L’ORDINATION DE L’ÉGLISE

Listen to this article

Matthieu 28 : 16-20 ; Luc 24 : 36-49

« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » – Matthieu 28 : 20.

L’étude d’aujourd’hui concerne le mandat, ou l’auto­risation de service, que Jésus accorda à son Église dans ses conversations durant les quarante jours ayant suivi sa résurrection. Tout d’abord, nous trou­vons les paroles du Maître, exprimées le soir après qu’Il se fut rendu, avec deux de ses disciples, au vil­lage d’Emmaüs, près de Jérusalem. Ensuite, nous trouvons une partie de l’ensemble des instructions données par Jésus juste avant son départ d’auprès de ses disciples, vers les cieux.

Les leçons données au cours de la marche vers Emmaüs, et de ses apparitions suivantes, ont dû être de grande valeur pour tous les disciples de Christ de l’époque. Il déclara : « C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, [lorsque j’étais encore l’homme Jésus-Christ, avant ma résurrection] qu’il fal­lait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Écritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés se­raient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. »

L’évangéliste résuma en quelques mots une conversation et une explication scripturaire qui durèrent probablement au moins une heure. Il ne nous est pas dit quelles étaient ces explications qui ouvrirent les yeux de l’entendement des disciples, mais nous pou­vons le supposer. Il leur expliqua probablement la si­gnification de l’agneau pascal, qui fut immolé en cette période de l’année, et Il montra qu’Il était l’antitype de cet agneau. Il leur expliqua probablement la véritable signification de la Pâque – à savoir que, dans le type, les premiers-nés d’Israël furent épargnés par « passage par-dessus » et que, par la suite, ils furent représentés par la tribu de Lévi, incluant les sacrifica­teurs. L’antitype de ces premiers-nés est l’Église des premiers-nés, dont les noms sont écrits dans les cieux – tous les saints disciples de Jésus qui feront partie de la Sacrificature Royale, et les Lévites antitypiques, leurs serviteurs dans l’œuvre de relèvement du monde durant le Royaume du Messie.

Sans aucun doute, le Maître leur fit des suggestions concernant le Jour de Réconciliation antitypique et les « meilleurs sacrifices » – concernant le fait qu’Il avait commencé Lui-même la réalisation des « meilleurs sa­crifices », que ses disciples devaient continuer à ac­complir et que, une fois ces sacrifices accomplis, les bénédictions découlant de cette Réconciliation seraient transmises, par le Souverain Sacrificateur, à toute la terre, durant le Royaume de mille ans du Messie.

Promesse de la puissance d’En-Haut

Quels qu’aient été les aspects dévoilés du merveil­leux Plan du Maître, nous avons l’assurance que ses auditeurs furent profondément intéressés. Leur tris­tesse disparut. Leur première pensée fut simplement qu’ils avaient perdu leur Maître béni, ses conseils, son enseignement. Mais maintenant, du fait de cet éclair­cissement, leurs cœurs brûlaient, inspirés par une connaissance nouvelle. Ils discernaient des longueurs, des largeurs, des hauteurs et des profondeurs à pro­pos desquelles ils n’avaient jamais rêvé ni pensé qu’elles se trouvaient dans le Plan de Dieu. Ils com­prenaient que la mort de Jésus était nécessaire pour l’accomplissement de toutes les espérances et de toutes les perspectives inspirées par les promesses de Dieu. Ils voyaient qu’ils avaient eux-mêmes également reçu le privilège, non seulement de souffrir avec Lui, mais aussi d’être glorifiés avec Lui.

La fin du message du Maître à cette occasion était : « Et voici, j’enverrai sur vous ce que mon Père a pro­mis. » Le Père avait promis dans différentes figures que l’Église, l’Épouse de Christ, recevrait le saint Esprit de la part de Jésus, sa Tête. Il était figuré, par exem­ple, dans l’huile sainte répandue sur la tête d’Aaron qui représentait Jésus. Elle coulait sur le corps d’Aaron, représentant l’onction de l’Église.

Cette promesse de l’acceptation de l’Église était primordiale. Sans elle, les disciples n’auraient pas reçu d’autorisation de service, et n’auraient pu être ambas­sadeurs de Dieu. En effet, Jésus avait envoyé les Douze, puis les Soixante-Dix ; mais ils étaient ses re­présentants personnels, et Il leur avait donné de son propre esprit, de sa propre puissance, au moyen de laquelle ils accomplissaient des miracles, chassaient des démons, etc. Mais ils n’avaient jamais été recon­nus par le Père. Comme nous le lisons : « L’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jean 7 : 39). Ils devaient en­core attendre pour cet engendrement et pour cette onction du saint Esprit. Lui seul pouvait les inspirer, ou les qualifier pour le service divin – pour être des am­bassadeurs et des représentants de Dieu.

« Voici, je suis avec vous tous les jours. »

Le récit de Matthieu, concernant la bénédiction du Seigneur accordée à ses disciples ainsi que l’ordre de proclamer son message, nous intéresse tout particuliè­rement. À sa demande, les Onze Le rencontrèrent sur une montagne de Galilée. Il ne leur apparut que quel­ques instants. Ils L’adorèrent. Certains furent totale­ment convaincus et d’autres hésitaient. Ce fut dans le but de convaincre les indécis que Jésus était resté du­rant quarante jours. Et nous sommes sûrs qu’Il convainquit pleinement les Onze, car ils étaient tous d’un seul cœur et d’un seul esprit lorsqu’ils attendirent dans la chambre haute la bénédiction de la Pentecôte.

Jésus s’approcha d’eux, et déclara qu’Il avait reçu pleine autorité concernant tant les choses célestes que terrestres. S’ils ne pouvaient comprendre cela, il leur serait impossible de Le représenter convenablement devant le monde. Précédemment, durant son ministère terrestre, Il ne possédait pas cette puissance ni cette autorité. Durant tout ce temps, Il était à l’épreuve à propos de sa fidèle loyauté jusqu’à la mort, même jus­qu’à la mort sur la croix. Mais après qu’Il eut démontré sa loyauté, le Père Le ressuscita d’entre les morts, Lui accordant une glorieuse plénitude de puissance. Il fut ainsi déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa ré­surrection d’entre les morts. Il désirait apprendre à ses disciples qu’Il n’était plus soumis aux limitations hu­maines, ni à celles de l’Alliance concernant sa mort. Cette œuvre-là, ll l’avait accomplie. Il était entré dans la bénédiction, dans la récompense. Il avait expéri­menté son changement et possédait à présent toute puissance, non seulement à propos des choses ter­restres, mais également à propos des célestes.

La prophétie avait déclaré que tout genou plierait devant Lui, tant dans les cieux que sur la terre. Il était parvenu au temps proche de l’accomplissement de cette prophétie. Il était monté aux cieux, où tous les anges l’adoraient, prêtaient attention à Lui comme étant celui que le Père avait hautement élevé. La der­nière partie de cette prophétie n’est pas encore ac­complie – à savoir que tout genou sur la terre devait plier devant Lui. Le temps de cette reconnaissance correspond à son Royaume Messianique de mille ans. Pour l’instant, tous ceux qui arrivent à une véritable connaissance de Jésus, comme Fils de Dieu, plient joyeusement leur genou devant Lui, comme représen­tant du Père. C’est avec tout autant de joie que le monde reconnaîtra l’Unique Engendré et Lui obéira.

Finalement, tout genou pliera devant Lui et toute langue Le confessera ; car, selon l’arrangement divin, tous ceux qui n’auront pas la considération voulue pour le Fils glorifié de Dieu, en ce temps-là, seront détruits – seront déclarés indignes de toute bénédiction à venir et de la faveur de Dieu, qui confia à Christ toutes les bénédictions réservées pour la race déchue.

« Allez par conséquent, et enseignez »

Voici le mandat. En premier lieu, il appartenait aux onze Apôtres, mais plus tard fut inclus l’Apôtre Paul, qui remplaça Judas et qui n’était « inférieur en rien à ces apôtres par excellence » (2 Corinthiens 11 : 5). Les Apôtres, et eux seuls, sont les porte-parole autori­sés du Seigneur Jésus Christ et de son Église, envers le monde. Tout ce qui nous a été dit concernant des évêques apostoliques succédant aux douze est faux, non scripturaire. Ils n’ont pas de successeurs ; ils sont encore avec nous. Le Message du Maître au travers des Apôtres nous est donné dans le Nouveau Testa­ment. L’un d’entre eux écrivit : « La parole de Dieu est suffisante, afin que l’homme de Dieu soit parfaitement accompli. » (2 Timothée 3 : 16, 17). C’est aux Apôtres qu’a été confié le grand travail de l’inauguration de l’Église. Ils ont été investis de pouvoir à la Pentecôte.

Jésus établit tout particulièrement les douze Apô­tres comme porte-parole pour l’Église, et déclara que tout ce qu’ils lieraient sur terre serait lié aux cieux, et que tout ce qu’ils déclareraient non lié sur terre ne se­rait pas lié aux cieux. En outre, le Seigneur décida que chaque membre de l’Église devait être son représen­tant, et définit que chacun d’entre eux, selon ses op­portunités et capacités, participerait à la proclamation du Message de l’Évangile. Quiconque reçoit l’Esprit d’engendrement, l’onction, est inclus dans la citation d’Esaïe 61 : 1-3 comme membre du Corps de Christ, sous la Tête ointe, Jésus.

Ainsi, nous lisons : « L’esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, Car l’Éternel m’a oint pour porter de bon­nes nouvelles aux humbles ; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, etc. » Celui qui reçoit le saint Esprit est ainsi ordonné, ou autorisé à prêcher, selon ses opportunités, selon les circonstances et se­lon sa condition. Une des limites que l’Apôtre définit est que les sœurs ne doivent pas prêcher en public (1 Ti­mothée 2 : 12). Néanmoins, il existe de nombreuses opportunités pour tous.

Ainsi, de toute évidence, une grande erreur a été commise dans l’établissement de la classe du clergé, qui se déclare être la seule ordonnée, ou autorisée, à prêcher ou à enseigner le Message de Dieu. Jésus et les Apôtres ne savaient rien à propos d’une classe clé­ricale ou d’une classe laïque. Au contraire, notre Sei­gneur déclara : « Vous êtes tous frères, et un seul est votre Maître, Christ. » Le Maître et ses douze Apôtres ont bien spécifiquement interdit tout ce qui s’apparen­tait à une primauté parmi ses disciples, tout ce qui res­semblait à une classe cléricale.

Le mandat de L’Église

Le message qui a été donné est : « Allez, faites de toutes les nations des disciples ». L’ordre n’est pas de convertir les nations en disciples, mais, comme cela est exprimé ailleurs, de rassembler du milieu de toutes les nations ceux qui sont désireux d’être disciples de Christ, riches ou pauvres, éduqués ou ignorants, no­bles ou vils. Un disciple de Christ est quelqu’un qui suit ses traces, qui apprend, qui copie. Jésus définit ce statut de disciple en disant : « Si quelqu’un veut venir après moi [être mon disciple], qu’il renonce à lui-même [qu’il se mette à part, qu’il s’ignore lui-même, son ta­lent, sa volonté, sa richesse, son tout car le statut de disciple doit prédominer], qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. »

L’idée est que tous ceux qui veulent véritablement suivre Christ, tous les véritables disciples, considère­ront que le chemin sur lequel le Seigneur les conduit est difficile, qu’ils doivent continuellement renier ou s’opposer à leur propre volonté. Ils auront sans cesse des difficultés selon la chair. Toutefois, ils ont la pro­messe que « là où je suis, [aux cieux ou dans la gloire du Royaume] là sera mon disciple. »

Bien que l’Église de Christ ait convenablement compris l’immersion dans l’eau comme étant un sym­bole de la mort vis-à-vis du monde, de la mort vis-à-vis de soi et un symbole d’une résurrection en vue d’une marche en nouveauté de vie comme membres de Christ, de son Corps, néanmoins, le baptême par im­mersion dans l’eau n’est qu’un symbole du véritable baptême. Il est dit ici qu’il ne nous est pas simplement demandé de prendre le baptême d’eau, mais de pren­dre un baptême au nom du Père, du Fils et du saint Esprit. « Au nom de » signifie en accord avec, en communion avec. Tous les disciples de Christ doivent reconnaître le nom du Père comme représentant la justice. Ils doivent être morts à tout principe qui diver­gerait de ce que représente son Nom, et être entière­ment immergés dans ce Nom de Justice et de Vérité.

Tout en ignorant les autres noms, comme Luthé­rien, ou Wesleyen, ou Calviniste, ou les noms d’églises d’état comme Catholique romain, Catholique anglican, ou Catholique grec, les disciples doivent être pleine­ment immergés dans le nom de Christ, reconnaître son nom et être ses membres, son Corps, son Église. De plus, ils doivent être immergés dans le nom de, ou dans la reconnaissance du saint Esprit – leur propre esprit et leur propre volonté étant morts. Leurs buts personnels, leurs espérances et leurs perspectives doivent être ignorés. La sainte volonté de Dieu, l’esprit de Dieu, le saint dessein de Dieu, doivent devenir leur propre volonté et leurs propres buts.

Ainsi, nous comprenons ce qui nous est demandé, concernant les gens de toutes les nations qui ont une oreille pour écouter notre message. Nous devons faire d’eux des disciples et les immerger dans le nom du Père, du Fils et du saint Esprit. Nous devons leur en­seigner à observer tout ce qu’ordonne Jésus. Telle est l’étendue de notre autorité. Nous ne devons pas orga­niser des systèmes humains et appeler ces systèmes « royaumes », ou « églises » ou employer tout autre nom. Nous devons simplement préparer les disciples de Jésus, coopérant avec Dieu, qui œuvrera en eux de telle sorte qu’ils voudront accomplir, et qu’ils accompli­ront ce qui sera son bon plaisir.

« Jusqu’à la fin du monde »

« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Ses paroles ont été interprétées comme signifiant que le monde prendra fin, alors que ce que le Maître dit réellement, selon le grec, est qu’Il serait avec son peuple, jusqu’à la fin même de l’âge – jusqu’au temps où cet Âge de l’Évangile aura accompli son objectif divin de rassembler un nombre suffisant de disciples de Christ pour compléter l’arrangement de Dieu – jusqu’à ce que le message de l’Évangile ait ac­compli la sanctification par l’obéissance à la Vérité d’un nombre défini de personnes dans le but de compléter l’Épouse de Christ en gloire, la sacrificature royale. Alors, la fin de l’Âge arrivera. Alors, le Maître viendra Lui-même pour rassembler ses élus, pour les glorifier avec Lui, pour établir son Royaume, pour bénir l’hu­manité – ceux qui n’auront pas été élus.

WT1914 p5587