Le joug de l‘Egypte et la délivrance dans la figure et la réalité — “ L’Eglise des premiers-nés ” —” “ Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain ” — La “ Commémoration ” a encore sa raison d’être — Qui peut y participer? — Qui peut officier? Modèle de service commémoratif — Pâques et Pâque — Extraits d’Encyclopédie.
“ Christ notre agneau pascal a été immolé. Ainsi célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec un levain de malice et de perversité, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité. ” – 1 Cor. 5 :7, 8.
Entre autres expériences faites par les antiques Israéliens, la Pâque juive occupe une place de premier plan. Chaque année, sept jours durant, la Fête de la Pâque
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débutait avec le quinzième jour du premier mois. Dans un sens général elle rappelait la délivrance du peuple d’Israël de l’esclavage d’Egypte, mais plus spécialement la sauvegarde des premiers-nés des familles d’Israël tandis que la mort frappait les premiers-nés des familles égyptiennes. Cette plaie mortelle, la dernière, détermina l’affranchissement des Israélites. Ce “passage outre” des premiers nés d’Israël fut le signal précurseur de la libération complète de tout le peuple, de la traversée de la Mer Rouge et de tout ce qui s’ensuivit. Il est donc normal qu’un événement aussi prodigieux soit célébré par les Juifs en relation même avec la naissance de leur nation et soit fêté par eux jusqu’à nos jours. Les membres de la Nouvelle Création s’intéressent à toutes ces choses comme ils s’intéressent d’ailleurs à tout ce que fait leur Père Céleste, tant en ce qui concerne son peuple type, l’Israël selon la chair, qu’en ce qui concerne la race humaine dans son ensemble. Cependant la Nouvelle Création apporte un intérêt accru aux événements qui ont eu lieu en Egypte parce que le Seigneur a révélé le “mystère” d’après lequel tout ce qui est arrivé à l’Israël naturel était une ombre ou figure des plus grandes choses qui devaient se rapporter à l’Israël selon l’esprit – la Nouvelle Création.
Sur le plan des choses de l’esprit, l’Apôtre déclare que “l’homme naturel ne perçoit pas ce qui est de l’Esprit de Dieu et ne peut le comprendre parce que cela s’apprécie spirituellement ; mais Dieu nous (à la Nouvelle Création) les a révélées par Son Esprit ” – (1 Cor. 2:14,10). Dieu s’est servi des apôtres comme porte-parole pour nous donner certains points de repère grâce auxquels et par son Esprit, Il nous permet de comprendre ce qui se rapporte aux choses d’En haut. L’un de ces points sert de texte à la présente étude. D’après les indications de l’Apôtre, il ressort que l’Israël selon la chair représentait tout le peuple de Dieu – tous ceux qui, en définitive, deviendront son peuple jusqu’à la fin de l’Age Millénaire. D’autre part, les Egyptiens représentaient ceux qui s’opposent au peuple de Dieu. Pharaon, leur chef, imageait Satan,
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le prince du mal et des ténèbres ; les serviteurs de Pharaon, ses cavaliers, figuraient les anges déchus et les hommes qui, à quelque degré que ce soit, se sont associés ou s’associeront à Satan pour lutter contre le Seigneur et son peuple, contre la Nouvelle Création et en général contre toute la maison de la foi. De même que le peuple d’Israël aspirait à la délivrance, gémissait sous la férule de ses exacteurs sans avoir la force de tenter quoi que ce soit pour se libérer du joug de l’Egypte si ce n’est sur l’intervention du Seigneur à leur endroit en envoyant Moïse comme conducteur et libérateur, ainsi, l’humanité entière, dans le présent comme dans le passé, a gémi et gémit encore sous les exactions du “prince de ce monde” et de ses aiguillons : le Péché et la Mort. Les centaines de millions d’êtres humains aspirent à être libérés du fardeau de leurs propres faiblesses, de leurs insuffisances et des infortunes qui s’attachent à eux : la maladie et la mort. Or, sans l’aide divine, l’humanité est impuissante. Quelques individus en effet essaient bien de réaliser quelque chose, de parvenir à une amélioration quelconque comme conséquence des vigoureux efforts qu’ils déploient dans ce but. Ils parviennent bien à quelques résultats mais ceux-ci sont toujours en deçà d’une libération réelle. Toute la race d’Adam se trouve encore dans l’esclavage du péché et de la mort. Son unique espoir réside en Dieu et dans le plus grand Moïse qui doit, selon la promesse, délivrer son peuple au temps marqué. Il lui fera traverser la mer Rouge – image de la Seconde Mort dans laquelle Satan et tous ceux qui éprouvent quelque affinité pour lui et son comportement seront détruits pour toujours comme le furent Pharaon et ses armées dans la mer. Quant au peuple de Dieu “la Seconde Mort n’aura pas de pouvoir sur lui”.
Ce qui précède est une illustration générale. Une autre illustration, faisant partie de celle-là et pourtant distincte, y est incluse. Elle ne se rapporte pas à l’humanité en général et à sa délivrance du péché et de la mort, mais seulement à une classe spéciale, prise dans l’humanité elle-même – la classe des premiers-nés.
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Une expression inspirée : “l’Eglise des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux” – la Nouvelle Création – nous permet d’établir la correspondance. Dans la figure – le type – les premiers-nés jouaient un rôle de premier plan : ils étaient héritiers ; un rôle de premier plan aussi en ce qu’ils furent mis en cause avant le reste de leurs frères. La mort les avait déjà menacés avant l’exode général et quand l’exode proprement dit eut commencé, ils devinrent des personnages particuliers exerçant une fonction spéciale dans l’œuvre de délivrance générale. Ils constituèrent en effet une classe séparée et distincte, représentée par la tribu de Lévi. Ils vivaient à part de leurs frères, ayant renoncé complètement à leur part d’héritage dans le pays, pour devenir conformément aux dispositions divines, leurs éducateurs.
Cette tribu ou Maison de Lévi représente la Maison de la Foi, maison qui est encore figurée par le Sacerdoce royal en préparation lequel abandonne sa part d’héritage sur le plan terrestre en faveur de ses frères, pour devenir un Sacerdoce royal effectif ayant pour Souverain Sacrificateur le Seigneur lui-même et bénir, diriger et instruire le reste du monde pendant toute la durée de l’Age Millénaire. De même que les premiers-nés d’Israël en Egypte furent en péril de mort mais y échappèrent et, faisant abstraction de leur portion d’héritage, constituèrent un sacerdoce, ainsi maintenant, l’Eglise des Premiers-Nés, fait face à la Seconde Mort puisqu’elle subit, avant le reste de l’humanité, son épreuve pour la vie éternelle ou la mort éternelle, et passe heureusement de la mort à la vie grâce aux mérites du sang – de la mort – du Rédempteur.
Devenus bénéficiaires de la Grâce de leur Seigneur, ils renoncent et sacrifient comme Lui, leur héritage terrestre, la vie sur la terre, pour accéder au Ciel et à sa “vie plus abondante”. Ainsi, tandis que les membres de “ l’Eglise des Premiers-nés”, la Nouvelle Création, “ meurent comme tous les hommes ”, et eu égard aux choses de la terre, paraissent perdre et y renoncer plus que d’autres, cependant – et là l’homme naturel ne comprend plus – ils sont affranchis, délivrés de la mort, pour avoir part, avec Jésus leur Souverain Prêtre, à la gloire, à l’honneur et à l’immortalité.
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Tous ceux-là dont la Pâque (passage au-dessus d’eux de l’ange de la mort) a lieu au cours de cette nuit de l’Age de l’Evangile – avant que se lèvent le Matin Millénaire et son Soleil de Justice – doivent devenir les conducteurs de l’humanité et la sortir de l’esclavage du péché et de Satan. Remarquons comment tout ceci s’accorde avec le langage de l’Apôtre (Romains 8:22,19) “La création tout entière gémit et est dans les angoisses de l’enfantement” – “elle attend avec impatience la révélation des fils de Dieu” – elle attend que toute l’Eglise des Premiers-nés soit passée par la Première Résurrection dans la gloire, l’honneur et l’immortalité.
Or, voici maintenant un nouvel élément prédominant dans l’illustration du type. Pour que le premier-né fût épargné en cette nuit de Pâque, pour que la libération du peuple du Seigneur puisse avoir lieu, il était indispensable que l’Agneau pascal fût immolé, que son sang fût aspergé sur les montants et les linteaux des portes de la maison, que sa chair fût mangée cette nuit-même avec des herbes amères et des pains sans levain. Ainsi chaque maison d’Israël représentait la maison de la foi, chaque agneau figurait l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde et le premier-né de chaque famille illustrait le Christ en entier, Tête et Corps, la Nouvelle Création. Les herbes amères représentaient les épreuves et afflictions du temps actuel. Elles ouvrent l’appétit et incitent la maison de la foi à se nourrir dans une plus forte proportion de la chair de l’Agneau et des pains sans levain. Bien plus, chaque maisonnée devant manger, le bâton à la main, tout prêt pour le voyage, on comprend que chaque premier-né appartenant à la maison de la foi et prenant part à l’Agneau au cours de cette nuit de l’Age de l’Evangile, soit étranger et voyageur dans le monde, se rende compte de la réalité de son esclavage au péché et à la mort et soit disposé à être acheminé par le Seigneur vers la libération du péché et de la corruption, dans la liberté des fils de Dieu.
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LE SYMBOLE COMMEMORATIF DE NOTRE SEIGNEUR
Conformément à cette figure de l’immolation de l’Agneau pascal le 14ème jour du premier mois – le jour précédant les sept jours de la Fête de Pâque célébrée par les Juifs – notre Seigneur mourut, Agneau pascal véritable, “Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde”. Il n’était pas possible que notre Seigneur achevât dans la mort, à aucun autre moment que celui-là, le sacrifice qu’il avait commencé lorsqu’il avait trente ans, à son baptême. Et cela est si vrai que, bien que les Juifs aient fréquemment pensé à se saisir de lui, personne ne put jamais mettre la main sur lui, parce que “ son heure n’était pas encore venue. ” – Jean 7 : 8, 30.
Les Juifs devaient choisir l’agneau à sacrifier le 10ème jour du premier mois. Ils devaient le garder chez eux jusqu’au moment venu. De même le Seigneur s’est offert à eux au moment voulu. Cinq jours avant la Pâque, Il traversa la cité, monté sur un ânon, tandis que la multitude criait : “Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !”. “ Il est venu vers les siens, et les siens [en tant que nation] ne l’ont pas reçu, mais à tous ceux qui l’ont reçu [individuellement] il leur a été accordé le privilège de devenir enfants de Dieu“. Par ses représentants, sur le plan national, le peuple juif ne le reçut pas, tout au contraire il le rejeta et se rangea – du moins à ce moment-là, du côté de l’Adversaire. Mais, grâce à Dieu, le sang de la Nouvelle Alliance est aussi efficace pour la maison de Jacob que pour tous ceux qui souhaitent le retour au plein accord avec Dieu en revendiquant pour leur part une imputation des mérites de l’Agneau.
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Les Juifs ayant refusé leur part de l’Agneau pascal réel, perdirent en conséquence l’occasion de constituer la nation des premiers-nés, le Sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple particulier du Messie. Ils perdirent l’occasion d’être le peuple de la Pâque, de devenir les membres de la Nouvelle Création élevée à la gloire, l’honneur et l’immortalité. Néanmoins, les Ecritures nous apprennent que, malgré tout, une autre occasion leur sera offerte d’accepter l’Agneau de Dieu, de s’approprier les mérites de son sacrifice – figurativement parlant, de manger sa chair – et d’échapper en définitive à l’esclavage du péché et de la mort sous la haute direction du Seigneur et de ses frères fidèles, l’Israël selon l’Esprit, l’Eglise des Premiers-nés. – Romains 11 : 11 à 26.
Ce fut à la fin de son ministère, le 14ème jour du premier mois, la “nuit où il fut livré”, le même jour par conséquent où Il mourut comme Agneau véritable, que le Seigneur partagea avec ses disciples la Pâque juive, mangea en compagnie de ses douze apôtres, l’agneau symbolique qui le représentait lui-même ainsi que son propre sacrifice pour les péchés du monde, “nourriture véritable” sans laquelle il n’est pas possible de jouir de la vie, des libertés et des bénédictions des fils de Dieu. La coutume juive qui faisait commencer la journée, non à minuit mais dans la soirée, permit à Jésus de prendre part au souper pascal le jour même où il fut mis à mort. Il est probable que le Seigneur arrangea dès l’origine tout ce qui devait contribuer à placer le type dans un cadre qui lui convienne.
Juifs, “nés sous la Loi”, Jésus et ses apôtres devaient obligatoirement célébrer la Pâque au moment exact, Et ce fut après avoir pris part à ce repas pascal, après avoir mangé l’agneau avec des pains sans levain et des herbes amères et vraisemblablement aussi, comme c’était la coutume, en buvant quelque peu de vin, du “fruit de la vigne”, que le Seigneur, prenant du pain sans levain et du vin provenant du repas précédent,
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institua parmi ses disciples et pour son Eglise tout entière dont ces derniers constituaient le noyau initial (Jean 17 : 20), une chose nouvelle qui devait, pour l’Israël selon l’Esprit, pour l’Eglise des premiers-nés, la Nouvelle Création, remplacer l’ancienne Pâque juive. Ce faisant, notre Seigneur n’instituait pas un autre type de la Pâque, d’un ordre plus élevé. Tout au contraire, le type ou figure était sur le point d’être accompli et, par conséquent, n’allait bientôt plus avoir sa raison d’être. Notre Seigneur, Agneau pascal réel, allait être immolé. Aussi l’Apôtre avait-il raison d’écrire les paroles figurant en tête de ce chapitre : “Christ, notre Pâque [notre agneau pascal ] a été immolé”.
Personne, acceptant Christ comme Agneau pascal et voyant en Lui la réalisation de la figure de la Pâque juive d’autrefois, ne peut normalement apprêter encore un agneau figuratif ni le manger en commémoration d’une délivrance également figurative. La seule chose qu’il convienne de faire encore pour tous les croyants, pour tous ceux qui reconnaissent en Jésus leur Agneau pascal, c’est d’asperger – au figuré bien entendu – les montants et linteaux de la porte de leur cœur, avec son sang ; d’avoir “ le cœur purifié de tout le mal dont nous aurions conscience” [de la condamnation présente en se rendant compte que par son sang la propitiation pour nos péchés a été réalisée et que, par son sang, le pardon de ces mêmes péchés est acquis]. Ceux-là donc doivent manger, prendre leur part des mérites de leur Rédempteur, des mérites de l’homme Jésus-Christ qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. Ils peuvent – par la foi – recevoir le bénéfice de ces mérites et comprendre que, tout comme leurs péchés furent imputés à leur Seigneur, de même ses mérites, sa justice, peuvent également leur être imputés. Tout cela, toutes ces considérations, ils se les approprient par la Foi.
Si donc ce que le Maître a institué, a pris la place du souper pascal sans être en aucune façon un autre type d’un ordre plus élevé – qu’était-ce donc ?
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Nous répondons que c’était la Commémoration de la réalisation de la figure typique, un anniversaire rappelant à ses disciples le point de départ de l’accomplissement de la plus grande Pâque.
Ainsi, accepter l’Agneau pascal, commémorer sa mort, c’est exprimer son attente dans la délivrance promise du peuple de Dieu, c’est déclarer être dans le monde et pourtant ne pas en être, mais s’y comporter en pèlerins et voyageurs à la recherche de conditions meilleures, libérés malgré tout de toute flétrissure, de toute peine, de tout esclavage même dans ce règne du Péché et de la Mort. Les disciples du Maître apprécient le pain sans levain véritable. Ils le recherchent dans sa pureté, débarrassé de toute corruption [levain], de toute théorie humaine, de tout obscurcissement, de toute ambition, égoïsme, etc., pour être forts dans le Seigneur. Ils prennent part aussi aux herbes amères de la persécution selon la déclaration du Maître d’après laquelle le serviteur n’est pas plus grand que son Seigneur et que si le Seigneur lui-même a été attaqué, flétri, persécuté et rejeté, ses disciples doivent s’attendre à être traités de pareille manière parce que le monde ne les connaît pas comme il ne l’a pas connu davantage. Le Seigneur va même jusqu’à dire que la prétendue fidélité de celui qui n’attire pas sur lui la désapprobation du monde n’est pas susceptible d’être acceptée. “Tous ceux qui voudront mener une vie pieuse en Jésus-Christ seront persécutés.” “On dira faussement toute sorte de mal de vous à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez transportés de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux.” – Matthieu 5 : 11 et 12 ; 2 Timothée 3 : 12.
Comme nous l’avons exposé précédemment, quand le Seigneur institua ce que l’on est convenu d’appeler la “Sainte Cène”, c’était en réalité un symbole nouveau présentant certes, une relation avec l’ancienne, figure de la Pâque juive, bien qu’en en étant absolument distinct : une commémoration, un souvenir anniversaire de ce qui avait eu lieu. Nous lisons en effet :
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“ Il prit du pain et après avoir rendu grâce Il le rompit et dit : Prenez, mangez : ceci est mon corps qui est rompu pour vous [ceci me représente, moi l’agneau réel, ceci représente ma chair]. Faites ceci en mémoire de moi”. De toute évidence l’intention du Seigneur était d’inculquer dans la pensée de ses disciples le fait qu’Il était l’Agneau véritable des véritables Premiers-nés et de la Maison de la Foi. Le “Faites ceci en mémoire de moi” impliquait que, chez ses disciples, cette institution nouvelle devait prendre le pas sur l’ancienne, cette dernière devenant caduque pour la raison qu’elle était accomplie. “De même, après avoir soupé, il prit la coupe disant : cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang” – le sang de l’alliance – le sang qui scelle la Nouvelle Alliance. “Faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez”. Nous ne comprenons pas qu’il faille prendre ces emblèmes n’importe où et n’importe quand. Au contraire, quand cette coupe et ce pain sans levain sont pris dans l’idée d’une célébration de la Pâque, il faut le faire non pas comme une célébration de la figure mais une célébration de la réalité. Et comme il n’aurait pas été conforme à la légalité juive d’observer la Pâque à aucun autre moment que celui fixé par le Seigneur, de même il ne convient pas de rappeler l’accomplissement à aucun autre moment qu’à son anniversaire. – 1 Corinthiens 11 : 23 à 25.
L’Apôtre ajoute : “Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du seigneur jusqu’à ce qu’il vienne” (1 Cor.11:26). Cette déclaration prouve que les disciples comprirent parfaitement qu’à partir de ce moment-là et pour tous ceux qui suivaient le Maître, la célébration annuelle de la Pâque revêtait une signification nouvelle : le pain rompu représentait la chair, le corps du Seigneur et la coupe représentait son sang. Bien que cette institution nouvelle ne fût pas imposée aux disciples comme une règle et bien qu’aucune sanction ou pénitence ne s’attachât à la non-observance de cette coutume, le Seigneur n’ignorait pas que tous ceux qui mettraient en Lui leur confiance et verraient en Lui leur véritable Agneau pascal,
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seraient heureux de commémorer le grand événement de la manière qu’il leur avait suggérée. Et il en est encore ainsi de nos jours. La Foi continue à trouver son aliment – figuratif s’entend – dans ces humbles symboles “ jusqu’à ce qu’il vienne ” – non seulement jusqu’au moment de la “ parousia ” ou présence du Seigneur, dans la moisson ou fin de cet âge, mais jusqu’à ce que, l’un après l’autre, ses disciples aient été rassemblés auprès de Lui, au-delà du “voile ”, pour y prendre part dans un sens plus élevé encore et, comme l’a exprimé le Maître, pour le boire “ nouveau dans le Royaume ”.
NOUS QUI SOMMES PLUSIEURS, SOMMES UN SEUL PAIN
“La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas une communion avec le sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas une communion avec le corps du Christ ? Il n’y a qu’un seul pain ; de même, si nombreux que nous soyons, nous formons un seul corps ; car tous nous avons notre part d’un seul et même pain. ” -1 Corinthiens 10 : 16, 17.
Conduit par l’Esprit Saint, l’Apôtre développe ici une pensée supplémentaire à propos du symbole commémoratif institué par le Seigneur. Il ne conteste pas, au contraire, il affirme que, tout à l’origine, le pain représentait le corps du Seigneur, rompu, sacrifié pour nous, tandis que la coupe représentait son sang, le sang qui scelle notre pardon. Or, maintenant, de surcroît, il établit que les chrétiens – les membres de l’Ecclésia, les membres du Corps de Christ, les Premiers-nés en perspective, la Nouvelle Création, participent avec le Seigneur à sa mort, participent à son sacrifice, et, comme il l’exprime ailleurs, “achèvent dans leur chair, ce qui manque aux souffrances de Christ” (Colossiens 1 : 24). L’idée qui se dégage ici est identique à celle qu’on retrouve dans l’expression : “Nous avons été baptisés dans sa mort ”.
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Ainsi, tandis que la chair de notre Seigneur était le pain rompu en faveur du monde, les croyants de cet Age de l’Evangile, les fidèles, les élus, la Nouvelle Création, sont assimilés et font partie de ce pain, “membres du Corps de Christ”. C’est pourquoi, quand nous rompons le pain, non seulement nous y voyons le sacrifice du Seigneur mais encore le co-sacrifice de l’Eglise entière, le co-sacrifice de tous ceux qui se sont consacrés et ont accepté de mourir avec lui, d’être rompus avec lui, d’avoir part à ses souffrances.
Telle est exactement la pensée que renferme le mot “communion” – commune union, commune participation. Ainsi, lorsque, chaque année, nous observons cette Commémoration, non seulement nous reconnaissons que notre espoir repose dans le sacrifice de notre cher Rédempteur mais nous rappelons et renouvelons notre propre consécration à “mourir avec lui afin de vivre avec lui”, à “souffrir avec lui afin de régner avec lui”. Quelle signification majestueuse et profonde s’attache à cette célébration instituée par Dieu ! Nous ne mettons pas les symboles en lieu et place de la réalité. Rien, assurément, n’était plus éloigné de la pensée du Maître et rien ne serait plus hors de propos si nous nous y laissions entraîner. La communion du cœur avec lui, se nourrissant de lui, la communion du cœur avec les autres membres du Corps, la prise en considération au plus profond de notre cœur de la portée de notre alliance par le sacrifice, telle est la réelle communion. Cette communion-là, si nous sommes fidèles, nous la garderons vivante jour après jour, pendant toute l’année – jour après jour, brisés avec le Maître, nourris jour après jour de ses mérites, fortifiés en Lui et forts de sa force.
Quelle bénédiction accompagne la célébration de cette commémoration ! Quelle chaleur au cœur dans l’aspiration à croître en grâce et en connaissance, à prendre une part toujours plus active au service auquel nous sommes appelés, non seulement dans le présent mais encore dans l’avenir !
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On remarquera que l’Apôtre met également en cause la coupe pour laquelle nous bénissons Dieu. “N’est-elle pas la communion [commune union, commune participation] au sang de Christ ?” Quel élèvement de la pensée ! Ainsi, les consacrés véritables, le fidèle “Petit troupeau” de la Nouvelle Création pendant tout cet Age de l’Evangile, ont formé le Christ dans la chair ; la souffrance, les épreuves, l’ignominie, la mort de tous ceux que le Seigneur a acceptés et reconnus comme “membres de son Corps”, sont toutes assimilées à son sacrifice parce qu’ils ont été unis à Celui qui est notre Chef, notre Souverain Sacrificateur ! Qui donc ayant compris toute la grandeur de la situation, qui donc ayant apprécié l’invitation de Dieu à faire partie de cette Ecclésia, à avoir part à la mort par le Sacrifice maintenant et à l’œuvre glorieuse de l’avenir, ne se réjouirait pas d’être estimé digne de souffrir l’opprobre pour le nom de Christ et déposer sa vie au service de la Vérité comme membres de sa chair et de ses os ? Qu’importe à ceux-là que le monde ne les reconnaisse pas comme il ne l’a pas connu ? (1 Jean 3 :1). Que leur importe-t-il de perdre ce à quoi ils tiennent le plus ici-bas pourvu qu’ils soient jugés dignes d’avoir part avec le Rédempteur à sa gloire future ?
A mesure qu’ils croissent dans la grâce, la connaissance et le zèle, ils sont mieux à même de peser les choses, de les juger à leur juste valeur et de rallier le point de vue de l’Apôtre qui considérait les avantages de cette terre comme “ une perte et un préjudice”. “J’estime, en effet, que les souffrances d’à présent ne sont rien, en comparaison de la gloire qui doit un jour se révéler pour nous”. (Philippiens 3 : 8 ; Romains 8 :18).
Une autre pensée se dessine dans le cadre de l’amour réciproque, de la sympathie et de l’intérêt qui doit exister entre tous les membres de ce “seul corps” du Seigneur. Selon que l’Esprit du Seigneur envahit et gouverne nos cœurs, nous éprouverons de la joie à faire du bien à tous les hommes suivant que l’occasion nous en est offerte et plus particulièrement à la Maison de la foi.
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En même temps que nos sympathies iront à toute la race humaine, elles s’élèveront surtout vers le Seigneur et, par voie de conséquence, vers ceux qui sont animés de Son Esprit et suivent le même sentier. L’Apôtre précise que notre amour pour les frères, pour ceux qui appartiennent au même Corps, donne la mesure de notre amour pour le Seigneur. Si notre amour est tel qu’il nous permette de tout supporter de la part d’autrui, à combien plus forte raison devons-nous nous comporter de semblable manière lorsqu’il s’agit des autres membres du même Corps si étroitement unis à nous dans le même Chef ! Il n’est pas étrange que l’Apôtre Jean déclare que l’évidence la plus probante que nous sommes passés de la mort à la vie est notre amour pour nos frères. (1 Jean 3 : 14). En vérité, lorsque l’apôtre Paul parle d’endurer ce qui manque aux souffrances du Christ, il ajoute : “pour Son Corps qui est l’Eglise”. – Colossiens 1 : 24.
La même pensée se retrouve dans cette autre parole : “Nous devons aussi donner notre vie pour les frères”. (1 Jean 3 : 16). De quelle fraternité est-il question ? Où, ailleurs, pourrions-nous espérer trouver un amour si profond des frères qu’il aille jusqu’à sacrifier sa vie pour eux ? Nous ne discutons pas ici de la manière dont il plaira au Seigneur de faire application du sacrifice de l’Eglise représenté par le “bouc de l’Eternel “ immolé le Jour de Propitiation.* Nous ne faisons que noter, avec l’Apôtre d’ailleurs, qu’en ce qui nous concerne, notre sacrifice est orienté plus particulièrement vers les frères, à leur service. Le service pour le monde s’effectuera dans l’âge à venir : le Millenium. Dans les conditions actuelles, notre temps, nos talents, notre influence, etc., sont plus ou moins hypothéqués par nos obligations vis-à-vis des autres (l’épouse, les enfants, les parents âgés ou autres personnes dépendant de nous) ; nous sommes encore obligés de nous pourvoir de “ tout ce qui est nécessaire”, “décent” et “ honnête devant les hommes ”. De telle manière qu’il nous reste au demeurant peu de chose à sacrifier pour les frères, et, ce peu, le monde, la chair et le diable s’ingénient encore à le diminuer, à le distraire du sacrifice consenti.
* Voir figure du Tabernacle |
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Sans doute le Seigneur choisit-il l’Eglise en un temps où le mal prévaut parce que les circonstances défavorables sont les meilleures pour donner la mesure de l’amour éprouvé pour Lui et les siens. Si notre amour est tiède, le monde, notre égoïsme, et l’Adversaire auront toute facilité à accaparer notre temps, notre influence, notre argent. D’autre part, si notre amour pour le Seigneur est ardent, nous nous plairons à lui sacrifier tout ce que nous pourrons. Non seulement nous donnerons au service des frères notre surplus d’énergie, d’influence ou de moyens quels qu’ils soient, mais l’esprit de dévouement au Seigneur nous portera à nous cantonner dans les strictes et raisonnables exigences de la maison et de la famille de façon à déposer le plus possible sur l’autel du sacrifice. Pendant trois ans et demi, Jésus rompit son corps ; pendant trois ans et demi il donna son sang, sa vie et ces sacrifices se consommèrent au Calvaire. Ainsi en est-il de nous : notre vie sacrifiée pour les frères envisage n’importe quelle forme de service, soit matérielle soit spirituelle. Le côté spirituel l’emporte bien sûr sur le côté matériel puisqu’il est de beaucoup le plus important ; cependant celui qui fermerait la porte de son cœur à son frère dans le besoin matériel donnerait la preuve que l’Esprit du Seigneur n’habite pas tellement en lui.
LA COMMEMORATION A ENCORE SA RAISON D’ETRE
A l’origine, la célébration de la commémoration de la mort de notre cher Rédempteur (et de sa signification plus élevée de notre participation ou communion avec lui dans son sacrifice comme l’a révélé l’Esprit Saint par la voix autorisée de l’Apôtre) était observée comme nous l’avons vu, à une date bien précise, le quatorzième jour du premier mois d’après la manière juive de calculer le
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temps.*** La même date, calculée d’après les mêmes méthodes, a encore sa raison d’être et en appelle à ceux qui, soucieux des “anciens sentiers ”, désirent y cheminer encore. Cette commémoration annuelle de la mort du Seigneur, telle qu’elle a été instituée par le Seigneur lui-même et observée par l’Eglise primitive, a été remise en pratique parmi ceux qui sont venus à la lumière de la Vérité présente.
Il n’est pas surprenant qu’à mesure que se perdait le sens profond de la signification de la “Sainte Cène ” comme il est convenu de l’appeler, on négligea aussi tout ce qui se rapportait à son observance annuelle. Et ceci devient plus évident en étudiant le développement historique de cette question.
Après que les apôtres et ceux qui avaient eu un contact direct avec eux furent morts – aux environs du troisième siècle – le Catholicisme romain acquit une influence prépondérante dans l’Eglise. L’une des doctrines erronées qui ne tardèrent pas à être agitées fut celle qui prétendit que la mort du Christ lavait bien l’offense originelle mais ne pouvait libérer le croyant
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des transgressions dont il s’était rendu coupable après avoir connu le Christ – après le baptême – et qu’un autre sacrifice devenait nécessaire pour tous ces péchés-là. Sur la base de cette erreur on élabora le dogme de la Messe. Ce dogme, comme nous l’avons montré, présentait la Messe comme un nouveau sacrifice de Christ destiné à couvrir les péchés individuels de celui en faveur de qui le sacrifice de la Messe était offert. Pour que ce prétendu nouveau sacrifice de Christ revêtit quelque apparence de vérité on prétendit que le prêtre avait le pouvoir de transformer le pain et le vin en corps réel et en sang réel de Jésus-Christ. Ainsi, il y avait sacrifice pour les péchés de celui pour qui on célébrait la Messe. Nous avons déjà établi que, du point de vue divin, cet enseignement et cette pratique étaient en abomination à l’Eternel – “ l’abomination qui cause la désolation”. – Dan. 11:31;12:11. (1)
Elle apporta en effet la désolation en appelant après elle toute la série des multiples erreurs de l’Eglise, aboutissant à l’apostasie ou abandon de la foi qui s’est concrétisé dans le système religieux romain – le principal de tous les Antéchrists. Siècle après siècle, ce dogme s’incrusta dans toute la chrétienté jusqu’à ce qu’au seizième siècle, avec le grand mouvement de la Réformation, une opposition commença à se dessiner. Celle-ci parvint à retrouver les vérités premières étouffées pendant les Ages des Ténèbres par toutes les doctrines fausses et les liturgies impressionnantes de l’Antéchrist. Comme les réformateurs parvenaient à une compréhension plus nette du témoignage entier de la Parole de Dieu, ils acquirent une notion plus exacte du sacrifice de Christ et commencèrent à se rendre compte que la théorie de la Papauté et la pratique de la Messe étaient en réalité “l’abomination qui cause la désolation”. Ils la désavouèrent à des degrés divers. L’Eglise d’Angleterre révisa son livre de prières en 1552 et en expurgea le mot “Messe”.
(1) voir volume II, chapitre 9 et volume III chapitre 4 |
538 LA PAQUE
La célébration de la Messe prit petit à petit la place de la commémoration annuelle de la “Sainte Cène”. Mais les messes étaient dites à des intervalles beaucoup plus rapprochés pour purifier le peuple de ses péchés. Certes les Réformateurs comprirent cette erreur, ils retournèrent à la simplicité de l’institution à l’origine, refusèrent à la Messe romaine le caractère de commémoration de la “Cène” du Seigneur. Pourtant, ils n’aperçurent pas la relation étroite entre la figure de la Pâque et son accomplissement, la mort de notre Seigneur, et que le Souper était une commémoration de l’accomplissement. Ils ne virent pas qu’il convenait que cette dernière ne fût observée qu’une fois l’an. C’est la raison pour laquelle, chez les Protestants, les uns la célèbrent tous les mois, d’autres tous les trois mois, tous les quatre mois – selon la dénomination religieuse considérée. Certains l’observent même chaque semaine et aboutissent dans leur interprétation des Ecritures à quelque incompréhension analogue à celle qui réussit à fausser le sens du baptême. Ils s’appuient sur la déclaration du livre des Actes des Apôtres d’après laquelle les premiers chrétiens avaient l’habitude de se réunir chaque premier jour de la semaine et “rompaient le pain” à l’occasion de ces rassemblements. – Actes 2:42,46 ; 20:7.
Nous avons déjà eu l’occasion de faire observer (1) que ces réunions hebdomadaires n’étaient pas des commémorations de la mort du Seigneur mais bien plutôt des agapes, des rappels de sa résurrection où l’on rompait le pain comme Il l’avait souvent fait avec ses disciples au début de la période de quarante jours qui avait précédé son ascension. C’est tandis qu’il rompait le pain devant eux que leurs yeux s’étaient ouverts et qu’ils l’avaient reconnu. Et il n’est pas hors de propos de penser que ceci les conduisit à contracter l’habitude de se réunir chaque premier jour de la semaine pour manger ensemble et rompre le pain ensemble. Nous avons aussi déjà remarqué que, dans ces repas pris en commun il n’est jamais parlé de la coupe tandis que dans la “Sainte Cène” elle occupe une place aussi importante que le pain.
(1) voir chapitre précédent |
539 LA PAQUE
QUI PEUT Y PRENDRE PART ?
Et tout d’abord personne ne devrait “communier” sans se confier au préalable dans le sang précieux de Christ répandu en sacrifice pour les péchés. Personne ne devrait “communier” sans avoir, sur les linteaux et les poteaux de son tabernacle terrestre, le sang d’aspersion qui nous parle de paix au lieu d’appeler la vengeance comme celui d’Abel (Héb. 12:24). Personne ne devrait prendre part à ces symboles s’il ne possède dans son cœur la réalité que ces derniers représentent ; autrement dit, s’il n’a accepté le Christ comme celui de qui procède sa vie. Personne ne devrait “communier” s’il ne fait partie du Corps unique, du Pain unique et s’il n’a pas donné sa vie, son sang, sacrifié avec celui du Seigneur, dans le même calice ou coupe. Ici surgit une ligne de démarcation très nette, non seulement entre les croyants et ceux qui ne le sont pas mais entre ceux qui sont consacrés et ceux qui ne le sont pas. Cependant il appartient à chacun de déterminer pour son propre compte de quel côté de la ligne il croit se tenir, tant que sa conduite extérieure ne dément pas ce qu’il prétend être. Personne n’a le droit de juger autrui. L’Eglise elle-même n’a pas le droit de juger, sauf – comme il a été exposé précédemment – le cas d’espèce soumis à son jugement dans les formes prescrites. Autrement dit, les anciens ou représentants de l’Eglise doivent expliquer aux participants les conditions à réaliser, savoir : (1) la foi dans le sang de Christ et (2) la consécration jusqu’à la mort, au Seigneur et à son service. Ils doivent inviter tous ceux qui se trouvent dans ces dispositions d’esprit à rappeler la mort du Seigneur et leur propre mort avec Lui. Il importe d’éviter, à propos de cette commémoration, toute forme ou apparence même de sectarisme. Il convient au contraire d’accepter avec bienveillance tous ceux qui se proposent de prendre part aux emblèmes, quelle que soit la confession à laquelle
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ils appartiennent, même s’ils ne sont pas d’accord sur d’autres questions, dès l’instant qu’ils le sont sur les vérités fondamentales : la Rédemption par le sang de Christ et la consécration complète jusqu’à la mort sur la base de cette justification.
Le moment est venu cependant de jeter un coup d’œil sur la déclaration de l’apôtre : “C’est pourquoi celui qui mangera ce pain ou boira la coupe du Seigneur indignement sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s’examine soi-même et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe. Car celui qui mange et boit indignement sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même”. -1 Corinthiens 11:27 à 29.
L’avertissement de l’apôtre parait viser ici une certaine célébration peu sérieuse de la Commémoration ou Sainte Cène, qui en aurait fait une fête où l’on aurait même invité des personnes tout à fait étrangères à l’idée chrétienne. C’est une fête en effet mais une fête d’un genre particulier. C’est une Commémoration solennelle qui n’intéresse que les membres du “Corps” ou Famille du Seigneur. Celui qui ne discernerait pas cela, celui qui ne discernerait pas que le Pain représente la chair de Jésus et que la Coupe représente son sang, encourrait – en y prenant part – non pas la “damnation” comme certaines versions semblent le donner à entendre – mais un jugement devant le Seigneur et aussi un jugement dans sa propre conscience. Ainsi donc que chacun, avant de participer à la Commémoration, s’interroge lui-même, si oui ou non il croit et se confie dans le corps rompu et le sang versé de Christ pour servir de rançon ; et, en second lieu, si oui ou non il a consacré tout son être pour faire partie de ce “corps” ou phalange unique.
Ayant discuté de ceux qui avaient accès à la table du Seigneur et de ceux qui en étaient exclus, nous pouvons maintenant mieux comprendre que tout véritable membre
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de l’Ecclésia a le droit de participer à la Commémoration à moins que ce droit ne lui ait été contesté et enlevé par une action publique de l’Église prise dans son ensemble et conformément aux règles données par le Seigneur (Matthieu 18 : 15 à 17). Tous les chrétiens véritables pourront donc célébrer la Pâque chrétienne ; bien plus ils auront à cœur de la célébrer et de se conformer à cette ultime parole du Maître : “Mangez-en tous ; buvez-en tous”. Ils sentiront en eux-mêmes qu’à moins de manger la chair du Fils de l’Homme et de boire son sang, ils ne peuvent avoir la moindre vie en eux. Et non seulement cela, mais si dans leur esprit et dans leur cœur, ils prennent part, jour après jour, réellement, aux mérites du sacrifice du Seigneur, ils seront heureux d’user du privilège de le confesser devant les hommes et devant Dieu.
QUI PEUT OFFICIER ?
La doctrine fausse de la Messe, le développement au sein de l’Eglise d’une classe appelée clergé ayant pour rôle de conduire ce genre de service ainsi que d’autres similaires, a tellement impressionné l’esprit du public que, même les Protestants, considèrent que la présence d’un “pasteur régulièrement ordonné” est de rigueur pour demander la bénédiction de Dieu et officier à la “table sainte”. Certains vont même jusqu’à penser que ce serait un sacrilège de procéder autrement. Comme cette théorie est erronée ! On le reconnaîtra d’ailleurs sans peine quand on se rappellera que tous ceux qui ont le privilège de prendre part à la Commémoration sont tous des membres consacrés du “Sacerdoce royal”, ayant reçu chacun du Seigneur la mission de prêcher sa Parole selon leurs talents et les occasions qui leur sont offertes, parfaitement aptes et ordonnés par conséquent pour assurer tout service et remplir tout ministère pour lequel ils se sentent quelque aptitude soit en faveur des membres de son Corps, soit, en son nom, pour les autres hommes. “Vous êtes tous frères” a dit le Seigneur. Et nous ne devons pas l’oublier surtout quand il est question de la communion qui nous unit à lui, à son œuvre rédemptrice et à tous les autres membres de son Corps.
542 LA PAQUE
Pourtant, comme nous l’avons déjà envisagé, dans chaque petit groupe, dans chaque petite assemblée ou Ecclésia ou Corps de Christ, les Ecritures montrent qu’il est nécessaire que tout se fasse avec ordre et que cet ordre même prévoit qu’il y ait “des anciens dans chaque Eglise”. Bien que chaque membre de l’Ecclésia la Nouvelle Création, ait reçu du Seigneur une ordination suffisante pour l’autoriser à tenir un rôle quel qu’il soit dans le service de “Sainte Cène”, cependant, l’Assemblée, en élisant ses anciens, reconnaît en ceux-ci les représentants qualifiés de l’Assemblée tout entière élus particulièrement dans des circonstances comme celles-ci. Il apparaît donc normal que le soin de préparer et de conduire le service de la Commémoration incombe à ceux que l’Eglise a choisis à des fins particulières.
La déclaration du Seigneur “Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux” invite formellement à célébrer la Pâque en compagnie d’autres membres du Corps, sauf en cas d’impossibilité. La bénédiction promise s’attache au rassemblement des membres l’un vers l’autre non seulement en cette circonstance annuelle mais chaque fois que cela est possible.
Là où il est impossible ou peu pratique de s’unir à un groupe plus important, les “deux ou trois”, peuvent se considérer comme une Eglise, une Ecclésia complète et observer la Commémoration. Et même si le chrétien se trouvait dans de telles circonstances qu’il ne pourrait se joindre à d’autres, n’aurait-il pas assez de foi pour considérer que le Seigneur et lui sont deux et qu’en conséquence la promesse est également pour lui ? Nous suggérons qu’aucun isolement, même inévitable, ne puisse être considéré comme un empêchement à la célébration annuelle du grand sacrifice offert pour le péché du monde et notre participation à ce sacrifice avec notre Seigneur. Ainsi donc que le chrétien isolé se procure du pain – pain sans levain ou azyme si possible – et du fruit de la vigne – jus de raisin ou vin**** – et qu’il commémore en communion d’esprit avec le Seigneur et avec les autres membres du corps dont il est séparé par la force des choses.
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UN ORDRE DE SERVICE
Le Seigneur n’ayant précisé aucune règle quant à l’ordre de service de la Commémoration, il ne nous appartient pas de le faire. Il ne nous paraît pas cependant hors de propos de suggérer ce que nous croyons être un développement simple, raisonnable, ordonné du service de célébration de cette Commémoration. Nous ne le faisons pas dans l’intention d’élaborer un règlement, d’établir une loi, mais pour aider, en toute simplicité, ceux qui ont déjà quelque pratique ou ceux qui n’ont jamais été mêlés à rien de semblable. Que notre exposé soit donc pris en considération sous l’angle de la simple suggestion et susceptible d’être modifié, etc… pour un mieux. Le voici donc :
- La réunion peut débuter par le chant d’un ou plusieurs cantiques spécialement choisis pour la circonstance et s’inspirant de la commémoration.
(1) Pour autant que nous soyons à même d’en juger, le Seigneur s’est servi de vin fermenté pour instituer la Sainte Cerne. Pourtant, puisqu’il n’a pas spécifié sur la qualité du vin qu’il convenait de choisir mais a tout simplement parlé du “fruit de la vigne”, et puisque par ailleurs la consommation de boissons alcoolisées est, particulièrement intensive de nos jours, nous croyons que le Seigneur approuverait l’usage de jus de raisin non fermenté auquel on. pourrait ajouter, si on le juge bon, un peu de vin fermenté de manière à satisfaire la conscience de celui qui pourrait penser que, pour se conformer en tous points à l’exemple du Seigneur, il faudrait faire usage de vin fermenté. De cette manière il n’y aura aucun danger pour quiconque, même pour ceux dont la santé est délicate. |
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(2) On demandera ensuite, par la prière, la bénédiction divine sur l’assemblée entière et plus particulièrement sur ceux qui prendront part aux emblèmes, rappelant aussi tous les membres du même Corps, connus et inconnus de par le monde, surtout ceux qui observent la Commémoration au moment de son anniversaire.
(3) L’Ancien conduisant le service pourra lire dans les Ecritures le récit le l’institution de la sainte Cène par le Maître.
(4) Le même Ancien ou un autre Ancien pourra alors développer le sujet dans sa figure et son accomplissement ou, s’il le préfère, lire un exposé traitant de cette question à moins qu’il ne préfère lire purement et simplement l’étude qui en a été faite dans ce chapitre.
(5) Attirant alors l’attention de tous sur le fait que notre Seigneur bénit le pain avant de le rompre, celui qui préside la réunion peut demander à quelque frère compétent d’invoquer la bénédiction d’en-haut sur le pain où encore – si personne d’autre que lui n’est apte à prier en public – il peut lui-même demander la bénédiction divine sur le pain et sur ceux qui y participent en sorte qu’ils apprécient et comprennent comme il convient le sens profond qui s’y attache de manière que tous les participants éprouvent la communion bénie avec le Seigneur en prenant le symbole de sa chair en même temps qu’ils renouvellent en eux-mêmes leur vœu de consécration les destinant à être rompus avec Lui.
- On rompra – cassera alors par morceaux – le pain sans levain en disant comme le Maître : “ Ceci est mon corps qui est brisé pour vous ; mangez-en tous”. Le plat contenant le pain pourra être passé par un frère ou par celui-là même qui officie. Si l’assemblée est importante, on peut faire circuler en même temps plusieurs plateaux dont deux, quatre, six ou un nombre quelconque de frères consacrés auront la charge.
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(7) Il serait bon d’observer le plus grand silence pendant la présentation des emblèmes sauf toutefois quelques brèves remarques rappelant la signification du pain et comment – au figuré – nous nous nourrissons du Seigneur. En vérité il vaudrait mieux que tout cela fût dit auparavant lors de l’explication générale de manière à ne pas troubler la communion de chacun.
(8) On demandera ensuite la bénédiction sur la coupe selon qu’il est écrit : “notre Seigneur prit la coupe et la bénit” et la donna à ses disciples. Un frère pourrait être invité à offrir cette prière de reconnaissance et à demander au Seigneur que sa bénédiction repose sur les participants. Puis, tout comme précédemment pour le pain, la coupe circulera dans le calme.
(9) Le service étant terminé, nous suggérons d’imiter le Seigneur et les apôtres jusqu’au bout, de chanter un cantique pour finir puis de se séparer sans prière nouvelle. Nous suggérons que, pour une fois, on évite les salutations habituelles, les nouvelles à propos de la santé de l’un ou de l’autre, etc. Que chacun rentre chez soi sans se laisser distraire de son tête-à-tête intérieur, de sa communion intime avec le Maître et tâche au contraire de persévérer dans la communion non seulement au cours de la nuit mais aussi pendant la journée du lendemain, se rappelant les sombres moments de Gethsémané, le besoin de sympathie et de soutien qu’éprouva le Seigneur à ce moment-là ; comment, nous aussi, pourrions connaître des Gethsémanés et avoir besoin du réconfort et de l’appui de nos frères.
Il est écrit à propos du Maître : “Parmi le peuple il n’y avait personne avec lui”, – ce qui veut dire que personne ne fut capable de sympathiser avec lui à l’heure sombre de l’épreuve. Pour nous, c’est différent. Nous connaissons d’autres membres du “Corps”, baptisés comme nous dans Sa mort, ayant accepté comme nous d’être “rompus” comme membres du même pain, admis et oints comme nous du même Saint Esprit.
546 LA PAQUE
Ainsi, cherchons à être le plus possible utiles à nos frères nous rappelant que ce que nous faisons au plus petit d’entre eux c’est comme si nous le faisions à Christ lui-même, notre Chef. Rappelons-nous de plus l’exemple de Pierre, son caractère impulsif au service du Seigneur et pourtant sa faiblesse au moment suprême, le besoin qu’il ressentit de l’aide du Seigneur et de ses prières. “J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas“. Cette situation peut nous être d’un secours tout particulier tout comme elle l’a été pour l’apôtre Pierre lui-même. Elle nous apprendra à nous en remettre en tout au Seigneur pour obtenir de Lui “la grâce au moment du besoin”.
Il n’est pas superflu non plus de nous rappeler le cas de Judas. Sa chute fut provoquée par son égoïsme, son ambition, sa convoitise. C’est par son égoïsme que Satan s’empara de lui. Et ceci peut nous aider à nous tenir sur nos gardes de peur de tomber dans le même piège, de peur d’en venir à renier, pour une considération quelconque, le Seigneur qui nous a rachetés, de trahir en un mot le Seigneur ou ses frères ou sa Vérité : pendant toute la journée, méditons sur les expériences de notre Rédempteur, non seulement pour goûter l’intimité toute particulière de la communion avec lui, mais pour nous familiariser avec l’idée qu’il est normal que nous nous trouvions, de même que nos frères, mêlés aux épreuves sévères. Suivons le Maître jusqu’à la fin. Rappelons-nous ses dernières paroles “Tout est accompli” pour nous rendre compte que l’offrande pour le péché a été accomplie en notre faveur, que ses blessures nous apportent la guérison et qu’il vit éternellement pour intercéder pour nous et nous venir en aide chaque fois qu’il en est besoin.
PAQUES ET PAQUE
Ces deux mots français ne présentent qu’une différence d’orthographe. Le premier mot “ Pâques ” se rapporte à la fête de nos calendriers, tandis que “Pâque” se rapporte à la fête juive qui eut son origine en Egypte
547 LA PAQUE
au temps de Moïse et dont l’agneau pascal qui en était le centre était une figure du Christ, véritable agneau pascal qui ôte les péchés du monde. Cependant la langue anglaise a deux mots différents pour représenter la même distinction. Ce sont “Easter ” équivalent à notre mot “Pâques” et “ Passover ” équivalent de notre autre mot “Pâque”.
Dans la Bible anglaise on ne trouve qu’une fois ce mot “Easter” au livre des Actes, chapitre 12, verset 4. Et encore est-ce là une traduction fâcheuse. Nos bibles françaises sont plus exactes sur ce point. A titre documentaire nous dirons que le mot “ Easter ” est un mot d’origine saxonne. Il a tiré son origine d’une déesse païenne saxonne qu’on appelait Estera et dont les fêtes étaient célébrées au printemps, à peu près à la même époque que la Pâque juive. Certes, ces survivances d’anciens noms païens marquant des fêtes chrétiennes sont autant d’échos rappelant le lointain passé – vers le 3ème siècle de notre ère – où la religion chrétienne prenait le pas sur les religions païennes tout en leur laissant parfois des concessions. Il est bien certain que l’origine païenne des noms n’influe en rien sur notre conception et que ce n’est pas cela qui nous fera opter pour la déesse Estera.
Chez les Protestants on a surtout cherché à mettre l’accent sur le dimanche de Pâques. Bien sûr tout témoin de rappel de la résurrection de notre Seigneur est salué avec joie par l’ensemble du peuple de Dieu ; mais il ne faut pas oublier que chaque dimanche peut être considéré sous l’angle du souvenir de la résurrection de Jésus.
Les Catholiques eux, paraissent voir le temps de Pâques de plus haut. Ils prennent en un tout le Vendredi Saint et le dimanche de Pâques. On aurait pu croire qu’avec la pratique journalière de la Messe, la célébration annuelle de la mort du Seigneur à la date de son anniversaire aurait finalement été perdue de vue.
548 LA PAQUE
Il n’en a rien été. La coutume qui s’était établie dès l’origine dans l’Eglise primitive de rappeler ce fait d’importance majeure qui se trouve à la base de l’existence même de l’Eglise, continua. Ce fut le repas qui accompagnait la Commémoration qui tomba dans l’oubli, perdit son sens et fut remplacé par la Messe.
Pendant des siècles on continua de déterminer la date de la crucifixion de Jésus-Christ d’après le calendrier juif et d’après la méthode que nous avons expliquée. Par la suite et pour se libérer le plus possible des institutions juives on apporta un changement à la manière de calculer le jour de la mort de Christ, notre Pâque. Le “Concile Œcuménique de Nicée” décréta que, dorénavant, la fête de Pâques serait célébrée le Vendredi qui suivrait la première pleine lune après l’équinoxe du printemps. Cette disposition nouvelle eut pour résultat de fixer universellement l’anniversaire de la mort du Seigneur au Vendredi, le “Vendredi Saint”, tout en apportant la certitude que, dans ces conditions, la célébration ne devait que très rarement correspondre, comme date, à la Pâque juive. Les Juifs, on s’en souvient, attendaient et attendent encore l’équinoxe du printemps, pour compter leur premier mois avec l’apparition de la première nouvelle lune. Ils observent la Pâque le 14 de Nisan lorsque la lune est dans son plein.
Ces deux manières de calculer font que parfois il y a une différence de presque un mois entre les deux dates obtenues.
Il ne nous appartient pas de dire laquelle des deux méthodes est la meilleure. Nous préférons nous en tenir à celle que le Seigneur et les apôtres ont observée, non pas toutefois d’une manière si servile que nous penserions avoir commis un crime en faisant une erreur de calcul et en célébrant la Commémoration à une date qui ne serait pas tout à fait exacte, mais malgré tout avec la satisfaction de nous être efforcés de suivre d’aussi prés que possible l’institution donnée en modèle. On pourrait peut-être suggérer également qu’il vaudrait mieux s’en tenir à nos calendriers et fixer par exemple soit le 15 ou le 1er Avril ou toute autre date… ;
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de cette façon telle ou telle méthode n’aurait plus aucune espèce d’importance. A cela nous répondons que sans doute le Seigneur a-t-il eu quelque raison d’établir le calendrier juif comme il l’a fait et que, pour cette raison même, nous préférons demeurer attachés à la règle primitive.
Plus particulièrement, nous remarquerons que si le soleil représente le Royaume spirituel de Dieu, la lune est le symbole de l’Alliance de la Loi et du peuple qui était assujetti à cette Alliance de la Loi mosaïque. Ainsi il n’est pas dépourvu de toute signification que le Seigneur ait été crucifié par les Juifs exactement à la pleine lune et cela au moment fixé par Dieu sans qu’ils aient pu mettre leur projet à exécution avant l’heure fatidique. Ce n’est pas en effet qu’ils n’auraient pas souhaité ôter la vie du Maître plus tôt, mais “ son heure n’était pas encore venue” (Jean 7:30 ; 8:20).
Il fut crucifié au moment de la pleine lune. Tout aussitôt, celle-ci commença à décroître. Ceci montrait qu’Israël avait attiré sur lui la désapprobation divine qu’il serait rejeté pour un temps. Le déclin de la lune marquait son déclin national.
Avant de clore ce chapitre, nous croyons bien faire en reproduisant quelques fragments d’articles empruntés à l’encyclopédie anglaise la plus cotée qui appuie de son autorité ce que nous avons exposé
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ENCYCLOPÉDIE DE Mc CLINTOCK ET STRONG
Les Eglises d’Asie Mineure honoraient la mort du Seigneur le jour correspondant au 14 du mois de Nisan. C’est ce jour-là d’après l’opinion générale de toute l’Eglise primitive que la crucifixion eut lieu. D’autre part les Eglises d’Occident (Rome en particulier) pensaient qu’il fallait commémorer annuellement la crucifixion le jour de la semaine où elle avait eu lieu c’est-à-dire un vendredi. Les Eglises d’Occident considéraient le jour anniversaire de la mort de Christ
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comme un jour de deuil et ne cessaient le jeûne que le jour de la résurrection. Dans les Eglises d’Asie Mineure on considérait la mort de Christ sous l’angle de la Rédemption de l’humanité ; on finissait de jeûner à l’heure même de sa mort, à trois heures de l’après-midi, et on célébrait tout de suite après l’agape et la Sainte Cène ou Commémoration. Les deux parties (Eglises orthodoxes d’orient et Eglises d’occident) admirent le nom de “Paskhâ” (forme aramaïque de l’hébreu Pasakh, passer outre, épargner) qui a donné notre mot “Pâques”, dans lequel elles virent parfois les cinq jours de fête de la semaine et parfois la semaine entière commémorant la Pâque.
La première contestation sérieuse dans la première Eglise remonte aux environs de l’an 196 de notre ère. A cette date, l’évêque Victor de Rome envoya une lettre-circulaire aux principaux évêques de l’Eglise, leur enjoignant de tenir des assises dans leurs provinces pour y faire admettre les usages romains (l’observation du vendredi et du dimanche plutôt que le jour exact du 14 et du 16 de Nisan). Quelques évêques se rangèrent à l’avis de l’évêque de Rome mais le synode présidé par l’évêque Polycrate d’Ephèse, répondit au nom des Eglises d’Asie que celles-ci ne pouvaient pas se départir d’une véritable coutume sanctionnée par les apôtres Philippe et Jean, par Polycarpe, Papyrius, Mélito, tous évêques et martyrs qui avaient toujours célébré la Pâque le 14 Nisan selon l’Evangile…
La controverse pascale entre les Eglises d’Asie et d’occident (Rome) se rapportait aux deux points suivants : 1) s’il fallait honorer la mort de Christ le jour de la semaine ou le jour du mois où cet événement avait eu lieu ; 2) si le jeûne devait prendre fin à ce moment. Or, un troisième point de litige fut soulevé au sujet de l’exacte détermination du 14 de Nisan. De nombreux Pères de l’Eglise sont d’accord pour affirmer qu’avant la destruction de Jérusalem, les Juifs fixaient le 14 de Nisan en comptant après l’équinoxe de printemps tandis
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que les Juifs qui leur étaient contemporains faisaient leur calcul d’autre manière en sorte que le 14 de Nisan tombait parfois avant l’équinoxe .Ils insistèrent donc pour que le 14 de Nisan – conformément aux deux tendances dans l’Eglise – fut déterminé en prenant l’équinoxe comme point de départ, donc toujours après.
L’année juive est une année lunaire et le 14 de Nisan tombe toujours un jour de pleine lune. Ainsi lorsque le 14 de Nisan tombait avant l’équinoxe, les chrétiens qui avaient adopté l’autre vue devaient rappeler le souvenir de la mort de Christ un mois plus tard que la Pâque juive. Les chrétiens ne pouvant plus suivre le calendrier juif eurent à calculer eux-mêmes le moment de Pâques.
Souvent ces calculs différaient, en partie pour les raisons invoquées plus haut, en partie parce que l’équinoxe était fixé pour les uns au 18 Mars, pour d’autres au 19, pour d’autres enfin au 21 Mars. En 314 ap. J.C. le Concile d’Arles essaya bien d’adopter quelque uniformité mais ses décrets ne paraissent pas avoir été pris en considération. Le sujet fut donc repris et discuté à nouveau par le Concile œcuménique de Nicée qui décida que, dans toute l’Eglise, la fête de Pâques serait célébrée après l’équinoxe, le vendredi qui suivrait le 14 de Nisan. On décida aussi que l’Eglise d’Alexandrie dont certains membres étaient versés dans la science astronomique, informerait chaque année l’Eglise de Rome du jour des calendes où les ides de Pâques devaient être célébrées, à charge pour l’Eglise de Rome d’en aviser les autres Eglises dans le monde. Mais, même ces décisions du Concile de Nicée ne réussirent pas à faire cesser toutes ces différences et ce fut Denys l’Exégète qui, graduellement, parvint à obtenir l’uniformisation de pratique dans la vieille Eglise. Plusieurs pays dont l’Angleterre n’abandonnèrent les anciens usages qu’après une longue résistance. Au temps de Charlemagne il semble que l’uniformité [observation du vendredi et abandon de la pratique juive de considérer le jour de la pleine lune] ait été établie puisque, par la suite, on ne trouve plus trace de quartodécimans
552 LA PAQUE
[on appelait ainsi ceux qui étaient partisans d’observer le jour réel c’est-à-dire le 14 de Nisan, la pleine lune après l’équinoxe de printemps]
La révision du calendrier par le Pape Grégoire XIII tint compte dans l’ensemble du travail de Denys l’Exégète mais détermina avec plus de précision la nouvelle lune de Pâques en même temps qu’elle prenait des dispositions pour éviter dans l’avenir toute opposition entre le calendrier et le temps astronomique. Grâce à ces calculs il arrive, contrairement aux résolutions du Concile de Nicée, que la Pâque chrétienne corresponde à la Pâque juive.
La même encyclopédie rapporte sous le mot Pâque – “C’était la plus grande fête de l’année et on pouvait la considérer sous ce rapport, en étroite relation avec la circoncision, comme le second sacrement de l’Eglise juive (Exode 12 : 44) ; c’est ce qu’on peut déduire de ce qui s’est passé à Guilgal lorsque Josué, après avoir renouvelé l’alliance avec l’Eternel, célébra la Pâque tout aussitôt après la circoncision du peuple. Cependant la nature de la relation qui unit ces deux rites ne put s’établir que lorsque leurs réalisations particulières furent accomplies et que la Sainte Cène instituée par le Seigneur eut pris sa place comme fête par excellence du peuple élu de Dieu”.
* [1] Voir Figures du Tabernacle.
*** Chez les Hébreux, l’année commençait au printemps, avec 1’appariton de la première nouvelle lune après l’équinoxe du printemps. On peut par conséquent déterminer facilement le 14ème jour. Mais il ne faut pas le confondre avec le 15ème jour qui lui, commençait une grande Fête qui durait toute une semaine. Cette semaine des Pains sans levain était célébrée par les Juifs dans la réjouissance. Du point de vue chrétien elle pouvait représenter toute une vie chrétienne et plus particulièrement toute l’année qui suit une commémoration jusqu’à la commémoration suivante. Pour le Juif l’immolation de l’agneau marquait le début de la Fête d’une semaine et c’était cette dernière qui avait toute son attention. Notre Commémoration à nous, Chrétiens, considère uniquement la mise à mort de l’agneau et se rapporte donc au 14 de Nissan (le premier mois.) De plus nous devons nous rappeler qu’avec le changement dans sa manière de compter les heures du jour, la nuit du 14 de Nissan correspondrait pour nous à la soirée du 13.
**** Pour autant que nous soyons à même d’en juger, le Seigneur s’est servi de vin fermenté pour instituer la sainte Cène. Pourtant, puisqu’il n’a rien spécifié sur la qualité du vin qu’il convenait de choisir mais a tout simplement parlé du “fruit de la vigne ”, et puisque par ailleurs la consommation de boissons alcoolisées est particulièrement intensive de nos jours, nous croyons que le Seigneur approuverait l’usage de jus de raisin non fermenté auquel ou pourrait ajouter, si on le juge bon, un peu de vin fermenté de manière à satisfaire la conscience de celui qui pourrait penser que, pour se conformer en tous points à l’exemple du Seigneur, il faudrait faire usage de vin fermenté. De cette manière il n’y aura aucun danger pour quiconque, même pour ceux dont la santé est délicate.