Paul a Corinthe.

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— Actes 18: 1—22—

“J’ai un peuple nombreux dans cette ville.”

St. Paul ne s’arrêta que peu de temps à Athènes, la Pro­vidence le dirigea vers Corinthe. Silas resta un certain temps à Bérée, Timothée à Thessalonique, ce dernier retourna ensuite à Philippes. A ce moment-là Paul parait avoir été considérablement abattu. Sa première épître aux Corinthiens, écrite un peu plus tard, montre qu’il y a eu chez lui dé­couragement et peut-être maladie: “Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement» (1 Cor. 2 : 3). Ses persécutions précédentes, ses rudes expériences à Philippes, son peu de succès à Athènes, son manque de ressources et, pour un instant au moins, sa privation de la communion fraternelle, tout cela contribua à l’abattre et il nous informe qu’il fut alors encouragé par une vision du Seigneur. Tôt après son arrivée à Corinthe il trouva un Juif Aquilas, du Pont, et sa femme Priscille, qui comme lui étaient faiseurs de tentes, Paul demeura là et travailla avec eux. Rappelant cette période d’affliction il écrivit aux Thessaloniciens: «C’est pourquoi, frères, nous avons été consolés à votre sujet par votre foi, dans toute notre nécessité et dans notre tribulation.» De même un peu plus tard aux Corinthiens: «Jusqu’à cette heure, nous souffrons la faim, la soif, la nudité; nous sommes maltraités, sans demeure fixe et nous prenons de la peine, travaillant de nos propres mains; injuriés nous bénissons, persécutés nous supportons; calom­niés nous prions; nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous jusqu’à maintenant.» — 1 Cor. 4 : 11—13.

Plusieurs d’entre nous peuvent tirer profit de ces ex­périences. Si Dieu permit que Paul passe par toutes ces épreuves, c’était pour qu’une abondance de bons fruits en ré­sulte et que ses épîtres soient d’autant plus utiles à l’Eglise — il en peut être ainsi des procédés de Dieu envers nous à certains moments, c’est pour nous préparer en vue d’autres travaux à son service.

45 – Decembre 1909

Paul était pressé par l’Esprit

(v. 5. L)

Malgré tous ses revers et les difficultés matérielles de son travail de faiseur de tentes, lui permettant à peine de vivre, Paul n’oublia jamais que sa principale mission était de prêcher l’Evangile. Si pour suffire à son entretien il était empêché de prêcher pendant la semaine, il consacrait tout le jour du sabbat pour le travail plus important quand il pouvait prêcher dans une synagogue juive: il “discourait dans la synagogue chaque sabbat et persuadait des Juifs et des Grecs», mais apparemment pas avec sa hardiesse et son énergie habituelles, peut-être par manque d’appui moral, ce facteur essentiel et si important pour chacun. Mais à la fin Silas et Timothée ar­rivèrent ne lui apportant pas seulement bonne compagnie et encourageantes nouvelles de Bérée, de Thessalonique et de Philippes, mais aussi (2 Cor. 11: 8,9) un don — probable­ment de Lydie, la marchande de pourpre, qu’on suppose avoir été favorisée de la fortune. L’effet de ces encourage­ments ressort clairement. Paul fut pressé (stimulé) en esprit — il reprit une nouvelle impulsion pour présenter plus énergiquement encore son message et fit en sorte que dans la synagogue les choses arrivent à une crise aigue. Après avoir témoigné hardiment, voyant le message rejeté par la majorité des Juifs, St. Paul lui-même précipita le dénouement du con­fit en secouant ses vêtements — comme s’il ne voulait pas même prendre la poussière d’eux — disant: «Que votre sang retombe sur votre tète! J’en suis pur. Dès maintenant, j’irai vers les nations.» Il est des moments où il faut abso­lument être positif et prendre une décision, même au risque de susciter une division parmi ceux qui professent servir le même Dieu. Il y a des moments où de cette manière plus de bien peut être obtenu qu’en continuant dans des conditions désavantageuses.

Il en est ainsi aujourd’hui. Il est des alliances impossibles. On ne mélangera jamais l’huile avec l’eau et le temps employé à cet essai est du temps perdu. Quand, comme ici, opposition et la haine se manifestent, il vaut mieux se re­tirer. Mais nous pensons, avec l’apôtre, qu’il n’est jamais bon entre enfants de Dieu de se quereller et s’animer surtout quand il s’agit de questions de sectes et d’églises. «Secouer la poussière» était une coutume de ce temps, que notre Sei­gneur d’ailleurs recommanda — un avertissement que l’apôtre s’étant déchargé de tous ses devoirs il leur laissait à eux la responsabilité.

L’effet fut salutaire, Crispus le chef de la synagogue fut poussé à se décider fermement pour le Seigneur Jésus tandis que si Paul n’eut pas fait ce geste Crispus eut reculé au lieu de se développer spirituellement; et ainsi, avec sa famille, il prit fait et cause pour l’apôtre. Les Juifs rejetant Paul et son message l’Evangile attira plus particulièrement l’attention des Grecs, dont quelques-uns étaient déjà croyants. Les nou­velles réunions se tinrent chez un homme craignant Dieu, Justus, dont la maison était contiguë à la synagogue. Cela rappela aux Juifs continuellement ce que Paul leur avait en­seigné précédemment et leur fut une invite continuelle à en­tendre l’explication de l’accomplissement des prophéties tou­chant Jésus. Il y eut donc ce réjouissant résultat: plusieurs Corinthiens acceptèrent la grâce de Dieu et se laissèrent baptiser pour symboliser leur consécration. Apprenons encore que l’opposition n’est pas nécessairement préjudiciable à la cause de l’Eternel. Disons plutôt que l’état de stagnation est beaucoup plus dangereux.

Evidemment le Seigneur vit que son serviteur Paul avait besoin d’un encouragement spécial aussi lui accorda-t-il une vision dans laquelle il lui fut dit: “Ne crains point; mais parle, et ne te tais point, car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal; parle, car j’ai un peuple nombreux dans cette ville.»

Combien en cela nous remarquons la surveillance et la sagesse des directions divines concernant le message de l’Evangile et ses serviteurs! Combien elle est vraie la promesse du Seigneur qu’il ne souffrira pas que nous soyons tentés au delà de nos forces! Qu’Il a des Issues pour chaque tentation; et que chaque tentation a un but pour le bien de celui qui est éprouvé. Cette vision ne fut pas accordée pour l’apôtre seulement, mais pour nous et tous les enfants de Dieu depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui. Le même Dieu est riche en grâce sur tous ceux qui l’invoquent et sait protéger et délivrer tous ses serviteurs. Dans sa sagesse infinie il ne permet que ce qui est avantageux à sa sainte cause et ce qui produira pour ses enfants, «en mesure surabondante, un poids éternel de gloire».

La déclaration du Seigneur: «J’ai un peuple nombreux dans cette ville» nous montre qu’il connaît les coeurs — qu’il se soucie non seulement de ses fidèles, mais aussi de ceux qui n’ont pas encore entendu l’appel pour l’accepter, mais des­quels le coeur est bien dispos, qui sont d’une attitude hon­nête et sincère. Une autre leçon encore se dégage de cette déclaration. Elle nous rappelle que Jésus lui-même est le surintendant des missions divines; qu’il est à même de diriger et qu’il guide ses serviteurs consacrés, non seulement quant à l’endroit où il tient à les avoir, mais encore quant au temps qu’ils y doivent rester pour accomplir sa volonté. Plus notre foi saisira ce fait, plus nous pourrons nous reposer sur le Seigneur et faire usage de sa sagesse au lieu de la nôtre, et plus nous réussirons et serons heureux et joyeux. Parce que nous reconnaîtrons que toutes choses doivent concourir à notre bien personnel et à celui de ceux qui lui appartiennent et se soumettent docilement à ses soins.

Enseignant pendant un an et six mois.

Corinthe était flattée du sobriquet de «Ville—Vanité du monde», parce qu’elle était le centre des plaisirs, de la gaieté et des frivolités. C’était une des villes les plus licencieuses et les plus corrompues de ce temps-là. Il peut paraître étrange que de cette plus vile des grandes cités, devait ressortir de plus grands résultats spirituels que d’aucune autre de sorte que le Seigneur ait dû spécifier d’une manière ex­presse, qu’il avait là un peuple nombreux et qu’il y ait pro­videntiellement retenu son ambassadeur un an et six mois, tandis qu’à d’autres places plus austères il ne lui fut permis de rester que quelques semaines ou même quelques jours. La philosophie qui se dégage de ce fait est celle-ci: Une morale extérieure suscite fréquemment un esprit pharisaïque de justice individuelle, très pernicieux, ennemi mortel de la vraie justice. Tandis que quand le péché se manifeste d’une manière éhontée ou simplement publique, cela a un effet répulsif sur ceux qui sont purs de coeur, qui aiment la justice, et cette aversion instinctive pour le mal semble préparer de tels à se consacrer sincèrement au Seigneur et à son message. Cette théorie s’applique à l’oeuvre missionnaire de Corinthe, elle contraste avantageusement avec le travail effectué en d’autres places beaucoup plus respectables.

Apprenons ici à surveiller notre propre coeur, afin qu’il ne s’y glisse pas cet esprit de propre justice à la faveur d’observances extérieures, lesquelles neutralisent la vraie sanctification.

C’est bien dans cet esprit que le Seigneur trouve fautive une de sept églises — représentant la chrétienté actuelle en disant: «Parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froide ni bouillante je te vomirai de ma bouche. Parce que tu dis: Je suis riche, je me suis enrichie et je n’ai besoin de rien et parce que tu ne sais pas que tu es malheureuse, misérable, pauvre, aveugle et nue» (Apoc. 3 : 16, 17). C’est la sentence du Seigneur rendue contre l’état actuel des églises, qui sont temporellement si avantagées, si riches en privilèges spirituels et si satisfaites de leur condition. Veillons nous-mêmes de peur que de façon ou d’autre ou à un degré si petit soit-il une telle tiédeur ne s’empare de nous et que nous ne tom­bions sous la disgrâce divine.

46 – Decembre 1909

«Ne crains point»; quel encouragement il y a dans ces aroles pour nous, comme elles l’ont été pour tous les com­battants chrétiens  des 18 siècles passés. «Vous aurez des tri­bulations dans le monde; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde.» Evidemment nous ne pouvons en sortir sans tri­bulations; si nous leur échappons, nous n’aurions point de part dans la gloire à venir. Par conséquent, au lieu d’éviter «les souffrances du Christ», nous devrions courageusement aller de l’avant, sans vouloir briller, mais dans l’humilité, la révérence et la confiance dans les promesses de Dieu; nous ressouvenant que Jésus a été vainqueur et qu’il peut et veut nous secourir à l’heure de la tentation, si nous restons dans son amour et cherchons sa protection. Le Seigneur est plus grand et plus puissant que tous ceux qui sont contre nous. Rien ne pourra nous nuire (Luc 10 19). Ce qui à autrui paraît nous porter préjudice, doit, sous la surveillance divine, concourir à notre bien.

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