La situation des enfants vis-à-vis de Dieu.

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Autrement vos enfants seraient impurs, mais maintenant ils sont saints’.

1 Cor. 7:14.

Voilà un des textes principaux sur lesquels est fondée la doctrine calviniste de l’élection, le texte chéri dont s’est servi la confession de Westminster pour appuyer son exposé différentiel entre les enfants des élus et ceux des non-élus.

Depuis peu d’années cependant nos amis presbytériens de l’école calviniste ont abandonné cette idée et sou­tiennent maintenant qu’il n’y a aucune différence devant Dieu entre les enfants des croyants qui meurent jeunes et tout autre enfant. L’ancienne idée que seuls les enfants des croyants seraient sauvés, entraînant la conséquence que tous les autres enfants iraient aux tourments éternels, à donc été abandonnée; cet acte est tout à l’honneur de nos frères presbytériens.

Mais rien n’y fait que nos amis presbytériens ont changé leur manière de voir, ce passage de l’Ecriture a et conservera la même signification qu’auparavant: il        ne nous montre pas plus les enfants des croyants allant au ciel, s’ils meurent jeunes, que les enfants des autres allant aux tourments éternels. Funestes effets de l’erreur!

Cette doctrine anti-biblique que le salaire du péché est la vie éternelle dans d’indescriptibles tourments a rendu incohérents bien des enseignements sublimes et magnifiques de Dieu; et la mauvaise interprétation attachée à ce texte et à beaucoup d’autres, pour les faire accorder avec la doctrine des tourments éternels, leur reste encore dans une large mesure même après que l’erreur a été répudiée, de sorte que nos amis calvinistes ne savent que faire aujourd’hui de ces paroles de l’apôtre — elles leur sont un sujet de con­fusion. Pour eux, elles semblent enseigner les tour­ments éternels; or la répudiation de l’idée de l’enfer laisse en leur esprit un doute sur la sagesse et l’in­spiration de l’apôtre qui écrivit ces mots.

Ainsi l’erreur mène à une erreur plus grande, à la confusion, aux ténèbres; au rejet de l’inspiration divine d’une partie des saintes Ecritures.

Examinons ce texte autant que possible libérés de toute idée préconçue; acceptons juste ce que l’apôtre écrivit, ni plus ni moins. Il s’agissait des mariages mixtes — non pas entre protestants et catholiques, parce que dans ce temps-là il n’y avait pas encore de protestants et de catholiques, mais entre croyants et incrédules. — Paul donne le sage avis aux vrais croyants que celui qui se marie fait bien; mais que celui qui ne se marie pas fait mieux, en vue de son alliance avec Dieu, du don entier de sa personne au service du Seigneur. Il déclare toutefois que la pra­tique du célibat n’est par pour tous et que ceux qui se marient ne pèchent point, ne renient pas pour cela leur vœu de consécration —— puisque « le mariage dois

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être honoré de tous” (Hébr. 13 4) — mais que les devoirs matrimoniaux apportent en quelque sorte une augmentation d’épreuves dans la vie chrétienne (sur­tout si l’un des deux contractants ne s’est pas donné entièrement à Dieu). L’apôtre Paul, tout en conseil­lant le célibat comme préférable, laisse donc à tous les enfants de Dieu entière liberté de se marier, ou de ne pas se marier, seulement que cela se fasse « dans le Seigneur”. — 1 Cor. 7 : 39.

Ce fut pour la consolation et l’instruction de cette classe de croyants ayant un partenaire incrédule que l’apôtre écrivit les paroles de notre texte. Il voulait dire que Dieu regarde les enfants comme appartenant au parent croyant et que par suite ils participeraient aux bénédictions de Dieu s’adressant aux croyants. L’apôtre admet que tous les chrétiens, acceptant l’idée d’une malédiction sur le monde, la regardent comme la sentence qui, tombant sur Adam et Eve, descendit sur toute leur postérité. La prédication de l’apôtre avait pour but de montrer que Christ est mort pour relever l’humanité de cette peine, de cet égarement, pour la faire enfin profiter de la faveur et de la com­munion divines perdues par le péché; afin que le voile de ténèbres et d’ignorance se soulève peu à peu au temps marqué par Dieu — qui est le Règne Millénaire de Christ — quand toutes les familles de la terre seront bénies.

Pendant l’âge de l’Evangile, Dieu donne sa faveur à une certaine classe, à un “ petit troupeau ” à ceux de la foi. Eux jouissent donc maintenant de la faveur divine, devançant ainsi l’humanité en général — avant l’heure du matin millénaire, pendant qu’il fait encore nuit, pendant que le péché règne avec ses consé­quences: les maux, les peines, les douleurs et les larmes. Cette bénédiction confère aux croyants en le sang précieux de Christ certains privilèges parti­culiers inconnus du monde. Ils peuvent considérer leurs péchés comme pardonnés; les erreurs, les faiblesses et les imperfections de leur chair, qu’ils ont et qu’ils font malgré eux, ne leur étant pas imputées. Ils peuvent avoir communion avec Dieu, le reconnaître comme leur Père et entendre sa voix dans les Ecritures leur parlant de paix par Jésus, qui les invite à progresser de grâce en grâce, de connaissance en connaissance, d’honneur en honneur, changeant et transformant le caractère des obéissants jusqu’à ce qu’ils atteignent toutes les conditions de l’appel céleste — la nature spirituelle divine et la cohérédité avec Christ dans son Règne millénaire.

Ceux donc qui sont dans cette condition savent que ci les deux parents sont croyants et en communion avec Dieu, les enfants, naturellement et justement, héritent de cette parenté, de même que lorsque Adam et Eve rompirent leur alliance avec Dieu, tous leurs enfants héritèrent de leur désunion. Mais la question que l’apôtre traite est celle-ci: Qu’arrive-t-il à ces familles dans lesquelles un des membres seule­ment, soit le père ou la mère, appartient au Seigneur par la foi qui justifie? Quelle sera la condition des enfants élevés dans ces familles? Seront-ils des enfants justifiés ou seront-ils du monde — non justifiés, étrangers, ennemis, inconnus de Dieu, de ses faveurs et de ses promesses?

La réponse de l’apôtre nous montre d’une manière concluante la pensée divine sur ce sujet, savoir — que là où un des parents est un enfant de Dieu et faisant son devoir, ses enfants sont regardés comme justifiés de tout péché, en parenté avec le Seigneur, privi­légiés jusqu’au Jour où ils atteignent une responsabilité morale personnelle. De ce fait, il leur est possible d’approcher avec leurs parents du trône de la grâce céleste, Dieu étant leur Père et eux-mêmes bénéficiant par leurs parents de la faveur divine. Au contraire, les enfants des incrédules sont, comme leurs parents, hors d’harmonie avec Dieu, étrangers, éloignés et ennemis — enfants d’Adam, sous la condamnation adamique. De tels enfants sont, selon le témoignage inspiré de l’apôtre: “ impurs ”, dans le même sens que tous les pécheurs sont impurs aux yeux de Dieu, indignes de paraître en sa présence, n’ont pas part aux grâces de cet âge de l’Evangile, lesquelles sont ex­clusivement réservées aux croyants et à leurs familles.

Les Ecritures enseignent cependant clairement que si Dieu ne reconnaît pas ceux qui sont hors de Christ et par suite sous la condamnation, cela n’implique aucune haine de sa part contre les pécheurs indivi­duellement; mais plutôt le maintien intégral de la loi générale de justice qui différentie le fidèle de l’infidèle, le justifié du non-justifié. Il serait également déraison­nable de croire que Dieu a la pensée de nuire à l’in­justifié; mais au contraire son attitude a pour but de faire comprendre au pécheur son état anormal, sans espérance dans le monde, et lui faire sentir le besoin d’un rapprochement avec Dieu en se faisant désirer de lui — le besoin de trouver Christ qui a été établi comme le chemin, la vérité et la vie et par qui seul on a accès à la faveur du Père. Les Ecritures nous assurent que Dieu n’a aucun sentiment hostile envers les incrédules, puisque quand nous étions encore pécheurs Christ est mort pour nous tous. En Jésus Dieu manifesta sa faveur envers le monde entier plongé dans le péché et la condamnation. Elles nous assurent aussi que le temps vient où tous ces incrédules recevront une grande bénédiction de la main de l’Eternel par le Christ glorifié (tête et corps) lors du Règne des 1000 ans; avec ses conditions spéciales et bénies qui prévaudront universellement. Alors la fausse interprétation de la Parole, la superstition, l’erreur et toutes les ténèbres seront dispersées et le plan de Dieu sera rendu aussi lumineux que le soleil de midi, afin que tous puissent voir, comprendre, ac­cepter et être bénis.

Toutefois il est absolument raisonnable et juste que l’Eternel circonscrive les bénédictions de cet âge de l’Evangile à la classe des croyants, parce qu’il cherche seulement ceux qui peuvent et veulent exercer la foi et obéir à ses exigences. Quiconque a la foi sans l’obéissance n’est pas accepté de Dieu et sentira bientôt sa foi s’évanouir, parce que “ la foi sans les œuvres est morte ”; et quiconque ne peut exercer la foi ne peut non plus faire partie de la classe que le Seigneur choisit maintenant dans le monde. Nous sommes d’avis que certains hommes, par la chute, l’hérédité, le milieu. etc. . sont tels qu’il leur est impossible

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d’arriver aux conditions imposées par le haut appel ou l’appel supérieur (Phil. 3: 14) de l’âge de l’Evangile. Ceux-là pourront bientôt marcher comme par la vue lorsque le matin millénaire luira en plein et que le soleil de justice sera levé entièrement; mais ils ne peuvent marcher dans le sentier étroit du temps pré­sent sans la foi et il s’ensuit qu’ils ne peuvent saisir et profiter des occasions et des privilèges offerts maintenant aux croyants.

Si tous les hommes pouvaient voir clairement com­bien le monde entier est impur aux yeux de Dieu depuis la chute d’Adam, ils comprendraient ce que les Ecritures veulent dire par cette déclaration répétée que nous avons tous besoin d’être lavés dans le sang de l’Agneau, lavés de nos péchés, nettoyés de nos fautes par les mérites de la mort expiatoire de Christ, l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. Plus tard, cette précieuse promesse aura son plein accom­plissement, mais pas encore présentement. Ce sang est destiné d’abord, pendant cet âge, à la purification des croyants seulement. — Petit à petit, les plans admirables de Dieu seront découverts à tous, comme ils l’ont été à la classe des croyants pendant le siècle chrétien.

Avantages des enfants des croyants.

En disant: « Autrement vos enfants seraient impurs; mais maintenant ils sont saints”, l’apôtre veut dire qu’ils sont lavés, justifiés par le sang de Christ à cause de leurs parents croyants. Les enfants sont dans la même attitude que leurs parents vis-à-vis du Seigneur. Ainsi de même pour Dieu les enfants des impurs sont impurs. En effet, Paul entend qu’il y a une différence entre les enfants des impurs et les enfants des justifiés. Quelle est cette différence? Nous répondons que les incroyants ne peuvent s’attendre à la comprendre et à l’apprécier, leur incroyance, leur manque de foi sur ce sujet comme sur d’autres les en empêchant; mais ceux qui croient à leur purification et apprécient leur filialité divine peuvent avoir cette confiance en Dieu, que leurs enfants aussi, pendant la période de l’enfance sont autant sous la protection et les soins divins qu’eux-mêmes. De même si le père ou la mère se réjouissent de ce que toutes choses concourent à leur bien, ils peuvent aussi se réjouir de ce que cette pro­messe est applicable à leurs enfants dans les affaires terrestres. Quand ils bénissent Dieu de ce que selon sa promesse, il ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de nos forces, mais nous donnera aussi l’issue désirée, ils peuvent aussi appliquer cela dans une mesure raisonnable à leurs enfants et savoir que la protection tutélaire leur sera accordée. Lorsque le parent croyant reconnaît que: “ Les maux du juste sont en grand nombre, mais que l’Eternel le délivre de tous” (Ps. 34: 19) et que ces maux mêmes sont souvent des moyens employés ou permis du Seigneur pour lui donner des leçons et des épreuves, de même dans l’intérêt de ses enfants, il estime que Dieu dans sa sagesse et son amour peut permettre que des maux et des difficultés s’abattent sur eux; mais avec les yeux de la foi il entrevoit la victoire, la bénédiction cachée.

Combien parmi le peuple du Seigneur parvenus par leurs parents à cette condition de justifiée et de puri­fiés, appelée “ sainte ” dans notre texte, peuvent en regardant en arrière voir la main secourable du Seigneur étendue sur eux, dès leur plus tendre en­fance et se souvenir que beaucoup des affaires et des intérêts de cette vie furent réglés à leur avantage. Nous ne voulons pas dire par là qu’ils naquirent, comme on dit, avec des cuillères d’argent dans la bouche, ni qu’ils eurent plus de luxe terrestre qu’un cœur n’en peut souhaiter; mais qu’au contraire la carrière convenable, modérée et moyenne dans laquelle le Seigneur les plaça et vers laquelle il dirigea leurs intérêts et leurs affaires, fut probablement pour eux le moyen le plus avantageux à ses yeux. Ils voient combien les épreuves et les difficultés de la vie furent sagement réglées et si habilement accommodées à leur situation qu’ils passèrent comme à cheval par-dessus les épreuves, lesquelles autrement eussent pu les en­traîner à la ruine ou au découragement, ou être encore le moyen de les fourvoyer dans des voies éloignées de l’Esprit saint, de justice, de joie et de paix.

La faveur de Notre Seigneur, mentionnée dans notre texte, s’applique spécialement à la vie présente. Les enfants qui meurent jeunes sans arriver à l’âge de raison et de responsabilité ne peuvent être comptés parmi les vainqueurs du monde, de la chair ou de l’adversaire. Ils sont morts avant d’avoir atteint l’âge de la responsabilité personnelle, soit bonne, soit mau­vaise; il s’ensuit qu’ils ne pourraient avoir part ni quote-part dans la grande récompense offerte par le Seigneur à l’Eglise et en raison de laquelle les épreuves présentes lui sont envoyées pour l’éprouver et déve­lopper sa volonté; et pour que par ces épreuves et ces tribulations elle soit rendue digne de recevoir “ en mesure surabondante, le poids éternel de gloire ” . —2 Cor. 4:17.

Ces épreuves et ces difficultés font défaut aux en­fants qui meurent jeunes, ils n’ont pas été par consé­quent à l’école de Christ et ne peuvent atteindre le prix, la récompense réservée spécialement à ceux qui combattent le bon combat et “ achèvent leur course ” et à qui, sages intendants de leurs talents et de leur fortune, il sera concédé une ample participation dans les choses glorieuses du règne millénaire en cohérédité avec leur Seigneur. Donc, les enfants des croyants et les enfants des incrédules, au matin de la résur­rection seront tous très favorisés du Seigneur par les bénédictions générales qui rempliront la terre en ce temps-là. Le seul avantage croyons-nous que pos­séderont les enfants des croyants consistera en ce qu’il y aura moins de germes de mal dans leur caractère, moins de stigmates du péché; ils auront moins à com­battre et à vaincre lorsque, avec le reste de l’humanité, ils chemineront sur le grand chemin de la sainteté. Nous pouvons supposer qu’étant nés sous de plus heureux auspices, ayant eu une parenté meilleure, ceux-ci seront mieux préparés en vue des conditions millénaires et feront de plus rapides progrès vers la perfection humaine que les enfants impurs des in­croyants.

Ainsi l’Eternel, non seulement en ce qui concerne

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le temps présent, mais aussi relativement à l’avenir, montre-t-il sa miséricorde aux milliers de ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements, et nous voyons qu’il a permis que la souillure du péché passât de génération en génération jusqu’à la troisième, la quatrième et plus; de ceux qui l’ont haï et ont né­gligé ses appels. C’est pourquoi, si finalement toute l’humanité doit avoir l’occasion de connaître le bon­heur, le Seigneur a placé une promesse particulière, une récompense spéciale devant ceux qui au temps présent deviennent son peuple, et il étend cette béné­diction sur leur postérité jusqu’au moment où leurs membres auront atteint l’âge de raison et feront un choix personnel.

Cette période varie pour chaque individu. Quelques-uns semblent avoir l’esprit de discernement de bonne heure, de 12 à 15 ans. D’autres se développent plus lentement et n’atteignent l’âge de responsabilité que très tard dans la vie; d’autres encore semblent telle­ment dépourvus de jugement que l’on peut se demander s’ils ont jamais dans cette vie une responsabilité per­sonnelle, et nous croyons cette dernière catégorie très nombreuse. La condamnation d’Adam est toujours sur eux, ils sont encore impurs. Mais lorsque le Grand Prêtre, Jésus, sera venu dans sa seconde parousie pour donner au monde les bénédictions acquises par sa mort expiatoire, cela ne veut pas dire qu’ils iront au ciel, ou que leur intelligence inférieure les justifiera, non; mais leurs yeux s’ouvriront et cette assistance leur facilitera le relèvement moral, mental et physique dont ils ont besoin.

L’action morale libre.

Quant aux enfants des parents croyants les grâces du Seigneur n’agiront pas sur eux contre leur volonté, mais seulement comme des faveurs providentielles et une direction convenable de cette volonté. Quand l’enfant a atteint l’âge de raison, il ne peut plus se réclamer de la foi de ses parents ni de leur obéissance. Sa conscience, sa raison, aussi bien que l’instruction que lui ont donnée ses parents et ses maîtres, doivent éclairer son jeune esprit. Il doit considérer dans l’avenir sa responsabilité comme engagée et saisir l’occasion d’une complète consécration au Seigneur afin de marcher dans ses voies en communauté de relations avec tous ceux qui suivent le même chemin étroit de foi et d’obéissance. C’est ainsi que l’enfant du croyant passe de sa condition d’embryon ou de chrysalide physique et morale à une nouveauté de vie guidé par les promesses et les espérances exposées dans la Parole pour le peuple de Dieu.

Il est vrai que tous les enfants des consacrés ne prennent pas la voie convenable. Beaucoup, hélas, attirés par les séductions du monde, de la chair et de l’adversaire prennent plaisir dans ces voies et laissent s’esquiver ou perdent leur justification. Quel­ques-uns de ceux-ci, peuvent n’y jamais revenir et être tellement pris au piège de Satan qu’ils perdent toute foi et toute espérance et rendent vaine la pré­cieuse instruction qu’ils avaient reçue dans l’enfance. Un tel résultat doit être bien décourageant pour les parents et semble être contraire à la loi exposée dans la parole de Dieu: « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas”. Loin de nous la pensée de rendre les parents responsables de la mauvaise conduite de leurs enfants. Nous laissons au Seigneur le soin de montrer peu à peu clairement à qui incombe la faute de tels résultats et pourquoi les bonnes promesses de sa Parole n’ont pas été réalisées. Toutefois, nous serions disposés à craindre que dans ce cas, de fausses doctrines ou de mauvaises interprétations de la Parole divine aient empêché ces croyants de mener une vie pieuse et d’enseigner la vérité à leurs enfants, ce qui eût pu les empêcher de prendre une mauvaise direction.

Sans doute, il y a des croyants de nom et de vrais croyants; d’aucuns ayant peu de foi, d’autres qui en ont beaucoup. Il ne nous appartient pas de juger notre prochain; mais c’est à nous, en tant que croyants, à appliquer à notre propre cœur les précieuses pro­messes et les consolations des Ecritures Saintes. C’est pourquoi nous disons aux croyants sincères qui ont les œuvres en même temps que la foi: Ne soyez pas découragés; votre travail sera récompensé. La peine que vous prenez à la direction de vos enfants, vos prières en leur faveur, vos efforts continuels, jour après jour, pour les nourrir, les élever et les discipliner selon les conseils du Seigneur; vos bonnes paroles et votre bonne conduite — vos efforts avant leur naissance et leur engendrement même pour favoriser en eux, par des influences ataviques et prénatales, vos bonnes dis­positions, votre pureté de mœurs et surtout les fruits et les grâces de l’Esprit saint — tout cela n’aura pas été fait en vain. Si même pendant un temps, ils s’égarent, ayez fermement confiance en Dieu; conti­nuez ardemment à prier et nous croyons que le résul­tat justifiera et votre foi et votre persévérance.

Beaucoup de gens nous ont confié à diverses époques que le souvenir de la foi et de la piété de leurs parents leur était souvent venu à l’esprit avec celui de leurs prières, et les avait fréquemment influencés pour le bien plus qu’aucune autre chose et avait eu pour résultat final leur retour complet au Seigneur et à leur consécration à la vérité. Souvenez-vous que le Seigneur les considère comme des personnes morale­ment libres. Il respecte toujours la liberté de la volonté. Il ne peut pas changer ce trait de son ac­tion générale en votre faveur ni en faveur d’aucun autre: et il accorde souvent aux enfants des croyants un soin providentiel et les fait passer par des dis­ciplines et expériences, de telle sorte que leurs yeux s’ouvrent pour discerner clairement entre le bien et le mal, entre la justice et l’injustice » entre la sagesse et la folie, entre Dieu et Mammon. Ayant fait ce que vous pouviez, laissez faire le reste à Dieu. Ayez cette confiance qu’il fera tout ce qui est juste selon ses propres vues, pour ceux que vous lui avez confiés.

Wesley loué, mais partiellement.

C’est avec raison que le frère Wesley [précurseur des méthodistes ou wesleyens en anglais, 1703—1791] prend une bonne place dans l’estime de tous les vrais chrétiens et le mouvement à la tête duquel il se mit (représenté aujourd’hui par la puissante dénomination méthodiste, dont les membres actuellement se comptent par millions en Amérique) avait des côtés excellents;

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mais un de ses principaux enseignements a été fécond en troubles et en erreurs pour beaucoup des meilleurs méthodistes. Rien d’étrange en cela; au contraire, ce qui nous étonnerait c’est que le méthodisme eût saisi entièrement et clairement tous les traits de la vérité divine.

Toute dénomination importante représente ou devrait représenter quelque mouvement réformateur. Le cal­vinisme marqua la révolte des esprits sanctifiés contre le relâchement d’idées sur la souveraineté de Dieu, sa sagesse, son pouvoir, pour accomplir sa volonté et ses promesses. Dans son zèle, il outrepassa son but, mais prise en bloc sa tendance donna de la force, du caractère et de la vigueur à la pensée chrétienne concernant l’omniscience et l’omnipotence du Tout-Puissant et le calvinisme en ceci n’a pas encore perdu ce qu’il a de bon, malgré ses exagérations au sujet de la trinité et de la prédestination appelée à juste titre aujourd’hui la sombre doctrine de la prédestina­tion calviniste). Le méthodisme fut de même une révolte contre certains relâchements et certaines per­versions de la vérité, au 18ème siècle. Wesley s’aperçut que le formalisme avait pris la place du christianisme vivant dans la grande masse de l’Eglise professante de son époque. Il remarqua que la plupart priaient Dieu des lèvres, tandis que leur cœur était bien loin de lui; que beaucoup de gens se considéraient chrétiens qui n’avaient ni part, ni lot en Christ — ce qui d’ail­leurs est encore le caractéristique d’aujourd’hui. Tous ceux qui n’étaient ni juifs, ni incrédules étaient con­sidérés comme chrétiens. Wesley s’aperçut que la consécration personnelle était tombée à un niveau bien bas et qu’être seulement membre d’une Eglise, être reconnu comme ayant été baptisé dès l’enfance, c’était une duperie pour les foules qui en conséquence en acquéraient un sentiment de sécurité, leur religion consistant en une fréquentation plus ou moins régulière du service religieux et guère plus.

Ce fut contre cet état de choses et dans le but d’éveiller les esprits sur ce sujet afin d’établir une différence entre le consacré sincère et le professant purement nominal, que le mouvement dit Wesley fut entrepris.

Il fut vraiment admirable; mais il commit la faute d’ignorer le fait que parmi les chrétiens de nom, il y en avait quelques-uns de sincères et que les enfants de ces vrais chrétiens, comme le montre notre texte, sont justifiés aux yeux de Dieu. Certainement, ceux-ci relativement au tout, sont peu nombreux et ne mé­ritaient pas tous les efforts ni même la grande part des efforts de Wesley; mais on n’aurait pas dû les ignorer totalement.

Les circonstances au milieu desquelles naquit le mouvement de Wesley firent prendre à ses forces la tangente. Il enseigna bien que sans exception tout être humain est par la chute un enfant de rébellion, sent le fardeau du péché sur son cœur et la colère divine sur lui. Il prêcha bien la repentance, la con­version et incita les siens à faire l’expérience de la plus profonde révolution qui soit dans leur vie, dans leur cœur et dans tous leurs sentiments. Mais Wesley travaillait sous l’impression que tous ceux qui ne sont pas sauvés allaient de pleins pieds aux tourments éternels et que cette vie est pour ainsi dire la seule occasion de salut pour tous; ils ne pouvaient distinguer clairement (et ses descendants pas davantage) entre l’élection de l’épouse de l’Agneau pendant cet âge et le salut de tout le monde pendant l’âge prochain.

A part l’horrible doctrine des tourments éternels qui déshonore Dieu, nous pouvons approuver ce que frère Wesley enseigna par rapport à l’égarement des pécheurs et par rapport au Créateur et aux traits de son plan de salut. Nous insistons avec frère Wesley sur le seul moyen par lequel le monde peut approcher Dieu: la foi et la repentance, la réformation de la vie et une consécration entière de tout à lui et à son service. Jusqu’à ce que ce pas soit fait, nul ne peut être considéré comme chrétien et en aucune façon en union avec le Seigneur, uniquement parce que le pays ou il réside est soi-disant chrétien. Sur ce point l’enseignement scripturaire est précis: par la foi et l’obéissance seulement, nous pouvons être unis au Fils, et c’est uniquement par le Fils que nous avons parenté avec le Père.

Le dilemme d’un frère méthodiste.

Dans la situation où Wesley s’était placé, il négligea et ignora la classe de gens représentée dans notre texte — les enfants des croyants qui n’étaient pas nés “ impurs ”, ni enfants de colère, mais de par leurs parents consacrés, nés dans un état de purification ou d’union avec Dieu. Il y en a de cette classe dans les églises méthodistes comme en dehors d’elles, et pour ceux-ci, certaines, d’entre les doctrines wesley­ennes qu’ils professent, sont devenues de véritables pièges qui leur causent de grands tourments d’esprit au point, parfois, de leur faire perdre entièrement la foi religieuse. Il en est ainsi de chaque doctrine erronée, tant soit peu. Elle paraît avoir sur le moment une utilité évidente, mais aussitôt dévoilée le poison peut avoir des conséquences redoutables.

Il n’y a pas longtemps, en chemin de fer, un frère méthodiste quitta le siège qu’il occupait et vint s’as­seoir auprès de frère Ch. T. Russell (l’auteur de l’Au­rore du Millénium et le directeur du Phare), quoique inconnu de lui, pour lui faire part d’une difficulté à laquelle il avait beaucoup réfléchi depuis le commence­ment de son expérience chrétienne, mais dont il avait craint de s’entretenir avec d’autres. Voici ce qu’il lui dit: Pendant des années j’ai été membre de l’église méthodiste et j’ai pris une part active à ses cérémo­nies; cependant je n’ai jamais ressenti ce que notre église enseigne être l’expérimentation nécessaire à quiconque est un chrétien. Je n’ai jamais éprouvé ce que nos frères appellent une conversion. Je n’ai jamais en ce sentiment de profonde culpabilité, lorsque j’ai fait ma consécration au Seigneur dans l’église méthodiste, et n’ai jamais connu les choses remarquables que beaucoup de nos frères nous racontent et dont nos livres religieuses nous disent être les véritables marques d’un changement de cœur et d’une réelle conversion, comme de notre acceptation par Dieu. N’ayant pas eu ces expériences extatiques racontées par d’autres, je combats depuis des années contre trois doutes:

  1. Des autres se trompent-ils en ce qu’ils décrivent?
  2. Suis-je le seul à ne pas être béni et accepté de Dieu?
  3. Tout ceci n’est-il pas une illusion et les expériences chrétiennes ne sont-elles pas bâties sur l’imagination et selon de différentes dispositions d’esprit?

Selon l’enseignement général de notre église, je ne suis pas chrétien du tout parce que je n’ai pas eu ces manifestations extatiques qu’elle reconnaît comme accompagnant une vraie conversion. Maintenant, frère Russell, quelle est ma situation exacte, telle que vous la comprenez? et selon les Ecritures?

Le frère Russell posa d’abord à ce frère les ques­tions suivantes: Croyez-vous au Seigneur Jésus comme à votre Rédempteur personnel? Acceptez-vous comme prix de votre rançon le sacrifice de notre Seigneur accompli au Calvaire? Vous êtes-vous repenti de vos péchés et autant que possible avez-vous réparé vos torts? Cherchez vous maintenant à vivre dans la droiture, la piété, la sobriété? Les réponses furent affirmatives.

Puis R. lui dis: « Alors, cher frère, vous pouvez être certain que d’après les Ecritures, vous êtes justifié aux yeux de Dieu et vous n’êtes plus un étranger, un ennemi, un égaré, ni un enfant de rébellion comme les autres. Maintenant permettez-moi de vous de­mander: Vos parents étaient-ils croyants au Seigneur comme leur Rédempteur et pensez-vous que l’un ou l’autre ou tous deux fussent consacrés au Seigneur à l’époque de votre naissance?

Il lui répondit que, autant qu’il pouvait en juger, ils étaient tous deux consacrés au Seigneur.

R. continua: Alors, mon ami, je vois que vos ex­périences doivent être tout à fait différentes de celles des autres qui ne sont pas nés de cette façon. J’ap­pelle votre attention sur 1 Cor. 7: 14; en voici l’ex­plication. . . Plus vous y penserez plus vous apprécierez l’impossibilité où vous vous trouviez d’avoir les mêmes manifestations que d’autres ont eues. Conversion signifie faire volte-face, se retourner, prendre une voie opposée à celle qu’on suivait; mais dès l’enfance, nourri de la nourriture et des préceptes du Seigneur, par des parents pieux, votre course fut incontestable­ment dirigée dans le sens de la justice et du respect envers Dieu.

Pour vous, donc, être converti aurait signifié tout l’opposé de cela, vous tourner vers le péché et l’in­justice, vous éloigner de Dieu. Vous verrez ainsi, cher ami, que la conversion n’était pas ce que vous deviez en attendre. Au contraire, l’homme ou la femme dont la vie a été toute de rébellion contre Dieu sans se soucier de lui; sans connaissance ou respect de ses obligations envers lui et les principes de son gouvernement; pour un tel cœur qui en vient à reconnaître le Seigneur, la foi et l’acceptation veulent dire conversion, changement, retour. Au lieu de re­chercher le péché et l’injustice, il lui faut maintenant rechercher le Seigneur et sa voie. Pour cette per­sonne, ce changement est une réformation de sa vie. Mais vous, qui dès l’enfance avez poursuivi ce but louable, avec plus ou moins de désir et d’ardeur, vous ne pouvez pas vous attendre à faire l’expérience d’une réforme mentale ou morale pas plus que vous ne pouviez vous attendre à une réforme physique.

La doctrine wesleyenne défectueuse.

La doctrine wesleyenne est tout simplement défec­tueuse, cher frère, sur ce point. Elle n’a pas seulement troublé votre âme et empêché que vous et d’autres at­teignissent la paix de Dieu qui surpasse toute compré­hension. Ce qu’on attrait du vous dire est ceci : Né de parents consacrés, justifié de Dieu, vous êtes maintenant arrivé, par leur soins en sympathie avec lui et ses lois, désireux d’éviter le péché et comprenant que Christ est votre Rédempteur. Maintenant il vous faut faire un nouveau pas dans la vie chrétienne. Il est nécessaire de bien comprendre qu’ayant été racheté par un grand prix, vous n’avez pas le droit de vous regarder comme vous appartenant à vous-même; mais tout talent, toute influence que vous possédez appartiennent et doivent être employés au service de Celui qui vous a acquis par son précieux sang.

De plus, vos expériences jusqu’à ce jour, vous dé­montrent [impossibilité de satisfaire à la fois vous-même. le monde et le Seigneur, tout en même temps, et vous devriez être prêt pour le second pas important qui est proposé aux croyants savoir: une entière consécration de tout votre être au Seigneur. On aurait dû, cher frère, vous exposer cela depuis longtemps. Vous avez été affamé pendant des années et votre vie chrétienne a été proportionnellement arrêtée dans sa marche en avant à cause du faux poteau indicateur planté sur votre route spirituelle. Vous devriez de suite écouter les paroles de l’apôtre adressées non à des pêcheurs, à des égarés, à des ennemis, mais à des frères: “ Je vous exhorte, frères, par les miséricordes de Dieu, à offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre culte raisonnable. » — Rom. 12:1.

Ceux qui sous l’appel de l’Evangile ont pris la marche que l’apôtre tracé ici, passent de l’état de petit enfant en Christ: de “ ceux de la foi ” en général, dans celui de membres “ du corps de Christ ” de la “ sacrificature royale ”, de ceux qui se donnent en sacrifices vivants sur l’autel du Seigneur et, étant sanctifiés, sont agréés par le sang précieux de Christ. Ceux qui n’entrent jamais dans cette voie d’entière consécration au Seigneur ne peuvent devenir membres de la sacrificature royale, ne sont pas “ membres du corps de Christ, ” “l’Eglise élue ”, et ne deviendront pas par suite héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, leur Seigneur, parce qu’ils ne souffrent pas avec lui pour être glorifiés avec lui. —Rom. 8:17.

Beaucoup de gens sont dans le même état d’esprit que ce frère méthodiste parce que, égarés par une er­reur, ils avaient omis de saisir, d’apprécier la grâce de Dieu qui les avait déjà bénis et favorisés en les plaçant sur un plan de parenté différent de celui du monde en général. Nous vivons dans un temps de scepticisme général, en chaire comme sur les bancs, dans le mauvais jour ou les paroles de Paul, par ex » sont traitées à la légère par ceux qui, contrairement et logiquement, devraient les estimer avant tout, comme une partie de toute l’Ecriture inspirée.

Nous ne pouvons remédier à cela en ce qui con­cerne la multitude de la chrétienté: mais nous pouvons

139 Mai 1908

aujourd’hui répéter ce que le Seigneur disait il y a plus de 18 siècles: “ Que celui qui a des oreilles pour écouter, qu’il écoute! ” — Et si quelqu’un entend et qu’il veut obéir, qu’il obéisse!

C’est à ceux-là qui ont l’oreille de la foi et l’obéis­sance du coeur que les bénédictions et les grâces de l’Eternel sont spécialement offertes pendant cet âge de l’Evangile. Par la fidélité envers lui nous pouvons devenir ses joyaux, et finalement, au terme de cet âge, au second avènement de Christ être rassemblés auprès de lui-même, comme “ son trésor particulier ” au jour que Dieu a préparé depuis longtemps. — Mal. 3 : 17.

A lors commencera le grand travail de cette église choisie, dévouée, polie et préparée, savoir. Christ et ceux qui le suivirent dans le chemin étroit. Ils seront les missionnaires et les représentants de Dieu pour toute l’humanité pendant l’âge du Millénium, lorsque le monde entier sera capable d’entendre le mes­sage de la faveur et de l’amour divins et de comprendre la nécessité de la loi divine; lorsque ceux qui sont obéis­sants et bien disposés seront aidés pas à pas du côté de la perfection complète d’esprit et de corps, jusqu’à ce que la terre entière soit définitivement remplie de la connaissance de la gloire de Dieu comme le fond des mers par les eaux qui le couvrent.