Celui qui reçoit

Listen to this article

Auteur : Pawel Such. , Conférence de Pentecôte, le 20/06/2025, Vigy

– Sujet #02 –

Chers Frères et Sœurs, que la Paix soit avec vous !!

Aujourd’hui, j’aimerais que nous nous rappelions certaines des paroles du Seigneur lorsque des enfants lui ont été amenés.

On trouve le récit de cet événement, entre autres, dans l’Évangile de Marc 9:37 et 10:14.

« Quiconque reçoit un de ces petits enfants en Mon nom… Car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent  … »

L’intégralité de cet événement est relatée en Marc 10 :3-16), lisons ce passage

« On lui amena des petits enfants, afin qu’il les touchât. Mais les disciples reprirent ceux qui les amenaient.  Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains. »

Quels sont les principaux éléments de ce récit ?

Un jour, des gens amènent des enfants à Jésus pour qu’Il les bénisse. Les disciples leur interdisent de le faire. Jésus s’indigne et leur ordonne de laisser les enfants venir à Lui. Plus tard, il ajoute : « Celui qui ne reçoit pas le royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas » (Marc 10:15).

Dans le même Evangile, un peu plus tôt, Jésus disait aux mêmes disciples : « Le mystère du royaume de Dieu vous est donné » (Marc 4, 11). Et après tout, ce sont justement ces disciples, qui ont tout quitté pour suivre Jésus à cause du Royaume de Dieu. Ils cherchent Dieu, ils veulent appartenir à son royaume. Mais maintenant, Jésus les convainc qu’en rejetant les enfants, ils ferment la seule porte menant à ce royaume de Dieu tant désiré !

Mais que signifie « recevoir le royaume de Dieu comme un enfant » ?

On comprend généralement de cette manière : « recevoir le royaume de Dieu comme un enfant le reçoit ». Et cette approche est en accord avec les paroles du Seigneur Jésus rapportées dans Matthieu 18:3 : « Si vous ne vous repentez et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.»

Un enfant fait confiance sans hésiter. Il ne peut pas vivre sans faire confiance à ceux qui l’entourent.  La confiance d’un enfant n’est pas une vertu développée et expérimentée, c’est une nécessité de la vie. Et dans ce contexte, ce que nous avons de meilleur, ce qui nous permettra de rencontrer Dieu, c’est un cœur d’enfant spontanément ouvert, plein de confiance, qui ose demander en toute simplicité, qui veut être aimé.

Mais on peut aussi comprendre cette phrase comme suit : « Recevoir le royaume de Dieu comme on reçoit un enfant ». Pourquoi peut-on comprendre de cette manière ? Parce que le verbe « recevoir » signifie concrètement « recevoir quelqu’un », comme on peut le voir quelques versets plus tôt, lorsque Jésus dit : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m’a envoyé. » ce qui est écrit en Marc 9:37. Et c’est là la connexion avec le début du titre de nos réflexions.

Dans ce cas, Jésus compare le fait de recevoir la présence de Dieu au fait de recevoir un enfant. Jésus s’identifie à l’enfant qu’il vient de prendre dans ses bras. Il affirme que c’est « l’un de ces enfants » qui le représente le mieux, au point qu’accueillir un tel enfant, c’est le recevoir, Lui-même, Christ.

Non seulement cela, mais ce verset donne l’ordre dans lequel les personnes sont reçues dans une hiérarchie de bas en haut – recevoir un enfant au nom du Seigneur – c’est recevoir le Seigneur lui-même – mais qui plus est, c’est recevoir Celui qui L’a envoyé – le Père céleste Lui-même. Il y a donc un lien sous-jacent entre le royaume de Dieu et l’enfant.

Nous allons essayer d’y réfléchir un peu aujourd’hui.

En considérant l’enfant comme un être humain dans la phase initiale de développement, on pourrait dire qu’il s’agit d’accepter quelque chose qui peut être synonyme de commencement, et donc : « la bonne nouvelle », « l’Évangile du Royaume », la promesse… Ou comme dans le verset mentionné plus haut : Marc 4:11 « le mystère du Royaume ».

L’enfant grandit et se développe. De même, le royaume de Dieu n’est jamais achevé, mais il est d’abord une promesse, puis un développement dynamique et continu, une croissance. Jusqu’à ce que Dieu soit tout en tous – la finale miraculeuse du plan divin dont l’auteur est le Très-Haut Lui-même, le Souverain de l’Univers !!

Les enfants sont imprévisibles. Dans l’histoire de l’Évangile, ils viennent quand ils viennent, et selon les disciples, comme on peut le voir d’après leur réaction, c’est au mauvais moment, bien sûr. Et pourtant, Jésus exige vraiment que nous les recevions, parce qu’ils sont justement là. De même, nous devons accepter le royaume de Dieu quand il vient à nous, que ce soit dans un bon ou un mauvais moment.

Je pense que c’est la première réflexion qu’on peut faire !!

Le fait que Jésus reconnaisse son reflet dans l’enfant qu’il rencontre n’a rien d’étonnant, les enfants sont par nature sans défense et à la merci de ceux qui ont du pouvoir sur eux. Et c’est ce qui devait arriver au Seigneur… Jésus accordait autant d’attention aux enfants parce qu’Il voulait que ses disciples soient sensibles avant tout aux plus faibles. Jusqu’à la fin des temps, les enfants seront Ses représentants sur la terre. Ce que nous leur faisons, c’est à Lui, à Christ, que nous faisons (Matthieu 25:40). « Ses plus petits frères », ceux qui ne comptent pas et qui sont traités avec mépris parce qu’ils n’ont ni pouvoir ni prestige, sont pourtant le chemin et sans eux il est impossible de vivre en communion avec Jésus.

Et cela peut être une seconde réflexion !!

Jésus a également placé l’enfant au milieu de ses disciples rassemblés afin qu’ils acceptent eux-mêmes d’être petits. Il le leur expliqua dans les termes qu’il prononça alors : « Et quiconque vous donnera à boire un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense» (Marc 9, 41).

Quelque temps plus tard, lorsque les Apôtres parcourront le monde pour annoncer le Royaume de Dieu, eux aussi, seront « livrés entre les mains des hommes ». comme le Seigneur l’a dit de lui-même : « le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes » (Marc 9, 31), ils ne sauront jamais d’avance comment ils seront reçus. Mais même à ceux qui leur donneraient, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, même s’ils ne les prenaient pas au sérieux, ils apporteront l’annonce de l’Évangile du royaume.

Quelle pourrait être la prochaine réflexion ??

Qui ne reçoit pas le royaume de Dieu comme un enfant, c’est-à-dire comment ?

 « Avec joie ? » Il y a des enfants tristounets.

– Avec confiance ? Il y a des enfants qui se méfient.

– Avec simplicité d’esprit ? Les enfants peuvent manipuler même les adultes.

S’il y a une chose que probablement tous les enfants sans exception, ont en commun, c’est principalement leur dépendance aux adultes. Ils peuvent se rebeller, taper du pied et même se rouler par terre mais finalement, ils devront faire ce que les parents exigent. Et ce sont même ces parents qui disent permettre à leur enfant d’être autonome. Tout cela n’est que pour un temps. Lorsqu’un parent perd patience, il obtient ce qu’il veut. Un enfant n’a aucune chance dans une confrontation avec lui.

Recevoir le Royaume en tant qu’enfant signifie l’accepter avec la conscience d’une dépendance totale de Dieu. Peut-être aussi avec la joie, la confiance, la simplicité, l’enthousiasme ou la curiosité d’un petit enfant. Mais surtout, avec la conscience que ce que Dieu exige de l’homme est juste. Point final.

On peut vouloir discuter avec L’Éternel, essayer de se justifier, de convaincre, mais à la fin, il faut reconnaître qu’Il sait mieux. Parce que nous ne sommes pas et ne pouvons pas être plus sages que Dieu. C’est, à vrai dire, ce que pensaient les Pharisiens mais c’est seulement ce qu’ils pensaient.

Et c’est une autre réflexion !!

Regardons maintenant selon la perspective – disciple du Seigneur et enfant, basée sur le récit du chapitre 18 de Matthieu et des versets 1 à 3… Pour commencer, citons le verset 3 : « Si vous ne vous repentez et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. » – Matthieu 18:3. Et arrêtons-nous là pour l’instant.

Et maintenant, lisons un autre fragment du même Évangile de Matthieu mais au chapitre 19:13-15 :  « Alors on lui amena des petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains et priât pour eux. Mais les disciples les repoussèrent. Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.  Il leur imposa les mains et partit de là. »

Revenons maintenant au récit de Matthieu 18 aux versets 1 à 3 d’abord.

On peut dire que c’est un merveilleux événement dans toute l’Écriture – le récit Évangélique. Tous les personnages y sont dépeins en détail, bien que cela ne tienne que sur trois courtes lignes.

1. Nous voyons ici ceux qui ont amené des enfants.

Sans aucun doute, des mamans. Il n’est pas étonnant qu’elles aient voulu que Jésus pose les mains sur leurs enfants. Après tout, elles ont vu ce que ces mains étaient capables de faire, elles ont vu comment elles guérissaient les maladies et soulageaient la douleur. Elles ont vu qu’à leur contact des yeux aveugles s’ouvraient, et que la paix revenait dans les esprits insensés. C’est pourquoi elles voulaient tant que ces mains touchent leurs enfants. Il y a peu d’histoires qui illustrent aussi clairement la beauté évidente de la vie de Jésus. Ces mamans savaient bien que Jésus était loin d’être aimé des scribes et des pharisiens, des prêtres, des sadducéens et des chefs religieux.

Et pourtant, il y avait une certaine beauté là-dedans. Oui, il y a en Jésus-Christ une beauté que tout le monde peut voir. Il est facile d’imaginer ces mères de Palestine qui ont senti que les mains de ce Maître, posées sur la tête de ces enfants, apporteraient une bénédiction – même si elles ne comprenaient pas pourquoi cela se produirait.

2. Nous voyons aussi les disciples.

En lisant les paroles des disciples rapportées par l’évangéliste, nous avons l’impression que ce sont des gens durs et sévères. Pourtant si leur comportement était dur, c’est parce qu’il découlait de l’amour. Ils voulaient seulement protéger Jésus. Ils savaient qu’il était très fatigué. Ils ont vu combien d’efforts lui coûtait la guérison des malades. Je pense que chaque fois qu’Il guérissait quelqu’un, une partie de sa force Le quittait. Jésus leur parlait souvent aussi de la croix, ils devaient donc voir sur son visage la tension qui manifestait l’état de son cœur. Ils voulaient juste protéger le Seigneur du harcèlement des gens. Il leur semblait qu’à ce moment-là, les enfants n’étaient qu’un obstacle pour le Maître. Nous ne devrions pas nous représenter les disciples comme des gens grossiers, durs et sévères. Nous ne devons pas les percevoir de cette façon. Ils voulaient simplement protéger Jésus d’une autre de ces demandes insistantes qui revendiquaient toujours le droit à sa puissance.

3. Nous voyons aussi le Seigneur Jésus lui-même.

Cet événement nous en dit long sur Lui. Nous apprenons que Jésus était une personne aimée des enfants.  Si les enfants l’aimaient, cela signifie, sans aucun doute, qu’il était quelqu’un de très joyeux. D’ailleurs, il n’y avait pas d’homme qui ne comptât aux yeux de Jésus. Quelqu’un pourrait dire : « Ce n’est qu’un enfant. Ne le laisse pas te déranger. » Mais Jésus n’a jamais dit cela. Il n’a jamais considéré personne comme une gêne. Il n’était jamais trop fatigué et jamais trop occupé pour ne pas se donner entièrement à quiconque avait besoin de Lui. Jésus était radicalement différent de tous les maîtres et docteurs de la loi de son époque. Aussi bien par ses paroles que par son comportement. Le chemin vers Jésus a toujours été ouvert pour le moindre des hommes et même, comme le montre ce récit, pour le plus petit enfant.

4. Les enfants sont également représentés ici.

Jésus a dit des enfants qu’ils étaient plus proches de Dieu que n’importe quelle personne se trouvant près de lui. C’est pourquoi la simplicité enfantine rapproche de Dieu plus que toute autre qualité. La tragédie de la vie humaine c’est qu’en prenant de l’âge, nous nous éloignons souvent de Dieu au lieu de nous rapprocher de Lui.

Vivre comme un enfant, même en étant adulte, c’est accepter le projet du Père pour notre vie, accepter Sa volonté et Lui faire confiance totalement, sans réserve, comme un enfant qui s’en remet aux soins et à la tendresse de ses parents. C’est demeurer en Lui comme « un bébé dans le sein de sa mère ». La simplicité du cœur, la pureté et l’innocence d’un petit enfant, sa sincérité et sa vulnérabilité sont des qualités de l’homme qui plaisent à Dieu et touchent Son cœur, parce que le royaume des cieux leur appartient. Dans sa relation avec son Père céleste, Jésus a aussi vécu toute sa vie comme un enfant.

Être enfant, c’est aussi, en un certain sens, « naître de nouveau », devenir une créature nouvelle par le baptême et la puissance de l’Esprit Saint. Chacun de nous porte en lui l’image de Dieu. Malheureusement, elle peut être raturée. L’homme, chef-d’œuvre de Dieu, donne parfois de lui-même une image kitsch, qui perd la valeur de l’art véritable. Jésus, en nous regardant, veut voir l’œuvre originelle de Dieu. En nous regardant, Il n’arrête pas son regard sur les paillettes extérieures et ne se laisse pas tromper par des artifices, mais Il creuse sans relâche vers l’intérieur à la recherche de sa propre image. Il exprime souvent son amère déception lorsqu’Il découvre une image aussi terriblement endommagée. L’enfant que Jésus met au milieu c’est notre remords. Nous, les adultes, pensons que nous sommes intelligents, mais nous avons seulement appris à détruire. Nous sommes si sûrs de nous-même que nous ne lui permettons pas de faire ressortir quoi que ce soit de noble en nous. Voilà la raison pour laquelle Jésus veut avoir les enfants rassemblés auprès de Lui. Ses yeux sont fatigués de regarder des ruines, de regarder ses « œuvres d’art » souvent détruites.

Les enfants n’ont pas encore appris à tricher, à trahir, à détruire leur ressemblance à Dieu. Notre Seigneur peut se regarder en eux comme dans un miroir. « Celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas » (Marc 10, 15).  Ce récit dit avec insistance que l’accès au royaume de Dieu dépend de la façon dont nous accueillons l’Évangile et Dieu lui-même. Dans la bouche de Jésus, il semble que le plus juste, c’est être « comme un enfant » dans les choses de Dieu.

Cependant, que signifie « comme un enfant » ?

N’y a-t-il pas là une contradiction entre les exigences d’une foi mûre et la nécessité de recevoir le royaume « comme un enfant » ? Paradoxalement, être « comme un enfant » implique un progrès, et non une régression. Car l’âge mûr dans la foi ne se mesure pas par le nombre d’années vécues, mais par le fait de parvenir à l’attitude juste – être mature, c’est être un enfant. Et pourtant, le devoir de chaque chrétien est de veiller à une croissance continue dans la perfection. Les disciples de Christ, les véritables enfants de Dieu, doivent se sentir chaque jour plus grands, plus adultes. Être un enfant signifie donc désirer la croissance spirituelle, la demander dans la prière, grandir intérieurement chaque jour,  grandir dans le Seigneur et dans la puissance de sa force.

Avec cette compréhension de la nature d’un enfant, il n’y a plus de difficulté à comprendre l’invitation de Jésus à devenir comme des enfants. Nous ne devons pas être naïfs, immatures comme les enfants, nous n’avons pas besoin de renoncer à nos ambitions et à nos projets d’avenir ; il n’est pas nécessaire de vouloir être considéré  comme une personne négligeable, avec laquelle on ne compte pas. Nous devons être toujours plus grands aux yeux de Dieu, nous devons aspirer à notre maturité morale, et non seulement aspirer, mais devenir vraiment plus parfaits.

Le sens – l’essence de l’enfant de Dieu, l’apôtre Paul l’a caractérisée de la manière suivante (Colossiens. 1:9-10) : « Nous ne cessons de prier Dieu pour vous et de demander… que vous puissiez marcher d’une manière digne du Seigneur, lui plaire pleinement, portant du fruit de toutes les bonnes œuvres et croissant par la connaissance plus profonde de Dieu. » Le Seigneur Jésus dit à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu’un ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître alors qu’il est vieux ? Peut-il entrer à nouveau dans le ventre de sa mère et naître ? » (Jean 3, 1-4). « Si quelqu’un ne naît pas de nouveau… ». Ce sont les paroles que Nicodème a entendues de la bouche du Christ. Mais comment est-ce possible ? Après tout, nous n’avons qu’une seule vie.

Pourtant, le Maître informa son disciple qu’il était possible de vivre deux fois. Et plus encore, le chrétien doit naître de nouveau. Cela signifie qu’il doit constamment se libérer du fardeau des années et se rapprocher de la nature de l’enfant.

Que nous arrivera-t-il si nous nous enfermons dans la conviction que notre propre sagesse dépend de l’âge ?

Un penseur, Alessandro Pronzato, dans l’un de ses livres intitulé Les Évangiles qui dérangent, écrit : « Les chrétiens âgés, incapables de suivre le petit chemin de l’enfance, insistent pour présenter à Dieu un programme tout fait, conçu dans tous ses détails, et voudraient qu’Il le signe. Mais Dieu ne peut pas inclure dans ce programme cohérent sa propre proposition, qui pourrait tout bouleverser. Les chrétiens adultes se sont créés une armure sans la moindre fente à travers laquelle Dieu pourrait apporter la graine de la nouveauté. Et ils appellent cela de l’expérience.

Et ce n’est qu’une façon de penser humaine…

Cela soulève une autre question : le royaume des cieux n’appartient-il qu’aux petits enfants ? Matthieu 18:3 : « En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » Répétons-le : « Si vous ne vous convertissez et ne devenez  comme des enfants ». Voici toute la réponse.

 Les apôtres discutaient souvent de qui était le plus important dans leur communauté ou qui serait le plus grand dans le royaume. Ils pensaient à se faire une place auprès de Jésus. C’est alors à ce moment que le Seigneur, connaissant le contenu de leur conversation en chemin, plaça l’enfant au milieu d’eux en disant qu’il était le plus grand. Le seul avancement qui compte aux yeux du Christ est donc un retour à la nature de l’enfant (l’enfance).

Quelles sont les spécificités d’un enfant ?

L’image de l’enfant nous rappelle qu’il est né il n’y a pas si longtemps. Ainsi, vous ne pouvez pas devenir comme un enfant sans naître de nouveau. Sans naissance spirituelle. C’est ainsi que Christ l’a expliqué à Nicodème lorsqu’Il lui a parlé, dans le verset déjà mentionné dans Matthieu 11:10. Jean 3:3 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. »

Une autre caractéristique d’un enfant c’est qu’il ne compte pas sur lui-même, mais sur son père ou ses parents.  Dans toutes les affaires, il vient à lui ou à eux. De cette façon, le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme des enfants, à ceux qui sont nés de nouveau, en abandonnant leur volonté, leur vie, au Christ et donc à Dieu. Car dans le verset suivant, Matthieu 19:4 nous lisons : « Quiconque donc s’humilie comme cet enfant est le plus grand dans le royaume des cieux. »

Cette attitude d’humiliation devant Dieu est l’une des caractéristiques les plus importantes de la nouvelle naissance et du fait d’être un enfant de Dieu. Et il s’agit des enfants de Dieu, que le Christ compare à de petits enfants.

« Humiliez-vous donc sous la main puissante de Dieu, afin qu’il vous exalte en son temps… » 1 Pierre 5 :6. Le temps de l’exaltation viendra, temps convenable selon Dieu, mais seulement si nous pratiquons d’abord l’humiliation… De plus, le Seigneur a dit clairement aux disciples que celui qui veut être le plus grand doit servir le plus (il doit être le serviteur de tous). Et il a donné cette leçon comme un contraste frappant avec les dirigeants de ce monde.

Dans une autre image, pour qu’un pécheur se laisse trouver par le Bon Pasteur, il doit reconstruire en lui quelque chose de l’attitude d’un enfant. Il doit se rendre compte à quel point il a besoin du Sauveur et lui faire entièrement confiance. Car comment peut-il me délivrer si je ne lui permets pas de me prendre sur ses épaules ? Compte tenu des réalités de l’époque, il nous semble étrange qu’un berger ait pu laisser 99 brebis pour aller à la recherche d’une brebis perdue. Mais il s’avère que les troupeaux de cette époque paissaient sous la garde de plusieurs bergers. Ces troupeaux étaient la propriété des communautés juives et, en l’absence d’un berger, ils restaient sous la garde des autres. Pour nous, c’est avant tout une belle image de la protection et de la sollicitude du Père céleste ainsi que de son plan de salut.

Plus tard, dans Matthieu chapitre 18, le Seigneur a également donné un avertissement terrifiant sur l’importance de la responsabilité en cas d’inconduite. Au verset 6, Jésus dit : « Mais si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît une meule de moulin à son cou et qu’on le jetât au fond de la mer. » Ces petits, ce sont les enfants de Dieu qui se sont confiés à Christ. Ils sont sous la protection spéciale de Dieu, et si quelqu’un blesse ou scandalise un enfant de Dieu, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende une meule de moulin à son cou et qu’on le noie dans les profondeurs de la mer.

Le terme « meule » utilisé ici ne signifie pas une petite pierre à grains utilisée dans toutes les maisons israélites, mais une énorme et lourde pierre, qui nécessitait la force d’un âne pour la faire tourner. On peut encore voir ces meules en sortant de la synagogue de Capharnaüm. Cet avertissement très éloquent de Jésus était et est adressé aux adultes (mûrs) qui scandaliseraient les « enfants dans la Vérité »  en les conduisant au péché.

Se référant au mot grec original skandaliso traduit en français par scandale, dans son sens premier,   il signifie : faire tomber quelqu’un dans un piège. Le piège dans lequel tombent constamment les adultes est le suivant : la nécessité d’être toujours à la bonne place, toujours parfait, d’accepter de fonctionner dans de telles relations où celui qui paie – doit exiger en même temps, et quand il reçoit quelque chose en cadeau d’un autre, il doit immédiatement le rembourser. Il est vrai qu’il nous est dit « ne devez rien à personne », mais les pièges mentionnés ci-dessus sont probablement plus proches de la définition du livre de l’Apocalypse, que je paraphrase « J’ai tout, je n’ai besoin de rien, de personne ».

Les paroles de Notre Seigneur : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » ne se trouvent qu’une seule fois dans la Bible, et c’est dans Matthieu 18:3. D’autre part, on trouve dans tous les évangiles ces paroles de Jésus : « … c’est à ceux-là qu’appartient le Royaume des Cieux. » Le Seigneur attire ici l’attention sur la nécessité de la transformation, de la conversion. Il exprime ceci dans une phrase contenue dans l’évangile de Marc : « Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle. » Marc 1 :15

En ce qui concerne la question de la conversion, le substantif « metanoia » ou le verbe « metanoa » apparaissent très souvent dans les pages des Évangiles, ce qui signifie autant qu’un changement de pensée.

Le verset cité ci-dessus (  Marc 1:15) est traduit dans la BEI comme suit : « Il insista – le Seigneur – sur le fait que l’attente est finie, que le Royaume de Dieu est venu, qu’il est temps de sortir de nos voies et d’avoir confiance dans les vérités de la bonne nouvelle. » Nous pouvons mettre le signe égal entre les expressions « changement de pensée » et « devenir comme un enfant ».

C’est une attitude de confiance enfantine, d’accepter gratuitement l’amour, de rejeter simultanément l’hypocrisie, le mensonge et de reconnaitre sa propre faiblesse et incomplétude.

Devenir un enfant, par rapport à un adulte, signifie faire l’expérience de la metanoia,  c’est-à-dire d’un changement de pensée.

Dans le passage cité de Matthieu 18:3 « Si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les enfants... », le mot  « convertissez » est traduit dans une Bible (polonaise) à partir du grec : strefo,  qui signifie changer, mais aussi convertir. Cependant, en considérant le premier sens de ce mot grec, cela signifie : se retourner, se tourner vers quelqu’un. Nous devons faire demi-tour lorsque nous choisissons un mauvais chemin, lorsque nous nous rendons compte que le chemin, sur lequel nous nous trouvons, nous égare. Il est possible également de faire demi-tour lorsqu’un objectif a été atteint, c’est-à-dire lorsque quelqu’un est arrivé à quelque chose.

Cependant, dans notre langage courant, l’expression « arriver à quelque chose » signifie généralement une approche très matérielle et consumériste de la vie. Et dans cet usage quotidien, il ne sera pas compris de la même façon par un enfant ou par un adulte. L’enfant sait être content avec un bonbon ou une sucette qu’on lui offre, tandis que l’adulte saura être satisfait avec rien de moins que … la fabrique de confiserie.

Jésus nous avertit de ne pas courir à l’aveuglette. De faire demi-tour et d’aller vers le succès, la force et l’indépendance. Il exhorte les adultes à revenir à ces valeurs qu’ils n’auraient pas dû abandonner, car cela arrive (et il ne le faudrait pas) !

Quelle autre signification peuvent avoir pour nous ces paroles : « Celui qui ne reçoit pas le royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. » ?

Aujourd’hui, chacun d’entre nous s’attache à être sérieux, mature… Déjà à l’école primaire, nous rêvons d’être adultes… Et quand nous devenons adultes, quand nous obtenons la carte d’identité tant désirée, le monde des enfants devient une histoire lointaine pour nous… Et ici… dans ce passage de la Parole de Dieu, Jésus place l’enfant au milieu des disciples et dit : C’est justement cet enfant qui doit être un exemple pour vous…

Peut-être était-ce pour que les apôtres aient le désir de rester aux côtés du Seigneur, de s’accrocher à Lui comme les enfants ? Jésus semble dire : Peu importe votre place dans l’avenir. Efforcez-vous d’être proche de votre Maître, ici et maintenant ; le reste dépend de toute façon du Très-Haut. « Confiez votre chemin au Seigneur, et Il vous soutiendra… L’enfant pense probablement la même chose.

S’asseoir sur les genoux d’une personne bien-aimée, un câlin et tout devient merveilleusement simple… En harmonie avec cela, l’Apôtre Paul dit : « Si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui ; si nous souffrons avec Lui, nous régnerons aussi avec Lui » (2 Timothée 2:11). Et le Sauveur a dit : « Celui qui vaincra, Je le ferai asseoir avec Moi sur mon trône, comme Moi J’ai vaincu et Je me suis assis avec mon Père sur son trône » (Apocalypse 3:21).

Et nous lisons aussi : « Ils revinrent à la vie et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans » (Apocalypse 20:4).

Dans la Parole de Dieu, nous trouvons de nombreuses indications concernant ce qui est exigé de cette classe du Royaume, oui mais « je puis tout par Christ qui me fortifie »… Philippiens 4 :13.

Il y a quelques instants, nous avons réfléchi sur le texte déjà mentionné : « Si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez en aucun cas dans le Royaume des Cieux. » La ressemblance avec un enfant en premier lieu nous fait penser à l’humilité. L’humilité est très importante, et personne ne peut être dans le Royaume s’il ne développe cette grâce. En effet, c’est ce à quoi le Seigneur encourage en disant : « recevez mes instructions car je suis doux et humble de cœur »…  et vous trouverez le repos pour vos âmes … » Matthieu 11:29

Rappelons trois autres passages de la Parole de Dieu qui le confirment :

« Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il fait grâce aux humbles. » 1 Pierre 5 :5

« Celui qui s’abaisse sera élevé. » Luc 14 :11

Et celui dont j’ai parlé plus haut : « Humiliez-vous donc sous la main puissante de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable. » 1 Pierre 5 :6

Et maintenant, chers frères et sœurs dans le Seigneur, je veux citer encore quelque chose :

« Il y a une autre chose très importante à laquelle je veux que nous réfléchissions maintenant. L’une des caractéristiques d’un petit enfant est sa tendance à jouer. Une petite fille joue à la « maman ». Elle serre sa poupée avec autant de tendresse qu’une vraie mère serre son enfant, chers frères, si nous ne devenons pas comme des enfants dans le « jeu » du Royaume, nous ne nous y retrouverons jamais. Je sais que vous êtes surpris par cette expression. Ou même pensez-vous ainsi : « Veux-tu dire que l’on peut s’approcher du Royaume des Cieux aussi légèrement que d’un jeu ? Qu’on peut le traiter comme une chose insignifiante ? qu’on peut jouer avec ? Oh, non, ce ne serait pas à l’image de l’enfant, parce que l’enfant prend son jeu au sérieux. De nombreuses filles prennent soin de leurs poupées plus sérieusement que certaines mères ne s’occupent de leurs enfants. Un jeune enfant joue avec diverses choses qui deviennent plus tard une réalité dans sa vie. » 

– c’était une citation d’un discours du frère Barton en 1913.

Chers frères et sœurs dans le Seigneur, puisque nous sommes actuellement à l’épreuve, à l’école du Christ, en jugement, efforçons-nous de faire de notre mieux. Répétons-le : « Je peux tout par Christ qui me fortifie » – a écrit l’apôtre Paul. Citons également une autre de ses déclarations :

« Parvenir, si je puis à la résurrection d’entre les morts ? » C’est notre objectif, notre ligne d’arrivée… C’est ici et maintenant qu’il faut tout apprendre…

Analysons donc notre vie, notre état de cœur, combien nous devons changer pour que Notre Maître bien-aimé veuille nous présenter au Père. Pour que nous puissions entendre la louange comme des enfants obéissants : «Tu as été fidèle en peu de chose, … entre dans la joie de ton maître.» Matthieu 25 :21

C’est ce que je vous souhaite, chers Frères et sœurs, ce que je désire moi-même, Que le Seigneur exauce cette prière.

AMEN

Ris quand tu le peux, excuse-toi quand tu le dois. Lâche prise quand tu es sûr que tu ne peux rien changer. La vie est trop courte pour être autrement qu’heureux.