie ainsi qu’Il a prévu un chemin pour « entrer dans le repos », pour la pauvre nature humaine, si facilement défaillante. Il existe une voie, indépendante de nos faiblesses, qui est ouverte au faible comme au fort : c’est la FOI.
Lorsqu’Israël errait dans le désert, il était évident que le danger augmentait au fur et à mesure qu’il approchait du but. Après leur sortie d’Égypte, ils arrivèrent assez vite au Sinaï, où ils séjournèrent presque un an. Puis, après un court trajet, ils atteignirent Kadès, tout près du pays de Canaan.
Et le malheur arriva, pour ainsi dire à la porte de la maison. L’impiété atteignit des sommets, si bien que Dieu, irrité, se sépara de ce peuple incapable et le rejeta. Mais Moïse intercéda pour ses frères auprès de Dieu, pour que le nom de l’Eternel ne soit pas diffamé parmi les nations, disant : « L’Eternel n’a pas été capable de sauver son peuple. »
Et Dieu céda à sa prière et pardonna au peuple à cause de Moïse; non pas pour le conduire au but immédiatement, mais dans le sens qu’Il ne le détruira pas en un jour et permettra à ses enfants – la génération suivante – d’entrer dans le repos de la Terre Promise.
Mais, si près du but, il fallut à Israël encore trente-huit ans pour traverser le Jourdain et enfin fouler le sol de la Terre Promise. Pendant quarante ans, Israël séjourna dans le désert, jusqu’à ce que la génération sortie d’Égypte soit éliminée et que sa descendance soit adulte. Cette lenteur nous paraît d’autant plus étonnante, que c’est avec grande hâte que l’on avait fui l’Égypte. Comment donc s’était déroulée la Pâque ? Sous le signe de l’urgence, le bâton à la main, les chaussures aux pieds et la ceinture nouée ; c’est ainsi que le repas devait être pris : prêts à partir. Et maintenant, au contraire, c’est la lente marche et le long séjour dans le désert, trente-huit ans durant ! Tout cela à cause de leur impiété !
L’Éternel nous montre sa manière de traiter Israël, dans une belle image des Écritures : « Puis au désert, où tu as vu que l’Éternel, ton Dieu, t’a porté comme un homme porte son fils, pendant toute la route que vous avez faite jusqu’à votre arrivée en ce lieu. » (Deutéronome 1 : 31). Nous pouvons imaginer un père, qui porte son fils fatigué d’une longue marche et de mauvaise humeur. Mais au lieu d’être reconnaissant, l’enfant se plaint et se révolte à cause des difficultés du voyage. C’est ainsi qu’Israël se rebellait contre Moïse, lui, qui l’avait conduit hors d’Égypte
Les versets suivants expliquent quelle sera la punition pour un tel manque de foi – non pas envers Moïse, mais envers Celui qui, par son intermédiaire, a pris Israël par la main pour le libérer de l’esclavage en Égypte : « Malgré cela, vous n’eûtes point confiance en l’Éternel, votre Dieu, qui allait devant vous sur la route pour vous chercher un lieu de campement, la nuit dans un feu afin de vous montrer le chemin où vous deviez marcher, et le jour dans une nuée. L’Éternel entendit le bruit de vos paroles. Il s’irrita et jura en disant : aucun des hommes de cette génération méchante ne verra le bon pays que j’ai juré de donner à vos pères, excepté Caleb, fils de Jephunné ; il le verra, lui, et je donnerai à lui et à ses enfants le pays sur lequel il a marché, parce qu’il a pleinement suivi la voie de l’Éternel. » – Deutéronome 1 : 32-36.
Pour quelle raison Caleb et Josué entrèrent-ils pourtant en Terre Promise ? Parce qu’ils ont gardé une foi inébranlable au milieu de l’incrédulité générale. Bien qu’ils n’aient jamais douté des promesses du Très-Haut et qu’ils ne soient pas tombés dans l’incroyance, ils eurent à souffrir des conséquences de cette im-piété. Ils durent attendre, comme leurs frères rebelles, durant les trente-huit ans à Kadès. N’auraient-ils pas eu le droit de protester contre cette « injustice », devaient-ils subir – eux qui obéissaient – la punition de ceux qui n’obéissaient pas ?
Caleb joue un rôle bien particulier. Pendant des années, il disparaît de notre horizon. Il n’est plus mentionné dans l’histoire d’Israël, jusqu’au jour où l’héritage au pays de Canaan est distribué. Durant de si longues années, il a gardé sa foi dans un environnement défavorable, résistant à cent tentations, et plus tard au jeune peuple d’Israël qui suit bientôt la même voie de lamentations et de reniement que ses ainés, si bien que plus rien n’a de prise sur lui. Au bout de cette longue route, il peut se permettre de dire à son sujet : « Maintenant voici, l’Éternel m’a fait vivre, comme il l’a dit. Il y a quarante-cinq ans que l’Éternel parlait ainsi à Moïse, lorsqu’Israël marchait dans le désert ; et maintenant voici, je suis âgé de quatre-vingt-cinq ans. Je suis encore vigoureux comme au jour où Moïse m’envoya ; j’ai autant de force que j’en avais alors, soit pour combattre, soit pour sortir et pour entrer. » – Josué 14 : 10, 11.
Il est clair que Caleb est une figure des élus. Grâce à sa fidélité, il a heureusement traversé toutes les difficultés et les tribulations du voyage ; il n’est pas simplement « passé à travers », il peut même dire à la fin du parcours, qu’il a autant de forces qu’autrefois, quand Moïse l’avait envoyé explorer la Terre Promise.
Caleb rappelle ici que douze espions furent envoyés pour la visiter. Mais pourquoi fallait-il espionner ce pays ? N’était-ce pas une preuve de manque de foi ? L’Eternel avait promis que c’était un bon pays où coulaient le lait et le miel. Cette garantie ne suffisait-elle pas ? Mais nous lisons en Nombres 13 : 1 que Dieu Lui-même ordonna d’aller explorer le pays.
Nous aussi, sommes des explorateurs. Chacun de nous doit soigneusement vérifier les bases de sa foi et constater que les choses correspondent à ce qu’on lui a affirmé. En particulier, les frères-serviteurs ont le devoir de s’assurer que leur part de l’héritage promis est propre à encourager, avec enthousiasme et persuasion, les autres au bon combat et à la persévérance.
Enfin, quelques espions revinrent avec une énorme grappe de raisin que deux hommes transportaient sur un bâton, confirmant que le pays est bon.
Il nous arrive la même chose. Remplaçons la notion « le pays de Canaan » par « le royaume éternel », nous voyons immédiatement le parallèle. Nous goûtons les bienfaits de Dieu sur notre chemin. Nous apercevons la gloire et l’amour divins dans ses résolutions et dans la sagesse de sa Parole. Nous « goûtons » l’excellence de l’âge futur ; nous devons savoir dès à présent, comment sera le royaume de Dieu.
Mais d’autres émissaires rapportent que le pays est très peuplé et habité par des géants, si bien qu’on ne pourra jamais le conquérir. Quel obstacle ces « géants », c’est insurmontable !
Nous constatons aussi que de puissantes forces s’opposent au royaume de Dieu – de sombres esprits, qui ne veulent pas perdre leur autorité. Nous ne pouvons pas minimiser les difficultés et dire que le chemin est sans danger. Nous devons donner une information objective sur notre parcours de reconnaissance.
Caleb et Josué ne contestent pas les difficultés, mais contrairement aux autres émissaires, ils croient aux promesses de Dieu. Après les expériences qu’Israël a fait avec son merveilleux Dieu, personne ne devrait douter qu’Il ne puisse vaincre aussi cette difficulté.
La situation d’Israël est-elle plus dangereuse que lors de sa sortie d’Égypte ? Après leur soudain départ, ils arrivèrent à la mer Rouge. A gauche, s’étendait la mer, à droite le désert, devant eux une montagne – et derrière eux le pharaon et son armée. Le pharaon devait penser : maintenant, ils sont tombés dans le piège ! Ils n’ont plus d’issue ! Mais le triomphe de pharaon est un piège pour lui. C’est maintenant que Dieu va glorieusement se manifester. Ne voyant pas d’issue, Israël n’est cependant pas sans solution. Imaginons la situation : avec femmes et enfants, ils sont – du point de vue humain – désespérément coincés. On peut comprendre l’immense joie, qui s’exprima dans les chants de louange de Moïse, quand le miraculeux sauvetage d’Israël fut effectif.
Inévitablement, cet événement fit une terrible impression sur les peuples païens. Le chant de Moïse dit : « Les peuples l’apprennent et ils tremblent : la terreur s’empare des Philistins ; les chefs d’Édom s’épouvantent ; un tremblement saisit les guerriers de Moab : tous les habitants de Canaan tombent en défaillance. La crainte et la frayeur les surprendront ; par la grandeur de ton bras ils deviendront muets comme une pierre, jusqu’à ce que ton peuple soit passé, ô Éternel ! Jusqu’à ce qu’il soit passé, le peuple que tu as acquis. » – Exode 15 : 14-16.
Comment ce sera, le jour où le « peuple qui porte son nom » laissera derrière lui, sa longue et pénible marche, jalonnée de privations, à travers le désert aride des peuples et pourra entrer dans le pays promis de “Canaan”, le pays spirituel béni ?
Caleb signifie “chien” ; en transposant le symbole, c’est quelqu’un qui marche fidèlement sur les pas de son Seigneur. Frère Russell décrit Caleb comme représentant les “appelés” de l’âge de l’Évangile, qui marchent sur les traces du Seigneur, dans le chemin étroit.
Les Saintes Écritures nous donnent une raison convaincante pour cette interprétation. En Nombres 13, est indiqué le nom des douze émissaires que Moïse a envoyé sur ordre de l’Eternel. Le verset 16 dit : « Tels sont les noms des hommes que Moïse envoya pour explorer le pays. Moïse donna à Hosée, fils de Nun, le nom de Josué. »
Nous savons tous que le nom de notre Seigneur – ‘Josué’ – (en Hébreu ‘Jéhoshua’, et en grec ‘Jésus’) veut dire ‘Jéhovah aide’ ou ‘sauve’.
Les dénominations chrétiennes, les sectes, – les Pharisiens et les scribes – ne vont-ils pas, un jour, « trembler », « s’épouvanter », être surpris par « la crainte et la frayeur » ? Pouvons-nous confusément nous imaginer les bouleversements qui auront lieu, quand se révèlera le Christ au complet aux populations séduites par l’Adversaire, quand Il manifestera la sagesse, la puissance, la justice et l’amour de Dieu ? Ils seront « muets comme une pierre », avant de revenir de leur stupéfaction et de reconnaître le Dieu d’amour.
Tagesanbruch – Septembre-Octobre 1998