Le Purgatoire qui existe et le Purgatoire qui n’existe pas.

Listen to this article

Livrer un tel homme à Satan, pour la ruine de la chair afin que l’esprit soit sauve dans le jour du Seigneur Jésus.’

— 1 Cor. 5 : 5.

Luther, Zwingli, Calvin et d’autres parmi les premiers réformateurs abandonnèrent les doctrines du catholicisme romain parce qu’ils les crurent erronées. Ils pensèrent avec raison avoir trouvé une lumière plus vraie et plus sûre dans la parole de Dieu. Mais hélas! si d’une part ils rejetèrent quelques-unes des erreurs papistes, d’autre part, notamment en ce qui concerne le purgatoire, ils méconnurent une vérité au moins partielle. Nous n’ai­merions pas donner à nos lecteurs l’impression que nous avons quelque sympathie pour la façon dont les catho­liques romains interprètent le purgatoire — savoir que tous les catholiques romains croyants (à l’exception d’une petite poignée de saints) sont sauvés d’une éternité de tortures en allant dans un lieu inférieur pour y souffrir des tortures physiques pendant des années ou des siècles et y subir un châtiment plus ou moins sévère, proportionnel à l’énormité de leurs péchés ou a l’empressement de leurs amis à leur payer des messes au moyen des­quelles ils pourraient être libérés plus tôt et avoir accès au ciel.

Ce fut probablement parce que les réformateurs con­çurent une juste indignation contre ce qu’on appelait messe pour les morts, contraire au seul sacrifice de ran­çon pour les péchés qui est le sang précieux de Christ, qu’ils rejetèrent si radicalement la doctrine du purgatoire et adoptèrent en son lieu et place la théorie entièrement insoutenable qu’un “petit troupeau” seulement atteindrait le ciel, tandis que la grande masse de l’humanité s’en irait aux tourments éternels.

Ceux qui sont purs seuls entrent au ciel.

Notre sens commun corrobore la parole de Jésus: “Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ”; et les paroles de l’apôtre aux saints: “Nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est ” (Matth. 5 : 8: 1 Jean 3 : 2). Mais l’acceptation de ces pa­roles, à la foi scripturaires et raisonnables, laisse les protestants dans un pénible dilemme. Ils savent que très peu sont entièrement “purs de cœur”, que très peu “ne marchent pas selon la chair, mais selon l’esprit ” et que parmi ceux-ci, ils ne pourraient compter beau­coup de leurs bien-aimés dans leur parenté terrestre, ni beaucoup parmi leurs amis dans l’Eglise nominale. Il leur est impossible de penser à ceux-ci comme devant aller dans une éternité de tortures sans fin et sans es­poir quand ils comprennent que beaucoup d’entre eux n’ont jamais eu les yeux de leur intelligence réellement ouverts pour voir, pour connaître, pour apprécier le

161 Aout 1908

Seigneur et le message de sa grâce; et que beaucoup d’autres parmi les milliers de millions de l’humanité, n’ont jamais rien entendu de Dieu, du Seigneur Jésus ou du message biblique dans le plus vague et le plus faible sens du mot.

Mais ils ne leur est pas plus possible de croire que dans leur ignorance partielle ou ils sont de Dieu, ceux-ci puissent aller aux tourments éternels qu’ils ne les sa­chent prêts à jouir de la présence de Dieu et de l’inti­mité des saints anges dans une éternité de bonheur. Que serait le ciel, si à ses armées angéliques et à une poignée de saints étaient mélangés 20,000,000,000 de descendants d’Adam ayant vécu dans un état absolu de ténèbres et d’ignorance ou n’ayant voulu se sanctifier? Quelle espèce de lieu serait le ciel composé d’éléments aussi hétérogènes? Quelle somme d’enseignement et de travail serait nécessaire pour amener ces êtres sauvages, brutaux, non régénérés en accord complet avec la loi et le caractère divins? Cela suggérerait l’idée d’un vrai pandémonium dans le ciel, pire que ce que nous avons connu sur la terre, où au moins la scène change gra­duellement et où le pire comme le meilleur se succèdent sur le théâtre tandis qu’au ciel, si l’opinion courante sur ce sujet était vraie, le nombre des païens et de ceux qui en général sont dans l’obscurité s’accroît chaque jour de 90,000 morts.

Tout esprit un tantinet logique doit en conclure, ou qu’il y a une grande erreur dans cette théorie, ou bien que le ciel n’est pas un lieu aussi désirable à habiter que nous l’avions espéré.

Nous avons déjà fait connaître nos divergences de vues avec celles des catholiques romains sur le purgatoire. Pourrions-nous croire un moment que le Tout-Puissant ait confié l’avenir de toute l’humanité aux papes, aux évêques, aux prêtres et à la générosité d’amis payant des messes! Nous ne voulons pas spécialement décrier les princes ecclésiastiques car nous croyons qu’il y en a eu et qu’il y en a de bons humainement parlant. Mais nous sommes adversaires déclarés de cette pensée qu’un homme quelque bon ou bien intentionné qu’il soit puisse prendre a charge la destinée éternelle de ses semblables.

L’œuvre de juger les créatures dignes du ciel, — ou de juger quand l’œuvre de purification nécessaire sera achevée, n’appartient qu’à l’omnipotent et Tout-Puissant Jéhovah et les considérations d’argent ne peuvent rien avoir à faire avec les décisions des arbitres du tribunal divin. Ainsi parle la raison; et l’esprit entier de la parole de Dieu soutient cet argument, comme nous le montrerons.

La Bible enseigne deux purgatoires.

Il peut paraître étrange à quelques protestants que la Bible enseigne distinctement deux purgatoires différents, — un pour l’église, l’autre pour le monde. Le jugement du monde et son purgatoire se trouvent au delà du second retour de Christ. En attendant, comme les Ecri­tures le montrent clairement, les gens en général lors­qu’ils meurent vont dans le shéol, le hadès, c. à d. dans le sépulcre, la tombe, l’état de mort, où ils demeurent entièrement inconscients, jusqu’à leur réveil qui sur­viendra pendant l’âge du Millénium. Alors ils sortiront de la tombe pour faire leur purgatoire disciplinaire sur la terre, son but étant de produire en eux une réfor­mation afin qu’ils puissent tous arriver à la connais­sance de l’Eternel et à une libération pleine et entière du péché et de la mort. Examinons cependant spéciale­ment le purgatoire disciplinaire, actuel de l’Eglise que l’Ecriture nous dit être son jugement.

Qu’on nous comprenne bien: L’Eglise ne consiste pas, ne se compose pas de tous ceux se rattachant à une secte chrétienne quelconque, ni même de tous ceux qui reconnaissent Jésus pour Fils de Dieu. La vraie église, selon la Bible, est composée de ceux qui ont renoncé au péché et accepté le sacrifice de Jésus comme prix de leur rançon et qui, revêtus de la robe de justice de ce parfait Sauveur, ont approché le Père par lui, et lui ont offert leur corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu — leur culte raisonnable. Rom. 12: 1.

Ceux qui composent cette classe, acceptée de Dieu par Christ, sont engendrés de l’Esprit saint et comptés comme créatures nouvelles. Ils sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau avec l’assurance que leurs noms n’y seront jamais effacés s’ils demeurent fidèles à leur traité, à leur alliance et à leur consécration. La couronne de vie leur est préparée et ils la recevront s’ils restent fidèles jusqu’à la mort. — Apoc. 2:10; 3: 11.

Ceux-ci, comme l’apôtre l’explique, entrent sur le champ à l’école de Christ, pour y apprendre les leçons et les expériences nécessaires à leur obtention de la gloire, de l’honneur et de l’immortalité promis aux vain­queurs.

Il leur a été dit qu’ils doivent s’attendre à des épreuves et à des leçons difficiles à cette école; que le Père dis­cipline ceux qu’il aime et qu’il fustige tout fils qu’il agrée, pour lui apprendre plus parfaitement le chemin de Dieu: ce qui doit l’aider à conquérir le contrôle sur lui-même et à cultiver les fruits et les grâces de l’Esprit suivant l’exemple du Grand Maître, notre Seigneur.

C’est à ces expériences que l’apôtre Pierre fait allusion, quand il dit (1 Pierre 4:12): “Ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire.” En tant que disciples de Jésus il nous faut nous attendre à des épreuves et à des disciplines de toutes sortes; nous sommes à l’école de Christ pour apprendre des leçons nécessaires. Mais tout en essuyant ces épreuves, les fidèles jouissent de la paix de Dieu qui surpasse toute compréhension et qui gouverne leur cœur. Ceux qui sont ainsi fidèles n’ont pas besoin d’être mis en purgatoire, car ils accep­tent joyeusement et avec reconnaissance les expériences de la vie et apprennent à se résigner avec joie dans les épreuves, sachant que “la tribulation produit la constance, la vertu éprouvée et l’espérance”. — Rom. 5 : 4.

Livré à Satan.

Les membres de l’Eglise n’entrent pas en purgatoire à leur mort, mais sitôt que l’un ou l’autre de ceux qui se sont consacrés n’est pas fidèle à son vœu, touche plus ou moins volontairement au péché et à l’erreur, il entre de ce fait en purgatoire: et notre texte décrit de quelle manière. Le contexte nous montre que dans l’église de Corinthe il y avait un frère qui, non seulement était sorti des convenances observées par les élus, mais était enclin à se glorifier dans les péchés. L’apôtre reprocha

162 Aout 1908

aux autres membres de l’église de n’avoir pas réprouvé sa mauvaise conduite en reprenant ce frère déréglé, il ajoute que s’il avait persisté alors dans sa mauvaise voie, il était de leur devoir de cesser toutes relations fraternelles avec lui, jusqu’à ce qu’il se fût réformé. Non qu’ils eussent dû le battre, ou le torturer, mais simplement le regarder comme un mondain et non comme un frère en Christ. Après le leur avoir reproché, Paul ajoute que puisqu’ils avaient manqué à leur devoir, lui, comme apôtre du Seigneur, entreprendrait de le faire à leur place et en conséquence dans cette lettre il excommunie l’individu en vue de sa réforme. Il dit qu’il le “ livre à Satan” pour être souffleté “pour la destruction de la chair, afin que l’esprit [la nouvelle créature ] soit sauvé dans le jour du Seigneur Jésus” — au retour de Christ. Que veut dire l’apôtre par cette expression “livré à Satan ”? Nous répondons que par la Providence un chrétien est placé spécialement sous la protection divine, de sorte que “le Malin ne le touche pas” (1 Jean 5:18). Satan n’ose faire du mal à ceux qui sont en relations directes avec le Seigneur comme membres de l’Eglise élue. Nous ne pouvons dire jusqu’à quel point Satan ose s’essayer au monde; mais nous savons que les chrétiens élus sont placés au bénéfice des soins du Seigneur, qu’Il les ga­rantit et que tout le mal, qu’il permet d’advenir sur eux, concourt à leur bien. Mais dans le cas du pécheur qui nous occupe, il fut spécialement “livré à Satan” c. à d” que l’apôtre aimerait nous faire comprendre que la volonté du Seigneur au sujet d’un tel est, d’une part, que Satan ait sur lui un pouvoir particulier de lui nuire, de le jeter dans la détresse, dans des troubles physiques, financiers, ou autres; mais encore cette flagellation sa­tanique s’exécutera-t-elle sous la surveillance divine, afin, dit-il, que l’esprit soit sauvé dans le jour du Seigneur Jésus.

Nous pouvons être certains, que toutes les punitions approuvées de Dieu ont pour but de guérir et de ré­former. Nous pouvons bien croire que Satan ne ménagea pas l’homme mentionné dans notre texte, et que celui-ci passa par d’amères expériences, accentuées encore par la privation de la confraternité de l’Eglise et, temporaire­ment au moins, de l’accès au trône de grâce. Nous ne pouvons pas nous rendre compte s’il endura des diffi­cultés plus grandes et des épreuves plus sévères que quelques-uns des fidèles. Notre Seigneur et les apôtres souffrirent en effet cruellement à cause de leur fidélité à la vérité et à la justice; mais au milieu de leurs per­sécutions, de leurs douleurs, de leurs coups, de leurs épreuves et de leur crucifixion même, ils eurent le sen­timent de l’amour saint, de la joie et de la paix divines qui régnaient dans leur cœur, et cela leur suffisait pour se réjouir dans toutes ces tribulations. Mais le pauvre homme mentionné dans notre texte, n’avait pour se con­soler dans ses sévères épreuves que l’amère pensée de subir la peine de sa faute. Nous pouvons donc être certains que, selon l’appréciation personnelle qu’il eut de sa mauvaise conduite et son désir de retourner au Seigneur, — et en harmonie avec la justice — dans la même proportion son châtiment, dans les griffes de l’Adversaire, fut commué et abrégé.

Aucun argent payé par lui ou pour lui n’aurait pu influer sur cette affaire, aucune messe n’eût pu le soulager attendu que, pour la rémission de nos péchés, la parole de Dieu ne reconnaît qu’un seul sacrifice, celui du Calvaire. Il s’ensuit que ses épreuves dans le pur­gatoire, devaient durer jusqu’à ce qu’il eût purgé sa peine, appris la leçon qui se dégageait de l’épreuve et se soit détourné de la mauvaise voie, en renonçant au mal et en recherchant le Seigneur par la prière.

Le vœu de l’apôtre, savoir: que son esprit soit sauvé dans le jour du Seigneur, Jésus, laisse entrevoir le but final de l’épreuve, c. à d. que si le méchant persistait dans sa mauvaise voie il risquerait la destruction de son corps, de sa chair mortelle (au lieu de la sacrifier comme il l’avait promis). Au contraire, si même cela se faisait lentement, il pourrait se relever de sa mauvaise conduite et finalement être nettoyé, purifié; pour atteindre le salut au second avènement de Christ. Mais d’autre part les Ecritures nous assurent que si ces disciplines expiatoires par lesquelles de tels doivent passer n’avaient pas pour effet de les purifier du péché et de les ramener en har­monie avec Dieu, ils mourraient de la seconde mort leurs âmes (leurs personnes) ne seraient pas sauvées au jour du Seigneur Jésus tous les moyens employés pour la guérison de leur péché n’ayant produit aucun effet. Il est probable que beaucoup d’enfants de Dieu ont passé ainsi par le purgatoire pendant les 18 siècles écoulés.

La “grande tribulation” de purgatoire.

Les Ecritures montrent clairement qu’à la fin de cet âge de l’Evangile beaucoup de lumière et de bénédictions sont accordées au peuple de Dieu, à tous ceux qui sont reconnus comme “vierges”, c. à d. purs, pardonnés, couverts par la robe de justice de Christ. La lumière et l’épreuve de la f in de cet âge montrent ceux qui sont des “vierges folles” et ceux qui sont des “vierges sages”. La parabole qui illustre ceci est placée à la fin de notre âge, à la seconde venue du Fils de l’homme. Les “vierges sages” représentent ceux des fidèles du Seigneur qui sont préparés et entrent dans la joie de leur Seigneur, comme membres de l’épouse de Christ — “l’Epouse”, “la femme de l’Agneau”. — Apoc. 21 : 9.

Les “vierges folles” sont ceux qui sont surchargés des soucis de cette vie, pas assez zélés et ne se conforment pas aux termes de leur consécration, ne sacrifient pas les intérêts terrestres aux intérêts célestes. — Ils sont représentés dans la parabole comme n’ayant pas d’huile avec eux, et par suite manquant de lumière; et pour cette cause ceux-là devront passer entièrement par la “ grande tribulation”, leur purgatoire actuel.

HYMNE.

Voici vibrer enfin

Les forces du travail, d’amour et de justice.

Les hommes fraternels vont se tendre les mains,

Et mêler leurs efforts pour féconder la terre

Le voici resplendir, le soleil salutaire

Se lève: la justice a nivelé les fronts

Déjà l’amour ordonne aux haines de se taire

Nous voyons la cité, là-bas, qui s’édifie

Parmi l’azur et l’or du lointain enchanté

Nous allons à la vie, à l’éternelle vie,

D’où renaîtra, plus grande, une autre humanité!

Extrait de la Voix du Mineur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *