LA QUINTUPLE PORTION DE BENJAMIN

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‒ Genèse 43 ‒

« Celui qui aime son frère demeure dans la lumière » 1 Jean 2 : 10.

Quand la provision de froment provenant d’Égypte commença à s’épuiser, Jacob engagea ses fils à aller en chercher de nouveau, mais eux refusèrent positivement d’y aller, à moins que leur plus jeune frère Benjamin n’y aille avec eux. L’un des frères, Juda, convint d’être caution pour Benjamin ; Jacob consentit finalement, envoyant aussi Benjamin avec un présent de miel, d’aromates, etc., et de l’argent au double. Il leur dit : « Que le Dieu Tout-Puissant vous fasse trouver compassion devant l’homme (Joseph), afin qu’il renvoie votre autre frère Siméon et Benjamin ! Et moi, si je suis privé d’enfants, j’en serai privé.»

Ils furent de nouveau attendus par Joseph qui, cette fois, donna des instructions afin qu’un dîner soit servi pour eux en sa présence. Ils étaient dans la crainte, surtout à cause de l’argent qui avait été mis à l’entrée de leurs sacs lors de leur précédente visite. Ils conférèrent à la porte de la maison avec l’intendant de Joseph et obtinrent sa réponse ‒ une réponse bien différente de celle qu’ils recevraient aujourd’hui en Égypte ou partout ailleurs. Il leur dit : «Paix vous soit, ne craignez pas, c’est votre Dieu et le Dieu de votre père qui vous a donné un trésor dans vos sacs ; votre argent m’est parvenu. Et il fit sortir Siméon vers eux. Alors il leur fit donner de l’eau pour se laver et se rafraîchir et du fourrage pour leurs ânes et fit des préparatifs pour le repas de midi.»

Joseph entra vêtu comme un prince Égyptien. Ils se prosternèrent devant lui contre terre et lui offrirent les présents. Il s’informa tendrement de leur père et de Benjamin, leur plus jeune frère. Son émotion fut si profonde qu’il dut se retirer un certain temps pour verser des larmes de joie, puis se contenant, il retourna et le repas commença. Il leur fit donner des portions de sa table particulière, ayant auparavant ordonné qu’on les fasse asseoir selon leur âge et leurs droits de naissance. Les frères furent étonnés devant ces préparatifs, et le furent encore plus quand ils virent que la part donnée à leur plus jeune frère était quintuplée ‒ une marque de faveur spéciale.

L’histoire est très simple, très touchante et très magnifique à la fois, pour les enfants et pour les personnes d’esprit mûr. Le fait est si naturel qu’il apporte avec lui la certitude de la vérité, aussi sincèrement que pleinement en harmonie avec ce qui peut être attendu du livre de Dieu.

La leçon spirituelle enseignée

Les étudiants de la Bible, comprenant que Joseph fut un type du Messie, ont la conviction que Benjamin, le plus jeune frère de Joseph par sa mère, fut aussi un type. De même que les femmes d’Abraham furent des types des différentes alliances, il paraît aux étudiants de la Bible que Rachel, la mère de Joseph et de Benjamin, typifie une alliance spéciale ‒ l’alliance basée sur le sacrifice qui a été en action durant cet âge de l’Évangile et qui produisit deux classes de saints distinctement séparées. Ces deux classes de saints semblent être typifiées par Joseph et Benjamin.

La classe la plus élevée est représentée par Joseph ‒ le Messie ‒ cette classe comprend le peuple de Dieu spécialement fidèle durant cet âge de l’Évangile ‒ Jésus et tous ceux qui suivent ses traces. Cette classe qui est typifiée par Joseph arrivera au trône de l’empire, ses membres deviendront rois et sacrificateurs sur l’univers près du Créateur tout-puissant ; le Créateur est typifié par Pharaon qui fit sortir Joseph de la prison de la mort et l’éleva souverainement pour être à sa droite en puissance et en grande gloire.

Il avait évidemment échappé antérieurement à l’attention de beaucoup d’étudiants de la Bible, que deux classes de saints s’étaient développées pendant cet âge de l’Évangile ‒ une classe supérieure représentée par Joseph et une classe inférieure représentée par Benjamin. Le mot Benjamin signifie «fils de ma droite». Le nom Benoni Fils de ma douleur lui fut donné par sa mère qui mourut en lui donnant naissance.

Ici la leçon antitypique est, que cette alliance spéciale typifiée par Rachel, donne naissance à l’Église élue, le Messie, duquel Jésus est la tête ; elle donnera aussi naissance à une autre classe et ensuite cessera ‒ expirera ‒ ne produisant plus de naissance. Les membres de la seconde classe sont désignés scripturairement comme saints de la tribulation, parce qu’ils viendront de la grande tribulation pour la bénédiction qu’ils hériteront. En outre, cette classe est représentée comme étant beaucoup plus nombreuse que la classe plus honorée, typifiée par Joseph.

« Petit Troupeau » « Grande Multitude »

Afin de présenter cette vue clairement, nous devons mentionner le chapitre 7 de l’Apocalypse. Là, le tableau qui nous est donné indique qu’il y a 144 000 marqués au front ; ce sont les mêmes qui sont représentés ailleurs comme étant avec l’Agneau sur la montagne de Sion et chantant le cantique que personne ne pouvait apprendre, sinon eux (Apocalypse 14:1-3). Ils sont représentés encore comme étant avec l’Agneau, debout sur la mer de verre (Apocalypse 15:2, 3). Ainsi ce groupe, de différentes façons, semble représenter les élus, les quelques saints, le petit troupeau auquel c’est le bon plaisir du Père de donner le royaume millénaire, comme cohéritiers de leur Seigneur et Rédempteur.

En Apocalypse 7:4 nous lisons que ceux-ci sont des douze tribus d’Israël ‒ 12 000 de chaque tribu. Ces paroles sont comprises par les étudiants de la Bible, comme signifiant que Dieu a arrangé les choses à l’origine pour que le plein nombre des élus soit pris de l’Israël naturel, comme s’Il n’avait pas préconnu qu’il rejetterait le Seigneur et Le crucifierait. Le plan fut établi sur la base israélite, quoique Dieu sût d’avance qu’Israël n’obtiendrait pas ce qu’il cherchait (la principale bénédiction), mais que l’élection l’obtiendrait et que le reste de cette nation serait aveuglé temporairement jusqu’à ce que le rassemblement des élus ait été complété. – Romains 11:7, 25-33.

Quoique beaucoup d’Israélites fussent dispersés parmi les nations environnantes, il est évident, d’après les récits des Écritures, que toute la nation ‒ chaque tribu ‒ était représentée en Palestine après le retour de la captivité Babylonienne. En effet, Jésus dit que son œuvre était pour les douze tribus d’Israël et les Apôtres le dirent aussi. Comme résultat, les quelques saints parmi les Juifs qui entendirent l’appel, qui y répondirent, qui furent engendrés du Saint Esprit et qui, ainsi, devinrent les Israélites spirituels et Fils de Dieu ‒ étaient de toutes les différentes tribus, des unes plus, des autres moins ; ceux-ci constituèrent une bonne partie des 144 000 pré-ordonnés.

Il n’y eut pas assez de saints pour compléter l’élection. C’est pourquoi, par faveur divine, le message fut porté aux nations, Corneille en étant le premier converti. Pendant les siècles qui suivirent, ceux des nations qui répondirent à l’appel de Dieu furent acceptés, engendrés de l’Esprit saint et comptés comme de vrais Israélites, comme des membres spirituels de la postérité d’Abraham, comme des héritiers avec les Juifs élus pour la première résurrection selon la promesse de Dieu faite à Abraham ‒ Israël selon la chair étant toujours l’héritier des promesses secondaires de Dieu.

Le scellement des élus a donc été en voie d’accomplissement pendant presque dix-neuf siècles. Ensemble, provenant des Juifs et des nations, il y aura 144 000 rois et prêtres pour Dieu, disciples de l’Agneau et ses cohéritiers dans le Royaume. Le complément de ses affectations de 12 000 pour chacune des douze tribus peut se comprendre comme étant recruté de la même manière que les régiments de soldats anglais des Indes. Les engagements se font dans toute la Grande-Bretagne, mais l’enrôlé ‒ sans égard à la ville ou à la contrée de laquelle il provient ‒ a une place assignée dans le régiment où il y a des manquants.

« Après ces chose je vis … »

Après le récit du scellement des 144 000 élus dans le même chapitre, nous avons le récit de la grande multitude, nous lisons : «Et voici, une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, (différemment du petit troupeau, celle-ci ne fut pas prédestinée, ni pré ordonnée au point de vue du nombre) de toute nation et tribus et peuples et langues, se tenant devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de longues robes blanches et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient à haute voix, disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau.» (D).

Remarquons la promesse faite aux rois et aux prêtres : leur bonheur ne sera pas d’être devant le trône, mais sur le trône. D’ailleurs, leur victoire ne sera pas montrée par des palmes, mais par des couronnes de gloire. Toutes ces circonstances attestent que cette grande multitude devant le trône avec des palmes est entièrement différente des élus, l’Épouse qui partagera le trône et la gloire du Messie. Cette grande multitude est mentionnée symboliquement ailleurs comme les «vierges» (les compagnes de l’épouse) qui la suivent. Ces vierges entreront dans le palais avec elle, en la présence du grand Roi, mais elles ne seront pas l’Épouse. – Psaume 45:14, 15.

Dans l’Apocalypse le Seigneur explique ce qu’est cette grande foule et cette explication est pour nous. Nous lisons : «Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple ; et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux.»

Les étudiants de la Bible constatent que le petit troupeau est appelé «le temple de Dieu», «les pierres vivantes», tandis que la grande foule servira Dieu dans ce temple ‒ dans l’Église et par elle. Ils remarquent aussi que cette classe, dont les membres laveront et blanchiront leurs robes dans le sang de l’Agneau pendant un grand temps de détresse, doit nécessairement être une classe différente de celle de l’Épouse dont les membres sont décrits comme veillant et gardant leurs vêtements sans souillure du monde ‒ afin qu’ils puissent être sans tache ni ride en la présence du Roi.

Tribulations des deux classes.

Le petit troupeau, la sacrificature royale, l’Église élue, de laquelle Christ est la Tête, passe aussi par des tribulations. Il est écrit : « C’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume » (Actes 14 : 22). En effet, le Seigneur passa par beaucoup de tribulations, de honte, de souffrances et par la mort ; nous savons qu’il en est de même pour les fidèles disciples, les Apôtres et les autres.

Ceux-ci ne sont pas décrits dans la Bible comme la classe de la tribulation, parce qu’en vertu de leur plus grande foi, ils sont capables de se réjouir dans leurs tribulations et de les compter comme une joie, sachant qu’elles produisent pour eux « une mesure surabondante, un poids éternel de gloire ». Ils passent joyeusement par les tribulations, parce qu’ils considèrent les choses que l’on voit comme temporaires ; ils regardent avec les yeux de la foi aux choses invisibles, aux choses éternelles, que Dieu a en réserve pour ceux qui L’aiment.

Les saints de la tribulation sont dépeints différemment, c’est-à-dire comme manquant au point de vue du zèle, mais ne manquant pas quant à leur fidélité. Les saints de la tribulation n’avancent pas suffisamment, ne remplissent pas complètement leurs vœux de sacrifice et ne sont pas des héros dans le combat contre le monde, la chair et l’adversaire, comme le disent les Écritures : « Par la crainte de la mort étant toute leur vie retenus dans la servitude », servitude de la chair, les esclaves des coutumes de la société ‒ ayant la crainte des expériences du sacrifice, qu’ils avaient acceptées. – Hébreux 1:15.

Pour cette raison, ils ne peuvent pas être acceptés de l’Eternel comme des ressemblances de son Fils bien-aimé et comme dignes d’avoir part à l’honneur, la gloire et l’immortalité. Dieu a néanmoins beaucoup de compassion et les éprouve quant à leur fidélité. Il se propose d’accorder la vie éternelle à tous ceux qui se montreront fidèles, loyaux, lors même qu’ils ne parviendront pas à hériter le Royaume, bénédiction à laquelle ils avaient été invités. Comme il est écrit : «Vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel.» – Éphésiens 4:4.

Indubitablement, il y en eut quelques-uns parmi cette classe qui furent développés pendant tout l’âge de l’Évangile, mais les Écritures décrivent spécialement cette classe comme contemporaine de la tribulation qui vient sur le monde à la fin de cet âge. Prenons par exemple l’assertion qu’ils viendront de la grande tribulation, puis aussi celle de l’Apôtre que le jour manifestera ce qu’est l’œuvre de chacun. Il déclare que ceux qui ont construit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses soutiendront l’épreuve ; le feu de ce jour ne leur causera pas de tribulation, ne détruira pas la structure de leur foi. Ensuite il décrit ceux de la classe de la grande multitude, ceux qui ont construit avec de mauvais matériaux, avec du bois, du foin, du chaume ; il ajoute que le feu de ce jour détruira complètement de semblables constructions ; néanmoins, il dit que, bien qu’ils n’aient pas su bâtir sur le vrai fondement, ils seront sauvés comme au travers du feu, ‒ sauvés dans le temps de détresse étant élevés à la faveur divine par la grande tribulation ‒ ils participeront à une résurrection importante quoiqu’ils n’aient pas part à la première résurrection en nature divine, car de cette dernière nous lisons : «Heureux et saints ceux qui ont part à la première (principale) résurrection, la seconde mort n’a point de pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et de Christ et ils régneront avec lui pendant mille ans». – Apocalypse 20:6.

Les cinq portions de Benjamin

En dispensant ses bontés, Joseph donna abondamment à tous ses frères, mais à Benjamin, son propre frère de la même mère, il donna cinq portions. Il paraît aux étudiants de la Bible que, Joseph typifiant clairement le Messie, sa magnifique puissance et sa gloire, les bénédictions distribuées à ses frères représentent les faveurs que le Messie accordera à l’Israël naturel, ses frères selon la chair en plus de la bénédiction générale que son règne messianique donnera au monde entier représenté par les Égyptiens.

Selon cette description, Benjamin le fils de douleur, représenterait la grande foule du peuple du Seigneur qui viendra de la grande tribulation sur un plus haut plan, à une plus haute condition, à une plus haute bénédiction que le reste du monde. Engendrés du Saint Esprit comme ceux de l’Église, ces saints seront aussi des êtres spirituels, s’ils sont trouvés dignes de la vie. Leurs frères qui vendirent l’antitype Joseph seront néanmoins grandement bénis par Lui.

T.G. 9‒1913