Math. 5 : 1-12
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ». Math. 5 8.
Du grand Docteur, il est écrit « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean 7 : 46). Ce n’était pas un homme déchu, ni un pécheur, mais l’homme Christ Jésus ; sa vie fut transférée de la condition céleste à la condition terrestre. Comme homme, « il fut saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs » (Héb. 7 : 26) ; bien plus, par sa consécration jusqu’à la mort, il accomplit une alliance de sacrifice avec l’Eternel, et, par ce fait, fut oint de la plénitude de l’Esprit saint. Pourquoi donc nous étonner, quand nous lisons qu’il enseigna comme ayant autorité (Matth. 7 : 29), comme quelqu’un qui sait, qui comprend clairement et positivement les choses qu’il présente
Les huit béatitudes illustrent la différence entre les enseignements de Jésus et ceux de tous les autres docteurs. Il avait une vue nouvelle de ce qu’il présentait ; son message était différent de tous les autres messages annoncés jusqu’à ce jour. Tandis que les autres docteurs disaient au peuple: levez vos têtes, souvenez-vous de vos nobles ancêtres, etc. et, par ce moyen, soyez bénis, Jésus encourageait ceux qui l’écoutaient, leur disant que les pauvres en esprit, les humbles d’esprit recevraient les grandes bénédictions.
Tandis que les autres docteurs montrent les riches, les grands, les savants, les puissants, les hommes influents comme des modèles pouvant être imités afin de réaliser le bonheur, Jésus, dans ses béatitudes énonce le contraire. Ses prescriptions n’ont en effet été suivies que par quelques-uns et ce petit nombre seul en apprécie les mérites et a trouvé les bénédictions promises pour la vie présente et pour celle qui est à venir.
Le contraste qui existe entre les dix commandements de la loi mosaïque et les huit béatitudes prononcées par Jésus sur la montagne, illustre à un haut degré la différence entre la dispensation de la loi et celle de la grâce. La loi commandait à la « maison des serviteurs » ce qu’ils devaient ou ne devaient pas faire : « Moïse a été fidèle dans toute sa maison, comme serviteur » (Héb. 3 : 5, 6) il donna à la maison des serviteurs — l’Israël typique — la loi divine, par l’observation de laquelle ils pouvaient être bénis et employés dans le service divin.
Le message évangélique est de beaucoup plus grandiose. Il n’ignore pas la loi donnée par Moïse à la maison des serviteurs ; il reconnaît que cette loi est juste, sainte et bonne et qu’Israël n’obtint pas ce qu’il avait en vue à cause de son impuissance, par suite des faiblesses héréditaires le rendant incapable de garder l’esprit de la loi parfaite de Dieu. La nouvelle dispensation inaugurée par Dieu en Jésus procure une pleine rançon pour tous les pécheurs, Dieu se propose par la suite de bénir et d’aider tout le monde à se relever des faiblesses héréditaires non seulement d’Israël, mais de toute la race adamique. Les traits de la loi seront maintenus, mais la grâce et la miséricorde interviendront pour donner l’assistance nécessaire afin d’être en état de garder la loi. Avant que cette nouvelle ère de bénédiction du monde soit introduite, Dieu se propose de choisir une classe spéciale, dont tous les membres doivent être des ressemblances du cher Fils de Dieu (Rom. 8 : 29) ceux-là sont appelés pour être ses cohéritiers dans tout le sens du mot — dans les souffrances, le renoncement, les persécutions et les sacrifices de la vie présente, aussi bien que dans la gloire, l’honneur et l’immortalité de la vie future.
Appelés pour devenir des élus.
La mission de Jésus et ses enseignements, lors de son premier avènement, n’étaient pas pour le monde, mais pour une classe spéciale : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende » (Matth. 11 : 15). Le message pour le monde sera donné à sa seconde venue ; nous avons l’assurance qu’alors les yeux de tous les aveugles et les oreilles des sourds seront ouverts et la connaissance de la gloire de Dieu remplira toute la terre.
Dans notre présente étude, Jésus s’adresse à des Juifs qui ont des oreilles pour entendre, à ceux qui ont le désir de devenir ses disciples ; il s’adresse en réalité à cette classe dont lui-même disait
« Si quelqu’un veut venir après moi (être mon disciple), qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive (Matth. 16 : 24) ; et « là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jean 12 : 26). A cette classe seulement, les béatitudes furent données, non plus cette fois avec les tonnerres du Sinaï, ni avec les menaces de vengeance et de mort, au cas où les leçons ne seraient pas apprises.
Le Maître s’adresse à ceux qui croient en lui, à cette classe pour laquelle il comparut en la présence de Dieu, après que son œuvre expiatoire fut achevée, afin de leur imputer ses mérites pour leurs fautes et imperfections, leur donner le droit de communion avec le Père et rendre leur sacrifice « saint et agréable à Dieu » (Rom. 12 : 1). Il leur enseignait la meilleure manière d’affermir leur vocation et leur élection et comment ils pouvaient avec succès, remporter le grand « prix »pour lequel ils avaient été appelés. D’autres personnes peuvent percevoir les précieuses leçons de ces béatitudes, mais les engendrés seuls peuvent les apprécier pleinement.
Le palais du bonheur.
Le fondement du palais du bonheur est l’humilité. Personne ne peut espérer avoir une part au royaume messianique, sauf celui qui est humble d’esprit : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (V, 3) ; — à eux seulement, s’adresse la grande promesse. Dieu n’acceptera jamais comme membre de la classe du royaume, quelqu’un qui a l’esprit d’orgueil, d’égoïsme et d’ambition mal fondée. En Satan nous avons un exemple de ce que l’orgueil peut faire. Dieu a décidé que l’humilité serait une des principales épreuves de la classe de l’épouse.
La chambre de réception du palais ou la chambre de douleurs et de gémissements se trouve au rez-de-chaussée, sur le fondement de l’humilité. Seulement ceux qui savent ce que c’est que d’être touchés par les sentiments des infirmités humaines peuvent être membres de la sacrificature royale qui, par la suite, aura à aider tous les hommes de bonne volonté afin qu’ils retournent en harmonie avec Dieu. De plus, cette chambre de réception, de douleurs et de gémissements semble nécessaire pour nous séparer complètement des choses du monde, de la chair et du diable. Peu de gens en réalité sont parvenus à la sainteté sans avoir passé par de douloureuses épreuves. Rappelons-nous les paroles de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos » (Matth. 11 : 28). Oui, la chambre de réception, d’afflictions, nous est nécessaire avant que nous puissions apprécier le réconfort auquel Dieu a pourvu pour cette classe particulière — ses élus: « Heureux les affligés, car ils seront consolés » — Vers. 4.
La bibliothèque du palais est la douceur. Personne ne sera enseigné du Seigneur avec succès et ne jouira pleinement du palais du bonheur sans cette qualité, la douceur, ou la docilité. Bien souvent les disciples du Seigneur doivent aller dans leur bibliothèque, leur cabinet, pour y apprendre les précieuses leçons sans lesquelles ils ne pourraient pas faire de progrès dans la fidélité et le développement du caractère. « Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre » (V. 5). Comme membres du Messie, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, leur Seigneur, ils auront la pleine possession, l’entier gouvernement de la terre. Ce gouvernement sera maintenu pendant mille ans pendant ce temps l’humanité apprendra de précieuses leçons et sera relevée du péché, de la dégradation et de la mort et atteindra la parfaite virilité perdue par Adam et rachetée par Jésus. A la fin du règne messianique, le gouvernement de la terre sera rendu aux humains ; ceux donc des humains qui recevront le gouvernement seront ceux qui auront appris les leçons de la douceur.
La salle à manger — faim de justice. Tous ceux qui seront cohéritiers de Christ aiment la justice et haïssent l’iniquité, ressemblant ainsi à leur Rédempteur. Il est donc très important que dans notre palais du bonheur nous ayons une salle à manger vaste et bien aménagée où notre faim et notre soif de la justice puissent être encouragées et satisfaites en même temps. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (V. 6). Ils en obtiendront la plénitude pour leur propre perfection dans la première résurrection et dans l’établissement de la justice sur toute la terre pendant les mille ans du règne du Messie.
« La porte », du palais — la miséricorde. Une des plus importantes leçons à apprendre pour la nouvelle créature est celle qui se rapporte à l’amour, la sympathie, la miséricorde. Dans l’arrangement divin, nous devons entrer et sortir constamment par cette porte. Nos propres imperfections réclament continuellement la miséricorde de la part de Dieu et doivent imprimer en nous des dispositions miséricordieuses envers ceux avec qui nous sommes en rapport. Nous ne serons préparés que de cette façon pour devenir des membres fidèles et miséricordieux de la sacrificature royale, qui puissent agir et bénir le monde durant le règne millénaire : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! » (V. 7). « Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père [céleste] ne vous pardonnera pas non plus vos offenses » « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». — Matth. 6 : 15, 12. «La fenêtre» du palais par laquelle nous pouvons voir Dieu est la pureté du cœur. Il ne nous est pas possible, pendant que nous sommes dans la chair, d’atteindre la pureté absolue de pensées, de paroles et d’actes, mais nous pouvons avoir un cœur pur, la pureté d’intentions et de désirs. Il n’y a véritablement que ceux qui ont le cœur ainsi disposé qui peuvent espérer atteindre les honneurs du royaume et voir celui qu’aucun homme, n’a vu, ni ne peut voir (1 Tim. 6 : 16). « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ». —(V. 8).
Le parloir de notre palais est représenté par les caractéristiques du pacificateur. Cela signifie une certaine résistance et une victoire dans nos propres affaires et nous fournit des occasions de venir en aide aux autres : « Heureux les pacifiques, car ils seront appelés fils de Dieu » —(V. 9).
La cuisine de notre palais représente les épreuves et les difficultés nécessaires à la formation de notre caractère — épreuves également nécessaires à notre propre nourriture et à notre édification spirituelle : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ». — Vers. 11-12.
T.G. 8/1912