(Cet article, publié dans la Watch Tower du 1er Octobre 1906, fait suite à certaines questions et observations adressées à ce journal par des lecteurs).
« Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui restera debout quant Il paraîtra ? Car Il sera comme le feu du Fondeur, comme la potasse des Foulons. Il s’assiéra, fondra et purifiera l’argent, Il purifiera les Fils de Lévi, Il les épurera comme on épure l’or et l’argent, et ils présenteront à l’Eternel des offrandes avec justice.» – Malachie 3:2, 3.
En appréciant l’enseignement des Écritures relatif au grand temps de trouble qui vient sur l’humanité entière – et plus spécialement sur la chrétienté – nous avons reçu des bénédictions. Les Écritures nous parlent d’un temps de trouble tel qu’il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent ; Notre Seigneur prophétisa sur ce thème en disant : « ….Les hommes rendant l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra pour la terre… » (Luc 21:26). Nous avons raison de nous réjouir de ce que ce temps de trouble qui vient sur le monde comme un voleur, comme un piège, ne vienne pas de la même manière sur nous. Par la foi nous voyons déjà beaucoup de détails le concernant ainsi que son glorieux résultat, l’établissement du Royaume de Dieu sous tous les cieux. Nous craignons cependant que ce trouble qui vient sur le monde, dont, en un certain sens nous souhaitons être dignes d’échapper, ait tellement rempli les pensées de quelques-uns des membres du peuple du Seigneur, qu’ils n’ont pas prêté attention à une autre sorte d’épreuve spécialement destinée à l’Église et qui doit venir sur nous pour nous tester et nous éprouver avant que le jour de trouble pour l’humanité soit introduit. C’est à ce jour d’épreuves pour l’Église, à ce test spécial des élus que s’applique notre texte.
Sacrificateurs et Lévites.
La maison de Lévi, la tribu sacerdotale, typifiait la maison de la foi durant l’Age de l’Évangile. De même que les sacrificateurs constituaient l’ordre le plus élevé parmi les Lévites, ainsi la Sacrificature royale, les consacrés au service du Seigneur, les Saints de l’Age de l’Évangile, constituent la classe la plus élevée parmi les Lévites spirituels, dans la maison de la foi. Quand donc, le Seigneur, par le prophète, parle de l’épreuve et de l’épuration de la maison de Lévi, il est question de toute la maison de la foi, le « petit troupeau » et « la grande multitude ». La fin de cet Age est la période pendant laquelle le Seigneur fait l’inspection de la maison de la foi dans son entier, et ainsi qu’il convient, cette inspection commence par le sommet de la maison, c’est-à-dire par les Saints, puis s’étendra à chaque consacré. Les deux classes, soumises à des épreuves ardentes permises par l’affineur, sont représentées par l’or et l’argent. L’or représente ceux dont la loyauté au Seigneur sera spécialement mise en évidence par leur amour, leur zèle à déposer leur vie pour le Seigneur, pour la vérité et pour les frères. Ceux-là sont la classe « or » dont la part, en tant que classe de l’épouse, sera d’être cohéritière du grand Roi des rois et Seigneur des seigneurs dans son empire universel, pour bénir toutes les familles de la terre. L’autre classe, représentée dans notre texte par l’argent, sera la classe, moins précieuse à ses yeux, de la grande foule d’Apocalypse 7, aussi nommée dans le Psaume 45 « les vierges, les compagnes » qui suivent l’épouse, pour être amenées auprès du Roi de gloire.
Si les mots « Qui restera debout quand il inspectera ? » nous font frémir, nous devons aussi être soulagés sachant que, bien que l’inspection sera des plus critiques et des plus scrutatrices, l’épreuve par le feu éliminera complètement les scories et purifiera l’or et l’argent. Celui qui nous inspecte, nous teste, nous purifie et nous affine, c’est le Seigneur, notre Maître, qui nous racheta de son précieux sang, qui nous a assurés de son amour et de sa sympathie, et qui a promis par l’intermédiaire de l’apôtre qu’Il ne permettrait pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces, mais qu’avec la tentation Il pourvoirait au moyen d’en sortir. Il nous a assurés par ailleurs, « que toutes choses concourent à notre bien, parce que nous aimons Dieu et avons été appelés selon son dessein ». – 1 Corinthiens 10:13 ; Romains 8:28.
Les épreuves d’origine inattendue.
Si nous connaissions d’avance comment chaque épreuve de foi, d’amour, de dévouement, de loyauté envers le Seigneur et les frères viendrait, nous pourrions être préparés à l’affronter, et ainsi serait-elle proportionnellement moins sévère, et notre humilité, notre patience, notre amour seraient moins testés. Mais le Seigneur souhaite nous éprouver dans tous ces cas et nos épreuves viennent généralement d’une manière inattendue. Ainsi l’épreuve est plus sévère et met davantage en évidence les réels sentiments de nos cœurs. Le Seigneur veut nous débarrasser de toute espèce de scorie – égoïsme, ambition personnelle, orgueil, fierté… Il souhaite cultiver en nous la loyauté à son égard et aux principes de droiture, représentés dans son caractère, et Il nous exhorte par sa Parole.
Regardant la chrétienté en général, nous comprenons la déclaration du prophète, lorsqu’il dit : « Un millier tomberont à ton côté », c’est-à-dire aux côtés du corps de Christ, de l’Église. Nous constatons ces chutes, la perte de la foi en Christ (Il n’est plus reconnu comme étant le Rédempteur), l’égarement dans la théorie de l’évolution, la haute critique, la science chrétienne, etc… Et maintenant nous observons les membres du corps pour voir lesquels d’entre eux seront capables de supporter les épreuves de ce jour. « Qui pourra subsister ? » dit l’Apôtre en Apocalypse 6:17. « Qui tiendra debout quand il inspectera ? » dit le prophète dans notre texte. L’idée évidente est que cette inspection sera extrêmement cruciale pour tester tous les saints.
C’est parce que la Watch Tower, par la grâce de Dieu, a la possibilité d’observer tout le champ de la moisson grâce aux pèlerins, aux lettres, aux colporteurs, qu’elle est peut-être plus apte que d’autres à remarquer que le feu du grand Affineur brûle déjà et que l’or et l’argent sont ainsi éprouvés. C’est avec douleur que nous constatons que certains ne supportent pas bien l’épreuve de cette heure. Nous aimons tous ceux qui appartiennent à Christ et qui sont maintenant dans la fournaise de l’épreuve ; nous sommes certains que le Seigneur Lui-même, l’affineur, les aime encore plus. Si nous-mêmes nous sommes peinés et chagrinés quand nous discernons les tendances à la faiblesse, à la déloyauté envers sa cause, à l’ambition pour le renom, la position, la célébrité, au désir d’être plus grand, les tendances à dominer sur l’héritage divin – si nous sommes peinés, affligés, désappointés par ces choses, supposerions-nous que le grand Affineur puisse demeurer indifférent ? Non, assurément. Il est écrit qu’Il a aimé ceux qui sont siens, Il les aime jusqu’à la fin. Nous voyons dans les récits évangéliques qu’Il fut très patient et lent à se séparer de celui qui fut égoïste et ambitieux jusqu’au point de vendre la vérité et le Seigneur : Judas – A l’image du Maître, le mieux que nous puissions faire, est de manifester une grande sympathie envers ceux qui s’écartent de la bonne voie et qui, à moins d’être rétablis, cesseront sans aucun doute de faire partie du corps, ainsi que notre Seigneur l’indique : « quand bien même, comme le déclare l’Apôtre, ils seraient sauvés mais comme au travers du feu, comme membre de la grande foule. » – 1 Corinthiens 3:15.
Réprimander avec endurance et patience.
Il nous est impossible d’écrire à tous ceux qui semblent être en danger, et ce pour deux raisons :
1) Le temps ne nous suffirait pas et nous avons d’autres devoirs à l’heure actuelle.
2) S’ils n’ont pas prêté l’oreille à la Parole du Seigneur, s’ils n’ont pas entendu le Seigneur Jésus, les Apôtres, Moïse et les Prophètes, nous ne pouvons espérer être davantage écoutés.
La conduite convenable semble donc être d’adresser occasionnellement des paroles d’avertissement.
Aussi étrange que cela puisse paraître l’actualité s’accorde pleinement avec tous les récits du passé – ces épreuves ardentes, ces examens révèlent le maximum de scories parmi les dirigeants du troupeau. C’est peut-être simplement le résultat de leur position visible, comme beaucoup d’autres moins en vue, ils tomberont, seront consumés, subiront une perte mais seront sauvés comme au travers du feu. Seul le Seigneur est capable de lire les cœurs et de discerner les pensées et les intentions et sa volonté est que maintenant chaque membre de la maison de Lévi, la maison de la Foi, soit purifié, affiné, épuré et nettoyé. Les épreuves ardentes de ce jour accomplissent un travail qui s’accorde avec l’arrangement divin.
Le volume VI, croyons-nous, comme les autres volumes de la série, est sorti au temps opportun et sans aucun doute le Seigneur l’utilise dans une certaine mesure, tout comme les mugissements de l’humanité pour allumer les feux épurateurs de cette époque. Dans ce volume, comme dans les autres, nous n’essayons pas de faire valoir nos propres pensées mais plutôt de mettre en évidence les enseignements de la Parole. Nous constatons que dans quelques cas cela semble réveiller un esprit de colère et de ressentiment dans le cœur de certains conducteurs dont l’amour n’est pas associé à un cœur pur et à l’appréciation des glorieuses libertés de l’Église. Nous ne faisons que notre devoir en attirant l’attention des frères sur le fait que les conducteurs ne sont pas les seigneurs du troupeau et qu’un quelconque conducteur se considérant comme tel, met en danger son avenir en Christ et freine la progression du troupeau en entravant la liberté que le Seigneur nous a accordée. Ceux qui coopèrent avec de tels conducteurs ambitieux leur font du tort. Leur accorder un service est injurieux pour eux-mêmes et pour ceux qui leur sont associés dans l’étude de la Parole.
« Se tromper est humain, pardonner est divin. »
Il est écrit « Se tromper est humain » et nous savons que, quoique engendrés de l’Esprit, nous avons tous le trésor de la nouvelle nature dans des vases de terre, lesquels sont sujets à se tromper. Comprenant cela, nous ne devrions pas agir rudement et avec froideur envers les conducteurs qui seraient enclins à usurper en leur faveur une position de conducteur dans l’Église de Dieu sans qu’il y ait eu nomination de la part de l’Église, ou enclins à outrepasser leur droit après avoir été régulièrement choisis. Néanmoins, gentiment, avec bonté, mais fermement, la congrégation devrait garder le contrôle de toutes ses affaires et voir si les conducteurs reconnaissent que la voix de la congrégation est la voix des consacrés. Ceci serait pour le bien de tous et aiderait le conducteur à demeurer humble, lui rappelant qu’il est simplement un membre de l’Église, qui est le corps de Christ, et que, par la providence du Seigneur, il sert l’Église parce qu’elle a désiré qu’il en soit ainsi et que la volonté du Seigneur s’est manifestée de cette sorte. Ce fait aidera le conducteur à ne pas s’enorgueillir, à ne pas s’élever, à ne pas parler avec arrogance à la congrégation en disant « mon peuple », « mon église », « ma classe », « mon travail », mais plutôt à reconnaître qu’il s’agit du « peuple du Seigneur », de « l’Église du Seigneur », de « la classe du Seigneur », du ‘travail du Seigneur » et que c’est une faveur, un honneur que d’en être le serviteur et non un « maître ».
Cette façon de voir est profitable à tous les membres de la congrégation, car elle leur montre quelle est leur responsabilité face au Seigneur et à sa cause lorsqu’ils encouragent ou approuvent celui qui, comme conducteur ou serviteur de la congrégation, est leur représentant. Quand donc le conducteur fait ce qui est mal, la faute en incombe à la majorité de la congrégation, et la prise de conscience de leur responsabilité signifie l’affermissement de leur caractère, le développement de leur esprit, et d’une manière générale, leur préparation pour le service du Seigneur, service actuel et futur. Nos oreilles devraient même être chagrinées en entendant un ancien s’adresser dans un discours à la congrégation en utilisant la seconde personne au pluriel, disant par exemple : « Vous ne devriez pas faire cela ». Tous les anciens, tous les enseignants reconnus dans l’Église, tous les conducteurs en général devraient prendre en considération le fait qu’ils ne parlent pas à la congrégation comme à une classe dont ils ne feraient pas partie, comme l’habitude en a été prise dans l’église nominale qui considère le clergé comme étant une classe et les laïques une autre. Au contraire, la meilleure attitude serait de se sentir concerné par l’exhortation qu’il adresse en disant : « Nous ne devrions pas faire ceci ou cela ».
« L’Amour est l’accomplissement de la Loi. »
Si l’esprit d’amour abondait dans nos cœurs, il ne serait pas nécessaire de discuter sur ce sujet, mais les fruits de l’Esprit ne sont que partiellement développés en nous, ce qui explique la difficulté et aussi l’importance de l’aide mutuelle. Ainsi, quand un sentiment de critique pénètre dans nos cœurs à l’égard de la conduite d’un conducteur, il serait convenable (et ce serait une preuve d’amour) de se dire : « Oui, peut-être qu’à sa place je ne pourrais pas faire mieux que lui quant à l’assujettissement de mon corps – c’est-à-dire marcher humblement avec le Seigneur et les frères – montrer par l’exemple la perfection de l’amour qui ne recherche pas la gloire personnelle, qui ne s’irrite pas facilement, qui ne se vante pas, qui ne recherche pas le mal. » – 1 Corinthiens 13:5.
Quand nous comprenons que cette ambition fut la cause de la chute de Satan, de la désobéissance de notre mère Ève, et celle du trébuchement de nombreux membres nobles du peuple de Dieu dans le passé, la leçon devrait toujours être présente à nos esprits, quelle que puisse être notre position. Cela devrait nous aider à avoir de la sympathie pour les conducteurs, sachant combien grandes sont les tentations auxquelles ils sont exposés. Cela devrait permettre aux conducteurs d’être plus vigilants, de prêter davantage attention à ce risque, de peur d’être vaincus dans une certaine mesure par ce défaut qui fit du tort à beaucoup de membres dans le passé, défaut que le Seigneur n’approuve pas, car le Seigneur « résiste aux orgueilleux mais Il fait grâce aux humbles. » – Jacques 4:6.
Un autre point est à souligner : Si la volonté d’un conducteur ne semble pas représenter la pensée de la congrégation, à moins que celle-ci ne l’ait exprimée elle-même, nous ne devrions pas supposer un seul instant que la pensée ou le jugement d’un autre frère puisse être considéré comme représentant le jugement de l’ensemble de la congrégation. Ainsi donc, quand un frère estime consciencieusement qu’un conducteur n’agit pas conformément aux Écritures, il peut aller vers ce conducteur, et en privé, gentiment et avec amour, lui faire part de son opinion, mais le conducteur n’est pas obligé d’en tenir compte. Il peut dire : « Ceci est l’opinion d’un tel, mais la mienne est différente ». Il est en droit de conserver son opinion ou de la modifier. La voix de l’ensemble de la congrégation sera recherchée dans tous les cas, et c’est elle qui décidera en accord avec la compréhension des consacrés qui agissent en respectant la volonté divine exprimée dans la Parole de Dieu.
Un danger venant d’un autre côté.
Aucun membre ne devrait trop hâtivement conclure que sa façon de voir est meilleure ou plus valable que celle d’un conducteur. Au contraire, le fait que ce conducteur ait été choisi comme étant le membre le plus capable de veiller aux intérêts de l’Église devrait avoir du poids, et le frère ou la sœur qui pense avoir raison dans son jugement concernant certains faits, devrait hésiter un peu en reconsidérant ce fait, en essayant de le voir du point de vue du conducteur, en l’examinant avec soin afin de voir si oui ou non, cela s’accorde avec les Écritures. Si en dépit de cela, il ou elle a raison, ses devoirs et privilèges ne sont pas de tourmenter l’ensemble du peuple en essayant d’imprimer ses vues dans les pensées de chacun avec véhémence, mais plutôt en manifestant sa modération comme l’indique l’Apôtre: « Que votre modération soit connue de tous les hommes » – Philippiens 4:5. Que les pensées (du conducteur) dignes d’approbation soient approuvées, mais par contre, si certains faits soulèvent des objections, que les remarques soient faites avec bienveillance, modération, amour fraternel et bien sûr, avec patience.
Les actes publics d’un serviteur en vue sont soumis à l’examen et aux critiques du public. De même les enseignements et la conduite des conducteurs de l’Église sont susceptibles d’être critiqués par des frères, cependant l’esprit d’amour et de sympathie devrait toujours prévaloir, et rien ne devrait être fait par opposition ou vaine gloire. Quiconque, critiquant un ancien avec l’intention évidente de le supplanter, sera mis à l’index, et tous reconnaîtront que l’égoïsme est dangereux, contraire aux intérêts des individus et de la congrégation. Le frère qui est dans une bonne condition de cœur pour être conducteur parmi les humbles disciples du Seigneur, manifestera un esprit d’humilité en toutes choses, en paroles et en actions. Il n’est pas nécessaire de regarder les autres d’un mauvais œil, ni de les réprimander ouvertement, cependant ils ne seront pas encouragés – ils n’obtiendront pas de positions influentes dans l’Église de peur de causer du tort à eux-mêmes et à ceux qui seraient sous leur influence.
Que la patience accomplisse son œuvre.
Quand vous pensez agir dans l’intérêt de l’Église, ne soyez pas trop rapides. Assurez-vous premièrement que vos motivations sont bonnes, pures et aimables (qu’il n’y a pas d’animosité) à l’égard de celui que vous critiquez. Assurez-vous que vous ne sympathisez pas avec des propos malveillants; assurez-vous que vous ne recherchez que les libertés proposées par le Seigneur à l’Église, que vous recherchez simplement la prospérité et le bien-être de l’Église en ce qui concerne les rassemblements (quand, où et comment) et ceux qui assureront le service. De plus, assurez-vous que vous vous souciez de permettre à d’autres d’exprimer librement leurs sentiments sachant que vous souhaitez que vos propres libertés d’expression ne soient ni ignorées, ni malmenées.
Il est rarement bon de n’avoir qu’un seul conducteur ou frère ancien depuis un bon nombre d’années dans une assemblée, à moins qu’elle ne soit très petite ou qu’on ne puisse faire autrement. Ceux qui débutent avec suffisamment d’humilité, avec le désir d’être serviteur de l’Église, exprimant leur propre indignité pour ce privilège et leur incompétence pour ce service, s’ils demeurent année après année dans cette position de conducteur, rencontreront à cause de cela des épreuves et des difficultés, risquant de penser que cette position leur appartient et que les remplacer par quelqu’un d’autre serait les insulter. Ceci est bien évidemment mauvais, mais les Écritures nous en donne une illustration. Nous lisons : « Moïse était l’homme le plus modeste de toute la terre. » (Nombres 12:3). C’est, sans aucun doute, pour cette raison que le Seigneur le choisit afin d’être le conducteur de son Peuple. Pendant quarante ans, en toutes circonstances, la nation d’Israël avait les yeux tournés vers lui, et nous ne devons pas être étonnés, si à la fin de ces quarante ans, l’homme le plus modeste de la terre, étant devenu trop arrogant, ne fut pas autorisé à rentrer dans le pays de Canaan. Moïse fut privé de ce privilège à cause de son manque de modestie – car ayant perdu de sa modestie première, il frappa le rocher dans le désert en disant : « Écoutez donc, rebelles ! Est-ce de ce rocher que nous vous ferons sortir de l’eau ? »
Une leçon pour tous les conducteurs.
Si l’homme le plus modeste de toute la terre, l’un des plus grands hommes de l’histoire du monde, fut ainsi vaincu par sa position dans le peuple, il n’est pas surprenant de trouver au sein de l’Israël spirituel des membres qui deviennent plus ou moins arrogants, bien qu’ils aient commencé avec modestie et humilité. Ils parlent de ce qu’ils font, de ce qu’ils doivent faire et prétendent que les autres dépendent d’eux pour ce qui est de l’eau de la vie. Quand nous regardons l’image de Moïse, elle semble s’adresser à nous tous et plus particulièrement aux conducteurs en disant : « Mon âme, soit sur tes gardes ! » C’est seulement en regardant fréquemment vers le Seigneur, en réalisant ce danger, et par un combat permanent, que nous demeurerons fermes aux côtés de notre Rédempteur – aux côtés de Celui qui fut modeste et humble de cœur, le grand Maître, qui endura une telle contradiction de la part des pécheurs (Hébreux 12:3) avec une telle modestie, déposant sa vie, qui ne rechercha pas son propre bien-être et son honneur, mais qui s’est humilié Lui-même jusqu’à la mort, même la mort de la croix. L’Apôtre, voyant cela, s’exclame : « Humiliez-vous vous-mêmes, sous la puissante main de Dieu, pour qu’Il puisse vous exalter au temps convenable ». Exaltation, influence, position, puissance, autorité dans l’Église apportent maintenant des épreuves, des sacrifices aussi bien que des dangers. Le plus grand doit être de loin le plus prudent de peur qu’il ne perde sa place et ne tombe.
Parfois la patience de la congrégation peut être fortement éprouvée par un ancien, qui tout en possédant de bonnes qualités, persiste à conduire l’église en accord avec ses conceptions, ignorant les désirs de l’assemblée. Si le reproche, à un ancien ou à un conducteur, doit être fait dans le cadre de l’immoralité, des fausses doctrines, des points fondamentaux rapportés dans la Parole de Dieu, par exemple la rançon, des démarches doivent être promptement entreprises. Car l’assemblée est responsable devant Dieu et devant les hommes sur ces points. Un relâchement dans ces cas ne peut être toléré, le sujet sera fermement traité par la congrégation. Si, concernant la doctrine, le conducteur est trouvé loyal envers le Seigneur, sa Parole et le message de la moisson, s’il est au-dessus de tous reproches aux yeux des membres de la congrégation qui le connaissent plus intimement, et qu’il mène le service à sa façon sans tenir compte de la volonté de la majorité, il serait souhaitable, dans l’intérêt de la paix de le laisser poursuivre son activité d’ancien jusqu’à l’expiration de son « mandat ».
Quand le moment de l’élection viendra, tout en évitant de tenir des propos malveillants à son égard, la congrégation doit, dans l’intérêt de tous, du Seigneur et de la vérité, s’abstenir de l’élire à nouveau à une position de contrôle absolu. Cela ne signifie pas que le frère doive être complètement écarté des « services de conduite », cependant ses méthodes ayant été comprises par la congrégation, celle-ci agira en conséquence, et son éventuelle élection serait faite en tenant compte de ses agissements antérieurs afin d’éviter tout malentendu futur. La congrégation recherchera par ailleurs des membres possédant les qualifications requises pour de tels services, espérant que le Seigneur, qui connaît toutes choses (donc la situation d’une telle congrégation), en a suscités pour pourvoir au remplacement du membre inadapté.
Soyez bienveillants.
Si un tel frère demeure dans son entêtement, persiste dans son arrogance et son indisposition à servir l’assemblée selon les méthodes qu’elle souhaite, bien qu’elle l’ait repris avec gentillesse et bonté, il serait convenable de l’écarter du service pour un certain temps. Que rien ne soit fait par esprit d’antipathie ou de vaine gloire, qu’aucune parole malveillante ne soit exprimée à l’égard d’un tel frère. Au contraire, qu’il soit estimé pour ses services antérieurs. D’autre part, ne craignons pas que les choses partent à la dérive sans aucun contrôle humain. Dans la mesure de leurs activités et de leur caractère, nous pouvons estimer grandement chaque frère et serviteur dans le Seigneur, cependant nous devrions toujours nous souvenir que le Seigneur est notre Berger, notre Pasteur, notre Conducteur et que nous sommes ses brebis. Si le bien-être spirituel, l’édification et le rafraîchissement de la congrégation dépendent d’une seule personne, il y a là un danger qui pourrait être à l’origine d’une crise importante qui s’abattrait sur tous. Ceux qui ont amené quelqu’un à la vérité sont à même d’affermir chaque membre dans la très sainte foi, les édifiant, les assistant de différentes manières dans les études béréennes, et ainsi il est probable que tous fassent davantage de progrès en suivant cette méthode, plutôt qu’en permettant à des conducteurs de dominer sur l’héritage divin et de conduire l’Église contrairement à la volonté de la majorité.
Nous insistons sur le terme de « majorité », parce que fréquemment les « minorités » tentent de dominer. Notre pensée est de considérer avec amour les différents membres du corps afin que chacun s’exerce à être sympathique et affectueux. Avec un tel état d’esprit, la majorité sera tout à fait désireuse de s’accommoder de certains désirs et préférences provenant des minorités – même individuelles. En d’autres termes, les majorités ne doivent pas être égoïstes, et il ne faut pas penser que, parce que la majorité a donné toute autorité, il est alors convenable d’exercer cette puissance en ignorant les frères qui ont un point de vue différent. Être unis de cœur signifie que chacun ignorera ses propres idées et ses préférences chaque fois que les principes de la Parole de Dieu ne sont pas en danger.
Nous n’avons pas besoin de vous dire, bien-aimés, que chaque mot de cet article a été écrit avec un cœur plein d’amour fraternel et avec le désir d’édifier le cher peuple du Seigneur, sans animosité personnelle ni autre désir mauvais. Nous recherchons votre bien. Nous sommes en contact avec l’ensemble du champ de la vigne, et nous connaissons les difficultés et les épreuves qui s’y trouvent et nous désirons tendre une main secourable, non pour injurier quelqu’un mais plutôt pour la bénédiction de tous. Considérez ces choses et prenez note des suggestions du même ordre rapportées dans le VIème Volume.
Revenant à notre texte, nous constatons qu’il nous indique que nous sommes en présence du grand Affineur qui supervise les épreuves ardentes par lesquelles tous ceux qui appartiennent à la maison de Lévi doivent passer maintenant en vue d’être stimulés, d’être sur leurs gardes, et d’avoir davantage d’énergie. Il nous inspecte. Il s’agit bien du test final. Ceux qui sont affinés par les expériences présentes, se débarrassent de l’orgueil, de l’ambition et de l’égoïsme, grandissent dans l’humilité de cœur et seront reçus dans le Royaume. Ainsi, les humbles obtiendront la gloire, l’honneur et l’immortalité. Attendons-nous ce moment ? Le pouvons-nous ? N’avons-nous pas la possibilité de nous humilier nous-mêmes ? Ne désirons-nous pas agir de la sorte ? N’unirions-nous pas tous nos cœurs, nos pensées, nos efforts et nos prières dans le but de devenir de plus en plus humbles afin que cet esprit d’humilité puisse se répandre dans l’Église entière, du plus humble au plus éminent de ses serviteurs ?
Une offrande de justice.
L’expression de notre texte « offrande de justice » peut être vue de deux façons différentes, toutes les deux étant valables.
1) Nous pouvons comprendre qu’il s’agit d’une offrande juste, convenable et acceptable.
2) Nous pouvons comprendre aussi qu’il s’agit d’une offrande dans l’intérêt de la droiture, de la justice, dont nous avons l’exemple dans les sacrifices pour les péchés d’Israël, le jour de Réconciliation, qui étaient des sacrifices justes afin d’obtenir le pardon des péchés.
Les deux pensées sont vraies : Nous avons présenté nos corps en sacrifice vivant et Dieu les a acceptés par Christ, à condition que nous nous conformions à l’image de son cher Fils, que nous acquérions un caractère semblable à celui de Christ sous son instruction, ses directives, sa bénédiction et son assistance. Si nous manquons d’atteindre ce but, si l’orgueil ou l’ambition ou toute autre chose empêche ou retarde notre développement à l’image du Seigneur, notre offrande ne sera pas acceptable et nous n’aurons pas de place dans la gloire pour laquelle nous avons été appelés. De même nous avons vu que l’Église complète ce qui manque aux souffrances de Christ, et que, comme corps de Christ guidé dans le sacrifice par la Tête, nous fûmes représentés dans les offrandes du Jour de Réconciliation par l’offrande pour les péchés du bouc de l’Eternel. L’offrande faite par notre Seigneur, offrande à laquelle nous avons part et par laquelle Il justifie le monde [Écrit en 1906. Selon les pensées de l’Auteur en 1916, la justification du monde s’opérera dans le Millénaire], apportera finalement la justice éternelle pour tous ceux qui viendront en accord avec Lui. Nous sommes encore dans le temps où il nous est permis d’espérer participer à ce sacrifice, « Si nous souffrons avec Lui, nous régnerons aussi avec Lui. » Nous souhaitons vivement être capables d’offrir un sacrifice acceptable, pour qu’ainsi nous puissions avoir une place dans le corps de Christ glorifié, et dans le grand travail de bénédictions de toutes les familles de la terre.
Ne devrions-nous pas conclure plus sérieusement qu’avant, que l’affaire en jeu est de la plus grande valeur ? Animés d’un zèle nouveau, ne permettrions-nous pas au Seigneur de purifier nos cœurs de toutes ses scories et d’y mettre son esprit doux et paisible ?
WT 1906 p 3864.