Par beaucoup de tribulations il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.

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—                  Actes XIV, 1—28.

Tous les dieux des peuples sont  des idoles, mais l’‘Eternel a fait les cieux. Ps 96:3

Paul à Icone.

Malgré le beau succès obtenu à Antioche de Pisidie par le message de l’Evangile, l’esprit de l’adversaire se démena chez les Juifs de l’opposition; ils excitèrent les femmes dévotes [des prosélytes, converties à la religion juive, comme l’on dirait aujourd’hui d’un ca­tholique qui se convertit à une secte protestante], la plupart femmes de distinction, en les prévenant ca­lomnieusement contre le travail et les mobiles des apôtres. Celles-ci à leur tour influencèrent les princi­paux de la ville jusqu’à ce que finalement les mis­sionnaires furent chassés de leur territoire.

Le prochain arrêt de Paul et Barnabas fut Icône (aujourd’hui Konieh) à environ 30 lieues sud-est d’An­tioche. Ici de nouveau ils prêchèrent d’abord dans la synagogue aux Juifs et une grande multitude de Juifs et de [prosélytes] Grecs crurent. Derechef les Juifs incrédules excitèrent et aigrirent les esprits des païens contre les frères. Mais les apôtres y restèrent  “assez longtemps,” probablement quelques mois, parce que plusieurs des convertis avaient besoin d’être ins­truits et parce qu’en somme c’était un excellent champ de travail. A la fin, cependant, les principaux Juifs de la synagogue et les païens qu’ils avaient séduits formèrent un complot pour outrager et bouter bru­talement dehors les missionnaires, lesquels en ayant eu connaissance suivirent l’injonction du Seigneur (Matth. 10 : 23) de fuir d’une ville à l’autre lors des persécutions. Ils se réfugièrent à Lystre, environ 10 lieues encore plus au sud-est.

Comme la nature humaine se répète continuellement! De même que c’était alors le peuple de l’alliance —et avant tout les chefs des synagogues qui s’opposèrent à l’Evangile et en maltraitèrent les serviteurs qui ne cherchaient qu’à leur faire du bien — de même pen­dant tout l’âge de l’Evangile ceux qui se dirent les serviteurs de Dieu (les princes des églises) persécu­tèrent leurs frères. Il en est encore ainsi aujourd’hui — il n’y a rien de nouveau sous le soleil. — Les dif­famations et les fausses représentations de la vérité religieuse ne proviennent pas des mondains et des hommes politiques, mais de ceux qui professent être des disciples du doux Nazaréen, des grands ecclésias­tiques (protestants comme catholiques, en général de ceux qui ont de l’influence. On est toujours “en péril parmi les faux frères” et il nous faut encore nous at­tendre à voir à l’oeuvre l’esprit de Judas. Que faire en face de tant de dangers? Si ces choses nous dé­couragent, ou font que par peur nous nous retirions de la lutte, nous nous prouverions ainsi indignes des honneurs et privilèges du Royaume, lesquels ne seront accordés qu’à ceux qui avec la grâce de l’Eternel seront “plus que vainqueurs’, qui volontiers et joyeuse­ment se laissent ravir leurs biens, leur bon nom, leur réputation terrestre, plutôt que de se prouver déloyaux envers le Seigneur et ses frères. Il ne nous faut pas non plus rendre injures pour injures, médisances pour médisances. Si nous sommes maltraités, acceptons-le avec patience.

Paul à Lystre.

A Lystre (auj. Latik), chef-lieu de la Lycaonie, il ne se trouvait évidemment pas de synagogue et peu de Juifs. Les habitants étaient moins civilisés que dans les autres endroits précédemment visités. La prédication eut lieu sur le forum en plein air.

Tandis que Paul prêchait il vit parmi ses auditeurs un homme boiteux de naissance qui écoutait atten­tivement; voyant qu’il avait une foi suffisante pour coopérer à sa propre guérison, Paul lui dit d’une voix forte: “Lève-toi droit sur tes pieds.” Le miracle émerveilla le peuple; dans leur étonnement l’un dit à l’autre, pas en grec mais en lycaonien, idiome que les missionnaires ne comprirent point: “Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous.” Comme après le miracle les apôtres durent probablement s’être

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retirés là où ils logeaient, ils ne furent pas peu sur­pris quand un peu plus tard le peuple vint en foule pour leur offrir des sacrifices, appelant Barnabas Ju­piter et Paul Mercure. Le peuple croyait aux tradi­tions de dieux descendant sur la terre, c’est sans doute ce qui le fit agir de la sorte.

Une de ces légendes voulait que Jupiter et Mercure aient visité jadis cette ville de la Lycaonie. Le peuple les avait pris pour des vagabonds et ne les avait pas reçu, mais s’en moqua et les maltraita. A la fin deux paysans les reçurent dans leur maison et les servirent de leur mieux. En retour les dieux trans­formèrent leur maison en un temple magnifique dans lequel les deux paysans furent placés comme premiers ministres de la terre tandis que leurs voisins furent submergés par une inondation. La statue de Jupiter était placée à l’entrée de Lystre et on croit que l’on rappelait le fait annuellement à tout le peuple. Pen­sant que la venue de Paul et Barnabas était une nou­velle manifestation de ces mêmes dieux, le peuple décida que l’occasion était venue de les recevoir avec révérence et reconnaissance.

C’est alors que Paul et Barnabas furent sérieuse­ment tentés — de façon ou d’autre des tentations pareilles s’offrent à tout chrétien qui travaille active­ment pour Christ. Recevront-ils l’hommage du peuple et ensuite profitant de leur souveraineté, chercheront-ils à l’instruire et à canaliser l’adulation populaire vers Christ, le vrai Fils de Dieu, descendu du ciel et mort pour le salut de l’homme? Ou bien descendront-ils du piédestal où on les a fait monter? De telles ten­tations s’offrent souvent à plusieurs: “Faisons le mal pour qu’il en arrive du bien.” Un prédicateur pourra se présenter sous un faux extérieur, sous le manteau d’une des multiples dénominations chrétiennes qu’il représentera mal et qui donnera une fausse impression de son intérieur. Il pourra ainsi chercher à faire l’oeuvre de Dieu et à propager la vérité, mais sera-ce sage? Cela glorifiera-t-il Dieu? Nous ne le pen­sons pas. La vérité peut être prêchée aussi carrément et aussi sympathiquement que possible, mais on ne combattra jamais le bon combat qu’avec les armes de la vérité.

Le même principe s’applique aussi à d’autres; l’homme d’affaires peut mettre sa lampe sous le boisseau pour mieux faire du commerce dans l’intention de faire avancer la vérité avec l’argent qu’il gagnera. Mais cette manière de faire plaira-t-elle à l’Eternel? Nous ne le croyons pas. Il en est qui feigneront d’ignorer la vérité, d’autres feront même croire qu’ils ne l’esti­ment pas tant, et cela simplement pour maintenir leur position sociale; ils se tranquillisent à la pensée que les avantages d’un tel procédé aideront beaucoup la cause du Seigneur, les frères et la vérité. Nous crai­gnons fort pour ceux-là qu’ils ne soient trouvés in­dignes d’une place dans le “petit troupeau” des vain­queurs. Il est bien certain, au reste, que c’est l’affaire de chaque enfant de Dieu de savoir jusqu’à quel point il peut élever sa position sociale et se mêler aux af­faires du monde pour le combat de la vie.

La loyauté désavouée.

Paul et Barnabas généreusement se précipitèrent au milieu de la foule, pour l’empêcher de leur sacrifier en l’assurant qu’ils étaient des hommes comme tout le monde. Ils racontèrent que leur mission était jus­tement de les détourner de ces oeuvres d’ignorance et de superstition et de leur indiquer le vrai Dieu, son caractère réel et la façon dont on doit l’adorer: “Nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve.” La sagesse d’en haut leur donna de comprendre que ce serait peine perdue de citer l’Anc. Testament à un peuple qui n’en connaissait goutte. Ils parlèrent alors de choses que les auditeurs pouvaient saisir et apprécier. Un des maux dont souffrent les églises actuellement c’est qu’on ne prend pas assez en exemple ces deux grands messagers du Seigneur. Beaucoup des prédi­cations modernes sont trop scientifiques et ne sont pas à la portée de ceux qui les entendent.

Les apôtres attirèrent l’attention de la foule sur le Dieu qui créa toutes choses. Ce Dieu n’avait pas oublié ses créatures, quoique, jusqu’alors, il ait laissé toutes les nations suivre leurs propres voies, mais il leur a constamment donné des preuves de sa bonté et de ses soins en les comblant des bonnes choses qui réjouissent la vie.

Il ne nous est donné qu’un résumé du discours. Paul leur aura expliqué plus loin que “les temps de l’ignorance dont Dieu ne tint pas compte” vont se terminer; que son plan divin entrait dans une nou­velle phase d’accomplissement. Que maintenant tous les hommes sont exhortés à se repentir du péché, à faire des efforts pour s’approcher de Dieu dans la crainte et l’obéissance en vue de l’espérance de la vie éternelle. Il leur expliqua, il n’y a pas de doute, comment on pouvait faire sienne cette espérance, que Dieu avait donné au monde son Fils unique comme Rédempteur de l’homme pour être dans la suite son Restaurateur. L’apôtre leur aura dit également que tous les efforts faits du côté de la justice, de la vérité et de la bonté auront leur récompense, tandis que tout péché volontaire recevra sûrement son châtiment dans cet âge ou dans celui qui est à venir. Puis il aura encore ajouté que l’appel céleste du temps présent avait pour but de choisir d’entre les hommes un “petit troupeau” de disciples sanctifiés de Jésus, qui serait son épouse dans le Royaume. Cela était plus compré­hensible à ces cerveaux enfantins.

Peu de jours après ces faits survinrent des Juifs d’Antioche et d’Icone, zélés, comme jadis Paul de Tarse, pour s’opposer au message du Nazaréen. Le peuple versatile et fanatique, qui quelques jours au­paravant avait voulu offrir des sacrifices à Paul, fut vite gagné et retourné par l’adversaire. Paul fut la­pidé et traîné hors de la ville pour servir de proie aux bêtes et aux oiseaux.

Il parait qu’il y eut tout de suite des disciples, car nous lisons: “Mais les disciples l’ayant entouré, il se leva et entra dans la ville. Le lendemain il partit pour Derbe avec Barnabas.”

Un homme ainsi animé de la puissance divine, comme Paul, était une force pour le bien partout où il passait. Il y a ici une leçon et un exemple par

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lesquels nous voyons que l’esprit qui vivifie doit être un esprit saint et consacré à Dieu. Paul après ces événements jugea qu’il serait imprudent de travailler encore publiquement à Lystre aussi longtemps que les têtes seraient ainsi échauffées. Faire ainsi, c’eût été s’attirer des persécutions inutiles sur lui et les disciples qui faibles encore n’auraient pas si bien pu les soutenir.

Une puissance surnaturelle, une force divine fut évidemment accordée à Paul, autrement il n’aurait pu se relever si vite après la lapidation. On en trouve l’explication dans l’énergie et la volonté indomptable de Paul qui maîtrisait admirablement son corps et se l’assujettisait, et dans la coopération divine qui le secondait dans ses efforts.

N’en sera-t-il pas ainsi avec nous dans beaucoup de cas? La foi, le courage, le zèle, la décision ne seront-ils pas pour beaucoup dans notre capacité à rester fermes et à résister dans les épreuves et les difficultés de la vie? La grâce du Seigneur ne nous suffira-t-­elle pas? Et si Dieu permet que nous soyons lapidés avec des pierres ou atteints par les traits symboliques de paroles amères, n’est-il pas capable de nous se­courir pour ne pas succomber?

Paul à Derbe et retour à Antioche.

Les enseignements de Paul à Derbe eurent pour effet d’engendrer beaucoup de disciples. Puis les apôtres pensèrent à retourner vers leur pays — vers l’église d’Antioche qui les avait envoyés à titre de représentants. Ils ne prirent pas le plus court chemin, mais bravement ils revinrent sur leurs pas. Ils eurent ainsi l’occasion de visiter à nouveau les disciples de Lystre, d’Icone et d’Antioche — les exhortant, les fortifiant et les encourageant dans “le chemin étroit”. Qu’on ne croie pas qu’ils leur peignirent tout en rose. Ils ne dirent pas aux croyants que leur situation ma­térielle allait s’améliorer, que leurs affaires prospére­raient en devenant des disciples du Crucifié; et qu’ils trouveraient la porte ouverte dans la bonne société et auprès des gens cultivés du monde. Leur message s’accordait avec celui du Seigneur et de Jean: “Vous aurez des tribulations dans le monde.” — »Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi (Jean 16 : 33). “Ne vous étonnez pas frères, si le monde vous hait” (1 Jean 3:13). “Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.” — Matth. 5: 11.

Nous les trouvons donc fortifiant l’esprit des dis­ciples, les exhortant à persévérer dans la foi et disant que “c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu”, que c’est là ce que Dieu jugea bon pour le perfectionnement de notre caractère et pour nous trouver dignes de la cohérédité avec Jésus, qui annonça que dans cet âge: “L’homme [de Dieu] aura pour ennemis les gens de sa maison.” Nous sommes encore dans ce présent monde mauvais, Satan en est toujours le prince et les tribulations sont toujours le prix d’une place sur le trône. Si nous nous attendons à cela la persécution ne nous arrêtera pas, au contraire.

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