Paul en Grèce.

Listen to this article

                                     Actes 17:15—34

Paul et les sages d’AThènes.

Athènes, au temps de l’apôtre Paul, était le centre de la culture, de l’intelligence et de la sagesse mondaines. Elle se vantait que dans un seul siècle de suprématie intellectuelle elle avait inondé le monde de plus de gé­ants intellectuels que tous les autres peuples en cinq siècles. Athènes était la capitale intellectuelle du monde, comme Rome en était la capitale impériale et politique et Jérusalem la capitale religieuse.

Il nous semble voir Paul — attendant l’arrivée de Silas et Timothée — marcher dans les rues de la grande cité, admirer son architecture, la plus merveilleuse du monde, écouter quelques-uns de ses docteurs scientifiques et prendre note des nombreux monuments qui ornaient la ville. — Pline l’Ancien constate qu’à ce temps-la Athènes se glorifiait de plus de 3000 statues publiques et d’un nombre incalculable de statuettes et de plus petites images dans des maisons privées, sous formes de dieux, de demi-dieux et de héros. — Paul remarqua que dans une certaine rue il y avait devant chaque maison un pilier carré portant un buste du dieu Hermes (nom grec de Mercure). Chaque porte d’entrée et chaque place avait son dieu protecteur, chaque rue son sanc­tuaire.

On comprend que l’esprit de Paul fut excité au dedans de lui à la vue d’une ville si avancée complètement adonnée à l’idolâtrie et apparemment tout à fait igno­rante du vrai Dieu. Son plus grand désir était de s’en­tretenir avec ces gens sages selon ce monde. Il y trouva l’inévitable synagogue et put s’entretenir avec les Juifs et les hommes craignant Dieu et, sur la place publique, avec ceux qui voulaient bien l’écouter.

Certains philosophes épicuriens et stoïciens l’appelèrent un discoureur, voulant dire qu’il n’y avait ni sens ni raison dans ce qu’il disait. D’autres pensèrent plus favorablement et voulurent entendre de lui un discours en règle. La Providence lui ouvrit ainsi le chemin pour expliquer publiquement le «plan des âges» à l’élite des sages d’Athènes, sur la colline de Mars probablement

37 – Novembre 1909

dans le Parthénon. Cela devait sembler un heureux début à l’apôtre de trouver des gens intelligents s’in­formant réellement au sujet de l’Evangile qu’il leur apportait. Toutefois la curiosité des Athéniens, comme de celle de beaucoup de gens intelligents d’aujourd’hui, était très superficielle. Ils aimaient être au courant de toute nouvelle théorie, mais seulement pour pouvoir mieux défendre la position à laquelle ils étaient attachés.

,.Au Dieu inconnu.”

Nous préférons la traduction Segond & Crampon: «Vous êtes à tous égards extrêmement (ou éminemment) religieux,» aux versions de Lausanne & Darbyqui rendent: «Fort adonnés à la crainte des divinités, ou au culte des démons»: parce que ç’aurait été peu sage de l’apôtre de provoquer des préjugés et d’offenser ses auditeurs dés le début et sans nécessité. — Ostervaldtraduit assez bien: «dévots jusqu’à l’excès»; mais Stapfer force le sens en traduisant: vous êtes le plus religieux des peuples». L’apôtre leur fit voir qu’à en juger par leurs innombrables images ils reconnaissaient une mul­titude de dieux et qu’ils avaient même érigé un autel au Dieu inconnu. La raison aurait du leur dire ce que la Bible nous enseigne; qu’il n’y a que le seul Dieu vivant. Par contre, ceux qui courent au hasard et re­connaissent une multitude de dieux sont bien “dévots jusqu’à l’excès», suivant la trad. Ostervald.

Paul prit donc pour sujet: «le Dieu inconnu». Il prêcha «le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu’il a envoyé». Il montra la divine justice et ses exigences que nous ne pouvons satisfaire, parce que descendants déchus de la race d’Adam, placés sous la condamnation et indignes de la vie éternelle. Il fit voir que Dieu a tant aimé le monde qu’il envoya sou Fils unique afin de satisfaire pour nous sa justice, et nous racheter de la condam­nation de la mort pour nous dominer l’espérance d’une résurrection. Il expliqua que ce seul vrai Dieu ne res­semble en rien à de la pierre ou à du bois, que d’ailleurs on ne peut le représenter par quelque chose de matériel et que celui qui l’adore doit l’adorer en esprit et en vérité. Il attira leur attention sur un Dieu plus grand que celui qu’ils s’étaient jamais imaginé, il montra la longueur et la largeur de l’amour divin — limité non à un seul peuple, mais Dieu ayant fait sortir d’un seul sang toutes les nations de la terre, tous les hommes doivent l’habiter et la posséder. Il a déterminé la durée de leur temps et les bornes de leur demeure pendant lesquels ils devront le chercher et le reconnaître, car ils auront la possibilité de le trouver.

Combien cela est vrai! Dieu s’est révélé à quelques ­uns d’entre nous et nous a dominé de le connaître lui et les temps et les moments des grâces futures. Cepen­dant combien ignorante est toujours la grande masse, pour laquelle le temps n’est pas encore venu pleinement pour parvenir à la connaissance de la vérité. Dieu est trouvé par ceux qui le désirent et le cherchent: par ceux qui ont rompu avec le péché. C’est à cette classe qu’il adresse maintenant son appel. Combien nous de­vons être heureux de savoir qu’après que Dieu aura rassemblé «ses élus» de cet âge-ci, il fera que finalement tout genou fléchira devant lui, que toute langue le confessera et que la connaissance de l’Eternel remplira toute la terre.

L’apôtre, en parlant à des philosophes, s’adressait à leur raison, tandis qu’il se fut placé au point de vue biblique s’il avait eu affaire à des juifs ou des chrétiens. Ainsi pour les philosophes et les stoïciens d’Athènes il devint un philosophe afin de pouvoir mieux leur ex­pliquer la vraie philosophie du plan des âges. S’il avait parlé à des juifs ou chrétiens, par exemple, il aurait fait ressortir le point que tous ceux qui sont hors de Christ, sont hors des faveurs de Dieu et sous la con­damnation divine. Mais parlant à des philosophies il attira leur attention sur le fait que dans un certain sens tous les hommes sont frères, tous sont des enfants, des descendants de Dieu. Remarquez la logique et la pru­dence de son raisonnement. Paul dit à ces Grecs cul­tivés: Si, selon certains de vos poètes, nous sommes de la race de Dieu, alors toute l’humanité procréée par Lui devrait en quelque sorte lui ressembler. Cela étant admis, l’or, l’argent et la pierre sculptés sont de bien pauvres figures de Dieu. L’homme dans ce cas le re­présenterait bien mieux surtout sous les traits sublimes du caractère divin.

L’ignorance dont Dieu ne tint pas compte.

Devançant les observations que ses auditeurs pour­raient lui faire telles que: Pourquoi venez-vous main­tenant nous parler de ce Dieu? S’il est notre Créateur et si nous sommes ses enfants, pourquoi ne nous a-t-il pas depuis longtemps envoyé un message? Ne le con­naissant pas, comment sommes-nous en fin de compte responsab1es de ne pas l’avoir adoré’? — Paul répondit; Vous n’en êtes pas responsables jusqu’ici. Dieu ne vous tient pas compte de cette ignorance ou idolâtrie; il n’en a pas pris note; son grand plan n’est jusqu’à présent pas encore parvenu à ce degré de développement qui aurait autorisé l’envoi d’un message jusque chez vous. Maintenant, ce message, Dieu vous l’envoie. Il annonce à tous les hommes en tous lieux qu’ils aient à se re­pentir du pêché et de l’injustice et à retourner pour faire la paix avec lui-même.

On pourrait poser la question: Pourquoi inviter les hommes à la repentance, à ce temps-là plutôt qu’aupa­ravant. L’apôtre dit que c’est parce que Dieu a arrêté un (autre) jour de jugement. Lors du premier jugement, Adam fut trouvé à l’épreuve indigne de la vie éternelle et fut condamné à la mort, condamnation à laquelle participèrent tous ses enfants. Mais au temps propre, il y a 19 siècles, Christ a racheté Adam et ses descendants de cette sentence de mort et a ainsi ouvert la voie pour un autre jour de jugement, d’épreuve pour la vie ou la mort éternelles. Il ne sera pas seulement pour ceux qui vivront à cette époque, mais pour tout peuple ou nation en tous lieux. Cela implique une résurrection des morts, pour que les millions qui sont déjà descendus dans la tombe aient aussi l’occasion de goûter et de profiter des dons de grâces de Dieu. La preuve, dit l’apôtre, c’est la résurrection de Jésus, c. à d. que celui qui racheta toute l’humanité fut réveillé d’entre les morts et reviendra en son temps pour exé­cuter pleinement le plan d’amour de Dieu, pour donner à tous l’occasion bénie d’avoir la vie éternelle. — Les Athéniens présents eurent ainsi l’occasion de puiser dans les immenses richesses de la grâce divine.

38 – Novembre 1909

Les uns se moquèrent en entendant parler de la résurrection.

Nulle autre religion que celle de la Bible n’enseigne une résurrection des morts. Toutes les autres religions et croyances concluent dans le sens que la mort est une transformation, que quand l’homme meurt, il vit réelle­ment plus qu’auparavant; qu’au moment même où l’homme s’éteint et perd conscience de lui-même il devient beau­coup plus intelligent. La Bible affirme expressément que les morts sont morts et «ne savent rien» (Eccl. 9 : 5: Ps. 146 : 4). La Bible seule enseigne qu’une vie au delà dépend de la résurrection des morts; que le relève­ment des morts lui-même dépend de la mort de notre Seigneur Jésus; lequel comme Rédempteur doit revenir une seconde fois — non pour souffrir comme la première fois, mais en être spirituel glorieux, Seigneur de vie, pour changer son Epouse élue et l’associer à lui dans la gloire de son Royaume, pour établir parmi les hommes le règne de justice promis depuis longtemps.

Les philosophes athéniens de ce temps, semblables aux philosophes d’aujourd’hui et de tous les temps, se moquèrent de la résurrection des morts. Quelques-uns nièrent entièrement une vie future; d’autres prétendirent que la vie humaine persiste et est indestructible. Tous se trouvèrent en conflit avec les enseignements des Ecri­tures d’une sentence de mort, d’une rédemption par la mort d’un Sauveur et d’une résurrection de la mort.

L’intérêt de la prédication de l’apôtre s’enfuit de suite chez la majorité des Athéniens quand ils apprirent que toute sa philosophie reposait sur la résurrection des morts. Aux yeux des gens cultivés rien ne semble plus irra­tionnel et plus déraisonnable que ce trait de la religion chrétienne. Cette doctrine est encore aujourd’hui une vérité dure à accepter pour beaucoup de croyants, elle constitue leur véritable épreuve. Peu l’acceptent, parce que peu croient que l’homme meurt véritablement, il n’en reste pas moins que tous ceux qui considèrent avec indifférence cette doctrine tombent et s’enlacent de plus en plus dans un des pièges de l’erreur et du spiritisme que Dieu permet à l’adversaire de tendre à tous ceux qui rejettent son conseil bienveillant.

Pas beaucoup de sages, pas beaucoup de puissants.

La mission de Paul ne fut pourtant pas vaine. Nous lisons: “Quelques-uns néanmoins s’attachèrent à lui et crurent.» La vérité est un aimant qui a une puissance attractive sur les coeurs des hommes humbles et droits. L’apôtre ne s’attendait pas d’ailleurs à ce que son ex­posé des voies et pensées de Dieu convertisse plusieurs de ces philosophes. Il savait que peu de riches, de sa­vants et de nobles se trouveraient en assez humble posture pour répondre à l’appel céleste de cet âge en vue de constituer l’épouse de l’Agneau. Il savait que pour la majorité le temps d’écouter sera le Millénium — le jour de jugement qu’il venait de mentionner. Pour ceux qui dirent: “Nous t’entendrons là-dessus une autre fois», si la vérité n’a pas touché leur coeur alors, il est assez peu probable qu’elle le fasse plus tard.

Le même principe s’applique aujourd’hui. Le Seigneur cherche seulement un “petit troupeau”. Ceux qui ac­ceptent la vérité montrent par là qu’ils sont attirés par le Seigneur et guidés par l’Esprit saint. Par contre, ceux que la vérité laissent indifférents montrent qu’ils en sont indignes, incapables d’en voir la beauté et d’en saisir la puissance. S’il nous est possible, contentons-nous de rechercher et de bénir avec la vérité ceux que l’Eternel a appelés et attirés, et contentons-nous de laisser les autres pour “le propre temps” de Dieu après leur avoir présenté la vérité. La condamnation de la mort demeurera sur tous, excepté sur ceux de la fa­mille de la foi, jusqu’à l’époque de l’établissement du grand Royaume. Alors Israël sera béni selon les stipu­lations de la nouvelle Alliance. Le sang qui doit la sceller, le sang de Christ, est préparé dans les souffrances du chef et il est permis à son corps, à l’Eglise d’y par­ticiper. Sous les termes de cette Alliance nouvelle les Juifs aveuglés et sourds verront et entendront et une réconciliation entière sera leur partage; bien plus, cette réconciliation sera rendue accessible à tous les hommes et tous, en devenant des prosélytes du Royaume, pour­ront participer avec les Juifs aux bienfaits de cette Alliance. Mais combien plus glorieux sera notre sort, si nous sommes trouvés fidèles — nous aurons le privi­lège, avec notre Seigneur, de mettre à exécution cette alliance et, avec Lui, en qualité de Médiateur, de bénir Israël et le monde entier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *