Les bases de la communion fraternelle et chrétienne

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« Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ;

afin qu’eux aussi soient en nous ». (Jean 17 : 20, 21).

Ces paroles, extraites de la prière que notre Seigneur a dite quelques heures avant Sa mort, sont extrêmement éloquentes et sublimes. Non seulement elles nous procurent des informations importantes, mais elles nous montrent aussi le grand amour et la sollicitude de notre Seigneur pour Son Eglise. Pour les véritables disciples du Seigneur, ces paroles ont gardé leur force et leur inspiration, et l’union, qui existait entre le Père et le Fils, lorsque Celui-ci était sur la terre, est un exemple, de l’union qui doit régner dans l’Eglise.

Fausse et absurde est l’interprétation des Trinitaires, selon laquelle l’union du Fils avec le Père repose sur l’union de personnes, c’est-à-dire que le Père, le Fils et le saint Esprit sont une seule personne, un seul Dieu dans une Trinité. Si nous devions comprendre de cette façon l’union du Fils avec le Père, comment les Apôtres et les autres disciples du Seigneur pourraient-ils parvenir à une telle union ? Certainement que Jésus n’avait pas à l’esprit l’union de personnes et Il ne pria pas pour une telle union de l’Eglise.

L’Eglise de Christ se compose de beaucoup de membres, de toute tribu, de toute langue et de toute nation (Apoc. 5 : 9). Malgré cela, Jésus pria pour que tous les membres de Son Eglise fussent un, Il nous appartient donc de chercher à savoir ce qu’est cette union et sur quoi elle s’appuie.

La plupart des prédicateurs de la Chrétienté proclament que c’est une unité organique (d’organisation), que l’Eglise de Christ est une seule organisation dans le monde et que tous sont liés par les mêmes lois et les mêmes règlements de cette organisation. Bien que cela soit vrai dans un certain sens, ce n’est pas la signification fondamentale de notre texte. Jésus a dit : « Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi; afin qu’eux aussi soient en nous ». Il est certain que cette union du Fils avec le Père ne se fondait pas sur une unité d’organisation ni sur une unité de lois et de règlements. La déclaration : « Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi », prouve que c’est une unité interne, c’est-à-dire une unité de tempérament, une unité de sentiments, de pensée et d’esprit.

Jésus était toujours dans cette union avec le Père. Le caractère, les sentiments, les pensées et l’esprit du Père se reflétaient toujours en notre Seigneur à tel point qu’Il a pu dire sans ambages : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14 : 9).

Ne convient-il pas de comprendre, par conséquent, que Jésus pria pour qu’une telle union, et non une autre, régnât parmi Ses disciples ? Pour parvenir à une telle union de tempérament et d’esprit avec le Père et le Fils, il est d’abord nécessaire de Les connaître. C’est pourquoi, au début de Sa prière, notre Seigneur fit cette demande : « Qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17 : 3). En accord avec cette pensée, St. Paul déclare que ceux qui acceptent le Message divin et se consacrent à Dieu pour Le servir doivent se transformer par le renouvellement de leur esprit, pour qu’ils puissent connaître et discerner « la volonté de Dieu, qui est bonne, agréable et parfaite » (Rom. 12 : 2).

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A cette connaissance de Dieu et de Sa volonté, à cette souhaitable union avec le Père et le Fils, on ne parvient pas instantanément. C’est un processus graduel ; dans la mesure où nous croissons dans la grâce, dans la connaissance et dans les fruits du saint Esprit, nous nous approchons toujours plus près de cette unité. Jésus était toujours dans cette unité avec le Père, car Il connaissait le Père parfaitement. Nous, au contraire, nous Le connaissons pour autant que le Fils nous Le révèle (Matth.11 : 27) ; nous pouvons saisir cette révélation faite par le Fils en proportion de notre foi, de notre obéissance et de notre complète dévotion à Dieu.

En dépit de nos meilleurs efforts et de notre forte foi, notre union avec le Père et le Fils sera partielle et connue seulement de nous et de Dieu, tant que nous serons dans la chair. Mais si nous restons fidèles jusqu’à la mort, le Père reconnaîtra notre union spirituelle avec Lui comme parfaite et, en temps voulu, Il nous élèvera à une totale union avec Lui, non seulement dans le tempérament, dans les sentiments, dans la pensée et dans l’esprit, mais dans Sa propre nature divine. Alors le monde connaîtra qu’Il nous a aimés comme Il a aimé le Fils (Christ). – Jean 17 : 23.

Bien que notre union intime, c’est-à-dire notre union spirituelle avec Dieu, puisse être connue le mieux de nous-mêmes et de Dieu, cependant d’autres, qui sont dans une semblable communion avec Dieu, peuvent la remarquer. Tous ceux qui, sincèrement et avec une foi vivante aspirent à cette union toujours plus étroite avec le Père et le Fils, ont un seul et même but, ils sont animés par le même esprit et se ressemblent dans une certaine mesure sous le rapport du tempérament, des sentiments et de la façon de penser. Ces caractéristiques communes font qu’ils sont dans l’union et en communion les uns avec les autres. Bien qu’ils se différencient pour ce qui est de l’âge, du sexe, des conditions d’existence et des qualités charnelles, cependant en ce qui concerne l’esprit et les sentiments ils sont un. Lorsque plusieurs personnes, possédant un tel esprit, se rassemblent, elles se comprennent rapidement et s’aiment d’une affection mutuelle. Cet état, nous l’appelons la communion fraternelle et chrétienne. Ce n’est pas un état artificiel, obtenu par force ou théorique, mais c’est une communion tout à fait naturelle de personnes fidèles, consacrées et conduites par l’Esprit de Dieu. La base de cette communion est la connaissance de Dieu et de Christ et le désir de parvenir à une union toujours plus étroite avec Dieu relativement au tempérament, aux sentiments et aux pensées. Tout ce que nous pouvons faire sur cette terre, que ce soit en prêchant la Vérité aux autres ou en accomplissant tout autre service, doit émaner de ces sentiments sincères, d’un véritable amour pour Dieu. Le travail et les sacrifices accomplis au profit des autres dans cet esprit nous conduisent à une union de plus en plus étroite avec le Père et avec Christ, et aussi à une communion de plus en plus cordiale avec les frères ; en revanche, tout travail et tout sacrifice ayant d’autres mobiles n’ont aucune valeur aux yeux de Dieu. – 1 Cor. 13 : 1-3.

FAUSSE APPLICATION DU TEXTE.

On applique avec plaisir notre texte à une unité d’organisation et à une vie commune dans la concorde et dans un seul groupement auquel appartiendraient ceux qui prétendent être le peuple de Dieu. Certainement que les Chrétiens véritables et conduits par l’Esprit de Dieu seront en accord les uns avec les autres ; il est vrai aussi que les divisions parmi les fidèles sont préjudiciables et ne sont pas conformes à l’Esprit de Dieu, néanmoins, nous comprenons que l’application de notre texte à une unité d’organisation ou organique n’est pas toujours correcte.

Ceux qui ont étudié l’histoire savent qu’il fut un temps où il n’y avait dans le monde chrétien qu’une seule église qui était l’Eglise catholique. Bien que, ici et là, il y eût

des groupes de Chrétiens qui ne se solidarisaient pas avec cette église, ils étaient cependant très faibles et peu nombreux. Nous posons donc cette question : Est-ce que cette unité d’organisation de la Chrétienté pendant le Moyen Age a été une bénédiction pour l’Eglise et pour le monde ? Bien au contraire ; c’était une période où régnaient les préjugés, les ténèbres et le fanatisme les plus grands. Est-ce que ce n’est pas un fait historique bien connu que depuis le cinquième siècle,

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lorsque l’évêque de Rome occupa la position de chef, afin d’unir l’église et de lui donner un chef visible, jusqu’au seizième siècle, au cours duquel a commencé la grande Réforme, il y eut une période des plus ténébreuses appelée par certains historiens Moyen Age et par d’autres « siècles des ténèbres » ? La tolérance, la liberté de conscience, le respect des convictions religieuses d’autrui, etc., n’étaient pas connus en ce temps-là. On mettait en prison et on condamnait à mort en ce temps-là plus de gens, pour leurs convictions religieuses, que de gens pour tous les autres méfaits réunis. Tels étaient les tristes fruits de l’unité organique de l’église qui prétendait être la seule, la véritable église apostolique de Christ !

Le mouvement de la grande Réforme, a commencé au début du seizième siècle, libéra le monde de l’ignorance, des préjugés et des superstitions du Moyen Age. La Réforme, en l’espace de deux siècles, fit monter le niveau intellectuel et culturel des peuples européens plus haut que ne l’a fait la papauté pendant tout son règne de mille ans. La Réforme a même exercé une influence bénéfique sur l’église papale qui, bien que la condamnant, dut, sous sa pression, changer de tactique et se parer de plus de vertus chrétiennes, ne serait-ce que superficiellement.

Dès le temps de la Réforme, la Chrétienté commença à se diviser en différentes églises et sectes. Nous sommes loin d’approuver les divergences qui règnent parmi les Protestants ; nous constatons seulement un fait, c’est que le manque d’unité religio-organique depuis la Réforme a été, dans les faits, beaucoup plus profitable que la prétendue unité de l’église d’avant la Réforme. Il s’ensuit que l’unité organique n’est pas toujours une condition avantageuse pour les Chrétiens ; c’est pourquoi notre texte ne parle pas d’une telle unité.

Remarquons maintenant quels ont été les enseignements et les exemples donnés par notre Seigneur et les Apôtres à cet égard. Lorsque Jésus commença Son ministère, Il choisit douze Apôtres. Il ne les lia en aucune façon par des préceptes ou des règlements organiques. Avec le temps, de grandes foules suivirent Jésus et écoutaient Ses enseignements, mais nous ne trouvons, dans Ses enseignements, rien qui pourrait nous faire croire qu’Il s’efforçait de mettre sur pied une quelconque organisation. Après Sa résurrection, Il enjoignit à Ses disciples d’aller dans le monde entier et d’y annoncer l’Evangile (Matth. 28 : 19, 20 ; Marc 16 : 15) ; mais Il ne leur dit en aucune façon de doter les fidèles d’une organisation, de leur fixer des règlements, de leur attribuer des fonctions, de faire des différences, etc. Au contraire, nous trouvons dans Ses enseignements qu’Il défendait expressément de faire quelque chose de semblable. – Matth. 23 : 8-12 ; 20 : 25-28 ; Luc 22 : 24-26.

L’égalité, la fraternité, la simplicité et l’amour devaient être les facteurs d’union parmi les disciples de Christ. Les enseignements et les exemples des Apôtres se caractérisent par la même simplicité. Nous voyons en ceux-ci une grande ardeur dans la prédication de l’Evangile, dans le service et dans leur dévouement pour les autres ; nous les entendons exhorter les fidèles à mener le bon combat de la foi, à être humbles, patients, pieux, affectueux, etc., mais nous ne voyons en eux aucune

de ces prétendues qualités pratiques d’organisateurs. Aucun d’entre eux ne s’efforçait d’occuper une position dominante dans l’Eglise et ils déconseillaient aux autres d’agir de la sorte. – 1 Pier. 5 : 1-3.

Nous trouvons mentionnés dans les saintes Ecritures des cas où certains recherchaient la « vaine gloire » (Gal. 5 : 26), aimaient à tenir le premier rang (3 Jean : 9), tâchaient d’obtenir des avantages matériels (2 Cor. 11 : 20 ; 1 Tim. 6 : 5), etc., mais les Apôtres adressaient à ceux-là de sévères réprimandes et ils exhortaient vivement les fidèles à être prudents, de manière que personne ne les abusât « par des discours séduisants », et à ne pas se laisser « séduire par la philosophie et par ses vaines subtilités, inspirées des traditions (d’organisations) humaines et des principes (méthodes et coutumes) du monde, et non des enseignements du Christ ». – Col. 2 : 4-8.

Il est vrai que l’Apôtre Paul, parlant de lui-même, déclara qu’il était assiégé par le souci de toutes les Eglises (assurément, de celles qu’il avait lui-même créées. – 2 Cor. 11 : 28), non pas en raison de la position qu’il occupait,

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mais à cause de son grand zèle et de son amour vraiment paternel pour ceux qu’il servait. Nous lisons ce qu’il a dit : « Car je vous aime jalousement, c’est vrai, mais d’une jalousie sainte, telle que Dieu l’éprouve », et encore : « Nous parlons, non pour plaire aux hommes, mais pour plaire à Dieu…Jamais, vous le savez, nous n’avons usé de paroles flatteuses ; jamais nous n’avons eu de motifs intéressés, Dieu en est témoin. Nous n’avons pas non plus cherché la gloire qui vient des hommes … et vous savez que nous avons agi avec chacun de vous, comme un père avec ses enfants, vous exhortant, … vous conjurant de vous conduire d’une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire » – 2 Cor.11 : 2 (Kuen) ; 1 Thess. 2 : 4-12 (Syn.).

Ce sont de tels exemples de zèle, de libéralisme, de simplicité, d’amour et de consécration que nous voyons dans les Apôtres. Au lieu de prendre plaisir à faire des distinctions et à occuper la première place, St Paul se complaisait plutôt « dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ », comme il l’a dit lui-même (2 Cor. 12 : 10 ; 2 Tim. 3 : 10, 11). Pareillement l’Apôtre Pierre exhortait avec zèle les anciens à être humbles et il était lui-même un modèle exemplaire de cette vertu. – 1 Pierre 5 : 1-6.

POURQUOI CE MANQUE D’ORGANISATION SYSTEMATIQUE ?

Constatant cette simplicité qui régnait dans l’Eglise primitive et cette liberté personnelle dont elle usait, plus d’un pourrait se demander malgré lui : Pourquoi les Apôtres se sont-ils montrés si peu pratiques pour ce qui regarde l’organisation systématique de l’Eglise ?N’auraient-ils pas dû savoir que c’est seulement par une savante organisation, c’est-à-dire par la loyauté, l’attachement, l’obéissance et une sage subordination à une organisation que l’unité de l’Eglise peut être préservée ? En cherchant une réponse satisfaisante à de telles questions, on devrait se souvenir avant tout que dans les affaires de l’Eglise les Apôtres ne se conduisaient pas suivant la sagesse et les méthodes de ce monde. Si nous admettons qu’ils étaient des instruments spéciaux du Seigneur et les canaux du saint Esprit pour instruire et édifier l’Eglise, nous devons reconnaître franchement que leurs méthodes, quand bien même elles paraîtraient peu pratiques à l’esprit de l’homme naturel, devaient

avoir en elles la véritable sagesse qui vient d’En-Haut et, pour ce qui est des desseins divins relatifs au choix de l’Eglise, devaient être les meilleures.

Nous nous rappelons que Jésus, évoquant l’ordre qui régnait et qui continue à régner dans les organisations de ce monde, a dit clairement à Ses disciples : « Il n’en sera pas ainsi parmi vous » (Matth. 20 : 26). Nous savons bien que l’ordre de ce monde cède aux désirs corrompus de la nature humaine, et en particulier à l’orgueil, comme nous lisons : « Maintenant nous tenons pour heureux les orgueilleux ; ceux qui commettent le mal prospèrent (occupent les premiers rangs) ; oui, ils tentent Dieu (en ce sens qu’ils s’attribuent la gloire qui revient à Dieu seul), et pourtant ils échappent au châtiment ! (sont vantés) ». Nous nous rappelons aussi que le principe de Dieu est le suivant : la gloire par l’abaissement. « Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé ». – Matth. 23 : 12 ; Phil.2 : 5-9 ; Jacques 4 : 6 ; 1 Pierre 5 : 5.

Ayant à l’esprit ce qui précède, nous pouvons remarquer que pour notre Seigneur et les Apôtres, il serait inconvenant d’asseoir l’organisation de l’Eglise sur les mêmes bases que celles sur lesquelles s’appuient les organisations de ce monde. Jésus savait très bien que beaucoup se joindraient à l’Eglise et n’auraient jamais été des élus ni ne le seraient (Matth. 20 : 16). Il savait aussi qu’à la nature humaine les positions honorifiques et les distinctions organiques s’imposeraient plus que la simplicité, l’égalité fraternelle, sans cérémonie, et le service humble pour l’un l’autre. Par conséquent, si Jésus et les Apôtres avaient mis sur pied pour les fidèles une organisation à la mode des organisations mondaines, cet aménagement, au lieu d’être contraire aux tendances naturelles à faire des distinctions, à s’enorgueillir et à s’élever, favoriserait plutôt ces tendances. De cette façon, les fidèles, au lieu d’être conduits par des serviteurs humbles, doux et donnant leur vie pour les frères,

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seraient plutôt livrés au bon plaisir de conducteurs orgueilleux, ambitieux, avides des premières places et désireux de se faire remarquer.

Nous voyons ici la raison pour laquelle Jésus et les Apôtres ne fournirent pas d’indications ni de règlements d’organisation, et aussi la raison pour laquelle ils insistèrent si fortement sur la nécessité d’être humbles, affectueux et de se soumettre entièrement à l’unique Tête de l’Eglise, Jésus-Christ. Les Apôtres ont pu remarquer qu’en dépit de ces enseignements clairs et des exemples du Seigneur et de Ses premiers disciples, il se trouva au sein des fidèles des instructeurs qui manifestèrent un esprit opposé et qui, au lieu de servir dans l’esprit d’humilité, d’amour et de consécration pour le bien des autres, s’efforçaient de conférer à leur service l’honneur, la faculté de se distinguer et de s’élever au-dessus des autres. St Paul remarqua avec regret que de tels instructeurs, au lieu de n’être pas écoutés ni considérés parmi les fidèles étaient dans beaucoup de cas plus considérés que les instructeurs humbles et véritables. Aussi, c’est avec un certain reproche qu’il écrivit : « Or, j’estime que je n’ai été inférieur en rien à ces apôtres, si éminents soient-ils (élevés mais faux) … Ai-je donc commis une faute en m’abaissant moi-même, afin que vous fussiez élevés par le fait que je vous ai annoncé gratuitement l’Evangile de Dieu ?…Mais ce que je fais, je le ferai encore, pour ôter tout prétexte à ceux qui cherchent des prétextes, … Oui, vous supportez qu’on vous asservisse, qu’on vous dévore, qu’on vous pille, qu’on vous traite avec hauteur, qu’on vous frappe au visage ». – 2 Cor. 11 : 5-20.

Nous pouvons remarquer, d’après les paroles de l’Apôtre susmentionnées, quel triste état de choses s’était insinué dans l’Eglise du temps même des Apôtres. Il n’est pas étonnant que l’Apôtre ait pu prédire avec une telle précision que cet état de choses empirerait et cela d’autant plus après son départ, c’est-à-dire après sa mort ! (Actes 20 : 28-31). Il n’est pas surprenant que, poussé par l’esprit de prophétie, il ait pu prévoir que cette tendance charnelle, contraire à l’Esprit de Dieu, triompherait complètement dans l’Eglise avec le temps au point qu’elle créerait diverses positions honorifiques dont la plus haute devait être celle évoquée dans ce texte : « Qui…va jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se faisant passer lui-même pour Dieu ». – 2 Thess. 2 : 3-7.

Cette prédiction s’est tellement réalisée à la lettre qu’il ne semble pas être nécessaire de le démontrer. Malgré l’interdiction formelle du Seigneur, l’Eglise s’organisa à l’exemple des grandes organisations politiques ; étant ainsi organisée, elle surpassa en puissance et en richesse toutes les autres organisations mondaines. Mais, en même temps, elle cessa d’être la véritable Eglise et devint apostate ; elle cessa d’être la ville sainte, la Jérusalem céleste et devint la Babylone mystique. En dépit de sa puissance et de sa richesse, Babylone tombera rapidement, conformément à ce qui a été prédit à son sujet ; lorsque sa chute se produira, tous les habitants de la terre en seront à ce point étonnés qu’ils diront : « Malheur ! Malheur ! … Cette grande ville qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d’écarlate, toute brillante d’or, de pierreries et de perles ! … En une heure ont été détruites toutes ces grandes richesses ! … Quelle ville était semblable à cette grande ville ? ». – Apoc. 18 : 16-20.

Tel est le verdict prononcé contre la puissante organisation qui se faisait passer et se fait encore passer pour la seule et véritable Eglise de Christ. L’unité et la systématisation organiques de cette église, bien que plus parfaites que dans n’importe quelle organisation sur la terre, n’ont pas réussi à maintenir cette église dans un état d’esprit convenable et dans cette nécessaire union avec le Père et Son Fils Jésus-Christ. Cela devrait être une preuve suffisante que Jésus, en prononçant les paroles de notre texte, ne priait pas pour l’unité d’organisation de l’Eglise.

LA VERITABLE UNITE

Lorsque nous nous souvenons que la véritable Eglise de Christ n’est qu’un « petit troupeau », que pour sélectionner cette petite troupe il a fallu plus de dix-neuf siècles et que ceux qui doivent constituer cette Eglise furent et sont encore considérés « comme les balayures du monde, le rebut de tous les hommes » (1 Cor. 4 : 13), nous pouvons d’autant

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plus clairement remarquer que le secret de l’unité, dans la véritable Eglise, n’est pas une organisation externe. La véritable Eglise se compose de nouvelles créatures ; c’est pourquoi, l’organisation de cette Eglise est aussi spirituelle et elle s’appuie sur des bases spirituelles. A une organisation terrestre, qu’elle s’appelle association, société, corporation ou église, peut appartenir quiconque reconnaît lui-même, volontairement, qu’il est membre de cette organisation, ou bien, comme cela arrive dans certains cas, a son nom inscrit dans les livres de cette organisation ou en est actionnaire ; mais à l’organisation de la véritable Eglise peuvent appartenir seulement les nouvelles créatures engendrées de l’Esprit. Etant donné que nous ne savons pas qui est une nouvelle créature et qui ne l’est pas, car seul « Le Seigneur

connaît ceux qui sont à Lui » (2 Tim. 2 : 19), nous ne pouvons pas créer d’organisation suivant les conceptions et règlements des hommes ni soutenir que c’est l’organisation de Dieu et la véritable Eglise de Christ. Ceux qui font cela se mettent à un travail auquel ils n’ont pas été commis par les Saintes Ecritures. Par conséquent, leur oeuvre sera une oeuvre humaine et non divine.

Quoique les membres de la véritable Eglise ne soient pas unis au moyen de lois d’une organisation humaine, ils se trouvent néanmoins dans une véritable unité qui est plus forte et plus durable que tout lien ou tout règlement organiques. L’incitation à une telle unité et les bases de cette unité sont admirablement décrites par l’Apôtre Paul, lorsqu’il a dit : « Vous appliquant à conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que vous avez été appelés à une seule espérance par la vocation qui vous a été adressée. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous ». – Ephés. 4 : 3-6.

« L’unité de l’esprit », voilà le secret de la véritable et de la désirable unité que notre Seigneur demandait dans Sa prière pour l’Église ! L’unité de l’esprit est l’unité d’intention, de volonté, de sentiments, d’aspirations et de dessein. Chaque organisation poursuit un certain but et ce but unit précisément les membres de cette organisation dans une seule association. Si le but est terrestre et, en plus, égoïste, l’organisation sera terrestre et animée d’un esprit égoïste ; si, par contre, le but est plus noble, l’organisation sera guidée aussi par un esprit plus noble. Les appelés, ceux qui ont réellement compris et accepté le grand appel de l’âge de l’Evangile, poursuivent un but céleste, le plus sublime et le plus noble des buts qui puissent exister. C’est pourquoi leur organisation devrait être céleste et non terrestre, et elle devrait se distinguer par l’esprit le plus noble. Si cela n’existe pas, cela veut dire que quelque chose n’est pas à sa place et que, dans cette organisation, prédomine un élément étranger, un esprit étranger, et non pas l’esprit qui doit caractériser une association de véritables nouvelles créatures.

Il n’y a pas dans le monde d’organisation qui se compose seulement d’élus, seulement de véritable blé ; il n’y a donc pas d’organisation qui puisse, à juste titre, véritablement et selon les saintes Ecritures, prétendre être une organisation de Dieu à cent pour cent et la véritable Eglise de Christ. On peut vérifier dans quelle proportion une organisation est céleste par le but qu’elle poursuit et par son esprit. Plus elle a en elle d’esprit noble, généreux, plus elle est près de l’authenticité ; moins il y a en elle d’esprit de Christ, plus il y a en elle d’éléments étrangers. Ce critère devrait s’appliquer à chaque organisation, sans égard au nom qu’elle puisse porter ni aux grandes prétentions qu’elle puisse afficher. – Matth. 7 : 16-20.

La véritable Eglise de Christ ne s’édifie pas sur la terre, mais au-delà du voile, sur le plan spirituel ; elle ne sera jamais édifiée sur la terre. Dans l’intervalle, les pierres vivantes de cette Eglise se préparent ici sur la terre ; elles sont exposées à diverses difficultés et souffrances qui accomplissent en elles le façonnage et le polissage nécessaires. Parfois la meilleure pierre devient la cause d’une friction et l’instrument de polissage des autres pierres, non pas parce qu’elle le veut ainsi, mais parce qu’elle convient le mieux à cela, à cause de sa dureté naturelle et de sa position particulière

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C’est Dieu qui surveille cette friction et ce polissage des véritables pierres, et non pas l’homme.

De ce qui précède, il résulte que l’unité de l’esprit dans l’Eglise ne veut pas dire forcément une paix continuelle, qui n’est jamais troublée par rien. Cela signifie cependant que nous ne devons jamais volontairement causer de trouble. Lorsqu’une friction se produit, nous devons nous efforcer intensément de continuer à rester dans l’unité de l’esprit, de ne pas permettre à l’épreuve de développer en nous un esprit de colère, de jalousie, de haine et de vengeance. L’Esprit de Christ, l’esprit d’humilité, de douceur, de patience, d’amour et de noblesse devrait transparaître à travers nous en temps calme et normal comme dans les moments de troubles et d’épreuves suscités par les frères ou par d’autres.

Si nous persévérons dans cet esprit d’unité, si nous désirons ardemment et sincèrement que les caractéristiques de Christ se développent en nous de plus en plus, alors grandira également notre amour pour les frères, c’est-à-dire pour ceux qui, comme nous, accomplissent des efforts énergiques pour croître à la ressemblance du caractère de Christ. Nous serons prêts à les servir et à les aider de toutes manières possibles, même si ce service causait certaines difficultés charnelles et exigeait quelque sacrifice. Plus le saint Esprit habitera en nous, plus grand sera notre désir de servir les frères. Nous n’attendrons pas que les frères exigent notre service ou qu’ils nous prient de les servir, mais nous guetterons nous-mêmes l’occasion, nous efforçant de faire du bien partout où nous en aurons l’occasion. Nous veillerons cependant à ce que notre service soit réellement pour l’édification, à ce qu’il ne soit pas ostentatoire et ne devienne pas inutile et indésirable pour avoir été imposé à des moments inopportuns et dans des lieux impropres. Les frères et les soeurs, manifestant une foi vivante, du zèle pour Dieu et un désir sincère de suivre fidèlement le Seigneur, deviendront nos meilleurs amis pour lesquels nous serons prêts à donner notre vie, si cela est nécessaire. Leur joie sera notre joie, leurs chagrins seront nos chagrins (Rom. 12 : 15). Nous nous efforcerons énergiquement de ne les offenser en rien et de ne pas les scandaliser soit en paroles, soit en actions ou par un mauvais exemple ; d’autre part nous considérerons leurs faiblesses avec une indulgence et une compassion convenables, étant toujours prêts à leur pardonner leurs fautes, même les plus grandes, dès lors que l’offenseur fera voir qu’il se repent de ses fautes et qu’il n’est pas mal intentionné à notre égard.

En nous conduisant de cette manière, c’est-à-dire en croissant de plus en plus dans la grâce, dans la connaissance et dans les fruits du saint Esprit, en combattant avec zèle le bon combat de la foi et en aidant les autres dans ce combat selon nos forces et nos possibilités, nous deviendrons de plus en plus semblables à notre Seigneur quant au caractère et par cela même nous nous approcherons toujours plus près de l’union avec le Père Céleste et avec notre Seigneur Jésus-Christ. « Et nous tous, qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à son image, de gloire en gloire, par l’action de l’Esprit du Seigneur ». « Telle est l’assurance que nous avons en Dieu par le Christ. Non pas que, par nous-mêmes, nous soyons capables de penser quelque chose qui nous viendrait de notre propre fonds ; mais toute notre capacité vient de Dieu » (2 Cor. 3 : 18, 4, 5).

(Traduit du périodique polonais STRAZ de 1933, n°5).

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