— 2 Tim. 4: 1-18. —
« Car pour moi vivre c’est Christ; et mourir un gain.» — PhiL 1, 21.
C’est bien d’un cœur pur et saint que sortent ces paroles: Pour moi vivre dans le monde, en tant que membre du Christ encore dans la chair, consiste à me sacrifier, me donner entièrement pour la cause de la justice, de la vérité. De fait, si Paul avait dû mourir au moment ou il écrivit cela, c’eût été pour lui un gain, un repos de ses peines en attendant le glorieux matin de la résurrection. Evidemment, en ce qui concerne le développement du caractère, il était accompli; il a lutté jusqu’au bout fidèle et vainqueur. Par la grâce divine il demeura quelques années de plus dans la chair afin de pouvoir servir davantage le « petit troupeau » du Seigneur — y compris nous-mêmes qui sommes venus plus tard à la lumière du monde. Il écrivit donc aux Philippiens, en l’an 62, quand certaines circonstances faisaient croire à sa mort imminente.
Quatre années plus tard, en l’an 66, St. Paul écrivit sa dernière épître à Timothée qui avait alors la charge pastorale de l’église d’Ephèse. L’empereur Néron montrant plus d’hostilité que jamais contre les chrétiens, les circonstances laissaient entrevoir que Paul subirait le martyre avant qu’il soit longtemps. Le grand apôtre appelle Timothée son ex enfant bien aimé dans l’Evangile. Il avait évidemment une confiance sans bornes en lui et voyait en son cher Timothée une sorte de successeur pour la direction générale de toutes les
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assemblées! Aussi est-ce à lui qu’il écrivit les paroles solennelles sous considération — des avertissements spéciaux, des recommandations et prophéties concernant l’avenir de l’Eglise.
On doit prêcher l’Evangile, la bonne nouvelle du Royaume et rien d’autre — et cela « en toute occasion, favorable ou non ». St. Paul tenait à ce que l’Eglise soit pénétrée de la pure et saine doctrine; la grande « apostasie » (2 Thess. 2: 3), dont parle aussi le Seigneur(Matth. 24), il l’a voyait s’approcher menaçante, arriver immédiatement après sa mort. La volonté de Dieu n’est pas de convertir le monde, mais d’appeler hors du monde une Eglise qui sera glorifiée avec le Rédempteur lors de son apparition et de son règne. L’occasion pouvait se présenter pour Timothée de « reprendre, censurer et exhorter », toutefois: « avec toute douceur et en instruisant ». Il était bon d’insister sur la fidélité à un moment ou l’on sentait le temps venu pour ainsi dire ou la saine doctrine ne serait plus appréciée, pas même supportée plus longtemps par la chrétienté.
Le combat, la course, la fol et la couronne.
La raison de cette déviation serait due à une disposition peu satisfaisante du cœur dans l’église, à un manque de foi dans les directions du Seigneur: « des oreilles qui démangent », un esprit superficiel et matérialiste. On chercherait des docteurs sachant chatouiller agréablement les oreilles. On trouverait son plaisir dans l’art oratoire, le beau style et la rhétorique plutôt que dans la vérité. On trouverait justement les docteurs qu’on chercherait, ceux qui détourneront de la vérité les croyants pour les tourner vers les fables. Timothée succombera-t-il à une telle influence ? Paul ne le pense pas: « Sois donc sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’œuvres d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service [au Seigneur], car pour moi (Paul), je sers déjà de libation et le temps de mon départ est arrivé. » — D. —v. 5 et 6.
Ce n’est pas pour se vanter, mais pour encourager Timothée que St. Paul écrit: « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Au reste, la couronne de la justice m’est réservée; le Seigneur, le juste Juge, me la remettra en ce jour-là; et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé son apparition (v. 7 et 8). Quel beau témoignage au couronnement d’une vie noblement vécue, ou plutôt généreusement sacrifiée! Fidèle image de Jésus, d’une vie laissée pour les frères! Il souffrit pour la cause de Christ, en serviteur de son Maître et Seigneur. Quel grandiose et magnifique exemple nous avons là, nous qui cherchons à suivre le même chemin étroit! Sans doute nous pouvons avoir beaucoup moins d’occasions de sacrifier et de servir le Seigneur, mais il apprécie et compte à chacun selon son cœur et ses intentions. Celui qui est fidèle dans les petites choses le serait aussi dans les grandes. Celui qui n’est pas fidèle dans les petites choses, ne donne aucune assurance qu’il le serait dans les grandes choses.
Le secret pour St. Paul d’un travail si colossal et si fécond, il le trouve dans l’approbation divine qui sera manifestée par une participation à lui accordée dans la « première résurrection » (Phil. 3: l0). C’est là la couronne de justice — la gloire, l’honneur et l’immortalité, l’association avec Christ dans son royaume millénaire. Il se savait éperdument consacré au service du Seigneur et il savait que « Dieu n’est pas injuste pour oublier son œuvre et le travail de l’amour » (Hébr. 6:10). Il ne s’attendait pas pour cela à être récompensé à sa mort, mais « en ce jour-là » — A l’aurore du jour des mille ans, au matin du grand « dernier jour », du jour de la résurrection. Alors, le Sauveur, le Chef (et son Eglise avec lui) donnera à chaque membre fidèle une pleine et surabondante récompense — non seulement à Paul, mais à tous ceux qui de la même manière auront aimé son apparition — sa manifestation dans le Millénium de gloire.
Le nombre des croyants qui aiment la révélation de Jésus dans la gloire du Royaume est comparativement très petit. Beaucoup préfèrent que Christ retarde sa venue, ils ont à ajouter une ferme, une propriété à l’autre, à augmenter leur bien mobilier et immobilier et surtout à s’amasser de l’argent. De tels sentent instinctivement que le Roi de gloire n’approuverait pas la plupart des méthodes au moyen desquelles ils désirent augmenter leur fortune. D’autres ne sont pas plus préparés, par suite de plans de famille. D’autres encore sont imbus de théories tellement anti-bibliques qu’ils attendent les bénédictions futures d’une toute autre origine que par le second avènement de Christ et l’établissement de son royaume.
L’apôtre dit, ailleurs, qu’il ne combat pas à la manière charnelle. La nouvelle créature en lui combattit contre sa chair et eut le dessus sur son corps périssable. l’assujettissant de plus en plus à son nouvel esprit. Il reconnaissait Satan comme « le prince de ce monde » et les anges déchus comme ses assistants, il savait et enseignait qu’ils étaient pour beaucoup la cause des iniquités qui prévalent sur la terre —qu’ils égaraient les hommes dans de fausses doctrines et pratiques. Il ne blâmait pas tant les gens que l’ignorance et l’aveuglement par lesquels Satan les conduisait: « Le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence des incrédules, afin qu’ils ne vissent pas briller la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ » (2 Cor 4 : 4). St. Paul reconnaissait l’esprit de l’erreur et du monde, tout en lui résistant en lui-même il cherchait à inciter tous les frères à combattre comme lui, le bon combat contre toutes les influences, doctrines et pratiques pernicieuses.
Paul avait achevé Sa course. Comme chrétien il reconnaissait qu’il avait certaines leçons à apprendre à l’école de Christ, que cela faisait partie de sa course préparatoire à la cohérédité avec Jésus des gloires du Millénium. La course ne consiste pas seulement en doctrines, mais aussi en pratiques — il vivait ce qu’il enseignait. Il prêchait Christ non seulement par ses paroles mais aussi par ses actes, il devint un coparticipant des souffrances du Christ dans le temps actuel. Il lui fut donné d’entrer profondément dans la connaissance du mystères du plan de Dieu, caché au monde. Il s’était acquis toutes les instructions scripturaires et sagesses divines possibles en son temps. Il lui était même accordé de servir comme ambassadeur de son Rédempteur et Seigneur et comme apôtre pour les frères, l’Eglise. De plus, il était pénétré du fait que tous ceux qui devenaient des membres du corps de Christ sont sous la surveillance divine à tel point que leur temps et tout ce qui les concerne —les affaires (le la vie au matériel et au spirituel —
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sont dans les mains de Dieu. Comme Jésus ne pouvait mourir avant que son heure ne fût venue, ainsi en est-il avec ses membres consacrés.
Il a gardé la foi et la foi le garda. Beaucoup ne se rendent pas assez compte de l’importance de la connaissance et de la vraie foi. L’Eternel dit (Osée 4: 6): « Mon peuple périt faute de connaissances ». La foi ne peut conserver la paix qu’avec la connaissance; car la foi doit avoir une base. Une vie correcte dépend beaucoup d’une foi éclairée. La raison pour laquelle nos ancêtres des siècles de ténèbres se haïssaient, se torturaient et s’entre-tuaient d’une manière vraiment diabolique, c’est qu’ils étaient régis par l’erreur. De fausses doctrines appelées « doctrines de démons » leur furent présentées, ils y crurent et la résultante fut une fausse croyance une foi erronée génératrice de mauvaises œuvres. Croyant que Dieu s’était proposé de torturer en un purgatoire et un enfer de feu ses créatures, et cela pendant des siècles et des millions d’années, ils voulurent l’imiter dans cette vie déjà et purent commettre ces horribles choses d’inquisitoriale mémoire.
Mais St. Paul avait gardé la vraie foi — «transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude v. 3) — la foi dans le sacrifice du Rédempteur, la foi dans son application en notre faveur, dans notre justification par ces mérites de Christ, dans les glorieuses promesses de la Parole; la foi dans le Seigneur, dans les frères. Ainsi garder la foi signifie beaucoup; d’autant plus que nous reconnaissons que l’adversaire est toujours sur le qui-vive pour nous en détourner, l’affaiblir, la mutiler ou nous la ravir.
La couronne mentionnée, l’apôtre l’avait vue par les yeux de sa foi depuis longtemps comme une partie des promesses de l’Eternel. Il avait une confiance absolue dans les promesses du Seigneur. Depuis bien longtemps il se réjouissait en vue de cette couronne, non pas par orgueil ou ambition, mais par bonté et bienveillance. Il aimait recevoir cette couronne parce que ce lui serait une marque d’appréciation et d’amour divins une preuve de sa fidélité. Il l’estima parce qu’elle lui fournirait des occasions inouïes de bénir ses semblables, quand pendant le Millénium il serait sur le degré de gloire associé avec son Seigneur et les frères vainqueurs.
Il s’attendait à cette couronne mais n’espérait pas la recevoir à sa mort. Il savait ce que la Bible enseignait au sujet de la résurrection — que c’était là ce que Dieu avait préparé pour communiquer ses bienfaits à l’Eglise d’abord et subséquemment aussi au monde. Il enseignait qu’il y « aura une résurrection des justes et des injustes » (Actes 24: 15). Il désirait participer avec son Sauveur à tout son glorieux travail du Royaume, mais il savait que cela ne pouvait commencer avant la consommation du siècle chrétien, avant que toute l’Eglise élue, comme membres de l’épouse de Christ n’ait participé à « sa résurrection à la gloire, à l’honneur et aux glorieux privilèges du Royaume. »— Phil. 3: 10, 11.
C’est ce que l’apôtre ,veut dire par la déclaration que la couronne lui est réservée — l’attendant non pas à sa mort mais à sa résurrection. Cette couronne le Seigneur la lui donnerait en ce jour-là, à lui et à tous ceux qui auront aimé et apprécié la manifestation de son second avènement. Il est certain que peu aiment la parousie [présence] du Seigneur.
La plupart des gens du monde et chrétiens cherchent mais ne trouvent pas dans les plaisirs, les richesses et les honneurs terrestres de quoi satisfaire certaines de ces ambitions qu’ils voudraient voir se réaliser d’abord, pour pouvoir ensuite désirer l’établissement par le Seigneur de son royaume. Le contraire cependant arrive, ils consacrent tant de temps en poursuivant la satisfaction de leurs visées terrestres qu’ils deviennent toujours plus déçus et confus et généralement s’éloignent plutôt du Royaume.
La classe seule imitant Paul recevra la couronne. Mais loué soit Dieu de ce que les autres, au lieu d’être torturés éternellement, seront bénis par leurs frères couronnés. C’est d’eux, du Christ de Dieu que se déverseront les bénédictions de rétablissement pendant le Royaume millénaire. Il adviendra qu’à la fin tous les yeux aveugles en intelligence seront ouverts et tous verront le grand Messie, quoique invisible à l’œil naturel. Alors tout genou ploiera et toute langue confessera à la gloire de Dieu.
St. Paul termine ses exhortations en disant qu’en comparaissant devant Néron, certains en qui il avait pleine confiance l’ont abandonné, mais comme toujours le Seigneur l’assista et le fortifia, et qu’il avait toute confiance en ses soins et en son assistance jusqu’e la fin de la course.