“PRIEZ SANS CESSE”

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Luc 11:1-13

“Demandez et il vous sera donné ; cherchez et vous trouverez”

Il ne nous faut pas croire que les disciples n’avaient jamais prié avant le moment qui est mentionné dans ce passage, lorsqu’ils demandèrent au Seigneur de leur enseigner à le faire. Au contraire, il nous faut supposer que, à l’exemple des Juifs en général et en harmonie avec ce que faisait le Seigneur, ils étaient habitués à s’approcher de Dieu par la prière. Ils semblaient comprendre que comme sur beaucoup de points les enseignements du Seigneur étaient très différents de ceux des scribes et des pharisiens, ainsi sa conception de la prière était probablement aussi différente, et ils désiraient être enseignés par Lui sur ce sujet, conformément à sa doctrine plus avancée.

Nous avons plusieurs exemples où notre Seigneur pria à haute voix devant ses disciples ; et le nombre en est suffisamment grand pour nous préserver de l’erreur de certains, qui prétendent qu’il n’est pas convenable de prier en public. Néanmoins, selon toute apparence, la méthode habituelle de notre Seigneur était de s’approcher du Père dans le secret, selon la manière qu’Il décrit à ses disciples lorsqu’Il dit : “Entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton Père en secret.”

L’esprit de cette injonction fut montré par notre Seigneur, lorsqu’Il quitta ses disciples et se retira seul sur une montagne pour prier ; et il nous est rapporté plusieurs fois qu’il Lui arriva de passer ainsi une partie considérable de la nuit en communion avec son Père céleste. Une des leçons que nous pouvons tirer de l’exemple de notre Seigneur est que si Lui, dans sa perfection, avait besoin d’être en communion spirituelle avec le Père afin de pouvoir accomplir l’œuvre qui lui avait été assignée, combien plus, nous, ses disciples si imparfaits de nature, et qui manquons de toute manière de cette sagesse, etc…, qu’Il possédait, avons-nous besoin de regarder continuellement au Seigneur pour être guidés et réconfortés et avoir le soutien nécessaire pour supporter toutes les épreuves et les difficultés de la vie dans le chemin étroit. Cela s’accorde avec l’exhortation de l’apôtre : “ Priez sans cesse, rendant grâces à Dieu pour toute chose.”

Le secret d’une bonne journée

Nous ne comprenons pas que l’apôtre veuille dire que ceux qui constituent le peuple du Seigneur doivent être constamment sur leurs genoux, mais plutôt que leur cœur doit être constamment, mentalement et spirituellement, dans une attitude de prière, regardant au Seigneur pour être guidés dans les affaires de cette vie et s’attachant à ce que leur conduite ait l’approbation divine. Cette pensée de communion perpétuelle avec le Seigneur, regardant constamment à Lui pour ressentir son affection, veillant attentivement à ce qu’aucun sombre nuage ne monte à leur esprit, ne leur cache la face du Père et ne les prive de ses bénédictions, est l’attitude du chrétien avancé. Pour celui-là, chaque jour et chaque heure est un temps de communion avec l’Eternel.

Toutes les fois que les soucis des affaires, les soins de la famille, etc…, entravent cette communion, il est évident que nous sommes surchargés par les soucis de cette vie, aussi cette difficulté doit-elle être corrigée, soit en diminuant nos responsabilités dans les affaires, etc…, ou, si cela n’est pas possible, nous devons contrebalancer les soucis de la vie en nous tournant plus ardemment et plus constamment vers le Seigneur pour être guidés dans les petites difficultés de la vie aussi bien que dans les grandes.

Ce fut probablement lorsque le Seigneur revenait vers ses disciples, après un de ces moments de communion intime avec Dieu, qu’ils Lui firent cette demande de leur enseigner à prier. Nous pouvons présumer que s’Il avait eu l’habitude de prier souvent devant eux à haute voix, ils auraient pu prendre son style de prière comme modèle pour eux-mêmes. Le récit de cette prière tel qu’il est rapporté par Luc, diffère considérablement de celui qui est fait par Matthieu, ce dernier est apparemment de beaucoup le plus complet (Matthieu 6:9). Nous ne croyons pas que le Seigneur ait voulu dire, dites, c’est-à-dire, répétez mes paroles, mais plutôt comme le rapporte Matthieu 6:9 — “ Voici donc comment vous devez prier”, d’après cette manière —. En un mot, le Seigneur ne nous donne pas les mots que nous devons employer dans notre prière, mais un modèle général de style. Nous sommes portés à penser qu’aujourd’hui les disciples du Seigneur ont négligé le style à un degré considérable et qu’au lieu d’être brefs et méthodiques dans la prière, tous semblent vouloir adopter plus ou moins de ces manies attribuées par notre Seigneur à la prière impropre ; à savoir, les vaines redites comme s’ils s’attendaient à ce que la prière ne fût acceptée que si elle était longue. Nous ne devons pas supposer que le Seigneur passait des heures en prière et qu’Il employait en même temps des formes aussi courtes que celle qui est donnée ici aux apôtres, mais nous pouvons raisonnablement penser que l’ordre qui est exposé ici est celui qui doit être observé, savoir, à qui la requête est adressée :

“Notre Père qui es aux cieux”

Le terme notre Père, était certainement nouveau pour les Juifs, parce qu’ils étaient une maison de serviteurs. Les apôtres devaient comprendre par cela, qu’identifiés maintenant au Seigneur Jésus, ils avaient le privilège de se considérer comme fils de Dieu, et de considérer Dieu comme leur Père. C’était peut-être là un des points sur lesquels ils désiraient parti-culièrement être renseignés. Ils pouvaient avoir entendu Jésus parler à Dieu comme à son Père et ils voulaient probablement savoir si oui ou non ils avaient le même privilège. Cette prière leur apporta l’assurance que Dieu les reconnaissait non pas simplement comme serviteurs, mais comme fils. Cela s’accorde avec ce qui est dit par l’apôtre Jean (Jean 1:12) — “ A tous ceux qui l’ont reçu il leur a donné le droit (Stapfer : le privilège) de devenir enfants de Dieu”. C’est là un terme d’un attrait tout spécial.

L’affection d’un vrai père pour son enfant, étant ce qu’il y a de plus précieux dans le monde, est employée pour illustrer la relation des membres consacrés du Seigneur envers le Créateur. Il est nécessaire d’être quelque temps à l’école de Christ comme ses disciples, ses auditeurs, avant de pouvoir apprécier convenablement la signification de ce mot de “ Père” appliqué à Dieu, mais plus nous arrivons à connaître l’amour de Dieu qui surpasse toute compréhension, et plus nous sommes capables de nous approcher de Lui par la foi et l’obéissance, plus ce terme de Père nous devient précieux.

“Que ton nom soit sanctifié”

Ceci exprime l’adoration, l’appréciation de la bonté et de la grandeur divines, ainsi qu’une vénération correspondante. Notre première pensée en adressant notre prière au Seigneur est pour Lui ; ce n’est pas une pensée égoïste qui nous concerne, ni une pensée égoïste concernant les intérêts de ceux qui nous sont chers, mais Dieu doit être le premier en tout, dans nos pensées, nos desseins et nos calculs. Nous ne devons rien demander qui ne soit en accord avec l’honneur de notre Père Céleste : ne rien désirer pour nous-mêmes ou pour ceux qui nous sont chers, qu’Il ne puisse pleinement approuver et nous autoriser à demander. Il n’y a peut-être pas de qualité de cœur qui ne soit en plus grand danger de disparaître, chez les chrétiens professant de nos jours, que cette pensée de révérence pour Dieu. Quelque grande que soit sa connaissance acquise et sa délivrance des superstitions et des erreurs, quelque avancée que soit à certains égards la position du chrétien de nos jours en comparaison de celui d’il y a un siècle, nous craignons que la vénération ait été perdue de vue, non seulement dans l’Eglise nominale, mais par beaucoup de membres de la seule “ Eglise du Dieu vivant” dont “ les noms sont écrits dans les cieux”. Le manque de révérence est un désavantage distinct aussi bien pour l’Eglise que pour le monde et conduit à toutes sortes de maux et finalement à l’anarchie.

La difficulté vient de ce qu’une partie de la vénération des temps passés était basée sur l’ignorance et la superstition, et maintenant que la vérité dissipe l’erreur, un petit nombre seulement accepte les précieuses vérités à la place de l’erreur avec une vraie vénération dans l’amour, à la place d’une révérence superstitieuse, dans la crainte — et même chez ceux-là, la transition fait qu’ils perdent quelquefois considérablement de leur crainte révérencielle. Le peuple de Dieu fera bien de cultiver cette qualité ; il y sera aidé en suivant l’ordre que le Seigneur nous a laissé dans cette prière : considérant premièrement la volonté et l’honneur de Dieu fort au-dessus de leur propre intérêt et de tout autre.

“Que ton Royaume vienne” (Laus.)

de l’Eternel et de sa direction, ces choses ne doivent jamais prendre la place de notre appréciation de ses dispositions bienfaisantes qu’Il a si clairement promises dans Sa Parole. Nous devons nous rappeler que lorsque ce Royaume sera établi, il sera une panacée pour tous les maux et tous les troubles ; non seulement pour nous, mais pour l’humanité tout entière. C’est pourquoi nous ne devons pas laisser nos besoins personnels prendre une trop grande importance, mais nous devons nous rap-peler que la création tout entière gémit et est en travail, attendant ce glorieux Royaume et les bénédictions sur toutes les familles de la terre, qui doivent venir par la semence d’Abraham comme notre Père Céleste l’a promis.

Cette idée du Royaume est nécessaire, et les bénédictions qu’elle apporte nous gardent présent à l’esprit notre haut-appel comme co-héritiers avec notre Seigneur dans ce Royaume. Et dans la même proportion que cette espérance est clairement présente à notre esprit, elle est comme une “ ancre de notre âme, ferme et solide, elle pénètre dans le sanctuaire, derrière le voile” (Hébreux 6:19, St). Cet ancrage de l’espérance dans l’avenir, dans le Royaume, nous rend capables de passer sains et saufs et avec une tranquilité relative au travers des épreuves, des tempêtes et des difficultés de ce présent monde mauvais. Plus que cela, nos pensées concernant le Royaume nous rappellent que si nous devons être co-héritiers dans le Royaume, il est nécessaire que nous soyons disciplinés d’une façon appropriée. Et ainsi, lorsque nous prions “Ton règne vienne”, nos cœurs pensent naturellement de suite au fait que, lors de l’établissement du Royaume, nous y participerons avec notre cher Rédempteur, dans sa gloire et dans son grand travail qui est de bénir le monde. Et nous pensons aussi, dans le même ordre d’idées, qu’il est nécessaire que nous passions maintenant par l’épreuve, les difficultés et la discipline pour nous rendre capables et nous préparer aux devoirs du Royaume. Par contre, cette pensée fait que toutes les afflictions et les épreuves nous semblent de légères afflictions ; sachant qu’elles nous préparent à un bien plus grand et éternel poids de gloire. Ainsi, la présentation même de cette requête, faite dans l’ordre qu’il convient, nous apporte une mesure de soulagement dans nos perplexités, nos épreuves et nos désap-pointements avant qu’à leur tour nous arrivions à les mentionner également devant le trône de grâce.

“Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”

Cette demande venant du cœur, implique de la part de celui qui l’offre une pleine consécration de sa volonté, de son cœur au Seigneur. Et de même que le Royaume viendra bientôt pour subjuguer toute injustice et établir la volonté divine d’une mer à l’autre mer et d’un pôle à l’autre, maintenant celui qui prie, étant ainsi d’accord avec la volonté de Dieu et désirant qu’elle soit universellement reconnue, verra que pour lui-même cette volonté gouverne son propre cœur — et que, selon ses capacités et sa condition terrestre, la volonté de Dieu est faite en ce qui le concerne, tout comme il espère la voir se réaliser parfaitement dans le Royaume. Personne ne peut offrir cette prière à Dieu honnêtement et avec intelligence s’il n’a le désir et s’il ne fait tous ses efforts pour que la volonté de Dieu soit faite en lui-même pendant qu’il est sur la terre. C’est ainsi que celui qui fait cette demande est béni avant d’avoir demandé aucune bénédiction pour lui-même ou pour d’autres. La pensée seule du divin arrangement apporte une bénédiction, une paix, un repos et une sanctification du cœur.

“Donne-nous chaque jour notre pain quotidien”

Nous pensons que la relation de Matthieu est aussi préférable sur ce point : “ Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien”. La pensée semble être celle d’une continuelle dépendance du Seigneur ; jour après jour, pour les choses dont nous avons besoin — acceptant pour chaque jour les soins providentiels du Seigneur et la direction de nos affaires. Le pain quotidien doit s’entendre ici dans le sens large des choses nécessaires : nourriture et vêtements. Les enfants de Dieu, qui Le reconnaissent comme leur Père, doivent avoir pleine confiance en Lui, tout en usant des divers instruments et des occasions qui sont à leur portée. Ils doivent pourvoir aux choses qui leur sont nécessaires, tout en reconnaissant la divine prévoyance et le soin qui a arrangé les choses par avance afin qu’ils ne manquent de rien. L’agnosticisme (doctrine qui déclare l’inconnaissable inaccessible) et la haute critique peuvent généralement nier, si cela leur plaît, que la providence divine ait quelque rapport avec le pain ou tout ce qu’il faut concernant les nécessités de l’homme ; mais les yeux de la foi voient derrière ces provisions l’amour, la sagesse et la puissance de Dieu, préparant tout ce dont l’homme a besoin et donnant les choses nécessaires de telle sorte qu’elles soient à l’avantage de l’humanité par la sueur de son visage, etc.

Nous n’avons pas le droit de demander une nourriture particulière et des friandises. Qu’il résulte de notre énergie et de notre vigilance dans les affaires de la vie une prospérité temporelle accompagnée du confort et de quelques-unes des jouissances de la vie, ou que nous ayons à peine le nécessaire et cela au milieu d’un labeur incessant, il nous faut laisser à la providence du Seigneur la direction de nos affaires. Les Ecritures nous exhortent à ne pas être avares, mais tout en n’étant pas “paresseux à nous employer fervents en esprit, servant le Seigneur”, soyons “contents de ce que nous avons” selon que la providence nous l’accorde.

L’enfant de Dieu, tout en se nourrissant et en se vêtant simplement peut réellement être plus heureux que ne le sont quelques-uns dont les affaires temporelles sont plus prospères. Le contentement qu’il éprouve de sa condition inférieure ne vient pas de ce qu’il a des pensées moins ambitieuses, mais plutôt de sa foi, de son espérance et de son amour. Avec la Parole du Seigneur pour guide, il peut discerner que la vie présente est simplement un vestibule de l’éternité et réaliser que le Seigneur dirige Lui-même les affaires de Son peuple. Ainsi, les épreuves, les persécutions, les découragements et les désavantages du temps présent travaillent directement et indirectement à la préparation du cœur, au développement du caractère qui le rend propre à l’héritage des saints dans la lumière.

“Pardonne-nous nos péchés”

Ceux qui s’approchent de Dieu par la prière doivent le faire avec le sentiment de leur insuffisance et de leur indignité pour qu’elle Lui soit agréable. Ils doivent réaliser que, par nature, ils sont pécheurs et que leur chair est déchue et faible (de sorte qu’ils ne peuvent faire les choses qu’ils voudraient). Il n’est pas question ici du péché adamique, mais des transgressions personnelles ; parce que s’il n’y avait pas eu repentance et pardon pour le péché adamique, celui-ci s’élèverait comme une barrière devant le suppliant, lui ôtant tout droit d’aller à Dieu par la prière jusqu’à ce qu’il se soit repenti et ait été pardonné par les mérites du Sauveur. Il n’aurait aucun droit d’appeler Dieu son Père, mais il serait toujours un non-régénéré, de la race adamique. Venir à Dieu par la prière, l’appeler notre Père, implique l’acceptation de la médiation du grand Rédempteur, par les mérites de Son Sacrifice, — implique que nos péchés ont été pardonnés, que nous avons été revêtus de la robe de justice de Christ et que le Seigneur ne nous considère plus comme des pécheurs. Quels sont alors les péchés que nous avons à confesser ? Nous répondons que tous reconnaissent que leurs plus grands efforts dans la chair sont nécessairement en dessous de la perfection — “ n’atteignent pas à la gloire de Dieu”. Bien qu’ici le pardon des péchés ne soit pas mentionné comme ayant lieu par les mérites de notre Seigneur Jésus-Christ, cependant d’autres passages nous montrent clairement que cela est le seul fondement de notre communion avec Dieu, — qu’il n’y a aucun autre nom qui ait été donné sous les cieux ou parmi les hommes par lequel nous puissions être sauvés de nos péchés.

Demander au Seigneur le pardon de nos péchés implique que nous sommes de cœur opposés au péché, et qu’aucun des péchés que nous avons pu commettre ne l’a été volontairement ; et que le Seigneur, d’accord en cela avec Son alliance de grâce avec nous, accepte l’intention de nos cœurs, comme tenant lieu de la réelle, pleine, complète et parfaite obéissance aux divines exigences en pensées, en paroles et en actes. Cette prière signifie alors, que nous reconnaissons que la robe de justice de Christ dont nous avons été revêtus a été souillée ou salie et que nous désirons qu’elle soit purifiée afin que nous puissions de nouveau être sans tache ni ride ni rien de semblable. Au contraire, cela ne peut s’appliquer aux péchés volontaires, car comme le dit l’apôtre, “si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés” et ainsi plus de fondement pour le pardon ; et la fin du péché volontaire est la seconde mort. Il est bon toutefois de remarquer qu’il y a des péchés qui peuvent être appelés péchés mixtes dans l’accomplissement desquels pouvaient se trouver combinées une certaine mesure de volonté et une certaine mesure d’ignorance ou de faiblesse héréditaire.

Dans ce dernier cas, le Seigneur exprime sa bonne volonté d’effacer la faute après un vrai repentir, mais Il se réserve de donner la verge ou les châtiments appropriés ou nécessaires à son enfant pour l’instruire dans la justice, le corriger de ses faiblesses, etc… Heureux sont ceux qui, croissant en grâce et en connaissance, trouvent leur cœur si pleinement d’accord avec les principes de l’arrangement divin qu’ils ne transgressent jamais volontairement dans aucune mesure ; mais heureux aussi sont ceux qui, trouvant de l’obstination dans leur déviation des réglements divins, en sont affligés et qui, comme le dit l’apôtre, sont amenés à se discipliner et à se corriger eux-mêmes afin de pouvoir le plus promptement possible apprendre les leçons et amener leur corps à être plus complètement soumis aux nouvelles pensées. “Je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté, après avoir prêché aux autres”. Et, “si nous nous jugions nous-mêmes nous ne serions pas jugés”.

“Comme nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous ont offensés”

Comme nous sommes imparfaits et ne pouvons garder la loi divine, ainsi de même les autres sont imparfaits. Comme les degrés de la chute de chacun varient, ainsi aussi nous devons nous attendre à ce que nos offenses et celles des autres, péchant l’un contre l’autre, varient selon notre tempérament naturel, selon notre faiblesse, etc… Comme nous réalisons que nous avons reçu et avons toujours besoin de la compassion divine et de sa miséricorde en rapport avec notre insuffisance, ainsi le Seigneur nous enseigne que nous devons exercer une semblable bienveillance envers notre prochain dans l’Eglise aussi bien que dans le monde. Ailleurs Il donne cette règle véritablement stricte que si nous ne pardonnons pas de tout notre cœur à ceux qui nous ont offensés, notre Père céleste ne nous pardonnera pas non plus nos offenses. C’est ainsi que le Seigneur développe l’esprit du Père dans son peuple consacré, tel qu’Il nous instruit en disant : “Soyez saints comme notre Père qui est dans les cieux est saint”.

C’est là le jalon placé devant nous. Cependant, si peu que nous puissions l’atteindre, nous ne pouvons pas avoir d’objectif moindre ; et dans la proportion où nous nous efforçons d’atteindre cette mesure et que nous comprenons combien nous sommes faibles et imparfaits, nous avons une compassion proportionnelle pour notre prochain et pour son insuffisance à notre égard. C’est là l’amour, la sympathie, la compassion : quiconque n’atteint pas ce degré d’amour qui a compassion des autres et de leurs faiblesses et qui est prêt à leur pardonner et heureux de le faire, et quiconque ne procède pas dans cette voie jusqu’à être capable d’aimer ses ennemis, aussi bien que de prier pour eux, cette personne n’atteint pas la marque de caractère que le Seigneur demande et il peut être sûr que ses propres déviations d’une parfaite droiture ne seront pas laissées de côté parce qu’il a manqué d’une importante qualité : de l’amour — laquelle couvre une multitude de péchés de toutes sortes. Il n’y a sûrement que ceux qui ont cette qualité de pardonner, cette qualité de l’amour, qui obtiendront une place dans cette classe du Royaume, dans cette classe de l’Epouse.

“Ne nous abandonne point à (dans) la tentation” (Osterw. & Sacy, ou “l’épreuve”— St.)

Nous devons nous rappeler les paroles de l’apôtre Jacques (1:13), que Dieu ne tente personne et nous devons appliquer cette pensée à la prière. Lorsque nous faisons ainsi notre prière n’implique pas que nous craignons que Dieu ne veuille nous tenter, mais que nous Le supplions de guider nos pas, nos soucis dans la vie, afin qu’aucune tentation, qu’aucune épreuve ne vienne sur nous qui soit trop sévère, qu’Il nous fasse passer par un chemin dans lequel nous ne serons pas tentés au-dessus de nos forces et qu’Il pourvoie pour nous à un moyen d’échapper lorsque nous sommes dans une grande affliction. L’apôtre nous assure que telle est la volonté divine et qu’une prière semblable s’accorde avec elle. Il dit que Dieu ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de nos forces, mais qu’avec la tentation Il préparera aussi le moyen d’en sortir. Les tentations sont de l’adversaire et de notre nature déchue — par notre chair et par les infirmités (faiblesses) des autres. Dieu n’est pas responsable de cela, mais Il est capable de diriger le chemin de ses enfants afin qu’ils ne soient pas accablés par ces difficultés naturelles, par ces infirmités, par ces obsessions, ni par les ruses de Satan.

“Mais délivre-nous du malin” (du méchant — Laus.)

Ces mots ne se trouvent pas dans l’original grec de Luc, mais des mots correspondants se trouvent dans ce qui est rapporté par Matthieu : “Délivre-nous du méchant”. Il n’y a jamais eu un temps où cette prière fut plus nécessaire que maintenant. Le méchant cherche spécialement dans le temps présent, à surprendre et à tendre des pièges au peuple de Dieu; les Ecritures nous font connaître que Dieu permet cela et c’est dans ce sens du mot, qu’Il envoie une puissance d’égarement — qu’Il permet à l’adversaire d’apporter dans le monde et dans l’église nominale “un formidable penchant pour l’erreur (St.)”. Notre Père permet cela parce que le temps d’une complète séparation du blé d’avec l’ivraie est venu. Il a promis, toutefois, que ceux qui sont vraiment de la classe du blé — les sanctifiés en Christ, qui cherchent à marcher sur ses traces — ne broncheront pas, ne tomberont pas, mais que l’entrée dans le Royaume éternel leur sera abondamment donnée. La question se résout alors à une loyauté de cœur envers le Seigneur.

Le jugement de ce jour doit éprouver l’ouvrage de chacun (dans l’Eglise) de quelque sorte qu’il soit. Il sera si sévère que si cela était possible, les vrais élus même seraient séduits ; mais cela ne sera pas possible parce que le Seigneur aura tout spécialement soin d’eux. Néanmoins le Seigneur sera questionné par les siens au sujet de ces choses qui doivent arriver ; tout en priant : “délivre-nous du méchant” ils agiront sûrement dans la même direction. Nous nous attendons à ce que bientôt les forces sataniques atteignent une plus grande puissance que dans le présent, avec toutes les séductions de l’injustice ; en attendant cela le Seigneur retient les forces adverses afin que son vrai peuple puisse revêtir l’armure de Dieu pour être capable de demeurer ferme lorsque le mauvais jour sera venu.

La foi et l’espérance développées par le délai (l’attente patiente)

Dans les versets 7 et 8, notre Seigneur nous donne une parabole montrant comment un ami terrestre peut obtenir d’un de ses amis une réponse en l’importunant même après qu’une première fois déjà il n’a pas répondu à sa requête. Notre Seigneur emploie cette illustration en rapport avec notre Père céleste, non pas pour impliquer que Dieu est contraire aux requêtes de ses enfants et qu’Il ne veut leur répondre que lorsqu’ils l’importunent en revenant souvent à la charge, mais pour montrer quelle patience persévérante les hommes ont pour obtenir quelque mince faveur désirée et pour illustrer combien le peuple de Dieu a besoin d’avoir plus de sollicitude et plus d’ardeur en rapport avec les bénédictions célestes qu’il désire. Notre Père céleste a de bonnes choses, Il nous les a promises ; Il prend ses délices à nous les donner, cependant quelques-unes sont encore loin. Par exemple, il a commandé à son cher peuple de prier : “Ton règne vienne, ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel” pendant plus de dix-neuf siècles. Pourquoi n’a-t-Il pas répondu plus tôt à cette requête ? Pourquoi nous a-t-Il suggéré de prier ainsi si la réponse devait être longue à venir ?

Nous répondons que le Seigneur a un plan, qui comprend le temps pour le Royaume, que ce plan était déjà tracé avant qu’Il nous enseignât à prier pour sa venue et que la prière, qui sort des cœurs de ses enfants depuis dix-neuf siècles, leur a été en bénédiction et les a amenés à apprécier le Royaume et à le désirer beaucoup plus que s’ils n’avaient pas prié ainsi. La longue attente du Royaume a été par elle-même une bénédiction et un encouragement, c’est ainsi qu’aujourd’hui nous prions peut-être avec plus d’ardeur qu’on ne l’avait fait jusqu’ici — “Que ton règne vienne”, parce que, au fur et à mesure que le moment approche où ce Royaume va nous être donné, nous en apprécions de plus en plus la nécessité.

Demandez, cherchez, frappez.

Les paroles du Seigneur qui clôturent cette leçon satisfont véritablement l’âme de ceux qui ont la foi : “Je vous dis, demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera ouvert”. Nous avons pour cela les paroles du Maître, mais nous devons nous rappeler l’ordre dans lequel Il a déjà exprimé comment nous devions prier ; nous ne devons rien demander qui soit en conflit à quelque degré ou en quelque mesure que ce soit avec la venue de Son Règne, ou l’exécution de Sa volonté sur la terre comme au ciel. Ce que nous demandons doit être en harmonie avec le plan divin et il faut que nous soyons assurés que ce plan divin, qui est révélé dans la Parole et pour lequel nous prions, doit dans la suite avoir son plein accomplissement et que la part que nous recevrons sera on ne peut plus satisfaisante pour le cœur.

C’est chacun individuellement que nous devons demander, chercher et frapper. Nous osons demander au Seigneur une part dans le Royaume, nous pouvons travailler pour l’atteindre et implorer sa bénédiction sur nos travaux ; mais nous n’osons pas essayer de diriger l’arrangement divin, ni demander au Seigneur des faveurs spéciales en rapport avec le Royaume pour d’autres non consacrés. Parce que quelqu’un nous est parent et nous est très cher selon la chair, ce n’est pas une raison pour nous d’en conclure que le Seigneur doit nécessairement le choisir comme membre de Son Epouse. Au contraire, notre devoir vis-à-vis d’un tel est de lui prêcher la Parole, de lui parler de la bonté et de la grâce de Dieu, du Royaume et de ses bénédictions, et de l’encourager à se consacrer lui-même au Seigneur ; en rapport avec cette consécration, nous devons l’engager à demander, à chercher et à frapper pour lui-même afin qu’il puisse recevoir, trouver et entrer dans les faveurs bénies du Seigneur.

Toute grâce et tout don parfait viennent du Père.

Notre Seigneur en appelle à l’esprit paternel chez l’homme, rappelant à ceux qui l’écoutaient combien ils étaient heureux de donner de la bonne nourriture à leurs enfants, non seulement qu’ils ne voudraient pas donner quelque chose d’empoisonné ou de mauvais lorsqu’ils demandent de bonnes choses, mais qu’ils ne leur donneraient pas même ces choses mauvaises s’ils les demandaient. Combien plus encore notre Père céleste qui est bon, bienveillant et disposé à bénir ses enfants, ne nous donnera-t-Il pas les bonnes choses. Nous avons souvent pensé à cela, lorsque nous entendions quelques-uns de nos chers amis demander au Seigneur de les baptiser de feu comme cela est promis dans les Ecritures. Nous nous réjouissons de penser que Dieu dans sa bonté ne répond pas à de telles prières et ne prend pas avantage de ce que la chose a été mal comprise pour exaucer une prière qui serait si mauvaise pour celui qui l’a faite. Ils désiraient une mesure de bénédiction divine et ils demandaient ce qui fut une malédiction, la détresse qui vint sur la “ balle” à la fin de l’âge judaïque et qui doit venir encore sur “l’ivraie” à la fin de l’âge de l’Evangile.

Nous espérons que les élus de Dieu cultiveront de plus en plus l’esprit de prière et, qu’en le faisant, ils pourront de plus en plus apprécier leur relation avec Dieu comme ses enfants et venir à Lui comme à un Père avec simplicité et sincérité. Nous ne défendons pas du tout la pensée qui prévaut aujourd’hui de la paternité de Dieu et de la fraternité de l’homme. Cette fausse doctrine ne trouve pas place dans la Parole de Dieu. Dieu n’est pas le Père de la race dépravée telle qu’elle est maintenant. Il fut le Père d’Adam dans sa perfection, mais ces imperfections qui ont pris une place si importante chez les enfants d’Adam sont de l’adversaire comme le déclare le Seigneur à quelques-uns de son temps : “Vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père”. De sorte que pour revenir dans la famille de Dieu, devenir un fils de Dieu, comme l’était Adam avant qu’il eût péché, il est nécessaire que nous prenions le chemin indiqué — par les mérites de Jésus, les mérites de son sacrifice pour nos péchés. Plus que cela, ayant été justifiés, nous avons été acceptés dans le Bien-Aimé, engendrés comme nouvelles créatures en Christ. Ainsi nous avons accès au Père, jouissons d’une communion, espérons et avons foi que toutes choses concourent à notre bien, parce que nous aimons Dieu et que nous avons été appelés selon son dessein (Romains 8:28).

T. G. 7/1904