ELLE A TOUT DONNE A SA FILLE

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Le jour se lève quand la voisine sort pour mener ses vaches au champ. Elle aperçoit tout à coup quelqu’un qui, assis dans l’herbe, pleure. Elle s’approche. Mais c’est une femme qu’elle connaît, qui habite près de chez elle et qui a consacré toute sa vie pour le bien de sa fille !

“Que se passe-t-il ?” demande la voisine. L’autre lui saisit la jupe et se met à répéter : “Sauve-moi, prends-moi chez toi, ne me conduis surtout pas chez ma fille. Elle m’a battue hier toute la journée et m’a injuriée de tous les noms.”

Comment ne pas aider dans une situation pareille ? Vite, elle appelle un autre voisin. L’un et l’autre la prennent sous le bras, car elle ne pouvait pas se tenir debout toute seule, et l’amènent chez la voisine. Ils lui conseillent de porter plainte chez le procureur ou à la police, car une telle situation ne peut continuer.

Chez la fille, les voisins sont déjà allés plus d’une fois : explications, prières, mises en garde… Et ils ont toujours entendu la même réponse : “Que m’importe ma mère ! Moi, j’ai ma vie ! Je ne lui donnerai rien. Elle a vécu son temps ! Qu’elle meure!”

Finalement, la mère a pris sa décision. Elle est partie porter plainte. Mais, à l’arrivée de la police, elle a eu peur pour sa fille et elle a retiré sa plainte.

Alors tout a continué comme par le passé ; c’était pour elle l’enfer quotidien. La fille avec son mari et ses enfants occupaient la belle maison, tandis que la mère, délaissée, affamée et pieds nus, croupissait dans une étable en ruines. En fin de compte, elle n’a pas pu résister et s’en est allée dans une maison de retraite pour personnes âgées. Mais elle n’a pas su s’habituer au nouvel environnement. Elle se sent mal et languit terriblement après son village, ses connaissances et… sa famille.

Parfois, le destin se répète. Dans peu de temps, ce sera au tour de la fille d’être vieille. Ses enfants agiront-ils autrement envers elle ? Ne la traiteront-ils pas de la même façon ? Car ils ont bien vu la tyrannie subie par leur grand-mère et aucun d’eux n’a réagi. Des étrangers l’ont nourrie, blanchie ; quant à eux, ils ne sont pas intervenus en sa faveur, pas une seule fois. On peut s’attendre – puisque c’est ainsi qu’ils ont été élevés – qu’ils traiteront leur mère comme celle-ci a traité la sienne.

Les gens disent : Pourquoi cette mère s’est-elle consacrée à ce point pour sa fille ? Pourquoi ? Quand elle est devenue veuve, elle a eu seule la charge d’élever son enfant. Elle a travaillé péniblement, cherchant ici ou là à gagner quelque argent, pour que sa fille vive bien.

Et pour tout ce qu’elle a fait, voilà ce qui lui arrive maintenant ! Voilà comment la fille apprécie toute la peine que s’est donnée sa mère pour elle !

Tare de civilisation.

Cela paraît invraisemblable, bien que ce cas ne soit pas une exception ! Il est honteux que ce genre de drames se produise dans des familles qui prétendent faire partie de la chrétienté. De nombreuses informations, parvenant d’horizons divers, démontrent que beaucoup de parents âgés vivent l’enfer sur terre, et ce parmi leurs propres enfants. C’est une honte pour la civilisation du XXe siècle !

Ils ont élevé leurs enfants, ils les ont choyés, ils n’ont ménagé aucun effort en vue de leur bien, et ce, pour être payés, en retour, d’une ingratitude amère de leur part. Beaucoup de publicistes se demandent d’où provient cette ingratitude, et pourquoi cette insensibilité. Pourquoi ceux qui se disent chrétiens, qui connaissent le commandement de Dieu : “Honore ton père et ta mère”, vont-ils à son encontre ? Pourquoi l’homme s’est-il avili à ce point ? Pourquoi les règles assurant une bonne vie familiale sont-elles bafouées d’une manière aussi lâche ?…

La réponse paraît se trouver dans l’éducation des enfants. Pendant de longs siècles, les conducteurs religieux luttaient pour une primauté idéologique, pour le plus grand nombre possible d’adeptes, pour l’extension de leurs églises à la terre entière, mais ils ont négligé l’éducation des jeunes générations, dans un esprit d’amour. Comment, en effet, concilier cette propagation épidémique de la haine envers ceux qui croient autrement, avec l’amour pour certains membres de notre propre famille ? L’homme, d’ordinaire, a un plus grand attrait pour le mal et, partagé entre des sentiments de respect pour les uns et de haine simultanée pour les autres, c’est ce deuxième sentiment qui prévaut. Christ, le Seigneur, n’effectuait pas de distinction pareille. Nous nous souvenons de Son commandement : “Aimez vos ennemis.” En vertu de ce commandement, on ne peut qu’aimer, aimer et respecter; les uns plus, peut-être, les autres un peu moins, mais toujours aimer !

Il semble que le Prophète Jérémie (3:24) mette cette cause en relief quand il dit : “Les idoles ont dévoré le produit du travail de nos pères, dès notre jeunesse.” Nos pères, nos mères ont investi tout leur bien dans leur postérité, tout leur capital d’espérances, avec cette idée qu’ils élèveront des enfants chez qui ils trouveront aide et respect dans leurs vieux jours. Mais l’égoïsme et l’indifférence de ces enfants ont réduit leurs espérances à néant. Ils ont été déçus sur toute la ligne et ont dû faire face à une triste réalité, souvent tragique !

Une conduite rebelle de la part des enfants à l’égard de leurs parents est une transgression sérieuse du commandement stipulant : “Honore ton père et ta mère.” Tous les codes de droit, divin et humain, censurent cette relation dégénérée des enfants à l’égard des parents. Ils ordonnent, par contre, l’amour et le respect, mais ce commandement demeure simplement lettre morte, n’exerçant aucune influence dans des circonstances semblables à celles décrites ci-dessus. Il convient ici de citer les paroles de Jérémie, rapportées dans le verset suivant, le verset 25 :

“Nous avons notre honte pour couche, et notre ignominie pour couverture; car nous avons péché contre l’Eternel, notre Dieu.”

“Si quelqu’un maudit son père et sa mère, sa lampe s’éteindra au milieu des ténèbres.” – Prov. 20:20.

“Honore ton père et ta mère (c’est le premier commandement avec une promesse), afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre;” – Eph. 6:2, 3.

Traduit de “Na Strazy” – 3/94.