ETUDE V L’ORGANISATION DE LA NOUVELLE CREATION

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Les “pierres vivantes” pour Le temple spirituel —~ Nouvelle Création de nom et Nouvelle Création véri­table Le “ Mystère de Dieu” et te “ Mystère de l’iniquité” L’organisation du Grand Antichrist Les Ecritures dignes de foi Liberté au monde et à la chrétienté De l’ordre hors de la confusion “Au temps convenable” “Les fins des âges ” Le cep planté par le Père “Les douze apôtres de l’Agneau” Paul successeur de Judas Nombre des apôtres limité à douze La missionapostolique – Les apôtres: ca­ractères trempés L’apôtre Paul “en rien inférieur ans autres apôtres” L’inspiration des douze -— Sur­veillance divine sur les écrits des apôtres “Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise” Harmonie des évangiles Les clefs de l’autorité infaillibilité aposto­lique- Quelques objections considérées — “ Un seul est votre Maître” La véritable Eglise est te “ troupeau de Dieu” Apôtres, prophètes, évangélistes, doc­teurs L’organisation prévue par le Seigneur pour la Nouvelle Création absolument complète Il est aussi son surveillant Les dons de l’esprit ont pris fin quand ils n’étaient plus nécessaires Unité de “la foi donnée aux saints une fois pour toutes ” L’unité dans la force, idée antichrétienne Evêques, Anciens, Diacres Ce que veut dire exactement le mot “ prophète” L’hu­milité essentielle dans l’Anciennat Autres qualifica­tions nécessaires Diacres, Ministres, Serviteurs Docteurs dans l’Eglise Beaucoup devraient pouvoir enseigner — “ Frères, qu’il n’y en ait pas beaucoup parmi vous qui enseignent ” Vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne Celui qu’on enseigne ” et “Celui qui enseigne Rôle de la femme dans l’Eglise Les femmes co-ouvrières “Qu’elle soit couverte ”.

La Nouvelle Création n’atteignent sa perfection ou achèvement qu’à la Première Résurrection, son organisation ne sera vraiment complète qu’à ce moment là. L’image que nous offre la construction du temple l’illustre bien ; Pierres vivantes, nous sommes appelés maintenant, invités à prendre place dans le temple de gloire et, comme l’apôtre explique (1 Pierre 2:5), Jésus, le représentant du Père, nous forme, nous cisèle, nous polit, nous rend propre à prendre place dans le glorieux Temple de l’avenir – où Dieu se rencontrera avec le monde. Dans le temple prototypique édifié par Salomon, toutes les pierres furent préparées d’avance dans la carrière eu vue de la place qu’elles devaient occuper. Ainsi en est-il pour nous, tout le travail de préparation se fait au cours de la vie présente. Dans le type les pierres, toutes taillées, furent mises en place sans qu’on entendit le bruit du marteau. Il en est de même pour le temple réel. Les pierres vivantes qui, maintenant, subissent joyeusement la préparation du Seigneur, seront complètement ordonnées sous ses direc­tives lorsqu’elles lui seront unies au-delà du voile, sans confusion, sans qu’il y ait besoin de mise au point finale.

Cependant les Ecritures reconnaissent l’existence d’une unité ou parenté entre ces pierres vivantes dans le temps de leur préparation. Elles vont même plus loin et admettent

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une organisation transitoire qui per­met à chaque membre du Royaume à venir de collaborer avec le grand Docteur et Maître Constructeur dans l’œuvre préparatoire consistant à “s’édifier l’un l’autre sur la très sainte foi ”, à s’aider l’un l’autre dans la for­mation des caractères conformément aux normes du modèle: notre Seigneur Jésus. En examinant de prés les dispositions prises par Dieu pour le temps actuel, on peut être surpris de découvrir quelle grande liberté le Seigneur a laissée à chaque membre individuel de la Nou­velle Création. Mais quand on comprend que le Seigneur recherche des adorateurs de bonne volonté, des sacrificateurs bien disposés, poussés par amour pour Dieu et pour le Bien à sacrifier leurs vies pour les frères et dans un esprit de collaboration avec le Maître, alors il devient clair que la manière divine de laisser la plus grande liberté est au fond la meilleure méthode, celle qui démontre le mieux la loyauté du cœur, qui travaille le mieux le caractère et prouve la bonne volonté de suivre la Loi d’Amour en compagnie des autres, faisant aux autres ce que nous aimerions qu’ils fassent pour nous.

Une ‘liberté comme celle-là, tout en demeurant rela­tive, est bien propre à servir l’objectif que suit le Sei­gneur dans le temps actuel, c’est-à-dire la sélection du petit troupeau, son perfectionnement, son instruction en vue du Sacerdoce Royal de l’avenir. Par contre elle serait hors de propos et insuffisante s’il s’agissait de la con­version du monde telle qu’on l’envisage en général. C’est à cause de cette doctrine fausse, de cette supposition d’après laquelle Dieu aurait donné mission à l’Eglise de conquérir le monde et de lui soumettre toutes choses au cours de l’âge actuel, que bon nombre de personnes au jugement équilibré se sont étonnées de la simplicité de l‘organisation de l’Eglise par le Seigneur et les apôtres. Se rendant compte qu’un tel arrangement était inadapté à la conversion du monde, des hommes ont entrepris d’instituer une autre organisation qu’on retrouve dans lesdifférentes formes ecclésiastiques de la chré­tienté. Parmi celles-ci la Papauté est la plus subtile et

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la plus puissante qui soit. Le système Méthodiste Epis­copal est aussi très important quoique sur un plan supé­rieur. Il régit d’autres masses. C’est l’organisation de ces deux grands ensembles qui assuré leur succès et leur force dans “ le monde chrétien ”. A mesure que nous avancerons dans notre étude nous verrons que toutes ces “Eglises” humaines sont en elles-mêmes toutes différentes de l’Eglise que le Seigneur a établie. Leurs moyens ne sont pas ses moyens; leurs buts ne sont pas son but. Et de même que les cieux sont élevés au-dessus de la terre, les voies et les objectifs de l’Eternel sont plus élevés que ceux de l’homme (Esaïe 55:8 et 9). Avant peu, ceux qui ont le cœur droit verront à quel point ils ont erré en abandonnant la simplicité qui est en Christ pour essayer d’être plus sage que Dieu dans la conduite de son œuvre. Les résultats feront ressortir sa sagesse et la folie de l’homme.

LA NOUVELLE CREATION: LA NOMINALE ET LA REELLE

De même que dans le peuple typique tous étaient Israélites d’appellation mais que bien peu étaient de vé­ritables israélites ”, il n’est pas étonnant de trouver, dans l’antitype, une Eglise de nom et une Eglise véritable, une Nouvelle Création de nom et une Nouvelle Création véritable. Depuis que le Christianisme est devenu populaire, “l’ivraie” ou imitation de blé a envahi le champ, s’efforçant de paraître pour du froment authenti­que. Si difficile que soit pour l’homme, incapable de lire dans les cœurs, de faire la différence entre le vrai et le faux, entre le froment et l’ivraie, le Seigneur nous avise qu’il connaît les cœurs et qu’Il “connaît ceux qui lui appartiennent ”. Et même Il nous recommande de ne pas confondre les véritables brebis et les loups en habits de brebis, les sarments qui portent de bons fruits et les ronces et les épines qui tenteraient de se faire passer pour de vrais sarments du véritable cep. Le Seigneur ne

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permet toutefois pas d’aller au-delà de ce jugement d’ordre général qui n’est en sorte qu’un examen libre du comportement extérieur Il dit : “Ne jugez de rien avant le temps ”. Parmi ceux en qui vous discernez de réels sarments de la vigne n‘essayez pas de décider le temps qu’il leur faudra pour produire des fruits mûrs. Laissons cela au Père, le Vigneron qui taille et supprime en définitive tout sarment ou membre qui ne porte pas de fruit”. Laissons au Vigneron le soin de tailler sa “vigne”, le soin de corriger les membres consacrés de l’Eglise de Christ. Abandonnons lui l’autorité d’excommunier puis­que c’est lui qui a planté, qui a arrosé et favorisé la croissance de tout sarment attaché au vrai cep. On doit retrouver le même esprit dans les sarments ou membres que dans la vigne elle-même et il convient d’encourager et d’aider chacun dans sa croissance. L’amour doit pré­sider aux relations entre sarments et ce n’est que dans la mesure où la Parole donne des instructions précises – et pas un mot de plus — que le sarment peut critiquer, réprimander ou faire quoi que ce soit à l’encontre d’un autre sarment. L’esprit d’amour doit plutôt tendre à la miséricorde, à la bonté, à la patience jusqu’aux limites mêmes indiquées par le Vigneron, lesquelles, ainsi que nous l’avons déjà montré, sont libérales et visent à dé­velopper le caractère en chaque sarment.

Les organisations humaines sont bien différentes et ce dans la proportion où elles ont ignoré ou abandonné la simplicité de l’arrangement divin. Elles ont constitué des règlements arbitraires revenant à décider qui il faut con­sidérer comme membres ou sarments de la vigne et qui ne doit pas être admis dans la communion. Elles ont fait intervenir des questions financières, élaboré des statuts que les Ecritures n’ont pas envisagés, posé des credo et des confessions que les Ecritures ignorent, infligé des pénitences en cas d’infraction dont les Ecritures ne par­lent pas. Elles ont codifié l’excommunication ou retranche­ment, etc… ce qui est contraire à toute autorisation donnée à la véritable Eglise qui est le Corps de Christ, la vraie Vigne, la Nouvelle Création.

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Déjà nous avons attiré l’attention sur le fait que l’Eglise de Christ est appelée dans les Ecritures, le Mystère de Dieu (1) parce que, contrairement à ce qu’on attendait, l’Eglise devait être le corps messianique qui sous la direction de son chef oint, Jésus gouvernerait et bénirait le monde. Ce mystère ou secret, maintenant révélé aux saints fut caché au cours des âges et des dispensations passés (Ephésiens 3:3 à 6). C’est le mystère de Dieu qui sera bientôt achevé lors de l’aboutisse­ment de la Nouvelle Création à la fin de cet Age de l‘Evangile. Nous avons aussi fait remarquer que les Ecritures renferment sous le vocable de Babylone un système de contrefaçon (mère et filles — les unes plus ou moins corrompues que les autres, contrefaçons plus ou moins grossières) qu’elles désignent sous le nom de Mystère de l’Iniquité”. Nous ne voulons pas dire que les fonda­teurs de ces systèmes de contrefaçons les ont sciemment organisés dans le but formel de détourner le peuple de Dieu. Il convient plutôt de se rappeler que, d’après les Ecritures, c’est Satan qui a “trompé le monde”, faisant paraître le bien mal et le mal bien, la lumière pour les ténèbres et les ténèbres pour La lumière. Satan agit maintenant dans les fils de la rébellion, (Esaïe 5 :20 —Ephésiens 2:2). Tout comme il offrit à Jésus de colla­borer avec lui. Il se félicite de travailler avec tous les disciples de Christ quand il peut arriver à les séduire et à les écarter des traces du Maître. De même qu’il tenta de persuader notre Seigneur qu’il existait de meilleurs chemins — des chemins qui nécessiteraient moins de sacrifice personnel et moins d’abnégation que ceux préconisés par le Père — pour aboutir tout de même à la bénédiction de toutes les familles de la terre, ainsi, pen­dant tout l’âge de l’Evangile, il s’est efforcé de convaincre tous les frères vraiment consacrés du Seigneur qu’il va­lait mieux adopter ses plans et ne pas s’en tenir d’une façon rigoureuse aux plans et aux règles du Seigneur. Il voudrait les entraîner à se croire plus sages et notam­ment qu’ils pourraient mieux servir le Seigneur par

 (1)          Volume I. chapitre V.

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d’autres méthodes que celles prévues dans les Ecritures. Il voudrait les gonfler de sentiments de zèle et d’orgueil pour l’œuvre qu’ils réalisent dans le cadre de leurs sys­tèmes et de leurs sociétés. L’Adversaire n’eut aucun suc­cès auprès du Maître dont la réponse fut invariablement: “ Il est écrit ”. Mais il n’en va pas de même avec ses dis­ciples. Bon nombre, bon nombre négligent ce qui est écrit, négligent l’exemple et les paroles du Maître, négli­gent les paroles et l’exemple des apôtres, et s’évertuent à accomplir pour Dieu ce qu’ils espèrent et croient qu’il approuvera et dont ils pensent que cela tournera à se louange.

Comme ils s’apercevront s’être admirablement illu­sionnés lorsque, bientôt, ils verront le Royaume tel que Dieu l’a conçu dès l’origine et tel qu’il l’a formé par sa propre action conforme à sa propre volonté. Ils découvriront qu’il vaut mieux veiller à se laisser enseigner du Seigneur que de tenter de l’enseigner, de réaliser son œuvre à sa manière plutôt que de travailler pour lui d’une façon qu’il n’agrée pas. Le succès des entreprises humaines —. la Papauté, le Méthodisme et autres dénomi­nations, toute proportion gardée — contribue à faire de ces systèmes des puissances d’égarement ”.

Le Seigneur n’est pas intervenu et n’a pas empêché la croissance de l’ivraie dans le champ de blé pendant cet Age de l’Evangile. Au contraire, il a averti son peuple que le blé et l’ivraie croîtraient ensemble jusqu’à la mois­son ”. Alors, il serait présent, il surveillerait la sépara­tion, rassemblerait le blé dans son grenier (la condition glorifiée) et ferait lier l’ivraie en bottes réservées au grand temps de trouble qui terminera l’âge et les dé­truira en tant qu’ivraie c’est-à-dire en tant qu’imita­tion de nouvelles créatures, sans pour cela les détruire physiquement entant qu’êtres humains. En fait “l’ivraie est souvent respectable, morale, de “ bon­nes gens” comme on dit. Même dans les religions païen­nes, on rencontre aussi de la bonté, quoique moins que parmi “l’ivraie”, laquelle se trouve avantagée du fait

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d’un contact étroit avec le blé et du fait aussi d’un discernement partiel de l’Esprit de Dieu.

L’apôtre Paul signale que ce Mystère de l’Iniquité (“ Babylone”, Confusion, Chrétienté) était déjà à l’œuvre parmi le peuple de Dieu de son vivant. Tant que l’apôtre Paul et les autres apôtres vécurent son action était évidemment réservée. Tant que les apôtres furent là, avec l’Eglise, ils purent démasquer les faux docteurs par l’in­termédiaire desquels l’Adversaire cherchait secrètement en privé, à introduire d’infâmes hérésies susceptibles de miner la foi des fidèles, et de les détourner de l’espérance, des promesses et de la simplicité de l’Evangile (2 Pierre 2:1). L’apôtre Paul parle aussi dans un sens général de ceux qui font métier d’iniquité et il en nomme, Hyménée et Philète et autres, qui se sont détournés de la vérité” et renversent la foi de quelques-uns (2 Timothée 2:17). Le même apôtre mit ou garde d’Eglise, par les Anciens d’Ephèse, contre ces faux docteurs et les erreurs qu’ils colportaient. Il dit qu’après sa mort il s’introduirait parmi eux des loups cruels qui n’épargneraient point le trou­peau (Actes 20:29). Ceci confirme remarquablement la prédiction du Seigneur dans la parabole (Matthieu 13:25, 39).Le Seigneur marque que ces faux docteurs et leurs fausses doctrines furent les agents de l’Adversaire qui sema l’ivraie tout au travers du blé que lui et les apôtres avaient planté. Il dit: “Tandis que les hommes (les ser­viteurs particuliers, les apôtres) dormaient, un enne­mi vint et sema de l’ivraie ”.

Il ne s’écoula pas longtemps, nous pouvons en être certains, après que les apôtres se furent endormis, que l’esprit de rivalité conduisît pas à pas à l’élaboration du grand système Antichrist : la Papauté, cette organisation ainsi que nous l’avons déjà vu (1), ne s’est pas établie instantanément mais petit à petit. Ce fut vers le qua­trième siècle qu’elle commença à prendre une autorité. Le grand Antichrist s’épanouit avec un tel succès que depuis

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ce moment jusqu’à l’époque de la Réformation” il ne fut pratiquement plus question d’avoir la droit de se dire chrétien ou d’être considéré comme orthodoxe et fidèle si l’on ne se ralliait pas d’une manière ou d’une autre ce système. Tout autre n’avait plus droit d’exister si ce n’est en cachette et s’il en a été fait des comptes-rendus ceux-ci ont vraisemblablement été détruits. Il est très probable que les fidèles de cette époque, tout comme ceux qui, de nos jours, marchent à la lumière de la vérité pré­sente, furent si insignifiants tant en nombre qu’en in­fluence que personne ne songea à parler d’eux devant la grande et rayonnante organisation qu’ils s’étaient efforcés de combattre et qui s’était si rapidement élevée aux places prépondérantes dans le temporel comme dans le domaine spirituel.

Depuis la Réformation” l’Adversaire s’est de nou­veau signalé en faisant dériver chaque nouveau départ (chaque nouvelle tentative pour retrouver la vérité) en un autre antichrist, tant et si bien que nous avons main­tenant non seulement la mère des prostituées des ori­gines mais encore ses nombreuses filles” (1). Face à tout ceci nous ne rechercherons de l’histoire de la véri­table Eglise que ce qui s’en trouve dans le Nouveau Tes­tament qui a été conservé comme une chose sainte et dans son intégrité en dépit de quelques interpolations sans importance comme dans Jean 21:25 et 1 Jean 5:7.

Nous attirerons l’attention sur certains faits qui prou­veront que les Ecritures ont été conservées comparative­ment intactes, et attesteront, en même temps, que les nombreux systèmes qui prétendent avoir été établis par le Seigneur et les apôtres différent essentiellement de celui qu’ils ont réellement institué et dont le récit nous est donné dans le Nouveau Testament.

1)  — Si l’Eglise primitive avait été organisée à la manière de la Papauté ou autres dénominations actuelles,

1) Volume 111, pages 42, 153, 155.  

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les récits qui on ont été faits eussent été tout à fait différents de ce qu’ils sont. On y eut trouvé quelque allu­sion à la grande cérémonie d’installation des apôtres dans leur fonction par notre Seigneur. Il aurait siégé tel un Pape recevant les apôtres en robes pourpres comme car­dinaux etc… Nous aurions des déclarations nettes et pré­cises sur l’observance du vendredi et l’abstention de viande, etc… On parlerait d’eau bénite aspergée sur les apôtres et les foules ainsi que du signe de la croix. On n’aurait pas oublié Marie, la mère du Seigneur. Il aurait été donné des précisions sur sa prétendue immacu­lés conception; elle aurait été présentée comme “ mère de Dieu” et Jésus lui-même lui aurait rendu hommage et aurait appris à ses apôtres comment s’approcher de lui par elle. Il aurait été fait quelque allusion aux “cierges ”, où, quand et comment les utiliser. Il y serait parlé de prière pour les saints, de la “messe” ; comment Pierre rencontrant des autres disciples fut admis comme Pape, comment ils se sont prosternés devant lui, com­ment il célébra la messe pour eux tous sur une simple déclaration qu’il avait le pouvoir de recréer le Christ dans le pain pour le sacrifier une nouvelle fois en faveur des transgressions individuelles. Il y serait parlé du lieu où fut enterré Etienne, comment Pierre ou les autres “ bénirent” sa tombe pour qu’il reposât en terrain consacré”, comment il lui mirent un “cierge” en main tandis qu’ils débitaient des prières. Nous aurions des déclarations sur les différente ordres du clergé, pourquoi les laïques ne doivent pas être considérés comme frères” mais céder le pas aux ecclésiastiques. Il serait fait men­tion de dignités hiérarchiques parmi ces derniers: Ré­vérend, Très Révérend, évêques, archevêques, cardinaux, papes; comment parvenir à ces hautes positions où l’on s’honore l’un l’autre, où c’est à qui est le plus grand.

Le fait que rien de tout cela n’est même relevé par les apôtres est une toute première évidence que les systèmes qui ont introduit, en tout ou en partie, de tels cloisonne­ments dans l’Eglise, de telles autorités, de tels offices, etc… n’ont pas été institués ni par les apôtres, ni sous

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leur direction, ni par leSeigneur qui les a établis et qui a reconnu leur travail — Jean 15:16 — Actes 1 :2 —Apocalypse 21:14.

2)   — Et cela prouve encore que la Bible n’a pas été forgée par ces faiseurs de religions qui auraient sûre­ment pas négligé de la farcir de références et d’allusions dans le genre de celles que nous venons d’exposer.

3) — Forts de cette évidence que de système “ mère” et sesnombreuses “filles ”du jour présent n’ont pas été ni voulus ni institués par le Seigneur et ses apôtres, mais ne sont que le résultat de multiples déviations de la simplicité de leurs enseignements et ne sont par conséquent que de pures institutions humaines essayant d’être plus sages que Dieu dans la réalisation de l’œuvre divine, ayons pleine confiance dans la Parole de notre Dieu et soyons attentifs aux plus petits détails qu’elle signale sur ce sujet comme sur tous les autres.

Au cours des six mille ans de l’histoire du monde jusqu’à nos jours, Dieu a abandonné aux hommes le soin de résoudre par eux-mêmes, et en faisant de leur mieux, les problèmes de la vie. L’homme a été créé avec des facultés d’entendement qui le portent à honorer et à ado­rer son Créateur. Ces qualités n’ont pas été absolument effacées par La chute. La “dépravation totale” n’est pas un fait exact en général. De même que Dieu a permis aux hommes d’exercer leurs facultés dans le sens qu’ils ont choisi, il les a aussi laissés libres de leurs penchants sur le planmoral et religieux. A part le cas de l’Israël historique, de l’Israël spirituel et des influences qu’ils ont pu exercer de par de monde, Dieu a laissé celui-ci seul, libre de faire de son mieux quant à son propre développe­ment, etc… Dans son ignorance et son aveuglement, l’homme est devenu la proie des velléités de Satan et des anges déchus qui, par diverses formes de superstitions, de fausses religions de magies, etc… ont détourné les masses humaines de la vérité. L’apôtre explique la situa­tion. Les hommes dit-il, n’ont pas reconnuDieu et ne

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l’ont pas glorifié à ce titre. Ils ne lui ont manifesté aucune reconnaissance mais se sont égarés dans leurs pensées et leur cœur inintelligent s’est obscurci. Et Dieu les a abandonnés à eux-mêmes. Il les a laissés choisir le chemin qu’ils préféraient. Ainsi ils finiraient par mesurer leur degré de déchéance, laquelle deviendrait comme la matérialisation de ce qu’est le péché et leur appren­drait combien il est insensé de suivre les conseils qui ne viennent pas du Créateur.

Comme nous l’avons déjà vu, le Seigneur ne se pro­pose pas de laisser l’humanité dans cette condition de faiblesse et d’avilissement Par la Nouvelle Création et le moment venu, la connaissance de l’Eternel parviendra à chaque être humain avec pleine occasion de comprendre la vérité et d’accéder aux bénédictions rendues centaines par la rédemption. Mais lepoint sur lequel nous voulons insister c’est que si Dieu a laissé les nations païennes à elles-mêmes, Il a aussi laissé la prétendue chrétienté” à elle-même. Il laisse les hommes qui ont reçu une certaine partie de la lumière de la révélation divine, utiliser cette lumière comme ils l’entendent — se faire la main pour apporter des améliorations au plan divin, organiser des sociétés, etc… Ceci ne signifie pas qu’il n’ait pas le pouvoir d’intervenir ni qu’il approuve ces plans, ces institutions plus ou moins opposées l’une à l’autre soit sur le plan strictement humain ou sur le plan religieux. Toutes ces tentatives constitueront un chapitre particu­lier de l’expérience humaine qui deviendra bientôt une réprobation muette pour beaucoup, lorsqu’ils s’aperce­vront du grand résultat du plan de Dieu et qu’ils verront comment il a suivi rigoureusement la ligne qu’il s’était tracée, accomplissant ses desseins, ignorant pratiquement les conceptions des hommes, s’en servant parfois et œuvrant aussi en complète opposition avec elles. Ainsi fit-il à la conclusion de ‘l’âge juif lorsqu’il laissa une fraction de ce peuple persécuter et crucifier le Seigneur et ses apôtres. De même qu’alors il y eut de “véritables Israélites” qui, par la suite, furent bénis, relevés et rendus participants des souffrances de Christ pour

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partager ensuite sa gloire, il y a aussi, probablement, main­tenant, de véritables Israélites” spirituels qui, à l’exem­ple de Paul, seront libérés des pièges de l’Adversaire.

Un autre point digne de remarque c’est que le Sei­gneur dispose d’un temps spécial pour commencer son Royaume, un temps spécial au cours duquel la Nouvelle Création est développée et préparée pour le service. Il semble qu’il soit dans les intentions divines qu’une lumière particulière brillât au commencement et à la fin de cette période. L’apôtre le donne à entendre lorsqu’il parle de “nous, qui sommes parvenus à la fin des âges” (1 Corinthiens 10:11). Ce fut au cours du chevauche­ment des âges juif et de l’Evangile que le Chemin, la Vérité et la Vie furent tout d’abord manifestés; ensuite s’étendirent les “âges de ténèbres”, et maintenant au moment du chevauchement des âges de l’Evangile et Millénial, la lumière brille comme jamais auparavant sur les choses nouvelles et anciennes ”. Tandis qu’il semble bien que, au début de l’âge, ceux dont le cœur était tourné vers le Seigneur reçurent une lumière particulière et que, maintenant aussi, ceux qui se trouvent dans les mêmes conditions, sont favorisés par la lumière de la Vérité présente pour être sanctifiés par elle, il ne faut pas croire qu’une même clarté était nécessaire pour se sanc­tifier au cours des siècles passés dont plusieurs furent connus sous le nom “d’âges de ténèbres ”. Point n’est besoin d’imaginer que le Seigneur soit jamais resté sans témoins quoique les pages de l’Histoire aient pu les igno­rer. Cette ignorance provenait de leur propre obscurité, étrangers qu’ils pouvaient être à ces grands systèmes anti-chrétiens, qu’ils désapprouvaient tout en s’y trou­vant peut-être mêlés. Ainsi l’appel du Seigneur manifeste vraiment qu’il faut attendre que bon nombre de ses en­fants soient DANS Babylone, confus et désemparés par son sectarisme. “Elle est tombée, elle est tombée, Baby­lone la grande!”. “Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés et que vous n’ayez point de part à ses fléaux ” Apo­calypse 18:2, 4.

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Après ce coup d’œil rapide sur l’Eglise et son his­toire venons on à l’Eglise telle qu’elle fut instituée à l’origine par notre Seigneur. De même qu’il n’y a qu’un seul Esprit de l’Eternel animant ceux qui lui appartiennent ainsi il n’y a qu’un seul chef, ou centre de l’Eglise et ce centre est Jésus. Il convient pourtant de se rappeler que, dans toute son œuvre, le Père eut sa large part, et qu’il affirma à maintes re­prises que son œuvre était accomplie au nom du Père et par son autorité. “Toute plante que mon Père n’a point plantée sera déracinée ” (Matthieu 15:13). La véritable Eglise, la Nouvelle Création, est plantée par le Père. Notre Maître a dit: Je suis le vrai cep vous êtes les sarments et mon Père est le vigneron. Plus tard il re­marque qu’il y a une “vigne de la terre”, une Eglise de nom, une église fausse qui n’a pas été plantée par le Père et qui sera déracinée. Le fruit de la vraie vigne, c’est l’Amour. Il est précieux aux yeux du Père. Mais le fruit de la vigne de la terre, c’est l’égoïsme sous toutes ses formes. Il sera rassemblé dans le grand pressoir de la colère de Dieu, dans le grand temps de trouble qui ter­minera cet âge. — Jean 15 :1 à 6 — Apocalypse 14:10.

Tout scrutateur de la Bible n’a pas été sans observer que notre Seigneur et les apôtres n’ont jamais admis de division d’ans l’Eglise et ont délibérément ignoré tout ce qui de près ou de loin apparentait au schisme. Pour eux l’Eglise était une et indivisible : une seule foi, un seul Seigneur, un seul baptême. A ce point de vue on la désignait comme l’Eglise, l’Eglise de Dieu, l’Eglise du Dieu vivant, l’Eglise de Christ, l’Eglise des premiers nés. Ses membres étaient appelés “ Frères ”, “ Disciples”, Chrétiens”. Ces noms sont indistinctement employés soit à propos de l’ensemble de l’Eglise ou des petits rassemblements mêmede deux ou de trois — que ce soit à Jérusalem, à Antioche ou ailleurs. La variété de ces noms et leur utilisation on général montre assez qu’aucun d’entre eux n’était destiné à devenir un nom propre. Tous faisaient ressortir la grande idée que notre Seigneur et ses apôtres avaient continuellement exprimée, c’est-à-dire

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que l’Eglise (Ecclésia, assemblée, corps) des dis­ciples du Seigneur, sont ses “élus” — pour avoir part à sa croix, apprendre maintenant les leçons nécessaires pour lui être associés bientôt dans la gloire.

Il eut fallu que cette habitude fut continuée. Or, elle fut modifiée pendant les âges de ténèbres (moyen âge). Quand l’erreur se fut développée, l’esprit de secte s’in­troduisit et il s’ensuivit des désignations particulières:

Eglise de Rome, Eglise baptiste, Eglise luthérienne, Eglise d’Angleterre, Sainte Eglise catholique, Eglise Méthodiste, Eglise chrétienne, Eglise presbytérienne, etc… Tout ceci est charnel comme le dit l’apôtre (1 Corinthiens 3:3, 4). La Nouvelle Création émergeant de ces grosses ténè­bres qui ont si longtemps couvert le monde voit clair également sur ce point. Observant l’erreur et même l’ap­parence du mal, non seulement elle sort du sectarisme, mais refuse tous ces noms non scripturaux tout on ré­pondant volontiers aux noms bibliques

Examinons maintenant les bases de l’unique Eglise établie par le Seigneur.

LES DOUZE APOTRES DE L’AGNEAU

L’apôtre déclare que personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé: Jésus-Christ (1 Co­rinthiens 3:11). Sur ce fondement, notre Seigneur, au titre de représentant du Père, a commencé à édifier son Eglise et, pour ce faire, a appelé douze apôtres, non pas arbitrairement mais après réflexion de même que les douze tribus d’Israël ne se sont pas trouvées au nombre de douze accidentellement mais conformément au plan de Dieu. Non seulement le Seigneur n’a pas choisi plus que ces douze pour occuper la position à laquelle il les avait destinés, mais il n’en a jamais autorisés davantage et l’a prouvé on remplaçant par l’apôtre Paul, Judas, qui avait découvert son indignité de prendre rang parmi les douze.

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Remarquons encore de quels soins le Seigneur a en­touré les apôtres, sa sollicitude pour Pierre, sa prière pour lui à l’heure de l’épreuve, comment plus tard il l’appela pour paître ses brebis et ses agneaux. Notons aussi son attitude devant Thomas qui doutait, comment il se mit en demeure de bien lui démontrer le fait de sa résurrection. De tous les douze, il n’en perdit aucun sinon le fils de perdition et encore la défection de celui-ci était-elle préconnue du Seigneur et annoncée dans l’Ecriture. Il n’est pas possible de reconnaître le choix de Matthias rapporté dans le livre des Actes comme étant le choix du Seigneur lui-même. Sans doute était-il “un brave homme mais il fut choisi par les onze qui n’avaient aucune autorité pour ce faire. Ils avaient reçu ordre de demeurer à Jérusalem et d’y attendre d’être revêtus de la puissance du Saint Esprit à la Pentecôte. Ce fut au cours de cette attente et avant d’avoir reçu l’esprit, qu’à tort, ils tirèrent au sort et choisirent Matthias pour prendre la place de Judas. Le Seigneur ne les réprimanda pas de s’être mêlé de ses affaires. Il ignora purement et simplement leur choix et, à son heure, introduisit l’apôtre Paul en déclarant : C’est un instrument que j’ai choisi”. Plus tard l’apôtre écrivit lui-même qu’il avait été choisi dès le sein de an mère pour être un serviteur particulier et qu’il n’était en rien inférieur aux apôtres par excellence. — Galates 1:15 ; 2 Corinthiens 11 :5.

De ce qui précède on peut voir que nous sommes tout à fait en dehors des vues de la Papauté, de l’Eglise pro­testante épiscopale, de l’Eglise catholique apostolique, des Mormons et de tous ceux qui prétendent que le nombre des apôtres n’a pas été limité à douze et que depuis leurs jours ils ont eu des successeurs qui ont parlé et écrit avec une autorité égale à la leur. Nous réprouvons cette conception et notons pour preuve que le Seigneur a plus particulièrement choisi les douze, le rappel du nombre douze dans le domaine, sacré se rapportant à cette élec­tion pour culminer dans l’image symbolique de l’Eglise glorifiée dont parle l’Apocalypse au chapitre 21. Là, la nouvelle Jérusalem — symbole du nouveau gouvernement

233 L’ORGANISATION DE LA NOUVELLE CREATION

Millénial, l’Eglise, l’Epouse unie à son Seigneur — se trouve bien délimitée. C’est une figure à propos de la­quelle il est précisé que les douze fondements de la cité sont précieux et portent les noms des “DOUZE apôtres de l’agneau”, ni plus ni moins. Quelle meilleure preuve pourrions-nous souhaiter qu’il n’y eut jamais plus de douze apôtres de l’agneau et que tous les autres n’ont été comme le dit l’apôtre Paul que de “faux apôtres”. — 2 Corinthiens 11 :13.

Et quel besoin y a-t-il d’en avoir un plus grand nombre? Ces douze ne s’ont-ils pas encore avec nous, par leur témoignage, par le fruit de leurs travaux, d’une meil­leure manière que pour ceux qui furent personnellement à leur contact pendant leur ministère. Nous possédons les comptes-rendus de leurs actes, les paroles du Seigneur, ses miracles, etc… Leurs discours et exposés des différentia sujets de la doctrine chrétienne, dans leurs épîtres, nous les possédons encore sous une forme des plus commodes. Et tout cela “suffit ”, explique l’apôtre, “pour que l’homme de Dieu soit accompli”. En, une autre cir­constance le même apôtre déclare: “Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu sans en rien cache ”Que faut-il de plus? — 2 Timothée 3:17 — Actes 20.27.

Tout aussitôt après ses quarante jours de méditation d’épreuve, par l’adversaire, dans le désert, et après avoir décidé de son orientation notre Seigneur commença à prêcher l’évangile du Royaume et à inviter des hommes à le suivre qui devinrent par la suite ses disciples. Ce fut au nombre de ces disciples qu’il choisit les apôtres (Luc 6:13 à 16). Tous provenaient des couches humbles de la société. Plusieurs d’entre eux étaient pêcheurs mais tous étaient connus, sans malveillance d’ailleurs, pour des hommes du peuple sans instruction”. (Actes 4:13). Selon toute apparence les douze furent appelés d’entre Les “disciples ou partisans qui avaient épousé la cause du Seigneur et la confessaient sans avoir pour autant abandonné leurs occupations journalières. Les douze furent invités à s’associer au ministère de l’Evangile et

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pour cela, il nous est dit qu’ils quittèrent tout et le sui­virent (Matthieu 4:17 à 22 ; Marc 1:16 à 20 ; 3:12 à 19 Luc 5:9 à 11). Les “soixante-dix” qui reçurent une mis­sion par la suite ne furent jamais reconnus comme apô­tres. Luc rapporte un compte-rendu traitant spécialement du choix des douze. Un instant auparavant, dit-il, notre Seigneur se retira sur la montagne pour prier — évidemment prendre conseil du Père au sujet de son œuvre et de ses collaborateurs. Il passa toute la nuit en prière et quand il fut jour Il appela auprès de lui ses disciples (en grec MATHETES, ceux qui apprennent, les élèves) et en choisit douze parmi eux qu’il nomma Apôttes (en grec, APOSTOLOS — envoyés). C’est ainsi que les douze furent séparés et distincts au nombre des disciples. — Luc 6:12, 13, 17.

Les autres disciples, non choisis en vue de l’apostolat furent également bien aimés du Seigneur et sans doute approuvèrent-ils le choix des douze reconnaissant ce choix conforme à l’intérêt de l’œuvre en général. Il n’est rien précisé des raisons qui guidèrent le Seigneur dans son choix mais l’allusion dans sa prière nous a été conservée lorsqu’il dit : “ Ils étaient à toi et tu me les as donnés”, et encore : Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés si ce n’est le fils de perdition : Judas. Dans quel sens, à quel échelon le Père fit choix des Douze nous importe peu. Sans doute étaient-ils tous humbles et leur basse extraction, leurs expériences de la vie, avaient con­tribuée à faire d’eux, non seulement des hommes, n’ayant pas d’eux-mêmes une idée trop avantageuse, mais avaient trempé en eux un caractère de détermination et de per­sévérance comme rien d’autre n’aurait pu le faire. Cette sélection des Douze, lorsqu’elle se fit, au lieu d’attendre la Pentecôte (moment de l’engendrement de l’Eglise), avait pour objectif de les rapprocher spécialement du Seigneur, de les mêler plus intensément à son œuvre, d’entendre son message, pour devenir, le moment arrivé, des témoins uniques de l’œuvre de Dieu, des paroles de vie prononcées par Jésus, pour le peuple de Dieu tout entier. — Luc 24:44 à 48 — Actes 10:39 à 42.

235 LA NOUVELLE CREATION

LA MISSION APOSTOLIQUE

On ne trouve nulle part la plus petite allusion au fait que les apôtres devaient être des seigneurs sur l’héritage de Dieu, qu’ils devaient se considérer comme différents des autres croyants, affranchis de la loi divine ou favo­risée pour ce qui est de leur héritage éternel. Ils devaient au contraire rappeler continuellement que vous êtes tous frères et qu’un seul est votre Maître : Christ ”. Ils devaient toujours rappeler la nécessité d’affermir sa vocation et son élection et, qu’à moins d’obéir à la Loi d’amour et d’être humble comme de petits enfants, on ne pourrait entrer dans le Royaume Ils ne reçu­rent aucun titre officiel, aucune instruction leur enjoi­gnant de porter des vêtements différents des autres ou de prendre des attitudes particulières. Ils devaient sim­plement être des exemples pour le troupeau en sorte qu’en voyant leurs bonnes œuvres on glorifie de Père et qu’en les imitant on imite aussi le conducteur pour parvenir à la même gloire, au même honneur, à la même immor­talité, participants de la même nature divine, membres de la même Nouvelle Création.

Leur mission était une mission de service. Ils avaient à servir les autres, servir le Seigneur et déposer leurs vies pour les frères. Ces services devaient se centrer sur la propagation de l’Evangile. Ils avaient part à la pré-onction qui déjà s’était posée sur leur Maître, la même onction destinée à toute la Nouvelle Création, a tout le Sacerdoce Royal et dont le prophète parle en ces termes: “L’Esprit de l’Eternel est sur moi parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nou­velles aux pauvres.., pour relever ceux dont le cœur est abattu”, etc… — Esaïe 61:1, 2—- Luc 4:17 à 21 -—Matthieu 10:5 à 8 — Marc 3:14 et 15—- Luc 10:1 à 17.

Bien qu’ils n’eurent pas directement part à cette onc­tion avant la Pentecôte, ils en eurent un avant-goût du fait que le Seigneur leur conféra une part de la puissance

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de son Esprit Saint lorsqu’il les envoya prêcher. Mais même en cela, l’occasion de s’en enorgueillir leur fut ravie lorsque, plus tard, le Seigneur en envoya soixante dix autres pour faire une œuvre semblable à la leur et doués du même pouvoir de faire des miracles on son nom. L’œuvre réelle des apôtres ne commença donc point, au sens propre du mot, avant d’avoir reçu le Saint Esprit à la Pentecôte. Là ils furent l’objet d’une manifestation spéciale de la puissance divine. Non seulement ils reçu­rent l’Esprit et les dons de l’Esprit mais il leur fut attri­bué le pouvoir de communiquer ces dons à d’autres. Ce pouvoir très spécial les distingua de tous les autres dans l’Eglise. Les autres croyants étaient comptés comme mem­bres du corps oint de Christ, participants de son Esprit et engendrés de cet Esprit à une nouveauté de vie, etc…, mais personne ne pouvait recevoir un don ou signe par­ticulier à moins qu’il ne lui soit conféré par un des apô­tres. Ces dons d’opérer des miracles, de parler en langues étrangères et de les interpréter, etc… ne constituaient pas un empêchement ni ne remplaçaient les fruits de l’Esprit qui devaient croître et se développer en chacun des fidèles comme conséquence d’obéissance aux instructions divines: croître en grâce, en connaissance et on amour. L’attribution de ces dons qu’on pouvait recevoir tout en demeurant un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit désignait les apôtres comme des serviteurs exceptionnels, des représentants du Seigneur dans la fon­dation de l’Eglise. — 1 Corinthiens 12:7 à 10 ; 13:1 à 3.

En choisissant ces apôtres et on les instruisant notre Seigneur avait en vue la bénédiction et l’enseignement de tous ses disciples jusqu’à la fin de l’âge. Ceci paraît évi­dent si l’on s’en rapporte aux termes de sa prière qui marqua la fin de son ministère et dans laquelle il dit: J’ai fait connaître ton nom aux hommes (apôtres) que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole. Mainte­nant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles (doctrines) que tu m’as données et ils les ont reçues… C’est pour eux que

237 L’ORGANISATION DE LA NOUVELLE CREATION

je prie. Je ne prie pas pour le monde mais pour ceux que tu m’as donnés parce qu’ils sont à toi… Ce n’est pas pour eux (les apôtres) seulement que je prie, mais encore pour tous ceux qui croiront on moi par leur parole (toute l‘Eglise de l’Evangile) afin que tous soient un (dans le but poursuivi et dans l’amour) comme toi, Père, tu ce en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous; (et montrant alors le but ultime de cette élection, des apôtres et de la Nouvelle Création tout en­tière, il ajouta) : pour que le monde (aimé de Dieu bien que pécheur et racheté par le précieux sang) croie que tu m’as envoyé ” — pour racheter le monde et le réta­blir . — Jean 17:6 à 9,20, 21.

Bien que sans instruction, les apôtres étaient très as­surément de forts caractères. Grâce à l’éducation du Sei­gneur, leur insuffisance en fait de sagesse à la manière du monde, fut plus que comblée parun esprit de bon sens”. Il n’est pas étonnant que l’Eglise primitive les ait unanimement reconnus comme guides dans la voie du Seigneur, des “ colonnes dans l’Eglise” dont l’autorité venait immédiatement après celle du Seigneur lui-même. Le Seigneur les avait d’ailleurs préparés à occuper cette position de plusieurs manières.

Ils avaient été journellement avec lui et étaient en mesure, par conséquent, de témoigner de tout ce qui concernait son ministère, ses enseignements, ses miracles, ses prières, sa sympathie, sa sainteté, son esprit de sa­crifice jusqu’à la mort et, pour finir, de sa résurrection. L’Eglise primitive avait besoin de tous ces témoignages. Et non seulement l’Eglise primitive mais encore tous ceux qui, depuis lors, ont été appelés par le Seigneur et ont répondu à son appel, tous ceux qui ont cherché en lui un refuge et se sont confiés aux grandes espérances centrées dans son caractère, dans sa mort sacrificatoire, dans son exaltation suprême et dans le plan de Dieu qu’il a pour mission d’accomplir. Tous ont eu besoin de ce témoignage personnel dans tous ces domaines pour en recueillir une foi vivante et une puissante consolation..

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Soixante-dix autres disciples furent envoyés pour pro­clamer la présence du Seigneur et la moisson de l’Age juif. Leur travail était, à beaucoup d’égards, différent de celui des douze. A dire vérité, si le Seigneur paraît avoir mis si fréquemment les apôtres à part, c’est pour que nous ayons, avec l’Eglise tout entière, pleine confiance en eux. Eux seule étaient présents avec lui lors de la dernière pâque lorsqu’il institua le mémorial de sa mort. Eux seuls étaient avec lui en Gethsémané. Ce fut à eux qu’il se manifesta plus particulièrement après sa résur­rection. Ce fut d’eux que le Saint Esprit se servit comme porte-parole le Jour de Pentecôte. Les onze étaient de Galilée” et comme certains en firent la remarque : Ne sont-ils pas tous Galiléens ! — Actes 2:7 — Luc 24:48 à 51 — Matthieu 28:16 à 19.

Bien qu’après sa résurrection. notre Seigneur se révé­lât à environ cinq cents frères, les apôtres furent mêlés à l’événement plus que d’autres. Ils devaient être des “témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont tué en le pendant au bois. Dieu l’a ressuscité le troisième jour… et Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple”, etc… Actes 10:39 à 45 ; 13 :31 ; 1 Corinthiens 15 :3 à 8.

L’apôtre Paul, sans être un témoin aussi direct que les onze fut quand même un témoin de la résurrection de notre Seigneur puisqu’il lui fut donné de se rendre compte, le temps d’un éclair, de sa glorieuse présence. Comme il le dit lui-même ; Après eux tous il m’est aussi apparu à moi, comme à l’avorton (avant le temps) (1 Corinthiens 15:5, 9). L’apôtre Paul n’avait pas plus le droit qu’un autre de voir le Seigneur dans sa gloire avant le reste de l’Eglise, lors de sa seconde venue, lorsque tous ses fidèles seraient changés, seraient comme lui et le verraient tel qu’il est. Mais pour que l’apôtre soit un Témoin il lui fut donné cette vision rapide et même des visions et des révélations de plus qu’aux autres. Peut-être même que, de cette manière, la lacune d’un manque de contact personnel avec le Maître fut-elle largement comblée.

239 LA NOUVELLE CREATION

Ses expériences spéciales ne furent pas pour son propre avan­tage, mais surtout, du moins le présumons nous, pour Le bien de l’Eglise entière. Il est certain que les expériences, les visions, les révélations, etc… accordées à l’apôtre qui remplaça Judas, ont été plus utiles que celles de n’im­porte quel autre apôtre.

Non seulement elles lui firent connaître et apprécier les choses profondes de Dieu”, des choses qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer (2 Corinthiens 12:4) mais la lumière qu’elles firent jaillir dans l’entendement de l’apôtre s’est réfractée, par ses écrits, sur l’Eglise, depuis lors jusqu’à maintenant.

Ce furent ces visions et ces révélations qui permirent à l’apôtre Paul de pénétrer la situation, d’apprécier la nouvelle dispensation, de reconnaître avec une telle pré­cision la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur du caractère et du plan de Dieu. Et ce fut parce qu’il comprit lui-même clairement toutes ces choses qu’il fut à même de les expliquer dans ses discours et dans ses épîtres d’une manière telle qu’elles furent en bénédiction pour toute la maison de la foi tout au long de l’âge. A vrai dire, même de nos jours l’Eglise pourrait plus faci­lement se passer des témoignages de tous les autres apô­tres que de celui de l’apôtre Paul. Nous sommes bien heu­reux cependant d’avoir le témoignage dans son entier, heureux de l’apprécier dans son ensemble y compris les caractères nobles de la totalité des douze. Notons les dé­clarations qui marquent son apostolat. Tout d’abord les paroles du Seigneur: Cet homme est un instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les nations, de­vant les rois et devant les fils d’Israël” (Actes 9 :15). L’affirmation personnelle de l’apôtre : Je vous déclare, frères, que l’Evangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme ; car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme mais par une révélation de Jésus-Christ (Galates 1:11 et 12) et encore : Celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis (des Juifs) a aussi fait de moi l’apôtre des païens” (Galates 2:8). Non seulement son zèle pour

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le Seigneur et les frères, son bon vouloir à sacrifier sa vie pour eux en dépensant son temps et ses forces à leur service, constituent la preuve de sa dignité à prendre rang parmi les apôtres et sur un pied d’égalité avec eux, mais lorsque son autorité apostolique dans l’Eglise fut mise an cause et contestée par certains, il sut défendre son ministère, invoquant la bénédiction dont il avait été l’objet de la part du Seigneur et les révélations qu’il lui avait données montrant par là qu’il n’était en rien inférieur” aux autres. — 1 Corinthiens 9:1 — 2 Corinthiens 11:5, 23 ; 12:1 à 7, 12 — Galates 2:8 ; 3:5.

Il n’entrait pas dans les intentions du Seigneur que les apôtres travaillassent exclusivement parmi les Juifs. Les textes montrent plutôt le contraire, il apprit aux onze que son œuvre et leur message intéressait le peuple tout entier, qu’ils devaient demeurer à Jérusalem, y attendre d’être revêtus de la puissance d’en-haut et ensuite de commencer à annoncer ce dont ils avaient été les témoins Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre” (Actes 1:8). Ce témoignage se propagea du vivant des apôtres et continue encore. Ils prêchent encore. Ils instruisent encore les fidèles, les encouragent, les avertissent les réprimandent. Leur mort n’a pas suspendu leur ministère. Ils parlent encore, ils témoignent encore, ils sont encore des porte-paroles du Seigneur à ses dis­ciples.

L’INSPIRATION DES APOTRES

Il est normal d’avoir confiance dans les apôtres et de voir on eux de fidèles témoins dont le témoignage porte le sceau de l’honnêteté puisqu’ils n’ont recherché ni la richesse ni la gloire parmi les hommes mais ont au con­traire tout sacrifié dans leur zèle pour leur Maître res­suscité et glorifié. Leur témoignage cependant serait, re­latif s’il ne se signalait que par ce seul côté. Mais les

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Ecritures font remarquer que le Seigneur s’est servi d’eux et en a fait ses instruments inspirés. Il les a guidés tout particulièrement dans le témoignage, dans les doctrines, dans les coutumes. etc… qu’ils eurent pour mission d’éta­blir dans l’Eglise. Non seulement ils ont témoigné des choses qu’ils ont vues et entendues mais encore des enseignements qu’ils ont reçus par le Saint Esprit. En cela ils furent des dispensateurs fidèles. Qu’on nous regarde comme… des dispensateurs des mystères de Dieu” dit Paul (1 Corinthiens 4:1). La même idée se retrouve quand notre Seigneur dit aux douze: Je vous ferai pêcheurs d’hommes” et encore “ Pais mes brebis ”, Pais mes agneaux”. L’apôtre explique que le mystère (les vé­rités profondes de l’Evangile au sujet du haut appel de la Nouvelle Création, le Christ) caché au cours des âges antérieurs est maintenant révélé à ses apôtres et pro­phètes par l’Esprit. Et le but de cette révélation est de mettre en lumière quelle est la dispensation du mystère (sous quelles conditions il est possible d’avoir part à la Nouvelle Création) caché de tout temps en Dieu qui a créé toutes choses (Ephésiens 3:3 à 11). Et pour ce qui est de l’Eglise, comment elle doit être édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ étant la pierre angulaire, l’apôtre ajoute: A cause de cela (à cause de l’édification de l’Eglise, le temple de Dieu) moi Paul, (je suis) le prisonnier de Christ pour vous païens”. — Ephésiens 2:20, 22; 3:1.

Le Consolateur devait vous enseigner toutes choses et vous rappeler tout ce que je vous ai dit” et vous annoncer les choses à venir, (Jean 14:26; 16:13). A un certain point de vue cette promesse était sans doute appli­cable à toute l’Eglise mais elle l’était en tout premier lieu aux apôtres. A la vérité, elle se réalise encore à l’endroit de toute l’Eglise mais par les apôtres, leurs paroles écrites demeurent toujours les intermédiaires par les­quels l’esprit saint nous enseigne les choses nouvelles et anciennes. Conformément à cette promesse nous pouvons déduire que l’inspiration apostolique revêt un triple as­pect.

242 LA NOUVELLE CREATION

  1. Rafraîchissement de la mémoire leur permettant de se souvenir et de rapporter les enseignements per­sonnels du Maître.
  2. Direction dans l’appréciation de la vérité dans sa relation avec le divin plan des âges.
  3. Révélation spéciale des choses à venir, des choses à propos desquelles notre Seigneur avait dit: J’ai en­core beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez les supporter maintenant ”. — Jean 16 :12.

Point n’est besoin de supposer que le rafraîchissement de mémoire expérimenté par les apôtres impliquait la dictée rigoureuse des mots exacts ou de l’ordre scrupu­leux dans lequel les paroles de notre Seigneur furent prononcées. Les écrits apostoliques ne paraissent pas lais­ser l’impression d’avoir été rédigés sous la dictée. Malgré tout, la promesse du Seigneur comporte en elle-même la garantie nécessaire de l’exactitude des déclarations. Dans chacun des quatre évangiles nous retrouvons l’histoire de la naissance et du ministère de Jésus et pourtant, on trouve en chacun d’eux, la marque de la personnalité de l’écrivain. Chacun, dans un style qui lui est propre, rap­porte ce qui lui a paru le plus important et, sous la direc­tion du Seigneur, il se trouve que ces récits différents reconstituent une histoire aussi complète que nécessaire à la stabilisation de la foi de l’Eglise, à l’identification de Jésus comme Messie des prophètes, à l’accomplissement des prophéties qui le concernent ainsi que les faits sail­lants de sa vie et de ses enseignements. Si l’inspiration avait été verbale (une dictée mot à mot) il n’eut pas été nécessaire que plusieurs hommes en refassent le récit. Par contre il est à remarquer que, bien que chaque écri­vain ait pu donner libre cours à son mode d’expression et faire son choix dans l’a relation des événements qu’il ju­geait importants, le Seigneur, par son esprit, a conduit les choses de manière que rien de marquant ne fut omis, que tout ce qui était utile fut fidèlement rapporté afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre”. Il n’est pas sans intérêt de remarquer que le récit de l’apôtre Jean complète celui des trois autres — Matthieu, Marc et Luc et qu’il parle sur­tout de circonstances et d’incidents sérieux que les autres ne relèvent pas.

243       L’ORGANISATION DE LA NOUVELLE CREATION      

La promesse du Seigneur, de guider, par l’Esprit Saint, les apôtres et par eux la Nouvelle Création dans toute la vérité” implique que cette direction serait d’un ordre général plutôt que dans un sens individuel ou per­sonnel. L’accomplissement de cette promesse d’après les relations qui en sont faites, prouve à l’évidence qu’il en est ainsi. Bien que les apôtres, à l’exception de Paul, eussent été des hommes sans manières et sans instruction, leurs écrits n’en sont pas moins remarquables. Ils étaient capa­bles de confondre la sagesse des sages théologiens de leur époque et depuis lors jusqu’à présent. Si éloquente que soit l’erreur, elle ne peut tenir devant la logique des déductions tirées de la Loi, des Prophètes et des enseigne­ments du Seigneur. Les Docteurs de la Loi, Juifs par excellence, furent étonnés eux-mêmes et les reconnurent pour avoir été avec Jésus”. Car ils avaient assimilé sa doctrine et imité son esprit. Actes 4:5, 6, 13.

Les épîtres apostoliques ne sont autre chose que la réunion de ces arguments logiques basés sur les écrits inspirés de l’Ancien Testament et sur les déclarations du Seigneur. Ceux qui, au cours de cet âge de l’Evangile, se sont laissés conduire par le même esprit, en suivant la même argumentation transmise par le Seigneur et par ses porte-paroles, ont abouti aux mêmes conclusions con­formes à ce qui est vrai. C’est ainsi que notre foi repose non sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu (1 Corinthiens 2:4, 5). Ces enseignements, tout aussi bien que leur cadre historique, ne laissent pas l’im­pression d’avoir été dictés mot à mot, ni que leurs auteurs furent, à leur manière, de simples secrétaires du Sei­gneur, écrivant mécaniquement comme les prophètes des temps antiques (2 Pierre 1:21). Les idées claires des apôtres provenaient plutôt d’un éclairement de la pensée qui les mettaient à même de voir et de pénétrer les buts divins pour les exposer ensuite avec clarté de la même manière que, depuis lors, les enfants de Dieu, suivant la même ligne, ont pu croître on grâce, en connaissance et en amour pour comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de

244       LA NOUVELLE CREATION

L’amour divin et de connaître l’amour de Christ qui sur­passe toute connaissance (toute conception humaine)”. —Ephésiens 3:18, 19.

Nous avons toutes raisons de croire que ce qu’ils ont enseigné, tout comme leurs compte-rendus, ont été sur­veillés par le Seigneur de telle sorte que les mots im­propres ont été évités et que la vérité exposée sous la forme que nous Lui connaissons constitue vraiment une “nourriture au temps convenable” à l’usage de la maison de la foi depuis les temps apostoliques jusqu’à nos jours. Cette surveillance divine entourant les apôtres était sous entendue par les paroles du Maître lorsqu’il disait: Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel” (Matthieu 18:18). Il ne faut pas comprendre par que le Seigneur ferait abstraction de ses prérogatives pour obéir aux ordres des apôtres. Il convient plutôt de penser que ceux-ci devaient être guidés à ce point par l’Esprit Saint, que leurs décisions dans l’Eglise sur ce qu’il fallait considérer comme règle impérative ou facultative étaient valables, et que l’Eglise en général devait considérer les conclusions des apôtres comme aussi péremptoires que si elles étaient formulées par le Seigneur lui-même.,

SUR CETTE PIERRE JE BATIRAI MON EGLISE

Dans la même ligne de pensée, après que l’apôtre Pierre eut rendu son témoignage que notre Seigneur était le Messie, Jésus, reprenant la parole, lui dit: Tu es heu­reux Simon, fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi je te dis que tu es Pierre (PETROS, une pierre, un rocher) et que sur cette pierre (PETRA un rocher, la grande vérité fondamentale solide comme un roc que tu viens d’exprimer) je bâtirai mon Eglise ”. Le Seigneur lui-même est le constructeur tout comme il se déclare aussi être le fondement. “ Per­sonne ne peut poser un autre fondement que celui qui a

245       L’ORGANISATION DE LA NOUVELLE CREATION      

été posé: Jésus-Christ ”, (1 Corinthiens 3:11). Il est le grand Rocher et le fait, pour Pierre, de le reconnaître comme tel devenait un témoignage de base, une déclara­tion fondamentale de l’action principale qui souligne le plan divin. C’est ainsi que l’apôtre Pierre l’a compris et c’est ainsi qu’il l’explique (1 Pierre 2 :5, 6). Tous les vrais croyants consacrés, dit-il, sont des PIERRES vivantes” qui doivent s’approcher de Jésus-Christ, le grand Rocher du plan de Dieu, pour former un saint temple de Dieu en union avec lui — le fondement. Pierre, donc, déclinait toute prétention à être la pierre fondamentale et se ran­geait tout simplement parmi toutes les autres pierres vivantes” (Grec, LITHOS) de l’Eglise, malgré que PE­TROS, rocher, veuille dire une pierre de plus grande dimension que LITHOS et que tous les apôtres, eux aussi pierres de base, aient dans le plan divin et dans l’ordre plus d’importance que leurs frères. — Apocalypse 21 :14.

LES CLEFS DE L’AUTORITE

Dans le même ordre d’idées, le Seigneur dit à Pierre: Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux… ”. etc… Ainsi la même autorité octroyée aux apôtres dans l’en­semble se trouva exprimée plus spécialement à l’endroit de Pierre avec le privilège supplémentaire de détenir les clefs — avoir le pouvoir, l’autorité d’ouvrir. Nous nous souvenons de la manière dont l’apôtre Pierre se servit des clefs du Royaume et ouvrit l’œuvre de la nouvelle dispensation, tout d’abord pour les Juifs à la Pentecôte et plus tard pour les Gentils dans la maison de Corneille. Le Jour de la Pentecôte, tandis que le Saint Esprit était répandu, nous lisons que Pierre se tenait avec les onze”. Il prit l’initiative, il ouvrit, les autres suivirent et l’invitation de l’Evangile fut lancée ouvertement parmi les Juifs. Dans le cas de Corneille le Seigneur envoya des messagers à Pierre et, par une vision, le poussa à les suivre. Il devint ainsi l’instrument qui ouvrit la porte de la miséricorde, de l’a liberté et du privilège aux Gentils

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afin qu’eux aussi puissent entrer et avoir part au haut appel à la Nouvelle Création. Tout cela s’accorde avec ce que nous avons reconnu être dans les intentions du Seigneur à propos du choix des douze apôtres. Et plus les enfants de Dieu voient dans ces douze hommes les représentants particuliers de la nouvelle dispensation, plus ils trouvent dans leurs paroles l’expression vraie au sujet de la Nouvelle Création, mieux ils sont disposés à accep­ter leurs déclarations et plus difficilement enclins à ad­mettre les enseignements qui s’opposent à leur témoi­gnage. “S’ils ne parlent pas ainsi, c’est parce qu’il n’y a pas de lumière en eux”. — Esaïe 8:20.

La dernière proposition de la promesse de notre Seigneur est celle-ci : “Il (le Saint Esprit du Père) vous montrera les choses à venir”. Cette phrase implique une inspiration spéciale au bénéfice des apôtres et, par voie de conséquence, une bénédiction et un éclairement du peuple de Dieu, grâce à leurs écrits, jusqu’à la fin de cet âge. Ils devaient donc être non seulement de saints apôtres mais encore des prophètes, des voyants rensei­gnant l’Eglise sur les événements à venir. Point n’est besoin de supposer que tous les apôtres furent utilisés à un égal niveau dans tout ou partie de ces différents modes de service. Le fait est que quelques-uns d’entre eux furent honorés davantage non seulement dans leur mission d’apôtres mais encore en pressentant les choses à venir. L’apôtre Paul en signale quelques-unes : la grande apostasie dans d’Eglise; la révélation de “l’homme de péché” ; le mystère de la Seconde venue de Christ, que nous ne dormirons pas tous mais que nous serons tous changés; le mystère caché dans tous les âges et dans toutes les générations, que l’Eglise, y compris les Gentils, deviennent co-héritiers de la promesse faite à Abraham et que sa postérité bénirait toutes les familles de la terre, etc… etc… Il annonce encore qu’à la fin de l’âge des conditions difficiles prévaudront dans l’Eglise, que les hommes aimeront les plaisirs plus qu’ils n’aimeront Dieu, qu’ils auraient une forme de piété tout en reniant ce qui en fait la force, qu’ils seraient traîtres à leurs engagements, etc…

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et que des “loups ravisseurs” (hauts cri­tiques destructeurs) n’épargneraient pas le troupeau du Seigneur. Tous les écrits de l’apôtre Paul sont émaillés des visions et des révélations qu’il reçut, en tant que voyant ce qui, de son jour, était encore à venir, et qui de ce fait ne pouvait être expliqué complètement mais qui se manifeste maintenant aux saints par les types et les prophéties de l’Ancien Testament que l’on saisit, grâce aux expressions de l’apôtre, parce que le temps est venu de les comprendre.

L’apôtre Pierre, de son côté, voyant lui aussi, prédit la venue de faux instructeurs dans l’Eglise, qui, en privé et en secret, introduiraient de pernicieuses hérésies allant même jusqu’à nier que le Seigneur les a rachetés. Plon­geant le regard jusqu’à notre époque il prophétise que “dans les derniers jours il y aura des moqueurs… disant: Où est la promesse de sa Présence (celle de Christ)”. Et encore “le jour du Seigneur viendra comme un voleur d’anis la nuit”, etc…

L’apôtre Jaques, lui aussi, prophétise sur la fin de cet âge et déclare: “A vous maintenant, riches! Pleurez et gémissez à cause des malheurs qui viendront sur vous. …Vous avez amassé des trésors pour les derniers jours”,

L’apôtre Jean fut le voyant ou prophète le plus remarquable de tous les apôtres. Ses visions, formant le livre de l’Apocalypse, situent les choses à venir dans un cadre très particulier.

L’INFAILLIBILITE APOSTOLIQUE

De ce qui précède nous sommes autorisés à croire que les apôtres furent guidés par le Seigneur et par son Esprit de telle manière que leurs déclarations publiques étaient faites sous l’inspiration divine pour le bien de l’Eglise et n’étaient pas moins infaillibles que celles des

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prophètes sous l’a dispensation précédente. Bien que rassurés sur la véracité de leur témoignage et sur le fait que leurs déclarations à l’Eglise ont reçu le sceau de l’ap­probation divine, il est bon d’examiner avec soin cinq circonstances différentes, mentionnées dans le Nouveau Testament, habituellement considérées comme contraires à la pensée que les apôtres n’ont pas erré dans leurs en­seignements. Voyons-les l’une après l’autre.

1) — Le reniement de Pierre, immédiatement avant la crucifixion du Maître. II n’est pas douteux que Pierre ait commis un acte répréhensible dont il s’est d’ailleurs sincèrement repenti. Cependant nous ne devons pas perdre de vue que bien qu’il se soit laissé aller à une action aussi injustifiable après avoir été choisi comme apôtre, ceci se passa avant d’avoir été oint du Saint Esprit à la Pen­tecôte, c’est-à-dire avant d’avoir été investi par Dieu dans sa fonction d’apôtre au sens le plus complet. De plus, l’infaillibilité apostolique dont nous avons parlé ne concerne que leurs enseignements en public et leurs écrits mais n’a aucun rapport avec les incidents et les à côtés de leurs vies puisque, sans conteste, ils étaient aussi affectés par les imperfections de leurs vases de terre, affectés par la chute dont tous les enfants d’Adam ont souffert. Ce que l’apôtre en dit: “Nous possédons ce trésor dans des vases de terre”, s’appliquait évidemment à lui-même comme aux autres apôtres, comme à tous les membres de l’Eglise ayant reçu le même Saint Esprit. Notre participation individuelle dans de grand œuvre de réconciliation de notre Maître couvre ces souillures de la chair contraires à nos désirs comme Nouvelles Créa­tures.

L’office apostolique pour le service du Seigneur et de l’Eglise se trouvait tout à fait en marge des faiblesses de leur chair et leur fut confié, non parce qu’ils étaient humainement parfaits, mais alors même qu’ils étaient au contraire “des hommes de la même nature” que nous (Actes 14:15). Leur office ne leur apporta pas le rétablis­sement — la perfection de leurs corps mortels mais

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seulement un nouvel entendement, une nouvelle compréhension, et le saint esprit pour les guider. Il ne rendit pas Leurs pensées et leurs actions parfaites mais simple­ment les gouvernèrent pour que les déclarations publi­ques des douze fussent infaillibles — la Parole du Sei­gneur. C’est d’ailleurs la forme d’infaillibilité que reven­diquent les papes. Quand le pape parle EX CATHEDRA c’est-à-dire officiellement, il est conduit par Dieu et ne peut se tromper. Cette certitude essentielle des papes re­pose sur le fait qu’ils s’estiment êtres des apôtres. Ils ne font qu’oublier que les Ecritures enseignent qu’il n’y a que douze apôtres de l’agneau”.

2) En une certaine circonstance Pierre “dissi­mula” — fut répréhensible parce qu’il adoptait une atti­tude susceptible d’une double interprétation (Galates 2:11 à 14). On argue de ceci pour prouver que les apôtres n’étaient pas infaillibles en conduite. Nous. en convenons, puisque les apôtres eux-mêmes le reconnaissent (Actes 14:15) mais nous répétons qu’il ne fut pas permis à ces faiblesses humaines d’entacher leur œuvre ni leur utilité en tant qu’apôtres qui “ont prêché l’Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel” (1 Pierre 1:12 — Galates 1 :11, 12), non avec la sagesse des hommes mais avec l’a sagesse d’En-haut (1 Corinthiens 2:5 à 16). Cette erreur de Pierre, Dieu la corrigea sur le champ par l’apôtre Paul qui, avec douceur mais avec fermeté “lui résista en face parce qu’il était répréhensible”. Les deux épîtres de Pierre établissent suffisamment qu’il accepta la remon­trance et que, par la suite, il sut vaincre sa faiblesse d’une préférence à l’égard des Juifs. On n’y trouve au­cune trace de nouvelles tergiversations à ce sujet ni d’attiédissement dans sa fidélité envers le Seigneur.

3)    On affirme que les apôtres croyaient que le retour du Seigneur s’opérerait très bientôt, peut être de leur vivant, et que sur ce point ils ont erré, prouvant par là, qu’il ne faut pas trop se rapporter à leurs enseigne­ments. Nous répondons que le Seigneur a déclaré qu’il laissait les apôtres clans l’incertitude sur le moment de

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son retour et de l’établissement du Royaume, leur disant simplement et à tous de veiller de manière que lorsque l’événement se produirait ils puissent s’en apercevoir et ne soient pas dans les ténèbres comme le monde. Lors­qu’après la résurrection du Maître, ils s’enquirent à ce sujet, il leur fut répondu “Ce n’est pas à vous de con­naître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité”. Trouverons-nous donc à redire aux apôtres à propos d’une question que le Seigneur a déclaré être pour un temps le secret divin? Sûrement pas. Par contre, nous trouvons que, sous l’a direction de l’esprit à propos des “choses à venir ”, les apôtres furent très cir­conspects dans le choix de leurs expressions lorsqu’ils abordèrent le sujet du moment de la seconde venue de Christ. Loin d’attendre cet événement de leur vivant, leurs écrits laisseraient plutôt croire le contraire.

Par exemple, l’apôtre Pierre précise qu’il a écrit ses épîtres pour que son témoignage accompagne l’Eglise après sa mort, ce qui prouve à l’évidence qu’il n’espérait pas vivre jusqu’au moment de l’établissement du Royaume (2 Pierre 1 : 15). Tout en déclarant “le temps est court” l’apôtre Paul ne prétend pas en fixer la durée. A la vérité, considéré ‘sous l’angle d’une semaine de sept jours de mille ans — dont le septième serait celui du Royaume — plus des quatre sixièmes du temps d’attente s’étaient déjà écoulés et le temps était avancé. De la même manière, sur le plan humain, lorsque le jeudi arrive, on dit : la semaine sera bientôt passée. Paul parlai aussi du moment de son départ, qu’il était disposé à quitter cette vie et même qu’il le souhaitait. Il remarqua que le jour du Seigneur viendrait comme un voleur dans la nuit. Il redressa quelques fausses conceptions sur le sujet di­sant : “Nous vous prions frères de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre bon sens et de ne pas vous laisser troubler soit par quelque inspiration, soit par quelque parole ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous comme ai le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant et qu’on ait vu

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paraître l’homme du péché, le fils de la perdition ” etc… “Rappelez-vous que je vous disais ces choses lorsque j’étais encore chez vous. Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps ”.

4) — On objecte que Paul qui a écrit : “Moi, Paul, je vous dis que si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien” (Galates 5:2) fit circoncire Timo­thée (Actes 16:8). Et l’on demande : N’a-t-il pas donné un faux enseignement contredisent ses propres paroles? Nous répondons: Non. Timothée était juif et sa mère était juive (Actes 16:1). La circoncision était une coutume nationale chez les Juifs. Elle était antérieure à la Loi de Moïse et fut encore observée après que Christ eut “effacé l’acte (de l’alliance de la Loi) en le clouant à la croix”. La circoncision, fut donnée à Abra­ham et à sa postérité quatre cent trente ans avant que la Loi fut prescrite à la nation d’Israël au Mont Sinaï. Pierre était l’apôtre des circoncis (c’est-à-dire des Juifs) et Paul l’apôtre des incirconcis (c’est-à-dire des Gentils) —Galates 2:7 et 8.

Son argumentation de Galates 5:2 ne s’adressait pas à des Juifs. Il s’adressait à des Gentils qui ne désiraient et même ne pensaient à la circoncision que parce que quelques faux docteurs jetaient la confusion dans leur esprit en leur disant qu’ils devaient observer l’a Loi tout en acceptant Christ ce qui aboutissait à leur faire ignorer la Nouvelle Alliance.

L’Apôtre leur fait remarquer que, se faire circoncire pour cette raison (ou par tout autre raison analogue) équivaut à répudier l’alliance de la Grâce et par conséquent toute l’œuvre de Christ. Il n’objectait rien au fait que les Juifs continuassent d’observer leur coutume nationale de la circoncision. Ceci ressort d’ailleurs de ce qu’il écrit dans sa première lettre aux Corin­thiens au chapitre 7 versets 18 et 19 et dans son com­portement au sujet de Timothée. Non pas qu’il soit in­dispensable que Timothée ou tout autre Juif fut

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circoncis. Mais cela n’était pas incompatible et comme il avait surtout affaire à des Juifs, cela ne pouvait qu’of­frir un avantage et leur donner confiance. Par contre nous voyons la ferme résistance de Paul lorsqu’on proposa que Tite — un grec pur sang se fit circoncire. -—Galates 2:3, 5.

5) L’épisode concernant Paul, rapporté au livre des Actes chapitre 21 versets 20 à 26, est, dit-on, con­traire à la doctrine qu’il professe et accuse des variations dans ses conceptions et ses pratiques. On prétend que c’est en raison de son comportement équivoque à ce mo­ment qu’il fut emprisonné et envoyé à Rome. Cette ma­nière de voir n’est pas du tout soutenue par les faits et circonstances que rapportent les Ecritures. Le récit témoigne que, dans toute cette affaire, Paul eut la sympa­thie et l’approbation de tous les autres apôtres et que par dessus tout le Seigneur ne lui retira pas sa faveur. En agissant comme il l’a fait il suivait le conseil des autres apôtres. Un prophète l’avait averti, avant qu’il vînt à Jérusalem (Actes 21:10 à 14) que des liens et la prison l’attendaient. Obéissant à la conviction de son devoir il brava toutes ses adversités prédites. Au cœur même de d’épreuve nous lisons que: le Seigneur apparut à lui et dît : Prends courage, car de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome”. Plus tard le Seigneur lui manifeste encore sa faveur comme on peut le lire : “Un ange du Dieu à qui j’appartiens et que je sers m’est apparu cette nuit et m’a dit : Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César et voici Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi ”. Actes 23:11 ; 27:23. 24.

Devant tout ceci, force nous est de chercher à com­prendre la conduite de Paul dans ce cadre de la digne droite, noble et hardie qu’il a toujours suivie dans une œuvre et un témoignage que non seulement Dieu ne dés­avoua pas mais qu’il approuva pleinement. En examinant le texte de Actes 21 :21 – 27 on peut observer (verset 21)

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que Paul n’a jamais dit que les convertis Juifs ne de­vaient pas circoncire leurs enfants pas plus qu’il n’a ja­mais répudié la Loi mosaïque. Il l’a plutôt rehaussée en dégageant les plus grandes et les plus nobles réalités que la loi de Moïse ne faisait que pressentir par des types. Ainsi donc, loin d’écarter Moïse il l’a exalté ainsi que la Loi puisqu’il dit: “ La Loi est juste et le commandement saint, juste et bons ”. Mais il a montré que, à cause de la Loi, la connaissance du péché s’est trouvée accrue; que la Loi était si élevée qu’aucun homme imparfait ne pouvait atteindre à son niveau; que Christ, en l’accomplissant, a gagné la récompense qu’elle promettait, et que, maintenant, sous d’Alliance de la Grâce, il offrait la vie éternelle et la bénédiction, en don, à ceux qui ne pouvaient réaliser la loi mais qui, par la foi, ac­ceptaient en couverture de leurs imperfections, sa propre obéissance et son sacrifice parfaits, pour devenir ses disciples sur le sentier de la justice.

Certaines cérémonies appartenant à la dispensation juive les jeûnes, la célébration des nouvelles lunes, des sabbats et des fêtes — étaient des types des vérités spi­rituelles appartenant à l’âge de l’évangile. L’apôtre ex­pose que l’Evangile de la Nouvelle Alliance ne les impose ni ne les défend : la Cène et le Baptême sont les seules manifestations à caractère symbolique qui nous soient ordonnées et qui soient nouvelles. — Colossiens 2:16, 17 — Lue 22:19 — Matthieu 28:19.

L’un de ces rites symboliques juifs, la purification ”, fut observé par Paul et les quatre Juifs dans le cas qui nous occupa. Etant Juifs ils avaient le droit, s’ils le vou­laient, non seulement de se consacrer à Dieu en Christ mais encore d’en réaliser le symbole par cette purifi­cation. C’est ce qu’ils firent, les hommes qui accompa­gnaient Paul ayant décidé, quant à eux et en supplément de faire le vœux de s’humilier devant le Seigneur et son peuple en se faisant raser la chevelure. Ces cérémonies symboliques n’étaient pas gratuites. Ce qu’elles coûtaient consistait en une “offrande, d’argent — tant par tête, pour couvrir les dépenses du Temple.

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L’apôtre Paul n’a jamais enseigné aux Juifs qu’ils étaient libres quant à la Loi. Au contraire, cette Loi dominait sur eux tant qu’ils vivaient. Il montre pourtant que, si un Juif accepte Christ, “ meurt avec lui”, cela clôt les revendications de la Loi sur ce Juif qui devient l’homme libre de Dieu en Christ (Romains 7:1 à 4). Par contre il a appris aux convertis d’entre les Gentils qu’ils n’avaient jamais été assujettis à l’Alliance de la Loi juive, et que, pour eux, pratiquer les cérémonies et les rites juifs, équivalait à s’en remettre à ces sym­boles pour leur salut plutôt que de regarder et de se con­fier entièrement au mérite du sacrifice de Christ. Et à cela tous les apôtres acquiesçaient. — Voir Actes 21 :25 ;15:20, 23 à 29.

Notre conclusion sera que Dieu s’est merveilleusement servi des douze apôtres, qu’il a fait d’eux des ministres tout à fait capables de dispenser sa vérité les guidant de façon surnaturelle sur les sujets à propos desquels ils ont écrit. Ainsi, rien de ce qui devait être utile à l’homme de Dieu ne fut omis et les mots dont ils se sont servis dans leurs écrits d’origine ont été choisis avec un soin et une sagesse tels que les apôtres eux-mêmes ne l’ont pas toujours compris. Loué soit Dieu d’avoir donné à notre foi une base aussi sûre.

LES APOTRES N’ETAIENT PAS DES SEIGNEURS SUR L’HERITAGE DE DIEU

Les apôtres doivent-ils être considérés, dans un sens quelconque, comme des Seigneurs dans l’Eglise? En d’autres termes lorsque le Seigneur et chef de l’Eglise s’en est allé, l’un d’eux a-t-il pris la place du chef? ou ont-ils formé ensemble une Tête composée pour prendre sa place et prendre en mains les rênes du gouvernement?

Ont-ils été, l’un ou l’autre d’entre eux, ce que les papes de Rome prétendent être en tant que leurs successeurs, les vicaires ou substituts de Christ dans l’Eglise qui est son corps?

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A l’encontre d’une hypothèse comme celle-là nous avons la déclaration nette et précise de Paul : “Il y a un seul corps” et “ un seul Seigneur ” ‘(Ephésiens 4:4 et 5). Ainsi donc, parmi les différents membres du corps, qu’elle que puisse être l’importance de certains d’entre eux, l’unique Seigneur et chef doit être reconnu. Ce point, le Seigneur l’a aussi établi lorsque s’adressant à la foule et à ses disciples il dit : “Les scribes et les pharisiens aiment.., à être appelés Rabbi ; mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi car un seul et votre Maître et vous êtes tous frères” (Matthieu 23:1, 2, 6 à 8). S’adressant aux apôtres Jésus dit encore : Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent et que les grands les dominent. il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous qu’il soit votre serviteur, et quiconque veut être le premier parmi vous qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’Homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs ”. — Marc 10:42 à 45.

Rien ne permet de dire que l’Eglise primitive ait jamais considéré les apôtres comme des seigneurs dans l’Eglise pas plus que ceux-ci aient jamais assumé une telle autorité ou dignité. Leur comportement était très éloigné de l‘idée papale d’une seigneurie ou de celle qu’ont adopté les grands chefs des sectes chrétiennes. Par exemple, Pierre ne s’est jamais appelé prince des apô­tres” comme le font les catholiques d’aujourd’hui. Pas plus lui que les autres ne se sont jamais attribué le moin­dre titre ni n’ont jamais reçu l’hommage de l’Eglise. Ils se connaissaient l’un l’autre sous leur nom: Pierre, Jean, Paul, etc… ou encore comme Frère Pierre, Frère Jean, etc… et tous les membres de l’Eglise se saluaient de la même façon en s’appelant frères et sœurs en Christ. (Voir Actes 9:17 ; 21:20 -— Romains 16:23 1 Corinthiens 7:15 ; 8:11 — 2 Corinthiens 8:18 — 2 Thessalo­niciens 3:6, 15 — Philémon 7:16). Il est encore écrit que le Seigneur lui-même n’a pas eu honte de les appeler ses “frères” (Hébreux 2:11) tant il est loin de toute attitude dominatrice dans l’exercice de sa véritable sei­gneurie ou autorité.

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Ces grands serviteurs de l’Eglise primitive ne por­taient pas de robes particulières, ni croix, ni rosaire, etc. Ils ne quêtaient pas la révérence ni l’hommage des gens. Comme le Seigneur de leur avait appris, le plus grand parmi eux était celui qui servait le plus. Lorsque la per­sécution dispersa l’Eglise hors de Jérusalem, “les onze” y demeurèrent bravement, disposés à faire tout ce qui se présentaient, et sachant bien qu’à l’heure de l’épreuve l’Eglise, de loin, regarderait vers eux, à Jérusalem, pour y puiser aide et réconfort. S’ils avaient fui toute l’Eglise aurait été déçue et frappée de panique. Jacques périt par l’épée d’Hérode ; Pierre, promis à un même destin, fut emprisonné et enchaîné à deux soldats (Actes 12:1 à 6) Paul et Silas étaient battus, jetés en prison et mis aux fers. Paul supportait “un grand combat d’afflictions” (Actes 16:23, 24 — 2 Corinthiens 11 :23, 33). Avaient-ils l’air de seigneurs et se comportaient-ils en seigneurs? Assurément pas.

Pierre est très explicite sur ce point lorsqu’il conseille aux anciens de nourrir le troupeau de Dieu. Il ne dit pas votre troupeau, vos gens, votre église comme bon nombre de conducteurs religieux de nos jours, mais le troupeau de Dieu, non pas comme Seigneur de l’héritage, mais comme modèles du trou­peau, en humilité, en fidélité, en zèle, en piété (1 Pierre 5:1 à 3). Paul, de son côté : “ Car Dieu, ce me semble, a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort on quelque sorte, puisque nous avons été en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. Nous sommes fous à cause de Christ.., nous sommes méprisés… nous souffrons la faim, la soif, la nudité, nous sommes maltraités, errants çà et là; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains ; injuriés, nous bénis­sons ; persécutés, nous supportons; calomniés, nous par­lons avec bonté ; nous sommes devenus comme les ba­layures du monde, le rebut de tous. (1 Corinthiens 4:9

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à 18). En tout ceci ils ne ressemblaient pas à des sei­gneurs, n’est-ce pas? S’opposant à l’idée que quelques frères nourrissaient de prendre de l’ascendant sur l’hé­ritage de Dieu, Paul s’adresse à eux avec ironie: Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches, sans nous vous avez commencé à régner”. Plus loin il leur con­seille de prendre le meilleur chemin, celui de l’humilité. Il dit : “ Soyez mes imitateurs”. Et encore: “Qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ et des dis­pensateurs des mystères de Dieu” — 1 Corinthiens 4:8, 16, 1.

Le même apôtre ajoute : “Selon que Dieu nous a jugés dignes de nous confier l’Evangile ainsi nous par­lons, non comme pour plaire à des hommes, mais pour plaire à Dieu qui sonde nos cœurs. Jamais, en effet, nous n’avons usé de paroles flatteuses, comme vous le savez jamais nous n’avons ou la cupidité pour mobile, Dieu on est témoin. Nous n’avons point cherché la gloire qui vient des hommes, ni de vous ni des autres; nous aurions pu nous produire avec autorité comme apôtres de Christ, mais nous avons été pleins de douceur au milieu de vous de même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses enfants (1 Thessaloniciens 2:4 à 7). Les apôtres ne lan­cèrent ni bulles ni anathèmes mais exhortèrent avec amour: “Calomniés, nous parlons avec bonté”. “Je t’exhorte aussi cher collègue ”. “Ne réprimande pas bru­talement le vieillard mais exhorte-le ”. 1 Corinthiens 4:13 — Philippiens 4:8 — 1 Timothée 5:1.

L’Eglise primitive avait de l’égard pour la piété, la sagesse et la connaissance spirituelle supérieure des apô­tres. Les estimant, comme ils l’étaient en réalité, comme des ambassadeurs spécialement choisis par le Seigneur, les premiers chrétiens s’asseyaient à leurs pieds tels des élèves, sans pour cela être animés d’esprits passifs ne se posant aucune question, mais disposés au contraire à éprouver les esprits et à vérifier le témoignage apporté (1 Jean 4:1 — 1 Thessaloniciens 5:21 — Esaïe 8:20). Les apôtres, tout en les enseignant, encourageaient cette

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disposition d’esprit qui réclamait une raison pour étayer l’espérance. Ils étaient d’ailleurs préparés pour la satis­faire, non avec des discours persuasifs de sagesse humaine (philosophies et théories) mais par une démonstration d’esprit et de puissance en sorte que la foi de l’Eglise ne repose pas sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu (1 Corinthiens 2:4, 5). Ils ne cultivèrent pas un respect aveugle et superstitieux destiné à rejaillir sur eux.

Ceux de Bérée, est-il écrit, avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique. Ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement et examinaient chaque jour les Ecritures pour voir si ce qu’on leur disait était conforme ”.L’objectif constant des apôtres consistait à faire remarquer que l’Evangile qu’ils annon­çaient était bien le même que, plus confusément, les anciens prophètes avaient prédit. Mais “ il leur fut révélé que ce n’était pour eux-mêmes mais pour nous (le corps de Christ) qu’ils étaient les dispensateurs de ces choses que vous ont annoncées maintenant ceux (les apô­tres) qui vous ont prêché l’Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel (1 Pierre 1:10 à 12). C’était le même Evangile de vie et d’immortalité mis en évidence par le Seigneur lui-même. C’était sa plus grande amplification ainsi que tous les détails particuliers découverts à l’Eglise par leur intermédiaire sous la direction de l’Esprit Saint, soit par des révélations particulières, soit par des moyens plus ordinaires — les deux furent employés — et tout cela en accomplissement de la promesse que le Seigneur avait faite à ses apôtres et par eux à l’Eglise entière: J’ai encore beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter maintenant ”

Il était donc normal que les Béréens sondassent les Ecritures pour se rendre compte si le témoignage des apôtres était d’accord avec celui de la Loi et des pro­phètes et avec les enseignements du Seigneur. Jésus in­vitait aussi à vérifier son témoignage par comparaison avec la Loi et les prophètes. Il disait: Sondez les Ecri­tures…

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… car ce sont elles qui rendent témoignage de moi ”. Tout le témoignage divin doit être harmonieux, qu’il vienne de la Loi, des prophètes, du Seigneur ou des apô­tres. Leur accord est la preuve qu’ils sont d’inspiration divine. Dieu merci, ce concert existe: les écrits de l’An­cien et du Nouveau Testaments forment ce que le Seigneur appelle lui-même la harpe de Dieu (Apocalypse 15:2). Les diverses assurances de la Loi et des prophètes sont autant de cordes à cette harpe. Pincées par les doigts des serviteurs et scrutateurs de la vérité divine elles pro­duisent les sons les plus agréables que jamais oreilles mortelles n’ont entendus. Loué soit Dieu pour le merveil­leux cantique de Moïse et de l’Agneau que les témoi­gnages des saints apôtres, des prophètes et du Seigneur Jésus lui-même, le principal de tous, nous a appris.

Si le témoignage du Seigneur et des apôtres doit s’ac­corder avec celui de la Loi et des prophètes, nous pouvons également nous attendre à les voir rendre témoignage aux choses nouvelles tout comme aux choses ancien­nes car les prophètes ont annoncé qu’il en serait ainsi (Matthieu 13:35 Psaume 78:2 — Deutéronome 18:15, 18 — Daniel 12:9). Et c’est ce dont on peut se rendre compte. Non seulement ils ont exposé les vérités cachées de l’ancienne prophétie mais ils ont découvert les nou­velles révélations de la vérité.

APOTRES, PROPHETES, EVANGELISTES, INSTRUCTEURS

Comme on le pense généralement dans la chrétienté, le Seigneur aurait laissé, à propos de l’organisation de l’Eglise, une structure trop sommaire pour le but qu’Il avait assigné et Il aurait abandonné à ses enfants le soin de s’organiser au plus sagement dans cette affaire. Bon nombre d’hommes aux tendances d’esprit assez diverses se sont orientés vers des ordonnances plus ou moins strictes, ce qui fait que les chrétiens, un peu partout dans le monde, ont fonctionné sur des bases plus ou moins

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rigides, chaque système arguant de ses avantages parti­culiers par rapport au système voisin. Tout ceci est faux ! Il n’est pas pensable que Dieu, ayant préconnu cette Nou­velle Création avant la fondation du monde, ait négligé son œuvre au point de laisser son peuple fidèle sans une claire intelligence de sa volonté, sans un arrangement propre à assurer son bien-être. L’esprit humain se porte naturellement soit vers l’anarchie soit vers une rigidité voisine, de l’esclavage. L’arrangement divin évite ces deux extrêmes, trace à la Nouvelle Création une organisa­tion d’une grande simplicité d’où est banni tout ce qui, de près ou de loin, s’apparente à l’esclavage. L’Ecriture rappelle à chaque chrétien : C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude — Galates 5:1.

Pour exposer cet arrangement divin il faut s’en tenir rigoureusement aux textes de la Parole et ignorer pure­ment et simplement l’histoire ecclésiastique en se rappe­lant que l’apostasie prédite a commencé dès les temps apostoliques pour se développer rapidement après la mort des apôtres et culminer tout d’abord dans l’élaboration du système papal. En prenant peur base le récit biblique. on peut considérer en plus des exposés du Nouveau Tes­tament, les cérémonies de la Loi, en se rappelant toute­fois que ces figures représentaient non seulement des choses se rapportant à cet Age de l’Evangile mais encore à l’Age Millénial. Ainsi par exemple, le Jour de Propi­tiation et son cérémonial illustrait comme nous l’avons déjà vu, l’Age de l’Evangile. Ce jour-là le Souverain Sacrificateur ne portait pas ses vêtements de cérémonie mais ses vêtements de service ou robes de lin ce qui dé­montrait qu’au cours de cet Age de l’Evangile ni le Sei­gneur ni l’Eglise n’occupèrent une place de choix au re­gard des hommes. Leur attitude fut toute de pureté, de justice, illustrée par les robes de lin lesquelles, au regard de l’Eglise, symbolisaient la justice de son Seigneur et Chef. Une fois le Jour de Propitiation passé, le Sou­verain Sacrificateur revêtait ses vêtements de gloire, les-

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quels figuraient la gloire, la dignité de l’autorité de Christ et de son pouvoir pendant l’Age Millénial. Dans cette illustration l’Eglise est unie à son Seigneur. La tête du Souverain Sacrificateur était l’image de notre Seigneur et Maître, tandis que son corps représentait l’Eglise. Les vêtements de gloire et d’honneur figuraient les dignités du Sacerdoce Royal tout entier lorsque le temps de l’exaltation sera venu. La hiérarchie papale qui prétend à tort que le règne de Christ s’opère par voie de délégation, que les papes sont ses représen­tants, que les cardinaux, les archevêques et les évêques constituent l’Eglise dans la gloire et la puissance, tente d’exercer le pouvoir civil et religieux dans le monde. Elle contrefait la gloire et la dignité de la Nouvelle Création élue en faisant porter à ses ecclésiastiques des vêtements particuliers et des ornements. Le véritable Sacerdoce Royal, lui, est encore sous la robe de service, la robe blanche du sacrifice, attendant le véritable Seigneur de l’Eglise et la réelle exaltation à la gloire, l’honneur et l’immorta­lité lorsque le dernier membre des élus aura achevé sa part dans l’œuvre du sacrifice.

C’est le Nouveau Testament que nous devons consulter pour y trouver les directives concernant l’organisation et les règles qui gouvernent l’Eglise pendant les jours de son humiliation et de sacrifice. Le fait que ces règles ne se trouvent pas rassemblées en un chapitre spécial ne doit pas nous faire supposer qu’elles ne constituent pas, malgré tout, un système complet. Il faut lutter contre cette habitude de jugement, cette notion courante de ce qu’est une loi. Au titre de fils de Dieu, le Seigneur a donné à l’Eglise une loi parfaite de liberté car les enfants de Dieu “ne sont plus des serviteurs, mais des fils. ” Pour cette raison les enfants de Dieu doivent apprendre l’usage de la liberté des fils en montrant une obéissance absolue et volontaire à la loi et aux principes d’amour.

L’apôtre se sert d’une image de la Nouvelle Création qui explique tout le sujet, celle du corps humain dont la tête représente le Seigneur tandis que les différents

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organes et membres du corps représentent l’Eglise. Dans sa première épître aux Corinthiens, chapitre 12, il traite ce sujet à fond et dans une grande simplicité. Il explique “Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ (un corps ou assemblage composé de nombreux membres). Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ”. L’Apôtre continue et attire l’atten­tion sur le fait que “le bon fonctionnement d’un corps hu­main dépend dans une large mesure de l’unité, de l’har­monie et de la collaboration de tous ses membres. Ainsi en est-il de l’Eglise ou corps de Christ. Si un membre souffre de maladie, d’infirmité ou de malformation, tous les membres s’en ressentent, qu’ils le veuillent ou non, et si un membre se porte bien et fonctionne dans les meilleures conditions tous les autres en bénéficient. Il remarque (verset 23) que nous cherchons à dissimuler ou à cacher les faiblesses, les tares, etc… de nos organismes, que nous recherchons même à les rendre moins apparentes voire à les supprimer et qu’il doit on être ainsi de l’Eglise ou Corps de Christ. Les membres les plus mal partagé doivent faire l’objet d’un soin spécial et être cou­verts par la charité — l’amour, afin qu’il n’y ait bas de division (schisme) dans le corps mais que les membres aient également soin les uns des autres , du plus humble “au plus estimé. —- Verset 25.

D’ans la ligne de ces idées essentielles, l’organisation de l’Eglise, conformément à la volonté du Seigneur, est une organisation très complète. De même que dans la nature, ainsi en va-t-il sous la grâce. Là où l’ensemble est entier, point n’est besoin de tuteurs ou de barres d’appui. L’arbre forme un tout ; sa structure se suffit à elle-même depuis la racine jusqu’à la cime, et les bran­chez n’ont nul besoin d’être soutenues par de savants assemblages, cordages, écrous, règlements imprimés et statuts. Ainsi en est-il du Corps de Christ si bien ajusté, accordé et uni suivant les directives du Seigneur, il ne

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sera pas utile de faire appel à aucun moyen pour en garder les membres étroitement liés les uns aux autres, pas besoin de règles, de credo ou toute autre méthode spectaculaire. Le même Esprit sert de lien. Tant que l’esprit de vie demeure, l’unité du corps demeure également et cette union sera forte ou fragile selon que l’Es­prit du Seigneur abondera.

L’apôtre va plus loin. Il montre que Dieu est le su­per intendant des affaires de cette organisation, la Nou­velle Création, qu’Il a lui-même conçue et inaugurée. Il dit Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses mem­bres, chacun pour sa part. Et Dieu a ETABLI dans l’Eglise (Ecclésia, corps) premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs; ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues ”. Ce pourrait être une pensée nouvelle — pour ceux qui ont l’habitude de se placer eux-mêmes, en placer d’autres ou d’être placés par d’autres dans des positions en vue, honorifiques ou de confiance ou de service dans l’Eglise, de se rendre compte que Dieu a promis de confier cette surveillance à ceux qui regardent vers lui afin d’être dirigés par Sa Parole et son Esprit.

Si cette manière de penser prenait le pas, comme il y en aurait peu qui oseraient rechercher les positions en vue ou intrigueraient à la manière des hommes poli­tiques pour s’assurer les situations honorifiques! Se rendre compte de la vigilance divine sur l’Eglise véri­table c’est d’abord la distinguer parmi les multiples sys­tèmes religieux et c’est ensuite chercher à connaître, avec révérence et humilité, quelle est la volonté de Dieu en matière d’arrangements, de services et de serviteurs de cette véritable Eglise.

L’apôtre pose l’a question Tous sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous sont-ils docteurs? ” Im­pliquant par là même que le nombre on serait plutôt res­treint

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et que celui qui répondrait à ces conditions devrait encore donner quelque évidence d’une nomination divine, exercer son ministère, effectuer son service, non pour complaire à l’homme, mais pour plaire au grand Maître de l’Eglise, à son Chef et Seigneur. L’apôtre attire l’at­tention sur le fait que ces différences dans l’Eglise cor­respondent aux différences mêmes qui existent entre les membres d’un corps humain, que chaque membre est nécessaire et ne doit pas être méprisé. L’œil ne peut pas dire au pied, ni à l’oreille, ni à la main Je n’ai pas besoin de vous. Si tous étaient un seul et même membre où serait le corps? Car le corps n’est pas un seul membre mais plusieurs ”. Versets 1”9, 14.

A vrai dire il n’existe plus maintenant cette même variété de membres dans l’Eglise et comme l’apôtre le signale: Les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour ceux qui ne croient pas”. De même les miracles. Lorsque les apôtres, qui possédaient le pou­voir de conférer ces dons de l’Esprit furent morts, Lorsque ceux qui avaient reçu ces dons par leur intermé­diaire furent morts à leur tour, ces miracles — dons —comme nous l’avons déjà vu, cessèrent dans l’Eglise. Mais il y subsistait une œuvre correspondante à la portée de chacun : l’occasion de servir le Seigneur, la Vérité et les autres membres du Corps de Christ, et cela suivant les capacités naturelles de chacun. Ces manifes­tations miraculeuses prirent fin mais l’éducation dans la vérité, dans la connaissance du Seigneur et dans les grâces de l’Esprit les remplacèrent. Tandis que ces dons mineurs de guérison, de parler en langues, de les interpréter, de faire des miracles existaient au sein de l’Eglise, l’apôtre exhortait les frères à “aspirer aux dons les meilleurs”.

Les chrétiens ne pouvaient raisonnablement aspirer à devenir apôtres puisqu’il n’y en avait que douze. Par contre ils pouvaient désirer devenir des prophètes interprètes ou docteurs. Et pourtant” ajoute l’apôtre je vais encore vous montrer une voie par excellente”

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(ver­set 31). Il s’attache à établir que, bien au-dessus de tous ces dons et services dans l’Eglise, il y a la possession, dans une large mesure, ce qui est un honneur, de l’esprit qui anima le Maître — l’esprit d’amour. Il signale que le plus humble membre de l’Eglise qui a atteint à l’amour parfait est parvenu, à la vue du Seigneur, à une position plus élevée et plus noble que n’importe quel apôtre, pro­phète ou docteur qui serait “en reste de cette grâce su­prême. Il déclare que, quels que soient les dons, si l’amour fait défaut, tout est vide et néant pour le Seigneur. En fait, on peut être certain que personne ne pourrait de­meurer longtemps dans la fonction d’apôtre, de prophète ou docteur dans l’Eglise — et cela avec l’approbation du Seigneur — sans parvenir à ce stade de l’amour parfait ou tout au moins sans chercher à y arriver. Autrement il serait entraîné vers les ténèbres et deviendrait peut être un prédicateur de l’erreur plutôt qu’un prédicateur de la vérité — un serviteur de Satan qui éprouverait les frères.

Dans sa lettre aux Ephésiens (4:1 à 16) l’apôtre re­prend cette idée de l’unité de l’Eglise sous l’aspect d’un corps aux membres nombreux, dirigé par une seule Tête, Jésus-Christ, et animé par un seul esprit, l’esprit d’amour. Il en exhorte les membres à marcher d’une manière digne de leur appel dans l’humilité, la douceur, la patience, se supportant l’un l’autre avec amour et s’efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Dans ce chapitre l’apôtre précise qu’aux différents membres du corps s’ont dévolus des services particuliers. Il établit également quel est l’objet de ce service et dit : Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionne­ment des saints en vue de l’œuvre du ministère (pour les préparer au glorieux ministère ou service du Royaume Millénial) et de l’édification (formation) du Corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous par­venus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait à la mesure de la stature

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parfaite de Christ, afin que… professant la vérité dans l’amour, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. C’est de lui et grâce à tous les liens de son assistance que tout le corps bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties et s’édifie lui-même dans l’amour “. — Ephésiens 4:11 à 16.

Notons au passage l’image dont se sert l’apôtre, celle d’un corps humain petit et non encore tout à fait épanoui. Il nous apprend que la volonté divine est que tous les membres parviennent à un développement complet, à une complète croissance en force — l’état d’homme fait correspondant à celui de l’Eglise dans sa condition pleine et normale. Poussant l’allégorie jusqu’à la fin et tout aulong de l’âge actuel, il ressort que l’un après l’autre, tous les membres se sont endormis dans l’attente de la transcendante organisation du matin Millénial dans la première résurrection. Cependant, d’autres ont toujours pris la relève en sorte que l’Eglise n’a jamais fait défaut, bien qu’à toutes les époques il y ait toujours eu des plus forts et des plus faibles. Malgré tout chaque membre s’est constamment efforcé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour édifier le corps et en affermir les mem­bres en vue de leur perfectionnement dans les grâces de l’Esprit jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi ”.

L’unité de la foi est désirable en elle-même. Il faut tâcher d’y parvenir mais non dans le sens de l’unité comme on l’envisage le plus souvent. L’unité doit se faire dans la ligne de “ la foi donnée aux saints une fois pour toutes ”,dans toute sa pureté et sa simplicité, dans la pleine liberté pour chacun d’adopter des conceptions dif­férentes à propos de questions d’ordre secondaire, et sans qu’aucune exclusive ne vienne empêcher les imaginations humaines, théories diverses, etc… L’idée d’unité, d’après l’Ecriture intéresse les principes fondamentaux de l’Evan­gile

 1) Notre rédemption par le sang précieux de Christ et notre justification par la foi dans la vertu purificatrice de ce sang.

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        2) Notre consécration sanctification, mise à part pour le service du Seigneur, de la vérité et des frères.

        3) En dehors de ces principes essentiels sur lesquels l’unité doit se faire, il ne peut exister de communion scripturale. Sur tout autre point la liberté de conception la plus complète doit être reconnue, tout en recherchant pour soi et les autres l’optique du plan divin la plus poussée et la plus détaillée qui soit. Ainsi, chaque membre du Corps de Christ, tout en gardant sa liberté personnelle, se trouve dévoué au Chef et à tous les membres du Corps à tel point qu’il lui plaît de tout leur sacrifier, “même la vie.

Nous avons déjà pris en considération l’œuvre parti­culière des apôtres, leur nombre limité et comment ils continuent leur service dans l’Eglise en servant de porte paroles du Seigneur à son peuple. Voyons maintenant les autres services de l’Eglise, ce que l’apôtre appelle les dons du Seigneur à l’ensemble du Corps ou Ecclésia.

Le Seigneur a pourvu aux apôtres, prophètes, évan­gélistes, pasteurs et docteurs pour le bien, tant actuel qu’éternel, de l’ensemble des siens. Il appartient à ceux qui s’attendent à Lui pour être leur Chef, leur Instructeur, le Conducteur de l’Eglise qui est son corps, d’ob­server, de rechercher, de remarquer ses dons dans tous les domaines, de les accepter, de les utiliser, s’ils veulent tirer profit de la bénédiction promise. Ces dons ne sont pas imposés à l’Eglise et ceux qui les négligent lorsqu’ils leur sont offerts, subissent une perte en conséquence. Le Seigneur les a établis dans l’Eglise dès l’origine et a donné ainsi le modèle – type et idéal de l’arrangement de l’Eglise. Il laisse cependant son peuple libre de suivre ce modèle et d’en tirer tout le bien possible ; ou au con­traire de l’ignorer et d’aller au devant de difficultés et de désappointement. Nous qui désirons être conduits et enseignés par le Seigneur, cherchons à voir comment il a établi les différents membres dès le début, quels dons de cette espèce il a dispensé à son peuple depuis lors.

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Nous pourrons de cette manière apprécier les dons de cette nature qui se trouvent à notre disposition pour les utiliser à plein dans d’avenir.

L’apôtre explique qu’il est agréable au Seigneur qu’il n’existe point de schisme dans le Corps — point de divi­sions, de clivages., de séparations. Si l’on adopte des mé­thodes humaines, les divisions sont inévitables, sauf à l’époque où la Papauté était triomphante alors que sonsystème était devenu puissant et qu’il avait recours aux dures méthodes de la persécution à l’endroit de ceux qui n’étaient pas d’accord avec elle. Mais cette unité là est une unité de force, une unité de contrainte, une unité extérieure de pure forme et non pas une unité de cœur. Ceux que le Fils a affranchis ne peuvent donner leur adhésion à des unités de ce genre dans lesquelles la liberté individuelle se trouve anéantie. Ce qui ne va pas dans les diverses dénominations protestantes, ce n’est pas qu’elles soient trop libérales et se soient de ce fait frag­mentées considérablement, mais plutôt qu’elles ont gardé enassez bonne proportion l’esprit de l’institution mère, sans en avoir la poigne dont elle se servit, il fut un temps, pour réprimer et supprimer la liberté de pensée. Nous en surprendrons sans doute beaucoup en disant que, loin de penser qu’il existe trop de divisions et de subdivisions dans le genre de celles que nous trouvons de toutes parts, l’Eglise de Christ a besoin de plus de liberté en­core, en sorte que chacun de ses membres soit libéré et indépendant de tout lien, credo, confession, etc… d’ori­gine humaine. Si tous les chrétiens se tenaient dans la liberté dont le Seigneur les a affranchis (Galates 5:1 —Jean 8 :32), si chaque chrétien demeurait fermement attaché au Seigneur et à sa Parole, on retrouverait vite l’unité originelle dont parlent les Ecritures. Tous les véritables enfants de Dieu, tous les membres de la Nou­velle Création se trouveraient inévitablement attirés l’un vers l’autre, unis l’un à l’autre par les liens d’amour au­trement plus solides que ceux qui tiennent les hommes au sein de systèmes et de sociétés ayant leur origine dans d’autres conceptions. L’amour de Christ nous presse (nous tient ensemble). 2 Corinthiens 5:14.

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Tous les membres de la famille, aaronique pouvaient être appelés aux services du sacerdoce, Il y avait pourtant certaines limitations, certaines restrictions, certaines non­ qualifications sous ce rapport. Il enva de même au sujet du Sacerdoce royal effectif. Tous sont sacrificateurs, tous sont membres du Corps oint. L’onction confère à chacun la pleine autorité d’annoncer et d’enseigner la bonne nouvelle selon qu’il est écrit : L’esprit de Eternel est sur moi parce qu’il m’a oint pour an­noncer la bonne nouvelle aux pauvres et réconforter ceux dont le cœur est abattu ”,etc… Bien que ces paroles se soient plus précisément appliquées à la Tête du Christ, de la Nouvelle Création, du Sacerdoce Royal, elles intéressent aussi tous les autres membres, en sorte que, dans un sens général, tout entant de Dieu consacré à son Maître, trouve dans son onction par l’Esprit Saint, l’autorisation et même la mission de prêcher la Parole, “d’annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ”. — 1 Pierre 2:9.

De même que les sacrificateurs typiques devaient être exempts de défauts corporels et avoir atteint un âge dé­terminé, ainsi ou est-il parmi les membres du sacerdoce Royal. Certains d’entre eux manquent des qualifications que d’autres possèdent pour le service public. Il appar­tient à chacun de s’examiner en toute modestie (Romains 12 :3, 6) pour se rendre compte de la nature des dons que l’on possède, ce qui conditionne le degré de responsabilité dans leur utilisation. Pareillement il importe que tous les membres apprécient les qualifications tant naturelles que spirituelles ainsi que les aptitudes des autres membres, pour juger de la volonté divine en conséquence. Dans le type, l’âge était un facteur important. Dans le cas des sacrificateurs antitypiques, l’équivalence, pourrait se rap­porter à l’expérience et au développement du caractère. Le strabisme du type pourrait trouver son pendant dans un manque d’acuité visuelle et de compréhension concernant

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les choses spirituelles qui rendrait impropre au ser­vice public au sein de l’Eglise. Dans le même ordre d’idées les différents défauts qui constituaient un em­pêchement pour les sacrificateurs figuratifs représente­raient les inaptitudes morales, physiques ou intellectuelles diverses parmi les membres du Sacerdoce Royal véritable.

Mais comme les sacrificateurs disgraciés de la nature, dans le type, jouissaient des mêmes privilèges que les autres pour ce qui était de leur subsistance, de leur par­ticipation aux pains de propositions, à la chair des sa­crifices, etc… ainsi en est-il dans l’antitype. Les inaptitudes qui pourraient s’opposer à ce qu’un membre du Corps de Christ devînt un serviteur public de l’Eglise et de la vérité, ne sauraient être un obstacle à son dévelop­pement spirituel pas plus qu’elles ne pourraient le priver du privilège commun d’avoir part à la table spirituelle du Seigneur ni d’avoir accès au trône de la grâce. Personne ne pouvait accéder à l’office de souverain sacri­ficateur s’il présentait une malformation physique ou n’avait pas l’âge requis. De même ceux qui servent la vérité “ par la parole et la doctrine ne doivent pas être des novices mais des membres du Corps que la maturité de caractère, de connaissance et de possession des fruits de l’Esprit qualifie pour un service de cette importance. Ils doivent être considérés comme des anciens — non pas nécessairement anciens par le nombre d’années de vie, mais anciens dans le sens d’un esprit mûr au regard de la vérité, aptes à conseiller et à donner aux frères un avis qui s’inspire de la Parole de Dieu.

En comprenant ainsi le mot Ancien on se rend compte du côté raisonnable de l’Ecriture qui reconnaît comme Ancien” tous ceux qui exercent un ministère spirituel par rapport à la vérité, que ce soit le service d’un apôtre, d’un prophète, d’un évangéliste, d’un pasteur ou d’un docteur. Pour remplir normalement un service comme celui-là, il faut être reconnu Ancien dans l’Eglise. C’est pour cela que les apôtres se déclaraient eux-mêmes An­ciens (1 Pierre 5:1 — 2 Jean 1). Quand il est question

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des ministres ou serviteurs de l’Eglise et du choix dont ils étaient l’objet, on trouve trois noms différente dans nos versions bibliques.

EVEQUES, ANCIENS, PASTEURS

Ces trois appellations ont pourtant prêté à erreur en raison de la mauvaise application qui en a été faite dans les églises de dénominations diverses. Il est donc néces­saire d’expliquer que le mot évêque veut tout simplement dire surveillant et que tout Ancien établi était re­connu surveillant d’une activité grande ou petite. Ainsi par exemple, en une certaine occasion l’apôtre rencontra les Anciens de l’Eglise d’Ephèse. En les quittant il leur dit: Prenez garde à vous-mêmes ainsi qu’à l’Eglise sur laquelle le Saint Esprit vous a établis surveillant ” Actes 20:28,

Sous la direction du Seigneur un certain nombre, parmi ces anciens, ont reçu un plus grand champ d’action, une plus grande zone d’influence dans l’Eglise au point qu’on peut les considérer sous l’angle plus réel de sur­veillants generaux. Tels furent tous les apôtres. L’apôtre Paul en particulier eut la haute main, la plus haute autorité de surveillance parmi les Eglises de la gentilité c’est-à-dire en pays païens —— Asie Mineure et en Europe méridionale. Cette position de surveillant gé­néral ne fut pas réservée aux seuils apôtres. Dans sa pro­vidence, le Seigneur en suscita d’autres pour servir l’Eglise au même titre — non pour un gain sordide mais dans une conscience pure ” — dans un réel désir de servir le Seigneur et les frères. Au début Timothée fut engagé dans ce service sous la direction de l’apôtre Paul qu’il représenta quelquefois et qui le recommanda à plusieurs assemblées ou Ecclésias du peuple de Dieu. Au reste, le Seigneur était et est encore en mesure d’en­voyer de tels surveillants au gré de son choix pour le bien de son troupeau. Quant au peuple de Dieu, il devrait

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être tout à fait compétent pour juger de la valeur de l’avis donné par de tels surveillants. Ceux-ci en imposent généralement tant par leur vie, leur manière d’agir, leur esprit d’abnégation, l’absence de tout désir de paraître et de s’enrichir, que par leur enseignement qui soutient l’examen de ceux qui, intelligemment, scrutent la Bible et sondent tous les jours les Ecritures pour voir si ce qu’on leur dit est conforme à la lettre et à l’esprit de la Parole. Comme nous l’avons déjà vu c’est ainsi que l’on procédait à l’égard de l’enseignement des apôtres. Eux-mêmes d’ail­leurs invitaient les frères à faire ainsi, recommandant, la prudence sans verser toutefois dans l’entêtement ou la disposition à tout critiquer. Actes 17:11.

Pour autant que nous puissions en juger d’après l’his­toire de l’Eglise, l’esprit de rivalité et le désir d’être en­censé ont rapidement pris la place de l’esprit d’obscur dévouement et d’abnégation. D’un autre côté la crédulité et la flatterie ont assez vite remplacé l’examen fréquent des Ecritures. Le résultat fut que les surveillants devin­rent des dictateurs, eurent petit à petit la prétention d’é­galer les apôtres, etc… jusqu’à ce que, finalement, une rivalité se soit établie entre eux se traduisant par les appellations de chef – évêques ou archevêques. Bientôt après l’esprit de compétition entre archevêques aboutit à l’élévation de l’un d’entre eux à la position de pape. Le même état d’esprit a depuis lors prévalu à un degré plus ou moins accentué, non seulement au sein de la Papauté elle-même, mais encore parmi ceux qui, trompés et illusionnés par son exemple, se sont écartés de la simplicité de l’arrangement prévu à l’origine. La conséquence c’est qu’aujourd’hui une organisation répondant à celle de l’Eglise primitive — c’est-à-dire sans nom de secte, sans gloire, sans honneur, sans autorité de la part de quelques­-uns sur la masse, sans distinction entre clergé et laïcs, —n’est pas considérée comme une organi­sation. Nous préférons cependant nous ranger parmi ceux qu’on n’estime guère, nous en tenir strictement à l’exemple de la primitive Eglise pour jouir dans la même proportion des mêmes libertés et des mêmes bienfaits.

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Tous les Anciens de l’Eglise doivent, à ce titre sur­veiller, prendre soin de veiller aux intérêts de Sion, les uns sur le plan local, d’autres sur un plan plus étendu et dans un sens plus général. Chacun d’eux pouvait servir le troupeau selon son talent et suivant ses capacités. Tel pouvait être évangéliste si ses qualités personnelles et ses conditions de vie lui permettaient d’aller partout prêcher la vérité aux débutants et trouver ceux qui avaient une oreille pour entendre la Bonne Nouvelle, etc… Tel autre pouvait servir le troupeau comme pasteur (berger) en raison de ses qualifications particulières du point de vue social le mettant à même de veiller sur les intérêts des enfants de Dieu, personnellement et individuellement, les visiter chez eux, les encourager, les fortifier, maintenir l’union entre eux et les défendre contre les loups en habit de brebis qui mordent et dévorent. Les Prophètes eux aussi avaient besoin de qualités particulières pour assurer le service auquel ils étaient destinés.

On ne se sert plus du mot prophète aujourd’hui au sens large qu’il revêtait dans les temps anciens. De nos jours ce mot désigne plutôt un voyant, celui qui prédit ce qui va arriver. Strictement, un prophète est un homme qui parle en public — un orateur. Celui à qui il est donné des visions ou des révélations peut être un pro­phète dans le sens qu’il les exprime ou les expose devant d’autres. Mais les deux idées sont différentes. Dans le cas de Moïse et d’Aaron, Moïse était le personnage le plus important puisqu’il était le représentant de Dieu. Aussi l’Eternel lui dit-Il: “Vois, je te fais dieu (puissant ou supérieur) pour Pharaon; et Aaron sera ton prophète” ton interprète, ton porte – paroles (Exode 7:1). Nous avons déjà vu que plusieurs apôtres furent des voyants dans le sens qu’il leur fut donné une connaissance des choses à venir. Nous remarquerons maintenant qu’ils furent presque tous prophètes également, c’est-à-dire prédicateurs publics, en particulier les apôtres Pierre et Paul. Mais il y en eût d’autres et an grand nombre qui parlèrent en public et furent par conséquent des prophètes. Barnabas par exemple en fut un. Il est encore écrit: “Jude et Silas qui étaient eux-mêmes prophètes (orateurs publics) les exhortèrent et les fortifièrent par plusieurs discours. – Actes 11:32.

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Il n’est pas d’exemple dans l’Ecriture où telle per­sonne, inapte à remplir telle ou telle mission, doive être considérée comme établie par le Seigneur dans la condition pour laquelle elle ne se trouve pas qualifiée. Tout au contraire, il est du devoir de chaque membre du corps de Christ de servir les autres de tout son talent au mieux de ses capacités — et cela en demeurant assez modeste et assez humble, sans avoir de soi “une trop haute opinion mais on reconnaissant la valeur réelle des talents que le Seigneur a accordés. L’Eglise elle-même ne doit pas reconnaître comme lui appartenant ceux qui désirent être les plus grands sur ce point particulier. Au contraire la modestie doit être une des qualités essentielles pour ce qui concerne l’anciennat ou même dans tout autre service d’une activité quelconque. Si donc deux frères également talentueux se présentent, que l’un d’entre eux soit ambitieux ou prompt à se mettre en avant tandis que l’autre serait modeste et effacé, l’es­prit du Seigneur, qui est un esprit de sagesse et de bon sens, enseignera au peuple de Dieu à préférer le frère plus humble comme étant celui que le Seigneur favorise­rait et aimerait voir occuper la position prépondérante dans le service.

On conçoit assez facilement que les boucs” ou les brebis à caractère de bouc du troupeau du Seigneur, as­pirent à conduire et à commander, tandis que les véri­tables brebis, celles qui reconnaissent la voix du Maître, connaissent son Esprit et cherchent à faire sa volonté, acceptent docilement que les éléments à caractère de bouc prennent la tête parmi elles. Il est bon d’être en paix avec tous les hommes mais si, pour avoir la paix, nous méconnaissons la Parole et l’Esprit du Seigneur, il est certain qu’il en résultera un plus ou moins grand dom­mage. Il est bon d’avoir la nature docile de la brebis, mais il est également nécessaire que les brebis aient du

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CARACTERE si elles veulent être au nombre des vain­queurs. Si elles ont du caractère, elles se rappelleront les paroles du Grand Berger: “Mes brebis entendent (obéis­sent à) ma voix.., et me suivent ”. Elles ne suivront point un étranger… parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers” (Jean 10:5, 27). Il est donc du devoir de chaque brebis d’étudier de près l’enseignement et le comportement d’un frère avant de contribuer à faire de lui un surveillant, soit sur le plan local soit sur un plan d’action plus étendu. Il faut d’abord qu’il possède les réelles qualifications d’un Ancien dans l’Eglise, qu’il ait des idées claires sur les doctrines fondamentales de l’Evangile: la réconciliation, la rédemption par le sang précieux de Christ, la consécration pleine et entière à lui-même, à son message, à ses frères, à son service. Bien —sûr il faut manifester de la charité et de la sympathie pour les plus faibles agneaux de même qu’aux brebis faibles mentalement et moralement; mais ce serait faire violence à l’arrangement divin que de les choisir pour en faire des conducteurs ou anciens. Il n’y a pas lieu d’éprou­ver de sympathie pour les boucs ou les loups en habits de brebis tendant à conquérir les places et l’autorité dans l’Eglise.

Il vaut mieux pour une Ecclésia d’être privée de tout serviteur public que d’être conduite par un bouc” à la langue dorée qui ne conduirait sûrement pas les cœurs vers l’amour de Dieu ” mais dans des impasses de séduction. Le Seigneur ena averti l’Eglise et l’apôtre en a parlé en ces termes : “Il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses (des doctrines fausses et d’égarement) pour entraîner les dis­ciples après eux”. L’apôtre précise que bon nombre les suivraient dans leurs dissolutions et que la voie de la Vérité serait calomniée à cause d’eux. — Actes 20:30 —2 Pierre 2:2.

C’est ce que nous voyons autour de nous. Bon nombre se prêchent eux-mêmes plutôt que de prêcher l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Royaume. Ils attirent les disciples

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dans leurs sillages et dans celui de leurs dénominations plutôt que de les attirer pour les unir au Seigneur comme membres de son corps. Ils cherchent à devenir des Têtes d’Eglises plutôt que de faire en sorte que tous les mem­bres du corps regardent au Seigneur comme à leur Tête. Nous devrions nous détourner de tous ceux-là et les vé­ritables brebis ne devraient pas les encourager dans leur chemins de traverse. L’apôtre Paul dit même qu’ils ont une apparence de piété tout en ayant renié ce qui on fait la force (2 Timothée 3:5). Ils apportent une grande attention aux jours, aux formes, aux cérémonies, aux autorités ecclésiastiques, etc… Ils sont très estimés parmi les hommes mais sont en abomination devant Dieu, dit l’apôtre. Non seulement les vraies brebis doivent être at­tentives pour reconnaître la voix du vrai Berger et pour le suivre mais elles doivent encore se rappeler qu’elles n’ont ni à suivre, ni à appuyer, ni à encourager ceux qui, par égoïsme, travaillent pour eux-mêmes. Celui que l’Eglise estime digne de sa confiance au titre d’Ancien devrait être connu depuis suffisamment longtemps pour justifier cette confiance. C’est ce qui explique pourquoi l’apôtre dit : il ne faut pas que ce soit un nouveau converti ”. Un nouveau converti pourrait en effet faire tort à l’Eglise tout comme à lui-même on s’enorgueillissant, en s’éloi­gnant de ce fait du Seigneur, du bon esprit et du chemin étroit qui mène au Royaume.

L’apôtre Paul (1) donne un avis explicite sur ceux qui pourraient être reconnus par l’Eglise au titre d’an­ciens. Il décrit avec détail ce que devrait être leur carac­tère, etc… Dans sa lettre à Timothée sur le même sujet il confirme ses indications précédentes en des termes légèrement différents (1 Timothée 3:1 à 7). S’adressant à Tite qui était aussi de toute évidence un autre surveillant général (Tite 1:5 à 1l) il précise leurs devoirs rela­tivement à l’Eglise. A propos de la même question l’apô­tre Pierre s’exprime de la manière suivante : Voici les

(1)           Voir 1 Timothée 3:2; 5:17; I Thessaloniciens 5:12; Jacques 5:14.

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exhortations que j’adresse aux anciens qui s’ont parmi vous, moi ancien comme eux,,, Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde… non pour un gain sordide mais avec dévouement; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage mais en étant les modèles du troupeau ”. 1 Pierre 5:1 à 3.

Les Anciens doivent être généreux, de bonnes mœurs, n’avoir qu’une femme. S’ils ont des enfants, on remar­quera si les parents ont exercé une saine influence sur leur propre famille. S’ils ne se sont pas occupé et ont manqué à leurs devoirs envers leurs propres enfants, il est à présumer qu’ils soient aussi insouciants dans leurs conseils et leurs ministères parmi les enfants de Dieu dans l’Ecclésia, dans l’Eglise. L’ancien ne doit pas avoir deux paroles; il ne doit être ni bruyant ni que­relleur. Il doit jouir d’une bonne réputation même parmi ceux qui n’appartiennent pas à l’Eglise, non pas que le monde aimera jamais ni n’appréciera les saints à leur juste valeur, mais dans le sens que le monde lui-même ne puisse rien lui reprocher qui soit contraire à l’hon­nêteté, à la justice, à la moralité, à la véracité. Il n’existe aucune limitation quant au n’ombre des anciens dans une Eglise ou Ecclésia.

En plus de ce qui vient d’être dit, l’Ancien doit être apte à l’enseignement”, c’est-à-dire qu’il doit être à même d’expliquer, d’exposer le plan divin et par consé­quent capable d’aider le troupeau de Dieu par la parole et par la doctrine. Il n’est pas indispensable, pour être ancien, de posséder les talents requis d’un prophète” lequel est appelé à parler en public. Il se peut que, dans la même Eglise, plusieurs soient à même d’enseigner et d’être anciens, et que personne ne possède l’aisance oratoire nécessaire pour exposer le plan divin devant un auditoire important. Il faut faire confiance au Seigneur qui suscitera les serviteurs nécessaires. Si aucun ne se découvre c’est probablement parce qu’il n’en est pas besoin. Nous remarquerons ici que certaines des Ecclésias ou assemblées parmi les plus prospères sont précisément

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celles où il n’existe pas de compétence transcendante au regard de la parole en public, mais où, par contre, l’étude biblique est de règle plutôt qu’une exception. Les Ecritures montrent que telles était la manière de faire dans l’Eglise primitive. Quand les premiers chrétiens se réunissaient, l’occasion s’offrait d’une manifestation des différentes aptitudes : l’un parlait, d’autres priaient, la plupart, si pas tous, chantaient. L’expérience paraît éta­blir que les groupes du peuple de Dieu qui observent le mieux cette façon d’opérer, reçoivent les plus grandes bénédictions et développent les caractères les mieux équilibrés. Ce que l’on entend si bien exprimé que ce soit, ne se grave pas dans le cœur avec autant d’efficacité que lorsqu’on y prend part soi-même comme c’est le cas dans une étude biblique bien conduite à laquelle il faut encourager tout le monde à participer activement.

D’autres anciens, n’ayant peut-être pas tellement d’ap­titudes pour l’enseignement, peuvent se trouver par con­tre tout à fait dans leur élément dans la prière et dans les réunions de témoignage qui devraient être une par­ticularité des assemblées du peuple de Dieu. Celui qui possède le don d’exhorter doit exercer ce talent là plutôt que de l’enfouir et d’essayer d’en pratiquer un autre pour lequel il n’a aucune disposition naturelle. L’apôtre dit: Que celui qui exhorte, s’attache à l’exhortation ”,qu’il y consacre toutes ses possibilités. De même que celui qui enseigne (qui a le don d’exposer clairement et de rendre la vérité accessible) apporte toute son attention à son enseignement.

De même que le mot évêque ou surveillant est suscep­tible de sens multiples, ainsi en est-il du mot pasteur. Personne ne peut être pasteur, surveillant, berger, s’il n’est Ancien. Le pasteur ou berger d’un troupeau est le surveillant de ce troupeau. Les deux mots sont pratique­ment synonymes. Le Seigneur Jéhovah est notre Pasteur ou Berger au sens le plus étendu du terme (Psaume 23:1). Son Fils Unique, notre Seigneur Jésus, est le grand Ber­ger et Evêque (surveillant) de nos âmes — pour tout le troupeau et partout.

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     Les surveillants généraux et Pè­lerins” sont tous bergers ou pasteurs: ils s’occupent des intérêts du troupeau dans son ensemble. Chaque An­cien local est un pasteur, berger, surveillant, sur le plan de la localité. On se rend compte ainsi que les anciens dans l’Eglise doivent tout d’abord présenter les qualités nécessaires qui les rendent propres à l’exercice de l’an­ciennat ; ensuite leurs dispositions naturelles doivent décider de la branche d’activité dans laquelle ils peuvent le mieux servir la cause du Seigneur. Pour les uns, ce sera dans le cadre de l’œuvre d’évangélisation. Pour les autres ce sera dans l’œuvre pastorale, parmi les brebis déjà évangélisées, déjà consacrées, déjà dans la bergerie, soit localement soit sur un champ plus vaste.

On peut lire Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement” (1 Ti­mothée 5:17, 18). On a fait état de cette déclaration dans l’église nominale, pour établir une classe d’Anciens, Directeurs. Elle a revendiqué pour tons les anciens une position de juridiction d’autorité, si pas de dictature parmi les frères. Une telle idée de la direction” est contraire à tout ce que les Ecritures présentent sur ce sujet. Timothée qui occupait la position de surveillant gé­néral, d’Ancien par conséquent, reçut de l’apôtre le conseil suivant: Ne réprimande pas rudement un ancien mais exhorte comme un frère”, etc… “ Il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, avoir de la condescendance pour tous”. Rien ici ne sanctionne une règle autocratique, un usage dicta­torial. La douceur, la gentillesse, la patience, la bonté fraternelle, l’amour, doivent être les marques distinctives de ceux qu’on reconnaît comme anciens. Ils doivent, à tous égards être les exemples du troupeau. Si donc ils étaient d’humeur dictatoriale, leur exemple tendrait à faire de tous les membres des dictateurs eux aussi. S’ils sont d’un naturel fait de douceur, de patience, de gentillesse et d’amabilité, la force de l’exemple appellera une inclination similaire. Une traduction plus littérale du

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texte sous considération laisserait plutôt à penser que l’honneur serait rendu aux anciens on proportion de leur fidélité dans les responsabilités du service qui sont assu­mé. On pourrait donc rendre ce passage comme ilsuit: “ Que les principaux anciens soient estimés digne d’un double honneur, surtout ceux qui sont penchés sur le pénible travail de la prédication et de l’enseignement.

DIACRES, MINISTRES, SERVITEURS

De même que petit à petit on en est arrivé à mal comprendre le mot évêque qui veut simplement dire sur­veillant et non seigneur ou maître, on a aussi perdu de vue le sens du mot diacre qui signifie littéralement serviteur ou encore ministre. L’apôtre se déclare, avec Ti­mothée, ministres de Dieu” (2 Corinthiens 6:4). Le mot traduit ici par ministres est le mot grec DIAKONOS qui veut dire serviteurs. L’apôtre écrit encore : Notre capacité vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance” (2 Corinthiens 3:5 et 6). Ici encore le mot grec DIAKONOS est traduit par ministres et veut dire serviteurs. En fait, l’Apôtre déclare que lui-même et Timothée étaient des diacres (serviteurs) de Dieu et des diacres (serviteurs) de la Nouvelle Alliance. Il en résulte que tous les véritables anciens dans l’Eglise sont aussi des diacres ou serviteurs de Dieu, de la vérité et de l’Eglise. Pourrait-i1 en être autrement s’ils s’ont reconnus comme anciens?

Nous ne voulons pas laisser accréditer l’idée qu’il n’y aurait eu aucune différence dans l’Eglise primitive à l’égard du service. Tout au contraire. Ce que nous vou­ions faire ressortir c’est que, même les apôtres et les prophètes, qui étaient anciens dans l’Eglise, étaient égale­ment diacres c’est-à-dire serviteurs, ainsi que le Seigneur l’a exprimé : Le plus grand parmi vous sera votre Serviteur (DIAKONOS)” (Matthieu 23 :11). Le caractère et la fidélité du serviteur doivent déterminer du degré d’honneur et d’estime dans lequel chaque membre doit

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être tenu au sein des Ecclésias de la Nouvelle Création. Il se trouvait dans l’Eglise des serviteurs que leurs talents ne qualifiaient pas pour le rôle d’anciens parce que moins aptes à enseigner ou insuffisamment expéri­mentés. De même, en dehors des fonctions attribuées par l’Eglise, les apôtres et les prophètes (enseignants), en diverses circonstances, choisirent certaines personnes qui devinrent leurs serviteurs ou aides ou encore diacres. Ainsi par exemple lorsque Paul et Barnabas œuvraient en­semble ils eurent pendant un temps avec eux Jean Marc qui les servait, les aidait. Lorsque Paul et Barnabas se séparèrent, Barnabas prit Jean avec lui tandis que Paul et Silas prenaient Luc avec eux pour les servir, les aider. Ces aides ne se considéraient pas comme les égaux des apôtres, ni comme des égaux, en matières de service, de ceux possédant plus de talents et d’expériences qu’eux. Ils se réjouissaient tout simplement du privilège d’aider et de servir sous la direction de ceux en qui ils voyaient des serviteurs de Dieu et de la vérité qualifiés et agréés Ils n’avaient pas besoin d’être choisis par l’Eglise pour servir les apôtres. L’Eglise choisissait ses serviteurs ou diacres et les apôtres choisissaient les leurs. Il n’y avait là aucune contrainte. C’était une question d’option. Jean et Luc envisagèrent sans doute qu’ils pouvaient mieux servir le Seigneur de cette manière que d’aucune autre façon susceptible de se présenter à eux. Ce fut donc de leur plein gré et sans la moindre réserve qu’ils acceptèrent. Ils auraient pu refuser de la même façon s’ils avaient cru pouvoir mieux faire en orientant leurs talents dans un sens différent.

Quoi qu’il en soit, ce mot diacre s’applique, dans le Nouveau Testament, à certains frères se rendant utiles au titre de serviteurs du Corps de Christ, et honorés en conséquence, sans être aussi bien qualifiés que d’autres pour devenir anciens. Cependant leur choix en vue d’un service spécial dans l’Eglise implique à leur endroit la droiture dans le caractère la fidélité à la vérité, le zèle pour le service du Seigneur et de son troupeau. Dans l’église primitive, lorsqu’on procédait à la distribution

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de nourriture, etc… aux pauvres du troupeau, tout au début, les apôtres eux-mêmes s’en occupaient. Par la suite, lorsqu’il s’éleva des réclamations prétendant que certains étaient négligés, les apôtres soumirent la question à l’en­semble des croyants c’est-à-dire à l’Eglise. Ils dirent: Choisissez parmi vous des hommes susceptibles de bien s’acquitter de cette tâche tandis que nous continuerons à donner notre temps, nos connaissances et nos talents au ministère de la Parole. — Actes 6:2 à 5.

On se rappellera que sept serviteurs ou diacres furent alors choisis. Parmi eux se trouvait Etienne qui devint plus tard le premier martyr, le premier à avoir l’honneur de suivre les traces du Maître jusque dans la mort. Le fait, pour Etienne, d’avoir été choisi par l’Eglise pour être un diacre, ne l’empêchait en aucune manière d’an­noncer la Parole de quelque manière que ce soit et selon les occasions qui lui on étaient offertes. On peut se rendre compte de la parfaite liberté qui existait dans l’Eglise primitive. L’ensemble de la communauté chrétienne, reconnaissant les compétences de ses membres, pouvait leur demander d’assurer un service précis. Mais tant la re­quête que l’acceptation ne constituaient en aucun sens un esclavage et n’empêchait personne d’œuvrer dans une autre voie comme l’occasion s’en présentait. Le diacre Etienne, fidèle dans le service des tables et dans les règle­ments des paiements pour le compte de la communauté, etc… fut béni du Seigneur qui lui donna des occasions de montrer son zèle et ses capacités à prêcher l’Evangile d’une façon plus démonstrative. Sa carrière administra la preuve que le Seigneur le reconnaissait comme un an­cien dans l’Eglise avant que les frères ne s’en fussent rendus compte. Il n’est pas douteux que s’il avait vécu davantage, les frères auraient également reconnu en lui les qualifications d’un ancien capable d’exposer la vérité et l’auraient admis comme tel.

Ce que nous voulons faire ressortir c’est la liberté complète de chacun de faire valoir ses talents comme il s’en sent capable, comme Evangéliste, par désignation

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directe de l’Ecclésia de la Nouvelle Création ou non. (Etienne, cependant, n’aurait pu enseigner dans l’Eglise sans avoir été choisi par l’Eglise dans cette intention). Cette liberté absolue de la conscience individuelle et des dons personnels, l’absence de tout lien ou de toute auto­rité restrictive, est l’un des signes distinctifs qui carac­térisaient l’Eglise primitive et que nous ferions bien d’imiter dans son esprit et dans sa manière d’expression. Si l’Eglise a besoin d’anciens qualifiés et compétents pour enseigner, d’évangélistes pour prêcher, elle a aussi be­soin de diacres pour assurer des services d’un ordre dif­férent comme huissiers introducteurs, trésoriers ou tout autre. Ce sont des serviteurs de Dieu et de l’Eglise ho­norés en conséquence. Les anciens sont également des serviteurs dont le service se place sur un plan plus élevé, celui de la parole et de la doctrine.

DOCTEURS DANS L’EGLISE

Comme nous venons de le voir, l’aptitude à enseigner est la qualification nécessaire à tout ancien dans l’Eglise. Nous pourrions multiplier les citations tirées des Ecri­tures pour établir que saint Paul se considérait non seu­lement comme un Apôtre, comme un ancien et serviteur, mais encore comme un docteur, un profes­seur qui enseigne “non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit” (1 Corinthiens 2:13). Il n’enseignait ni les langues, ni les mathématiques, ni l’astronomie ni aucune autre science sinon celle qui se rapporte à l’Evangile, à la bonne nou­velle du Seigneur. Tel est le sens du texte que nous ve­nons de citer et il est bon que les enfants de Dieu s’en tiennent strictement à cela. Non seulement ceux qui en­seignent et prêchent la Parole, mais encore ceux qui écou­tent, doivent ne pas perdre de vue que ce n’est pas la sagesse de l’homme qu’il faut mettre en avant mais la sagesse divine. Ainsi l’apôtre exhorte Timothée et lui

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dit: “Prêche la parole” (2 Timothée 4:2). “ Déclare ces choses et enseigne-les” (1 Timothée 4:11). “Enseigne ces choses et recommande-les” (1 Timothée 6:2). Allant même plus loin, l’apôtre précise que dans l’Eglise, non seulement les anciens mais tout le monde, doit faire en sorte que ceux qui enseignent des doctrines fausses, des philosophies, une fausse science” ne soient pas reconnus ni autorisés à enseigner l’Eglise. Il fixe constamment que, si quelqu’un enseigne autrement ”,etc… il convient de s’en écarter ; autrement dit, de ne pas donner son appui à ce qui serait un Evangile différent de celui qui a d’abord été reçu, qui vous a été annoncé par ceux qui vous ont prêché l’Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel”. — 1 Timothée 6:3 à 5 — Galates 1:8.

Il s’en trouve qui sont capables d’enseigner, capables d’exposer, en clair, le plan divin dans le privé, mais qui n’ont aucun don pour parler en public, pour prophéti­ser ”. Il ne faut pas décourager ceux qui ne peuvent parler pour le Seigneur et pour sa cause que dans la conversa­tion. Bien au contraire, il faut les inciter à profiter de toutes les occasions qui s’offrent à eux de s’adresser à ceux qui ont une oreille pour entendre et leur annoncer les vertus de notre Seigneur et Roi. Ici encore il convient de distinguer entre enseigner et annoncer (prêcher) (Actes 15:35). Prêcher c’est parler on public. L’enseignement se distribue généralement sur un plan d’ordre plus restreint — dans un groupe d’études bibliques ou dans une conversation particulière. Les meilleurs prédica­teurs, orateurs publics ou prophètes ont reconnu que leur œuvre auprès du public se trouvait mieux mise au point lorsqu’elle était complétée par des exposés moins académiques, devant des auditoires moins nombreux où l’on pouvait expliquer les choses profondes de Dieu d’une manière plus intime.

Le don de l’évangélisation, savoir secouer les cœurs et l’es esprits des hommes pour les inciter à rechercher la vérité, est un don particulier que tous ne possèdent pas

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aujourd’hui pas plus qu’au temps de l’Eglise primitive. Bien plus, les conditions de vie très différentes ont plus ou moins modifié le caractère de cette activité. De nos jours et comme conséquence d’une instruction plus ré­pandue, le travail d’évangélisation peut largement se faire par la page imprimée. Nombreux sont ceux qui, actuellement, se trouvent engagés dans cette œuvre, distri­buant des tracts, en colportant les publications de l’AU­RORE DU MILLENIUM. Le fait que ces évangélistes travaillent suivant les méthodes de leur époque plutôt que d’après les méthodes du passé, ne dessert pas plus ce genre d’activité que les voyages rapides, grâce à la vapeur et à l’électricité, plutôt que d’aller à pied ou à dos de chameaux. L’évangélisation consiste avant tout à présen­ter la vérité — le divin plan des âges — la Parole de Dieu — la bonne nouvelle de grande joie ”. A notre jugement toute œuvre d’évangélisation ne vaut que par cela. Il y en a beaucoup qui possèdent le talent, les quali­fications nécessaires pour s’engager dans ce service et qui ne sont pas aptes à assurer d’autres services que celui-là. De nombreux moissonneurs ne sont pas encore allés dans la vigne, pour qui nous prions constamment, en sorte que le Seigneur de la moisson les y envoie — leur donne d’entrevoir les privilèges et les occasions de s’en­gager dans le ministère de l’évangélisation

Lorsque l’évangéliste Philippe eut fait ce qu’il pou­vait pour les gens de Samarie, Pierre et Jean leur furent envoyés (Actes 8:14). Ainsi en va-t-il pour nos colpor­teurs évangélistes. Après avoir éveillé l’esprit de leurs auditeurs ils peuvent attirer leur attention sur les ETUDES DES ECRITURES par lesquelles ils peuvent ap­prendre d’avantage sur les voies da Seigneur. De même que Pierre et Paul, Jacques et Jean, messagers et repré­sentants du Seigneur adressèrent des épîtres à la maison de la foi, conduisant, conseillant et encourageant le trou­peau, ainsi la littérature de la vérité visite les amis indi­viduellement collectivement et régulièrement. Elle cherche à affirmer leur foi, à former et à cristalliser leurs carac­tères dans la voie du Seigneur et de ses apôtres.

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BEAUCOUP DEVRAIENT POUVOIR ENSEIGNER

L’apôtre a fait à certains la remarque suivante Vous en effet, qui depuis longtemps (depuis que vous avez connu la vérité) devriez être des maîtres (comme conséquence d’un manque de zèle pour le Seigneur et d’un certain esprit de mondanité) vous avez encore be­soin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu” (Hébreux 5:12). Cette déclaration im­plique que, en général, l’Eglise tout entière, le sacerdoce dans son ensemble, les membres de la Nouvelle Création, devraient être familiarisés avec la Parole de leur Père au point d’être toujours prêts à répondre à quiconque demande raison de l’espérance qui est en eux (1 Pierre 3:15). Nous constatons une fois de plus que, du point de vue de l’Ecriture, l’enseignement n’est pas réservé à un clergé, que tout membre de la Nouvelle Création est un membre du Sacerdoce Royal, donc oint pour an­noncer et partant valablement autorisé à faire connaître la bonne nouvelle à ceux qui ont une oreille pour entendre — chacun de la manière dont il se sent capable, avec exactitude et clarté. Mais ici intervient une autre décla­ration particulière faite par un autre apôtre.

“ QU’IL N’Y AIT PAS PARMI VOUS UN GRAND NOMBRE DE PERSONNES QUI SE METTENT A ENSEIGNER ”

Jacques 3

Que veut dire ceci? L’apôtre lui-même répond: Car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement —les tentations et les responsabilités augmentent propor­tionnellement à mesure qu’on se signale, qu’on devient remarquable dans le Corps de Christ. L’apôtre ne veut pas dire qu’il ne faut “pas que personne enseigne, mais que celui qui croit posséder le don d’enseigner se sou­vienne que c’est une responsabilité “de s’avancer comme porte parole de Dieu ” — de s’assurer que rien ne soit dit qui puisse prêter à équivoque sur le caractère et le plan divins, ce qui déshonorerait Dieu d’une part tout en cau­sant un certain dommage à ceux qui écouteraient d’autre part.

Ce serait un bien pour l’Eglise si tous reconnaissaient l’excellence de ce conseil et obéissaient à cette sagesse d’en haut. Il y aurait sans doute beaucoup moins d’enseignement qu’il ne s’en distribue maintenant mais l’effet produit tant sur ceux qui enseignent que sur ceux qui écoutent tendrait non seulement à plus de respect pour le Seigneur et la Vérité de sa Parole mais à plus de libé­ration quant aux erreurs ambiguës. Dans le mène ordre d’idées, les paroles de notre Maître donnent à entendre que certains dont les enseignements n’auront pas été ab­solument conformes au plan divin seront pourtant admis dans le Royaume, mais à une position inférieure à celle qui aurait été la leur s’ils avaient été plus scrupuleux et n’avaient enseigné rien d’autre que le message divin. Il dit.: Celui qui violera d’un de ces moindres commande­ments et enseignera ainsi aux hommes, sera appelé le plus petit dans le Royaume des Cieux”. — Matthieu 5:19.

“ VOUS N’AVEZ PAS BESOIN QU’ON VOUS ENSEIGNE ”

“Que l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous. Vous n’avez pas besoin que quelqu’un vous enseigne mais comme son onction vous enseigne toutes choses et qu’elle est véritable et qu’elle n’est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu’elle vous a donnés”.

“Pour vous, vous avez reçu l’onction de la part de celui qui est saint et vous connaissez toutes choses”. —1 Jean 2:27, 20.

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Etant donnés les nombreux textes des Ecritures qui encouragent l’Eglise à apprendre, à croître on grâce et en connaissance, à s’édifier mutuellement dans la très sainte foi, à espérer que le Seigneur suscite des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des docteurs, etc… cette déclaration de l’apôtre Jacques parait étrange si elle n’est pas bien comprise. Pour quelques-uns elle a été une pierre d’achoppement. Nous sommes persuadés cependant que le Seigneur n’a pas permis que ceux dont des cœurs se trouvaient dans la bonne condition fussent ébranlés par elle. La note dominante de l’Ecriture tout au contraire règle sur règle, précepte sur précepte — ainsi d’ail­leurs que les expériences de la vie, suffisent amplement pour convaincre toute personne réfléchie qu’il existe quel­que chose de foncièrement mauvais dans la traduction de ce passage et dans les idées qui en ont généralement été retirées. Ceux que ce texte a embarrassés sont surtout les suffisants, ceux que l’amour-propre conduit à préférer que le Seigneur les traite séparément, à part de tout le reste de la Nouvelle Création. Or, ceci contredit formellement la pensée générale des Ecritures pour lesquelles le Corps est un dont tous les membres sont tous réunis en un seul et tirent leur subsistance et leur force par et en relation avec les autres membres. Ce que le Seigneur veut c’est rendre ses enfants interdépendant l’un de l’autre, de manière à prévenir tout schisme dans le corps. C’est pour cette raison qu’il nous a exhortés, par son apôtre, à ne pas négliger nos assemblées et à nous rap­peler qu’il lui est particulièrement agréable de rencontrer l’Ecclésia, le corps, dans n’importe quel endroit, même si “deux ou trois seulement se réunissent en son nom.

En examinant ce texte, nous trouvons que d’apôtre combat une erreur qui s’implantait dans son temps, une erreur grossière qui, au nom de la vérité, au nom du christianisme, sous le couvert d’être disciples de Christ, vidait de son sens la révélation tout entière. Ce système d’erreur, dit-il, ne fait pas parti de la véritable Eglise ni ne relève de ses doctrines. Au contraire, c’est l’anti-christ qui est opposé à Christ tout on se prévalant de son

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nom, mettant ainsi à la voile sous un faux pavillon. Par­lant d’eux, il explique: ils sont sortis du milieu de nous mais ils n’étaient pas des nôtres (soit qu’ils n’aient jamais été de véritables chrétiens ou qu’ils aient cessé de l’être) ; car s’ils eussent été des nôtres ils seraient demeurés avec nous ”. Il dévoile leur erreur, savoir que les prophéties se rapportant au Messie étaient figuratives et ne devaient jamais trouver d’accomplissement dans l’humanité. Une telle conception “était la négation de la déclaration de l’Evangile que le Fils de Dieu avait été fait chair, avait été oint du Saint Esprit lors de son baptême, était devenu le Messie et nous avait rachetés.

La pensée de l’apôtre était la suivante: celui qui est devenu vraiment chrétien, celui qui, à quelque degré que ce soit, a compris le plan divin doit tout d’abord admettre qu’il est un pécheur au même titre que tous les autres hommes et qu’il a besoin d’un Sauveur; ensuite, que Jésus, le Oint a racheté tous les êtres humains par le sacrifice de sa propre vie. Vous n’avez pas besoin dit l’apôtre, que personne vous enseigne cette vérité de base. Vous n’auriez pu être chrétiens si vous aviez ignoré cette vérité fondamentale de la religion chrétienne que Christ est mort “pour vos péchés selon les Ecri­tures et est ressuscité pour votre justification — et de même pour notre justification, pour notre sanctification qui en est la conséquence, pour notre espérance de la gloire, tout cela dépendant du fait et de la valeur du sacrifice de Christ en notre faveur. Il explique qu’on aurait pu, avant que le Fils ne fut manifesté, se confier et croire au Père sans croire au Fils, mais que main­tenant celui qui nie le Fils de Dieu nie également le Père et que personne ne peut confesser le Fils de Dieu sans confesser en même temps le Père lui-même et son dessein, lequel gravite autour du Fils qui en est l’agent exécutif.

Nous, de même, aujourd’hui, pouvons voir exacte­ment ce que l’apôtre a voulu dire. Celui qui a été engendré du Saint Esprit doit d’abord avoir cru au Seigneur Jésus

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qui était l’Unique Engendré du Père ; qu’il fut fait chair qu’il était saint, innocent et séparé des pécheurs ; qu’il se donna lui-même pour notre rançon ; que son sacrifice fut agrée du Père ainsi qu’en témoigne sa résurrection comme Roi de gloire et Sauveur. Sans cette foi là, personne ne pourrait recevoir le Saint Esprit, l’onction. C’est pourquoi quiconque a reçu l’onction n’a pas besoin qu’on perde son temps à discuter de la question de savoir si Jésus était ou n’était pas le Fils de Dieu, s’il fut ou non le Rédempteur, s’il a été ou non le Messie Oint qui ac­complira au temps marqué par Dieu les grandes promesses des Ecritures. Si la même onction que nous avons reçue demeure on nous, elle nous confirmera la vérité de ces choses. Demeurez en lui selon les enseignements qu’elle vous a donnés ”. Quiconque ne demeure pas on lui tout comme le sarment d’une vigne — se desséchera cer­tainement. Mais celui qui lui reste attaché demeure également dans son esprit et ne peut le renier.

Quant à vous, vous avez une onction venant de celui qui est Saint, et vous le savez tous (version de Stapfer et Diaglott). Au cours de la Dispensation juive le Saint Esprit fut représenté par une huile sainte versée sur la tête du Souverain Sacrificateur et se répandant sur le reste de sapersonne. De même celui qui appartient au Corps de Christ est sous l’onction, sous l’influence de l’Esprit, et là où est l’Esprit du Seigneur il y a douceur, onctuosité, lubrification. Sa tendance générale va dans te sens de la paix avec tout autant que cela est possible et autant que le permet la fidélité à la justice. Il s’oppose à la friction à la colère, à la malice, à la haine, à l’animo­sité. Ceux qui se trouvent sous son influence se réjouis­sent d’être enseignés de l’Eternel, et loin de se quereller à propos de son plan et de sa révélation, ils les acceptent promptement et trouvent ainsi l’onctuosité promise, la douceur, la paix, la joie, la sainteté de l’entendement.

Ceux qui ont reçu l’Esprit de Dieu à cet égard et ont éprouvé la paix, la joie et la tranquillité du cœur, savent que ces faveurs proviennent du fait que le Seigneur

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intervient en ce qui les concerne depuis qu’ils ont cru on Jésus et l’ont accepté comme l’Oint du Seigneur. Cette onction constitue donc une preuve, non pas seulement pour soi, mais surtout pour les autres, qu’on appartient au Corps de Christ. Par contre, ceux qui n’éprouvent pas cette paix et cette joie intérieures mais dont le cœur est plein de malice, d’animosité, de haine, et se complaît dans la bisbille, la dispute, les démêlés, ne connaissent pas cette manifestation de l’onction, la douceur qui accompagne l’Esprit d’En-haut. A la vérité nous ne nous ressemblons pas tous, et cette douceur peut dans les affaires courantes de la vie ne pas s’extérioriser aussi vite chez les uns que chez d’autres. Très vite, dans l’expérience chrétienne, cette douceur se traduira dans le cœur, démontrant ainsi que nous avons été avec Jésus, que nous avons appris de lui et que nous partageons son Esprit. Elle ne tardera pas ensuite à être remarquée par les autres dans la vie quo­tidienne.

Comme nous le voyons, rien dans les Ecritures ne con­trarie la teneur générale de la Parole de Dieu relativement à la nécessité des explicateurs dans le sens d’appren­dre la pensée de Dieu par leur intermédiaire. Non pas que nous prétendions que Dieu a besoin des explicateurs et ne pourrait pas instruire édifier les membres de la Nouvelle Création par quelque autre moyen, mais parce que sa Parole déclare que tel est le moyen qu’il a choisi, SA méthode pour instruire l’Eglise, le Corps de Christ, en sorte qu’il n’y ait pas de différend dans le corps, chacun apprenant à sympathiser, à collaborer, à aider l’autre.

Déjà nous avons considéré que ces docteurs ou expli­cateurs ne doivent pas être tenus pour infaillibles mais que ce qu’ils disent doit au contraire, être pesé, comparé aux normes divines — à ce qu’ont dit de Seigneur et les apôtres, les saints prophètes des âges passés qui ont parlé et écrit poussés par l’esprit saint et dans notre intérêt à nous qui sommes parvenus à la fin des temps. Nous en arrivons maintenant à la déclaration de l’apôtre

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“Que celui à qui l’on enseigne la Parole fasse participer celui qui enseigne en toutes bonnes choses ” Galates 6:6.

“ CELUI A QUI L’ON ENSEIGNE ” ET “ CELUI QUI ENSEIGNE ”

Le texte comme tous les autres se rapportant au même sujet, montre que Dieu veut que l’instruction de ses en­fants se fasse l’un par l’autre et que le plus humble de son troupeau doit penser par lui-même de manière à dé­velopper une foi individuelle aussi bien qu’un caractère personnel. Hélas! que ce point important est générale­ment perdu de vue parmi ceux qui se réclament de Christ! il est vrai que ce texte reconnaît l’existence d’un maître et des élèves. Mais les élèves doivent se sentir libres de faire participer, de faire connaître à celui qui les enseigne tout ce qui peut venir à leur connaissance se rapportant au sujet en discussion, non pas pour se substituer à celui qui enseigne mais tel un scrutateur intelligent envers son frère également scrutateur mais plus ancien que lui. Les élèves ne doivent pas être des machines, ils ne doivent pas avoir peur de faire participer…; mais enposant des questions, en attirant l’attention sur ce qui pourrait pa­raître être une application contestable de l’Ecriture ou quoi encore…, ils contribuent pour leur part à maintenir le Corps de Christ et ses enseignements dans la ligne de l’exactitude. Ils doivent être des critiques. Au lieu de décourager les membres à agir dans ce sens, au lieu de leur dire qu’ils ne doivent pas faire d’observations à celui qui enseigne ni raisonner ses exposés, ils sont au contraire invités à user de l’esprit critique, et à ques­tionner.

Il ne faut pas s’imaginer pourtant que le Seigneur souhaite voir se développer un esprit de critique, une dis­position à contester ou à trouver constamment à redire. Un tel état d’esprit est non seulement contraire à l’Esprit

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Saint mais il peut devenir très dangereux. Celui qui, dans un esprit de contradiction, propose un cas hypothétique ou supposé qu’il ne croit pas être vrai, tout simplement dans d’intention d’embarrasser celui à qui il s’adresse ou même dans le seul but de créer un climat de controverse, etc… travaille contre lui-même en même temps qu’il fait tort aux autres. L’honnêteté vis à vis de tout ce qui est vrai est une condition essentielle au progrès. Objecter à ce que l’on croit être vrai ou même soutenir pour un temps ce que l’on croit être une erreur, par plaisan­terie ou pour tout autre raison, offense sûrement le Seigneur et attire quelque juste rétribution. Combien s’en est-il trouvé qui se sont mis à “parler avec sous-entendus” contre ce qu’ils croyaient pourtant être la Vérité et qui se sont trouvés, embarrassés, entraînés, aveuglés pen­dant tout le temps qu’a duré leur conduite équivoque! Après le Seigneur, la vérité est le bien le plus précieux qui soit au monde. Il ne faut pas ruser avec elle. Il ne faut pas jouer avec elle. Toute négligence dans ce domaine entraîne toujours quelque dommage. — Voir 2 Thessalo­niciens 2:10 et 11.

Il est bon de remarquer que l’expression faire par­ticiper” peut revêtir un sens très large et ne pas con­cerner seulement la participation dans les idées, les sen­timents, etc… On peut la comprendre aussi dans le sens que celui qui est enseigné et reçoit des bienfaits spiri­tuels peut participer d’une manière ou d’une autre au soutien de ceux qui enseignent, en donnant au Seigneur, aux frères, à la vérité, une partie des fruits de son travail et de ses dons. Telle est la nature même de la sainte disposition de la Nouvelle Création. On apprend très tôt dans l’expérience chrétienne la signification des paroles du Maître: “Il y a plus de bonheur à donner qu’à re­cevoir”. Pour cette raison tous ceux qui sont animés de cet esprit sont heureux de donner de leurs biens maté­riels au service de la vérité dans la proportion où ils re­çoivent les bénédictions spirituelles. Comment donner et avec quelle sagesse, c’est ce que nous envisagerons plus tard dans un autre chapitre.

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LA FEMME DANS L’EGLISE

Il serait peut être plus opportun d’examiner ce sujet après avoir discuté de la relation générale de l’homme et de la femme dans l’ordre que Dieu a voulu. Pourtant du point de vue qui nous intéresse actuellement, il est ici à sa place. Ce que nous en dirons par la suite corroborera, croyons-nous, ce que nous en disons maintenant.

Rien n’est plus clair que, dans le choix de son Ecclésia pour la Nouvelle Création, le Seigneur ignore les sexes. Hommes et femmes sont baptisés et deviennent membres du “seul Corps dont Jésus est la Tête. Les uns et les autres sont donc également susceptibles d’avoir part à la Première Résurrection, à Sa gloire, à son hon­neur et à son immortalité sous la condition générale “Si nous souffrons avec lui nous régnerons aussi avec lui ”. Le Seigneur et les apôtres n’ont pas eu des termes spéciaux pour parler de l’un ou de l’autre. C’est pourquoi toute limitation à l’égard de la femme, pour ce qui con­cerne le caractère et l’œuvre d’extension du service de d’Evangile, doit se comprendre comme se rapportant sim­plement au temps présent, tandis que nous sommes en­core dans la chair, sans y voir ni supposer une préférence divine pour les hommes. Nous allons essayer de montrer que les distinctions entre les sexes se trouvent plutôt dans la ligne du symbolisme ou de la typologie. L’homme repré­sente, symbolise, Jésus-Christ le Chef de l’Eglise, tandis que la femme figure l’Eglise, l’Epouse, soumise au chef que Dieu luia donné.

L’amour de notre Seigneur pour sa mère, pour Marthe et Marie et autres “saintes femmes qui le servirent ”, ressort à l’évidence des récits évangéliques indépendam­ment de l’affirmation que Jésus les “aimait” (Jean 11 :5). Cependant lorsqu’il choisit ses douze apôtres et plus tard les soixante-dix”, il ne choisit aucune femme. On ne peut croire qu’il fut là questiond’un oubli, car, tout au long des seize siècles précédents, les femmes appartenant

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à la tribu de Lévi, furent toujours tenues à l’écart de toute fonction publique. On ne peut pas non plus expli­quer la chose en supposant que les femmes se trouvant au nombre des amis de notre Seigneur n’étaient pas suf­fisamment instruites puisque ceux qui furent choisis étaient connus pour des hommes du peuple sans instruc­tion”. Force nous est donc de conclure que, dans la pen­sée divine, seuls parmi les “frères” les hommes devaient être choisis pour être les serviteurs publics spéciaux et les ambassadeurs de l’Evangile. Ici nous remarquerons que l’arrangement divin est à d’inverse de la méthode suivie par le Grand Adversaire qui, tout en étant prêt à se servir de l’un ou l’autre sexe pour perpétrer son œuvre, a toujours trouvé dans la femme son représentant le plus efficace.

La première femme fut le premier instrument dont se servit Satan: un instrument de réussite en vérité puisqu’il perdit le premier homme et plongea toute la race dans le péché et la mort. Les sorcières du passé, les médiums spirites, la “science chrétienne de notre époque sont autant de confirmations que l’œuvre de Satan se traduit dans les faits par les femmes presque autant que l’œuvre de Dieu fait intervenir des hommes. De plus la méthode divine va à l’encontre de la tendance naturelle qu’ont les hommes à estimer particulièrement les femmes dans les questions religieuses accordant volontiers au beau sexe plus de pureté, de spiritualité, de communion avec Dieu. Cette tendance se signale tant dans les annales du passé que dans celles du présent. En Egypte, c’était la déesse Isis. Il y avait également la déesse assyrienne Astarté, la déesse grecque Diane et Junon et Vénus et Bellone sans compter la Mariolâtrie qui, depuis des siècles et encore maintenant compte énormément pour plus des deux tiers de ceux qui se réclament de Christ en dépit de la plus expresse démonstration que c’est l’homme qui doit parler et représenter le Seigneur dans son Eglise.

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En dehors de cette signification symbolique , la Paroles de Dieu n’apporte aucune autre raison de distinguer entre les sexes et nos suppositions à ce sujet peuvent être ou ne pas être correctes. D’après nous cependant certains types de femmes parmi les plus nobles présentent quelques tendances du cœur et de l’esprit qui ne les désignent pas pour tenir des services religieux publics. Par exemple, par nature, et fort heureusement, la femme est animée du désir de plaire, d’être l’objet d’approbation et de félicitations. Cette qualité est d’un prix inestimable à la maison. C’est à elle qu’on doit une table appétissante et une maison agréable à habiter toute différente des cham­bres des vieilles bonnes ou des vieux célibataires. La vraie femme est heureuse de s’occuper à rendre sa famille heu­reuse. Elle est heureuse quand les siens apprécient ses efforts culinaires et autres et le lui disent. Il est bien certain qu’il ne faut jamais ni contester les louanges qu’elle mérite et qui lui sont dues, que sa nature demande et qui sont indispensables à sa santé et à son épanouis­sement.

Mais si la femme quitte sa sphère — déjà si vaste et si importante par elle-même que le poète a eu raison de dire La main qui tient le berceau est celle qui gou­verne le monde ” — si elle affronte le public au titre de conférencier, professeur ou écrivain, elle se place dans une situation critique. En effet, certaines particularités de son sexe — nous en avons déjà mentionné une — qui tendent à faire d’elle une vraie femme, attirante pour de vrais hommes, concourraient, dans des conditions contraires a la nature, à altérer sa féminité en lui donnant des allures masculines. La nature a imposé aux sexes leurs mesures et leurs limites, non seulement dans les contours physiques et la chevelure, mais aussi dans les qualités du cœur et de la tête, adaptant l’un à l’autre avec un tel bonheur que si l’on ignorait ses lois, on irait finalement à l’encontre de son propre avantage, quelque bénéfiques que les changements puissent appa­raître pour un temps.

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Le désir de Louanges que la nature a si généreusement accordé à la femme et qui, bien exercé, lui est si utile dans la tenue du foyer et de la famille, lui devient presque à coup sûr un piège si elle vient à se trouver de­vant un public, dont elle recherchera l’approbation, soit de l’Eglise, soit du monde. Vouloir briller, vouloir paraître plus sage ou plus capable que d’autres, est le danger qui guette tous ceux qui affrontent un public. Il n’est pas douteux que ce sentiment ait fait trébucher des hommes qui, s’enorgueillissant, sont tombés dans le piège que leur tendait l’Adversaire. Or, le fond de caractère de la femme la rend particulièrement vulnérable sur ce cha­pitre. Dans son désir de paraître, non seulement elle tom­berait elle-même mais elle en ferait tomber d’autres. En s’écartant de la droite ligne, l’Adversaire apporterait nécessairement une huile falsifiée dont la fausse lumière pourrait conduire à l’écart du chemin du Seigneur. Ainsi l’avertissement de l’apôtre: “Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement (Jacques 3:1) aurait d’autant plus sa raison d’être s’il s’adressait à des sœurs. A la vérité le danger serait si réel qu’aucun élément féminin n’a été établi en vue de l’instruction des autres et que l’apôtre a écrit: “ Je ne permet pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit de­meurer dans le silence”. 1 Timothée 2:11, 12

Cette déclaration péremptoire et précise ne peut ce­pendant pas vouloir dire que les sœurs de la Nouvelle Création ne peuvent jamais apporter de bénédiction en racontant les vérités bibliques. Le même apôtre parle dans les meilleurs termes de saintes femmes de son époque qui aident dans le ministère. Il parle par exemple de Priscille et de son mari comme “compagnons d’œuvre” ou co-ouvriers” (Romains 16:3). C’est plus que sim­plement pourvoir aux besoins de l’apôtre en le recevant dans leur maison. Ils l’aidaient dans son travail, non seu­lement pour faire des tentes mais surtout dans l’œuvre principale du ministère de l’Evangile. Plus loin (verset 6) il mentionne les services de Marie qui a pris beaucoup de peine pour nous ”. Sans doute n’était-elle pas une

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compagne d’œuvre. Les services qu’elle rendit à l’apôtre et qu’il se plaît à reconnaître étaient des services d’ordre personnel — laver son linge peut être ou raccommoder ses vêtements. Le service de Priscille, au contraire, est du même ordre que celui d’Urbain (verset 9). Le fait que le nom d’Aquilas vient après celui de sa femme tendrait à établir que, des deux, la femme était la plus active. Tryphène et Tryphoise (verset 12) qui travaillent pour le Seigneur étaient deux autres sœurs dont les noms sont parvenus jusqu’à nous.

Toute interprétation des paroles de l’apôtre qui abou­tirait à contester aux sœurs l’occasion de travailler pour le Seigneur ne serait pas exacte. C’est dans les rassemblements de l’Eglise (deux ou trois ou plus) en vue d’un culte de louange et d’édification mutuelle que les sœurs doivent s’effacer et ne pas essayer de prendre la direction ou se mettre à enseigner. C’est cela qui constituerait une usurpation de l’autorité sur l’homme, sur qui, tant par la loi de nature que par le commandement, le Seigneur a placé la responsabilité de l’orientation des dif­férents ministères, sans doute pour de bonnes raisons, que nous les admettions ou non.

Les restrictions qu’apporte l’apôtre concernent de toute évidence les réunions du genre de celles décrites en 1 Corinthiens 14. Les sœurs assistaient à ces réunions et avaient part aux bénédictions qu’on en retire. Elles s’unissaient aux chants et cantiques spirituels ainsi qu’aux prières faîtes par l’un ou l’autre. L’apôtre voulait avant tout inculquer la nécessité d’introduire un certain ordre dans les rassemblements en sorte qu’ils soient profitables pour tous au maximum. Il insiste pour que pas plus qu’un ne parle ou prophétise à la fois et que tous les autres écoutent ; et même que dans une assemblée pas plus que deux ou trois ne parlent de manière qu’il n’y a pais trop d’idées émises au cours d’une même réunion. De même celui qui parlait en langue étrangère devait attendre que quelqu’autre fût à même de l’interpréter.

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Les femmes ne devaient pas parler dans les réunions de ce genre. Mais, à la maison, en dehors des lieux de rassemblements, elles pouvaient interroger leurs ma­ris ”. Elles pouvaient exposer leurs conceptions ou poser des questions par l’intermédiaire des frères (hommes) qu’elles connaissaient le mieux leurs maris, si possible, ou les frères avec qui elles conversaient sur le chemin du retour du lieu de réunion à la maison, etc… A la maison ici, veut dire au sein de la famille ou entre amis La pensée qui se dégage paraît donc être la suivante: Que les femmes posent leurs questions par les hommes de leurs connaissances. L’apôtre précise : Il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises selon que le dit aussi la loi”. — 1 Corin­thiens 14:34 à 36.

De toute évidence il se trouvait dans l’Eglise de Co­rinthe des partisans de l’idée des droits de la femme prétextant que, dans l’Eglise, les deux sexes avaient des droits identiques. Non seulement l’apôtre réfute cette idée mais il réprimande leur audace tendant à introduire des habitudes non admises dans les autres communautés du peuple de Dieu. Il dit : Est-ce de chez vous que la parole (message) de Dieu est sorti? Ou est-ce A vous seuls qu’elle est parvenue (venant d’ailleurs) ? Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Sei­gneur ” — et non pas l’expression de mon opinion per­sonnelle ou de mon propre caprice. Nous donc aussi, tout comme les Corinthiens, pouvons avoir notre propre juge­ment sur cette question, mais avons à nous soumettre à ce que dit l’apôtre comme étant le commandement du Seigneur. Et que si quelqu’un conteste le bien fondé de l’apôtre à ce propos qu’il soit conséquent avec lui-même et rejette l’apôtre totalement.

Il est bon, ici, d’attirer l’attention sur les paroles de l’Apôtre lorsqu’il parle des dons accordés par le Seigneur à l’Eglise à la Pentecôte. Il dit : Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres

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comme évangélistes, les autres comme pasteurs et doc­teurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du Corps de Christ (Ephésiens 4:11 et 12). Dans le grec, l’article indique le genre : masculin, féminin ou neutre. Ce texte est donc excellent pour décider dans quel sens particulier le Seigneur a, par le Saint Esprit, déterminé le genre des serviteurs actifs donnés à son Eglise. Que remarque-t-on dans le texte ci-dessus et quel genre marque le texte grec? La réponse est que l’article tous (pluriel, accus, mascu­lin) se trouve devant les mots apôtres, prophètes, évan­gélistes, pasteurs et qu’il n’y a pas d’article devant le mot docteurs qui, selon toute apparence concerne les aides” (1 Corinthiens 12:28 – D) ou que l’on peut encore comprendre comme se rapportant à des apôtres-hommes, prophètes-hommes, évangélistes-hommes, pas­teurs-hommes, tous étant docteurs.

Remarquons cependant que le fait, pour une sœur, d’attirer l’attention de l’assemblée sur ce qu’ont dit le Seigneur ou les apôtres à propos d’un sujet en discussion et sans exposer ses idées personnelles, ne peut être con­sidéré comme un acte d’enseignement, ni une prise d’au­torité sur l’homme. Elle ne fait, en ce cas, que rappeler les paroles d’instructeurs reconnus et autorisés. De même, pour une sœur, le fait de se référer ou de lire à d’autres, tel livre ou tel autre de nos publications sur les Ecritures, ne peut être assimilé à un enseignement provenant d’elle-même mais plutôt de l’auteur du livre considéré. Comme on peut le voir la méthode suivie par te Seigneur sauve­garde son troupeau en même temps quelle pourvoie am­plement à ses besoins.

Il est possible que tous obéissent au commandement divin mais, très certainement, personne n’en saisira la portée s’il ne réalise que, dans le mode d’expression biblique, la femme représente l’Eglise, et l’homme représente le Seigneur, le Chef ou Maître de l’Eglise (Voir Ephésiens 5 :23 — 1 Corinthiens 11:3). Comme l’Eglise ne doit pas essayer d’instruire le Seigneur, la femme, qui

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figure l’Eglise, ne doit pas assumer le rôle d’instructrice vis à vis de l’homme qui, lui, représente le Seigneur. Cette idée, une fois acquise, aucune sœur ne doit se sentir diminuée et aucun frère ne doit se rengorger. Tous auront plutôt à la pensée que le Seigneur est l’unique docteur, que les frères doivent se garder d’exprimer une sagesse de leur cru mais simplement présenter aux autres ce que le Maître donne comme vérité. Appliquons ainsi ce pas­sage de l’Ecriture (1 Timothée 2:11, 12) au Seigneur et à l’Eglise : Que l’Eglise écoute l’instruction en silence, avec une entière soumission. Je ne permets pas à une église d’enseigner ni de prendre de l’autorité sur Christ mais elle doit demeurer dans le silence”.

QU’ELLE SOIT COUVERTE

Déjà nous avons indiqué (1) que le Souverain Sacrifi­cateur représentant Christ, le Souverain Sacrificateur de notre profession, — revêtu de ses vêtements sacerdo­taux, avait seul le droit d’aller la tête découverte. Les autres sacrificateurs figurant l’Eglise, le Sacerdoce Royal” devaient avoir la tête couverte par des bon­nets” Ce type enseigne exactement ce que nous venons de voir. Dans les assemblées de la Nouvelle Création, le Seigneur, le Souverain Sacrificateur antitypique, est re­présenté par les frères, tandis que l’Eglise ou Sacerdoce Royal est représentée par les sœurs lesquelles, comme le précise l’apôtre, doivent de même porter une coiffure. La signification est la même et marque le service de l’Eglise à son Seigneur. C’est ce que détaille l’apôtre en 1 Corin­thiens 11:3 à 7, 10 à 15.

On a prétendu que, puisque l’apôtre présente la longue chevelure de la femme comme une coiffure que lui aurait donnée la nature cela n’allait pas plus loin. Or, le verset 6 pose un principe contraire. L’apôtre a voulu exprimer que, non seulement les femmes devraient laisser croître leur

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chevelure comme la nature l’a voulu mais que, de plus, elles doivent porter une coiffure, laquelle, d’après le verset 10, a une valeur de SIGNE, de reconnaissance symbolique d’être soumise à l’acceptation de l’autorité de l’homme, tout comme l’Eglise entière est soumise à la loi de Christ. Le verset 5 paraît dès l’abord contredire à l’exigence que les femmes gardent le silence dans les Ecclésias. Nous pensons toutefois que si, dans le ser­vice général de l’Eglise, l’élément féminin ne doit jouer aucun rôle public, dans les réunions plus fermées de prières et de témoignages et non dans un but d’enseigne­ment doctrinal, il ne saurait y avoir d’objection à ce que les sœurs y participent la tète couverte.

A ce propos qui vise à perpétuer la coutume chez les sœurs de se couvrir la tête, l’apôtre le recommande mais ne le présente pas comme un commandement divin. Il ajoute au contraire “Si quelqu’un se plaît à contester (sur cette question) nous n’avons pas une telle coutume (une règle positive dans l’Eglise) ”. Ce n’est pas un sujet de première importance, bien que toutes celles qui cher­chent à faire la volonté de Dieu devraient ne pas négliger ce détail plus que d’autres, dès l’instant qu’elles en dis­cernent la propriété en tant que symbole. Les mots “à cause des anges paraissent faire allusion. aux anciens choisis, qui représentent le Seigneur, la Tête dans les Ecclésias. Apocalypse 2:1.

Pour nous résumer nous suggérons que l’interpréta­tion la plus libérale possible soit donnée aux paroles inspirées de l’apôtre relativement à l’étendue de la liberté des sœurs dans les affaires de l’Eglise. Voici quel est, à notre jugement, ce qui en ressort:

1)   Les sœurs jouissent de la même liberté que les frères dans ce qui concerne l’élection des serviteurs de l’Eglise, Anciens et Diacres.

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2)          Les sœurs ne peuvent être anciens ou instruc­teurs dans l’Eglise parce que l’apôtre déclare: “Je ne permets pas à la femme d’enseigner” (1 Timothée 2:12). Cependant il ne faut pas interpréter cette restriction dans le sens d’empêcher les sœurs de prendre part aux réunions ne revêtant pas un caractère de prédication telles les réunions de prières et de témoignages, d’études béréen­nes, etc… parce que l’apôtre dit que si une sœur prie ou prophétise (parle) elle doit le faire la tête couverte re­connaissant par là que le Seigneur, le Grand Docteur, est particulièrement représenté dans la personne des frères (1 Corinthiens 11 :5, 7, 10). Une participation comme celle-là n’a pas besoin d’être considérée comme un enseignement. Les frères eux-mêmes, à ce moment, n’en­seignent pas non plus. Comme le dit l’apôtre: “Tous sont-ils docteurs ? ”. Non. Les docteurs ou Anciens sont choisis spécialement et toujours parmi les hommes. —Ephésiens 4:11 — 2 Timothée 2:24 — 1 Corinthiens 12:28, 29.

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