Lettres édifiantes. dec 1909

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Bien aimé frère: Ayant changé de domicile je m’empresse de vous en avertir avant l’envoi des numéros de novembre.

Grâce à Dieu je suis logé plus convenablement et serais bien heureux de vous offrir l’hospitalité lors de votre prochain passage, Dieu voulant. — Tout cela n’est que secondaire, mais d’abord comment vont nos frères et soeurs de la Suisse et vous-même spirituellement et corporellement? Grâces à Dieu ma femme et moi nous sentons toujours plus combien nous avons besoin d’ajouter à notre foi la vertu, à la vertu la connaissance, etc.; car développer en nous ces qualités c’est nous empêcher d’être oisifs et stériles dans la connais­sance du Seigneur Jésus. — Ne perdons pas de vue que tout sarment doit porter du fruit.

J’ai eu l’occasion de me trouver avec deux frères darbystes chez soeur Mme. Fontaine; après quelques explications ils sont partis sans me serrer la main ni même me dire bonsoir. Pauvres frères, quelle étroitesse d’esprit. Nous avons eu à Hénin-Liétard, Coron de la Perche, chez Mr. L. M. une ré­union dimanche dernier, grâce à Dieu nous avons pu rendre un témoignage de la vérité, nous prions Dieu que ces frères et soeurs soient éclairés; nous allons continuer Dieu voulant tous les 15 jours.

Merci pour votre obligeance envers nous . . . . que Dieu bénisse votre dévouement pour sa sainte cause. Quel bonheur si tous les frères arrivaient à comprendre leur devoir. Que notre Dieu par Jésus me donne de consacrer tous mes loisirs pour répandre la vérité, malgré toutes les contradictions possibles.

Dans l’attente de vous lire recevez nos amitiés en Christ. Marie et Emile Delannoy.

Adresse:  EMILE DELANNOY, 75 rue de la Bataille,

LENS (Pas-de-Calais) France.

33 – Novembre 1909

Cher frère: Je vous remercie pour l’envoi de frs. 100. — de Brooklyn, en faveur de l’oeuvre italienne de la moisson; merci à ces chers frères de la Watch Tower Society de Brooklyn. J’ac­cepte tout comme venant du Seigneur auquel j’ai tout donné après m’être donnée moi-même corps et âme . . . . J’ai reçu votre lettre et le paquet et espère que vous aurez reçu ma lettre précédente . . . J’ai envoyé au frère Meyer à St. Gall (Suisse) un paquet de 5 kilos de feuilles italiennes à distri­buer et aussi un paquet de 5 kgs. de feuilles et 2 Aurora’s a frère Guerrera en Calabre qui pour le moment est gravement malade.

Veuillez m’envoyer avec les Tours de novembre 2 tomes I de l’Aurore et 1 Bible Segond pour la soeur Louise Long de Pomaret; et aussi tous les Nos de Phares et Tours 1908, 1909 pour les faire relier. Je les ai tellement lus et relus et pris avec moi dans mes tournées, qu’ils sont tout usagés et gâtés. Si vous saviez, cher frère, combien je suis heureuse de faire partie des pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui proclame le salut, qui dit à Sion: Ton Dieu règne! Les événe­ments de ces derniers temps, l’exécution de Ferrer, de nom­breux scandales cléricaux, les grèves et mouvements socialistes, montrent que le Règne de Dieu est venue. Le monde com­mence à s’inquiéter se demandant où il va, ce qui va arriver, comment tout cela finira. Oh oui, relevons la tête, Satan, notre accusateur et oppresseur, est démasqué et le refuge de la fausseté et du mensonge sera bientôt inondé par les eaux de la vérité. Il me tarde d’être installée à Pinerolo, à cause du plus grand champ de travail. Ce qui fait notre force c’est l’assurance de la victoire. Quand on est sûr de vaincre on a déjà vaincu. Il y a une grande oeuvre d’amour à faire, un sauvetage à opérer et comme Christ nous sauve il veut qu’à notre tour nous sauvions les autres, en nous assimilant son esprit de sacrifice et de miséricorde, de patience et de persévérance. Que le Seigneur me donne d’avoir constamment en moi ce zèle pour sa moisson, cet ardent amour des âmes. Esaïe ch. 42 dépeint si bien l’oeuvre admirable du Christ, tête et corps. Tant qu’il y aura une larme à essuyer, un coeur à régénérer un esprit à éclairer, il ne se relâchera point. Quelle joie ce sera quand tous les hommes, amenés à la perfection, seront présentés à Dieu, le Père! Jésus (et les siens avec lui) jouira alors du travail de son âme . . . Quand je pense à la faiblesse des instruments dont Dieu se sert pour accomplir son oeuvre, je ne puis qu’adorer et bénir l’Eternel. Car en vérité il choisit les choses qui ne sont pas pour confondre celles qui sont

A Pinerolo, centre clérical s’il en fut (il y a 8 églises catho­liques, 2 ou 3 couvents et séminaires et je ne sais combien d’institutions dirigées par des prêtres), l’oeuvre progresse sen­siblement, dès que mes filles seront placées j’irai m’y installer, nous y tenons des bonnes réunions bien fréquentées. Les curés disent que je suis l’Antéchrist et défendent à leurs ou­ailles de venir m’écouter, les menaçant des flammes éternelles, etc.. mais leurs défenses n’ont plus d’effet et plus ils en disent, plus ils excitent la curiosité

Frère Cerulli est très occupé, il fait ce qu’il peut dans son milieu, essayant de faire naître en ceux, avec lesquels il se trouve journellement en contact, le dégoût du mal et l’amour du bien . . – J’espère gagner ma vie à Pinerolo en donnant des leçons, en veillant auprès des malades et le reste du temps le consacrer à l’oeuvre du Maître.

Le frère Loreuzo de Turin, celui qui est à l’hôpital, fait de grands progrès dans la connaissance . . . Je lui ai envoyé la traduction des enseignements de la Grande Pyramide d’Egypte (Es. 19: 19); quand il pourra se lever il nous fera à tous une copie des desseins de ce divin monument de pierres, car il est un peu artiste et est très intelligent. . . Lorenzo a été l’in­strument pour conduire un autre malade aux lumières de la vérité présente. Comme cet ami nouvellement intéressé ne peut plus travailler de son métier depuis qu’on lui a amputé un pied, je me demande s’il ne pouvait pas pour commencer distribuer des journaux et vendre des cartes du Millénium à Turin? Je le lui ai proposé et il serait tout content de travailler pour le Seigneur en parlant du Paradis qui vient et du prochain rétablissement de toutes choses. Qu’en pensez-vous? Nous ne pouvons qu’encourager cet ami et nous vous envoyons a cet effet quelques cents de ces cartes, gratis —un don de frère Filmant de Belgique. — Réd.j

J’ai été à Turin, il y a un mois, faire une grande distribu­tion de journaux et plusieurs personnes étaient captivées par cette façon toute nouvelle de parler religion comme ils disaient. C’est le plus sûr moyen de pénétrer les masses et de faire des trouées lumineuses dans l’obscurité qui les couvre.

Tous les frères et soeurs d’Italie, spécialement les Lugli, Rivoire, Bouchard et Soulier, vous envoient, ainsi qu’à tous les frères et soeurs de delà les frontières, les plus affectueuses salutations. Bien à vous, au service du Maître,

Votre soeur à tous Clara Chatelain, Perosa (Piemonte), Italie.

Le Rassemblement des Juifs.

(L’Eternel dit à Abraham: Lève les yeux, et du lieu où tu es, regarde vers le nord, le midi, l’orient et l’occident: car tout le pays que tu vois, je te donnerai à toi et à ta postérité pour toujours . . — le pays depuis l’Egypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate) — Gen. 13: 14-17: 15: l-2l.

Les journaux de New-York annoncent la plus grande entreprise sioniste qui ait été tentée jusqu’à ce jour avec un capital de 500 millions de francs.

Cette somme colossale a été réunie par la Société Coloniale Juive pour racheter la Mésopotamie, le pays du patriarche Abraham, pour en faire une grande colonie juive. A la tête de ce mouvement, se trouvent en pre­mière ligne le multimillionnaire Jacob H. Sehiff, de New-York, et l’auteur anglais Israël Zaugwill. On dit que la Turquie leur a laissé une grande liberté pour s’établir et diriger cette colonie, qui ne peut être que profi­table à l’empire.

Cette entreprise a de chauds appuis parmi les Jeunes Turcs. Elle pré­pare des événements prochains et l’heure ou les Israélites dispersés se rassembleront à nouveau dans le pays de leurs pères.

Malgré les résistances.

[« Je châtierai les princes et les fils de roi [les grands, les riches et les puissants injustes) . . . Je châtierai (aussi) en ce jour-là (des 40 ans de la colère de l’Eternel) tous ceux (des révolutionnaires) qui sautent par dessus le seuil (qui dépassent les limites de ce qui est juste »’ — Soph. 1: 8, 9.

Pour les militants dont les années consacrées à la propagande, à l’action révolutionnaire se sont accumulées et dont les espérances ont été bien souvent mises à de rudes épreuves, il est cependant réconfortant de pou­voir, en examinant les choses de près, constater le chemin parcouru depuis une quarantaine d’aunées (du temps de la moisson) malgré tout le déchaînement des haines et des répressions.

On est autorisé à déclarer que même les idées les plus hardies, celles que le grand public considérait comme le produit de l’extravagance déma­gogique, ont marché à pas de géant et sont à la veille de conquérir leur droit de cité.

Et la poussée a pris des proportions presque stupéfiantes!

La parole, la plume, la bataille électorale, la grève partielle ou générale, s’appuyant sur l’organisation politique et syndicale, sont et seront de plus en plus employées en vue de la transformation de notre régime politico ­économique en un régime d’égalité de solidarité et de justice.

Mais, si sur ce point les choses paraissent être demeurées matériellement identiques, combien cependant est profond le changement produit dans la mentalité générale.

Il suffit pour s’en convaincre, de parcourir avec un peu d’attention les divers organes qui se vantent de donner le la à l’opinion. Inconsciemment, ces défenseurs des « éternels principes de l’Ordre, de la Famille et de la propriété”, se laissent aller à saper par la base ce qui, jusqu’ici, leur a permis d’élever leur cruel égoïsme au-dessus de tout recours de la saine logique.

Quel n’est pas l’enseignement que les indécis pourraient retirer de la lecture de nos journaux bourgeois lançant à tout propos l’heureux béné­ficiaire d’une des plus grosses parts du legs Chauchard.

Eh quoi, organes bien pensants, est-ce que le droit de propriété serait un droit discutable comme tous les autres quand il frise se scandale? Prenez garde, qui met le doigt dans un tel engrenage risque d’y engager le restant du corps.

Et ces campagnes contre les trusts, contre le renchérissement des loyers pour un service national et général d’assurances…

Nous en passons, car les exemples fourmillent et démontrent, clair comme le jour, que les .,temps sont proches” ou le socialisme sera appelé à mon­trer et à prouver une la misère ne fut jamais que la conséquence de l’ignorance de plus grand nombre et de l’abus qu’une poignée de privilé­gies, en chacune des agglomérations humaines ou nationales, firent des armes que les premiers leur avaient si bénévolement confiées.

On le voit par ces î1uelquns citations rapides, le progrès social poursuit sa marche à travers le monde et si les peuples savent y aider par nue étroite et intelligente cohésion, l’heure de la définitive délivrance serais plus proche que les exploiteurs de partout ne le supposent.

« Humanité”.     J. ALLEMANE (député de Paris)

Les progrès de l’internationalisme.

W. M. — Mais oui, l’internationalisme est en progrès, n’en déplaise à ceux qui s’imaginent que les nations sont destinées à s’entredévorer éternelle­ment de par la volonté d’une divinité barbare qu’ils appellent le dieu des armées. Des signes certains permettent d’affirmer que l’activité humaine tisse, consciemment ou non, une quantité de fils unissant les nations les unes aux autres, créant un réseau de plus en plus serré jeté par dessus les frontières géographiques ou ethnographique. Un sentiment obscur encore, mais qui grandira avec le temps, se fait jour dans la conscience de l’homme civilisé: c’est celui qu’ont exprimé en vers magnifiques ou en paroles enflammées les poètes de la Bible et ceux du socialisme et du romantisme. Ces prophètes ont en en vision le spectacle admirable des peuples travail­lant en commun à des oeuvres pacifiques

« National Suisse”.

41 – Decembre 1909

L’antique histoire.

Dites-moi, voulez-vous, la vieille, vieille histoire,

De Jésus le Sauveur laissant des cieux la gloire

Pour venir partager nos maux, notre séjour,

Pour nous montrer, de Dieu, l’immense et tendre amour.

Racontez simplement l’incomparable histoire;

Car je suis un pécheur et je suis lent à croire.

Dites-la simplement comme pour un enfant,

Je la connais si peu, je me sens si méchant.

Parlez très lentement que je puisse comprendre,

Parlez très lentement, car je désire apprendre

Quelque chose de pur, ce remède caché,

Ce remède de Dieu pour guérir du péché.

Parlez-moi clairement de la bonté divine

Qui pour notre rançon se fit sainte victime;

Dites-moi si vraiment je suis le grand pécheur

Que Jésus racheta, qu’il est bien mon Sauveur.