types de l’histoire de l’humanité
«Or ces choses arrivèrent comme types de ce qui nous concerne.., et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints ». (1 Cor. 10 : 6, 11).
Le livre de Job a la réputation d’être le chef-œuvre littéraire de la langue hébraïque. C’est un livre poétique (1) et tous les érudits sont d’accord pour reconnaître qu’aucune des traductions existantes ne l’a rendu exactement. Martin Luther, en évoquant ses derniers efforts pour le traduire en allemand, s’écriait « Job souffre davantage de ma version que des reproches de ses amis et ne donnerait par son fumier pour ma traduction de sa lamentation » (2).
Le livre de Job « est considéré, de l’avis presque unanime, comme le plus sublime poème de toute la littérature religieuse du monde », disait Samuel Cox.
« Pour moi, c’est une des plus grandes œuvres que jamais plume n’ait écrites, disait Thomas Carlyle. Il n’y a rien dans la Bible ni hors d’elle, qui l’égale comme mérite littéraire ».
Le nom, quel qu’il soit, de celui dont Dieu s’est servi pour l’écrire, est resté inconnu.
Le livre ouvre par une introduction en prose contenant le récit des malheurs inattendus et des souffrances de Job (Chap. 1 et 2). La conversation de Satan avec Dieu au sujet de Job est à considérer comme purement allégorique. Puis vient le tableau de la grande patience de Job.
Le corps même du livre, en vers (chap. 3 à41), nous fait assister aux controverses poétiques
(1) Ecrit en vers, comme les Psaumes et les Proverbes.
(2) Luther fonda en 1523 (il y a exactement 400 ans) « un Collegium Biblicum (un Comité biblique) composé « de Mélanchton, Bugenhagen, Cruziger, Justus Jonas, « Aurogallus et lui-même. Ils prirent une peine inimaginable, dont Luther aime à parler dans ses préfaces…
« Un seul verset de Job les arrêtait des jours entiers ».
« La singulière grandeur de ce style (de Job),, dit Luther, me donne un travail tel qu’il semble que cet homme s’irrite plus de ma traduction que des consolations de ses amis. On dirait que l’auteur de ce livre a désiré qu’il ne fût jamais traduit ».
(Histoire de la Bible en France — D, Lortsch, p.p. 317, 318).
entre Job et ses trois amis, que suivent l’« argument a d’Elihu (chap. 32-37), puis l’intervention personnelle du Tout-Puissant (chap. 38-41) et enfin la confession de Job (chap. 42 : 1-6).
La conclusion ou épilogue, en prose (chap. 42 :7-17) décrit la guérison et le relèvement de Job, son retour en faveur et en bénédiction, et sa mort.
Le personnage.
On a émis l’hypothèse que le livre de Job ne serait qu’une simple parabole et que Job lui-même serait seulement un personnage imaginaire. Cela serait-il vrai, que les enseignements à tirer de ce livre ne perdraient rien de leur caractère. Cependant nous ne voyons aucune raison de douter de l’existence d’un personnage, qui aurait passé par les expériences racontées. Job est nommé ailleurs dans l’Ecriture (Ez. 14 :14 ; Jacq. 5 : 11), à côté d’autres saints hommes, ce qui ne serait pas le cas si son histoire n’était qu’une simple fiction. D’ailleurs, elle comporte certains détails particuliers qui ne sont pas communs aux paraboles.
Job a survécu cent quarante ans à ses malheurs, ce qui laisse supposer qu’il a dû atteindre l’âge de deux cents ans ou plus. Cette considération, et le fait que ni lui, ni ses amis ne font allusion à Israël ou à Moïse ou à la Loi, ni à Abraham et à l’Alliance que Dieu avait faite avec lui, semblent indiquer qu’il appartenait à l’âge patriarcal. Il est possible qu’il ait vécu vers la même époque qu’Abraham. Sa demeure était selon toute évidence, en Arabie, et probablement dans le voisinage de la Palestine.
Job nous est présenté comme un homme de grand savoir et de beaucoup d’influence ; comme un homme très pieux qui connaissait et craignait Dieu et appréciait la justice ; comme un homme au cœur généreux qui avait égard à la veuve et à l’orphelin ; et comme un prince du commerce, possesseur d’une immense fortune, qui, avec ses nombreux serviteurs et ses trois mille chameaux, était à la tête d’affaires étendues et très prospères.
Soudain le désastre fond sur lui et il se voit enlever successivement ses enfants, sa fortune, son influence et sa santé.
Il cherche en vain à s’expliquer pourquoi Dieu pouvait laisser le malheur s’abattre ainsi sur lui.
Cependant, il maintenait sa confiance en Dieu, disant : « Voilà, quand il me tuerait, je ne laisserais pas d’espérer en lui » (Job 13 :15). Sa femme lui rappelle qu’il avait cherché toute sa vie à pratiquer la justice et la miséricorde sans que Dieu en eût tenu compte, et elle s’écrie : « Maudis Dieu et meurs ! » (Job 2 : 9) [ Dans le Scenario du Photo-Drame de la Création, p. 26 — trad. p. 52), le Pasteur Russeil, donne à ce passage le sens suivant: « You are cursed of God ; I wish you would die » Tu es maudit de Dieu. Je préférerais que tu meures ! ou : Je te souhaite de mourir ! » La version Zadoc-Kahn traduit « Renie Dieu et meurs »] .
Il reçoit la visite de ses trois amis. Partageant plus ou moins le même point de vue, ils lui disent avec abondance d’arguments qu’il a dû être un grand pécheur et un hypocrite. Mais Job, conscient de sa droiture de cœur envers Dieu, se défend, va même trop loin dans ses expressions pour déclarer son innocence, mais il réduit au silence ses interlocuteurs. On dirait qu’il sent qu’il a besoin de quelqu’un pour présenter sa cause devant l’Eternel.
Il s’écrie qu’il est aussi juste que lui permet de l’être sa connaissance de la justice ; qu’il ne peut pas discuter la question avec Dieu, étant tellement au-dessous de Lui en connaissance et en pouvoir.
Il déclare que les méchants qui font le mal volontairement ne sont pas aussi malheureux, tandis que lui, qui a recherché la justice, est tellement affligé que la vie n’a plus d’attraits pour lui, et il souhaite n’avoir jamais vu le jour (chap. 9, 10 et 16). Sentant sa propre insuffisance pour exposer son cas devant l’Eternel Jéhovah, il réclame un arbitre (un médiateur) entre Dieu et lui (chap. 9 : 33 ; 16 : 21).
La remarquable réplique de Job aux faux raisonnements de ses amis (que beaucoup considèrent à tort comme inspirés), et la confiance qu’il garde en Dieu et en sa délivrance finale, sont exprimées clairement au chapitre 13 : 1-16. Puis avec une sagesse prophétique, il nous dépeint (chapitre 14) en un tableau magistral, le développement des voies de Dieu à l’égard de l’humanité.
Le Problème des Ages.
La question qui préoccupait Job et qui embrouillait ses raisonnements était la même qui, pendant des siècles, embarrassa tant d’autres enfants de Dieu, à savoir : Pourquoi Dieu permet-il que le mal — (les calamités, les afflictions) —accable ses serviteurs fidèles ? Et pourquoi laisse t-il les méchants prospérer ? Or ce n’est qu’après l’ouverture de l’âge de l’Evangile qu’il a été possible de connaître la pensée de Dieu sur ce point car c’est là une des « choses profondes de Dieu »qui ne pouvaient être « révélées » que « par l’Esprit de Dieu », et seulement à ceux qui sont engendrés de cet Esprit, ainsi que l’explique Saint Paul (1 Cor. 2 : 9-14). Et le Saint Esprit n’a été donné ainsi pour nous guider et nous enseigner qu’après que Christ nous eût rachetés et fut « monté dans les hauteurs » (Ps. 68 :19 ZK. Eph. 4 : 8 St.) pour y présenter son sacrifice comme prix de notre rentrée en grâce, de notre retour à la faveur, à la paix et à la communion avec Dieu (Rom. 5 : 1-2).
Nombreux encore sont ceux qui demeurent dans les ténèbres devant ce problème si clair et maintenant si lumineusement résolu pour tous les fervents d’esprit à qui « il a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux », de comprendre « les choses profondes de Dieu a. (Matth. 13 :11 ; 1 Cor. 2 :10). Ceux-ci voient que le règne du mal, le règne du péché et de la mort, sous Satan, prince de ce monde, est permis pour deux raisons : d’abord, afin que tous les hommes expérimentent à fond l’excessive iniquité du péché et l’amertume de son fruit légitime, et ensuite, afin que le peuple de Dieu soit parfaitement éprouvé et trouvé digne quant à sa loyauté envers Dieu, dans les sombres moments d’affliction et d’épreuve comme dans l’éclat de la santé et de la prospérité.
Ainsi, d’une part, Dieu n’est pas la cause directe du mauvais état de choses dans lequel nous vivons et qui se manifeste dans la nature et parmi les hommes, mais il le laisse subsister chez nous, comme résultat ou fruit légitime de la désobéissance, c’est-à-dire du péché ; *d’autre part, Il se sert de la colère de l’homme, des péchés des hommes et de l’animosité de Satan, pour accomplir de grands desseins qu’ils ne saisissent pas et que ses enfants ont connu seulement par la foi en sa Parole révélée. Voyez, par exemple, ces méchants prêtres et pharisiens juifs, et ces cruels soldats romains : combien peu se doutaient-ils, Satan et eux, qu’ils étaient en train *de coopérer à l’accomplissement du plan divin, quand ils insultaient l’Agneau de Dieu, se moquaient de lui et le crucifiaient ?
Il en est de même des nombreuses afflictions du peuple de Dieu, spécialement de celles du petit troupeau, de l’épouse de Christ. Les épreuves ont pour but de les polir et de les préparer à rendre de plus grands services et à lui faire plus honneur dans l’avenir au fur et à mesure du développement du grand plan de Dieu. De sorte que, sans égard à la méchanceté ou à l’ignorance des persécuteurs, ces épreuves de notre foi et de notre patience « opèrent pour nous, en mesure surabondante un poids éternel de gloire » (2 Cor. 4 :17) elles agissent en préparant les élus à devenir héritiers de la gloire — par la pratique de la patience, laquelle produit l’expérience, la sympathie fraternelle et l’amour — l’amour, par quoi nous ressemblons à Dieu. Ceux-là et ceux-là seuls peuvent se réjouir dans la tribulation, et se dire que toutes choses — mauvaises ou bonnes — contraires ou favorables — seront dirigées par la providence de Dieu de façon à travailler pour leur bien final (Rom. 8 : 28).
L’espérance de Job en une résurrection.
Mais, revenant à notre étude de Job, nous allons relever, dans le chapitre 14, quelques-uns de ses traits de sagesse prophétique.
Les quatre premiers versets sont un tableau où nous trouvons dépeint ce que nous savons tous par expérience, à savoir que la vie humaine, dans les conditions actuelles, est remplie, du berceau à la tombe, d’épreuves et de chagrins. Et Job comprend — (ses paroles le montrent) — que, fils de parents déchus, il ne peut être parfait, libre du péché, pur, dans le sens complet du mot.
Dans les versets 5 et 6, il s’adresse à l’Eternel, dont il reconnaît l’autorité et le pouvoir d’imposer des limites à la durée des jours de l’homme, mais, implore-t-il, ne comprenant pas la raison de ses tribulations : « Pourquoi ne pas me laisser — moi et tous les hommes — achever notre courte existence en paix, comme nous-mêmes nous nous garderions d’affliger un mercenaire déjà surchargé d’une lourde et pénible tâche »
Les versets 7 à 10 sont des raisonnements serrés touchant l’impuissance absolue, irrémédiable de l’homme dans la mort, pour autant qu’il ne dépend que de lui. Un arbre peut mourir, et pourtant la vie peut subsister dans sa racine, et celle-ci, dans des conditions favorables, pourra reverdir et repousser comme un nouvel arbre, mais l’homme meurt et ne laisse après lui aucune racine, aucune étincelle de vie. Il expire et une fois le souffle de vie parti, où est-il, cet homme ?
Ayant ainsi confessé que l’homme n’a, en propre, aucune base d’espérance, Job se met à parler de l’unique et véritable espérance de notre race, celle d’une résurrection (voir versets 12, 13). L’homme se couche (dans la mort) et perd tout pouvoir de se relever, et personne ne peut le ressusciter du sommeil de la mort jusqu’au temps marqué par Dieu. Ce sera le matin de la résurrection, le jour du millénium, lorsque « les cieux »symboliques actuels auront passé, et que les nouveaux cieux, c’est-à-dire un nouveau gouvernement spirituel — le royaume de Christ — règneront sur le monde. En cela, Job est parfaitement d’accord avec les enseignements de notre Seigneur et des Apôtres.
Plus il pense à ce temps béni où le mal ne dominera plus, mais où un Roi règnera avec équité et les princes exécuteront le jugement, plus il désire la mort et être en repos. Il s’écrie (verset 13) « Oh ! si tu voulais me cacher dans le sheol, me tenir caché jusqu’à ce que ta colère se détourne, me fixer un temps arrêté et puis te souvenir de moi ».
Job croyait en une résurrection, autrement il n’aurait jamais ainsi demandé à mourir, à être caché dans le sépulcre. Il préférait la mort et voulait s’endormir (v. 12) jusqu’au matin, pour une seule raison, celle de n’avoir pas à faire plus longtemps l’expérience du péché et de la colère de Dieu, l’expérience du mal.
Une courte période à la fin de l’âge de l’Evangile est spécialement désignée comme « le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu » (Rom. 2 : 5) :*— « Ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a jamais eu depuis qu’il existe une nation » (Matth. 24 : 21). Cependant toute la longue suite des temps, depuis le jour de la chute d’Adam, est appelée d’une façon bien appropriée « le temps de la colère divine », car, pendant toute cette longue période « la colère de Dieu est révélée du ciel… contre toute iniquité »(Rom. 1 : 18), par des moyens variés. Si l’Amour est le principe moteur du gouvernement divin, encore ne peut-il agir que d’accord avec la Justice et la Sagesse. Il était à la fois juste et sage de laisser l’homme sentir le poids réel de la sentence de mort encourue pour une transgression intentionnelle et préméditée. Comme l’Amour devait, au temps marqué, pourvoir à une rançon et à une résurrection, le coupable n’en mettrait que plus d’empressement à profiter des faveurs offertes du rétablissement et de la vie éternelle. Ainsi la mort et tous les maux qui ont pu accabler la race coupable sont des manifestations de la colère de Dieu, qui se fera encore davantage sentir durant la grande tribulation. Elles feront place à des manifestations éclatantes de l’amour et de la faveur de Dieu en Christ et en l’église glorifiée durant l’âge millénaire (Rom. 1 :18).
Dans les versets 14 et 15, Job pose nettement la question comme s’il voulait raffermir et fixer sa foi ; mais immédiatement il répond : « Tu appellerais et moi je te répondrais » (1) (et je me réveillerais du sommeil de la mort adamique. Comparez avec Jean 5 : 28, 29. « Tu languirais après l’ouvrage de tes mains » (Cr) — « car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus » (Eph. 2 :10).
(1) Çette phrase que toutes les traductions françaises et les traductions, révisées américaine et anglaise, ainsi que Luther mettent au conditionnel, se trouve au futur seulement dans l’ancienne version anglicane et dans la Vulgate.
L’espérance d’Elihu en un Rédempteur.
Lorsque Job eut réfuté les arguments de ses trois amis, Elihu (dont le nom signifie Dieu lui-même) parla d’un point de vue différent en réprouvant Job et ses amis. Elihu montre à Job qu’il a basé son raisonnement en partie sur de fausses prémisses ; qu’il ne doit pas s’attendre à sonder complètement les voies de Celui qui est si élevé au-dessus de lui, mais qu’il doit se confier en la justice de Dieu et en sa sagesse. Dans le chapitre 33 : 23, 24, il montre la seule chose nécessaire pour délivrer l’homme de la puissance de la mort, et le faire rentrer en faveur auprès de Dieu, quand il dit : « S’il est alors un ange qui intercède pour lui, un seul entre mille qui révèle à l’homme son devoir (ZK), Il (Dieu) lui fera grâce, et Il dira : Délivre-le, afin qu’il ne descende pas dans la fosse ; j’ai trouvé une rançon ».
Voilà bien le cas de l’homme. La sagesse et la justice de Dieu ne peuvent pas être violées. La sentence de mort prononcée contre notre père Adam, pèse à juste titre sur tous les hommes (Rom. 5 :12). Mais Dieu nous a procuré un Rédempteur, le Christ Jésus notre Seigneur ; lequel, conformément au plan du Père, est devenu homme et s’est donné ensuite en rançon pour tous, en subissant la peine de mort infligée à Adam. Et aussitôt que l’épouse, appelée aussi son corps, ou encore le temple, sera prête (complète), ce grand Médiateur se lèvera pour offrir sa justice, ou pour l’appliquer à quiconque voudra l’accepter.
Alors, surviendra le « rétablissement », tel qu’il est décrit aux versets 25 et 26. Au physique, ceux pour qui se présente le Médiateur, retrouveront la sève d’une jeunesse perpétuelle où il n’y aura plus de place pour la mort, le vieillissement. Ils seront trouvés une « offrande agréable » (Es. 60 : 1 ZK) ; ils auront communion avec Dieu dansla joie et la paix, et il les rétablira dans leur perfection originelle, perdue par le péché en Eden. Mais ils devront reconnaître que Dieu est juste et que le rétablissement est immérité. Cela est indiqué par les versets : 27, 28 (si magnifiquement traduits dans la version Zadoc Kahn) : « Celui-ci (l’homme mortel) promène ses regards sur les hommes et dit J’avais péché, violé le droit, et cela n’était pas bien de ma part. Mais Dieu a exempté mon âme de descendre — (de rester) —dans la fosse et ma vie jouira encore de la lumière ! »
Les paroles d’Elihu étaient aussi sages, aussi judicieuses que celles prononcées par les consolateurs de Job, probablement même plus sages mais, pour autant que nous pouvons en juger, elles procédaient simplement de la sagesse humaine. Dans le chapitre 34 : 29, il demande : « Quand Il (Jéhovah) donne la tranquillité, qui troublera ? » Evidemment, le jeune homme cherchait à tirer argument de la critique de Job, n’étant d’accord ni avec celui-ci ni avec ses amis, mais s’efforçant de garder une attitude modérée. Il prit la défense du Tout-Puissant, soutenant que si Dieu n’en avait pas décidé ainsi, l’adversité n’aurait pas pu assaillir Job de la sorte. Pour lui, Elihu, il semblait indéniable qu’il fallait voir la main de Dieu dans ce qui arrivait à Job. Satan n’aurait pu envoyer toutes ces calamités si Dieu ne l’avait pas permis. Ni un homme, ni un ange, quel que fut son rang ne pouvait contrecarrer la volonté divine. C’est Dieu, et non pas Job qui avait qualité pour décider ce qu’il y avait à faire, Dieu seul avait le droit de régler tout ce qui touche à la vie.
Incidemment, Elihu montra que Job était plus juste que ses amis ; et que, s’il était imparfait, comme tous, ce n’était pas à ce titre-là qu’il subissait une punition.
Leçon difficile pour quelques-uns.
Les chrétiens peuvent très bien tirer une leçon de la question d’Elihu. Si ses paroles ne sont pas inspirées, elles n’en sont pas moins pleines de sagesse. Nous pouvons constater qu’elles renferment cette vérité : Que si Dieu décide de donner la paix, la tranquillité, l’univers entier sera soumis à ses lois et personne ne pourra apporter du trouble.
Si nous avons des difficultés, si nous endurons des persécutions, si nous souffrons de tribulations quelconques, regardons à Dieu et disons-nous : Ceci n’a pu m’arriver que parce que le Seigneur l’a permis. Nous avons été placés sous la protection spéciale de Dieu. Il a déclaré que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu — pour notre bien à nous — ses enfants. La leçon de confiance est une de ces leçons que nous avons tant de difficulté à apprendre et à mettre en pratique : Savoir nous persuader que tout ce qui nous arrive dans la vie est sous le contrôle de Dieu et qu’il ne peut rien nous arriver que pour notre plus grand bien ! Chose qui n’existe pas, en effet, maintenant, pour le monde, mais seulement pour ceux qui font partie de la famille de Dieu. Le moment viendra où Dieu fera également travailler toutes choses en bénédiction pour le bien du monde. Mais actuellement; c’est en faveur de ceux qui sont ses enfants que toutes choses travaillent en bien. Quand nous sommes dans la difficulté, élevons nos cœurs et regardons avec assurance et avec confiance au Seigneur. Notre Père céleste veut exercer notre foi en lui. Saint Pierre nous dit que « la puissance de Dieu (nous) garde par la foi pour le salut. Par conséquent, nous nous réjouissons grandement, « même si nous sommes pour un peu de temps attristés par diverses épreuves et tentations… L’épreuve de votre foi (est) plus précieuse que l’or périssable (1 Pi. 1 : 5-7. Syn.)
La fausse paix du grand nombre.
Il existe pour quelques-uns un autre moyen d’avoir la tranquillité. Bien des gens dans le monde jouissent d’une paix relative, ou se reposent de leurs fatigues. Cependant, ils ignorent les grandes vérités qui nous réjouissent et vivent dans l’aveuglement, dans l’ignorance, dans la superstition, dans l’erreur, victimes des tromperies de Satan. Ils ont une sensation de sécurité et de bien-être parce qu’ils sont sous l’influence aveuglante de l’erreur et du mensonge. C’est ce qui explique que les gens du monde qui entrent en rapports avec Dieu, se réveillent parfois de leur fausse sécurité. C’est seulement alors qu’ils gagnent la véritable paix et le vrai repos du cœur. Le Seigneur dit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés et moi, je vous donnerai du repos » (Matth. 11 : 28). Impossible de se procurer autrement un repos véritable.
Le peuple du Seigneur a la paix et l’esprit en repos, parce qu’il connaît les voies et le plan de Dieu ; qu’il connaît sa justice, sa miséricorde et son amour, et qu’il a la certitude bénie qu’il est notre Dieu. Toutes ces choses nous donnent la paix et la tranquillité, et font que nous avons l’esprit en repos. Tandis que le monde est plus ou moins agité, les enfants de Dieu ont une paix que le monde ne connaît pas, que le monde ne peut ni donner, ni ôter. Et quand les épreuves seront toutes passées, le Seigneur nous dédommagera amplement pour toutes les difficultés du temps actuel, pour tout ce que ses enfants ont souffert. Si alors, nous jetons un regard en arrière sur ces épreuves, elles ne nous sembleront qu’« une légère tribulation d’un moment » (2 Cor. 4 : 17).
Loyauté et dévouement (dévotion) a l’épreuve.
Lorsque le Seigneur permet que les afflictions s’amoncellent sur nous, en nuées, nous devons d’abord chercher à discerner s’il n’y a pas chez nous-mêmes quelque pratique du mal qui mérite d’être corrigée. Nous devrions être joyeux dans le Seigneur : mais peut-être n’avons-nous pas vécu assez près de Lui, et avons-nous perdu le contact ?
Encore n’est-il pas dît que ces nuées d’affliction signifient nécessairement que nous n’ayons pas vécu en communion étroite avec lui : nous le voyons dans le cas de Job.
Rappelons-nous également les expériences de notre Seigneur Jésus au jardin de Gethsémané, la nuit avant d’être crucifié, il disait à ses disciples, Pierre, Jacques et Jean : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ». (Matth. 26 : 38, Syn. Cr.). Rappelons-nous que Dieu ne lui a pas donné la paix, mais a laissé le trouble, en flots puissants, submerger son âme. Il était troublé parce qu’il se demandait avec angoisse s’il avait été absolument loyal, fidèle et obéissant dans la mesure nécessaire pour conserver la faveur du Père. Il nous est dit par l’apôtre Paul que notre Seigneur Jésus « a offert avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort, et qu’il a été exaucé ». (Héb. 5 : 7, Cr. Syn.).
Nous voyons que le Père envoya son ange pour réconforter son cher fils, dans sa profonde détresse. Aussitôt que l’ange eut donné à notre Seigneur l’assurance que le Père trouvait son plaisir *dans sa vie et sa conduite, il devint parfaitement calme. Et cette assurance le soutint dans toutes les expériences pénibles qui suivirent : — pendant le jugement devant le Sanhédrin, celui devant Pilate, les mauvais traitements des soldats, la marche sur le chemin du Calvaire et pendant toutes les pénibles opérations de l’exécution.
C’est seulement en dernier lieu — quand le Père, parce que Jésus devait prendre la place du pécheur, lui retira sa présence à l’instant de la mort, — que notre Seigneur fut troublé dans son esprit. Alors, dans l’agonie de son âme, il cria : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Matth. 27 : 46). Il était nécessaire pour notre Seigneur qu’il fit l’expérience de ce que c’était que d’être retranché de Dieu et de ne plus avoir aucune communion avec Lui ; il le fallait pour acquitter tout le châtiment du péché d’Adam. Cette expérience, Il la subit au tout dernier moment. Le Père céleste le permit, car notre Seigneur avait besoin de sentir tout ce que signifiait la séparation du pécheur d’avec Dieu.
Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire, dans chaque cas particulier, aux véritables et fidèles disciples du Seigneur, de passer par la même expérience. Nous ne sommes pas, comme notre Rédempteur, « la Rançon », Celui qui porte les péchés du monde ; mais il n’y aurait rien d’étonnant à ce que quelques-uns passent par des expériences semblables à celles du Seigneur. Il y a eu des saints qui sont morts, en s’écriant « Voici, je franchis les portes de la Nouvelle Jérusalem ! », alors que d’autres ont eu en mourant des expériences pareilles à celles du Seigneur et criaient « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ?
Contentons-nous de laisser nos expériences entièrement aux mains de Celui qui nous aime, et nous pourrons avoir la paix intérieure, le calme et le repos de l’âme, sachant qu’aucun orage du dehors ne sera permis, hormis ceux que le Père sait devoir produire en nous « le fruit paisible de la justice », si nous sommes convenablement exercés par la discipline (Héb. 12 : 11).
Le rétablissement de l’humanité vu en type.
Dans les chapitres qui terminent le livre de Job, Jéhovah parle à son serviteur, affligé, et réprouvé la témérité avec laquelle, malgré sa faible connaissance, il a osé juger Dieu. Job reconnaît son tort et trouve la paix en s’en remettant à Dieu. Les trois amis de Job sont cependant, sévèrement réprimandés par l’Eternel. Mais quand, obéissant à Dieu, ils viennent vers Job et offrent un holocauste à leur propre intention, selon l’ordre de l’Eternel, et que Job prie pour eux, suivant le reste des instructions de Dieu, ils sont réintégrés dans la faveur divine.
Aussitôt, la prospérité est rendue à Job, il retrouve ses amis et son influence ; sa richesse est exactement doublée, car il a deux fois plus de troupeaux de brebis et de chameaux. Il recouvre aussi le même nombre de fils et de filles qu’autrefois et les Ecritures remarquent « qu’il ne se trouvait pas dans tout le pays de femmes aussi belles que les filles de Job » (Job 42 : 15 ZK).
Cet épilogue de la carrière de Job finissant par une restitution générale est incompréhensible pour ceux qui n’ont jamais vu que le plan de Dieu en Christ prévoit « des temps de rétablissement de toutes (les) choses » perdues en Adam, pour tous ceux de sa race qui les accepteront, en se soumettant aux conditions de la Nouvelle Alliance (Actes 3 :19-21). Mais ceux qui ont la vision de ce plan de Dieu, peuvent déjà comprendre également que les expériences de Job n’étaient pas seulement des réalités, mais aussi des types.
Job semble représenter l’humanité. L’homme était d’abord « à la ressemblance de Dieu » : il jouissait de la faveur divine, et toutes choses lui étaient soumises (Ps. 8 : 4-8). Par suite du péché d’Adam, Satan s’assura dans les affaires humaines une influence qui a abouti à la dégradation, à la maladie et à la mort. Cependant, Dieu n’a jamais réellement abandonné ses créatures, et même actuellement il se dispose à manifester sa grâce envers tous, en Christ Jésus notre Seigneur et par son entremise.
(Z. 15 février 1914)