« Il a porté nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs. » – Matthieu 8 : 17
Nous trouvons mentionnés dans les Evangiles trente-six miracles que notre Seigneur, pendant son ministère, opéra séparément au bénéfice de personnes isolées, et une quantité d’autres dont profitèrent des groupes plus ou moins importants. Aussi Pierre dit que : « Jésus de Nazareth allait de lieu en lieu faisant du bien. » (Actes 10:38). Mais il y en a qui déduisent de ce fait que le principal travail de Jésus parmi les hommes consista à les guérir de leurs maladies. Plusieurs croyants partageant cette manière de voir prétendent que le principal travail des disciples qui suivent les traces de Christ, est également la guérison des maladies par la prière, etc… C’est se tromper sérieusement et cela témoigne d’une ignorance profonde du divin plan des âges. La mission du Seigneur fut avant tout de se sacrifier pour faire la grande propitiation pour le péché. C’est là le prix de la rédemption dont le but fut d’épargner à l’humanité les conséquences éternelles du péché originel. A côté du salut du monde par son sacrifice, Jésus prêcha la Bonne Nouvelle et appela des disciples à marcher sur ses traces et à se sacrifier avec Lui, afin de devenir ses cohéritiers pour l’oeuvre de distribution des bénédictions et faveurs de Dieu assurées par sa mort. Les miracles que Jésus opérait étaient plutôt des moyens accessoires à son enseignement ; ils avaient pour but de convaincre les bénéficiaires et les témoins qu’Il était vraiment le Fils de Dieu, le Messager de l’Alliance, afin qu’ils puissent accepter son message, y croire et devenir ses disciples.
Jésus guérit-Il tous les malades ? Chassa-t-Il les démons de tous ceux qui en étaient possédés ? Réveilla-t-Il tous les morts ? Evidemment non. Il donna simplement des preuves de la divine puissance qu’Il possédait et qui, déclara-t-Il sera manifestée plus pleinement et plus complètement plus tard, lors de son second avènement : « Ne vous étonnez pas de cela, dit-Il ; car l’heure vient ou tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix (celle du Fils de l’homme) et en sortiront. » Puis il est écrit au sujet des miracles de Jésus : « Jésus fit au commencement des miracles… et Il manifesta (d’avance) sa gloire. » (D.) – la gloire et la puissance qu’Il possédera et exercera en plein au temps arrêté par le Père – (Jean 5:28 ; 2:11). C’est de ce temps, quand la terre sera remplie de la gloire de l’Eternel, que St. Pierre parle en disant : « Afin que viennent des temps de rafraîchissement de par la face du Seigneur l’Eternel, et qu’Il envoie Jésus-Christ, qui vous a été prêché d’avance et que le ciel doit retenir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé dès les siècles par la bouche de tous ses saints prophètes. » Actes 3:19-21 (L).
UNE GRANDE MULTITUDE DE GENS INFIRMES. (Jean 5:1-9).
Ce que nous venons de dire est pleinement confirmé par ce qui suit. Jésus était retourné à Jérusalem à l’occasion d’une fête. Là, par peur d’une émeute suscitée par les multitudes venues de toutes parts, les conducteurs juifs qui cherchaient à le tuer y regarderaient à deux fois avant de faire contre Lui une démonstration hostile. Il y avait près de la ville une piscine qui possédait certaines particularités et avait la réputation de guérir quelques maladies. – La fin du verset 3 et tout le verset 4, nous dit la traduction Stapfer, ne se trouvent dans aucun manuscrit autorisé, c’est ce que signalent les versions Crampon, Darby, Osterwald révisés et Segond ; voyez aussi la remarque de la version de Lausanne.
On croit que la source qui alimentait la piscine était contiguë à un réservoir naturel de gaz et fournissait ainsi à l’eau des effets curatifs. Il se peut aussi qu’elle communiquât à une chasse d’eau à siphon laquelle débordant de temps à autres, pouvait de ce fait exercer sur le baigneur une impression mentale salutaire en plusieurs cas. Quoiqu’il en soit, le compte rendu est clair : une grande multitude de gens impotents se pressaient sous les cinq portiques de cette piscine. Les infirmités dont ils étaient atteints semblent relever du genre rhumatismal et de la paralysie ou d’autres maladies nerveuses qui occasionnent la perte des forces vitales, l’affaiblissement ou le dépérissement des muscles.
Qu’on remarque bien ceci. Le Seigneur ne chercha et ne guérit pas tous les malades de la Palestine et même quand il en rencontra sur son chemin, comme c’est le cas ici, il ne se mit pas en devoir de les guérir tous. Il porta ses regards sur un individu seul qui, malade depuis 38 ans, avait en vain attendu le moment favorable pour essayer l’efficacité et la vertu de la piscine. C’est à lui seul qu’il demanda s’il avait le désir d’être guéri. L’impotent répondit qu’il en avait bien la volonté, mais qu’il n’avait ni l’habileté nécessaire ni l’assistance voulue pour mettre son désir à exécution. En lui parlant ainsi, Jésus réveilla dans l’esprit du pauvre, des désirs et des aspirations pour ainsi dire éteints. Ses espérances toujours déçues l’avaient comme anéanti et résigné, il attendait la mort. Mais voici qu’un étranger d’une façon bienveillante s’intéresse à son sort ; c’était une chose toute nouvelle pour lui ! Nous pouvons nous imaginer quelle lueur de joie brilla dans ses yeux et quel tressaillement d’espérance agita tout son être. Il fut donc préparé pour obéir et croire à l’impératif de Jésus : « Lève-toi, prends ton lit et marche. » Immédiatement il sentit ses muscles et nerfs se dénouer et comme une impulsion de vie pénétrer tout son être ; presque mécaniquement la vitalité et l’énergie lui revinrent ; il obéit et s’en alla, tout ébahi et trop bouleversé pour songer à s’informer du nom de son bienfaiteur et lui présenter ses remerciements.
Nous pourrions penser que cette guérison n’a eu lieu que parce que le Seigneur, passant par là, avait vu le pauvre malade et s’était senti rempli de compassion envers lui. Nous pourrions aussi penser à un choix arbitraire de sa part. Mais ne pourrions-nous pas avec plus de raison supposer que cet homme par son affliction ait été conduit à la repentance et à un désir de se rapprocher de Dieu ? Par les bonnes dispositions de son coeur, ne fut-il pas particulièrement favorisé ? Oui, et comme confirmation nous trouvons écrit que Jésus le trouva dans le temple, adorant et offrant des actions de grâces à Dieu pour sa guérison ; offrant probablement un don à l’Eternel comme preuve de sa piété et de sa reconnaissance.
« NE PECHE PLUS »
Remarquons bien la grande bonté et générosité du Seigneur. Il n’entra pas d’abord en discussion avec cet homme au sujet de ses péchés, de sa repentance et de sa vraie conversion. Il ne lui offrit pas sa guérison à condition qu’il devienne un serviteur de Dieu. Il le guérit et le laissa faire ; le laissa aller son chemin. Ce ne fut que quand il se rendit volontairement au temple pour remercier ou sacrifier, que Jésus l’approcha et, sans le reprendre à cause de son passé, lui conseilla pour son bien éternel d’être sur ses gardes : « Ne pèche plus de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. » (v. 14). Puissent tous ceux qui suivent l’Agneau apprendre du grand Docteur comment on pardonne d’un coeur noble et généreux et comment on peut reprendre quelqu’un et l’aider à se réformer.
« IL S’EST CHARGE DE NOS DOULEURS »
Véritablement Jésus « a porté nos souffrances… et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Esaïe 53:4-6). C’est ainsi que le prophète a prédit une partie de la mission de notre Seigneur. Nous croyons pouvoir dire que les miracles de Jésus lui causèrent une partie du sacrifice de lui-même, de la perte de sa vitalité (lui arrachèrent de sa force) ; qu’ainsi, jour après jour, petit à petit Il donna de sa vie.
Nous pourrions supposer, il est vrai, qu’une puissance divine aurait pu lui être accordée telle qu’en prononçant simplement une parole, sans que cela lui en coûte, Jésus eût pu accomplir un miracle quelconque. Mais il ne vint pas dans le monde simplement pour manifester la puissance divine parmi les hommes ; une partie de sa mission consista aussi à souffrir avec l’humanité, à soulager ses douleurs et à donner sa vie pour elle. La prophétie ci-dessus appuie ce que nous avançons ; Jésus a porté nos douleurs, s’est chargé de nos maladies (Matth. 8:17 – Esaïe 53:4). Il est dit de plus « qu’une vertu (puissance ou force) sortait de lui et les guérissait tous. » – Luc 6:19.
C’est à ce point de vue, plus qu’à aucun autre, que les miracles de notre Seigneur nous sont précieux. Le don qui ne coûte rien ne peut être si hautement estimé que celui qui coûte beaucoup, et puisque la vie est ce que nous possédons de plus cher, le fait de la donner, en quelque sens que ce soit, est le plus grand don qu’on puisse faire. Nous avons des preuves que le ministère des 3 ans et demi de notre Seigneur diminua ses forces. Par exemple, quand au puits de Jacob, Jésus se trouvait fatigué, mais pas ses disciples, et à la fin de son ministère, sur le chemin du Calvaire, quand il ne pouvait plus porter sa croix, tandis que selon toute apparence les deux brigands pouvaient porter la leur (Jean 4:6 ; Luc 23:26). Ses faiblesses ne provinrent pas de défaut ou de péché hérités, ni d’imperfection, mais de son sacrifice continuel pour le bien de ceux auxquels il s’est fait semblable. Depuis le début de son ministère il « livra son âme (sa vie) en sacrifice », au bénéfice de ceux qui avaient des oreilles pour écouter, et prit sur lui les maladies, les infirmités de ceux qu’il guérissait.
IL S’EST CHARGE DE NOS MALADIES.
Nous ne savons pas et nous ne croyons pas que Jésus fut jamais atteint d’aucune de nos maladies ordinaires. Son organisme parfait empêchait l’intrusion d’une maladie quelconque. Il apparaît plutôt que les guérisons de malades qu’il opéra épuisèrent pour ainsi dire, ou lui enlevèrent de sa vitalité et ainsi laissèrent sur lui le fardeau de nos maladies. Tous les malades, les affligés des disciples du Seigneur peuvent regarder à lui et être assurés de ses sympathies, car il est écrit : « Dans toute leur détresse, il a été en détresse. » – Esaïe 63:9.
« Véritablement, c’étaient nos maladies qu’Il portait et nos douleurs dont Il s’était chargé » (C.) ; mais il ne nous faut pas prendre pour argent comptant la manière de voir erronée, entretenue par des croyants, lesquels estiment que le Seigneur porta les maladies de tous ceux qui veulent être ses disciples et que par conséquent, il n’est pas nécessaire pour ceux-là d’être malades ou de ressentir quelque douleur. Bien au contraire, les maladies dont s’est chargé notre Seigneur furent celles du monde et non pas celles de ses disciples et amis immédiats. Il ne nous est dit nulle part qu’Il ait guéri un de ses disciples militants. Nous pensons plutôt sur ce point, qu’à l’exemple du Maître, ses disciples, mus par son Esprit de générosité et de bonté, doivent assister, aider à porter le fardeau d’autrui, être de ceux qui se sacrifient : « Nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. » – 1 Jean 3:16.
Les Ecritures nous montrent clairement que les disciples de Christ, loin d’être exempts de persécutions, d’afflictions, de chagrins, d’épreuves, de difficultés, doivent savoir que le Père discipline tout fils qu’Il agrée (Hébr. 12:6). Il nous faut bien comprendre que s’il fallut que Jésus passât par de telles expériences d’humiliation et de sacrifice, il faut de même que les membres composant l’Epouse apprennent à compatir d’une manière semblable aux faiblesses du monde et aient suffisamment de sympathie pour se charger volontairement d’une partie des douleurs et misères du prochain (Hébr. 4:15) ; « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui. » – 2 Tim. 2:12.
Ceux qui se figurent que les disciples de l’Agneau doivent être portés au paradis sur un lit de roses et que pas une onde de troubles ne doive agiter le lac bleu sur lequel ils voguent paisiblement, se trompent certainement. Ils n’ont en général, pas bien lu les descriptions évangéliques des expériences de ceux qui veulent suivre les traces du Seigneur, qui sont exhortés à se charger de leur croix et à le suivre. (Matth. 16:24).
INFIRMITES ET MALADIES FUTURES.
Si nous pouvons en toute justice appliquer le témoignage prophétique aux infirmités et maladies de ceux que Jésus a guéris lors de son premier avènement, il ne nous faut pas penser que c’était là l’accomplissement de toute la prophétie, mais bien plutôt une petite partie seulement d’elle. Que furent en effet toutes les maladies et faiblesses que Jésus guérit lors de son premier avènement en comparaison de toutes les maladies des vingt mille millions d’habitants du monde ? Que furent les trois ressuscités en comparaison des multitudes qui sortiront de la prison-de-mort, du sépulcre ? Sûrement cette prophétie a une signification plus large et plus profonde. Les maladies du monde entier ne sont qu’une partie, une portion du châtiment résultant du péché originel. Le châtiment est la mort et il repose sur tout le genre humain ; les infirmités qui nous arrivent dans ce monde, les maladies que nous nous attirons dans la suite, ne sont qu’autant de manifestations du germe de mort qui agit dans notre race. Notre Seigneur prît tout cela sur lui pour l’humanité entière, en ce sens que par la grâce de Dieu il goûta la mort pour tous (Hébr. 2:9). Comme St. Paul l’explique, la mort passa sur tous les hommes, parce que tous ont péché et ainsi tous ont des infirmités, des maladies et sont assujettis à la mort. (Rom. 5:12).
Cette conception scripturaire très large du Divin plan des âges, nous satisfait le coeur et l’esprit, elle explique et harmonise tous les traits de la Révélation divine.
Par Adam, le premier homme, le péché et la condamnation furent sur l’espèce humaine entière ; et son épouse, la mère Eve, participait avec lui en toutes choses. Ainsi, au propre temps, Dieu envoya son Fils unique qui paya par le sacrifice de sa propre vie le châtiment d’Adam. Comme conséquence, Jésus fut souverainement élevé, comme Prince et Sauveur, comme Roi et Restaurateur, comme Prêtre sur son trône, pour accorder le pardon et les facilités de relèvement à Adam et à tous ses descendants. Et maintenant, la préparant à la bénédiction de toutes les familles de la terre, suivant le Plan des âges, une épouse pour Christ est choisie d’entre l’humanité ; mais avant qu’elle puisse avec son Seigneur participer à la gloire, à l’honneur, à l’immortalité, à la nature divine, il faut qu’elle soit éprouvée et l’épreuve consiste en ce qu’elle doit manifester le même esprit qui anima et poussa son Sauveur. C’est pour cette raison qu’elle est appelée pendant cet âge-ci ; que les épreuves, les difficultés, les douleurs et les peines qui accompagnent le péché doivent servir à prouver sa fidélité à la justice et son esprit de dévotion et d’amour.
Sous l’égide de leur Rédempteur, les membres de l’Epouse sont instruits des leçons nécessaires pour les préparer et les rendre dignes du glorieux cohéritage. Mais il n’y a rien de la contrainte dans cet appel spécial ; et ainsi, beaucoup ont été appelés en comparaison du petit nombre qui sera élu. C’est pourquoi tous ceux qui veulent affermir leur vocation et leur élection doivent être fidèles en suivant les traces du Seigneur, faisant bien attention à ses conseils et s’adressant à lui pour tout ce qu’il leur faut pendant leur vie afin de parvenir au but. (Matth. 22:14 – 2 Pierre 1:10).
T.G. 6/1908