La conduite plus noble des Juifs de Bérée.

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— Actes XVII, 1—15. —

Paul à Thessalonique.

En quittant Philippes Paul, Silas et Timothée se dirigèrent plus au sud-ouest et à environ 40 lieues de là s’arrêtèrent à Thessalonique devenue célèbre par les 2 épîtres que Paul écri­vit aux chrétiens de cette ville. En route ils traversèrent deux villes, Amphipolis et Apollonie, où, selon toute apparence, ils ne trouvèrent aucune porte ouverte, aucun coeur préparé pour leur message. Philippes fut une des rares villes où l’Evangile prit racine sans avoir été d’abord influencée par le judaïsme. Les Juifs éparpillés dans cette région avaient évi­demment plus ou moins familiarisé leurs voisins avec l’idée du vrai Dieu et l’observance de la loi. Ils leur auront parlé de ses révélations et du Messie promis.

A Thessalonique les missionnaires trouvèrent une synagogue juive et selon leur coutume ils prirent part au culte pendant 3 sabbats, Paul discuta avec les Juifs d’après les Ecritures. Cette manière d’annoncer l’Evangile, c. à d. de s’entretenir de la Bible avec d’autres, est tombée passablement en désué­tude chez les chrétiens et pourtant c’est ce qu’il faudrait. Malheureusement combien de croyants et des plus orthodoxes ont comme une peur de discuter sur la Bible avec ceux qu’ils savent n’être pas en tous points de leur avis. Mais nous de la Tour de Garde c’est ce que nous avançons et conseil­lons partout et nous sommes anxieux pour que tous ceux qui s’intéressent dans la «vérité présente» aient au moins une ou deux réunions bibliques par semaine, partout où le nombre et les conditions le permettent. Si les frères pèlerins envoyés par la Société du Watch Tower parlent généralement seuls sur un sujet, c’est que leur visite n’est qu’occasionnelle, une ou deux fois par an à la même place. Mais à ceux-là encore nous leur conseillons qu’à chaque visite ils convoquent une réunion biblique à laquelle tous les assistants puissent prendre part.

Cette méthode de discussion était coutumière chez les Juifs, mais il leur manquait quelqu’un qui sache expliquer les Ecritures, quelqu’un qui puisse répondre aux questions et leur aider à trouver les réponses dans les Ecritures; c’est cet inter­prète que le Seigneur leur envoya en la personne de Paul. Ainsi aujourd’hui il importe qu’une réunion, où on examine l’Aurore et chaque Tour mensuelle avec la Bible, ou en­core la Bible sans autre assistance, soit dirigée par un con­ducteur intelligent et sage, de dispositions suffisamment humbles et partant dignes de la vérité afin de volontiers attirer l’at­tention sur elle, quels qu puissent être les canaux dont le Seigneur se sert pour sa dissémination. Non seulement «l’or­gueil va devant l’écrasement et la fierté d’esprit devant la ruine», mais cette dangereuse disposition obscurcit la vue mentale et empêche plusieurs de voir et d’être de brillantes lumières, des reflets de la vraie lumière qui est Christ. Au lieu de cela combien il en est qui sont anxieux de briller d’une lumière à eux qui aveugle leurs semblables au lieu de les illuminer. Que le Seigneur nous donne de nous humilier nous-mêmes dans la mesure où nous nous montrons diligents à son service et que volontiers nous désirions rester petits à nos yeux! Sachons reconnaître comme conducteurs ceux seuls qui maintiennent et professent la parole de vie sans chercher à prévaloir dans l’Eglise.

Le Christ devait souffrir et ressusciter des morts.

Paul ne se contenta pas de discuter avec les Juifs sur l’Evan­gile, il leur expliqua les Ecritures et leur montra ce qu’ils n’avalent jamais aperçu jusque-là, savoir: que le Christ devait souffrir (mourir) et ressusciter de la mort avant de pouvoir devenir leur Roi promis. Les Juifs savaient que les Ecritures parlaient de ses souffrances, mais ils ne saisissaient pas du tout le rapport qui les rattachaient aux passages relatifs au règne, à la gloire et à la puissance millénaires de notre Sei­gneur. Paul leur montra que puisque la mort règne sur toute l’humanité en vertu du péché et suivant la sentence divine: “l’âme qui pêche c’est celle qui mourra» — il fallait un Rédempteur, sans cela point de délivrance possible de la mort. Le Messie devait régner en effet sur le monde, mais il lui fallait le racheter d’abord pour en éloigner la malédiction. C’est pourquoi Jésus mourut, le juste pour les injustes; il ressuscita conformément aux déclarations des prophètes et, au propre temps, quand la nouvelle alliance promise serait en vigueur, il bénirait Israël et par lui tout le monde. Il leur dit sans doute aussi que pour mener cela à bien Dieu s’est proposé tout d’abord de choisir une classe d’élus qui se don­neraient corps et bien à son service. Voilà un peu ce que l’apôtre leur dit et il résuma en disant: «Ce Jésus que je vous annonce c’est lui qui est le Messie.»

Quelques-uns des Juifs furent persuadés — le petit nombre — et se joignirent à Paul et à Silas, ainsi que beaucoup de Grecs craignant Dieu et des femmes de qualité. Le temps de division était venu; le blé juif à Thessalonique devait être séparé de la classe d’ivraie et rassemblé dans le grenier évangélique, dans la dispensation de l’Esprit. Ceux d’entre les Juifs qui crurent passèrent de ce fait de Moïse à Christ, de l’Israël naturel à l’Israël spirituel, — la sacrificature royale, le peuple particulier.

Une minorité seulement de Juifs était dans l’attitude con-

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venable de coeur pour recevoir le bon message, l’effet sur la masse fut tout l’opposé; ils s’irritèrent parce que les argu­ments présentés étaient irréfutables et qu’ils n’étaient pas d’esprit humble mais hautain; ils devinrent donc jaloux du succès de ces étrangers qui après quelques semaines seulement de séjour dans leur cité avaient déjà su éveiller l’intérêt gé­néral tandis qu’eux n’avaient jamais été capables d’influencer les Grecs et d’en convenir au judaïsme.

N’ayant pas d’arguments solides à opposer à ceux des mis­sionnaires les Juifs incroyants eurent recours à la tactique usuelle de Satan, qui est la haine, la malice, la mauvaise présentation des choses et la diffusion de calomnies, d’équivoques et de préjugés. Ils provoquèrent ainsi un tumulte dans la ville; un groupe de forcenés se dirigea vers la maison de Jason où logeaient les missionnaires; et comme ces der­niers étaient absents ils traînèrent Jason et quelques frères devant les magistrats en criant: «Ces gens qui ont bouleversé le monde sont aussi venus ici.» Jason les a reçus, il a donc participé à leur crime. Ce sont des traîtres envers ce gou­vernement et son honorable César, car ils proclament roi un autre que lui : Jésus.

La même accusation politique fut portée contre Jésus lors de sa comparution devant Pirate. Il y avait là d’ailleurs une part de vérité, car les empereurs romains ne prétendirent pas seulement au titre de gouverneurs politiques, mais aussi à celui de Pontife maxime, chef religieux du monde. Bien que le royaume prêché par Jésus et ses apôtres fût un royaume céleste, spirituel, le message impliqua que ce règne messianique serait universel et s’étendrait finalement à toutes les affaires terrestres. On voit de suite qu’au point de vue mondain une allégation aussi grave pouvait être considérée comme une trahison, mais les Juifs sont sans excuse pour s’être servi de leur influence de manière à jeter le discrédit sur ce Royaume attendu; ils savaient fort bien que toutes les promesses à eux faites et toutes leurs espérances se concentraient dans l’attente de ce Royaume. Leur orgueil et leur haine les aveuglèrent cependant pour commettre cette injustice en excitant les païens contre les missionnaires.

Nous ne serons pas du tout surpris si dans un prochain avenir on nous accuse de trahison d’une manière semblable par ce que nous annonçons le Royaume du bien aimé Fils de Dieu qui s’instaure en puissance et grande gloire et cela au milieu d’une période de détresse sociale et d’anarchie. Nous ne serons pas étonnés non plus si de faux chrétiens (des chrétiens qui ne sont pas dans la propre attitude de coeur pour recevoir le message de la vérité présente) incitent contre nous la multitude et le gouvernement.

Bouleversé le monde.

Ce grief vient des Juifs, qui aperçurent assez vivement l’an­tinomie irréductible existant entre le judaïsme et le christi­anisme et que partout où les deux se trouvent en contact le choc se produit et l’un ou l’autre est bouleversé. De même aujourd’hui ceux qui ne veulent pas de la vérité présente, nous raillent et se servent un peu du même langage. Mais il y a du vrai dans ces accusations, l’Evangile de Christ sus­cita des différences dans le système juif, comme actuellement l’Evangile de vérité fait des séparations dans la chrétienté. C’est ce que Jésus a dit d’avance: «Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre . . ., mais l’épée . . . Et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison» (Matth. 10 : 34, 35). Nos expériences, semblables à celles des apôtres, confirment la justesse de la déclaration du Seigneur. Avec un peu de réflexion les Juifs n’eussent point eu besoin de tant se démener, ils eussent reconnu que peu relativement accepterait le message de l’Evangile.

Ainsi en est-il aujourd’hui. Nos chers amis dans les di­verses dénominations religieuses craignent que la vérité pré­sente ne leur ravisse le plus grand nombre de leurs membres. Ils ont tort. Elle ne leur prendra que les élus (et parfois quelques autres parmi les plus intelligents des enfants des hommes), mais laissera le gros des membres. Comparé à l’i­vraie le blé est toujours en petite quantité; et c’est le blé qui est amassé. L’ivraie doit être laissée en gerbes — de divers corps sectaires — c’est ce qu’il y a de mieux. Elle ne doit pas se mêler au blé préparé en vue du grenier — la séparation du blé d’avec l’ivraie ne pouvait et ne devait pas s’effectuer dans le passé, mais c’est maintenant que cette sé­paration a lieu, lors de la moisson de cet âge.

Cette agression contre Jason et les autres ne fut apparem­ment permise du Seigneur que lorsque l’oeuvre de la propa­gande avait été accomplie envers tous ceux «qui avaient des oreilles pour écouter». Les magistrats mirent Jason et les autres croyants sous caution d’argent ou de propriété pour que ces missionnaires chrétiens ne provoquassent pas d’autres troubles. Paul et Silas pensèrent alors que leur travail à Thessalonique était fini et qu’ils ne devaient pas mettre en cause leurs amis par d’autres déclarations publiques. Paul fut d’avis de quitter la ville tranquillement, secrètement.

Paul à Bérée.

La cité suivante où Paul et Silas s’arrêtèrent fut Bérée, à l’ouest de Thessalonique; comme d’habitude ils entrèrent dans la synagogue. Ils furent agréablement surpris d’y trouver des Juifs si honnêtes et si généreux. Nous lisons qu’ils avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique: «Ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement et ils examinaient chaque jour les Ecritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » Plusieurs donc crurent, Juifs et Grecs, hommes et femmes. On voit que nous pouvons et devons avoir une opinion relativement à la parole divine; mais la conviction personnelle à laquelle nous sommes arrivés ne de­vrait jamais être telle que de la même source nous ne pour­rions plus recevoir d’autres connaissances. Il nous faut éprou­ver les esprits, les enseignements, les doctrines.

Cela ne veut pas dire que «nous devons être flottants et emportés à tout vent de doctrine» (Eph. 4 : 14). Nous de­vrions savoir en qui nous avons cru et si nous avons été convaincus une fois pour toutes, nous ne devrions plus nous laisser détourner d’une foi bien fondée. Si nous nous trou­vons heureux d’avoir bâti sur le solide fondement de Christ qui nous est décrit dans le Livre de Dieu, nous devrions nous attendre à ce que toute nouvelle lumière qui nous parvient ne soit pas contradictoire à celle que nous avons reçue et trouvée scripturaire et en parfait accord avec le caractère de Dieu. Toute nouvelle interprétation de la divine parole doit être ferme, ornée de bon sens et en harmonie avec les fon­dements de la foi. Mais il faut rejeter promptement tout ce qui met de côté ou invalide les premiers éléments des doc­trines de Christ.

Il est des notions primaires évangéliques. Si par exemple quelqu’un veut nous faire croire que nous sommes justifiés par quelque chose d’autre que par la foi dans le précieux sang de Christ il nous faut le rejeter sans autre examen. Toute doctrine, qui ignore la chute de l’homme, et partant la né­cessité d’une rédemption et l’espérance de la résurrection bâtie là-dessus, doit être écartée promptement. C’est un fait que les nombreuses théories religieuses du monde exigent peu de réflexion et d’études de la part de tout chrétien qui a bâti sa foi non sur les traditions de l’homme, mais sur la parole de l’Eternel. La doctrine de la rançon, que Christ mourut pour nos péchés par la foi en son sang et comme suite la réconciliation avec Dieu, nous fait voir vite qu’en général les multiples nouvelles doctrines qui nous sont présentées ne sont pas de Dieu, pas en harmonie avec son plan des âges qui a pour centre la croix de Christ.

Soyons même sur nos gardes vis-à-vis des doctrines qui reconnaissent le précieux sang. A cet effet un discernement clair du plan divin est nécessaire et cela demande une étude journalière des Ecritures. Il ne suffit pas que nous nous

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soyons servi des assistances bibliques que la Providence met à notre disposition. Notre mémoire est faible, on ne peut s’y fier; si nous ne nous imprégnons et ne nous nourrissons pas constamment de la Parole les points importants peuvent graduellement nous échapper et nous nous trouvons en butte aux attaques plus ou moins déguisées du grand adversaire: le diable.

Persécutés de ville en ville.

Si nos missionnaires de la croix de Christ furent zélés et vigilants, les serviteurs de l’erreur ne le furent pas moins. Les Juifs de Thessalonique apprenant que Paul et Silas an­nonçaient aussi la parole de Dieu à Bérée vinrent immédiate­ment en vue de soulever la foule. Les missionnaires en in­férèrent qu’ils devaient partir pour aller plus en avant encore. Puissions-nous imiter ces nobles combattants. Puissions-nous veiller pour rechercher dans toutes les circonstances quelles sont les directions de Dieu! S’il est vrai qu’on ne doit pas fuir la persécution dans le sens ordinaire, soyons prêts à l’éviter quand faire se peut et quand il est possible, tout considéré, d’y voir une indication du Seigneur qui veut nous employer dans un autre champ de travail. “Quand on vous persécute dans une ville fuyez dans une autre.» Et ainsi persécuté St. Paul se rendit à Athènes, Silas et Timothée l’y rejoignirent plus tard.

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