LES OUVRIERS TRAVAILLANT DANS LA VIGNE

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Matth 20:1-16.

Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. — Matth 5 :45

Il est difficile d’interpréter cette parabole pour en faire ressortir tous les enseignements. Le grand Instructeur nous l’a donnée comme une des paraboles représentant le royaume des cieux, c’est pourquoi nous savons qu’elle a trait aux expériences faites par l’Eglise pendant l’âge de l’Evangile. Si nous voulons assimiler les différentes heures dont il est parlé avec les différentes périodes de l’âge évangélique, nous sommes embarrassés, car les apôtres ainsi que d’autres ouvriers appelés pendant la première période de l’âge de l’Evangile ne vécurent pas et ne travaillèrent pas pendant toute la durée de l’ère. Si, d’autre part, nous en faisions une application dans cette hypothèse-là, nous nous apercevrions que seuls, ceux qui vécurent au début de cet âge-ci, reçurent des promesses positives d’une récompense; tous les autres, par contre, reçurent l’assurance qu’ils obtiendraient ce qui serait juste.

En interprétant cette parabole, nous devons faire face a une autre difficulté : comment expliquer les murmures de ceux qui furent appelés les premiers et récompensés les derniers. D’autres passages des Ecritures nous font voir que les apôtres et ceux qui furent appelés les pre­miers pendant l’ère évangélique seront ressuscités avant ceux qui vivront au moment de la seconde venue de Christ. St. Paul dit que ceux qui sont morts en Christ ressusciteront les premiers, puis après, ceux d’entre nous qui vivront en ce temps-là. D’autre part, on ne peut admettre que les apôtres et d’autres membres de l’Eglise primitive élèveront des murmures lorsqu’ils recevront leur récompense.

Toutes ces objections doivent être présentes à l’esprit lorsqu’on cherche à donner une solution à cette parabole et une solution qui soit en harmonie avec les expériences de l’église pendant l’âge évangélique.

Si nous essayons d’appliquer cette parabole aux expériences personnelles des enfants de Dieu, nous restons également perplexes. Si on lui attribue cette destination, nous pourrions dire que ceux dont la vie chrétienne a débuté de bonne heure et qui, au soir de leur vie, ont été reconnus fidèles au service du Seigneur, seraient appelés les premiers et recevraient la promesse d’une récompense. D’autres venant après et n’apportant au service du Seigneur qu’une partie de leur temps, de leurs forces et de leurs talents, nous représenteraient ceux qui n’entendirent qu’un appel ultérieur, pour quel­ques-uns même ce serait l’appel de la onzième heure. Si nous admettons que cette parabole veut dire que tous les ouvriers recevront le même salaire, quelque soit le temps employé au service du Maître, nous nous trouvons, d’autre part, en présence d’une difficulté, par le fait que ceux qui furent appelés les premiers murmurèrent, récla­mèrent et furent mécontents.

Nous sommes persuadés au contraire que tous ceux qui murmureront contre la volonté du Seigneur et les dispositions miséricordieuses et justes qu’il a prises pour ses enfants, ne recevront jamais la récompense au delà du voile, c’est à dire le Royaume. Nous sommes certains que tous ceux qui seront reçus par le Maître avec ces mots « C’est bien »et seront transformés à la résurrec­tion, ne seront certes pas au nombre de ceux qui mur­mureront. Ils se réjouiront, seront heureux et éprouveront le sentiment d’être plus que récompensés pour tous leurs petits services et sacrifices. Comment donc pouvons-nous appliquer cette parabole d’une manière raisonnable et en harmonie avec les enseignements d’autres passages des Ecritures traitant de la récompense accordée à ceux qui obtiennent le Royaume? Nous ne voyons qu’une seule manière d’interpréter cette parabole; elle a trait entière­ment aux expériences de la vie présente de ceux qui constituent la classe de personnes qui désirent obtenir le Royaume, il s’agit tout spécialement de ceux qui vivront à la fin de l’âge de l’Evangile.

Cette parabole a trait partiellement aux juifs

Pendant plus de seize cents ans les Juifs furent dans l’attente de la première venue du Messie et des faveurs bénies qui devaient être apportées simultanément. Lors­que Jésus commença son ministère il prêcha sur le thème « Le royaume des cieux est proche » et accorda aux Juifs le privilège d’y entrer. Ce privilège était un denier constituant leur salaire pour la fidélité qu’ils s’étaient efforcés d’apporter dans l’observation de la loi pendant toute leur vie. Lorsque le Royaume leur fut offert, quelques publicains et pécheurs furent attirés, c’étaient des individus qui, précédemment, avaient négligé de servir Dieu et de travailler dans la vigne « du Seigneur ». Notre Seigneur Jésus accueillit ces nouveaux ouvriers et leur donna la possibilité de devenir ses disciples.

Le privilège d’être un disciple fut le denier ou salaire. Les scribes et les pharisiens qui avaient été fidèles à Dieu pendant toute leur vie estimèrent qu’ils devaient avoir la préférence et passer avant les publicains et les pécheurs et ils murmurèrent contre ces dispositions qu’ils estimaient peu équitables puisqu’elles ne leur accordaient pas les premières faveurs pour entrer dans le Royaume.

Si dans leur pensée les publicains et les pécheurs devaient obtenir le privilège d’être des disciples du Messie, c’est qu’assurément des faveurs plus élevées devaient être réservées à eux-mêmes. Ils murmurèrent en voyant Jésus accueillir les publicains et les pécheurs et manger avec eux.

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Une des paraboles du Maître fut un blâme spécial à l’adresse des pharisiens relativement à leur attitude à cet égard. L’enfant prodigue nous fait voir une classe de juifs qui ne vivent pas d’une manière digne des privi­lèges dont ils jouissent; le frère aîné, par contre, nous représente ceux qui ont toujours cherché a s’occuper sérieusement et activement des affaires du Père. Quelques-uns de ceux qui forment la classe des prodigues reçurent le message de l’amour divin sortant des lèvres de Jésus et de ses disciples, ils revinrent à la maison du Père, furent traités avec affabilité, reçurent les mêmes privilèges de fils que ceux qui ne s’étaient pas égares, mais qui avaient travaillé fidèlement; cela provoqua le méconten­tement de ceux qui formaient la classe des frères aînés. Ces derniers murmurèrent et refusèrent de participer au banquet. C’est ainsi qu’il y eut des personnes qui, après avoir été favorisées les premières, furent les dernières à recevoir les bénédictions; d’autres, par contre, qui furent parmi les derniers et les moindres, saisirent l’occasion de recevoir les bénédictions divines plus tôt et d’une manière plus effective.

CETTE PARABOLE EST AUSSI APPLICABLE AUX CHRÉTIENS

La leçon générale qui se dégage de cette parabole, c’est que nous devrions comprendre que tout ce que Dieu nous offre est un don. Nous devrions entrer à son service avec une fidélité toute d’amour pour ses lois et pour la justice. Si nous avons servi Dieu pendant plu­sieurs années, nous devrions grandement apprécier ce privilège et l’intérêt que nous portons à la cause du Seigneur devrait nous rendre heureux. En appréciant de cette manière le privilège de servir le Maître, nous devrions être heureux de voir l’œuvre du Seigneur se poursuivre, heureux de voir d’autres personnes entrer au même service et heureux de voir qu’ils obtiennent la même récompense à laquelle nous aspirons nous-mêmes. Ceux-là seuls qui possèdent une telle largeur d’esprit, qui savent apprécier le privilège de travailler dans la vigne, qui éprouvent une grande sympathie « pour tous ceux… que le Seigneur notre Dieu appellera », seront qualifiés pour entrer dans le Royaume, seront prêts et en état de recevoir les privilèges spéciaux de connaissances et de faveurs quand arrivera l’heure où le Royaume sera prêt à être proclamé.

Ainsi le Royaume typique fut offert aux juifs au temps de Jésus; ceux qui arrivèrent les derniers au service de Dieu reçurent les mêmes occasions d’avoir part au Royaume que ceux qui travaillaient depuis longtemps; il en sera de même selon toute apparence à la fin de la moisson de l’âge évangélique. Ceux qui se sont efforcés pendant toute leur vie d’être fidèles au Seigneur et de servir sa cause doivent se rappeler que c’est tout autant de bénédictions et de privilèges qu’ils ont eu de plus que d’autres. Si quelques-uns entrent au service de Dieu plus tard, les premiers arrivés devraient se réjouir en compagnie de ces frères serviteurs.

Il est certain que tous ceux qui sont des serviteurs selon la Parole du Seigneur devraient prier le Maître d’envoyer d’autres ouvriers dans la vigne, au lieu de ressentir de la jalousie envers les nouveaux qui y viennent travailler. Une plus grande connaissance de la vérité présente vient maintenant récompenser tous ceux qui travaillent dans la vigne du Seigneur. Ne soyons donc pas surpris si elle est répartie également à ceux qui sont arrivés récemment et à ceux qui ont été longtemps au service du Maître.

Réjouissons-nous plutôt des voies du Seigneur! Que nos cœurs ne s’irritent pas des faveurs de Dieu envers ceux qui sont entrés à son service, même à la onzième heure! Ne sont-ils pas des frères? Conformément à la loi d’or, ne devrions-nous pas leur souhaiter d’avoir part aux mêmes bénédictions que nous? Tout manque de sympathie de la part de ceux qui ont été plus longtemps au service du Maître, serait injuste ainsi que toute manifestation de leur part indiquant qu’ils estiment avoir droit maintenant à plus de faveurs divines. Le Seigneur veut que nous lui ressemblions davantage. Tel est le conseil donné par ceux qui ont choisi le texte de cette étude. Soyez comme votre Père, car il est bon pour les ingrats; « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes “. Matth. 5 45.

LES ENSEIGNEMENTS DE NOTRE TEXTE

Nous apprenons de plus en plus que, pendant les âges des ténèbres, nos ancêtres perdirent presque complètement la véritable conception du caractère de Dieu ainsi que la connaissance de ses plans pour le salut de l’humanité. Les différentes croyances, au lieu de le représenter comme un Dieu d’amour , de miséricorde l’ont fait paraître tout autrement. Les doctrines des âges de ténèbres qui nous ont été transmises nous ont apporté des images teintées et dénaturées des enseignements de la Bible. Ce n’est que récemment que les étudiants de la Bible commen­cent à discerner ces faits. Presque toutes les personnes intelligentes ont maintenant rejeté ces croyances comme irrationnelles par les tendances de leur enseignement, par leur manière de représenter Dieu qui, dès le début, aurait prévu un enfer de feu et de tourments éternels pour la presque totalité de ses créatures humaines au nombre de plusieurs milliards; Dieu, par contre, aurait prévu un paradis de félicité pour quelques saints seule­ment, un petit nombre d’élus.

Hélas, si d’une part nous avons compris les erreurs de nos doctrines et les avons mises de côté, beaucoup d’entre nous, d’autre part, n’ont pas remarqué combien les enseignements de ces doctrines différaient de ceux de la Bible. Mais nous étudions de nouveau la Bible, les verres de nos lunettes obscurcis par les diverses doctrines se brisent. Nous apprenons à lire la Bible à sa propre lumière qui est claire et nous en retirons des bénédictions dans la mesure où nous le faisons.

Considérons par exemple le texte « Afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ». Notre frère Calvin, la sanglante reine Marie et des milliers d’autres ont commis de terribles atrocités au cours des âges de ténèbres, au nom de la religion, au nom de Jésus, au nom du Père, pensant imiter Dieu, ressembler à leur Père qui est dans les cieux. Mais ils ne le connaissaient pas véritablement; ils suivirent les enseignements de descriptions faites par des démons et représen­tant le Tout-Puissant, le Dieu de bonté, le Père miséri­cordieux comme un être qui selon ses plans et ses desseins disposa de la manière la plus diabolique de ses créatures humaines. Nous comprenons maintenant la pensée réelle de Jésus lorsqu’il dit « Afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux. » Nous pouvons maintenant ajouter le complément de sa décla­ration « Car il est bon pour les ingrats et il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

Deux des disciples de Jésus, parmi les plus grands, s’étaient fait une mauvaise conception de l’esprit de Dieu, bien qu’ils eussent été avec le Maître pendant un certain temps. Combien plus devons-nous excuser ceux qui, au cours d’une longue période pendant laquelle on confectionna activement des doctrines, et l’on négligea l’étude de la Bible, perdirent de vue toute véritable con­ception du caractère de Dieu.

Les deux disciples auxquels nous avons fait allusion étaient les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean. Notre Seigneur et ses disciples étaient à court de vivres, Jacques et Jean allèrent dans une localité de Samarie pour y acheter du pain. Les Samaritains demandèrent pourquoi Jésus ne venait pas dans leur ville pour guérir leurs malades aussi bien que ceux des juifs. Lorsqu’ils appri­rent que le ministère de Jésus, en ce temps-là, était

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destiné exclusivement aux juifs, ils en furent offensés et dirent: Achetez donc votre pain chez les Juifs, nous ne vous vendrons rien. Jacques et Jean en furent indignés, en pensant que leur Maître, l’héritier de toutes choses, était ainsi outragé et ils demandèrent permission à Jésus de faire descendre le feu du ciel sur les Samaritains pour consumer leur ville. Ces disciples croyaient être animés de l’Esprit de Dieu, mais Jésus leur dit: « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. »

Si ces deux disciples bien-aimés eurent besoin d’une admonestation, s’il fut nécessaire de leur faire voir le mauvais esprit qui les animait lorsqu’ils souhaitaient la destruction des Samaritains, combien les réprimandes de Jésus ne seraient-elles pas encore mieux appropriées à ceux qui, au nom de Dieu, voudraient envoyer tous leurs adversaires aux tourments éternels.

Tel était cependant l’état d’esprit de plusieurs d’entre nous par suite de notre ignorance, de nos superstitions, de nos croyances empoisonnées; tout cela résultait du vin des fausses doctrines qui fut absorbé (Apoc. 17 :1-5; 18: 3). Remercions Dieu de nous avoir délivrés; que son nom soit loué de ce qu’il donne des conceptions plus saines à ses enfants! L’aurore du matin d’une nouvelle dispensation nous apporte des lumières. Le Soleil de justice se lève, les spectres du passé s’enfuient devant ses rayons éclatants. Cette bonne nouvelle.., sera prê­chée dans le monde entier. »

LE GLORIEUX CARACTÉRE DE NOTRE DIEU

Nous voyons maintenant, en lisant notre texte, que notre Dieu est bienveillant, qu’il est amour, miséricorde et bonté, même envers les ingrats, les injustes et les pécheurs; aussi nous devrions être bons, généreux et aimants, nous devrions pratiquer le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. Cette conception du caractère de Dieu répond aux sentiments de nos cœurs et plus nous étudions ce Dieu d’amour, plus nous com­prenons qu’il est le seul Dieu véritable et plein d’amour; nous voyons que toutes nos conceptions erronées anté­rieures étaient sans fondements, contraires à l’amour et fausses, c’étaient des dieux de notre fabrication et plus nous les considérons, plus nous voyons que les pays civilisés ont créé des idoles dogmatiques par la plume, l’encre et le papier, des idoles plus terribles que toutes celles que les païens ont jamais faites en fer, en pierre en bronze ou en argile.

« Il (l’homme) est tel que sont les pensées dans son âme. » Si l’idéal de son cœur, le Dieu qu’il adore, est cruel, vengeur, haineux, diabolique, ce serait un miracle si l’homme ou la femme adorant un tel faux dieu n’était pas plus ou moins contaminé, amené à des pensées, à des actes plus ou moins mauvais. Si, par contre, nous avons devant les yeux, comme idéal, notre Dieu véri­table et plein d’amour, nous sommes transformés gra­duellement, journellement, nous comprenons le caractère miséricordieux de notre Créateur. Nous imitons involon­tairement cet idéal élevé et la transformation en nous se poursuit toujours davantage par le renouvellement de notre esprit, nous manifestons toujours plus en nous-mêmes la volonté de Dieu parfaite, agréable et bonne dans notre vie quotidienne.

Attachons-nous fermement à ce qui est bien, à la Parole de Dieu qui est certaine. Laissons de côté les théories humaines des âges ténébreux qui nous transmi­rent un message divin dénaturé. Nous nous conformerons ainsi aux paroles du Maître : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira.

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