LE JUGEMENT DES NATIONS

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Matthieu 25 : 31‑46 (Darby)

«… En tant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, vous ne me l’avez pas fait non plus à moi (V. 45.) »

Après plusieurs paraboles destinées à faire comprendre à Ses disciples les expériences par lesquelles devait passer l’Eglise, la classe du Royaume, au cours de son développement et de sa préparation aux honneurs de ce Royaume, il était logique, de la part de Jésus, de leur présenter, dans la parabole qui fait l’objet de notre étude, une exposition de l’oeuvre du Royaume après son établissement, afin d’en montrer le but et les effets sur l’ensemble de l’humanité.

Beaucoup de gens, dans le passé, ont lu la Bible avec trop peu de soins. On avait l’esprit paresseux pour les choses spirituelles. La parabole du jugement, par exemple, que nous allons étudier maintenant, était autrefois appliquée à l’Eglise. On n’avait pas remarqué qu’il n’y est pas dit un mot concernant l’Eglise, et qu’elle s’applique en entier au monde, aux nations, aux païens. Pendant des siècles, les Juifs avaient pris l’habitude de se considérer comme la nation de Dieu, comme le peuple de Dieu. En dehors d’eux, tous étaient à leurs yeux des païens, ce qu’ils appelaient les Gentils, les nations; et Dieu, quand Il traitait ce sujet dans les prophéties, se plaçait à ce même point de vue. Aussi, quand l’Israël spirituel eut été admis dans la faveur divine comme sacrificature royale, comme nation sainte, comme peuple particulier, était-il assez naturel qu’en pensant au reste de l’humanité et pour le désigner, on se servît des mots «nations» ou «Gentils».

C’est ce même langage que notre Seigneur emploie dans cette parabole pour dire ce qui va arriver après que Son Royaume aura été établi, après la sélection de la véritable Eglise appelée à devenir l’Epouse, la femme de l’Agneau, la cohéritière dans Son royaume, sur Son trône. Remarquons que c’est clairement déclaré par le Maître, lorsqu’Il dit: « Quand le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa, gloire. » Qui, après un examen convenable, dira que c’est là un événement du passé ?

Qui contestera qu’il s’agit ici d’une description du Royaume du Messie consécutif à Sa parousie et à Son épiphanie lors de Son second avènement ?

Application de cette parabole.

Après cela vient une description de l’oeuvre de l’Age millénaire. « Toutes les nations seront assemblées devant lui », c’est‑à‑dire tous les peuples de la terre en dehors de celui qui est la nation sainte de l’Eternel, Son peuple particulier, l’Eglise. Tous, sauf l’Eglise, seront devant Son grand trône blanc, trône de justice, de miséricorde et d’amour ; ce sera le temps de leur jugement.

Il y a six mille ans, Adam et toute sa descendance furent jugés en Eden et la sentence prononcée fut la mort. Pas un, dans toute la race, n’est digne de la vie éternelle. Ils sont tous pécheurs. Au temps marqué, Dieu envoya Son Fils afin que ce dernier mourût pour le péché d’Adam, car, puisque la mort (pour la race tout entière) est venue par l’homme, c’est par l’homme aussi (Jésus) que viendra la résurrection des morts (pour la race tout entière) ; car comme dans l’Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus vivants, mais chacun dans son propre rang (1 Cor 15: 21‑23).

Les premiers en rang à être rendus vivants en Christ, ce sont les membres de l’Eglise qui ont été appelés hors du monde, séparés, « engendrés de nouveau» (non de la chair, mais du saint Esprit. Ceux‑là subissent leur jugement, passent leur épreuve pour la vie éternelle ou la mort éternelle dans le temps présent. Par suite, ceux qui auront été trouvés dignes, ceux qui se seront formés un caractère que Dieu puisse agréer seront tout prêts à être de la classe de ceux qui formeront l’Epouse du Messie, à être cohéritiers avec Lui dans Son Royaume et dans Son oeuvre de jugement du monde. Il a promis que tous les fidèles seraient assis avec Lui sur Son trône ‑ le trône même qui nous est présenté dans notre texte , le trône devant lequel toutes les nations, tous les peuples en dehors de l’Eglise seront rassemblés.

Le rassemblement du monde sera la conséquence de la connaissance. La période de troubles aboutira à une période de grande lumière où tous les yeux aveuglés s’ouvriront, où les oreilles des sourds entendront et où la connaissance de la gloire de Dieu remplira la terre entière. Il y en aura qui, résistant à cette connaissance, refuseront d’accepter Christ et ne se soumettront pas au jugement ; mais ceux‑là, après cent ans de résistance, seront détruits.

Les humains présentés dans la parabole sont ceux qui auront accepté les conditions de Christ et qui désireront être en jugement, c’est‑à‑dire subir l’épreuve en vue de la vie éternelle. Y seront admis tous ceux qui sont dans les sépulcres et qui, le Maître nous le dit, en sortiront, non pas tous à la fois, mais suivant un certain ordre. Le Royaume du Messie exercera son pouvoir et propagera la connaissance de Dieu et de la justice, dans le but d’encourager, d’aider et de relever tous ceux qui seront de bonne volonté et qui obéiront. Tous ceux-là auront la faculté de remonter progressivement de l’état de péché et de mort, de sortir de leur déchéance d’esprit et de corps et de cesser de se mal conduire, si bien qu’ils pourront redevenir à l’image de Dieu, comme l’était le père de la race, Adam, au commencement.

Pour atteindre ce résultat, il ne faudra pas moins de l’Age millénaire tout entier. La droiture alors régnera comme le péché règne maintenant. C’est elle qui sera le principe directeur dans l’ascension, et quiconque alors péchera en souffrira immédiatement. Aussi toutes les nations s’efforceront‑elles d’éviter le péché. Alors, le monde en général sera une grande place « où on ne fera pas de tort et on ne détruira pas » ; où aucun habitant ne pourra dire : J’ai éprouvé du mal ; où la malédiction sera graduellement « roulée de dessus » le monde ; où on n’entendra plus ni bruit de pleurs, ni cris de douleurs; où la mort ne sera plus et où il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine ; où la bénédiction de Dieu qui apporte la perfection finira par prévaloir. Oh! l’heureux jour ! s’exclamera-t‑on ; et certes, il le sera, car pour tous ceux qui vivront durant ces mille ans il y aura une grande bénédiction.

Commet opérera la loi de rétribution,

Et les péchés du monde, demandera‑t‑on, qu’en sera‑t‑il ? N’y aura‑t‑il pas de sanctions, pas de punitions à cause d’eux ? A cette question nous répondons qu’il sera tout aussi juste pour Dieu de pardonner les péchés du monde, à cause de Christ, qu’il a été juste pour Lui de pardonner les péchés de l’Eglise à cause de Christ. Si l’un est juste, l’autre le sera aussi, car Dieu ne fait point acception de personnes et Il sera tout aussi disposé à pardonner les péchés du monde qu’Il l’est à pardonner les péchés de l’Eglise, quand le monde repentant se détournera du péché pour accepter Christ comme son Rédempteur.

Cela ne veut pas dire, cependant, que la justice sera ignorée. Dans le cas de l’Eglise, remarquons comme les péchés de jeunesse laissent souvent leur cicatrice et leur piqûre jusqu’à la fin de la vie. On peut raisonnablement admettre que le monde restera, de la même manière, en butte à certains coups, à certaines sanctions. C’est de cet état de faiblesse et de fragilité que le monde, petit à petit, sera relevé à l’état de perfection durant les mille années de bénédiction du Royaume de Christ; Satan sera lié et ne pourra plus tromper personne durant cette période.

Et les dispositions du coeur ne joueront‑elles pas un rôle ? Si le fait de se conformer à la Loi divine extérieurement doit valoir des bénédictions à tous, ne subsistera‑t‑il pas pourtant une différence entre les individus, entre ceux qui voudront de tout coeur marcher en accord avec le Père, et d’autres qui ne le feront qu’au dehors parce que cette harmonie extérieure sera le moyen d’aboutir au rétablissement, à la perfection ?

Il n’est pas douteux que ce raisonnement soit juste, et c’est précisément ce qu’enseigne la parabole à l’étude. Extérieurement, les « brebis » et les « chèvres » auront plus ou moins la même attitude et la même manière de se comporter, sauf aux yeux du Juge, du Roi, qui lira dans les coeurs et qui finalement manifestera à tous qu’il existait une différence profonde entre les deux classes, dont tous les membres auront été à l’épreuve pendant mille ans et auront reçu les bénédictions du Royaume.

La base du jugement.

Pendant toute cette période, chacun travaillera individuellement à se former un caractère. Ce caractère sera apprécié à sa juste valeur par le Grand Juge qui classera chacun comme « chèvre » ou comme « brebis ». Toute la classe des brebis sera ainsi reçue à la droite de Jéhovah ; et tous ceux qui seront classés comme chèvres le seront parce qu’ils seront indignes de Sa faveur, encore qu’ils aient joui pendant tout ce temps des bénédictions du Royaume millénaire et aient été extérieurement soumis à Ses lois.

Ce n’est qu’au terme du Millénium que le Juge fera connaître Sa décision. Ce sera, quand on entendra prononcer celle‑ci, une grande surprise des deux côtés. Aux «brebis » qui seront à Sa droite Il dira : « Venez, les bénis de mon Père (vous, qui êtes de ceux qu’il a plu à mon Père de bénir et à qui il Lui plaît d’accorder la vie éternelle) hériter du royaume qui vous est préparé dès la fondation du monde.» Lorsque Dieu posa les fondements de la terre et détermina qu’elle serait habitée par les hommes, c’était Son dessein de vous la donner. A présent, le temps est venu pour vous d’entrer dans ce royaume et de le posséder.

Ce Royaume dont il est fait mention ici n’est pas le Royaume messianique. Au contraire, il s’agit du Royaume que Dieu avait donné à Adam, que celui‑ci avait perdu par sa désobéissance et que Christ racheta par son sacrifice. Il ne sera donné qu’à ceux qui se seront formé un caractère à la ressemblance de Dieu, à ceux qui seront devenus les « brebis » du Seigneur durant le Millénium.

Puis ce sera l’autre classe, celle des chèvres de la parabole, qui entendra sa sentence : « Allez‑vous en loin de moi, maudits » (condamnés), allez au châtiment éternel. Vous avez participé à tous les privilèges, à toutes les bénédictions et à toutes les expériences de mille ans de contact avec la droiture, la Vérité et l’Esprit de Dieu; vous avez, il est vrai, montré extérieurement de la soumission, mais au fond de votre coeur, vous ne vous êtes pas réconciliés avec Dieu. Je ne puis vous reconnaître comme mes brebis. Je ne puis pas vous présenter au Père comme irréprochables. Il faut que vous soyez détruits : votre châtiment est la seconde mort, « la destruction éternelle». La peine qui vous est infligée est éternelle en ce sens qu’il n’existe plus de provision pour permettre de vous racheter et, par conséquent, pour vous f aire ressusciter de la seconde mort. Vous serez comme si vous n’aviez jamais existé. Vous vous êtes montrés absolument incapables d’apprécier la bonté de Dieu et de vous faire un caractère à Son image. La vie éternelle est pour ceux‑là seulement qui sont à la ressemblance de Dieu et qui ont l’Esprit de Dieu. Le Père cherche des adorateurs qui l’adorent « en esprit et en vérité».

Les deux classes : «brebis» et «chèvres», furent surprises en entendant le Roi, le Juge énoncer le principe qui servait de base à Son jugement. Aux « brebis» Il dit : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger et vous m’avez recueilli, j’étais nu et vous m’avez vêtu; j’étais infirme et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus auprès de moi. » A la classe des « chèvres», Il dit : « J’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu; infirme et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »

Tant les « brebis » que les «chèvres » protestèrent qu’elles n’avaient pas connaissance de s’être trouvées en pareille circonstance : Quand t’avons-nous servi ? Quand avons-nous manqué de te servir ? La réponse fut : En tant que vous l’avez fait ou que vous ne l’avez pas fait à un des plus petits de ceux‑ci, mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ou que vous ne l’avez pas fait.

Traits caractéristiques de la classe des brebis.

Voyons maintenant quels sont ceux au sujet desquels la classe des brebis et la classe des chèvres vont passer à l’épreuve. Y aurait‑il des gens malades, affamés et en prison durant le Millénium? Est‑ce là ce que le Seigneur veut nous faire comprendre ? Nous avions toujours pensé, au contraire, que la maladie, la pauvreté, la faim et les prisons auraient alors disparu à jamais. Que signifie tout cela ?

Le sens est clair. A mesure que s’établira le Royaume millénaire, tous ceux qui s’accorderont avec ce royaume auront le grand privilège de faire quelque chose pour aider les autres. Actuellement, le monde est aveugle et affamé faute de nourriture spirituelle et faute d’avoir les yeux oints du colly­re de la Vérité. Tandis que les bénédictions du Millénium pleuvront sur ceux qui se soumettront aux conditions du Seigneur, d’autres auront besoin d’être aidés. Ceux qui seront animés de l’Esprit de Dieu, de l’Esprit d’amour, se feront un bonheur de porter le message céleste de réconciliation à toute l’humanité, d’oindre du collyre les yeux des aveu­gles, de rendre l’ouïe aux sourds, d’aider ceux qui souffriront du péché à rentrer en harmonie avec Dieu, à connaître les bénédictions du Royaume du Messie, à suivre le chemin par lequel ils pourront y parvenir et à couvrir leur nudité des vêtements du mérite de Christ.

Tous ceux qui prendront plaisir à cette oeuvre manifesteront par là qu’ils possèdent l’Esprit de Dieu et qu’ils sont Ses collaborateurs. Tous ceux-là seront les brebis. Par contre, ceux qui se montreront insouciants en ce qui concerne leur voeu et qui se contenteront de jouir égoïstement des bénédictions millénaires seront de la classe des chèvres et, en agissant ainsi, ils se classeront eux mêmes comme telles. Ils seront, par voie de conséquence, exclus de la faveur du grand Roi des rois, leur Juge, le Seigneur de Gloire.

La Résurrection du Monde.

Quant à la prison dont il est question dans la parabole, c’est, indubitablement, la grande prison de la mort dans laquelle sont déjà enfermés approximativement vingt milliards d’êtres humains. Ceux‑ci doivent tous en sortir. Cependant les Ecritures déclarent qu’ils n’en sortiront pas tous à la fois, mais «chacun en son propre rang ». L’Eglise seule bénéficiera de la Première Résurrection.

Durant le Millénium, ceux qui seront réveillés du sommeil de la mort, c’est‑à‑dire qui sortiront de «prison», en reviendront, bien entendu, par la puissance divine, mais, croyons‑nous, en réponse à la prière. Dans chaque intérieur, au fur et à mesure qu’il y aura possibilité de préparer le retour d’un membre de la famille, puis d’un autre, on se fera une joie de le faire et on priera pour obtenir leur retour. Ainsi, la race humaine sortira de «prison» dans l’ordre inverse de celui où elle y était entrée, et les nouveaux libérés seront recon­nus, identifiés et accueillis par leurs parents et amis.

Bien que la bénédiction du Seigneur sera libéralement dispensée en faveur de tous, il n’est pas présomptueux de penser que la faculté d’en disposer sera laissée aux soins de ceux qui ont connu les disparus. Ce seront les « brebis » qui manifesteront le plus d’intérêt à prier pour ceux qui seront encore dans la grande « prison » de la mort, et à préparer leur retour. En consacrant leur temps et leur énergie à cette oeuvre, ces « brebis » montreront que leur volonté et le but qu’elles poursuivent sont en harmonie avec ceux du Créateur : c’est la volonté de Dieu que tous ceux qui sont dans leurs sépulcres en sortent au commandement du Seigneur Jésus (Jean 5 : 28, 29), et ceux qui seront en communion de pensée avec Dieu et avec Christ, ceux‑là seront des collaborateurs de Dieu dans l’oeuvre pour laquelle Christ mourut. Ceux que cette oeuvre n’intéressera pas seront des gens auxquels l’Esprit de Dieu fera défaut; et c’est précisément ce qui est reproché à la classe des chèvres.

Celui qui est assis sur le trône, après avoir racheté l’humanité entière et avoir fait ressusciter tous ces rachetés, les considère en quelque sorte comme le représentant Lui‑même, ainsi qu’Il le dit dans la parabole : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’étais malade et en prison et vous m’avez visité » ; vous avez contribué à mon entretien, et vous m’êtes venus en aide.

De même en ce qui concerne le reproche fait à la classe des chèvres : Vous n’étiez pas intéressés aux choses de Dieu, leur dit‑Il; vous n’y avez attaché qu’un intérêt personnel, égoïste. Vous avez joui des bénédictions glorieuses de ces mille ans, et c’est tout ce que Dieu a pourvu pour vous. Vous n’êtes pas de ceux à qui Il lui plaît d’accorder la vie éternelle. C’est pourquoi vous mourrez. Vous êtes plus ou moins remplis de l’esprit d’égoïsme qui est l’esprit de Satan ; et votre portion c’est la destruction, la seconde mort que Dieu a réservée pour tous ceux qui ne seront pas trouvés en communion d’esprit avec Lui.

Quant au feu éternel, c’est le feu de la jalousie et de l’indignation de Dieu qui consume et détruit tout ce qui est en opposition avec Sa droiture (Soph. 1 : 18 ; 3 : 8). Ces deux mots‑là ne sont, bien entendu qu’une expression figurée, désignant la destruction complète.

W. T. 5530 ‑ C.T.R. 1914

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