« C’est pourquoi, nous aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant tout fardeau et le péché qui (nous) enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui est devant nous. » – Hébreux 12 : 1 (Darby).
Les premiers mots de ce texte nous rappellent le contexte qui précède, comme si Saint Paul disait : Au regard des grandes choses accomplies par ces fidèles du passé qui manifestèrent une telle foi et une telle confiance en Dieu qu’ils furent disposés à renoncer à tous les droits et privilèges terrestres – voyant que nous sommes ainsi environnés d’une si grande nuée de témoins – de martyrs – que leur exemple nous inspire et nous incite à la plus grande fidélité dans notre course.
L’Apôtre parle des Anciens Dignes comme étant une « nuée de témoins ». Il n’utilise pas le mot « témoins » dans le sens où il est souvent utilisé aujourd’hui – dans le sens de spectateur. À l’origine, le mot témoin était utilisé dans le sens de témoin de la vérité, ou de martyr. Par conséquent, le texte semblerait signifier : Voyant que vous avez autour de vous un grand nombre de ceux dont la vie a rendu témoignage à la vérité – des martyrs, qui ont été privés de leurs privilèges et ont même perdu la vie – cela devrait avoir une forte influence sur vous. Ces Anciens Dignes, au travers des hauts faits de leur vie, plongent leurs regards vers vous.
Le fait que les Anciens Dignes soient morts ne doit pas nécessairement amoindrir la figure de rhétorique de l’Apôtre. Ce style d’expression est couramment utilisé par nous tous. À titre d’exemple, nous rappelons qu’à une certaine occasion, Napoléon s’est adressé à son armée en disant : « Soldats, (du haut de ces pyramides) quarante siècles vous contemplent ! » Si, à proprement parler, les siècles ne peuvent pas nous contempler, pourtant dans un certain sens du terme ils le peuvent ; car nous pouvons regarder en arrière dans le passé et comprendre des choses qui ont eu lieu il y a quarante siècles ou plus.
L’Apôtre souhaite que nous nous souvenions que cette « nuée de témoins » nous entoure, et que, par conséquent, nous devrions mener cette course avec fidélité. Bien que ces nobles caractères n’obtiendront pas le prix pour lequel nous courons, ils doivent néanmoins avoir un prix. Quand nous nous rappelons comment ils ont enduré et exécuté fidèlement ce qui leur était proposé, combien devrions-nous être prudents dans la course placée devant nous – une course pour la gloire, l’honneur et l’immortalité.
Cette « nuée de témoins » nous environne continuellement. Les expériences des Anciens Dignes sont nos expériences. A chaque pas de notre parcours nous trouvons encouragement et force en considérant leur course. Par cette image de notre texte, l’Apôtre, indique que nous devons considérer que nous sommes en train de courir une course. Nous devons considérer les affaires de la vie actuelle comme une course.
Il ne fait aucun doute que Saint Paul avait à l’esprit les populaires jeux grecs de son époque, en particulier les courses. Aussi, ses suggestions, destinées à ceux qui courent pour la gloire, l’honneur et l’immortalité, sont basées sur cette image mentale. De même que les coureurs de ces courses se dépouillaient de tout ce qui n’était pas absolument nécessaire, de même le chrétien devrait mettre de côté tout fardeau et toute entrave éventuelle dans sa course et courir avec patience la course placée devant lui.
QU’EST-CE QUI CONSTITUE LES FARDEAUX ?
Les fardeaux qui doivent être mis de côté peuvent être différents selon les personnes. Une personne pourrait avoir hérité de titres, d’honneur, de position. Saint Paul lui-même était l’un d’entre eux. Il est né citoyen romain – un honneur d’une grande distinction à son époque. Il a mis ce privilège de côté lorsqu’il est entré dans la course chrétienne. Cependant, il se prévalait de sa citoyenneté romaine lorsqu’il était avantageux pour lui de le faire pour les intérêts de la Vérité. Mais il n’a jamais essayé de suivre une voie intermédiaire – pour son profit en faisant plaisir à des relations mondaines une partie du temps et ensuite avoir communion avec le peuple du Seigneur à d’autres moments. Il faisait une seule chose, comme il nous le dit en ces mots : « Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. » – Philippiens 3 : 13, 14.
Un autre fardeau pourrait être la richesse. Quelqu’un possédant beaucoup d’argent pourrait être entravé dans la course en entretenant la pensée qu’il doit occuper une grande maison, avoir beaucoup de serviteurs et vivre comme ceux de son rang, mais qu’il participera néanmoins aux réunions du peuple du Seigneur. Un autre fardeau pourrait être un talent dans un domaine quelconque ; un autre encore, l’amour de l’approbation des hommes, etc.
Celui qui désire être vainqueur dans la course pour la gloire et l’honneur éternel devrait écarter tous ces fardeaux et tout autre chose qu’il reconnaîtrait comme tel ; sinon il sera tellement handicapé qu’il ne courra pas bien. Certains coureurs seront plus que vainqueurs et recevront le prix. D’autres seront à peine sauvés, en raison des handicaps, et recevront des positions inférieures.
Saint Paul nous dit à combien il a évalué ces possessions terrestres – ambitions, honneurs, etc. Il les a soupesées et comparées avec le prix du Haut Appel de Dieu en Christ. Son jugement à l’égard de ces honneurs terrestres fut qu’ils n’étaient que perte et rebut. Par conséquent, il les a toutes rejetées.
En parlant de ceux qui s’attachent aux choses terrestres, le Seigneur déclare : « Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ! » (Marc 10 : 23). Ces richesses ne sont pas seulement de l’or, mais peuvent être l’honneur, une position, le pouvoir, l’approbation des hommes, etc. Tout cela est susceptible de s’avérer être un obstacle pour la course dans laquelle nous avons été invités à prendre part pour le prix.
Lorsque nous regardons en arrière aux fidèles témoins du passé, nous constatons qu’ils ont porté très peu de fardeaux avec eux. Ils ont jeté leurs fardeaux, et ont couru avec patience la course placée devant eux.
Cependant, tous les fardeaux et tous les obstacles ne doivent pas être mis de côté. Un homme qui entre dans la course avec une épouse et des enfants ne doit pas les mettre de côté. S’il a un enfant sur chaque épaule, alors il doit courir avec eux. Mais si quelqu’un, qui n’est pas marié, pense à s’engager dans cette course, il fera bien de considérer attentivement combien d’enfants il devrait avoir sur chaque épaule ou s’il devrait avoir une femme sur ses épaules. Certains seraient entravés avec une femme, tandis que d’autres pourraient être entravés sans femme. Chacun doit décider pour lui-même ce qui est le meilleur. Nous n’essayons pas d’établir des règles.
FAIBLESSES HÉRITÉES ET PÉCHÉS MIGNONS
Considérons maintenant cette partie de notre texte qui traite des péchés mignons. Une autre traduction dit le péché qui nous enserre de près – le péché qui nous enveloppe étroitement. Certains péchés sont comme un ample vêtement flottant, et d’autres nous serrent étroitement. Avec ces entraves, le coureur est obligé de s’arrêter de temps en temps pour se dégager et perdre ainsi du temps.
Nous devons éviter le péché dans tous les sens du terme. Personne n’a le droit de pécher. Si nous ne pouvons pas nous débarrasser entièrement de notre péché qui nous enserre, nous devons le repousser à tel point qu’il n’interférera pas avec notre course. Si ce péché est une faiblesse héritée, une partie de notre nature même, qu’en est-il alors ? Alors il faut courir dans la course, non pas marcher, ni s’asseoir, mais courir, dirigeant toute notre énergie pour gagner, tendant tous les muscles, toutes les forces de notre être. C’est ce que l’Apôtre nous présente dans notre texte.
Le Seigneur nous a clairement présenté ce sujet dans la Bible. La course n’est pas une course imaginaire, mais une réalité. C’est une course que le Seigneur a disposée, dont Il a fixé explicitement les termes, prévu l’assistance ainsi que le prix à la fin de la course. Nous remercions Dieu de l’information explicite donnée dans les Écritures et de toutes les aides et encouragements en cette matière, ainsi que pour cette grande nuée de témoins qui nous entoure. Et, par la grâce du Seigneur, nous courrons avec patience ; car, sans cette grâce du Saint Esprit, on tomberait bien vite hors du chemin et perdrait tout.
UNE VIGILANCE CONSTANTE EST NÉCESSAIRE
N’importe qui peut courir quelques étapes ; mais quand certains d’entre eux trouvent que toutes les affaires de la vie les entravent, et se rendent compte qu’ils doivent laisser tomber tous les fardeaux inutiles, ils commencent à penser qu’il est inutile d’essayer : le sacrifice est trop grand. L’apôtre nous encourage donc à avoir de la patience ; car toutes ces épreuves, ces difficultés, etc., si elles sont endurées comme il convient, développent le caractère. Le Seigneur veut des caractères fidèles et loyaux, établis dans la justice, et tout cela ne peut être développé et démontré que par des expériences telles que celles qu’Il donne à son peuple.
L’apôtre connaissait bien les termes et les conditions de la course dans laquelle il s’était engagé, et qu’il lui serait impossible de gagner à moins qu’il ne vive selon ces conditions. Il savait que la plus vive attention et la plus incessante vigilance seraient nécessaires pour atteindre l’objectif à temps, et que pendant la course, il y aurait plus ou moins d’incertitude quant à savoir qui obtiendrait la victoire – la couronne de vie. Dans les Jeux olympiques et autres jeux grecs, il était toujours incertain quant à savoir qui recevrait la tant convoitée couronne de laurier.
Le chrétien court une course beaucoup plus grande qu’aucune course terrestre ne pourrait jamais proposer. Nous connaissons le but vers lequel nous courons, et nous avons un sentiment de sécurité – que si nous courons fidèlement, nous gagnerons le prix de notre haut appel. Notre course n’est pas seulement pour celui qui est fort, et la victoire pour celui qui est rapide. C’est une course dans laquelle chacun, selon le sérieux de ses efforts, sera récompensé. Si quelqu’un court de toute son âme et de toute sa force, il obtiendra sûrement le prix. Et jamais auparavant il n’y a eu une telle course ! Jamais une course aussi remarquable ! Jamais une course aussi glorieuse telle que cette course placée devant nous !
WT 1913 p5318