LE BAPTÊME 1979

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Vues correctes et erronées sur cet important sujet.

« il nous convient d’accomplir toute justice »

Matth. 3, 15.

Les gens en général croient au baptême, ils reconnaissent qu’il est enseigné dans l’Ecriture et qu’il est très important. Cette doctrine a une telle valeur chez plusieurs, qu’ils redoutent les tourments éternels pour ceux qui meurent sans avoir été baptisés. Ce qui fait qu’en cas de mort d’un enfant, une des premières questions est celle-ci : A-t-il été baptisé ? On ignore que pour Dieu c’est tout à fait indifférent, puisque le baptême d’enfant n’a aucune signification et est sans valeur.

Jusqu’au 3ème siècle le baptême n’était administré que par immersion à des adultes, plus tard aussi à des enfants. On peut prouver cela par les ruines des anciennes églises qui presque toutes offrent des restes de baptistères. Le mot baptême d’ailleurs signifie plonger dans l’eau ; et ce n’est que depuis quelques siècles que l’aspersion fut introduite et déclarée par les autorités de l’église catholique romaine, comme étant une forme convenable et satisfaisante du baptême. Aujourd’hui, la majorité des peuples chrétiens suivent cette tradition et l’aspersion est dénommée baptême. Nous voulons nous élever contre cet usage ; d’abord parce que le mot grec baptême ne signifie jamais aspersion ; et secondement parce que nous ne trouvons rien dans les Ecritures qui de façon ou d’autre autorise ou justifie le baptême des enfants.

Dans les Ecritures, le baptême est réservé uniquement aux « croyants » : « Crois au Seigneur Jésus » et « sois baptisé ». Les grandes églises nationales, catholiques, luthériennes, réformées, épiscopaliennes, savent très bien que les enfants ne sont pas des croyants, aussi ont-elles pris l’habitude, sans doute pour prouver les apparences et dégager leur responsabilité, de prendre des croyants pour représenter les enfants, croire pour eux. Ceux-ci sont appelés parrains et marraines. Ils s’engagent solennellement devant Dieu et devant les hommes à faire leur possible pour que l’enfant dans la suite devienne un croyant, à veiller pour que l’instruction nécessaire lui soit donnée et pour qu’il puisse croire — au besoin en le contraignant — ce que la secte choisie lui enseignera. Cette coutume d’asperger les enfants s’est tellement introduite dans les mœurs chrétiennes, que même des gens tout à fait indifférents, sinon incrédules, font baptiser leur enfant parce que c’est la mode et éprouveraient même un sentiment d’effroi si cet enfant mourrait sans avoir été baptisé. D’ailleurs disent-ils le baptême est l’occasion d’une fête de famille et si le sacrement ne fait pas de bien, cela ne fait toujours pas de mal.

Enseignements erronés de Saint Augustin

Sans mettre en question la sincérité de Saint Augustin, nous prenons la liberté de révoquer en doute beaucoup de ses enseignements et parmi ceux-ci celui du baptême des enfants. En affirmant que ceux qui ne font pas partie de l’église de Christ sont sûrement réservés aux tourments éternels, Saint Augustin sanctionna le baptême des enfants, alléguant que de ce chef, ils étaient reçus dans l’Eglise, devenaient participants de la grâce divine et que les tourments éternels dans l’enfer de feu leur étaient épargnés. Tel était selon sa théologie, le sort impitoyable de tout enfant mort sans baptême. C’est en harmonie avec cette idée que parmi les luthériens, les catholiques, les épiscopaliens et les réformés, il y a un temps spécial de catéchisme et de confirmation pour ceux qui ont été baptisés étant enfants, lesquels arrivés à l’âge du discernement sont censés accepter les bons offices des tuteurs spirituels de leur enfance et prendre sur eux-mêmes les vœux alors prononcés pour en relever leurs parrains et marraines— bien que ces derniers semblent très rarement comprendre la responsabilité qu’ils avaient assumée.

Nous passons outre à ces changements au programme divin, faits durant les « siècles ténébreux », et ne faisons aucun cas des quelques gouttes d’eau accompagnées des paroles qui ne font effectivement ni mal ni bien à l’enfant et ne représentent en aucun sens le baptême enseigné dans l’Ecriture sainte. A notre point de vue ces enfants n ont point du tout été baptisés.

Le frère Ch. T. Russell, a eu un jour la conversation suivante, avec un frère baptiste

A. Sauf erreur, les baptistes prétendent que l’immersion est la porte par laquelle on entre dans l’Eglise de Christ. Etes-vous de cet avis ?

B. Oui.

A. Si je comprends bien les baptistes, ceci est la raison pour laquelle, vous excluez les chrétiens des autres dénominations de la table de communion. Vous dites que le souper du Seigneur n’est destiné qu’à ceux qui sont de l’Eglise et que nul n’y appartient s’il n’a été immergé et ainsi il ne vous est pas possible de considérer les autres comme de vrais chrétiens, des membres de l’église de Christ, ni de les inviter à prendre part au repas sacré. Suis-je dans le vrai ?

B. Oui, c’est ainsi.

A. Eh bien, alors, n’est-ce pas là votre enseignement à vous baptistes que votre église seule doit être sauvée et que tous ceux ne s’y trouvant pas sont perdus et par le mot perdus, n’entendez-vous pas voués aux tourments éternels ? S’il en est ainsi, mon frère, l’enseignement baptiste se résumant en ceci Ceux seuls qui sont immergés sont dans l’Eglise et tous les autres demeurent sous la condamnation et iront aux tourments éternels ; cela me semble très absurde, je ne peux pas le croire.

B. Oh ! nous ne déclarons pas cela, nous ne disons jamais ainsi.

Un verset apocryphe.

A. Je sais, mon frère, que vous ne le déclarez pas ainsi ; mais n’est-ce pas la conclusion logique et la conséquence fatale de votre enseignement.

B. Et bien, que voulez-vous, notre Seigneur a dit « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamne ».

A. Votre citation ne fait pas partie des Ecritures inspirées de Dieu. Cette clause finale du chap. XVI de Marc est apocryphe ; les versets 9 à 20 manquent dans les plus anciens manuscrits grecs [Voyez les remarques et signalements de nos nouvelles trad. françaises — Lausanne, Stapfer, Segond et même de l’excellente trad. catholique de Crampon — Darby seul, en zélateur pour les tourments éternels, considère ces versets comme inspirés… R éd.].

A. Mais dites-moi frère, pensez-vous que tout le bon froment soit dans l’église baptiste ? N’avez-vous jamais trouvé de gens en dehors de cette communion, qui possèdent avec évidence l’esprit du Seigneur, les pensées de Christ ?

B. Oui, je crois en avoir rencontré quelques-uns qui étaient de très bons chrétiens, en vérité, sans avoir jamais été immergés.

A. Maintenant, d’un autre côté, frère, n’avez-vous rencontré dans l’église baptiste, quelques membres qui semblaient dépourvus de cet esprit du Seigneur dont il est écrit « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas »

N’avez-vous jamais vu d’ivraie dans votre église ?

B. Oui. J’ai trouvé de l’ivraie dans l’église baptiste aussi bien que du blé en dehors d’elle.

A. Alors, ne trouvez-vous pas, cher frère, que la porte de votre église n’est pas la bonne porte puisqu’elle permet à certains membres qui ne sont pas à Christ d’y entrer, tandis qu’elle empêche l’entrée à d’autres qui lui appartiennent véritablement ? Sûrement la porte du baptême par l’eau, comme vous l’admettez, n’introduit pas forcément dans la bergerie autrement il n’y aurait pas de tels résultats. — Jean 10 :1.

B. Devint perplexe et demanda à A. de lui expliquer ses vues sur le baptême.

Enseignement scripturaire sur le Baptême.

A) Le baptême que la Bible expose et préconise, et dont elle montre l’importance, n’est pas le baptême d’eau tel que vos amis baptistes l’enseignent. C’est le baptême duquel tous les saints de toutes et en dehors de toutes les dénominations ont été baptisés. C’est un baptême qui n’est la propriété d’aucune dénomination et ne peut être revendiquée par aucune d’elles comme lui appartenant en propre.

A la vérité je crois et j’enseigne que le Seigneur et les apôtres ont recommandé le baptême dans l’eau, se sont fait eux-mêmes baptiser, et que par suite tous les vrais croyants de notre époque pareillement devraient enseigner et pratiquer un même baptême d’eau. Mais je soutiens que ce symbole ne doit pas tenir la place du baptême réel, autrement tout serait confusion sur ce sujet, comme c’est le cas aujourd’hui parmi les chrétiens de toutes dénominations. Le baptême dans l’eau n’est que le symbole, l’image, la preuve évidente aux yeux des autres, que le baptême réel a déjà pris place dans notre cœur, etc…

Le vrai baptême. — Rom. 6 :3-6.

L’apôtre rehausse ici la notion du baptême auquel il attache un grand prix, sans toutefois parler du baptême d’eau. Il y attache une telle importance qu’il déclare « Car si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection ».

L’apôtre nous dit aussi «Nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ». Ici le baptême est mentionné deux fois, mais sans qu’il soit fait mention de l’eau c’est parce que le baptême en Christ, en sa mort, n’est pas le baptême dans l’eau. Il nous faudrait approfondir avec plus de soin la parole de Dieu.

Etre baptisé en Christ, signifie être baptisé en l’église de Christ ; parce qu’au figuré il est parlé de l’église de Christ comme des membres spéciaux du corps de Christ, dont Jésus est la tête.

Notre Seigneur accomplit sa mort durant les trois ans et demi qui s’écoulèrent depuis son baptême par Jean-Baptiste dans le Jourdain jusqu’à ce qu’il rendit le dernier soupir sur la croix. Pendant tout ce temps, il a été mourant, accomplissant son sacrifice. Ce sacrifice commença au Jourdain, en ce sens qu’il se présenta là, au Père, disant dans le langage du prophète « Voici, je viens il est écrit de moi dans le rouleau du Livre. Mon Dieu je mets mon plaisir à faire ce que tu trouves bon, et ta loi est au fond de mes entrailles ». (Ps. 11: 7-8). Là déjà Jésus s’offrit en holocauste et, abandonnant volontairement ses prérogatives divines, il fit en ce moment une alliance de mort — alliance qui réclamait pour être éprouvée et jugée ces trois ans et demi. De même, nous, relevés de la condamnation adamique, nous sommes invités à offrir nos corps à Dieu en sacrifices vivants, pour nous sacrifier avec notre Seigneur Jésus, pour être baptisés en sa mort, comme sacrifices. Comme lui, nous nous consacrons dans la mort, c’est cela notre baptême réel. Peu importe donc de quel nom on s’intitule protestant, catholique, méthodiste, baptiste, réformé, indépendant ou libre. Tous ceux qui se consacrent et se confient au précieux sang de Christ, qui ont fait une pleine confession de Christ jusqu’à la mort, tous ceux-ci ont été baptisés en Christ et sont membres de son corps — son Eglise. D’autre part, ceux qui ne sont pas entrés dans ce sentier de la foi et de la consécration, ne sont pas baptisés, ne sont pas des membres de cette Eglise, dont les noms sont écrits dans les cieux, et ne sont pas considérés par Dieu comme membres particuliers du corps de Christ.

Nous voyons ici clairement la ligne de démarcation que le Seigneur trace entre la véritable Eglise et l’Eglise nominale, entre l’Eglise et le monde. — Elle est basée sur un développement réel du caractère. Comme le baptême de Jésus se continua jusqu’à sa mort, en tant que sa volonté était en jeu, jusqu’à la fin de sa carrière terrestre, il en est de même pour nous ; il ne nous faut pas seulement désirer être conformes à Christ dans sa mort, mais il nous faut accomplir cette mort —« donner notre vie pour les frères ». — 1 Jean 3 16.

T.G. 8/1907