PRIVILEGE ET NECESSITE DE LA PRIERE suite

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(Suite et fin)

NOTRE Seigneur avait prédit ce qui arriverait disant « Pierre je te le dis, le coq ne chantera pas aujourd’hui que tu n’aies nié trois fois de me connaître » (Luc 22 : 34). Après que la nuit de l’épreuve fut passée, Pierre se rappela les paroles de Jésus et étant sorti il pleura amèrement’ (Luc 22 62). S’il n’avait pas agi ainsi, nous ne savons pas ce qui au­rait pu lui arriver. Les pleurs montrèrent que le renie­ment était simplement le résultat de la faiblesse de la chair.

St. Pierre aurait pu prendre une mauvaise attitude. Il aurait pu dire : J’avais le droit de défendre ma propre vie et de ne pas être impliqué dans cette affaire. Il aurait pu entrer ainsi dans une mauvaise condition de coeur; mais son abattement au sujet de cette mauvaise inclination à la préservation de soi-même, prouvait que malgré son triple reniement, il était loyal de coeur envers son Maître. Ainsi en est-il de nous; celui qui résiste à la plus petite tentation fortifie son caractère et devient par cela même capable de résister à de plus grandes.

L’histoire suivante montre admirablement combien il est sage de ne pas entrer en tentation. Un homme qui désirait engager un cocher avait convoqué plusieurs postulants pour l’emploi. Ils furent introduits dans son bureau et il leur demanda : A quelle distance pourriez-vous vous approcher d’un précipice, sans danger d’acci­dent ? L’un dit qu’il pourrait le longer à un pied sans crainte de tomber; un autre pensa qu’il lui serait aisé de s’approcher en toute sûreté à six pouces du bord; et ainsi de suite. Finalement, un homme qui avait écouté les autres en silence, dit : « Je ne sais à quelle distance du bord du précipice je pourrais conduire la voiture en toute sûreté, mais je sais que je m’en tiendrai aussi éloigné qu’il me sera possible de le faire. » La place fut donnée à cet homme.

C’est d’après ce principe-là que nous devons agir; Celui qui se tient le plus loin de la tentation, est du côté sûr. Ceux qui se sentent trop confiants en leur propre force et vont trop près de la ligne dangereuse sont ex­posés à glisser par dessus bord. Prions toujours afin de ne pas entrer en tentation; veillons aussi afin que nous puissions nous tenir hors du danger.

PRIERE POUR LES CHOSES TEMPORELLES

Le dernier soir qu’il passa avec ses apôtres, notre Sei­gneur leur dit : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite » (Jean 16: 24). Il y a indubitablement une bénédiction spéciale pour ceux qui attendent un accomplissement de sa promesse. A une certaine occasion, notre Seigneur dit que le Père céleste est plus disposé à donner le St. Esprit à ceux qui le lui demandent que ne le sont les parents terrestres à donner de bonnes choses à leurs enfants (Luc 11 : 13). Il ne voulait pas dire que nous devons nécessairement em­ployer les paroles : « Donne-nous le St. Esprit », ou que nous devons prier pour une bénédiction de Pentecôte, comme le font quelques amis bien intentionnés, mais il voulait dire que nous devons demander l’esprit de vérité, de bon sens, la sagesse qui vient d’en haut.

Nous ne sommes pas assez sages pour conduire droi­tement nos affaires. Il nous est dit « Si quelqu’un d’entre nous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée » (Jac. 1 :5). Cette sagesse semble nous être spécialement nécessaire, en tant que Serviteurs de Dieu, afin que les paroles de nos bouches et la mé­ditation de nos coeurs puissent être agréables au Sei­gneur. — Ps. 19:14.

Notre Seigneur enseigna ses disciples, leur disant « Ne vous inquiétez donc point et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin »  (Matth. 6 : 31, 32). Ces paroles semblent signifier que nous devons être différents des gens du monde; ceux-ci seraient prêts à prier pour toutes les bénédictions imaginables — nourriture variée, maisons, argent, et quoi encore ! Ils ne peuvent pas prier pour obtenir des choses spirituelles, car ils n’ont aucune ap­préciation de tels dons. Ne leur ressemblons pas.

Pourquoi donc, notre Seigneur dit-il dans sa prière « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien? Ceci est une chose très différente d’une spécification dans la prière. Le Seigneur a promis que, si nous sommes fidèles, le pain et l’eau nous seront assurés (Es. 33 :16). Nous ne serons pas négligés. Il est très convenable que nous reconnaissions le Seigneur comme le donateur de tout bien. Selon sa promesse, nous avons recours à lui pour nous donner la nourriture et le vêtement. Quoi que ce soit que nous ayons, nous reconnaissons notre dépen­dance du Seigneur et nous ne demandons rien au delà de ce qu’il donne.

Plus nous avançons en développement spirituel, moins nous nous sentons le droit de prescrire quoi que ce soit

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au Seigneur, plus grande est la confiance que nous avons en sa sagesse, et plus nous avons de foi en ses promesses. Ce que nous devons faire est tout au plus de lui mentionner ses promesses pour les provisions tempo­relles et l’assurer de notre confiance en elles. Nous pou­vons être convaincus que le Seigneur qui nous a appelés pour être ses disciples, nous garde sous sa surveillance et veillera à ce que toutes choses concourent à notre bien. S’il nous appelle à être membres du corps de Christ, ni le manque de nourriture, ni aucune autre chose ne peut nous enlever la pleine occasion d’affermir notre vocation et notre élection.

On peut dire de ceux autour desquels l’ange de l’Eter­nel campe (Ps. 34: 7) qu’ils ont une vie agréable. Le Seigneur dirige son Eglise, donc, pensez-vous qu’il per­mette la perte de notre vie par un accident ou une maladie avant que nous ayons eu le temps de remplir les conditions de son invitation ? Sûrement, non ! C’est pourquoi, « l’homme ne vivra pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Matth. 4: 4). Nous avons confiance dans les promesses de Dieu. Il accomplira son dessein divin en nous, si nous demeurons en lui, si ses paroles demeurent en nous et si nous sommes fidèles dans l’obéissance.

L’éditeur (du «  Watch Tower » — de ce journal) ne se rappelle pas d’avoir, depuis son enfance, prié le Seigneur au sujet de la force physique ou de la santé. Il a connu des temps où sa force physique n’était pas grande et où il y avait des occasions de servir le Seigneur qui sem­blaient demander plus de forces qu’il n’en avait. Alors il prit plaisir à aller devant Dieu en prière, lui disant qu’il avait l’assurance que les forces nécessaires et toutes les choses que le Seigneur considérait comme utiles pour lui, lui seraient procurées; que s’il voyait qu’il ne serait pas à même de faire une oeuvre satisfaisante, il ferait quand même sa part et laisserait le reste entre les mains du Seigneur, sachant que, quoi que ce soit qu’il permette, ce serait, pour lui, la meilleure expérience.

Cette voie a toujours été la bonne voie. Pendant quarante années de service actif, il n’a jamais manqué une réunion à cause d’un manque de force, bien qu’il y ait eu des moments où ses amis lui dirent : «  Il n’y a pas possibilité que tu parles ce soir! » Sa réponse fut invariablement : « Si le Seigneur me donne la force, j’irai à la réunion, et je mettrai ma confiance en lui pour avoir la force de parler. » Une fois il faillit s’évanouir sur l’estrade, mais la grâce qui suffit a toujours été sa portion. Tant qu’il reste de ce côté du voile, il se pro­pose de parler toutes les fois qu’il en aura l’occasion, à moins qu’il ne soit incapable de le faire. Il est sûr que, si le Seigneur lui donne l’occasion de parler, il lui four­nira aussi la force nécessaire pour le faire.

SUJETS CONVENABLES POUR LA PRIERE

Lorsque nous nous rappelons que St. Jacques dit à quelques-uns de son temps : « Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal » (Jac. 4 : 3), nous sentons que nous devons faire attention à ce que nous demandons. Notre Seigneur enseigna à ses apôtres qu’il est très important de demeurer en lui et de veiller à ce que sa parole demeure en nous, si nous voulons que nos prières soient exaucées. Il a dit: « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé » (Jean 15 : 7). En d’autres termes, les prières faites selon la volonté du Seigneur seront exaucées, mais celles qui sont contraires à sa volonté ne le seront pas.

Prier égoïstement pour les choses de la terre ne serait pas une vraie prière. Beaucoup de chrétiens ont une manière mandataire de dire au Seigneur ce qu’ils aime­raient qu’il fit pour eux — que tant de gens lui soient convertis à une réunion, que cette réunion soit ainsi fa­vorisée, etc. Nos prières doivent être faites suivant de plus hauts idéals que ceux-là. Les biens temporels doi­vent être présentés d’une manière casuelle. Nous devons avoir le désir de vivre d’une manière telle qu’elle plaise au Seigneur et nous devons être reconnaissants pour tout ce que sa providence peut nous donner — soit beaucoup ou peu.

On croit généralement que prier pour quelque chose que Dieu est disposé à donner est parfaitement conve­nable. Nous pouvons prier pour le St. Esprit, pour plus d’amour, plus de douceur, plus de patience, plus de sa­gesse d’en haut. Nous pouvons prier pour que toutes ces choses concourent ensemble à notre bien, car Dieu a promis que cela serait ainsi. Nous pouvons prier pour que le Seigneur nous dirige et il est bien de le faire, mais nous ne pouvons pas lui dire ce qu’il doit faire, car nous n’avons aucun moyen de connaître quelle est sa volonté dans les choses en général.

Notre Seigneur ne priait pas d’une façon mandataire. Dans ses requêtes, il disait : « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite » (D). Je n’ai pas de volonté qui m’est propre, car j’ai offert ma volonté et je désire que ce soit ta volonté qui se fasse. C’est une prière de pleine soumission. Cela ne veut pas dire que notre Seigneur ne priait pas avec foi, ni qu’il n’obtenait pas ce qu’il désirait, cela signifie qu’il désirait appren­dre la volonté du Père et il apprit que le Père voulait qu’il boive la coupe de souffrance jusqu’à la lie.

Si nous sommes soumis, nos prières deviendront de plus en plus des messages d’actions de grâce. Nous dési­rerons de plus en plus marcher sur les traces du Maître, nous désirerons que sa volonté soit faite en nous plu­tôt que toute autre chose. Chaque chose sera selon son plan qu’il accomplira et qu’il ne changera pas plus pour nous que pour quelqu’un du monde. Ceux qui ont atteint ce développement de vie chrétienne comprendront qu’il n’est pas nécessaire de prier pour que Dieu sauve celui-ci ou celui-là, car n’a-t-il pas promis de sauver tous les humains qui s’approcheront de lui par la méthode qu’il a établie.

Considérez le cas de Saul de Tarse. Il cherchait à faire la volonté de Dieu, mais il était aveuglé. Après que Dieu eut ouvert ses yeux à la réalité, il avança dans le bon chemin. C’était un homme saint aussi bien avant qu’après avoir reçu la vérité, mais la lumière qu’il reçut, lui enseigna mieux comment faire la volonté de Dieu. S’il n’avait pas été un vase choisi du Seigneur il n’aurait pas fait une telle expérience, mais il aurait plutôt été traité, comme le fut Simon le magicien.

RÉPONSE A LA PRIÈRE RETARDÉE POUR NOTRE BIEN

Chez certains chrétiens agonisant en prière, la lutte avec Dieu comme celle de Jacob avec l’ange, est très à la mode. Fréquemment, ceux-ci prient tant qu’ils n’étu­dient pas, et cela à leur désavantage. Les Ecritures nous enseignent à étudier, à nous présenter approuvés à Dieu (2 Tim. 2:15. D.), non à chercher à obtenir quel­que chose d’une manière miraculeuse, mais plutôt à l’ob­tenir d’une manière intelligente. Les gens qui prient de cette manière agissent quelque peu comme le firent les prophètes de Baal au temps d’Elie. Ces hommes couraient le long de l’autel, se faisant des incisions avec des pierres, en invoquant leur dieu pour consumer le sacrifice. —1 Rois 18: 26-29.

Le prophète Elie était au contraire très calme. Il ado­rait un Dieu intelligent qui n’avait pas besoin que l’on poussât des cris pour attirer son attention. Lorsque le moment fut venu pour Elie de prier, il le fit, usant de peu de mots, mais allant droit au but. — 1 Rois 18 : 36-38.

Il y a, dans ce récit, une leçon pour les chrétiens. Ceux qui comprennent mal le caractère et le plan divins en général, prient pour des choses pour lesquelles ils ne devraient pas prier, et négligent de prier pour les bonnes choses. Si nous demeurons dans le Seigneur et que ses paroles demeurent en nous, nous connaîtrons ce que

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nous devons demander, et nous serons si attentifs à ce que nous demandons que nous ne formulerons pas mal notre prière.

S’il semble à quelqu’un que sa prière n’a pas de ré­ponse, il ne doit pas se décourager et cesser de prier. Notre Seigneur dit que nous devons prier et ne pas nous relâcher (Luc 18: 1-8). Notre Père céleste veut nous amener dans une telle condition de coeur que nous puis­sions apprécier sa bénédiction. C’est peut-être la volonté de Dieu de ne pas répondre de suite pour notre plus grand bien.

Il y a plus de trois mille neuf cents ans que Dieu a promis à Abraham le pays de Canaan et qu’en sa pos­térité toutes les familles de la terre seraient bénies. Cette promesse n’est pas encore accomplie (Act. 7 : 5). Pen­dant plus de dix-huit cents ans, l’Eglise a prié, disant « Que ton règne vienne ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Le Seigneur n’a pas encore ré­pondu à cette prière, néanmoins nous devons continuer à prier et à attendre patiemment. Nous avons la foi que Dieu fera ce qu’il a promis. « Attendez-moi donc dit l’Eternel, au jour où je me lèverai. » — Soph. 3 : 8.

Il y a une grande bénédiction en réserve pour tous ceux dont le coeur trouve son plaisir dans la loi de I’Eternel. Nous connaissons ses promesses de grâce. Nous veillons et nous prions; bientôt le Seigneur fera justice à ses élus; à la fin de cet âge, il les délivrera de toutes les oppositions de la chair et de l’adversaire, il les élèvera et leur donnera les bénédictions promises. Alors les prières seront exaucées; en attendant, elles conti­nuent à monter ardemment et avec confiance vers le Père.

Il y a une différence entre dire une prière et prier. Lorsque nous prions, nous devons avoir une requête dé­finie à l’esprit, afin de pouvoir attendre intelligemment une réponse. Un frère scrutait soigneusement ses pensées, paroles et actions afin de découvrir quel trait de son caractère avait le plus besoin d’être édifié: il conclut qu’il avait besoin de patience. Quelque temps après, il écrivit : « J’ai été étonné de ce qui m’est arrivé. J’ai prié pour plus de patience, mais mes épreuves furent telles que ma patience devenait réellement moindre. Cependant, depuis peu je commence à voir que c’est de cette ma­nière que le Seigneur répond à ma prière lui demandant d’augmenter ma patience et qu’il permet ces épreuves dans le but même de développer ce trait de caractère en moi. »

Cette expérience est d’accord avec l’injonction de l’apôtre « prenez toutes les armes de Dieu » (Eph. 6:13). Quelle que puisse être notre prière, nous devons veiller pour nous rendre compte du moyen par lequel le Seigneur répond à nos demandes. Cette attitude de notre part dé­montrera notre foi, notre confiance et notre fidélité. En retour notre foi sera fortifiée. Ainsi nous plairons au Seigneur à cause de notre confiance en lui. Il connaît le chemin que nous prenons mieux que nous ne le connais­sons nous-mêmes. Donc, si dans notre vie, il nous arri­vait quelque chose que nous n’avions pas prévu, nous devons penser : « Il y a là, pour nous, une leçon de pa­tience, d’obéissance a apprendre. »

C’est le privilège de ceux qui font partie du peuple du Seigneur, de demander afin d’avoir leur joie parfaite. Nous avons cette joie et la «  paix de Dieu qui surpasse toute intelligence »; ainsi nous nous réjouissons grandement dans l’espérance des glorieuses choses que le Père a en réserve pour nous et que le St. Esprit révèle par la parole. Le chrétien joyeux, c’est le chrétien reconnaissant; le chrétien reconnaissant est celui qui fait le meilleur emploi de sa vie. Parce qu’il se sera exercé à la recon­naissance du coeur, il sera préparé pour le Royaume. Autant que nous le savons, ceux qui sont moins recon­naissants peuvent parvenir au Royaume, mais les coeurs dépourvus de reconnaissance ne parviendront pas au Royaume.

Le texte : « Priez sans cesse semble être l’équiva­lent de : Ne cessez pas de prier — la requête continue, comme si la personne était dans une attitude d’expec­tative. D’une manière ou d’une autre, cette requête peut attendre une réponse. Cette manière de voir est réalisée dans les tribunaux. Il est d’usage dans certains cas de s’adresser à la cour, de dire que les solliciteurs deman­dent le bénéfice de telle ou telle circonstance atténuante. Cette requête peut être retirée ou maintenue. Ainsi en est-il dans les prières que nous faisons au tribunal céleste. Nous avons fait notre demande; si elle est digne d’être faite, elle est digne d’être exaucée.

Nous ne devons pas être comme les païens qui pen­sent qu’à force de paroles ils seront exaucés, mais nous devons chercher premièrement le royaume de Dieu. Nos prières doivent être faites en ce sens. Quelles que soient les expériences temporelles que nous fassions, le Père céleste peut considérer qu’elles nous sont utiles pour atteindre les choses célestes de l’Evangile. Nous ne devons pas cesser de prier, bien que nous ne soyons pas liés par une loi de fer. Dieu ne nous a pas com­mandé de prier, parce que c’est une règle établie à laquelle désobéir serait pécher, mais nous croyons qu’il bénira ceux qui demandent. Plus nous sentons notre besoin d’une chose, plus nous l’apprécions lorsque nous l’obtenons. Le Seigneur désire constater que nous appré­cions ses dons parce que nous les demandons fréquem­ment; lorsqu’ils nous sont accordés nous sommes dans une bonne condition pour les recevoir et pour en faire le meilleur emploi.

Nous avons beaucoup de raisons pour rendre grâce —le coeur qui rend grâce se trouvera de plus en plus dans une attitude reconnaissante. D’abord, lorsque nous commençons à rendre grâce, nous le faisons pour les choses les plus agréables, mais, à mesure que notre ex­périence augmente, nous trouvons de la joie à le faire pour les afflictions et les persécutions, car ces expériences affinent nos coeurs et les rendent plus susceptibles de surmonter le mal par le bien — l’erreur par la vérité, l’impureté par la pureté.

Non seulement nous devons prier fréquemment et avec régularité, mais nous devons toujours être dans une attitude de prière. Les enfants de Dieu doivent être dans cette attitude de coeur qui regarde au Seigneur pour obtenir la direction divine dans tous les moments de perplexité et dans toute expérience; de même que l’aiguille aimantée se tourne vers le pôle, nos coeurs doivent se tourner vers le Seigneur. S’il y a des peines, des afflictions ou des difficultés sur notre sentier, nous devons regarder à lui. Si nous avons le privilège de servir le Seigneur, nous ne devons pas nous croire com­pétents pour le service sans nous tourner vers Lui pour avoir de l’aide. En d’autres termes, la prière du chrétien ne doit pas s’élever seulement au commencement du jour, l’atmosphère de la prière doit l’entourer continuel­lement. Ce ne doit pas être un simple devoir, mais la haute appréciation d’un grand privilège.

Ceux qui apprécient le Seigneur ne peuvent pas se passer de ce privilège. Ceux qui l’apprécient se réjouis­sent de pouvoir aller au Père céleste nombre de fois en un jour. Nous conseillons à tous ceux qui cherchent à marcher dans le sentier étroit, de ne pas oublier ce privi­lège. Dans leur famille ou dans leur chambre avec ceux qui vivent avec eux, la prière doit être faite dans une forme raisonnable et convenable, selon ce qui, d’après leur meilleur jugement, est agréable au Père; la prière ne doit être en aucun sens, une importunité.

LA FOI FORTIFIÉE PAR LA PRIÈRE

Pour ce qui est de savoir exactement combien les prières de quelqu’un peuvent profiter à un autre, nous

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ne le pouvons pas. Nous n’avons pas d’information suf­fisante pour philosopher très profondément sur la chose. Nous pouvons soupçonner certaines influences mentales procédant d’une personne et passant à une autre, exac­tement de la même manière que des influences électri­ques vont d’une station à une autre, de laquelle elle est séparée par des milliers de kilomètres. Les puissances de la pensée sont une chose qui n’est pas comprise. Nous pouvons nous influencer nous-mêmes, et, à un certain degré, influencer quelqu’un d’autre. Notre pensée peut influencer une autre personne, sans une parole, par quel­que pouvoir de télépathie. Quant à la raison pour la­quelle Dieu le permet et donne des bénédictions en réponse à la prière, nous ne la savons pas. Il ne nous est possible que de philosopher, de conjecturer sur ce point.

Si nous sommes à l’école de Christ, nous y sommes pour être enseignés, pour apprendre certaines leçons en ce qui concerne la vie. Une de ces leçons est d’avoir une foi pleine, parfaite en Dieu — une confiance abso­lue. Une telle confiance est exercée par nos prières pour nous-mêmes aussi bien que pour les autres et elle est cultivée par nos prières; il plaît à Dieu de bénir ces prières, de cultiver et de fortifier ainsi notre foi. Dieu ne laisserait pas quelque travail important non accompli si nous manquions de prier à ce sujet. Il ne nous répon­drait pas non plus pour la seule raison que nous atten­dons l’exaucement à un certain moment, mais les béné­dictions peuvent venir d’une source ou d’une autre, Dieu est tout a fait à même de diriger une affaire de manière qu’elle puisse répandre ses bénédictions, soit par notre coopération et nos prières, soit sans cela.

Nous avons raison de croire que lorsque nous prions pour les autres, nos prières leur sont profitables. Nous avons connu des cas où les prières furent exaucées très remarquablement. La parole du Seigneur semble incul­quer cette foi en nous. Le peuple de Dieu a été un peuple de prière et est un peuple de prière.. Nous ne pouvons pas imaginer que quelqu’un puisse être un fer­vent disciple de Christ sans la prière.

POUR QUI POUVONS-NOUS PRIER MAINTENANT?

Nous comprenons que prier pour la santé pendant l’âge de l’Evangile n’aurait pas été à propos et que les premières guérisons de l’âge ne furent accomplies que par le moyen du don de guérison, que ce don cessa à la mort des apôtres, après avoir accompli son dessein, que les vraies prières des saints au sujet des maladies, ont été celles offertes pour le pardon des péchés —dont la guérison suivait comme résultat. Nous savons aussi que, comme l’âge millénaire pointe, — empiétant sur l’âge évangélique qui se termine — nous devrions nous attendre à ce que la guérison et le rétablissement général commencent à être manifestés à peu près comme nous le voyons. Cela nous conduit à demander dans la lumière de l’examen précédent des enseignements de la Bible et dans la lumière de notre position actuelle, dans l’aurore du Millénium, pour qui nous pouvons prier ?

Nous répondons que les saints ne peuvent pas vrai­ment prier maintenant pour leur propre santé, pas plus que ne le pouvait leur Maître. Ils ne peuvent pas demander les privilèges de rétablissement qu’ils ont sa­crifiés, ils ne peuvent pas non plus demander que leur sacrifice soit annulé, que tout le prix de fatigue, d’épui­sement, de coups ou de maladie en soit miraculeusement enlevé. Lorsqu’ils comprennent que leurs afflictions sont des punitions pour les péchés, ils peuvent se sentir libres de confesser leurs péchés les uns aux autres et de prier Dieu pour obtenir le pardon. Ils peuvent ainsi être guéris.

Les saints qui demeurent en Christ et en qui ses pa­roles demeurent, peuvent prier pour d’autres que pour eux-mêmes, surtout parce que nous sommes maintenant dans le commencement «  des temps de rétablissement »; ils peuvent le faire dans les cas où ils sont sûrs que leur but n’est pas la glorification d’eux-mêmes, où leurs désirs pour le rétablissement du malade ne sont pas égoïstes, où ils ont des raisons de croire que la santé rétablie serait consacrée à de bonnes oeuvres et à la gloire de Dieu.

Dans ce cas, nous pouvons, sur demande, prier pour le rétablissement de l’affligé ou de l’arriéré, ne faisant pas partie du petit troupeau des consacrés — les sacrifica­teurs, la sacrificature royale. Néanmoins, même dans ce cas, nous devons toujours dire, comme le Maître: «  Toute­fois, que ma volonté ne se fasse pas mais la tienne » (Luc 22 : 42), quoique notre foi soit forte, ayant la con­fiance que notre demande est bien motivée et est faite en un temps où il plaît à Dieu d’accorder un commen­cement des bénédictions du rétablissement.

Cependant, il n’est pas encore temps d’espérer une guérison générale et un rétablissement complet; cela ne serait évidemment pas logique jusqu’à ce que toute la sacrificature royale ait fini de sacrifier et soit entrée avec son Chef et Souverain Sacrificateur Jésus dans les gloires et les perfections de l’état céleste ou condition typifiée par le Très-Saint.

PRIÈRES POUR LES ROIS ET LES GOUVERNEMENTS

Dans son épître à Timothée, St. Paul dit: «J’exhorte donc, avant toute chose, à faire des prières, des suppli­cations, des requêtes, des actions de grâce pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisi­ble et tranquille en toute piété et honnêteté (I Tim. 2 :1, 2). D’autres passages nous disent clairement que les royau­mes de ce monde ne sont pas les royaumes de notre Seigneur (Luc 19: 11, 12). Ils nous informent d’une ma­nière indirecte que le monde ne comprendrait pas le fait que les affaires du présent ordre de choses sont toutes sous la surveillance et le soin de Satan (Matth. 4 : 8, 9; Jean 14 : 30), que le Seigneur n’établira pas son royaume de justice avant son temps marqué. Lorsque ce temps viendra, tous les rois et les prêtres, tous les peuples le serviront et lui obéiront (Daniel 7 : 27). Son règne sera le désir de tous les peuples.

La Bible nous fait comprendre qu’il est donné aux présents royaumes l’occasion de voir ce qu’ils peuvent faire sous ces conditions (Daniel 2 : 37-44. Lorsque le royaume typique d’Israël fut détruit et qu’il fut donné à Nébucadnetsar, ce fut pour voir ce que ce royaume pouvait faire. Il pouvait être juste ou injuste.

Il en a été ainsi depuis le règne de Nébucadnetsar. Les royaumes sont tous des royaumes païens et non des représentants du royaume de Dieu; ils démontrent diffé­rents principes de gouvernement. Sous ces gouvernements, les humains apprennent des leçons d’expérience qui leur seront précieuses dans l’avenir. Sous ces gouvernements, nous avons vu les hommes luttant pour le droit. Parfois, ils ont été vaincus et parfois victorieux, suivant les cir­constances. Dans les différentes luttes, nous avons vu la justice et l’injustice combattre ensemble; dans tous les cas la politique en est le mobile.

L’humanité a démontré qu’aucun gouvernement établi par l’homme imparfait ne peut aplanir les difficultés qui assaillent les humains. Nous ne pouvons pas abolir le péché et la douleur, les cris et la mort. S’il n’avait été permis qu’à un roi ou à une nation de faire des expé­riences avec notre race, nous n’aurions pas su si d’autres nations n’auraient pas pu réussir si elles en avaient eu l’occasion. Chaque nation cherche, à tour de rôle, à être le pouvoir universel, et chacune prétend être le meilleur gouvernement; par exemple, le gouvernement américain désire donner le meilleur gouvernement aux habitants des îles Philippines et la Grande-Bretagne désire donner le meilleur gouvernement aux peuples de l’Afrique du Sud. Que font les nations et les langues civilisées dans

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les pays moins civilisés? Que peuvent-elles faire pour l’amélioration des conditions? Dans toutes ces contrées, dans tous leurs efforts, ils montrent que l’égoïsme domine.

POUVOIR EMPLOYÉ POUR DES DESSEINS ÉGOïSTES

Les faits prouvent que si une nation avait réellement le pouvoir de bénir les autres, elle ne les bénirait pas sans tirer avantage d’eux. Nos nations civilisées exer­cent leur pouvoir d’une manière égoïste, dans les pays païens, enlevant l’argent de leurs semblables. Au lieu de les conduire à de plus hautes et à de meilleures condi­tions, les choses ont généralement été dirigées sur une base commerciale. Ces peuples qui ont plus ou moins tiré avantage des autres, dans leur extrémité et leur be­soin, et ceux de qui on a tiré profit en les prenant par la crainte, apprendront tous, indubitablement, quelques bonnes choses par ces expériences.

Dieu permet aux nations d’apprendre ces différentes leçons, avant d’établir son royaume en grande puissance et en grande gloire. Lorsque son royaume sera établi, le contraste entre son gouvernement et tous ces autres gou­vernements sera si marqué que tous verront qu’ils ont beaucoup à apprendre. Ceux qui souffrent de l’injustice, seront les mieux préparés pour apprécier le meilleur gouvernement lorsqu’il viendra.

En attendant, ceux du peuple de Dieu, qui sont appelés pour être membres du corps du Messie, ne sont pas en­seignés à dire: « Ces royaumes ne font pas bien et notre royaume le démontrera. » Au contraire, nous devons pro­noncer des paroles encourageantes: « Notre nation fait à peu près le mieux qu’elle peut faire; à mesure qu’elle devient plus intelligente, elle lutte pour obtenir un meil­leur gouvernement. »

SYMPATHIE POUR CEUX QUI SONT ÉLEVÉS EN DIGNITÉ

Nous, qui appartenons au nouveau royaume, sommes des citoyens dans un pays étranger. Nous voyons que nous sommes plus ou moins influencés par l’état de choses de ce monde, mais nous sympathisons avec l’humanité, nous sommes heureux de ce qu’une nouvelle dispensation s’introduit. Nous voyons que ceux qui lut­tent pour rendre les choses meilleures, ont une tâche herculéenne. S’ils devaient nous la donner, elle absorbe­rait tout notre temps, et sous les mauvaises conditions présentes, nous ne pourrions pas faire mieux qu’eux, nous avons une grande sympathie pour les rois et les princes. Ils font bien de travailler beaucoup malgré le péché régnant dans toutes les directions.

Notre sympathie nous conduit à les considérer avec bienveillance dans nos pensées; nous pouvons demander pour eux la sagesse, mais nous ne devons pas demander à Dieu la guérison pour l’un d’eux. Si nous avons quel­ques moyens de venir en aide à quelqu’un, nous devons employer ces moyens, mais pour ce qui est des résultats, nous devons nous rappeler qu’ils sont entre les mains de Dieu. Nous devons aider de n’importe quelle manière, lorsque nous le pouvons. Nous pouvons demander la bénédiction de Dieu sur les royaumes, mais Il ne nous appartient pas de spécifier.

Nous nous intéressons à ces royaumes, parce que nous nous intéressons à l’humanité en général. Nous désirons vivre une vie paisible et tranquille, afin d’avoir d’autant plus d’occasions pour lire et étudier (1 Tim. 2:1, 2). Nous sommes joyeux si la paix règne sur la terre maintenant; et nous n’avons pas l’intention de que­reller qui que ce soit. Nous devons prier pour les gou­verneurs, car nous ne croyons pas qu’ils ont le coeur noir ou mal intentionné. Peut-être s’efforcent-ils de faire au mieux de leur connaissance, ce qui signifierait le bien de tous. La plupart des monarques de l’Europe ne désirent pas la guerre.

BÉNÉDICTIONS DU TEMPS PRÉSENT

Quant aux gens qui président aux destinées d’un gouvernement merveilleux comme celui de notre propre pays, nous voyons comment ils établissent des gardiens pour surveiller chaque bâtiment qui est érigé, comment ils portent une attention spéciale au service du feu et de l’eau, comment ils veillent à ce qu’il y ait en réserve une provision convenable de combustibles et une eau pure, comment ils prennent soin de la santé générale des villes, pourvoyant à des quarantaines, etc., etc. Ceux qui ont la charge des écoles, de l’éducation, de la jeu­nesse et des hôpitaux, accomplissent une grande oeuvre!

Nous devons reconnaître que notre jour est un jour heureux en comparaison de ce qu’il serait si nous vivions au temps des barbares. Lorsque nous voyons les choses merveilleuses qui sont faites de nos jours, les grands bâtiments, les ponts et autres perfectionnements merveil­leux, nous disons: « Qu’est-ce que l’homme! C’est sûrement une pièce merveilleuse du mécanisme divin! Quelles choses il peut faire, même dans sa condition imparfaite! Et que ne sera-t-il pas capable d’accomplir, lorsque le royaume du Messie sera établi, lequel frappera le dé­sobéissant et détruira complètement ceux qui ne se mettront pas d’accord avec sa règle de justice! »

Nous sommes heureux que les choses aillent aussi bien. Au lieu de critiquer sévèrement les gens qui gou­vernent, nous préférons penser qu’ils sont bien inten­tionnés. Nous pouvons prier pour eux sans arrière p­ensée nous pouvons nous sentir heureux et remercier Dieu que ces hommes prennent soin de nous comme ils le font.

Notre prière à Dieu pour les rois, etc. est qu’il les rende capables de surveiller et diriger les nations suivant ce qui est le plus en harmonie avec ses sages plans, pour la bénédiction et le développement de l’Eglise qui est maintenant choisie; car, bien que Dieu ait abandonné le monde au gouvernement du « prince de ce monde » jusqu’à la clôture des temps des nations, toutefois, Dieu ne lui a pas donné un pouvoir illimité. La colère de l’homme n’anéantira pas le plan de Dieu; il fera que la colère de l’homme tourne à sa louange et tout ce qui ne tournera pas à sa louange, il le réprimera (Ps. 76: 11). C’est ce que l’apôtre avait en vue: demander le conseil et la direction de Dieu sur toutes les choses de la vie et sur les gouverneurs, afin que la piété, la sobriété et la croissance de l’Eglise puissent être conservées.

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