«Les temps fâcheux» sont arrivés

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« Sache bien que, pendant les derniers jours, il y aura des moments très difficiles.’ (St.) »

 2 Tim. 3 : 1.

Nous vivons dans les derniers jours évangéliques, nous sommes parvenus à ces temps périlleux décrits par St. Paul, tout le prouve. Et néanmoins il y en a qui se disent: En est-il vraiment ainsi? Notre époque comparée aux temps passés n’est-elle pas propice comme jamais à la prospérité de l’Eglise? Vivons-nous encore au temps où florissait l’inquisition; quand la captivité et la torture, le feu et l’épée étaient employés pour exterminer les vrais saints de Dieu — et tous ceux qui rejetaient les doctrines de la trinité et des tourments éternels; — quand la Bible était un livre mis à l’index, et quand ceux qui approfondissaient les Ecritures étaient jetés en prison ou mis au ban de l’église? N’y a-t-il pas aussi plus de lumière, de vérité et de compréhension biblique,

*>Pour le. citations biblique» nous désignons la trad. Darby par D» la Lausanne par L.» la Crampes par C» l’Osterwals par O» la Segond par S» et le N. T. Stapfer par St. Quand nous n’en désignons aucune spéciale­ment, nous nous servons généralement des versions de Segond et de Lausanne.

98 Juin 1911

comme pleine liberté (pour quiconque veut en, profiter) de croire et d’enseigner, en privé et publiquement, tout ce que l’on tient pour vérité et justice?

Tel est bien le cas, ce sont là les conditions fa­vorables de notre époque. Jamais l’ère chrétienne ne connut des jours aussi privilégiés et bénis par une augmentation de connaissances et d’intelligence géné­rale, de telles facilités de diffusion du savoir et d’un tel souffle en faveur de la liberté pour chacun —liberté de conscience, de paroles et d’actions —comme aujourd’hui. L’esprit de liberté est en faveur partout: si les ennemis astucieux qui jadis le bannirent, l’étouffèrent sont toujours en vie et en veulent à ceux qui manifestent un esprit franc et hardi, ils constatent avec chagrin qu’ils ne peuvent plus réagir et arrêter ce vent de liberté qui souffle sur le monde entier.

Pourtant, chose étrange, côte à côte, avec tous ces avantages du jour, chemine le plus grand péril pour l’Eglise. Certes, ce n’est plus la vie physique ou la confiscation des biens terrestres qui sont en danger: ces choses d’ailleurs sont de minime importance aux fidèles, à ceux qui ne s’affectionnent plus aux choses terrestres mais s’efforcent de parvenir à la gloire céleste, à la nature divine, à laquelle ils sont appelés.

Le péril de notre temps est du domaine spirituel et menace l’héritage des saints concernant les «plus grandes et les plus précieuses promesses» de Dieu, qui sont toutes oui et amen en Jésus-Christ. Des influences subtiles sont maintenant à l’œuvres pour arrêter la croissance, éteindre si possible la vie spiri­tuelle des saints et les priver de leurs glorieuses espérances, pour saper avant qu’on s’en rende bien compte le fondement même du christianisme, saboter la vérité et renverser effectivement toute la structure de la foi chrétienne dans beaucoup d’esprits, pour les faire tomber et perdre ainsi leur glorieux héritage de cohéritiers de Christ.

Les attaques et dangers, revêtant un caractère si subtil, sont calculés pour attraper et tromper, de telle sorte que, si quelqu’un n’a pas soin d’être cons­tamment sur ses gardes, l’Adversaire aura l’avantage sur lui et il sera vite pris au piège tendu par un de ses émissaires. Et Dieu permettra de tels pièges, parce que seulement ceux qui sont sincères et fidèles, et partant toujours veillants, seront jugés dignes d’échapper à cette puissance d’égarement: «Veillez donc et priez sans cesse, afin que vous soyez trouvés dignes d’échap­per à tous ces maux qui doivent arriver et de paraître debout devant le Fils de l’homme.» (C). — Luc 21 : 36.

De quelle manière ces temps s’approcheront.

St. Paul non seulement attire l’attention de l’Eglise sur la certitude de ces dangers et leur nature, mais aussi sur la manière dont ils s’approcheront. A une certaine occasion, il dit: «Je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau [telles furent les grandes et destructives puissances papales, par ex.]; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des (doctrines) [de démons] perverses pour attirer des dis­ciples après eux» D.(Actes 20:29- 30). Paul et l’Eglise primitive furent déjà de leur temps aux prises avec une partie de cette «efficacité d’erreur».

Le grand apôtre des nations fut souvent en péril parmi des faux frères, qui avaient fait naufrage quant à la foi et qui s’étaient fortement opposés à ses paroles — à ses efforts pour édifier l’Eglise sur la très sainte foi (2 Cor. 11 :26; 1 Tim. 1 : 19; 2 Tim. 4 : 14 —17). Il montre que c’est de ces faux frères, des frères qui se sont égarés de la vérité et qui sont devenus docteurs de fausses doctrines, que l’Eglise doit, dans les derniers jours, s’attendre aux plus grands maux (2 Tim. 2:16-18; 3 : 5). Et, afin que nous puissions les reconnaître et nous méfier d’eux, il les décrit minutieusement, mais, malheureusement, la claire signification de ses avertissements est quelque peu assombrie par des traductions incorrectes. Lisons (2 Tim. 3: 1-7) trad. Segond: «Car les hommes seront égoïstes, fanfarons, hautains, blasphémateurs [St. arrogants: D. outrageux], rebelles [d’autres: désobéissants] à leurs parents, ingrats, irréligieux [O. profanes: L. immoraux: D. sans piété], insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants [d’autres: incontinents], cruels [L. inhumains: St. im­pitoyables] ennemis des gens de bien [St. indifférents], traîtres, emportés [O. insolents], enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété mais reniant ce qui la rend efficace… apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la connaissance de la vérité.»

Les nuances données ici à certains mots traduits sont par trop prononcées; car des gens possédant de si mauvais caractères ne peuvent guère avoir l’appa­rence de la piété. Ce serait vraiment extraordinaire qu’étant hautains, blasphémateurs, outrageux, sans piété, intempérants, cruels, emportés, etc.., ils aient quand même l’apparence de la piété au point de pouvoir tromper autrui sous ce rapport. Un blas­phémateur aussi audacieux ne saurait s’affubler de l’étiquette d’enfant de Dieu. Cela s’explique sans doute par ce fait que les traducteurs ne comprirent pas toujours pleinement le sens des expressions de Paul; ils ont rendu en français certains mots sous leurs plus sombres couleurs, nous présentant ainsi ces personnes sous de hideux caractères par trop forcés. Le mot grec blasphemos, par exemple, rendu (v. 3) par «blasphémateurs» signifie une personne médisante, qui parle injurieusement.

Si nous nous en tenions seulement à la lettre du mot, sans égard au contexte, nous ne pourrions savoir si le blasphème ici a trait ou non à des outrages, injures ou insultes à Dieu et à la religion; mais lu dans son contexte et, vu la déclaration que de telles personnes ont l’apparence de la piété, tout en en reniant sa puissance (v. 5) — il nous faut admettre que Paul veut parler de cette forme plus attrayante, plus séduisante que le blasphème: la médisance, laquelle s’allie à merveille à une manifestation apparente de piété. Par conséquent notre mot français: blasphème, s’il peut signifier médisance, est un terme trop forcé en traduisant tel le mot grec: blasphemos. Car la vraie signification du mot Blasphème est: «Paroles qui outragent la divinité, la religion, propos injurieux» (Littré), ou: «Discours outrageant pour Dieu ou la religion. Parole outrageante» (Larive & Fleury).

De même le mot apeithes, rendu par «rebelles» ou désobéissants signifie non persuadés: et l’expression «désobéissants à leurs parents» signifie conséquemment: «pas de la mêne persuasion», ou pas de la conviction qui caractérisait les parents. Le mot anosios rendu par «irréligieux», signifiant profane ou désobligeant, serait mieux rendu, vu le contexte, par peu aimant.

99 Juin 1911

Les paroles: «sans affection naturelle» ou «insensibles» ne se rencontrent pas dans le plus ancien et le seul complet manuscrit grec du Sinaï, et partant ne font pas partie du texte original. Le mot aspondos (v. 3) est mieux rendu (selon L. & D.) par implacables c. à d., irréconciliables, opiniâtres, têtus. Le mot akrates, rendu par «intempérants» signifie plus proprement, sans énergie ou sans puissance sur soi-même; il est vrai que cette pensée est aussi impliquée dans le mot «intempérant» mais cette épithète est plutôt appliquée aux ivrognes. Le mot anemeros, rendu par «cruels», signifie non débonnaires, sauvages. C’est à dire, un manque de douceur plus ou moins prononcé, allant jusqu’à une amertume sauvage. Mais, répétons-le, l’idée féroce et sauvage ne cadre guère avec une manifestation, si légère soit-elle, de piété comme l’im­plique le verset 5. Le mot aphikigathos, rendu par: «ennemis des gens de bien», signifierait aussi: non amis du bien.

Ainsi révisé, le langage de l’apôtre se lit comme suit: «Car les hommes seront égoïstes, fanfarons, vantards, hautains, médisants, d’un tout autre esprit que leurs aïeux (inventeurs de doctrines nouvelles), ingrats, peu aimants, irréconciliables, calomniateurs, sans empire sur eux-mêmes, non débonnaires, non aimables envers les gens de bien (voyez D.), traîtres, têtus, enflés d’orgueil, amis des plaisirs plus qu’amis de Dieu (c. à d., préférant leur plaisir ou volonté au bon plaisir et à la volonté de Dieu); ayant une forme de piété, mais en reniant la puissance. Apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la con­naissance exacte (L.) de la vérité.»

Il s’élèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des choses pernicieuses.

IL est encore à remarquer que dans le texte grec le sens du mot homme (v. 2) est renforcé, c. à d. qu’il s’y rencontre dans un sens emphatique, indiquant par là qu’on fait allusion à une classe particulière d’hommes, qui, suivant la description, ne peuvent être autres que ceux mentionnés dans Actes 20 : 29, 30: «Il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes [de votre groupe, considérés jusqu’ici comme membres du corps de Christ et prétendant toujours l’être] qui annonceront des (doctrines) perverses [pervertissant la vérité].»

Mais, demanderez-vous, pourquoi quelqu’un, qui jadis avait accepté la vérité, désirerait-il la pervertir? C’est, nous répond l’apôtre, «pour entraîner des dis­ciples après eux». Et, dans ce but, ils étaient une apparence de piété, mais en reniant tout ce qui en fait la force — la seule force par le moyen de laquelle aucun de la race déchue puisse être reconnu pieux ou juste, c’est à dire la puissance du sang précieux de Christ qui nous purifie de tout péché, tant et aussi longtemps que nous apprécions et acceptons ce salut par la foi en son sang.

En reconnaissant que nous vivons dans ces derniers jours mentionnés, il y a lieu de nous demander s’il existe actuellement une telle classe d’ennemis de la vérité et de l’Eglise. Nous pouvons vraiment croire que la voix prophétique n’a jamais donné une fausse alarme, ou prédit un événement incertain. Les temps périlleux sont arrivés et les dangers prédits nous menacent partout. Côte à côte — en même communauté avec les saints humbles et consacrés — réunie en­semble dans les mêmes petits groupes de ceux qui sont sortis de Babylone, dans la même famille et fraternité, et souvent à la même table du Seigneur, s’est développée une classe de gens qui possèdent ces caractéristiques d’égoïsme, ambitionnant les honneurs, les distinctions des hommes, des vantards qui s’attri­buent à eux-mêmes la sagesse d’avoir découvert la «vérité présente» et partant de la pervertir au gré de leurs caprices, — des hautains boursouflés de cette connaissance qui devrait nous rendre plus humbles et plus reconnaissants et qui ne peut être retenue et développée qu’à cette condition.

Parce que la lumière des vérités dévoilées récemment s’est levée sur leur sentier comme sur celui des fidèles, ils n’ont plus les idées orthodoxes de leurs parents. Mais la bonté de Dieu qui leur fut ainsi manifestée, loin de les aider à atteindre le but visé, un esprit de reconnaissance et de coopération, semble faire naître en eux la fierté et l’ambition, un esprit mer­cantile qui, pour un but fol et trivial, vend facilement la vérité. Petit à petit, en poursuivant leurs petits buts ambitieux, ils deviennent médisants envers les doctrines de Christ et envers ceux qui y tiennent et les enseignent, peu amicaux et aimables envers ceux qui gardent fermement la vérité, — les accusant faussement de choses louches. Continuant dans cette dangereuse voie ils perdent bientôt toute leur force antérieure en fait de caractère chrétien. Ils deviennent irréconciliables quant à la vérité, au point que, ni les Ecritures, ni la raison, ni l’exemple des fidèles ne peuvent les ramener; et, préférant leur petit moi, leur volonté bornée à celle de Dieu, ils finissent par devenir toujours plus fiers, hautains et prétentieux. Ils ne se soumettent plus au Chef du corps, à Jésus-­Christ, mais cherchent à se mettre à la tête de coteries fomentées par eux-mêmes, ils se tournent ainsi contre la vérité qu’ils trahissent.

Ils prétendent aussi étudier la parole de Dieu avec zèle; ce qu’ils font généralement, mais ne parviennent jamais à la connaissance de la vérité. Ils sont à la recherche de quelque chose de nouveau, est-il besoin de le dire; après du nouveau, de choses particulières afin de pouvoir entraîner, par ce moyen, des disciples après eux — de ceux qu’excitent la curiosité (ou comme le dit Boileau: «Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire»). Tout cela pour satisfaire leurs fins. Il n’y a pas, à vrai dire, de telles curiosités dans la parole bénie de Dieu; et le zèle de ces am­bitieux est égal à leur orgueil. Une à une, les vérités divines s’assombrissent, sont faussées et perverties pour être ensuite présentées comme des vérités nou­vellement découvertes. Celui qui n’est pas sur ses gardes les accepte pour telles et ne s’aperçoit pas dès le début qu’elles sont subversives envers le système entier de la divine vérité. Il advient alors que leur foi dans les vérités déjà reconnues se perd, ils sont pris dans le piège de l’ennemi avant qu’ils le sachent; et, comme ils continuent de prêter l’oreille à ces influences séduisantes, l’embarras de ces pauvres trompés grandit jusqu’à ce que, semblables à un bateau chassant sur ses ancres, ils se trouvent en dérive sur le grand océan de l’incrédulité — «et se transpercent eux-mêmes de beaucoup de douleurs» (1 Tim. 6: 10) — flottant ils ne savent où. Comme leurs conducteurs, ils peuvent avoir conservé «les dehors de la piété, sans en avoir la réalité» (C.).

Leur manière d’agir sera très séduisante.

Il y a encore un autre trait distinctif qu’on aurait

100 Juin 1911

tort d’ignorer concernant ces faux docteurs dont l’ambition sème tant de périls sur le sentier des saints. Les versets 6 et 8 décrivent, ou plutôt dépeignent la manière par laquelle l’influence de ces docteurs se fait sentir sur l’Eglise. Leur opposition ne se manifeste pas en termes audacieux, en défis provocateurs et véhéments. Leur tactique est fine, rusée et décevante, empreinte semble-t-il de piété, d’amour et de zèle pour la vérité. Leur influence s’exerce à la manière d’une classe abjecte mentionnée au verset 6. Non pas que ce soit là le caractère immoral, réel de ces docteurs, mais leur politique est pareillement séduisante. «Tels sont ceux qui s’insinuent dans les familles pour captiver des femmelettes chargées de péchés, travaillées de passions de toute espèce.» — Crampon.

Leur véritable attitude est plus particulièrement décrite par le verset 8: «Pareils à Jannès et à Jambrès qui s’opposèrent à Moïse, de même ces hommes, viciés d’esprit et pervertis dans la foi, s’opposent à la vérité.» Ainsi il nous est montré que l’opposition à la vérité se fait d’une manière subtile, séduisante semblable à celle des adversaires de Moïse. Ils s’opposèrent à Moïse en faisant les mêmes choses et confondirent le peuple. Dieu avait donné puissance à Moïse d’opérer certains miracles pour prouver à Israël que Moïse était son agent divine­ment autorisé. Sans délai, Satan donna à ses agents le pouvoir de faire des miracles semblables, qu’ils firent jusqu’à un certain point, quoique pas parfaite­ment, cherchant en ce faisant à confondre les pensées du peuple, à ébranler l’autorité que Moïse avait sur lui et à ruiner sa confiance en son gouvernement et en son enseignement.

C’est encore ce que nous trouvons aujourd’hui. L’effort principal des faux docteurs — des faux frères qui se développent dans le sein de l’Eglise — est d’affaiblir la vérité par des formes plausibles de l’erreur, de renverser la confiance à la foi en la vérité et en tous ceux qui la prêchent et cela pour entraîner des disciples après eux et leurs théories. Par suite de l’attrait qu’exercent ces propagateurs de fausses doctrines et le peu de zèle que professent plusieurs à l’endroit de l’amour et du service de la vérité qu’ils ont reçue, un groupe qui est dans l’Eglise encouragera beaucoup les visées ambitieuses de ces faux frères: «Il y aura un temps, dit l’apôtre, où il ne supporteront pas le sain enseignement; mais, ayant des oreilles [pour des choses nouvelles et étranges] qui leur démangent, ils s’amasseront des doctrines selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et auront été détournés vers les fables.» (D.) — 2 Tim. 4: 3—4.

Cette classe ne sera pas non plus une petite minorité [les grands pays protestants anglais fourniront sans doute le plus grand contingent]; mais afin que les fidèles ne se découragent pas, ils sont avertis par Ps. 91 : 7 que mille tomberont à leur côté et dix mille à leur droite. Ils peuvent reconnaître par là que Dieu, tout-sage, prévit tout cela, et que l’accomplis­sement de ses glorieux desseins ne sera pas le moins du monde arrêté par cela; — qu’ils peuvent avoir une joyeuse confiance jusqu’à la fin, en vue de l’achèvement merveilleux de son plan de salut et de leur sublime position promise dans ce plan.

«Détourne-toi de telles gens.»

Mais comment doit se comporter le fidèle croyant au milieu de ces faux frères? Doit-il toujours leur tendre la main fraternelle et leur souhaiter bonne chance? Les reconnaître comme frères en Christ? S’ils ne font pas parties des fils de Dieu, nous ne pouvons plus marcher avec eux la main dans la main et rester innocents. St. Paul (v. 5) nous conjure de nous éloigner d’eux. «N’ayez aucune part avec eux. Autrefois vous étiez ténèbres et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière! . .. Ne participez pas aux œuvres in­fructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les» (Eph. 5: 6—11). Et St. Jean accentue encore ce conseil: «Si quelqu’un vient auprès de vous et n’apporte pas cet enseignement, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui dites pas: Joie te soit! (L.) Car celui qui lui dit: Salut! participe à ses mauvaises œuvres [ — laissez-les courir].» — 2 Jean v. 11.

Ces «hommes méchants et imposteurs (v. 13) iront de mal en pis [deviendront plus audacieux et agressifs au fur et à mesure qu’ils seront encouragés par le groupe grossissant de ceux qui sont avides de ce qui chatouille agréablement les oreilles et qui ne veulent plus de la saine doctrine], séduisant [d’autres] et étant séduits [eux-mêmes — s’entortillant dans les pièges de leur propre trame desquels il ne leur est plus possible de se dégager].» Mais, loué soit Dieu! le temps vient où: «ils ne feront pas de plus grands progrès; leur folie sera aussi manifeste pour tous» (v. 9), ainsi que Jannès et Jambrès ne purent in­définiment s’opposer à Moïse, le serviteur de Dieu.

L’apôtre Paul (v. 10,11), après cela, attire l’attention sur la raison de la confiance qu’avait Timothée en lui, Paul, comme fidèle docteur des vérités divines, disant: «Pour toi, tu as suivi de près [«tu as pleinement compris» (D.)] mon enseignement, ma con­duite, mes résolutions, ma foi, ma douceur, ma charité, ma constance, mes persécutions, mes souffrances, celles qui me sont survenues à Antioche, à Icone, à Lystre. Ces persécutions, je les ai supportées et le Seigneur m’a délivré de toutes.»

Voilà bien toujours les caractéristiques d’un vrai docteur. Les doctrines sont celles d’un approfondisse­ment complet des Ecritures pour en tirer des con­clusions harmonieuses et convaincantes. Sa conduite sera en harmonie avec ce qu’il professe; ses résolutions sont d’édifier l’Eglise dans la très sainte foi. Sa foi est claire et positive; elle ne consiste pas en simples conjectures, mais en connaissance basée sur la ferme parole de Dieu. Et son grand amour pour l’Eglise sera manifeste, comme le fut celui de Paul et de Moïse pour Israël, par la douceur et la patience à endurer des persécutions à la fois du monde et des faux frères s’élevant du sein des enfants de Dieu. Aucun vrai docteur n’échappera à de telles persécutions: «Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés» (v. 12). Tous les vrais docteurs que Dieu a suscités pour instruire, délivrer et guider son peuple — tels que Noé, Moïse, Paul et les ré­formateurs — en savent quelque chose.

Cependant, bien aimés, dans ces temps périlleux — quand l’erreur apparaît sous ses formes séduisantes et pernicieuses, quand elle trouvera ses plus actifs agents parmi des frères et sœurs de votre milieu, et quand la fidélité à la vérité exigera de rompre les plus tendres liens qui vous unissaient avec quelques-uns, en la compagnie desquels vous alliez jadis bras dessus

101 Juin 1911

bras dessous à la même réunion — écoutez et suivez bien le conseil de l’inspiré et fidèle frère Paul: «Toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as la certitude, sachant de qui tu les as apprises» (v. 14). Car il est écrit (Jean 6 : 45): «Ils seront tous enseignés de Dieu».

Quel qu’ait pu être celui dont Dieu s’est servi pour vous amener à la connaissance de la vérité, il a été simplement un doigt indicateur pour vous aider à comprendre les Saintes Ecritures; et en toute humilité et sincérité il ne prétendit pas à plus, vous assurant que les saintes lettres (auxquelles il vous a toujours renvoyé): «peuvent vous rendre sages à salut par la foi en Jésus-Christ»; et que: «Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour con­vaincre, pour redresser, pour corriger dans la justice: afin que l’homme de Dieu soit accompli. étant entière­ment formé pour toute bonne œuvre » (L.) — 2 Tim. 3: 15—17.

La précieuse vérité est le message de Dieu.

Par conséquent, bien aimés, ce que vous avez appris du glorieux «Plan des Ages» de Dieu et de votre place privilégiée dans ce plan, comme héritiers de Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ, son Fils, et des conditions grâce auxquelles vous pouvez finalement atteindre à la réalisation de ces précieuses promesses; et ce que vous savez de la doctrine fondamentale de notre rédemption du péché et de la mort, par le précieux sang de: «l’homme Christ Jésus qui s’est donné lui-même en rançon pour tous», fait sur lequel toute la structure du merveilleux et glorieux plan repose, demeurez fermes dans ces choses, sachant de qui vous les avez apprises. Cette précieuse vérité est, non pas le message de l’homme, mais celui de Dieu. Jamais une telle sublime et glorieuse espérance n’aurait pu entrer dans l’esprit du mortel, si Dieu ne l’avait révélé par son Esprit, comme il l’a fait par la foi en sa Parole. Cherchez et considérez pour vous-mêmes, et ne soyez pas sceptiques, mais croyants. «La vérité présente» (de l’Aurore du Millénium) ne vous vient pas par la misérable autorité de vaines imaginations, de songes, de visions douteuses, mais par l’autorité de la très sainte et authentique parole de Dieu. Il est vrai qu’elle est presque trop bonne pour y croire, mais ça ne ressemble-t-il pas à Dieu? Ne présente-t-elle pas glorieusement le souffle de ses pensées élevées, l’étendue de sa merveilleuse sagesse, la puissance et la profondeur de son amour et de sa grâce?

Continuez donc dans les choses que vous avez apprises et dont vous avez été convaincus (quand vous les aviez examinées vous-mêmes par les Ecritures); ne soyez pas de ceux qui détournent les oreilles de la vérité pour croire aux fables et au spiritisme. Et en remarquant ceux qui ont une apparence de piété, mais qui au fond, par leur fausse doctrine, en renient la puissance, méfiez-vous-en et éloignez-vous d’eux. «Ne vous associez pas aux œuvre s stériles des té­nèbres ; faites mieux: condamnez-les ouvertement» (St.).

Nous ne pouvons servir deux maîtres; nous ne pouvons épouser à la fois la cause de la vérité et celle de l’erreur. Nous ne pouvons rester les amis de Dieu et des syndicats d’erreur. Qui est du côté de l’Eternel? Qu’il se rallie autour de l’étendard du Seigneur. Tout bien dit, ils ne seront qu’un «petit troupeau». Comme la troupe de Gédéon, la petite armée rassemblée maintenant par le message de la moisson doit être éprouvée, criblée jusqu’à ce que seulement les fidèles, sincères, braves et vaillants soldats de la croix restent; ce sont eux, malgré leur petit nombre, qui recevront les lauriers de la victoire quand la vérité et la justice définitivement prévaudront. Que personne ne se vante du grand nombre. Les plus hauts intérêts des élus sont réservés au petit troupeau fidèle auquel il a plu au Père de donner le Royaume.

,La (septième) trompette résonne: debout vaillants soldats!

L’immortelle couronne est le prix des combats.

Si l’ennemi fait rage, soyez fermes et forts:

Redoubles de courage s’il redouble d’efforts.»