Argument vital discuté par des pasteurs en voyage.

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La Bible par opposition à la théorie de l’évolution.

Récit d’une discussion amicale dans un train rapide “ Express-éclair ”, rendant témoignage à l’accomplissement de Daniel 12 :4.

A.     — Cette place est-elle prise?

B.     — Non, elle est à votre service, je serai heureux de votre compagnie, asseyez-vous. Vous êtes Pasteur? Oserais—je vous demander de quelle dénomination?

A.     — Je suis pasteur presbytérien, maintenant en route pour une séance du synode dont je suis membre.

B.     — Ah! ceci m’offre une bonne occasion de m’informer au sujet de la situation du ministère presbytérien dans ces environs quant à l’évolution. Mes observations me portent à croire que la théorie évolutionniste que je considère tout à fait anti biblique, devient très populaire dans tontes les dénominations, aussi bien parmi les pas­teurs que parmi les paroissiens. Je serais heureux de connaître l’attitude des presbytériens par ici, sachant naturellement que le dogme de la doctrine presbytérienne comme celui de toutes les églises orthodoxes, soutient que l’homme fut créé parfait et tomba de la perfection dans le péché et la dégradation; ma question en substance est celle—ci: les presbytériens de ces environs, s’en tien­nent-ils à la Bible et à leurs croyances sur ce point, ou les ont-ils abandonnées toutes deux en faveur les spéculations de Darwin Huxley et d’autres?

A.     N’y étant pas autorisé, je ne puis parler pour nies frères du ministère presbytérien dans leur ensemble, mais je vous dirai mon opinion en vous assurant que je crois sincèrement à l’évolution : j’ai tout lieu de croire que mes vues sur ce sujet sont en parfaite harmonie avec celles des gens les plus cultivés de ma dénomina­tion et de toutes les autres.

         B.            — Je vous concède ce point que la tendance de 1’éducation pendant ces vingt dernières années a été dans la direction de l’évolution contre la Bible, mais je suis disposé à croire que la majorité des avocats des théories évolutionnistes ne connaissent pas l’immense et irréconciliable différence entre ces théories et la Bible, il me Semble qu’en reconnaissant, que si les théories évolutionnistes sont vraies, les doctrines de la Bible sont fausses, que si la Bible est de Dieu, sa Parole inspirée, ce sont les théories évolutionnistes qui sont fausses. Les évolutionnistes devraient étudier le sujet plus à fond avant d’accepter et de se faire les avocats de théories qui démentent les paroles du Seigneur, de ses apôtres et de tous les saints prophètes.

A.     — Oh! mais, je ne pousse pas mes opinions à l’extrême comme certaines théories évolutives, qui s’étendent, qu’il n’y eut pas d’intervention divine dans les opérations de la nature, pas de don de vie au commencement: je nie que la matière inerte se vivifia sans une aide surnaturelle. Le prof. Huxley même dit à ce sujet: qu’il n’a maintenant pas l’ombre d’une évi­dence directe, digne de confiance que l’abiogenesis (la Vie tirée de l’inanimé) prenne ou ait pris place pendant la période durant laquelle la vie est signalée sur le globe. ”

B.     — Oui, je sais qu’il y en a assurément très peu qui vont à l’extrême que vous mentionnez. Je maintien cependant que la philosophie de l’évolution est opposée aux plus simples récits soit de l’Ancien soit du Nou­veau Testament..

  • Le point de vue extrême, s’il ne nie pas l’existence du Dieu prétend du moins qu’il n’a rien du tout eu à faire dans la création du l’homme, mais que le procès le procès évolutif commença par la matière inerte.
  • L’hypothèse extrême affirme aussi que le pouvoir divin opéra sur la matière inerte, mais qu’il commença au point le plus inférieur de l’organisme vi­vant et créa un microbe ou plus exactement parlant un  “protoplasme ”  qui devint le parent de tous les êtres vivants, y compris l’homme, par un procès  supposé d’évo­lution.
  • La théorie évolutive la plus conservatrice — ignorant la méthode par laquelle le pouvoir divin opéra le développement des animaux inférieurs — hésite à aller aussi loin que le protoplasme et commence sa philosophie par l’homme elle cherche parmi les animaux, celui ressemblant le plus à la créature humaine par sa structure et par sa forme remontant par ce fait aux singes (babouin ou chimpanzé) ; elle affirme que la nature humaine représente un degré supérieur à ces der­niers (car on est obligé d’admettre qu’il existe plusieurs dissemblances) et qu’un “chaînon intermédiaire” est en­core recherché, — soit un degré ou condition de vie entre le singe le plus développé et la plus inférieure des créatures humaines.

10 Février 1904

 Ceux qui acceptent cette dernière théorie éprouvent une certaine répugnance à faire remonter leur origine à un microbe ou “protoplasme” mais acceptent plus vo­lontiers leur descendance du singe; celui-ci disent-ils étant grand-père d’Adam, et le dernier rejeton de l’espèce la plus inférieure et la plus dégradée des singes. Je crois que cette dernière manière de voir est très répandue dans la chrétienté. Ceux qui l’adoptent, quoique humi­liés de l’humble origine attribuée à leur race, passent néanmoins légèrement là-dessus pour pouvoir se glori­fier des grands progrès de l’humanité et spécialement du haut degré de culture intellectuelle atteint au 19ème siècle.

A.     — Eh bien, soit! mais vous ne contesterez pour­tant pas qu’il existe de nos jours un développement général d’intelligence beaucoup plus grand le comparant à celui du passé? Et si vous ne le contestez pas, n’est-ce pas là un argument irréfutable pour soutenir la doc­trine évolutionniste?

B.     — Assurément je ne conteste pas le fait que nous jouissons de nos jours d’un plus haut degré de connais­sance et de civilisation générales que cela n’a été le cas depuis que le monde existe. Mais au lieu d’accepter une théorie qui rejette la parole de Dieu pour expliquer les conditions présentes, j’accepte ce que m’en dit la Bible, explications plus concluantes, plus profondes et plus raisonnables de toutes manières que celles de la théorie de l’évolution. La Bible a prédit les conditions présentes et explique comment elles arriveraient et quel en serait le résultat avec un détail et une exactitude dont les spéculations évolutives ne savent rien. Je rap­pelle à votre souvenir les révélations dominées au pro­phète Daniel concernant les choses qui doivent s’accomplir pendant la période qui termine l’âge actuel. Souvenez-vous du profond intérêt du prophète dans les scènes émouvantes de cette vision, comment il pria et jeûna sept semaines entières désirant connaître les desseins de Dieu en ces choses; et comment un ange lui fut envoyé pour lui porter ce divin message: “va Daniel, car ces paroles de la vision] sont cachées et scellées jusqu’au temps de la fin. ”  Ce “temps de la fin”, vous vous en souvenez est nommé, ailleurs dans l’Ecriture: “le jour de sa préparation” Nahum 2:3, le jour ou le temps dans lequel le Seigneur doit préparer le monde pour la nouvelle dispensation l’âge du Millénium.

Peut-être vous souvenez vous aussi du témoignage de l’ange envoyé à Daniel, concernant certaines particularités de ce  “jour de la préparation ” ou “temps de la fin ” —Il dit: Au temps de la fin plusieurs courront çà et là et la connaissance sera augmentée; . . et aucun des méchants ne comprendra, mais les sages comprendront ” (trad. Darby: Dan. 12 :4—10). Cette déclaration inspirée est accomplie, aujourd’hui, ne semble-t-il d’une façon remarquable devant nos yeux; elle ne prouve pas seulement que nous vivons maintenant dans cette période du “temps de la fin” du jour où Dieu se prépare, mais fournit une explication plus claire et plus satisfaisante des lumières et des progrès actuels qu’aucune des théo­ries évolutives existantes. Elle commence par diriger notre attention sur ce que chacun avouera être l’un des signes les plus remarquables de notre temps, le distinguant du passé en ce que tout le monde voyage. Le monde entier parait “courir çà et là” précisément comme cela fut révélé au prophète il y a 2400 ans. A ce mo­ment même notre train marche à la vitesse de 50 milles (anglais) l’heure, la voiture est boudée et nous savons que d’antres trains, pareillement bondés de voyageurs, se précipitent dans toutes les directions. On s’étonne de ce “courir çà et là” et cela va en augmentant chaque an­née. Remarquez mon ami que les chemins de fer, les bateaux à vapeur et les tramways qui nous permettent de circuler appartiennent à ce siècle-ci. Rappelez-vous en outre que vous avez probablement parcouru plus de lieues pendant ces 20 dernières années que tous vos ancêtres, en remontant à Adam, pendant la période de 6000 ans.

Examinons le trait suivant de la révélation de l’Eternel à Daniel concernant le temps présent: la connaissance sera augmentée”. Je maintiens en harmonie avec le témoignage de l’Ecriture, que l’étonnante augmentation de connaissances de nos jours, n’est pas le résultat de l’évolution, mais celui de l’intervention divine à notre époque, c’est une des particularités de ce “jour de sa préparation” pour le règne de mille ans. Si la théorie évolutive était correcte, cette augmentation de connais­sances aurait été graduelle dans le passé, et non soudaine comme à présent vers la fin des six milles ans de l’histoire de l’humanité.

J’appelle aussi votre attention sur le fait que l’augmentation de connaissances a accompagné et suivi le courir çà et là des soixante dernières années. A son propre temps il a plu au Seigneur d’attirer l’attention de l’homme sur les forces de la vapeur et de l’électri­cité en lui donnant l’intelligence nécessaire pour dompter et utiliser ces forces pour son service (voyez Exode 31 : 6; 36 : 1). Les marmites bouillaient et les couvercles des chaudières faisaient du bruit depuis des siècles avant que l’esprit de Watt fût amené à réfléchir à la puis­sance de la vapeur et au profit que l’on en pourrait tirer pour l’humanité. Simples de même furent les premières idées au sujet des combinaisons pour l’emploi de la vapeur et plus tard pour celui de l’électricité. Sans ces simples pensées que Dieu dans sa providence éveilla en son temps, ces grands facteurs de notre dix-neuvième siècle de réveil auraient pu rester ignorés pendant des siècles futurs comme ils le furent dans le passé. Au temps convenable cependant Dieu en fit le point de dé­part, la base de l’accomplissement de sa divine prédiction : Dans le temps de la fin, plusieurs courront çà et là et la connaissance sera augmentée.”

Comme la découverte de la force motrice conduisit à la construction d’engins au moyen desquels les gens puisent voyager avec les bateaux et les chemins de fer et communiquer entre eux, recevant ainsi, une nouvelle impulsion de pensées et d’actions; ainsi la force motrice fut employée pour l’imprimerie, ce qui permit à la littérature de toutes les langues de se répandre daims le monde entier mettant ainsi des écrivains de toutes les nationalités en contact avec des millions d’êtres humains. de telle sorte qu’il est inévitable que la connaissance ne soit augmentée, tel que Dieu la prévu: Puis l’électricité venant encore aider à ce contact des pensées de la race humaine par le télégraphe et le téléphone, etc. Il est très évident que le Dieu tout sage, l’auteur de la Bible, qu’il fit écrire par ses divers instruments choisis,

11 Février 1904

savait bien quel serait le résultat en faisant luire, au bon moment, la lumière nécessaire pour coopérer avec tous les aspects de son grand et magnifique plan des âges.

En outre, vous êtes témoins que les évolutionnistes les plus acharnés sont en quelque sorte effrayés de ce qui pourrait advenir des conditions présentes envisagées d’après les grandes ligues de l’évolution. Ils commencent à craindre que l’augmentation des connaissances ne consti­tue un danger (le naufrage social et peut-être d’extrême anarchie, ou pour éviter ces alternatives qu’elle signifie un retour à la restriction jusqu’à un certain point de l’éducation et de la liberté. Ils voient qune augmentation actuelle du savoir permet à un enfant de douze ans d’avoir devant lui la science accumulée pendant des siècles, ainsi que les recherches et les découvertes modernes, ce qui met à sa disposition plus de connaissances théoriques que n’en a eues son grand-père à l’Age de soi­xante-dix ans et encore acquises surtout par sa propre expérience. Ils comprennent aussi qu’il y a un siècle, les gens instruits étaient extrêmement rares: taudis que de nos jours, la connaissance a tellement augmenté que dans les pays civilisés, l’instruction étant obligatoire peu de personnes sont sans ses privilèges et ses avantages. Cependant, contrairement à toutes leurs espérances évo­lutives, ces bénédictions et ces facilités jusqu’à présent inespérées ne paraissent pas favorables au développement du bonheur et du contentement des foules. Au contraire, il est évident que plus sont grandes les bénédictions dont on jouit, plus le mécontentement grandit dans les cœurs non régénérés. C’est pourquoi les évolutionnistes redou­tent un mouvement rétrograde, dont la logique réfute leurs hypothèses.

Il y a cependant que tous ces faits sont en accord le plus absolu avec la description de l’Ecriture, de la cause, du but et du résultat des courses actuelles çà et là et de l’augmentation de connaissances. Les Ecritures indiquent que ces choses devaient arriver afin de pré­parer la nouvelle économie et les combinaisons profitables à l’humanité, pendant le Millénium. Néanmoins elles font aussi remarquer que cette connaissance et l’habileté sont prématurées en ce qui concerne l’humanité en général. parce qu’elle n’est pas en état d’apprécier, d’user avec sagesse de ces bénédictions et de ces libertés qui sont à sa portée, vu son égoïsme inné et héréditaire et, laissée à elle même, elle tournerait ces bénédictions en malédictions. La Bible montre que l’homme non régénéré a besoin d’un puissant gouvernement surnaturel pour lui donner des leçons pratiques selon la sagesse, la justice et l’esprit de Dieu, — l’amour; elle montre que Dieu est en train d’établir un tel puissant gouverne­ment qui sera une bénédiction et une puissance de relèvement pour tous ceux qui voudront se mettre d’accord avec lui après son établissement. C’est le Règne Millénaire ou le Royaume des cieux pour lequel notre Rédempteur nous a enseigné a prier: “Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ”.

A.           Pardon de vous interrompre, mais vous rai­sonnez d’une façon trop logique pour soutenir la théorie du second retour de Christ, dans la “chair glorifiée”. siégeant sur un trône terrestre avec une cour terrestre. etc.. pendant le Millénium. Je suis frappé dune conception aussi grossière d’un gouvernement céleste. —un mouvement rétrograde comparé à la présente dispensation de l’Esprit.

B.      — .J‘admets dans une grande mesure votre critique d’une idée assez répandue du royaume de Christ. Tel n’est pas mon point de vue: je comprends que l’Ecriture nous enseigne que notre Seigneur n’est plus un homme, une créature humaine en aucun sens mais un esprit. (un être spirituel) “le reflet de la gloire et l’empreinte de la substance du Père.” Quand son royaume sera établi en puissance dans le monde, le roi céleste et ses associes (l’Eglise glorifiée) ne seront pas plus visibles à l’humanité que ne le sont maintenant les saints anges. Le royaume qui vient sera spirituel et invisible, mais opérera par des représentants humains. Pour vous représenter un gouvernement spirituel opérant et gouvernant par des agents terrestres, pensez au présent monde mauvais ou siècle dont Satan est le prince. En être spirituel il est invisible à l’humanité et règne pour le mal par ses serviteurs humains. A la fin de cet âge, Satan sera lié et sa domination renversée — c’est le temps convenable pour l’établissement du royaume des cieux. Le royaume de Christ sera l’inverse de celui de Satan, quant à son caractère, ce sera un royaume de lumière, de justice qui n’aura de ressemblance avec celui du mal qu’en ce que le roi et ses associés sont aussi des êtres spirituels d’un ordre encore plus élevé de la ,.nature divine” et également invisibles aux hommes.

A.      — Je n’ai rien à objecter à cette manière de voir du Royaume, continuez s’il vous plaît.

B.      — L’Ecriture nous rend attentifs à ce que la bénédiction et la préparation actuelle de l’âge du Millénium qui est proche paraîtra éventuellement une malédiction à la fin de cet âge, en ce que l’augmen­tation du savoir et de la liberté combinés avec l’é­goïsme inné de l’homme dépravé conduira précisément à la condition que nos évolutionnistes prévoient et redoutent. Mais l’Ecriture nous assure que même cette redoutable anarchie qui terminera l’âge présent sera contrôlée et gouvernée par Dieu, de manière à en faire une leçon pratique à l’humanité, humiliant grands et petits dans leur puissance et dans leur orgueil. Cette condition anarchique enseignera à tous que la perfection humaine n’est pas atteinte par les progrès de l’évolution humaine, mais uniquement par l’intervention divine qui élèvera l’humanité au moyen des dignitaires du royaume de Dieu, de “ la semence d’Abraham dans laquelle toutes les familles de la terre seront bénies” — promesse faite depuis longtemps par les prophètes, les apôtres et le Seigneur lui-même.

La prophétie de Daniel citée nous rend attentifs à tout cela. Elle dit que, comme conséquence du mé­contentement croissant, qui marche de pair d’une manière étrange avec l’augmentation de la connaissance, les voyages et les fréquents déplacements, — “ il y aura un temps de détresse, tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe une nation”. Qu’à ce moment­ là, pour mettre fin à la détresse et sauver l’humanité de sa propre destruction par l’anarchie, “ Micaël (Christ), le grand chef, le conducteur et commandant du peuple,

12 Février 1904

,,se lèvera”. ,,Et il arrivera que quiconque n’écoutera pas ce prophète sera exterminé du milieu du peuple”. — Dan. 12:1, 4, 9, 10; Actes 3:23.

A-.    — Ce que vous me dites est très intéressant et explique d’une manière certaine, quoique différente de mes pensées précédentes, l’augmentation des lumières et des progrès de nos jours. Cependant sur quoi fondez-vous votre assertion que la théorie de l’évolution est en conflit direct avec les enseignements de la Bible, que l’une dément l’autre, si bien que celui qui admet la théorie évolutive nie “ ipso facto” les enseignements de la Bible, et que la logique exige que celui qui tient à la Bible ne peut ajouter foi aux théories évolutives. Je serais heureux si vous pouviez prouver vos affirmations aussi logiquement que vous venez de le faire en appliquant l’Ecriture à notre dix-neuvième siècle d’intelligence.

B.     —— Je vais vous soumettre avec joie les preuves que l’espérance biblique placée devant l’humanité est en tous points contraire à la théorie évolutive, mais je tiens à vous faire observer premièrement d’autres faits sur le but et le plan divin pour l’humanité, en dehors des déclarations de l’Ecriture sainte. J’aimerais vous faire remarquer que l’histoire n’est pas non plus d’accord avec les théories de l’évolution; c’est ce qui ressort des faits qui vont suivre: Il est vrai que nous vivons au temps dans lequel la connaissance est aug­mentée, toutefois on n’en peut pas dire autant de l’habileté, mais simplement des connaissances plus ré­pandues, comme les Ecritures le disent.

(1)    Dans le domaine artistique: Les artistes mo­dernes nous font remonter à Raphaël, Michel-Ange et d’autres grands maîtres qu’ils copient et dont ils cherchent à imiter les œuvres.

(2)    En poésie: Sans vouloir dénigrer les poètes qui se sont distingués ces dernières années, regardons en arrière et nous trouverons encore de plus grands génies: Job, dans son livre inimitable, David et ses Psaumes, Homère, Virgile, Shakespeare, Racine, Boi­leau, etc., voilà les maîtres du passé dont on étudie le style et dons les œuvres nous servent de modèles.

(3)    Les lois: Il est bien connu, que les lois de la chrétienté ont eu pour base la, loi de Moïse dont cer­tains principes auraient été une bénédiction si ont les avaient aussi incorporés dans les lois actuelles. Pour ne citer qu’un exemple: la loi des Jubilés, l’annu­lation de toutes les dettes chaque cinquante ans. Les résultats bénis de cette loi ne sont atteints qu’en partie pour une classe limitée de la population, par les lois modernes sur la banqueroute, qui seule on bénéficie.

(4)    Dans les sciences: On se vante surtout des im­menses progrès des sciences et des arts; ici aussi, nous sommes prêts à y rendre justice, en faisant re­monter ces progrès aux causes déjà citées. N’oublions pas cependant que les peuples de l’antiquité accom­plirent des miracles sans avoir été au bénéfice des moyens modernes. La grande pyramide du delta du Nil est construite avec une orientation en harmonie avec les déductions astronomiques les plus récentes; on y a déployé dans sa structure une habileté qui fait l’admiration des architectes modernes. Ses immenses pierres sont si justement encastrées que la ligne qui les sépare n’est pas plus épaisse que la lame d’un couteau. On admet qu’on aurait de la peine à soulever de si énormes blocs et à les mettre en position, même à l’aide de la mécanique moderne. Quelques arts précieux de l’antiquité ont si entière­ment disparu que les lumières de nos jours ne suffi­raient pas à en refaire la découverte. Tels sont: les procédés de la fabrication du verre flexible, de l’acier trempé, qui donna aux épées de Damas un renom universel à cause de leur flexibilité, du cuivre trempé, avec lequel on faisait des instruments tranchants, et du feu grégeois qui brûlait dans l’eau.

En considérant ces faits, remarquons que les Ecritures nous parlent non seulement de la dégradation des enfants d’Israël causée par des siècles d’esclavage en Egypte, mais d’un mouvement rétrograde parmi toutes les nations. Paul, l’apôtre, fait particulièrement mention de cela dans son épître aux Romains (1 : 21—28). Il dit que la dégradation des nations païennes, n’est pas le ré­sultat de leur création en une condition dépravée, mais la conséquence de ce qu’elles n’ont pas voulu retenir dans leurs cœurs la connaissance de Dieu.—C’est pourquoi il les abandonna à leur propre voie, les laissant hâter et augmenter leur décadence, de sorte qu’aujourd’hui il y en a partout dans le monde qui sont tombés si bas, qu’ils ne diffèrent plus beaucoup de la brute.

A.     — Merci pour cette dissertation, veuillez en venir maintenant au nœud de la question et me parler spécialement de l’antagonisme entre la Bible et l’évolution.

B.     — C’est ce que je veux faire et je commence par attirer votre attention sur le récit biblique de la création de l’homme, tel que nous le trouvons dans la Genèse. Là, il y est, dit expressément que ,,Dieu créa l’homme à son image” et non comme un microbe ou un protoplasme ou encore comme un spécimen supérieur descendant du singe. Il fut créé à l’image morale (non à l’image physique, puisque Dieu est un esprit et que la nature de l’homme est humaine, char­nelle, terrestre). Cette pensée de la perfection origi­nelle de l’être humain est née du contexte: ,,Dieu (comme un Maître-Créateur) vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon”; et ailleurs: ,,son oeuvre est parfaite” (Deut. 32 : 4). Puis du témoignage du prophète: ,,Tu l’as fait [l’homme Adam] un peu moindre que les anges et tu l’as couronné de gloire et d’honneur [sa ressemblance morale avec son Créa­teur] tu l’as établi dominateur, sur les ouvrages de tes mains”, — les bêtes des champs, les poissons de la mer et les oiseaux des cieux. Ainsi Dieu donna à l’homme le règne, la domination sur la terre, avec ses créatures d’un ordre inférieur, semblable à la domi­nation de Dieu sur les choses célestes (Ps. 8 : 5, 6). Ajoutons encore le témoignage du prophète (Eccl. 7 :29). ,,Dieu a fait l’homme droit, mais eux, ils ont cherché beaucoup de raisonnements [Ou de discours]”, et se sont corrompus.

En outre, l’homme fut jugé digne d’être mis à l’épreuve pour la vie éternelle. Il n’est pas probable

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qu’une créature imbécile, un descendant du singe eût pu arriver à une condition convenable pour subir l’épreuve à la barre de la justice divine, avec l’assurance de vivre à jamais pourvu qu’elle se maintienne dans un état d’obéissance. Le fait de l’épreuve d’Adam implique certainement de bonnes conditions et de par­faites capacités, son seul défaut consistait en l’inex­périence de l’emploi de ses bonnes facultés et de la connaissance que l’usage en amènerait. Il serait dé­raisonnable, incompatible avec la justice divine et en désaccord avec l’Ecriture sainte, de supposer que le Seigneur aurait fait don de la vie éternelle à Adam, s’il n’avait été qu’un degré supérieur à la brute ou même aussi inférieure que la majorité de l’humanité d’aujourd’hui.

Au contraire, Adam est nommé dans l’Ecriture un ,,fils de Dieu”, titre qu’il garda ainsi que la communion avec Dieu pendant son séjour dans le jardin d’Eden, avant sa transgression et avant de tomber sous le châtiment de la mort avec ce qui l’accompagne en maladies et en misères (les résultats de sa décadence mentale, morale et physique). Ces faits nous donnent l’assurance que le Tout-Puissant voulait que nous sus­sions par ce récit de la Genèse que l’homme fut créé parfait et que ce qui survint dans la suite fut le résultat de la transgression des commandements de Dieu, — la punition du péché.

Voyez encore ce témoignage de l’apôtre Pierre “que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans”, et celui de la Genèse que la sentence prononcée contre Adam fut qu’il mourrait “ au jour ” de sa désobéissance, c’est à dire dans les limites de ce jour de mille ans. Le procès de mort dura en lui pendant 930 ans, ce qui prouve une fois de plus que la création de Dieu fut parfaite et qu’elle posséda des pouvoirs vitaux, tant moraux que physiques qui ont maintenant entièrement disparu. La moyenne de la vie humaine de nos jours ne dépasse pas 35 ans.

Cette histoire de la création de l’homme à l’image de Dieu, sans péché et parfait, l’inverse de la théorie évolutive, est pleinement confirmée par tous les témoi­gnages de l’Ancien Testament. Les prophètes annon­cent la condition déchue d’Israël et du monde entier en prédisant la venue du Messie, seule espérance de relèvement et de bénédiction. Jean-Baptiste, le pré­curseur du Seigneur en parle comme de “ l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde”. Ces déclara­tions qu’il y a des péchés à ôter et qui exigeraient le sacrifice, la mort de Christ comme l’Agneau de Dieu — donc un Messie, un Sauveur, — sont en contra­diction directe avec la théorie évolutionniste qui prétend que l’homme s’éleva graduellement et d’une manière grandiose à la ressemblance de Dieu. D’après l’évo­lution il n’y pas de péché du monde, si ce n’est qu’on appelle péché de se développer et de progresser vers le haut. Encore, d’après l’évolution, le monde n’a pas besoin d’un Rédempteur, puisque évoluer vers la perfection ne peut être un péché; et l’homme n’est pas plus longtemps un pécheur s’il va s’élevant; com­ment la Justice pourrait-elle exiger une rançon pour ce qui n’est pas tombé de la grâce, pour ceux qui par le progrès et la tendance à la perfection se rap­prochent de plus en plus de la stature divine.

Notre Seigneur se trouvant un jour avec quelques pharisiens ,,très convaincus, à part eux, qu’ils étaient justes” les réprouva en disant: qu’il n’était point venu appeler à la repentance les justes, mais les pé­cheurs; aussi que ceux qui sont en santé n’ont pas besoin du médecin. Jésus est le bon Médecin. La théorie évolutive est d’accord avec les pharisiens, si le progrès ne reconnaît pas la nécessité du grand sacrifice offert pour le péché et que Dieu avait préparé.

Le Seigneur dit aussi être “ venu chercher et sauver ce qui est perdu” (Luc 19: 10). Rien n’a jamais été perdu selon l’évolution, tout ce que notre race possède est un gain; donc le témoignage du Rédempteur est plus qu’insignifiant, c’est une fausseté. L’Ecriture affirme dans la Genèse que le monde a été perdu par Adam, les prophètes et les apôtres l’attestent aussi, le châtiment du péché, la mort, s’étendait, grâce aux lois de la nature, à toute sa postérité, non encore née. Les paroles du Seigneur ont un sens; il est venu racheter Adam et ses descendants de la sentence de mort et offrir à tous l’occasion d’obtenir par Lui, la vie éternelle.

St. Paul expose d’une manière claire et puissante cette opinion, lorsqu’il se pose en docteur et interprète des procédés de Dieu avec l’humanité, qui sont en opposition directe aux théories évolutives. Il dit (Rom. 5 : 12—19): “ Par la désobéissance” “ d’un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort [conséquence du péché] et ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché [ayant hérité les défauts de leur père Adam]”. On ne peut se m’éprendre sur la signifi­cation d’un témoignage aussi clair, Il n’y avait pas de péché dans le monde avant la transgression d’Adam, le châtiment du péché qui est la mort n’existait pas. D’accord avec la Genèse, l’apôtre nous montre Adam créé à l’image de Dieu, occupant une position élevée, et non dans un état inférieur, presque bestial, ainsi que l’enseigne, la théorie évolutive.

La chute d’Adam de la vie et de la faveur divine dans le péché et l’inimitié avec Dieu (1 Tim. 2 : 14) ne fut point causée par l’ignorance, mais par la trans­gression, la désobéissance au commandement de Dieu; la mort et tous les maux qui l’accompagnent n’étant pas un héritage du Créateur, mais la conséquence du péché.

Poursuivant sa pensée, l’apôtre nous assure que notre seule espérance d’échapper à la mort et à la séparation d’avec Dieu est en Jésus-Christ, notre Seig­neur. Les espérances évolutives sont anéanties puis­qu’elles tendent à nous éloigner et à nous frustrer de notre foi en Christ et en son œuvre rédemptrice, qui est essentielle à notre condition bénie d’être récon­ciliés avec Dieu.

L’apôtre compare la chute du premier homme Adam et la flétrissure de sa race avec la fidélité de ,,l’homme Jésus-Christ” qui nous racheta par son (propre) pré­cieux sang, afin de nous délivrer du châtiment ada­mique. Il dit: ,,Comme par une seule offense (le jugement est venu) sur tous (les) hommes en condam­

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nation [à la mort]; de même aussi par un seule acte de justice (le don est venu) sur tous (les) hommes en justification de vie. Car de même que par le moyen de la désobéissance d’un seul homme, beaucoup ont été constitués pécheurs, de même aussi par le moyen de l’obéissance d’un seul [Jésus], beaucoup seront con­stitués justes;. . afin que, comme le péché a régné en produisant la mort, ainsi la grâce (la faveur) régnât par la justice, pour la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur.” — Rom. 5 : 18—21, selon Segond et la vers, de Lausanne.

Cette même pensée se retrouve dans la lettre de Paul aux Corinthiens (1 Cor. 15 : 21, 22). “ Car puis­que la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est la résurrection des morts. Car, comme dans Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tons seront rendus vivants [ou recouvreront la vie.—Stapfer}~’ — ramenés de l’état mourant et des conditions actuelles imparfaites à la perfection de vie.

En effet, tous les témoignages de l’Ecriture — que ,,Christ est mort pour nos péchés”; qu’il a souffert “ lui juste pour des injustes, afin de nous amener àDieu”; “ que Dieu était dans le Christ, réconciliant le monde avec soi (Laus.), ne leur imputant point leurs offenses [mais les imputant à notre substitut, à notre Rédempteur] ;“ pour ,,qu’on sût que Dieu est juste et qu’il justifie celui qui a la foi en Jésus” (Staufer); “ qu’il est la propitiation [satisfaction] pour nos péchés et non seulement pour les nôtres mais pour ceux du monde entier;” et que ,,nous avons la guérison par ses meurtrissures”, — tous ces passages et bien d’autres contredisent la théorie évolutive et sont positifs au sujet de la doctrine biblique de la création de l’homme parfait à l’image de Dieu, et de sa chute dans le péché, la dégradation et la mort; ainsi que de son rachat par un prix correspondant pour ensuite être ramené à la perfection de l’être et à la vie éternelle.

Avez-vous jamais lu le “ plan des âges”, — le premier volume de l’Aurore du Millénium?

A.     — Non, quoique j’aie dans ma bibliothèque quatre volumes de cette série dont m’a fait présent un cher frère en Christ qui paraissait ‘très désireux que je me misse au courant de leurs enseignements.

B.     — Croyez en ma propre expérience, vous avez manqué une bonne chose. Car, s’il est possible qu’après une première et même une seconde lecture vous ne pouvez être d’accord avec toutes les pensées de l’au­teur, il vous sera impossible de mettre de côté même le premier volume, sans avoir accru votre connaissance du caractère et de la parole de Dieu, ainsi que du plan de salut. Je vous assure que plusieurs de ces idées ont été une grande bénédiction pour moi, j’ai maintenant une bien plus grande révérence envers la Bible qu’avant dans ma connaissance limité du carac­tère de Dieu et de la longueur, de la largeur, de la hauteur et de la profondeur du plan divin y exposé. Si peu que vous puissiez en accepter, d’ailleurs, je vous engage à lire cet ouvrage avec attention.

L’auteur introduit son sujet juste au point désirable pour des esprits réfléchis; il examine par elles-mêmes la prétention des Ecritures qu’on peut leur ajouter foi. Mon amour et ma confiance en la Bible, comme la vraie parole de Dieu, grandissent à la lumière des explications de l’Aurore; je suis armé comme jamais auparavant contre cette forme de l’incrédulité moderne, qu’on est convenu d’appeler la ,,haute critique”. Sans cela les assertions hardies des érudits de nos jours, qu’Esaïe n’a rien écrit au delà du 28ème chapitre du livre de la Bible qui porte son nom, et des déclarations du même genre contre d’autres portions de la Bible, auraient bien pu ébranler ma confiance dans sa provenance et son inspiration divines; mais armé des évidences internes de la vérité des Ecritures par l’Aurore du Millénium, ma foi est ferme et inattaquable.

Ces sages selon le monde, professeurs de la ,,haute critique”, essaient de prouver que le Seigneur et ses apôtres se trompaient en citant maintes fois Esaïe à partir de chapitre XXVIII, le reste de ce livre pro­venant de quelque écrivain inconnu. Loin d’ébranler ma foi dans la parole et la sagesse du Seigneur et des apôtres, ainsi que dans l’inspiration des Ecritures, je perds toute confiance en la sagesse humaine et, en m’appuyant sur la sagesse qui vient d’en haut, je vois dans la ,.haute critique” l’accomplissement de la prophétie d’Esaïe: ,,La sagesse de ses sages périra.” — Esaïe 29 :14.

A.     — Je crois que la science tant vantée de la soi-disant hante critique de nos jours est simplement œuvre d’imagination et provient d’un désir de vaine gloire. Quelques-unes de leurs effrayantes réclames fournissent des annonces à bon marché et mettent en vue des gens qui resteraient ignorés du monde sans ces assertions étranges, auxquelles tout appui manque.

B.     — Permettez-moi de profiter des quelques in­stants qui nous restent jusqu’à la prochaine station pour vous résumer le plan divin, tel que l’expose l’Aurore du Millénium. Puisque vous êtes presbytérien, je vous parlerai tout d’abord de la doctrine de l’é­lection qui vous intéressera plus particulièrement.

A.     — Nous ne prêchons plus cette doctrine et ne la soutenons plus comme autrefois.

B.     — Ah, Oui! Je sais — je sais — non que vous ne vous considériez pas comme élus, ni que vous ayez abandonné cette doctrine, mais parce qu’elle implique le revers de la médaille une classe non-élue. Si la classe élue est un ,,petit troupeau”, composé de saints seulement, alors celle non-élue est un terriblement grand nombre. Comment résoudre cette question, votre cœur est trop bon, vous ne pouvez pas plus que les gens cultivés du monde admettre que les millions de non-élus seraient prédestinés avant leur naissance à une éternité de tourments, comme l’en­seigne le catéchisme, — ignorés de Dieu et non-élus pour être sauvés.

A.     — Il y a en effet d’insurmontables difficultés aussi prêche-t-on rarement sur ce sujet. Vous êtes probablement au courant des démarches faites pour changer les articles de notre confession de foi s’y rapportant: La majorité ne l’a pas admis, craignant d’ébranler la confiance dans notre confession en por­tant atteinte au prestige de ses dogmes vénérés depuis si longtemps. 

15 Février 1904

 B. — Précisément, dans ce cas, on a fait preuve de sagesse selon le monde, mais en examinant ces difficultés de l’élection au point de vue de la doctrine calviniste, remarquez, que les Ecritures enseignent une sorte d’élection et vous serez d’autant plus in­téressé en voyant se transformer cette magnifique doctrine à la lumière du livre mentionné, — “ l’Aurore du Millénium”.

Cet ouvrage montre qu’il y eut une élection pour le peuple juif, cette nation seule était le peuple de Dieu auquel sont faites les promesses (voyez Amos 3 : 2). “ Je n’ai connu [reconnu] que vous d’entre toutes les familles de la terre.”

L’apôtre Paul dit aussi (Rom. 3: 1, 2): ,,Qu’elles sont donc les prérogatives des Juifs? Elles sont grandes de toute manière et principalement en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés. L’auteur de “ l’Aurore du Milléniuin” démontre que les Ecritures ne disent rien du tout concernant la damnation ou les tourments éternels, des autres nations non élues en dehors du peuple d’Israël.

Il montre plus loin qu’il existait déjà un système d’élection avant l’âge judaïque; qu’Abraham fut élu et choisi pour être le père des croyants; que ses parents et même son neveu Lot n’y eurent aucune part; que l’élection procéda d’Abraham non à son premier-né Ismaël, mais à son second fils Isaac; et qu’il en fut de même pour Isaac, que son fils aîné Esaü n’est pas choisi, mais Jacob surnommé Israël. L’auteur de l’Aurore fait ressortir le silence des Ecritures au sujet de la condamnation des enfants, parents et amis d’Abraham, quoique les mentionnant favorablement avec la promesse d’autres bénédictions en dehors de celles spécialement destinées pour la classe élue. Notre auteur continue par d’abondantes citations de l’Ecriture, lesquelles mettent en évidence l’œuvre de l’âge de l’Evangile, consistant dans le choix de l’Eglise de l’Evangile. Ceci aussi est une élection, car Dieu, avant de bénir tout le monde et de le sauver, élit et choisit de son milieu l’Eglise “ la sacrificature royale, la nation sainte, le peuple particulier”. Et aucun passage de l’Ecriture n’implique et dit que la portion de l’humanité non élue pendant cette période évangélique soit destinée à être damnée ou tourmentée éternellement, bien au contraire,

A.     — La plupart de ces pensées sont décidément bonnes et instructives, mais, je ne puis admettre que Dieu n’ait fait aucune tentative de sauver le monde pendant cet âge évangélique.

B.     — En effet, cela frappe singulièrement au pre­mier abord, parce que nous sommes tentés de décider pour Dieu ce qu’il a à faire, quand et comment il doit le faire, au lieu d’admettre humblement qu’aucun homme avec sa propre sagesse ne peut sonder les voies de Dieu: Nous devrions plutôt rechercher avec humilité à nous instruire d’après les enseignements de sa parole.

Le Seigneur déclare par le prophète: ,,Ma parole qui sort de ma bouche, ne reviendra pas à moi sans effet, mais elle fera ce qui est mon plaisir et accom­plira les choses pour lesquelles je l’ai envoyée” (Esaïe 55, 11). Puis donc que tous ses desseins seront accomplis, que nous savons que dans le passé l’Evangile n’a pas pénétré plus d’un dixième de l’humanité et que cette proportion n’est guère dépassée de nos jours; il s’ensuit que “ si tous les desseins s’accomplissent”, le but divin ne peut avoir été de faire parvenir le message de l’Evangile à chaque créature pendant cet âge, — c’est ce qui est au moins clair.

A.     — Ceci est une logique saine et selon l’Ecri­ture, encore qu’elle heurte nos préjugés. Puisque l’auteur que vous mentionnez se réclame constamment des Ecritures, comment explique-t-il la largeur du mandat de l’Evangile: “ Prêchez l’Evangile à chaque créature”, et cette déclaration de l’apôtre: ,,L’Evangile qui a été prêché à toute créature sous le ciel?”

B.     — La réponse est simple, l’auteur démontre que comme la loi fut donnée à Israël, non aux autres nations, ainsi l’Evangile fut prêché ,,premièrement aux Juifs” et à eux seuls jusqu’au moment où ils rejetèrent le Messie et où leur faveur nationale cessa. Il est clairement fait allusion à ce point dans ces paroles du Seigneur: ,,Voici, votre maison vous est laissée déserte”, prononcées cinq jours avant sa crucifixion. Son œuvre, prit alors sa plus large ex­tension puisqu’il ne mourut pas seulement pour Israël “ pour racheter ceux qui étaient sous la loi “, —(Gal. 4. 5), mais le bénéfice de sa mort s’étendit au delà de ce peuple: ,,Jésus-Christ, par la grâce de Dieu souffrit la mort pour tous” (Hébr. 2, 9). C’est après sa ,,mort pour tous” et sa résurrection que les disciples récurent l’ordre mentionné plus haut, ils avaient été premièrement envoyés deux à deux dans les villes d’Israël avec cette injonction: ,,Ne vous en allez pas sur le chemin des nations”. — Sa décla­ration après su résurrection. ,,Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle”, devait leur frire voir que l’Evangile n’était pas seulement pour les Juifs, mais que dès ce moment le message était pour chaque membre de la famille humaine, tous ayant été rachetés. Le témoignage suivant de l’apôtre a la même importance: ,,L’Evangile qui a été prêché dans tout le monde”, cette bonne nouvelle ne concerne pas exclusivement une seule nation du monde, mais tous ceux qui ont des oreilles pour ouïr et la reçoivent dans leur coeur. — ,,autant que le Seigneur notre Dieu en appellera’.

A.     — Tout en admettant que vous répondez à ma question d’une façon satisfaisante, il ne me semble pas que devant Dieu il y ait ,,acception de personnes” ou qu’il se fasse maintenant une élection spéciale comme mon église l’enseigne et que je professais de croire.

B.     — Nous allons examiner ce point de vue, voici les arguments de l’auteur de l’Aurore du Millénium, vous me direz ensuite s’ils ne vous paraissent pas absolument concluants.

La lumière de l’Evangile s’est levée en Palestine, pays situé pour ainsi dire à la jonction de trois con­tinents, — l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Il eût été plus près d’envoyer l’Evangile vers le sud de l’Afrique avec ses millions d’êtres humains plongés jusqu’à présent dans d’épaisses ténèbres, la vérité n’a encore pénétré qu’à ses frontières du nord. L’Inde et la Chine auraient aussi été presque plus rapprochées; 

16 Février 1904

 là également des centaines de millions d’êtres humains sont environnés de ténèbres depuis plus de dix-huit siècles, les quelques lueurs qui s’y sont faites là n’entrent pas en compte. C’est l’Europe, la plus éloignée par sa situation, et par l’Europe, l’Amérique, qu’il a plu au Seigneur d’éclairer de la lumière de l’Evangile: une lumière pour éclairer les nations. Le choix de ces pays si abondamment bénis n’est point non plus affaire de chance ou de hasard, au contraire, quelques mots des Actes des apôtres (16 : 6—7) concernant la mission de l’apôtre des nations, St. Paul, nous prouvent incontestablement que l’Evangile devait être prêché en Europe selon le plan divin, la prédestination ou l’élection. Paul et ses compagnons avaient l’intention de se rendre en Asie, l’esprit ne le leur permit pas, mais les en empêcha providentiellement; tandis qu’il étaient perplexes cherchant à connaître la volonté du Seigneur, l’apôtre Paul eut un rêve: un homme macédonien se présenta devant lui, et le pria disant  “Passe en Macé­doine et viens nous secourir, l’apôtre et ses collaborateurs comprenant cette manifestation de la volonté du Sei­gneur se rendirent en Macédoine, d’où ils commencèrent à annoncer l’Evangile en Europe. Lorsque Paul retourna en Palestine, et apparemment avec l’intention de ne plus poursuivre son œuvre en Europe, la Providence permît qu’il fût arrêté et envoyé à Rome où il fut longtemps prisonnier, mais où il eut cependant la liberté de prêcher l’Evangile pendant nombre d’années. Les grandes béné­dictions dont nous jouissons procèdent de ces voies ad­mirables de la Providence

Ces faits ne prouvent-ils pas que Dieu est pour beau­coup dans les progrès et la direction de la lampe de vérité? Ne sont-ils point des manifestations du choix et de l’élection divine En continuant à m’en tenir aux hypothèses présentées par l’auteur de l’Aurore du Mil­lénium, ceux qui ne sont encore ni élus ni éclairés ne sont pas non plus condamnés. Eu cela je ne pense pas non plus que Dieu ait égard à l’apparence des personnes, et, s’il a choisi des races de l’Europe et de l’Amérique pour les bénir et les favoriser tout particulièrement, il ne s’ensuit pas que les membres d’autres races qui entendirent et reçurent l’Evangile furent repoussés ou rejetés par le Seigneur. Je le répète, Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes, quoique pendant l’âge évangélique il ait spécialement favorisé les races blanches ou aryennes: — “en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable”. L’auteur du Millénium pense que l’Eglise élue sera principalement composée de la race blanche si hautement distinguée et favorisée, mais elle comptera probablement aussi des représentants de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. (Suite et fin au prochain numéro)