« OÙ TU İRAS J’İRAİ, TON PEUPLE SERA MON PEUPLE ET TON DİEU SERA MON DİEU »

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– Ruth 1 : 16 –

L’histoire de Ruth, la Moabite, n’aurait pas de place dans les Saintes Écritures, si elle n’avait pas quelque chose à nous apprendre. Elle se passe au temps des Juges, lorsque les douze tribus de Jacob eurent conquis Canaan, mais n’avaient pas encore d’unité politique pour constituer un état. En ce temps-là, Israël n’avait pas de roi imposant au peuple des devoirs et des charges. Israël était libre et ne devait obéissance qu’à Dieu, le Seigneur Tout-Puissant du ciel et de la terre ; Il était leur Roi.

Pourtant, le livre des Juges se termine par cette phrase : « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon ». Semblait bon à qui ? Certainement pas à Dieu. Car l’alliance que Dieu avait conclue avec les enfants d’Israël – et les enfants d’Israël avec Dieu – était basée sur le « droit » et la « justice », sur la « bénédiction » et la « malédiction ». Ainsi, ils recevaient bénédictions et prospérité dans chaque domaine de leur vie quotidienne, lorsqu’ils observaient consciencieusement les bons commandements, ceux qui maintiennent en vie ; mais lorsqu’ils ne respectaient pas fidèlement les arrangements divins, c’était le malheur et la ruine. Ainsi, la famine qui débute le livre de Ruth était un châtiment pour les enfants d’Israël, voulu par leur grand Dieu. C’était une punition sévère, car elle atteignait même la fertile région de Bethléhem – nom qui se traduit par ‘maison du pain’ ; cette région s’appelait primitivement Ephrata ou ‘la fertile’.

En ce temps-là, un certain Élimélec – son nom signifie ‘L’Eternel est mon roi’ – quitta Bethléhem avec sa femme et ses deux fils, pour s’établir au pays de Moab. Sa femme s’appelait Naomi, qui signifie ‘ma gracieuse’, et ses fils Machlon et Kiljon.

Dieu n’approuva pas ce voyage vers Moab. Élimélec craignait de mourir de faim à Bethléhem ; pourtant, à peine installé en Moab, il mourut. Par sa fuite, il n’avait pas observé les directives de Dieu. Au lieu d’en appeler à l’Eternel et Lui faire confiance, il partit avec les siens dans un pays où l’on priait les idoles. En voulant échapper à une calamité, Élimélec mit sa famille dans une situation plus grave encore. Ils échappèrent bien à la famine, mais la mort frappa le chef de famille en terre étrangère.

Machlon et Kiljon ne retournèrent pas vers leur peuple ; non, ils enfreignirent la Loi, eux aussi, en épousant des femmes païennes (Deutéronome 7 : 3). Naomi perdit son mari et ses biens, et peu après ses deux fils moururent aussi. Son bonheur passé s’était transformé en chagrin et en tristesse. Elle était abandonnée en terre étrangère. Que devait-elle faire ?

Elle apprit la nouvelle, selon laquelle l’Eternel s’était à nouveau tourné vers son peuple et avait mis fin à la famine dans son pays. Naomi, en son for intérieur, n’était pas satisfaite de sa nouvelle installation et elle se tourna de nouveau vers son pays d’origine. Ses deux belles-filles, qui lui étaient toutes dévouées, insistèrent pour l’accompagner. Mais Naomi ne voulut pas accepter qu’elles fassent ce grand sacrifice de quitter leurs familles et leurs amis, pour partir dans un pays étranger et y partager sa misère.

Elle leur conseilla de tout son cœur, de retourner chez leurs parents. Mais toutes deux pleurèrent et assurèrent Naomi de leur amour sincère qui ne leur permettait pas de la laisser seule à l’heure de la nécessité. Elles insistèrent pour partir avec elle et partager toutes les difficultés. Naomi dit : « Que l’Eternel use de bonté envers vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi ! Que l’Eternel vous fasse trouver du repos dans la maison d’un mari ! » (Ruth 1 : 8, 9). Mais les belles-filles répondirent : « Non, nous irons avec toi vers ton peuple ! »

De toute évidence, c’était le signe d’un incomparable attachement. D’où venait un si profond amour ? Ces deux jeunes femmes avaient vécu, pendant leurs dix années de mariage, dans une famille juive et avaient connu l’atmosphère harmonieuse qui y régnait. Le mariage et la vie de famille sont des aspects de la foi et de la vénération pour Dieu. Le peuple d’Israël était différent des autres peuples. Ce n’était pas seulement par son nom « Israël » qu’il était différent, mais c’était avant tout leur conduite sous la protection du seul vrai Dieu qui devait séparer les enfants de Jacob des abominables cultes païens des peuples environnants.

Les belles-filles de Naomi furent conquises par le mode de vie familial consistant à être fidèle et aimant vis-à-vis des épouses et des enfants et elles en étaient reconnaissantes. En se sacrifiant par amour, elles voulaient rendre en retour les soins aimants et pleins de gentillesse qu’elles avaient reçus. La connaissance du Dieu vivant, de ses lois justes et merveilleuses, la foi dans ses sages directives étaient devenues pour elles un bien familial précieux.

Avec tact et ménagement, Naomi expliqua à ses belles-filles qu’elles ne pouvaient pas compter sur un mari ou un foyer en Israël, car Machlon et Kiljon avaient désobéi aux lois lorsqu’ils avaient épousé des étrangères. En Moab, une jeune veuve pourrait sans problème se remarier et profiter de la protection, de la sécurité et du respect au foyer d’un nouveau mari. C’est pourquoi elle émit ce souhait désintéressé : « Que l’Eternel vous fasse trouver à chacune du repos dans la maison d’un mari » – dans votre propre pays. Le mot « repos » énoncé dans ce texte, décrit quelque chose de grandiose et de beau. Il englobe les idées de chez-soi, de foyer pour l’âme, de bienveillance et compréhension réciproque : du « repos » pour le cœur et la raison.

Orpa, l’une des belles-filles de Naomi, gardait certes un profond attachement pour sa belle-mère, pourtant son souhait naturel d’un mari et d’un foyer fut plus fort que son intention de sacrifice. Elle en évalua le prix et sentit qu’il était trop élevé. Elle retourna en Moab. Nous avons en Orpa un type sur lequel nous reviendrons.

L’AMOUR EST MODESTE ET NE SE VANTE PAS

Mais l’amour de Ruth était plus grand. C’était sûrement le caractère de Naomi qui avait suscité l’amour et la reconnaissance de Ruth. Grâce à Naomi, il s’était développé dans le cœur de Ruth une si belle image d’Israël et de son Dieu, qu’elle n’avait plus qu’un désir, celui d’aller vers ce pays qui était aussi digne d’amour que Naomi et sa famille. Un Dieu qui a de telles personnes à son service doit être un Dieu merveilleux !

Sa réponse à Naomi est l’un des plus beaux et des plus purs témoignages de sacrifice par amour que l’on puisse trouver : « Ne me presse pas de te laisser, de retourner loin de toi ! Où tu iras, j’irai ; où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras, je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite dans toute sa rigueur, si autre chose que la mort vient à me séparer de toi. Naomi la voyant décidée à aller avec elle, cessa ses instances. » (Ruth 1 : 16-18). Ruth avait pris sa décision. Elle n’était plus Moabite de cœur.

« Elles firent ensemble le voyage, jusqu’à ce qu’elles arrivent à Bethléhem. » Un triste retour pour Naomi ! Pas de foyer, pas d’autre famille que sa belle-fille, pas d’amis ; que la pauvreté. Seule Ruth était (une pierre) précieuse ! Les réserves de Naomi étaient épuisées, mais pas la patience et la miséricorde de Dieu. Déjà, Il avait commencé à prendre des dispositions pour la bénédiction de Naomi, lorsqu’elle décida de retourner à Bethléhem.

La ville fut en émoi lorsqu’elles arrivèrent ; les femmes chuchotaient et se demandaient les unes aux autres : « Est-ce Naomi ? » Mais elle leur répondit : « Ne m’appelez pas Naomi, appelez-moi Mara, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume » (verset 20). Naomi ne rejetait pas la responsabilité sur son mari Élimélec ; elle savait très bien qu’ils avaient tous dérogé aux ordonnances de Dieu. Ainsi, elle déclara simplement : « J’étais dans l’abondance à mon départ et l’Eternel me ramène les mains vides. »

Oui, l’Eternel l’avait ramenée, bien qu’elle ne sût pas que c’était sa main qui la dirigeait. C’était l’amour de Dieu qui attirait Naomi sur la bonne voie.

Dieu nous aime trop pour nous laisser nous perdre. C’est pourquoi Il nous donne des avertissements et nous laisse souffrir, dans le but de nous conduire sur le bon chemin. « Je les tirai avec des liens d’humanité, avec des cordages d’amour » est-il dit en Osée 11 : 4. Dans son amour, l’Eternel se servit de la souffrance pour libérer Naomi de la mauvaise influence du monde païen et pour la reconduire vers la protection rapprochée de Dieu, entourée de son peuple. Malgré tout, il semble que les deux femmes n’aient pas reçu beaucoup d’aide de leur voisinage.

C’était l’époque de la moisson. Ruth se proposa d’aller glaner dans les champs environnants et de ramasser ce qu’elle pourrait pour leurs besoins. Ce n’était pas un travail de tout repos, au contraire, c’était un travail pitoyable pour une enfant qui avait connu des temps meilleurs. Il est possible qu’elle fût traitée comme une mendiante, qu’elle fut rudoyée, voire même maltraitée par des serviteurs indélicats. Elle devait rester courbée toute la journée dans la chaleur, pour rapporter un peu de céréales le soir à la maison. Mais son amour pour Naomi lui donnait du courage et de la force et lui rendait la tâche légère. Elle ne se plaignait pas de son sort. Elle faisait ce qu’elle pouvait, avec bonne volonté, avec les forces dont elle disposait.

Dieu avait donné des lois au peuple d’Israël, pour qu’il prenne soin des pauvres et des étrangers, car les enfants d’Israël avaient, eux aussi, été étrangers en terre d’Égypte (Deutéronome 24 : 19-22). Les angles des champs et quelques gerbes devaient être laissés pour que les pauvres puissent glaner.

Ruth alla dans les champs et Dieu dirigea ses pas. « Et il se trouva par hasard que la pièce de terre appartenait à Boaz », de la famille d’Élimélec, son beau-père décédé (Ruth 2 : 3). Pendant qu’elle glanait, Boaz vint de Bethléhem pour surveiller l’avancement de la moisson. Son salut à ses moissonneurs révèle un caractère de qualité, à la ressemblance de Dieu. « Que l’Eternel soit avec vous ! » leur dit-il. Et ils répondirent : « Que l’Eternel te bénisse ! » Ce n’était pas seulement un salut poli, mais un souhait sincère, comme nous le verrons plus loin, dans une conversation entre Boaz et son intendant, qui montrait les mêmes dispositions que son maître.

Boaz observait les ouvriers et remarqua une femme occupée à glaner consciencieusement. Elle travaillait, sérieuse et concentrée, avec discrétion et en silence. Son comportement montrait qu’elle ne pouvait pas être une simple servante et il demanda à son intendant qui elle était. Il informa son maître que la femme glanait depuis le matin de bonne heure et qu’elle ne s’était arrêtée que très peu de temps dans la maison. Cet éloge incita Boaz à s’adresser à Ruth. Il la pria de continuer à glaner dans son champ où elle serait en sécurité, où personne ne l’importunerait. Il ordonna aux moissonneurs de ne pas se moquer d’elle, même si elle était étrangère. Et Ruth dit à Boaz : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux, pour que tu t’intéresses à moi, qui suis une étrangère ? » (verset 10).

Remarquons avec quelle délicatesse se comporta Boaz. Il ne tira aucun avantage de sa position élevée, il ne serra pas la main de la glaneuse, ni ne blessa son amour-propre par trop de générosité. Son aimable accueil fut prudent, pour ne pas porter atteinte à sa dignité. Il ordonna même aux serviteurs de laisser tomber, de temps en temps, une poignée de céréales lorsqu’ils liaient les gerbes, afin qu’elle ait plus à glaner. Et il conseilla à Ruth de rester près des servantes qui liaient les gerbes.

Pendant le repas de midi, il l’invita à manger avec les ouvriers et les moissonneurs et lui donna des grains rôtis ; il lui suggéra aussi de boire du vinaigre qui était préparé pour rafraîchir les moissonneurs.

Plus tard, il apprit à Ruth qu’il avait entendu parler de ce qu’elle avait fait pour Naomi, qu’elle avait quitté père et mère et son pays, pour vivre parmi un peuple étranger. La suite de l’histoire est remarquable et très belle. Boaz ne dit pas : « je vais t’aider », mais : « Que l’Eternel te rende ce que tu as fait et que ta récompense soit entière de la part de l’Eternel, le Dieu d’Israël, sous les ailes duquel tu es venue te réfugier ! » (verset 12).

Le sacrifice de Ruth était si noble et si sincère, qu’on ne peut pas s’attendre à trouver beaucoup de gens qui apprécient totalement un trait de caractère aussi pur et profond. Seul Dieu voit dans les cœurs et connaît les pensées intimes de chaque homme – et Il le rendra à chacun. Boaz souhaitait que Ruth fût généreusement récompensée, car elle était venue chercher refuge et protection sous la puissance de l’alliance du Dieu d’Israël.

Les bonnes paroles de Boaz étaient peut-être les premiers rayons de soleil dans les chagrins et les larmes des dernières semaines. Jusqu’à présent, Ruth portait comme un fardeau le fait d’avoir quitté sa famille, son foyer et son peuple. Enfin, un autre Israélite (que Naomi) lui parlait du Dieu d’Israël et de sa grâce. Des bénédictions lui étaient promises par la voix d’un homme de Dieu. Assurément, cette consolation mit du baume sur son cœur triste. Pleine de reconnaissance, elle répondit à Boaz : « Que je trouve grâce à tes yeux, mon Seigneur ! Car tu m’as consolée et tu as parlé au cœur de ta servante. Et pourtant, je ne suis pas, moi comme l’une de tes servantes » (verset 13). Par cette réponse, elle grandit encore dans l’estime de Boaz. Quel noble caractère, elle montrait là ! D’autres, dans la même situation, auraient prétexté ne pas être habituées à faire des travaux si vils et se seraient plaintes. Mais Ruth était simple et discrète, elle ne cherchait pas à se faire remarquer. Elle était jeune et en bonne santé et faisait ce que ses forces lui permettaient. Boaz était aimable avec elle, pas comme un parent, mais parce qu’il était d’un caractère noble. Un mot aimable, pour le cœur plein d’amour de Ruth, était comme la rosée sur un champ assoiffé.

Ruth n’était jamais désœuvrée, et retournait glaner. Elle ne prit ni un air affecté ni les choses à la légère parce que le maître l’avait remarquée. Elle travaillait avec application jusqu’au soir et restait jusqu’à ce que les céréales soient battues. Elle avait tant travaillé qu’elle obtint environ un épha de grains. Selon nos mesures, cela fait environ 36 litres. De plus, elle rapportait à Naomi les restes de son repas de midi dans les champs (versets 17 et 18).

Naomi reconnut la puissante main de Dieu, Il avait conduit Ruth vers le champ de Boaz, qui l’avait prise sous sa protection. Lorsque Ruth eut raconté tout ce que Boaz avait fait de bien pour elle, Naomi dit : « Qu’il soit béni de l’Eternel qui se montre miséricordieux pour les vivants, comme il le fut pour ceux qui sont morts ! » Naomi voulait dire que Dieu répandait encore sa grâce sur les morts, en se souciant de celles qu’ils avaient aimées.

Elle recommanda à Ruth de rester dans le même champ pendant toute la moisson. Ruth raconta aussi ce que Boaz avait dit : « Reste avec mes serviteurs, jusqu’à ce qu’ils aient achevé toute la moisson. » Remarquons la manière intelligente et le ton doux qu’employa sa belle-mère : « Il est bon, ma fille, que tu sortes avec ses servantes et qu’on ne te rencontre pas dans un autre champ. » C’était la sécurité venant de l’Eternel. « Elle resta donc avec les servantes de Boaz pour glaner, jusqu’à la fin de la moisson des orges et de la moisson du froment. Et elle demeurait avec sa belle-mère. »

LE SAUVEUR

La moisson terminée, le grain étant encore sur l’aire, Boaz descendit pour superviser le travail. Naomi dit à Ruth : « Ma fille, je voudrais assurer ton repos, afin que tu fusses heureuse » (Ruth 3 : 1). Ce qui suit se déroula en accord avec les lois de Dieu (voir Deutéronome 25 : 5-10). Par ses ordonnances, l’intention de Dieu était de garder Israël comme peuple, non seulement sur le plan spirituel, mais aussi comme une réalité terrestre.

Comme un arbre vit par ses branches, Israël vivait par ses familles. Si un homme mourait sans enfants, c’était comme si une branche se desséchait. Pour éviter cela, une nouvelle branche devait être implantée dans l’arbre : c’était le devoir du plus proche parent masculin d’épouser la veuve. Chaque famille devait éviter qu’aucune « branche » ne meure ; seul un parent de sang pouvait réaliser cet arrangement.

Ces dispositions ne nous expliquent-elles pas pourquoi Jésus vint au monde bébé, nourri du sang de Marie, né et élevé comme tout autre enfant humain, avant de devenir pleinement adulte ? Il ne pouvait pas, tel Adam, venir sur terre à l’état adulte ; non, le sang d’Adam (mais pas l’héritage du péché) devait couler dans ses veines, afin qu’Il puisse sauver l’humanité de la mort, en tant que parent de même sang.

Dieu nous dévoile si merveilleusement et toujours plus clairement l’importance de son plan ! Bien sûr, les écrits de l’Ancien Testament restent incompris sans la lumière du Nouveau Testament ; et inversement, l’étude de l’Ancien Testament nous permet d’approfondir nos connaissances de l’Évangile de Jésus-Christ.

Naomi donna un bon conseil à Ruth. La nuit, afin que Boaz ne puisse pas la voir, elle devait descendre à l’aire et se glisser doucement aux pieds de l’homme endormi. « Elle descendit à l’aire et fit tout ce qu’avait ordonné sa belle-mère… Au milieu de la nuit, cet homme eut une frayeur ; il se pencha et voici, une femme était couchée à ses pieds. Il dit : qui es-tu ? Elle répondit : je suis Ruth, ta servante. Étends ton aile sur ta servante, car tu as droit de rachat » – Ruth 3 : 6, 8, 9.

Que voulait dire Ruth par ces mots : « Étends ton aile sur ta servante » ? Les jeunes oiseaux grandissent sous les ailes de leurs parents, au chaud et à l’abri. Les « ailes » signifient simplement : protection et sécurité. « Découvre ses pieds et couche-toi » avait dit Naomi à Ruth. Le coin de la couverture, avec lequel Ruth se couvrit, ne suffisait pas à lui apporter protection et sécurité. Naomi souhaitait pour elle, qu’il partageât toute la couverture avec elle, qu’il la prît pour femme. Les manœuvres de Ruth avaient pour but de rappeler à Boaz qu’il devait se conformer à la Loi.

Comment Boaz réagit-il ? A nouveau, la noblesse de caractère de cet homme, un vrai Israélite, un homme de Dieu, se manifesta. Il dit : « Soit bénie de l’Eternel, ma fille. Ce dernier trait témoigne encore plus en ta faveur que le premier, car tu n’as pas recherché de jeunes gens, pauvres ou riches. Maintenant ma fille, ne crains point ; je ferai pour toi tout ce que tu me diras, car toute la porte de mon peuple sait que tu es une femme vertueuse. » (versets 10 et 11 – voir Proverbes 31 : 10-31).

En quoi ce dernier trait de Ruth témoignait-il encore mieux en sa faveur que lorsqu’elle renonça à tout pour suivre Naomi et aller glaner ? Parce que cette démarche était bien plus difficile que faire un travail humble, car c’était une situation délicate et dangereuse. Revendiquer ses droits peut être plus humiliant que de chercher sa nourriture. Ruth risquait d’être mal comprise. Mais son grand amour pour Naomi et son désintéressement couvrirent son acte de l’éclat de la pureté.

Pour assurer le respect et la considération de sa belle-mère parmi son peuple, pour que le nom de son mari ne disparût pas, elle fit ce que seule une femme vertueuse dirigée par un esprit obéissant et plein d’amour pouvait faire. Naomi devait avoir une grande confiance en Dieu, lorsqu’elle préconisa cette démarche.

Comme il existait, hormis Boaz, un autre parent plus proche, il promit de lui présenter l’affaire. S’il ne voulait pas remplir ses obligations, alors lui, Boaz prendrait les choses en mains. Ainsi Ruth resta couchée jusqu’au matin. Elle partit cependant avant que le jour ne se levât. Auparavant, Boaz avait rempli son châle de six mesures d’orge.

Pourquoi six mesures ? Pourquoi pas sept ou cinq ? Six est le chiffre symbolique du travail et du service, suivi de sept, le chiffre du repos. « Tu travailleras six jours et tu feras ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu » (Exode 20 : 9, 10). De même, celui qui avait servi six ans était libre la septième année. (Voir Exode 21 : 2, 3). De cette manière, Boaz envoya un message caché à Naomi, à savoir que le temps de peine était passé et que bientôt commencerait le temps du repos.

Boaz réunit dix hommes parmi les anciens de la ville et les pria de s’asseoir à la porte. En ce temps-là, la porte n’était pas seulement le lieu de juridiction, mais aussi de toutes les négociations qui concernaient la vie publique. Lorsque le parent de Naomi arriva, Boaz lui exposa sa proposition. D’abord, le parent fut d’accord pour racheter les terres de Naomi. Mais lorsque Boaz lui fit remarquer que d’après la Loi, il devait épouser Ruth, l’homme refusa : « Je ne puis pour mon compte, par crainte de détruire mon héritage ; prends pour toi mon droit de rachat, car je ne puis pas racheter. » – Ruth 4 : 6.

Si ce parent de Naomi ne connaissait Ruth que comme une étrangère, une Moabite, se conformant à la Loi interdisant un mariage avec une non-israélite (voir Deutéronome 7 : 1-4 ; Josué 23 : 12 ; Esdras 9 : 1-3) – Boaz, lui, avait depuis longtemps reconnu en cette femme un joyau de foi, de fidélité et de pureté. Et il racheta avec joie l’héritage de Naomi et de Machlon avec sa jeune veuve. Il prit Ruth pour femme, il leur naquit un fils qu’ils nommèrent Obed (serviteur). « Il est le père d’Isaï, le père de David ». L’amertume de Naomi se changea en bonheur. C’est l’histoire de Ruth telle qu’elle est rapportée dans les Saintes Écritures.

LEÇON À RETENİR

La Bible n’est pas un livre d’histoires pour amuser le lecteur. C’est ce que disent les paroles souvent citées de l’apôtre Paul : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice… » (2 Timothée 3 : 16). Bien sûr, il serait inadéquat de chercher dans chaque détail un symbole ou un enseignement. Cependant, le livre de Ruth contient un témoignage important. Nous croyons que notre Père Céleste veut nous faire connaître ici, une pensée particulière, même fondamentale, sur son grand Plan pour les hommes, vu sous un autre aspect.

Le livre de Ruth est l’histoire d’un rachat. Qui ou quoi a été racheté ? C’est l’héritage de Naomi et de ses fils décédés qui a été racheté ; et « Ruth » l’étrangère, la païenne, a été rachetée avec cet héritage. Mais Ruth était-elle vraiment encore étrangère au peuple de l’Alliance, Israël ? Appartenait-elle encore au monde étranger des idoles ? N’avait-elle pas plutôt été « greffée dans la racine et la graisse » d’Israël ? (Romains 11 : 17). L’apôtre Paul déclare : « Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors… Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes mais de Dieu » – Romains 2 : 28, 29.

Grâce à sa merveilleuse reconnaissance du Dieu d’Israël, Ruth était devenue depuis longtemps une Israélite. Elle avait volontairement abandonné tout ce qui pouvait encore la relier à son monde d’autrefois, pour adopter pleinement un autre lieu de vie. Son amour et sa fidélité prêts au sacrifice l’avaient conduite dans la « maison » de l’Eternel, le Dieu vivant. Son humilité et sa pureté lui avaient permis de trouver un sauveur, un homme bon, puissant et riche. Il l’avait délivrée des difficultés, de la pauvreté et l’avait hautement élevée en la choisissant comme fiancée et épouse.

Ne reconnaissons-nous pas là, la voix de notre Seigneur, qui dit : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi ; et celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. »« Je vous le dis, en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison ou ses frères ou ses sœurs ou sa mère ou son père ou ses enfants ou ses terres, ne reçoive au centuple… » – Matthieu 10 : 37, 38 – Marc 10 : 29 , 30.

Et Dieu ne proclame-t-Il pas : « Écoute, ma fille, vois et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père. Le roi porte ses désirs sur ta beauté ; puisqu’il est ton Seigneur, rends-lui tes hommages. » (Psaume 45 : 11, 12). Et Ruth répondit : « Je suis Ruth, ta servante ; étends ton aile sur ta servante… » – Ruth 3 : 9.

Somme toute, cette noble figure est assurément le symbole de la fiancée de Christ, issue des nations.

Naomi, l’Israélite, représente-t-elle aussi quelque chose d’important dans le plan de rachat de Dieu ? Nous pensons que oui. Naomi, dans ce contexte, semble représenter le peuple d’Israël, mais pas elle seule. Avec son mari Élimélec, ils symbolisent le peuple sous la Loi de Dieu ; ce peuple qui Lui était agréable tant qu’il Le servait, puis s’éloignait de Lui et « oubliait Jéhovah, son Dieu ». Celui qui étudie l’histoire des enfants d’Israël sait combien de hauts et de bas ce peuple choisi de Dieu a pu traverser et combien ils l’influencent encore fortement.

Le couple Élimélec-Naomi abandonna les droits particuliers réservés au peuple de Dieu, pour profiter d’avantages terrestres. Ainsi, ils s’exposèrent, avec leurs enfants, aux influences malsaines du peuple païen voisin qui adorait des idoles. Il n’est jamais bon de relâcher, ou pire, de rompre nos relations avec le Dieu vivant, surtout pas pour des intérêts terrestres. C’est ainsi qu’Élimélec mourut au loin. Combien de fois, durant ses 4000 ans d’histoire, nous lisons que le peuple d’Israël, à l’instar d’Élimélec, se laissa mourir loin de Dieu. Le résultat de cette défection était chaque fois le même : amertume, chagrin et pauvreté spirituelle. « Ne m’appelez pas Naomi, appelez-moi Mara [amertume, tristesse] », dit Naomi lorsqu’elle retourna à Bethléem, « car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume. J’étais dans l’abondance à mon départ et l’Eternel me ramène les mains vides. »

Ce sont les expériences d’Israël en ce temps-là. Mais par son immense et miséricordieuse grâce, Dieu a permis à Naomi de revenir et d’être à nouveau bien accueillie dans la « maison du pain », par Boaz, le Sauveur. Pour Naomi, l’amour de ses deux belles-filles et plus particulièrement la foi de Ruth dans le Dieu d’Israël, furent des témoignages de vie et de loyauté dignes d’amour.

A Bethléhem, nous faisons la connaissance du grand Boaz, le seigneur de la moisson. Son nom [« en lui est la force »], sa bonté, sa noblesse et sa crainte de Dieu manifestent qu’il est l’homme de la situation. Il est aussi le parent de sang, qui rachète l’héritage de Naomi, c’est-à-dire qu’il l’achète pour lui. Il n’achète pas seulement l’héritage de Naomi et d’Élimélec, mais aussi celui de Kiljon et de Machlon et il achète Ruth, la Moabite, la femme de Machlon, « pour relever le nom du défunt dans son héritage, et afin que le nom du défunt ne soit point retranché d’entre ses frères et de la porte de son lieu. » – Ruth 4 : 10.

D’autre part, les paroles de l’apôtre Paul nous paraissent importantes au sujet de ce rachat de Boaz. Nous lisons en Éphésiens 1 : 13, 14 : « En lui, vous aussi [païens], après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de votre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire. » Le commentaire de la Bible de Stuttgart ajoute : « L’établissement d’un nouveau peuple personnel fait de Juifs et de païens est le début de la réalisation du plan général de rétablissement (de Dieu). »

En Boaz, nous voyons sans difficulté le grand Sauveur de l’humanité, Jésus-Christ. N’est-Il pas le seul parent d’Adam par le sang, qui par sa justice sans tache, fut capable de payer la Rançon équivalente (vie pour vie) pour le droit à la vie, perdu par le premier homme ? Et n’est-Il pas aussi le seul parent de sang du peuple d’Israël, né d’une femme juive [sous la Loi] le seul à accomplir la Loi, pouvant ainsi racheter « ceux qui étaient sous la Loi » ? – Galates 4 : 4, 5.

LA MOİSSON DE L’ORGE

Revenons à Ruth. Les deux femmes atteignirent Bethléhem « au début de la moisson de l’orge » (Ruth 1 : 22). Cette remarque paraît également avoir une profonde signification. La moisson de l’orge était la première des moissons de céréales qui se terminaient par celle du blé. La première gerbe était consacrée à Dieu et était présentée par le sacrificateur, chaque année, comme un sacrifice festif au Dieu vivant. (Lévitique 23 : 10, 11). Le temps de la Pâque et le début de la moisson étaient très proches l’un de l’autre. L’offrande des prémices de la moisson de l’orge avait lieu le 16 Nisan, le lendemain du Sabbat des pains sans levain. (Lévitique 23 : 9-14). C’est précisément le jour de la résurrection de notre Seigneur, qui est « ressuscité des morts », « le premier-né d’entre les morts », la magnifique réalisation du sacrifice symbolique institué par Dieu (voir 1 Corinthiens 15 : 20 ; Colossiens 1 : 18).

Jésus-Christ représente les prémices de la grande promesse de l’Alliance Abrahamique, c’est-à-dire la « Tête » des prémices. Tous ceux qui suivent ses traces et sont trouvés fidèles, forment également les prémices (Jacques 1 : 18). Mais ils ne sont pas la « Tête » mais les « membres ».

Le salut ne vient-il pas des Juifs, comme il est écrit en Jean 4 : 22 ? Et l’offrande de la première gerbe de la moisson de l’orge n’est-elle pas aussi un des symboles et des types les plus réconfortants dans la merveilleuse harmonie de la Parole divine ?

Ruth travaille uniquement dans le champ du Seigneur : elle commence à glaner au temps de la récolte de l’orge. Elle émet l’humble vœu de devenir la propriété de Boaz, le Seigneur, alors qu’il est occupé à vanner l’orge. Si Ruth est une image de la fiancée de Christ, nous pouvons admettre que la moisson de l’orge représente les premiers temps de la moisson spirituelle de l’âge de l’Évangile. C’est le symbole de la moisson d’Israël, lors de la première venue du Seigneur. Dans le grand discours de Pierre au peuple juif, nous lisons en Actes 3 : 26 : « C’est à vous premièrement que Dieu… l’a envoyé (Jésus-Christ) pour vous bénir… » Paul n’écrit-il pas en Romains 3 : 2 : « Quel est donc l’avantage des Juifs ? Il est grand de toute manière, et tout d’abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés. »

CONCLUSİON

Mais Ruth ne glane pas seulement dans le champ d’orge, elle reste jusqu’à la fin de la récolte de blé. « La moisson [du blé], c’est la fin de l’âge. » (Matthieu 13 : 39). Ces indications nous montrent que Ruth doit être considérée comme le type de l’Église de Christ pendant toute la période de l’Évangile. Ruth ne devient l’épouse de Boaz qu’après la récolte. Dans l’antitype spirituel, la véritable Église de Christ ne sera complète que quand le dernier membre aura achevé son pèlerinage terrestre et sera accueilli dans la gloire de son Seigneur.

Mais « Naomi » reste dans « l’amertume » jusqu’à ce que l’union de Boaz et de Ruth (du Seigneur et de sa fiancée) donne naissance à un fils. « Les femmes dirent à Naomi : béni soit l’Eternel, qui ne t’a point laissée aujourd’hui manquer d’un homme ayant droit de rachat et dont le nom sera célébré en Israël ! Cet enfant restaurera ton âme et sera le soutien de ta vieillesse… Naomi prit l’enfant et le mit sur son sein et elle fut sa garde. » – Ruth 4 : 14-16.

Réfléchissons : qu’arrivera-t-il lorsque l’Église de Christ sera au complet ? Quel sera le résultat de l’union du Fiancé céleste et de sa fiancée ? Ne sera-ce pas l’ouverture de la Nouvelle Alliance, la voie de la vie éternelle, une invitation de Dieu au retour de tous les hommes à sa ressemblance, en harmonie avec Lui ? Et cette Nouvelle Alliance ne sera-t-elle pas la réalisation de la promesse divine faite il y a 4000 ans – « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité » ?

Oui, « Naomi-Israël » prendra cet « enfant » et le mettra sur son sein et en sera la garde. Car la Nouvelle Alliance concerne d’abord Israël, comme il est écrit en Jérémie 31 : 31, et Israël sera sa « garde ». Tout l’Ancien Testament parle de cette merveilleuse Nouvelle Alliance. Finalement, qu’est-ce qui émergera de cette Nouvelle Alliance, sinon la VIE ? Une vie précieuse et éternelle par la grâce et l’amour de Dieu. Tous les hommes pourront y participer : ceux qui sont vivants, et tous ceux qui sont dans les sépulcres et qui en sortiront (voir Jean 5 : 28, 29).

Vers la fin de la moisson, alors que Boaz et Ruth ne sont pas encore mariés, « Naomi-Mara » ne reste pas sans consolation. Boaz lui fait parvenir six mesures d’orge par l’intermédiaire de Ruth. Pourquoi de l’orge et pas du blé ? L’orge était, à l’époque, le pain des pauvres et, comme nous l’avons déjà mentionné, six est le chiffre de la peine et sept celui du rafraîchissement : « Tu travailleras six jours, le septième tu te reposeras ». Cette explication ne nous rappelle-t-elle pas les paroles du prophète : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que sa servitude est finie, que son iniquité est expiée, qu’elle a reçu de la main de l’Eternel au double de ses péchés. » – Esaïe 40 : 1, 2.

Il reste à étudier le cas d’Orpa, la deuxième belle-fille de Naomi. Elle aussi, aimait sa belle-mère, mais elle n’avait pas assez de courage et de persévérance pour la suivre. Elle ne saisit pas cette opportunité merveilleuse de trouver refuge et sécurité « sous les ailes » du Dieu d’Israël. Elle est « retournée vers son peuple et vers ses dieux » (Ruth 1 : 15). Les paroles de Proverbes 17 : 17 et 18 : 24 nous donnent à réfléchir : « L’ami aime en tout temps et dans le malheur, il se montre frère. » « Celui qui a beaucoup d’amis, les a pour son malheur, mais il est tel ami plus attaché qu’un frère. » Paul écrit à Timothée : « Demas m’a abandonné par amour pour le siècle présent » (2 Timothée 4 : 10). Boaz rachète cependant la part qu’Orpa a hérité de Kiljon, mais elle-même disparaît de la vie de Naomi et de Ruth et replonge dans son ancien monde.

Le livre de Ruth montre le lien étroit entre la grande œuvre du Seigneur et sa fiancée. Le disciple de Christ y trouve une vérité qui, de nos jours encore, est significative pour lui. Car cette histoire est pour lui une illustration – plus parlante que des mots – pour l’aider à avancer et à se fortifier sur le chemin de sa vocation et de son élection.

Ruth ramasse tout un épha d’orge, ce qui aurait été impossible si le Seigneur de la moisson n’avait pas ordonné aux moissonneurs de laisser plus d’épis que d’habitude. C’est pourquoi, tous ceux qui sont occupés à « ramasser des épis », en ce temps de fin de moisson, peuvent être pleinement rassurés, car la main du Seigneur prend soin d’eux généreusement. La vraie nourriture du Chrétien est faite de la grâce de Dieu, de ce vrai « pain de vie » qui est descendu du ciel (Jean 6 : 51). On ne trouve cette nourriture qu’en travaillant dans le champ du Seigneur.

Pour cette raison, la question de Naomi à Ruth est très importante dans le chapitre 2, verset 19 : « Où as-tu glané aujourd’hui et où as-tu travaillé ? » Chaque croyant devrait se poser la question : où ai-je glané aujourd’hui, où ai-je travaillé aujourd’hui ? Si nous avons consacré notre travail au service du Seigneur, alors nous pouvons répondre comme Ruth : « L’homme chez qui j’ai travaillé aujourd’hui s’appelle Boaz. Oui, j’ai servi Boaz et j’ai obéi à ses ordres. » Heureux celui qui peut dire cela de lui.

« Et Ruth, la Moabite, ajouta : il m’a dit aussi : reste avec mes serviteurs, jusqu’à ce qu’ils aient achevé la moisson. » Oui, nous devons persévérer jusqu’à la fin avec humilité et fidélité – jusqu’à la fin de la moisson. Quand notre Grand Sacrificateur nous aura repris des mains l’ouvrage de notre sacrifice, alors nous pourrons dire : c’est la fin. « Elle resta donc avec les servantes de Boaz, pour glaner jusqu’à la fin de la moisson des orges et de la moisson du froment. Et elle demeura avec sa belle-mère. » (verset 23).

« Elle demeura avec sa belle-mère… » Rappelons-nous que nous sommes des branches d’olivier sauvages qui avons été greffés dans l’olivier du Seigneur (voir Romains 11 : 18-20). Que de riches bénédictions nous avons obtenues grâce à cet « olivier » !

Ainsi, ce merveilleux Livre des livres, que le Seigneur a mis à notre disposition, n’est pas démodé pour nous. Les Juifs l’ont reçu, il leur appartenait. Mais sans foi, ils ne pouvaient pas reconnaître leur « Boaz » antitypique, leur Messie, ni en tirer les conséquences : c’est-à-dire que Dieu s’est choisi un autre peuple à leur place.

Que la conduite et les actes, la détermination, la profonde foi de Ruth soient toujours une image symbolique présente à notre esprit !

TA Janvier-Février 2000

Note :

ORPAH [ou ORPA] : SA FAUTE ET LA SENTENCE DANS SON NOM

(Extrait de la revue juive messianique allemande « Israël heute » – www.israelheute.com)

Les noms bibliques ont toujours une profonde signification. Sans nous attarder sur les symboliques des belles-filles de Naomi, Ruth et Orpah, qui représentent les relations entre Israël et la chrétienté (l’Église – ndt.), nous voulons étudier le nom d’Orpah.

Orpah est l’arrière-grand-mère de Goliath, car elle s’est remariée avec un Philistin. Le nom Orpah a deux sens. Il provient du mot hébreu ‘Oreph’ qui a le sens de ‘cou’ ou ‘nuque’ ; le suffixe ‘a’ détermine le genre féminin, se traduisant ainsi par : ‘sa nuque’. On pourrait donc paraphraser le texte biblique, disant « qu’elle embrassa Naomi et lui tourna ‘la nuque’ » [ou le dos], au contraire de Ruth qui « s’attacha à elle ».

Le Talmud (Sota) écrit : « Les fils de Neschuka [en hébreu : celle qui embrasse – Orpah embrassa sa belle-mère et partit] tomberont dans les mains des fils de Newuka [en hébreu : celle qui s’attachaRuth] ». C’est ce qui arriva. Les arrière-petits-fils, David [issu de Ruth], et Goliath [issu d’Orpah] s’affrontèrent sur le champ de bataille. Ici, nous rencontrons la deuxième signification du nom d’Orpah : de la racine ‘araph’ nous obtenons la signification de ‘briser la nuque’, décapiter (voir 1 Samuel 17 : 51). C’est pourquoi son arrière-petit-fils fut effectivement décapité par David. Orphah porte donc dans son nom les signes de sa faute et de la future punition qui, d’après Nombres 14 : 18 n’intervient qu’à la troisième ou quatrième génération.