LES prières adressées à Dieu pour qu’il mette fin à la grande guerre européenne n’ont pas été exaucées; nous voyons au contraire, comme nous le disions dans ce journal il y a une année déjà, que le monde entier participe directement ou indi­rectement à la détresse générale. La prophétie de la Bible dans joël 3 : 9-14 s’est accomplie: les armées de toutes les nations ont été rassemblées dans la vallée de Josaphat. La vallée de Josaphat servait de cimetière au dehors des murailles de Jérusalem et la prophétie veut nous dire que les armées des nations seront réunies pour descendre dans un vaste cimetière. Nous voyons un front de bataille dépassant deux mille cinq cent kilo­mètres de longueur, nous contemplons tous les engins infernaux de destruction qui font descendre dans le tombeau la fleur de l’élément viril des nations. Toutes les nations belligérantes regrettent amèrement le déchaînement du conflit actuel, car toutes espéraient de plus grands succès que ceux qui ont été obtenus. La Bible nous fait voir que toutes les nations seront profondément déçues, aucune d’entre elles ne remportera de victoire décisive, toutes au contraire seront humiliées et appauvries, ruinées. Les obligations et titres de rente des états en guerre ont subi une baisse énorme. Les dettes nationales de ces nations sont si écrasantes que nombre de personnes présument qu’à l’expiration de la guerre les états ne voudront plus reconnaître leurs dettes; ces personnes s’attendent aussi à une révo­lution sociale. De grandes victoires et des résultats avantageux d’une guerre consolent les peuples des lourdes pertes qu’ils ont éprouvées, pareillement de grands désastres nationaux peuvent raviver le sentiment national pour faire face à un ennemi vainqueur; dans la terrible guerre actuelle cependant, où les pertes sont énormes, la paix ne procurera que le mécontement, engendrera la révolution et finalement l’anarchie selon les indications de la Bible. Combien Jésus nous console lorsqu’il dit que ces jours seront abrégés à cause des élus, que sans cette intervention toute la famille humaine serait anéantie, si le règne de l’égoïsme et de la haine continuait à exercer son action.

Grâce à Dieu nous savons que les élus sont Jésus et les saints qui l’ont suivi. Remercions Dieu de l’assu­rance qu’il nous a donnée que les élus formeront le royaume du Fils bien-aimé de Dieu, qu’ils seront investis de toute la puissance céleste pour établir le règne de la justice. Remercions Dieu de ce que nous pouvons avoir une foi absolue dans les promesses divines qui s’accom­pliront en apportant, à la fin du règne messianique, la paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté dans un Eden qui s’étendra sur toute la terre. Remercions Dieu de ce qu’il nous a donné la certitude que ses promesses relatives au royaume du Messie s’accom­pliront parfaitement par la régénération complète de la race déchue des humains affranchie du péché et de la mort et redevenue l’image et la ressemblance de Dieu, il en sera ainsi pour tous les humains qui le voudront. Rendons grâces à Dieu qui aura fourni à tous les humains l’occasion d’une telle régénération et qui détruira entièrement dans la seconde mort tous ceux qui feront le mal le sachant et le voulant.

On nous informe que jusqu’à maintenant la partie non combattante des nations n’a pas encore ressenti profon­dément le poids de la guerre. Dans les pays en guerre, les affaires vont encore passablement. Les fabriques de munitions, de fournitures et d’armements militaires maintiennent l’argent en circulation. Jusqu’à maintenant, ce sont les soldats sur le front de bataille, les veuves malheureuses et les orphelins qui ont supporté le principal fardeau de la guerre. En dehors des champs de bataille on constate l’état de guerre par le nombre excep­tionnel des hommes en uniforme qui circulent partout et par le nombre des femmes en deuil. Néanmoins le crédit commence à s’ébranler; l’or devient rare, les prix des nécessités premières de toute nature haussent rapidement, les salaires en Europe monteront aussi rapidement, causant de graves conflits sociaux qui amèneront le grand tremblement de terre ou la révolution annoncée dans Apoc. 16 :18; cette révolution conduira l’humanité dans l’embrasement, dans le feu annoncé par la Parole qui consumera toute trace de la civilisation actuelle. Ce ne sera pas un feu littéral, mais l’anarchie.

Ce feu a déjà commencé son action sur toute foi religieuse. Ecoutons ce que Paul dit: « Le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun »; il fera voir ceux qui ont bâti leur caractère et leur foi avec l’or, l’argent, avec les pierres précieuses des promesses divines, le feu fera voir aussi ceux qui ont bâti leurs espérances avec le bois, le foin et le chaume des traditions humaines. L’apôtre nous dit que cette dernière classe d’individus sera entièrement brûlée ou détruite par le feu symbolique de ce jour, tandis que la première classe de personnes qui ont la foi pourra seule supporter l’épreuve de cette époque embrasée. Ne voyons-nous pas déjà la chose se réaliser? Ne constatons-nous pas que les principaux professeurs des facultés de théologie et la plupart des pasteurs éminents ont perdu toute foi dans la Bible? N’avons-nous pas remarqué que la lumière toujours plus grande, qui s’est répandue de nos jours, projette un profond ridicule sur les croyances absurdes de toutes les dénominations religieuses? Même ceux qui soutiennent ces dernières, même les masses populaires considèrent ces doctrines comme telles. Ne voyons-nous pas qu’a ceux qui ont abandonné la Bible, il ne reste que le

68 Septembre 1915

 néant? Ils se bornent à enseigner leurs propres théories. Ne constatons-nous pas que les hypothèses des parti­sans de l’évolution ne leur procurent guère de satis­faction? Ils perdent toute foi en un Dieu personnel, ils admettent simplement la possibilité d’une immortalité dont ils n’ont aucune preuve et au sujet de laquelle ils ne possèdent que des suppositions, des spéculations philo­sophiques. Comme l’apôtre a bien mis en évidence les personnes qui ont la foi et ont réalisé la formation de caractère assimilée à l’or, à l’argent et aux pierres précieuses des révélations divines! Cette classe de personnes seule a pu ancrer son âme solidement et avec sûreté au delà du voile sur un appui inébranlable constitué par les mérites du sacrifice et de la mort du grand Rédempteur qui, « par la grâce de Dieu souffrit la mort pour tous ». C’est lui qui, par la grâce de Dieu, sera le grand Roi dont le Royaume affranchira Adam et toute sa race du péché de la mort, de l’ignorance. de la superstition et leur donnera la liberté des enfants de Dieu.

Les frères du Seigneur ne sont pas dans les ténèbres

Les conditions actuelles sont très favorables à la diffusion de la vérité; partout le public s’intéresse davantage aux choses religieuses et s’étonne de plus en plus de voir de grande nations, s’intitulant toutes des royaumes de Christ ou chrétiens, engagées les unes contre les autres dans une lutte mortelle. Le trouble, l’embarras et les questions posées par le public fournissent une excellente occasion d’expliquer les espérances apportées par la Bible et ses enseignements. Ces gens-là sont mieux disposés que jamais à entendre le message annonçant que ces royaumes sont dans une erreur profonde en croyant être des royaumes de Christ ou chrétiens; la Bible les appelle .‘ les royaumes de ce monde ., les royaumes des gentils. Ces personnes sont disposées à accepter le message qui enseigne que le Royaume du Messie apportera le remède à tous les maux de l’humanité en affranchissant le monde de l’ignorance, de la supers­tition, du péché et de la mort. Ces gens-là admettront volontiers que Christ a été reconnu digne de devenir le Roi il y dix-neuf siècles bientôt, mais qu’il n’a pas encore pris possession de sa charge d’une manière définitive, car il attend que son Eglise soit au complet. Cette Eglise a été appelée, disciplinée, a subi un polissage pendant plus de dix-huit siècles. Le public est prêt à recevoir le message disant que Christ prend possession actuellement de son grand pouvoir et commence à régner. La conflagration européenne d’aujourd’hui est celle qui est annoncée dans l’Apocalypse, elle nous fait voir les nations irritées et la colère de Dieu qui est venue. — Apoc. Il 18.

Dans des conditions aussi favorables, nous avons le privilège de continuer à faire retentir avec assurance et énergie les trompettes d’argent du jubilé. Selon toute apparence, beaucoup des serviteurs de Dieu reçoivent sur leur front le sceau de la connaissance, de la vérité actuelle, car les Ecritures disent « Vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. » (1 Thess. 5 : 4). Le monde entier, par contre, est surpris par ce jour qui vient comme un voleur, qui descend comme un filet. Le Seigneur avait dit que l’incertitude et l’appréhension répandraient la terreur dans le cœur des hommes dans l’attente de ce qui va arriver au monde; par contre, le sceau marqué sur nos fronts, c’est à dire la connaissance intellectuelle et spirituelle parfaite accordée aux serviteurs de Dieu, nous permet, comme Jésus l’indique, de lever nos tètes et de nous réjouir, sachant par ces événements que notre délivrance approche, sachant que la résurrec­tion de l’Eglise et sa glorieuse élévation à la dignité d’Epouse du Messie dans son Royaume est très proche, imminente même.

Les vents de la guerre déchaînés

Nous pouvons voir aujourd’hui avec une lucidité parfaite ce qui était encore indistinct il y a un certain temps; nous voyons en effet que les vents de la guerre ont été retenus pendant près de quarante ans pour permettre de marquer du sceau au front les serviteurs de Dieu par l’étude véritable de la Bible qui a été répandue sur toute la terre en toutes langues. Toute personne qui s’imaginerait que la guerre actuelle s’est déchaînée soudainement au sein des nations aurait peu de perspi­cacité. Voilà quarante ans déjà que les journaux du monde entier ont annoncé cette guerre comme prochaine, la prédisant pour la saison suivante, Dieu empêcha le conflit si longtemps que nombre de personnes se deman­dèrent si, en définitive, la conflagration ne pouvait pas être évitée, mais il n’en était rien; la guerre en effet, est la seule issue qui permette l’établissement du Royaume du Messie. L’on enverrait en vain à tous les souverains de l’Europe un message leur annonçant que le temps est venu où le Messie doit établir son royaume et où tous les royaumes terrestres doivent être remis entre ses mains; ces souverains tourneraient en dérision une telle proposition et s’opposeraient à son exécution de toutes leurs forces; aussi, Dieu s’est borné à relâcher les vents de la guerre, il ne retient plus, il permet à l’égoïsme humain de suivre sa propre voie d’une manière insensée. Dieu permet à toutes ces nations de s’illusionner, de s’imaginer qu’elles pourront affermir leur puissance, agrandir leur territoire et préparer, par cette guerre, une nouvelle ère de prospérité. C’est assurément dans ce but que toutes les nations se sont préparées à cette guerre depuis quarante ans en construisant de grands navires de guerre, en formant de puissantes armées. chacun selon ses nécessités en y consacrant tous les moyens possibles. N’est-ce pas là une démonstration éclatante de la sagesse divine qui permet aux nations s’intitulant chrétiennes, se proclamant des royaumes de Christ, de s’affaiblir, de se détruire mutuellement et de faire ainsi la preuve, par leur terrible conflit, qu’elles n’ont pas la plus petite notion de ce qu’est l’Esprit de Christ; l’apôtre nous dit cependant : Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas ». Cet enseignement a trait aux nations aussi bien qu’aux individus. N’oublions pas aussi qu’il y a des saints de Dieu dans tous les pays, qu’il y en a probablement aussi dans chaque armée par suite de la conscription générale; ils ont dû faire partie de ces armées pour obéir aux gouvernements, mais ils sont pleinement décidés d’autre part, à remplir leur engagement suprême de fidélité et d’obéissance envers le Royaume de Dieu; ils sont parfaitement déterminés à ne tuer personne. Les nouvelles que nous recevons du front de bataille nous font voir que ces enfants de Dieu cherchent à se conformer entièrement aux enseignements de la Parole divine que nous avons commentés dans le vol. 6 des « Etudes des Ecritures »; ils ont retiré de grandes bénédictions en agissant ainsi. Que pourrions-nous désirer de plus?

« Attends-toi à l’Eternel. »

On nous demande s’il est préférable de s’enrôler dans les services sanitaires plutôt que d’être envoyé plus tard par la conscription dans les troupes combattantes. Nous conseillons d’attendre les directions de la providence divine et de ne faire telle ou telle démarche que si l’on a la conviction qu’elle est sage. C’est maintenant qu’il faut se rappeler la parole du Seigneur, « attends-toi à l’Eternel ». Ce serait une erreur cependant si les enfants de Dieu croyaient devoir contrecarrer d’une manière quelconque les idées du monde à l’égard de l’enrôlement militaire. Laissons les gens du monde envisager toutes choses à leur manière, mais que les enfants consacrés de Dieu s’en rapportent à leur propre

69 Septembre 1915

 jugement. Etre soumis aux autorités établies ne veut pas dire simplement être disposé à servir par contrainte, mais encore ne pas s’opposer aux gouvernements terrestres d’une manière ouverte quelconque. Les réprimandes générales et le renversement final viendront de Dieu. La destruction de la statue qui doit être réduite en poudre ne sera pas amenée par l’Eglise dans la chair avec des armes charnelles, mais elle sera due à l’Eglise glorifiée dans le Royaume soutenue par la puissance divine. Dan. 2 : 45.

Plus que jamais c’est le moment de se rappeler les paroles de l’apôtre « Que votre modération soit connue de tous les hommes » . Si nous parlons du temps de détresse, nous n’insisterons pas sur les troubles eux-mêmes, nous ferons ressortir par contre le glorieux Royaume qui sera inauguré en ce temps-là par le moyen précisément de ces bouleversements. Pensons dans nos prières ces temps-ci à tous nos frères et sœurs et surtout à ceux qui sont dans des situations très pénibles. Il semblerait que le Seigneur a pourvu à un réconfort et à un appui pour les frères et sœurs par le moyen de notre vœu. Près de quinze mille entants de Dieu nous ont déjà fait savoir qu’ils se conforment à ce vœu, et qu’ils font partie de cette grande assemblée dont tous les membres vont chaque jour au pied do trône de la grâce déposer leurs prières les uns pour les autres et pour tous ceux qui travaillent dans le royaume du Seigneur.