LA BÉNIGNITÉ (AGATHOSYNE)

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Auteur : Johanes Kot. , Conférence Franco-Allemande, le 13/12/2025, Zoom

– Symposium #01 –

LA BÉNIGNITÉ (AGATHOSYNE) 1 FRUIT DE L’ESPRIT

Dans l’épître aux Galates, chapitre 5, l’apôtre Paul mentionne d’abord les particularités mauvaises des oeuvres de la chair, puis il fait la liste des bons traits de caractère résultant de l’action de l’Esprit de Dieu : „l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance.“
La sixième caractéristique du fruit de l’Esprit est « agathosyne », en grec « αγαθωσύνη », (bénignité).
Il est difficile de décrire précisément la signification de cette vertu du fruit de l’Esprit. Les huit autres sont caractérisées par des traits de caractère très spécifiques du chrétien. Mais (être2) „bon“ est un concept plus large et général. La difficulté pour définir ce mot réside dans le fait que sa signification dépend du contexte.
Dans tous les cas, le sens du mot grec « χρηστότης » prononcé -chrestotis -, (qui signifie mot à mot „amabilité“ (mais que Segond traduit par „bonté“3), la cinquième caractéristique du fruit de l’Esprit, et « agathosyne ou agathosyni » (bénignité en français) sont très proches. Ces concepts sont très liés entre eux.
On peut dire que l’agathosyni (en français bégninité selon la traduction Segond) comporte davantage d’activité. La chrestotis est une qualité du cœur et de l’esprit, tandis que l’agathosyne est une qualité du comportement et de l’action.
Être bon est caractérisé par la gentillesse, la douceur, la générosité, le fait d’avoir un effet bénéfique sur les autres et de ne jamais être la cause de souffrance.
Cette caractéristique indique également que l’être humain a le devoir de pardonner au pécheur et à celui qui est dans l’aveuglement. C’est un devoir, car Dieu est bon, raison pour laquelle il pardonne au pécheur. Et nous savons qu’un être humain appartient à Dieu lorsqu’il est empreint d’humilité, de bonté et de compassion.
Aussi le psalmiste chante-t-il sans cesse : „Louez l’Éternel, car il est bon, car sa miséricorde dure à toujours!“ (Psaumes 106:1, 107:1, 136:1) Et dans le Psaume119 : 68, nous lisons que le Dieu Eternel est „bon et bienfaisant“.
Dans beaucoup de traductions de la Bible, le mot grec « agathosyne » (= bénignité4 dans Galates, selon Segond), nous trouvons tantôt « bonté », tantôt « bienveillance » (Voir Tite 3:4, Romains 2:4, 2 Corinthiens 6:6, Éphésiens 2:7, Colossiens 3:12, Galates 5:22).
Un théologien anglais estima que, quand Jésus débarrassa le temple de la corruption, il avait fait preuve d’agathosyne (=de bénignité, -pour reprendre le mot choisi par Segond-
Note ajoutée par le tranducteur 4 Ajouté par le traducteur
5) ; en revanche, il utilisa le mot grec chrestotis (bonté) à l’égard de la pécheresse qui lui oint les pieds. En tant que chrétiens, il nous faut manifester de la bonté à la fois bienveillante et rigoureuse.
L’apôtre Paul n’a-t-il pas écrit aux Romains (chap. 11, V. 22) que le Dieu éternel est bon et sévère ? Oui, et cela dépend de l’attitude et des agissements des êtres humains.
En réalité, seul Dieu est bon. Jésus le démontra en répondant au jeune homme riche (Cf Matthieu 19:17), confirmant ainsi une série de déclarations de l’Ancien Testament allant dans le même sens (1 Chr. 16:34, 2 Chr. 5:13). La bonté de Dieu, qui se manifeste dans le sacrifice de son Fils, pousse à la repentance (Romains 2:4) et engendre un renouvellement (changement6) chez l’homme. Dans l’Église de Christ, où l’Esprit de Dieu produit de l’effet, de bonnes œuvres sont pratiquées (Éphésiens 2:10, Colossiens 1:10). Mais il s’agit ici non pas d’une performance propre des disciples de Christ, mais de l’œuvre de l’esprit saint. Et cela doit conduire à glorifier Dieu (Matthieu 5:16).
La bonté que l’Esprit de Dieu produit comme fruit chez les chrétiens ne signifie toutefois pas, dans cette vie, un état d’absence de péché ni d’un état de perfection. L’esprit et la chair sont encore opposés entre eux (Gal. 5:17). Mais les disciples de Jésus ont dans leur combat la promesse qui se trouve en Philippiens 1 : 6 : « celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus Christ.
Celui qui est bon et aimable porte un intérêt actif au bien-être des autres, il est serviable et agréable envers ses semblables. JAHWEH manifeste sa bonté aimante de différentes manières. Il ouvre et montre le chemin et donne le meilleur exemple à cet égard. Oui, il est même „bon pour les ingrats et pour les méchants“, car il souhaite ainsi les mener à la repentance (Luc 6:35, Romains 2:4, Tite 3:4, 5). Et Lui, Celui qui a créé l’univers et le domine souverainnement, le Dieu tout-puissant, « ne rejette personne7 » (Job 36:5).
Les chrétiens sont vivement invités à se revêtir de bonté (Col. 3:12, Éph. 4:32) et à développer le fruit de l’Esprit de Dieu, qui inclut la bénignité (Gal. 5:22). De cette manière, ils se recommandent en tant que serviteurs de Dieu (2 Cor. 6:4-6). La charité8 est « pleine de bonté » (comme mentionné en 1 Corinthiens 13:4).
La bonté aimante est une merveilleuse qualité de Dieu, et il prend plaisir à la manifester dans sa manière d’agir envers les humains (Psaume 36:7, 62:12, Michée 7:18). Si ce n’était pas le cas, l’humanité serait déjà parvenue à sa fin depuis longtemps. Oui, « Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisés, ses compassions ne sont pas à leur terme; Elles se renouvellent chaque matin. Oh! que ta fidélité est grande! » (Lamentations 3:22, 23). C’est grâce au nom glorieux de Dieu et à sa bonté aimante que Moïse put intercéder en faveur du peuple rebelle d’Israël (Voir Nombres 14:13-19).
La Bible montre que Jéhovah montre sa bonté aimante de diverses manières et dans diverses circonstances, par exemple lorsqu’il libère quelqu’un ou préserve sa vie (Psaume 6:5, 119:88, 1599), lorsqu’il le garde et le protège (Psaume 40:11, 61:7, 143:12). Grâce à la bonté de Jéhovah, une personne qui a péché peut être rétablie (Psaume 25:7). Oui, la
bonté de Dieu est une source de grande joie (Psaume 31:7), oui, elle est comme un beau sentier sur lequel on peut marcher (Psaume 25:10).
Ce que Dieu entend par « bien » est exprimé dans Michée 6:8 et répété dans Luc 10:42 : La bonne part (à savoir : „Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur et écoutait sa parole“), consiste à écouter le Seigneur.
Tous les êtres humains se sont détournés de Dieu et, selon le jugement de la Bible, ne sont pas bons : ils sont éloignés de Dieu. « …Il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Psaume 14:3, Romains 3:12, Ecclésiaste 7:20).
Dieu donne son Esprit à ceux qui lui obéissent (Actes 5:32). L’homme doit vouloir et demander la vérité et la justice divines. (Psaume 51:10 et 11 ; 1 Corinthiens 2:9)
À l’heure actuelle, il n’est toutefois pas facile d’être bon. Beaucoup de gens sont « ennemis des gens de bien10 » (2 Tim. 3:3).
La bonté dans l’action
Notre Seigneur nous a enseigné ce qu’est la bonté dans l’action dans le récit du bon Samaritain (Luc 10:25-37).
Le chemin reliant Jérusalem à Jéricho traversait le redoutable désert rocailleux de Juda. C’était une longue route escarpée, réputée très dangereuse en raison des brigands qui y sévissaient. Le prêtre et le lévite craignirent peut-être de se souiller en touchant un cadavre. Or ce ne fut pas la cause, mais leur manque d’amour pour leur prochain – malgré leurs hautes aspirations spirituelles – qui fut déterminant. Le troisième voyageur n’était pas un laïc juif ; c’était un Samaritain. Si l’homme blessé n’avait pas freçu d’aide, il serait mort misérablement dans le désert esseulé.
Par des doctrines pharisaïques le commandement de l’amour du prochain fut exclusivement restreint aux Israélites. De cette manière, les non-Juifs ne pouvaient pas être considérés comme des « prochains ». En proposant le récit du bon Samaritain, cet homme méprisé par les Juifs, à moitié païen, c’est à dire, à leurs yeux, complètement étranger, Jésus montre ce qui doit être compris dans le terme « prochain » à condition de bien appliquer la parole et la volonté de Dieu : « Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu …, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui11. »
Le comportement du Samaritain est exemplaire. Il fait tout ce que cette situation exigeait. Son aide résulte de la compassion. Il va vers le malheureux, désinfecte ses blessures avec de l’huile et du vin, qui étaient considérés comme des remèdes, et l’emmène dans une auberge. Le lendemain matin, avant son départ, il donne à l’aubergiste deux deniers, soit l’équivalant de deux jours de salaire d’un ouvrier (d’après Matthieu 20:2), pour les soins à prodiguer au blessé et promet de prendre en charge tous les frais nécessaires pour le soigner. Cet homme avait un cœur miséricordieux et mit en pratique l’amour pour le prochain, et ce faisant, il proclame la bonté du Créateur que chaque être humain doit avoir dans son cœur.
L’amour est en relation directe avec la bonté. L’amour implique une bonté invincible et une bienveillance sans limite. L’amour est chez l’être humain l’esprit et le sentiment qui
recherchent toujours ce qu’il y a de mieux et de plus élevé pour ses semblables, quels qu’ils soient et quelle que soit leur attitude à son égard. Et le véritable amour et la véritable bonté produiront avant tout deux choses : a) ils veulent aider et b) ils engendrent le pardon. Nous pouvons dire que ces deux qualités trouvent leur origine dans la foi et se caractérisent par une main généreuse et un cœur indulgent.
« Aimer la bonté »
Le verset 8 du chapitre 6 de Michée est sans aucun doute l’un des versets les plus importants et les plus connus de toutes les Écritures Saintes. „On (Dieu) t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu!“
Le prophète met l’accent sur trois vertus et actions fondamentales que Dieu exige d’abord de son peuple et, (qu’il exigera) dans le royaume à venir, de tous les peuples de la terre : 1) pratiquer la justice, 2) aimer la bonté / pratiquer le véritable amour et 3) marcher humblement avec Dieu.
La deuxième exhortation dans Michée 6:8 est d’aimer la bonté. Et il n’y a pas de bonté sans amour véritable, ni d’amour sans bonté véritable.
Dieu accorde sa bonté à tous ceux qui espèrent en lui et lui font confiance. (Ps. 34:7-9 ; 31:19 ; 145:18,19) La bonté est le motif fondamental et constant des actions de Dieu envers son peuple. (Deutéronome 33:3 ; Psaume 47:4 ; Jérémie 31:3, 32:40, 41)
Dieu demande à tous d’aimer la bonté. Pratiquer la bonté/l’amour signifie pratiquer le pardon (2 Corinthiens 2:7, 8) et prendre part aux besoins de ses frères et sœurs et de ses semblables (Romains 12:13 ; Hébreux 13:16 ; Psaume 41:1 ; Proverbes 19:17, 22:9). L’amour véritable doit se caractériser par un cœur indulgent et une main généreuse. Et le don de l’amour/de la bonté confère à chaque enfant de Dieu un doux caractère.
La bonté/l’amour chrétiens ont un impact sur toute la personnalité. Ils influent à la fois sur le cœur et l’esprit ; et ils agissent à la fois sur nos sentiments et notre volonté. De la rencontre avec l’amour de Dieu (1 Chroniques 16:11) découle l’amour de celui qui est pieux pour le Seigneur et pour les autres, pour son prochain et l’étranger, jusqu’à aimer son ennemi. (Lévitique 19:17, 18 ; Deutéronome 10:18, 19, 23:7, Proverbes 20:22, Job 31:30 ; Matthieu 5:44, 22:37-40)
L’amour n’est pas un sentiment agréable passager, mais une disposition qui conduit à l’action et à l’obéissance. Les actes de bonté viennent d’un cœur où l’amour règne.
Oui, la bonté vient de l’Esprit du Seigneur, elle est le fruit de l’esprit saint. Sans elle, on ne peut ni atteindre le lien de la perfection, ni obtenir une place dans le temple de Dieu.
Il semble nécessaire de donner quelques précisions supplémentaires concernant la traduction en français du verset 22 : Première difficulté : les différentes traductions (autres que Segond) existant en français n’utilisent pas les mêmes mots. Toutefois, pour essayer de faciliter la compréhension de la pensée de l’auteur de la causerie, limitons-nous, à prendre à titre de comparaison, uniquement la traduction du même verset 22 de la Bible Darby, assez souvent utilisée par les E.B. : (CITATION ) „Mais le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix“ ; les tois premiers mots choisis par Darby correspondent à ceux de Segond, mais ensuite, cela se complique; nous trouvons : “la longanimité, la bienveillance, la bonté“ FIN DE CITATION. Le mot choisi en français par Darby pour le 5é fruit de l’esprit est „bienveillance“, et le sixième : „bonté“ ; deux mots couramment utilisés en français, dont le sens est clair (il n’exige pas d’avoir fait de „hautes études“ pour être bien compris par la majorité, -à noter que ceci a été objectif fondamental recherché par
Darby dans ses traductions de la Bible en anglais, allemand et français, comme il le mentionne dans l’introduction des premières éditions de ses traductions). Autre remarque concernant les différences que nous trouvons dans les traductions : rappelons-nous bien que J.N. Darby n’était pas français ni suisse romand, non : il est né à Londres d’une famille anglo-irlandaise (ce qui explique ses prénoms d’origine britannique : John Nelson) ; il grandit dans une famille influente, et ainsi put faire de brillantes études (en Irlande et en Angelterre) en humanités en anglais et il commence par se se spécialiser en droit ( à 19 ans, il devient avocat) mais rapidement s’oriente vers une carrière dans les ordres de l’église anglicane, d’abord comme diacre puis comme simple curé, et s’occupe des pauvres ; mais il estime que l’église doit rester indépendante du pouvoir civil, alors qu’au début du XIXè siècle de fortes tensions existent entre le pouvoir anglican et l’Irlande. Fort de son érudition -il parlait six langues (!)-, il utilise ses compétences pour diffuser la connaissance de la Bible et prêcher Christ ressuscité et l’amour de Dieu. Ce n’est que dans la trentaine qu’il quitte la Grande Bretagne pour la Suisse où il restera une dizaine d’années.
D’après Wikipedia, „il prêche en Suisse l’enlèvement secret de l’Église“; Différentes interprétations de l’Apocalypse s’opposent ; „une révolution éclate à Genève et Darby doit fuir car sa vie est en danger“ : il rentre en Angleterre où il poursuit son activité de prédicateur. Ce n’est qu’à un âge plus avancé qu’il se lance dans la traduction de trois traductions de la Bible, commençant par l’anglais, puis l’allemand et le français ; or ces deux dernières n’étaient pas sa langue maternelle. Malgré son talent lingjuistique remarquable, des nuances ont pu varier/subsister en fonction du sens qu’il ressentiait ou donna pour certains mots, en son temps ; il publie le Nouveau Testament en français en 1859 -il est alors proche de la soixantaine-. Wikipedia précise : „Cette traduction est titrée « Version Nouvelle » parce qu’elle ne se base pas, contrairement aux traductions précédentes de la Bible, sur le « Texte Reçu » des Elzévir de Hollande, mais sur les travaux critiques qui ont eu lieu au cours du xixe siècle“. Il est ajouté : „Cette traduction a pour particularité d’être très littérale, de vouloir avant tout respecter le texte, en sacrifiant au besoin l’élégance du style, voire la clarté du texte traduit“ d’où la difficulté à distinguer le sens exact de certains passages, comme les 5è et 6è mots de la liste du verset 22.
En allemand la traduction qu’utilise Ionannis Kotulas, -lui-même de langue maternelle grecque-, ce qui est précisément très intéressant-, est aussi un mot utilisé couramment aujourd’hui : il équivaut en français à „bonté“, là où, dans la version Segond copiée/ collée sur Internet nous trouvons un mot rarement utilisé en langue française, „benignité“ (d’où la différence de sens expliquée au début de la causerie entre le fruit n° 5 et 6 ; ensuite, il développe ces deux termes en essayant de rester fidèle à la pensée de l’auteur du verset et en maintenant bien la distinction faites par l’Apôtre; s’il y a deux mots pour définir le fruit de l’amour, ce n’est pas un hasard!).