Les loups en habits de brebis.

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“ Prenez l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez résister dans le mauvais jour, et après avoir tout accompli, rester debout. ” — Eph. 6 : 13

Les chrétiens qui ont compris la signification des paroles de l’apôtre concernant la juste dispensation de la parole de vérité, ont appris des Ecritures que le plan divin est un plan progressif dont les âges successifs forment les liens. Ceux-là seuls peuvent comprendre pourquoi la providence divine permet des expéri­ences et des épreuves spéciales pour l’Eglise en un certain moment, qui ne furent pas permises en un autre. Puisse un nombre toujours plus grand étudier la Bible sans préjugés ou idées préconçues et saisir le but des desseins divins pour les juifs pendant l’âge judaïque, pour les chrétiens pendant l’âge de l’Evan­gile et pour le monde pendant l’âge futur du Millénium. Ils verront alors que les Ecritures font mention d’un temps de semailles et d’un temps de récoltes pour chaque âge. A la fin de l’âge juif, par exemple, il arriva sur les Juifs une épreuve et un criblage particuliers. Jean-Baptiste, le dernier des prophètes, était un vanneur du froment et un séparateur de la balle préludant à l’assemblage du froment dans le grenier de l’âge évan­gélique. Il annonça la détresse à venir sur la classe de ce peuple représentant la balle et sa destruction complète en tant que nation. D’une façon semblable le Seigneur nous dit dans une de ces paraboles (Matth. 13 : 39) qu’à la fin de cet âge de l’Evangile il y aura une séparation du froment d’avec l’ivraie, le premier devant être rassemblé dans le glorieux Royaume pour lequel nous prions: “Que ton Règne vienne!” la der­nière devant être consumée comme ivraie, mais non comme individus. La destruction de l’ivraie, ou imi­tation chrétienne, signifiera que la personne se posant ainsi comme chrétienne, qui honore Dieu des lèvres, tandis que son cœur en est éloigné (Matth. 15 : 9), cessera de faire une telle profession. De ce moment on reconnaîtra que la véritable Eglise ne se compose que de ceux qui sont appelés des “élus”, un “petit troupeau”, de ceux qui suivent les traces du Maître, sacrifiant joyeusement les intérêts terrestres pour attein­dre aux choses célestes. Alors, comme le montre la parabole, ceux-ci brilleront comme le soleil dans le royaume pour la bénédiction de toutes les familles de la terre, y compris la classe de l’ivraie: qui dans la suite ne sera plus déçue et ne donnera plus d’illusions sur sa situation réelle, mais sera privilégiée comme le reste de l’humanité et pourra venir en pleine harmonie avec Dieu.

La moisson de cet âge.

C’est concernant la moisson de cet âge de l’Evangile que nous voulons nous entretenir ici. Cette période entière de moisson, selon les Ecritures, doit durer 40 ans, comme son ombre la moisson judaïque; — dans les tomes Il et III de L’Aurore, nous montrons que nous y sommes entrés depuis 1875, en conséquence elle se terminera en 1914. Les difficultés particulières et les épreuves spéciales de la foi et de l’obéissance nécessaires pour obtenir l’entière séparation du froment d’avec l’ivraie sont maintenant sur la chrétienté — ont été sur nous « comme un voleur dans la nuit” depuis quelques années et seront particulièrement terribles pendant les sept années qui viennent. Nous n’avons pas assez de place pour indiquer ici en détail la preuve de nos affirmations, savoir, que nous sommes à la fin de l’âge de l’Evangile et à l’aurore de l’âge du Millénium. Nous renvoyons le lecteur à notre ouvrage “L’Aurore du Millénium », présentant ceci entièrement d’accord avec les vérités scripturaires. Nous devons nous contenter en ce moment d’indiquer seulement quelques-unes des démonstrations extérieures que nous sommes dans cette période désignée dans notre texte par l’apôtre, sous ce vocable:

Dans le mauvais jour..

Partout dans les Ecritures cette période-ci est exposée d’une manière dramatique comme étant un temps d’é­preuve complète et de séparation radicale; un temps dans lequel la séparation du froment d’avec l’ivraie sera absolument accomplie, si bien que pas un grain de blé ne soit perdu et pas un grain d’ivraie ne soit conservé par mégarde avec le blé, car le Seigneur a dit qu’il fera une œuvre complète de séparation.

Notre Seigneur déclara que l’épreuve de notre temps serait si critique, si tragiquement étrange que les “élus-mêmes” (G) seraient séduits, si c’était possible (Matth. 24 : 24). Mais cela ne sera pas possible: car le Seigneur leur a promis l’assistance nécessaire, et ils pourront, s’ils le veulent, garder l’attitude convenable de cœur et d’esprit les incitant à chercher du secours et à l’em­ployer. Et, par le prophète David (Ps. 91), Dieu prédit les épreuves particulières de notre temps, peignant les

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artifices divers de Satan, le spiritisme, la liante critique, la science chrétienne, etc.. comme des flèches et des pestes. Il nous dit que 1000 tomberont à nos côtés et 10,000 à notre droite — parmi ceux que nous regardons le plus favorablement et en quelque manière, au moins, comme nos amis dans le Seigneur. Puis il nous dit aussi la raison pour laquelle les élus-mêmes ne tomberont pas sous le coup de ces mêmes pestes et flèches savoir: Parce que leur refuge c’est l’Eternel et leur retraite le Très-Haut. “Aucun fléau n’approchera de leur tente »: “Le malin ne les touche pas”. — 1 Jean 5 :18.

Faisant allusion à notre temps de la moisson, qui com­mença en 1875. St. Paul l’appelle une époque ou un jour spécial, et c’est bien ainsi. Aucune autre période dans l’histoire du monde n’a été aussi remarquable à bien des points de vue, il dit, par rapport aux épreuves de foi qui viendront sur le peuple de Dieu: “Que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus [la foi]. Car per­sonne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ.” Par ces paroles l’apôtre montre qu’il ne s’adresse pas au monde païen, mais à ceux qui au moins nominalement parlant, ont accepté Christ comme le fondement de leurs espérances. — 1 Cor. 3: 10—13.

Ce mauvais jour de notre texte est bien la période de la moisson de cet âge. A cette époque, suivant les Ecritures, ceux qui seront tièdes dans leur amour pour Dieu et pour les frères et qui se laisseront surcharger par les soucis de cette vie ou la déception des richesses, seront surpris par ‘ce jour” — ce jour-ci. — 1 Thess. 5: 4.

Paul nous dit que les épreuves de notre jour vien­dront du grand adversaire. Satan, non que Dieu soit impuissant à l’empêcher d’amener ces déceptions et ces épreuves, mais parce que Dieu veut qu’il en soit ainsi. Dieu lui permet d’éprouver et de cribler ainsi l’Eglise professante de notre temps, pour que ceux qui ne sont pas du fond du cœur fidèles à Dieu soient confus, déçus et jetés dans le désarroi. Après avoir parlé des agisse­ments efficaces de Satan qui viendraient — “en toute puissance, signes et miracles de mensonge et en toute séduction d’injustice” — l’apôtre fait voir que cela est permis “parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité”:“Dieu leur envoi une puissance d’égarement pour qu’ils croient le mensonge (de Gen. 3: 4), afin que tous ceux qui n’ont point cru la vérité, mais qui ont pris plaisir dans l’injustice soient jugés. — 2 Thess. 2: 9—12.

Eu vue de cet amour de la vérité il importe que cha­cun s’examine pour savoir s’il aime et sert un credo moyenâgeux, ou s’il adore une secte et un credo des temps modernes, ou si ses affections et son dévouement ont pour objet la vérité qui nous est présentée dans la parole de Dieu. Nous pouvons tromper les autres, nous pouvons même jusqu’a un certain point nous tromper nous-mêmes, mais nous ne pouvons tromper Dieu.

Comme les hypocrites d’autrefois.

Les influences qui sont à l’œuvre à notre époque pour miner la foi, la consumer et la détruire, sont comparées à une pestilence qui est dans l’air même, et prend possession de tous ceux dont la santé morale se trouve en état d’être contaminée par les poisons. Il nous faut bien mettre ce point en lumière, parce que les mauvaises influences dont nous sommes environnés au temps actuel, sont si subtiles, si décevantes, si captivantes, que la majorité des gens ne les reconnaissent pas. Quel coup cela donnerait à la chrétienté si on pouvait comprendre que ces influences pestilentielles sortent des chaires, pas peut-être de toutes les chaires, mais certainement des quatre cinquièmes de celles des grandes villes, et ce mouvement s’étend aux villages et à la campagne. Regardons la chose carrément en face. Il est nécessaire que le vrai peuple du Seigneur connaisse les faits —quant aux autres, ils sont si stupidement endormis, si entièrement intoxiqués par le vin de Babylone (Apoc. 18:2) que nous n’avons aucun espoir de les éclairer. Cette peste sévit depuis le commencement de ce mauvais jour, depuis passé 30 ans.

Aujourd’hui dans chaque faculté de théologie, dans chaque collège du monde entier, on enseigne ce qui est communément appelé: la haute critique de la Bible, mais on ferait mieux de dire haute incrédulité, infidélité parmi la noblesse de la chrétienté. Ces hauts critiques font exactement la même œuvre que firent Thomas Paine et Robert Ingersoll sauf qu’ils placent leur travail sur une sphère plus élevée et ne font pas appel aux gens en général, mais aux plus intelligents qui cherchent la vérité. Comme résultat, leur influence en est mille fois plus pernicieuse. Paine et Ingersoll s’adressaient rarement à des chrétiens et ruinèrent ainsi très peu de croyances, ils rendirent simplement l’incrédulité plus forte et plus mauvaise. Mais ces infidèles de haute envergure de ce “mauvais jour” font usage de tout le vaste mécanisme de la chrétienté de toutes dénominations, spécialement des séminaires théologiques, pour miner et détruire la foi de tous ceux qui balbutient le nom de Christ, grands et petits, riches et pauvres, instruits et ignorants. Ce système est enseigné artificieusement avec ruse, et de telle manière que le public n’y voit rien. On peut dire que quatre sur cinq de ceux qui sortent gradués des séminaires de théologie sont des partisans de la haute critique auxquels on apprend que leur principale affaire est d’encourager la moralité parmi le peuple, de raffermir le prestige ecclésiastique, de leur propre secte surtout, et de détacher graduellement, adroitement les gens de la foi en la Bible pour les amener à leurs dogmes de la haute critique. Ils ré­ussissent merveilleusement. “Peste » est le seul terme qui convienne réellement à cette influence pernicieuse.

Ecoutez maintenant la confession de l’un de ces faux bergers. Nous citons textuellement une partie de ses paroles telles qu’elles furent publiées par un journal re­ligieux des plus en vue du monde L’lndépendant de New’­York. Le rédacteur de ce journal sympathise apparem­ment avec ce loup anonyme, et répond de lui comme d’un homme de caractère et d’une intelligence chrétienne remplissant une fonction élevée dans une église dite orthodoxe et dont l’orthodoxie ne saurait être suspectée. Voici sa confession:

“Je n’ai jamais gagné de distinction par mon hérésie, ni même acquis une réputation locale par des diatribes violentes et des écarts de l’orthodoxie. Si je me décidais un beau di­manche matin à exposer à ma congrégation toutes mes diver­gences de la croyance chrétienne reconnue, je la scandali­serais au delà de toute mesure. Elle comprend dans un

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sens général que je suis un homme d’esprit libéral, et je saisis toutes les occasions pour la détourner du dogme usé et lui montrer la vérité telle qu’elle est. Je n ai aucun doute qu’ils aient entrepris un tel effort d’esprit, et beaucoup d’en­tre eux désirent maintenir une allure raisonnable.

“Ma congrégation est au-dessus de la moyenne, comme intelligence, instruction et sympathie avec les mouvements progressistes; néanmoins je suis pleinement persuadé que si je leur faisais part ouvertement de mes croyances aux quelles mes études m’ont amené, non seulement cela leur ferait tinter les oreilles et éveillerait l’antagonisme contre ma personne, mais causerait aussi un revirement de sentiments vers le con­servatisme et l’orthodoxie.”

“L’évolution religieuse marche si rapidement, au moins par ce que j’en puis juger dans ma paroisse, que je n’hési­terai plus à donner libre carrière à des vues entièrement contraires au thème entier du sacrifice expiatoire et de la justice imputée. Des gens très pieux qui jadis s’informaient anxieusement pourquoi je ne parlais plus du sacrifice de Christ pour nos péchés chaque semaine, après un sermon sur n’importe quel sujet de Dan à Beer-Schéba, se tiennent maintenant assis patiemment sous le charme d’une prédication qui jamais ne réfère à Christ comme sacrifice expiatoire .

Combien ceci est vrai! Nous indiquions il y a 30 nus d’après les Ecritures que l’épreuve de la chrétienté arriverait de cette manière — que l’expiation pour le péché effectuée par notre cher Rédempteur est le seul fondement de toute foi et espérance bibliques et qu’elle serait répudiée par la chrétienté en bloc, selon les décla­rations prophétiques des Ecritures saintes. Quel immense changement depuis ce temps! Non seulement la science dite chrétienne a exercé une grande influence sur toutes les dénominations par son faux exposé: qu’il n’y a pas de péché originel, pas de mort et partant pas de péna­lité pour le pêché originel. — que Christ ne mourut pas, ni ne racheta les hommes du péché originel, et qu’il n’y avait pas nécessité pour une œuvre rédemptrice parce qu’il n’y avait pas de pêché. Cette « science faussement ainsi nommée” proclame que le salut par Christ est tout bonnement une illusion: depuis ce temps aussi la haute critique a répandu ses négations à travers tout le monde civilisé et détruit sûrement la foi en ce qui forme le centre même du plan divin.

Pour terminer, citons encore une autre partie de cette fameuse confession:

“J’ai l’espoir qu’avant longtemps les hérésies — c’est bien d’hérésies qu’il s’agit — de l’origine et de la résurrection miraculeuses de Christ deviendront au moins des opinions tolérées. Avec patience, tact et persévérance j’espère un jour faire connaître cette délivrance de mon esprit; comme j’ai déjà attendu patiemment des années pour donner mon opinion sur la rédemption. L’exposer maintenant serait compromettre mon vrai travail qui n’est pas d’enseigner l’histoire, pas même l’histoire concernant Jésus, ses apôtres ou son Eglise, mais de doter les vies d’une plus large foi religieuse, et de pro­duire quelques vertus morales et aimables par la dévotion au devoir comme Dieu me donne de le comprendre. On a peur et on recule devant l’appellation d’hypocrite et il est encourageant de se souvenir qu’au temps de Jésus, ils n’étaient pas flétris comme hypocrites ceux qui se considéraient encore comme Juifs et se rendaient aux fêtes quoique en profonde contradiction avec les docteurs de la loi et l’opinion prédominante. ”

Ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte..

Il y a apparemment un reste de conscience ici qui  semble comprendre vaguement qu’on peut le suspecter d’hypocrisie dans sa conduite. Mais remarquez comment il cherche à se justifier: il parle de “dévouement au devoir comme Dieu lui donne de le comprendre”. Devons­-nous nous attendre à ce que Dieu donne à un tel homme la capacité de voir et comprendre quelque chose? Ne tombe-t-­il pas plutôt sous le coup des paroles que Jésus disait aux hypocrites d’autrefois: “Vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne se tient pas dans la vérité » (Jean 8 : 44). Cet homme, et il n’est qu’un exemplaire d’autres, est un meurtrier il tue dans un sens spirituel les gens qui se confient à ses soins et leur enlève, si possible, l’étincelle de foi et d’engendrement de l’Esprit qu’ils possèdent et il le fait comme le fit le grand adversaire — par des mensonges et en contredisant la parole de l’Eternel.

Nous sommes dans le temps de secouement et d’ébranlement (Hébr. 12 : 27’) et où tout bouge: le temps brûlant où tout le bois, foin et chaume de fausseté doit être consumé, où les précieuses vérités de la parole de Dieu seules, l’or, l’argent et les pierres précieuses de la foi soutiendront l’épreuve du feu. Ecoutons les paroles de l’apôtre: “Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes de Dieu.” Cherchez les « anciens sentiers” (Jér. 6:16) — non les sentiers ni les théories des âges de ténèbres et leurs horribles “doctrines de démons”, mais les doctrines de Jésus et des apôtres: “afin que votre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu”. — 1 Cor. 16 :13 : 2 : 5 et 3:12-15.