Le jubilé a aussi été enseigné par les Prophètes
Nous avons examiné notre sujet seulement du point de vue de la Loi ; mais la Loi et les Prophètes sont d’accord. Nous trouvons une autre forte ligne de témoignage en plein accord avec ce qui précède. Nous l’avons décrite ici sur la carte ; beaucoup d’entre vous ont sans doute remarqué que les tracés présentés ici sont identiques à ceux donnés dans le second volume des « Etudes des Ecritures », intitulé « Le Temps est proche ».
Il peut paraître remarquable à chacun de nous, – et cela est sans doute voulu de l’Eternel -, que la confirmation de cette prophétie, comme nous allons le voir, soit restée cachée dans sa simplicité jusqu’à ce que l’accomplissement du type du jubilé ait révélé sa signification. Les soixante-dix années, auxquelles on fait habituellement allusion, sont les soixante-dix années de désolation du pays. A vrai dire, certains d’entre le peuple d’Israël furent emmenés en captivité dix-huit ans avant la désolation du pays et certains autres, d’entre les dix tribus, longtemps avant cela. L’Eternel ne se référait pas à la captivité en citant le nombre soixante-dix, mais à la période durant laquelle le pays devait être désolé et privé de ses habitants. A ce sujet, le prophète Jérémie fit la prédiction suivante : « Tout ce pays deviendra une ruine, une désolation, et ces nations seront asservies au roi de Babylone pendant soixante-dix ans ». (25 : 11). « J’enverrai parmi eux l’épée, la famine et la peste, jusqu’à ce qu’ils aient disparu du pays que j’avais donné à eux et à leurs pères ». (24 : 10).
En 2 Chroniques 36 : 17-21 l’accomplissement de cette prophétie est mentionné et la raison pour laquelle cette période devait être de soixante-dix ans et le pays d’Israël devait être complètement désolé est donnée de cette manière : « Alors l’Eternel fit monter contre eux le roi des Chaldéens… Nébucadnetsar emmena captifs à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée ; et ils lui furent assujettis, à lui et à ses fils, jusqu’à la domination du royaume de Perse, afin que s’accomplît la parole de l’Eternel prononcée par la bouche de Jérémie ; jusqu’à ce que le pays eût joui de ses sabbats, il se reposa tout le temps qu’il fut dévasté, jusqu’à l’accomplissement de soixante et dix ans ».
Les jubilés n’ont pas été bien observés
Cela nous montre que Dieu n’a pas été satisfait de la façon dont les jubilés typiques ont été observés. De toute évidence les classes riches et prospères n’étaient pas disposées à céder les avantages qu’ils avaient remportés sur leurs frères moins fortunés quand les années du jubilé arrivaient. C’est pourquoi, trouvant à redire à ces célébrations incorrectement observées, l’Eternel y mit fin complètement et donna à la terre le nombre total de ses sabbats pendant que ses habitants se trouvaient sur une terre étrangère. On verra clairement l’importance de ce point. Il nous montre quel serait le nombre total des cycles du jubilé, c’est-à-dire soixante-dix. Dix-neuf sur les soixante-dix furent observés, mais incorrectement.
Regardez de nouveau la carte et notez la délinéation ; voyez comment cela s’accorde tout à fait avec la déclaration faite sur le même sujet du point de vue de la Loi, comme nous l’avons déjà examiné. La différence entre les deux méthodes de calcul réside dans le fait que la Loi expose le sujet comme il aurait dû avoir lieu, à savoir que les cycles de quarante-neuf ans suivis par des jubilés auraient dû se suivre sans discontinuer, alors que les prophéties montrent le sujet comme il eut lieu, à savoir dix-neuf cycles avec leurs jubilés incorrectement observés et cinquante et un cycles qui se suivent, mais sans années de jubilé. Le résultat est le même – les deux méthodes montrant que l’année 1875 marqua la période exacte à laquelle le grand Jubilé devait commencer.
Certains pourraient être inclinés à dire : Quels grands événements se produisirent en 1875 ou se sont produits depuis cette date pour que nous croyions que le temps du grand jubilé est venu ? Nous répondons : ceux qui pensent que l’oeuvre de rétablissement s’accomplira en un instant doivent nécessairement être déçus, jusqu’à ce qu’ils apprennent à mieux connaître les procédés divins qui sont progressifs – il y a d’abord l’herbe, ensuite l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi, comme l’a dit notre Seigneur. C’est lorsque nous comprenons les procédés graduels de l’Eternel que nous trouvons exactement ce à quoi nous devons raisonnablement nous attendre. Nous attendons les « temps de rétablissement » ; et quelle serait justement la première preuve ou la première indication que de tels temps sont arrivés ?
Supposez que des lois prévoyant l’érection d’un nouvel hôtel de ville à Allegheny aient été votées ; supposez que la date fixée pour le commencement de sa construction ait été le 1er janvier. Quelqu’un de sensé s’attendrait-il à voir le nouvel immeuble s’élever le 1er janvier ? Non ! A quoi s’attendrait-il ? Il s’attendrait normalement à trouver, après s’en être assuré, que la démolition de l’ancien édifice est en cours. Il pourrait voir peu de chose ou ne rien voir du tout à l’extérieur, mais en pénétrant à l’intérieur il trouverait que les portes et les agencements inamovibles sont enlevés et que l’oeuvre de démolition progresse.
Ce à quoi nous devrions nous attendre
Nous devrions nous attendre à voir exactement ce que nous voyons, à savoir une détérioration graduelle des affaires de ce monde – agitation politique, agitation sociale, agitation religieuse – et aussi un esprit révolutionnaire, un esprit de mécontentement, de méchanceté, de haine et de dispute. Cela ne veut pas dire que nous approuvons de telles choses. A Dieu ne plaise ! Nous enseignons tout à fait le contraire ; nous montrons les choses simplement du point de vue prophétique. Selon les prophéties, le grand Royaume de Dieu sera établi sur les ruines des empires actuels et les enfants de ce monde les feront chavirer eux-mêmes en allant à de fols extrêmes.
Selon notre compréhension, l’Eternel permettra que « la colère de l’homme tourne à sa louange » (Ps. 76 : 11), occasionne l’abaissement de l’orgueil du monde et prépare ainsi l’humanité aux bénédictions du Jubilé qu’Il aura fait progresser dans l’intervalle. Cette préparation se fera au moyen du soc de charrue de l’affliction et de la détresse ; ce soc devra être enfoncé profondément dans les coeurs des riches comme des pauvres pour en extirper l’égoïsme. Après l’effondrement du vieil édifice, l’érection du nouveau commencera et s’alignera sur les principes de l’amour, de la justice et de la droiture accessibles à l’esprit humain. Emmanuel prendra le droit pour règle et la justice pour niveau, et Il bénira toutes les familles de la terre.
La leçon de l’Eternel, le message du Seigneur que nous transmettons à Son peuple est seulement pour « celui qui a des oreilles pour entendre ». Que celui-là entende ! Tous ceux qui ont des oreilles pour entendre peuvent se réjouir de cette glorieuse perspective qui s’ouvre non seulement à eux-mêmes, mais aussi à tout le genre humain. Ceux-là peuvent avoir la patience d’attendre que l’oeuvre du Seigneur soit accomplie. Ceux-là ne seront disposés en aucune manière à faire le mal, mais ils attendront patiemment que le Roi des rois et Seigneur des seigneurs établisse Sa justice et confère Ses bénédictions. Ceux-là peuvent élever leurs coeurs au-dessus des soucis, des tumultes et des inquiétudes de « ce présent monde mauvais » et concentrer leurs affections sur les choses plus hautes que Dieu a promises à ceux qui L’aiment – qui L’aiment plus que leurs pères, mères, enfants, maisons, terres ou qu’eux-mêmes.
Soyons de cette classe de personnes, chers amis, et alors à mesure que nous verrons l’harmonie magnifique et les beautés du Plan divin, nos coeurs se reposeront de plus en plus sur l’Eternel et nous serons sanctifiés par la Vérité, ainsi qu’il est écrit : « Et quiconque a cette espérance en Lui, se purifie lui-même, comme Lui aussi est pur ». – 1 Jean 3 : 3.
Sermon du Pasteur RUSSELL.
(PITTSBURGH GAZETTE du lundi 4 janvier 1904).