La succession apostolique n’est pas conforme à l’Ecriture.

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Marc 3 : 7—19; Matth. 5 : 13—16.

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit.» — Jean 15: 16.

Notre texte montre avec quels soins les douze apôtres furent choisis. Nombreux furent les disciples du Rédemp­teur, hommes et femmes, mais douze seulement furent délégués spécialement comme ses porte—parole et ses représentants parmi les hommes. Quelques-unes des choses qui furent dites d’eux et pour eux peuvent également s’ap­pliquer à chacun des disciples de Christ, tandis que d’au­tres choses dites aux douze s’adressent exclusivement à eux et ne peuvent concerner aucun autre de leur temps, ni depuis lors; par exemple, le Sauveur dit aux douze et pas à d’autres: «tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel.» — ~Matth. 16: 19; 18: 18.

Ces paroles montrent clairement que les douze apôtres étaient assurés qu’ils seraient guidés d’une façon particu­lière par la providence divine, dans tous leurs efforts; qu’ils n’émettraient rien comme étant la volonté divine que Dieu n’approuverait pas. En conséquence, nous re­connaissons en ces douze hommes, douze hommes inspirés d’en haut, guidés plus spécialement que les autres frères; tous les disciples de Jésus sont tenus de se conformer à leurs paroles et déclarations inspirées.

Nous n’oublions pas cependant que Judas fut à l’origine l’un des douze et qu’ayant été trouvé traître «il s’en alla en son lieu» (Actes 1 : 25). Nous nous souvenons aussi qu’il fut spécifié par le prophète David, par qui fut donné le message divin, «qu’un autre prenne sa charge» (Ps. 109 :8;Actes i : 20). Ce que nous proclamons est donc: qu’il fut annoncé prophétiquement que Judas aurait un successeur, de même, la prophétie nous enseigne que la nomination de ce successeur fut une exception et non une règle; qu’à part ce seul cas, les apôtres n’auraient pas de successeurs.

Aucune allusion n’est faite, d’ailleurs, dans le Nouveau Testament, qu’au fur et à mesure que, l’un après l’autre, les douze apôtres moururent, d’autres hommes furent re­connus comme leurs successeurs. Au contraire les Ecritures parlent souvent des «douze apôtres de l’Agneau.» En outre, de même que la dispensation juive commence à la mort de Jacob, par la reconnaissance de ses douze fils, ainsi la dispensation chrétienne commence à la mort de Jésus, par la reconnaissance de ses douze apôtres; de même qu’une des tribus d’Israël fut rejetée et n’est plus mentionnée dans l’énumération de l’Apocalypse, mais est remplacée par la tribu de Manassé, ainsi parmi les apôtres de Jésus, judas est tombé dans l’oubli et un successeur à été désigné.

St. Paul fut le successeur de Judas.

Dans le passé, nous avons peut-être lu trop négligem­ment de quelle manière les onze apôtres restés fidèles ou­trepassèrent les limites de leur autorité dans le choix de Matthias comme remplaçant de Judas. C’est fort bien de leur part d’avoir examiné avec soin les prophéties, d’avoir remarqué la déclaration divine concernant l’infidélité de Judas, et aussi celle qui dit: qu’un autre prendrait sa charge dans l’église, mais ils auraient dû se rappeler qu’eux-mêmes n’étaient pas encore qualifiés comme apôtres; et que l’apostolat ou pouvoir spécial qu’ils avaient exercé pendant le ministère Jésus, leur venait de lui et non du Père céleste, que Jésus les avait choisis comme ses représentants; ils auraient dû se remémorer les paroles que le Maître leur avait dites de ne rien faire jusqu a ce qu’ils aient reçu la bénédiction d’en haut: « mais vous, restez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut. » — Luc 24: 49; Actes 1 : 4.

Nous ne doutons pas des bonnes intentions de leur cœur, mais ce fut néanmoins un peu téméraire de leur part de choisir deux noms et de décider que l’un ou l’autre serait le successeur de Judas, attendu qu’ils n’avaient aucune au­torité pour agir ainsi. Quant à celui sur lequel le sort tomba (Actes 1 : 26), Matthias, nous n’entendons plus rien dire de lui dans la suite, au contraire, au temps conve­nable, Dieu lui-même manifesta Saül de Tarse, un vrai Israélite, un pharisien, fils de pharisiens, qui, malgré sa conduite perverse, était tout à fait consciencieux et pensait rendre service à Dieu en persécutant l’Eglise.

St. Paul lui-même nous dit qu’il n’était pas le moindre des apôtres, et qu’il eut plus de visions et de révélations

220 Juillet 1912

qu’aucun d’eux. Il se reporte au temps où Christ lui apparut sur le chemin de Damas et où Christ dit à Ananias: «Va, car cet homme est un instrument que je me suis choisi pour porter mon nom devant les païens, les rois et les enfants d’Israël » (St. — Actes 9 : 15). St. Paul nous dit encore qu’il eut des preuves que Dieu l’avait choisi pour un service spécial dès le sein de sa mère (Gal. 1 :15). Il est indubitable que les douze furent choisis comme lui, de même que Jean-Baptiste le fut aussi pour son œuvre.

«Une couronne de douze étoiles »

 — Apoc. 12:1.

Le choix des douze apôtres est souvent mentionné par notre Seigneur Jésus, quand il dit: « n’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze » (Jean 6 : 70); et encore «vous serez de même assis sur douze trônes » (Matth. 19 : 28). Dans le livre symbolique de l’Apocalypse, le Sei­gneur parle de l’Eglise comme d’une femme revêtue de la lumière du soleil, ayant la lune, symbole de l’alliance de la loi juive, sous ses pieds, et sur sa tête, une cou­ronne de douze étoiles, représentant les douze apôtres de Agneau.

Plus loin dans le même livre, l’église en gloire, au delà du voile, est dépeinte comme l’épouse, la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21 : 2 et 10), ayant douze fondements, tous de pierres précieuses et sur eux les noms des douze apôtres de l’Agneau (Apoc. 21 : 14). Nous croyons qu’il est impossible d’indiquer de meilleures preuves à l’appui de notre explication de ce sujet.

L’établissement de successeurs aux apôtres fut une des premières erreurs qui prit racine après leur mort. Cha­que évêque fut reconnu comme un de leurs successeurs et par conséquent possédant l’autorité apostolique. Il ne fallut pas longtemps pour que les paroles des douze apô­tres de l’Agneau fussent négligées; les évêques furent re­connus comme parlant par la même autorité divine —en paroles modernisées; plus tard, dans les grands conciles de l’église, ces évêques proclamés successeurs des apôtres, décidèrent ce qui devait et ce qui ne devait pas être permis par l’église, ce qui était et ce qui n’était pas or­thodoxe.

On peut facilement remarquer que cette exaltation de faux apôtres (Apoc. 2 : 2), contraire au divin programme, ouvrit une écluse d’erreurs tout bien intentionnés qu’avaient pu être ceux qui s’y étaient intéressés. C’est étonnant qu’il ait encore tant de gens qui tiennent aux credo ainsi formulés par ces pseudo-apôtres.

Le point essentiel pour le moment est de reconnaître ces faits, d’abandonner tous ces credo et de retourner aux paroles de Jésus, des apôtres et des prophètes. De cette leçon seulement, nous pouvons espérer reconquérir la po­sition perdue; de cette façon seulement, nous pouvons nous dégager des multiples erreurs représentées dans les six cents divisions de l’église nominale et leurs six cents variations du message évangélique original; de cette façon seulement, nous pouvons retourner à un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Père, un seul Sauveur, et une seule église des premiers-nés dont les noms sont écrits dans les cieux. — Eph. 4 : 5; Héb. 12 : 23.

Bons présages de Rome.

Il est surprenant de trouver que le chef de l’église de Rome est le premier à revenir de cette erreur. Cela doit être une cause de réjouissance pour nous. Le pape s’aper­cevant que le public n’a plus la confiance révérencielle dans les évêques, comme hommes inspirés et successeurs des apôtres, réalise le besoin d’une certaine mesure de vérité divine publiquement reconnue. Indubitablement, c’est ce qui conduisit le « saint père » à adresser une lettre circu­laire à tous les cardinaux et évêques les invitant à pousser le public catholique à étudier les Saintes Ecritures — les paroles de Jésus et des apôtres et leurs explications de la loi et des prophètes.

Combien les protestants sont en retard en ce moment! combien de grands et de savants parmi eux inclinent au­jourd’hui à se moquer de l’inspiration divine des Ecritures tout entières! Hélas! Les protestants ont appris par la haute critique que Jésus et les apôtres se trompèrent quand ils firent des citations de l’Ancien Testament et les attri­buèrent à Moïse, Esaïe, etc., car la haute critique est plus sage (?) que Jésus et les apôtres.           (Th. L.)