LA BENEDICTION DE LA « COUPE DU SALUT »

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« Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu’il m’a faits ? Je prendrai la coupe du salut, et j’invoquerai le nom du Seigneur. J’acquitterai mes vœux envers le Seigneur maintenant, en la présence de tout son peuple. » – Psaume 116 : 12-14 (d’après le texte en langue anglaise, trad.).

Ces paroles ont une signification particulière pour l’Israël spirituel, ce qui n’était pas le cas pour le prophète David. Nous supposerions néanmoins que le Prophète avait, dans une grande mesure, la pensée correcte en ce qui concerne le sens de ces paroles. Il ne fait pas de doute que le Roi David appréciait la bonté de Dieu. Ses Psaumes nous montrent qu’il appréciait de tout son cœur, et avec reconnaissance, les bénédictions du Seigneur. De son cœur, il s’écria, avec bienséance : « Que rendrai-je à l’Eternel ? » Que Lui rendrai-je pour toutes ses bontés à mon égard ?

David connaissait les promesses divines faites à Abraham. Il savait que Dieu bénirait, un jour, toutes les familles de la terre, et que cette bénédiction s’effectuerait par la semence d’Abraham. Les enfants d’Israël savaient qu’ils étaient la postérité d’Abraham et, étant l’un de ceux-ci, le Roi David se sentait, d’une certaine manière, concerné par cette promesse. L’affaire était pour lui plus ou moins vague ; il savait, néanmoins, que la semence d’Abraham devait bénir le monde.

Dans sa décision de « lever la coupe du salut », nous supposons que le psalmiste avait à l’esprit d’accepter toutes les épreuves que le Seigneur jugerait nécessaires pour lui ; il devait, en effet, avoir part à ce salut et continuerait d’invoquer l’Eternel dans ce but. Il acquitterait ses vœux envers l’Eternel « en présence de tout son peuple. » Il avait accompli des vœux solennels, et il les remplirait – il considérerait que c’était un privilège ; il se ferait un délice d’accomplir la volonté de Dieu.

Une signification plus profonde pour l’Israël spirituel.

Pour le Chrétien, cependant, tout cela a une signification beaucoup plus profonde. S’appliquant d’abord à notre Seigneur Jésus, ces mots ont une signification spéciale aux yeux de chacun des fils de Dieu appelés à devenir cohéritiers avec la grande Tête de l’Eglise. Etant engendrés du Saint Esprit et acceptés comme fils, ils désirent faire, en retour, quelque chose de spécial pour tous les bienfaits divins. Ils obtiennent le vrai pardon de leurs péchés par Jésus, chose que David n’a pas obtenu. Ses péchés n’étaient recouverts que figurativement et, si lui pouvait dire : « Que rendrai-je ? », à plus forte raison nous, nous dirons : « Que rendrai-je à l’Eternel ? »

L’Apôtre Paul nous exhorte disant : « Je vous prie, frères, par les compassions de Dieu, de présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu – ce qui sera de votre part un service raisonnable. » C’est ce qu’ensuite nous rendons avec joie – nous présentons nos corps en sacrifice vivant. Dans tout cœur vraiment noble, vibre la corde de la gratitude qui répond à la gentillesse et à l’amour ; il n’y a pas d’harmonie plus douce, ou qui inspire plus de nobles actes et de desseins élevés. Dieu veut que ses enfants cultivent toutes les grâces de la véritable noblesse et des qualités morales, et cela pour leur propre bien et pour le bien de ceux qui les entourent. C’est pour cela qu’il est indispensable que nous remarquions chaque acte d’amour et de bonté, témoigné à notre égard, et que nous soyons à même de rendre la gratitude et l’appréciation dues. Combien souvent l’amour non partagé disparaît, parce que l’égoïsme ou l’insouciance étouffent les sentiments plus nobles de l’âme !

La gentillesse et l’amour humains nous invitent souvent, et grandement, à l’exercice de la grâce de la gratitude et de l’appréciation envers autrui. Combien plus le font la gentillesse constante et affectueuse de notre Père Céleste, ainsi que sa douce miséricorde, agissant comme il convient sur notre for intérieur, l’invitant à exprimer notre louange et notre reconnaissance envers l’Eternel. Nous Lui sommes redevables, pour chaque bien que nous possédons. Seuls peuvent comprendre cela ceux qui ont été transportés par son amour dans le lieu secret du Très-Haut, afin d’y être invités à se délecter « des blés de premier choix », richesse engrangée dans l’entrepôt de notre Père Céleste. Nous sommes les principaux sujets d’intérêt de sa grâce.

« Comme son affectueuse bonté est donc grande ! »

Et qui d’entre nous ne peut tracer une longue ligne de soins providentiels témoignés à notre égard ? ou qui, repassant le film de sa vie, ne peut exprimer les paroles du poète :

« Revoyant mon passé, que Dieu soit loué,

Pour le chemin qu’Il m’a tracé ! »

Qu’il est étonnant le moyen par lequel le Seigneur dirige les affaires de son peuple ! Ses enfants sont continuellement l’objet de ses soins. Il ne leur refuse aucune bonne chose et fait tout concourir pour leur bien, s’ils Lui obéissent. Qui est celui qui, ayant placé sa confiance en Lui pendant des années, quand le soleil brillait ou pendant les jours sombres, au travers des rires et des larmes, par temps calme ou lors des orages et des tempêtes, n’a pas expérimenté la véracité de ses précieuses promesses et de sa constante fidélité ! En vérité, « il n’est pas tombé un seul mot de toutes les bonnes paroles que l’Eternel, votre Dieu, a dites à votre sujet » (Josué 23 : 14). Dans les plus petites et les plus grandes affaires de notre vie, l’Eternel a toujours veillé à nos intérêts. Chaque nuage a eu son contour doré !

Que rendrons-nous donc à l’Eternel, pour tous ses bienfaits ?

Qu’avons-nous, à vrai dire, que nous n’ayons reçu de Lui ? Rien ! Comme un père attentionné aime voir que son enfant apprécie ses bontés, c’est ainsi que notre Père Céleste considère notre attitude manifestée envers Lui ; Il aime voir que nous apprécions ses grâces et son amour envers nous. Les précieux cadeaux qu’Il nous fit furent achetés à grand prix, pour Lui. Alors, ce sera avec reconnaissance que nous prendrons la coupe du salut, par la foi en notre Rédempteur, et que nous rendrons nos vœux à l’Eternel. Nous boirons cette coupe avec notre cher Maître, cette coupe de souffrances et de joie. « Nous aurons foi et ne craindrons rien. »

Le Père a pris des dispositions particulières pour ceux qui se sont donnés entièrement à Lui. Les épreuves qu’Il leur a préparées constituent : « la coupe du salut ». En acceptant cette coupe des mains du Seigneur, nous acceptons toutes les épreuves que sa providence nous envoie, quelles qu’elles soient – qu’elles nous procurent la joie ou la tristesse, la douleur ou le bonheur. Jésus a dit : « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a versée ? » Tel devrait être aussi le langage de nos cœurs. Des figures de l’Ancien Testament ont montré que notre Seigneur devait être élevé, tout comme le fut le serpent, dans le désert, par Moïse. Le Seigneur savait qu’Il devait être cette grande Offrande antitypique pour le péché ; qu’Il devait être « fait péché », pour l’homme déchu. C’est volontairement qu’II but cette coupe préparée par le Père, et c’est cette même coupe qu’Il nous a offerte.

« Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ? », demanda notre Sauveur à ses disciples qui voulaient être assis près de Lui dans le royaume. Lui, Il a bu le contenu de cette coupe jusqu’au bout, jusqu’à la lie. Il en sera de même de tous ses disciples. Nous devons boire cette même coupe. C’est notre coupe individuelle, et c’est néanmoins la sienne. Si nous sommes vraiment fidèles, c’est avec gratitude et joie que nous accepterons de participer à sa coupe, et nous savons que lorsque nous en buvons, nous ne sommes pas seuls, car Il est avec nous. Il supervise les expériences de chacun de ses membres et, avec chaque tentation et chaque épreuve, Il préparera le moyen d’en sortir, si l’épreuve menace de devenir trop sévère.

La coupe de joie dans le royaume

A l’occasion de l’institution de la Commémoration de sa mort, le Maître, dans sa conversation avec ses apôtres, déclara : « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » (Matthieu 26 : 29). Notre Seigneur, par ces mots, mettait en contraste deux grands jours : Le jour de souffrance et le jour de gloire. L’âge de l’Evangile est le jour de souffrance. L’âge millénaire sera le jour de gloire et il est spécialement désigné comme le « jour de Christ ».

Le fruit de la vigne, la coupe littérale, représente deux pensées. La coupe de vin est produite au prix de la vie de la grappe. La grappe perd son individualité propre. Le jus est extrait et, ainsi, le fruit de la vigne est rendu prêt pour l’usage. La coupe de vin – le jus de la grappe – représente cependant, non seulement le broyage de la grappe, mais aussi la joie qui en résulte. Il en est de même lorsque nous buvons de cette coupe figurative. Pour nous, elle symbolise les souffrances et la mort de notre Sauveur, ainsi que notre propre participation, avec Lui, à ces souffrances. Mais le vin représente aussi la joie, l’allégresse et est utilisé dans ce sens dans les Ecritures. Ainsi, lorsque le Seigneur utilisa l’expression « fruit de la vigne », citée dans le paragraphe précédant, la coupe représentait les joies du royaume.

Le Père traça pour notre Seigneur, à propos de ses expériences terrestres, une ligne de conduite bien précise. Celle-ci constituait, pour notre Seigneur, sa coupe de souffrance et de mort. Mais le Père Lui promit qu’après qu’Il aurait bu à cette coupe fidèlement, Il obtiendrait une coupe différente, goûterait à une expérience différente, en recevant la gloire, l’honneur et l’immortalité. Le Sauveur fut aussi autorisé, par le Père, à faire la même proposition à ceux qui désireraient devenir ses disciples, c’est-à-dire qui voudraient souffrir avec Lui, boire à sa coupe de mort avec Lui, pour participer ensuite, avec Lui, à sa coupe de joie future.

Notre coupe est en même temps une coupe de joie et une coupe d’amertume. Mais, si nous sommes appelés à boire une boisson amère, souvenons-nous de Celui qui, vaillamment et fidèlement, participa à cette amertume, accomplissant avec joie la volonté de son Père. Prenons courage et réjouissons-nous, pareillement, d’être estimés dignes de partager cette coupe avec notre Seigneur bien-aimé. Lui qui était parfait, eut besoin de la force et de l’aide divines pour boire cette coupe d’épreuve ; Il recherchait la face du Père en priant ardemment pour obtenir son aide, et c’est aussi ce qu’il nous faut faire. Nous devrions aussi être continuellement sur nos gardes pour ne pas tomber dans la tentation ni détourner nos yeux de Celui qui, seul, peut nous venir en aide.

« Je m’acquitterai de mes vœux envers l’Eternel maintenant, (selon le texte anglais, trad.) » dit le Psalmiste. Et « maintenant est le temps favorable – maintenant est le Jour du salut » – pour l’Eglise. C’est maintenant le temps où les sacrifices doivent être offerts – ce ne sera pas plus tard. Selon l’arrangement divin, il faut que ce vœu que nous formulons, cette alliance de sacrifice soit accomplie par nous. Il faut que la chair que nous consacrons soit consumée. Si nous cherchons à soustraire le sacrifice de l’autel, nous serons traités de telle manière que notre chair sera détruite ; sinon, c’est nous-mêmes qui serons détruits. Si nous buvons fidèlement la coupe que le Père nous a préparée, nous obtiendrons plus tard les bénédictions promises à ceux qui boivent ainsi. Par conséquent, actuellement, au cours de la vie présente, nous buvons cette coupe qu’Il nous a donnée ; si nous ne le faisons pas maintenant, nous n’aurons aucune part dans les bénédictions du royaume, au cours de la vie future.

En ce qui concerne notre Seigneur, une crucifixion littérale fut indispensable. Il Lui a fallu supporter la mesure la plus complète de l’exigence de la Loi ; Il Lui a fallu subir le châtiment pour toutes les transgressions commises à son encontre, comme s’Il était le pire des criminels sous la Loi; autrement, Il n’aurait pu racheter aucun juif. Il Lui a fallu subir la malédiction de la Loi – être pendu au bois. Dans nos difficultés, la croix ne sera pas une croix de bois littérale ; les clous ne seront pas des clous littéraux, mais des paroles aigres, de la calomnie, de fausses déclarations seront assurément notre lot – voire peut-être de la violence physique sur quelques-uns des derniers membres du corps. Nous ne le savons pas.

Le chemin de la croix

« Celui qui voudra sauver sa vie la perdra ». Nous devons tous passer par les épreuves pénibles représentées par le pressoir. Nous devons sacrifier notre vie au service divin. Nous devons nous soumettre aux épreuves qui broient, pour être anéantis comme individus, au sens humain, et devenir de nouvelles créatures. « Si nous souffrons avec lui », « nous régnerons aussi avec Lui », et non autrement. C’est pourquoi, nous acceptons joyeusement l’invitation de boire à sa coupe. Tant que cette coupe ne sera pas vidée jusqu’à la dernière goutte, nous ne recevrons pas l’autre coupe – la coupe des joies du Royaume. Si notre Seigneur reçut une grande bénédiction dans l’obéissance qu’Il rendit au Père, Il subit cependant, en même temps, des épreuves pénibles qui durèrent jusqu’au dernier moment, où Il s’écria : « Tout est accompli ! ». Il en est de même de l’Eglise. Il nous faut tout boire de la coupe. Rien du contenu ne doit être laissé. Nous devons endurer toutes les épreuves.

Toutes les souffrances de Christ seront achevées lorsque le corps de Christ aura terminé sa course. La nouvelle coupe de joie fut donnée à notre Seigneur, quand Il fut reçu dans la gloire. Alors, tous les anges de Dieu L’adorèrent. Bientôt, notre coupe de joie nous sera donnée. Ce fut certainement un joyeux moment, lorsque les Saints endormis furent réveillés au printemps de 1878, reçurent leur récompense et la coupe de bénédiction. Ceux qui sont encore vivants à la venue du Maître, sont rassemblés l’un après l’autre dans la demeure céleste. Nous participerons tous, sans aucun doute, à cette joie avec eux, bientôt, si nous demeurons fidèles. Nous croyons que la plénitude de joie ne sera pas atteinte, tant que tous les membres de Christ ne seront pas avec Lui au-delà du voile. Alors, nous partagerons son trône et nous participerons à sa gloire. Alors, avec notre bien-aimé Seigneur, nous boirons le « vin nouveau » dans le Royaume ; car la promesse est pour tous ses saints fidèles.

Vous êtes mes témoins dit Jéhovah

L’affirmation finale du Psalmiste, contenue dans notre texte, dit qu’il rendrait ses vœux « en présence de tout son peuple [le peuple de Dieu] ». Il ne suffit pas d’être sincères dans nos cœurs, mais le Seigneur désire une confession publique, un témoignage devant des hommes. « Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut… » (Romains 10 : 10). Et il faut que tous les témoins de la vérité soient des martyrs pour la vérité. Il faut, en d’autres termes, qu’ils soient disposés à souffrir pour elle. Il en sera ainsi, dans une grande mesure, de tous ceux qui sont fidèles et courageux, brandissant l’étendard de la vérité. Ils seront la cible de l’ennemi.

Notre Maître a dit que quiconque ne Le confesserait pas devant les hommes, Il ne le confesserait pas devant son Père, ni devant les saints anges. Seuls ceux qui resteront entièrement fidèles, feront partie de cette compagnie hautement sélectionnée, dont notre Seigneur est la Tête et qui seront, bientôt maintenant, rassemblés dans le grenier céleste.

Apprécions donc de plus en plus cette « coupe de bénédictions », que nous avons le privilège de boire avec notre Maître bien-aimé, et « invoquons le nom du Seigneur », en vue de sa grâce, pour être secourus au moment du besoin. Nous avons besoin de Lui chaque jour, à chaque heure, à tout moment. Et nous pouvons nous approcher du trône de la grâce à chaque instant, au nom de notre grand Avocat.

Notre Père prête l’oreille au moindre appel de ses enfants. Il les garde comme la prunelle de ses yeux. Ils « sont gravés dans le creux de ses mains ». « Comme un enfant que sa mère console, je vous consolerai » promet-Il aux siens. Tout ce que nous pourrons rendre, en retour pour toutes ses libéralités, toutes ses grâces inégalées, manifestées à notre égard, sera au mieux très, très peu. Mais le degré d’amour et de zèle, qui accompagne « notre petit tout », indiquera la mesure de notre reconnaissance envers notre grand Rédempteur.

WT 1914 p 5538