« Puis l’Eternel étendit sa main, et toucha ma bouche ; et l’Eternel me dit :
Voici, je mets mes paroles dans ta bouche » – Jérémie 1 : 9.
Ces paroles sont un don du ciel. Lorsque Dieu voulait atteindre ses objectifs en des temps particuliers, Il choisissait du monde des lèvres pour annoncer sa volonté. Parfois, Il utilisait des envoyés célestes et en d’autres circonstances Il employait des serviteurs terrestres pour communiquer avec les hommes.
Dans sa grande sagesse, Dieu n’a pas choisi des représentants terrestres ayant une grande élocution, renommés, admirés et estimés de tous. Les trésors divins furent déversés dans de simples vases de terre, comme ce fut le cas de Jérémie.
Dieu choisit de tels représentants pour annoncer ses intentions. Il ne le fit pas dans les salles de spectacles des grandes villes, mais dans la pauvre localité de Anathoth, chez le responsable du temple, en la personne d’un jeune homme sincère parmi tous les princes, conscient de sa pauvreté et de son impuissance.
En vérité, « Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point pour réduire à néant celle qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » – Jérémie 1 : 27 – 29.
Qui peut mesurer la force des mots ? Ils encouragent et irritent, lient des amitiés et créent des inimitiés, ils font couler des larmes et les sèchent en fonction de leur disposition. Ils sont la source de vie dans les Ecritures, suscitent une joie inégalée et expliquent le Plan du Salut.
Dieu seul suscita Jérémie pour annoncer sa parole. Et ceci n’a rien à voir avec la prédestination. Jérémie 1 : 5. Ceux qui sont amenés à parler en son Nom, ne doivent pas attendre l’autorisation des hommes. S’il en était ainsi, il est quasi certain que Jérémie n’aurait jamais été choisi. Il est fort probable qu’aucun des prophètes, s’il avait été choisi par des hommes, n’aurait pu annoncer un message approprié quant aux temps et aux évènements à venir.
Jérémie entra en scène durant une période importante de l’histoire d’Israël. Le pays était rempli de corruption et de mal. Il était idolâtre, s’adonnant au culte de dieux étrangers (voir Jérémie 2ème chapitre). Au pire des exactions et de la corruption, l’hypocrisie des Israélites fut telle qu’ils s’écriaient : « C’est ici le temple de l’Eternel, le temple de l’Eternel » ( Jérémie 7 : 4 ), pensant que cela obligerait Dieu à les aider.
Dieu restait parfois silencieux, lorsque ses paroles étaient méprisées et leur existence nationale était alors menacée. Mais lorsque les circonstances l’exigeaient, Dieu intervenait dans l’histoire de l’homme. Parfois Il rassemblait, encourageait et en d’autres circonstances, Il secouait son peuple pour le sortir de sa léthargie spirituelle. En d’autres occasions, Il avertissait un reste de fidèles, pour les préserver de la corruption. Dieu utilisa toujours les lèvres des hommes pour annoncer son message au moment opportun.
LES « INSTRUMENTS » CHOISIS DE DIEU
De tels prophètes furent utilisés comme « des voix dans le désert » pour annoncer les choses futures. Leur mission principale fut de condamner sévèrement la corruption spirituelle, ce qui leur attira de grandes difficultés et des persécutions. Martin Luther parla dans les jours sombres de l’histoire de l’Eglise, sa voix fut celle de Dieu. Dix mille personnes voulaient porter atteinte à sa vie, mais Dieu le préserva afin de transmettre les messages appropriés. Sa voix retentit, et son écho se fit entendre non seulement en ce temps-là, mais encore aujourd’hui.
Le Pasteur Russell, ce serviteur choisi dans ces derniers temps, eut la grande mission d’annoncer la Présence du Seigneur. Au commencement de sa carrière il se sépara de toutes les croyances et organisations religieuses. Il rejeta tous les instructeurs, tous ceux dont l’ordination et la source d’inspiration venaient des hommes. Il reconnut l’autorité des Ecritures et l’onction comme étant ceux de l’Esprit saint.
Le grand message de vérité qu’il annonça, lui suscita de nombreux ennemis et l’opposition des dirigeants religieux de nombreuses églises, qui disaient à leurs fidèles qu’il n’avait aucun droit à se référer à la Parole de Dieu, n’étant pas ordonné par imposition des mains. Le frère Russell annonçait le Message du Seigneur selon les recommandations bibliques ; il était oint de l’Esprit saint, seule autorité reconnue par les Ecritures permettant à qui que ce soit de plonger ses regards dans les choses saintes. Les opposants du frère Russell furent très nombreux comme l’étaient ceux de Jérémie. Tous les contradicteurs déployèrent maints efforts afin de détruire son message. Mais la Parole de Dieu accomplit le rôle pour lequel elle était envoyée.
Nous trouvons une grande similitude entre la vie de Jérémie et celle de notre Seigneur. Tous deux furent des « hommes de douleur » et vinrent chez les siens et n’ont pas été reçus. Tous deux furent rejetés, abandonnés et méprisés. De tous temps les représentants du Seigneur se sont retrouvés dans des conditions similaires. Cela s’explique par la mission particulière de Jérémie, car ceux qui doivent se tenir debout, sont très souvent seuls.
En tant que prêtre, Jérémie a toujours tenu ferme et condamnait l’immoralité et les mensonges des prophètes. Nous pouvons aisément discerner pourquoi il ne fit pas l’unanimité parmi les autres prêtres et les prophètes, lorsqu’il condamnait leur ordination. Et il en fut toujours ainsi : Jean le Baptiste, Moïse, Elie et notre Seigneur, ces messagers de Dieu, ont toujours fait front aux institutions et aux autorités établies.
Des héros de la foi furent mis en évidence. Luther s’opposa aux papes et aux princes, Huss, Wyclif et de nombreux autres furent appelés martyrs. Dans ce dernier siècle [écrit en 1945], le pasteur Russell fit face au cléricalisme auquel il s’opposait à l’aide du message au temps convenable. Ces serviteurs de Dieu furent-ils ordonnés par les hommes ? Certes pas. Ils s’élevaient contre les doctrines humaines qui voilaient si fortement les précieuses Vérités de la Parole de Dieu.
Lorsque Dieu appela Jérémie, Il ne lui promit pas le couronnement de ses efforts par des manifestations bienveillantes. Sa mission ne fut qu’une succession de souffrances. « Voici, je t’établis en ce jour sur tout le pays comme une ville forte, une colonne de fer et un mur d’airain, contre les rois de Juda, contre ses chefs, contre ses sacrificateurs et contre le peuple du pays » – Jérémie 1 : 18.
Il n’eut pas l’assurance qu’il allait convaincre le peuple de se détourner du mauvais chemin sur lequel il se trouvait pour se tourner vers le bien. Jérémie 7 : 1 – 28. Sa mission consistait à parler de tout ce qu’il fallait dire. « Si je dis : Je ne ferai plus mention de lui, je ne parlerai plus en son nom, il y a dans mon cœur comme un feu dévorant qui est renfermé dans mes os. Je m’efforce de le contenir, et je ne le puis » – Jérémie 20 : 9. Si Dieu demande à son serviteur de parler, se tairait-il ? Dans ce cas, « les pierres crieront » – Luc 19 : 40.
L’HISTOIRE SE REPETE DANS LES DERNIERS JOURS
Dans les jours de Jérémie (comme toujours dans de pareilles circonstances), chacun cherchait le pardon pour ses manquements par des sacrifices et des offrandes, alors que Dieu recherchait l’obéissance dans le comportement de tous les jours. Il déclare par le prophète « Ajoutez vos holocaustes à vos sacrifices et mangez-en la chair » – Jérémie 7 : 21 – 28. Dieu ne pouvait les accepter, que dans la mesure où ils ne remplaçaient pas l’obéissance et la piété.
La déclaration de Jérémie suscita la consternation parmi les figures éminentes de l’époque, qui supposaient simplement que Dieu était satisfait de ce qu’ils Lui présentaient – les offrandes, les brebis etc. Jusqu’à ce jour, le peuple de Dieu se laisse souvent surprendre par cette même vieille tentation, celle de remplacer les qualités de cœur intérieures par des manifestations extérieures, en supposant qu’elles proviennent de l’Esprit saint.
Notre Seigneur nous montra avec une grande précision que l’esprit de l’homme ne peut se cacher sous la robe du pardon en invoquant la quantité de travail, de temps et d’argent consacré pour sa cause, de l’assiduité à toutes les réunions, si dans le même temps l’Esprit saint n’exerce aucune influence sanctifiante sur le cœur – Matthieu 7 : 22, 23.
La différence entre le peuple de Dieu nominal de l’ère judaïque et celui de l’ère chrétienne, réside dans la forme de sacrifice. Les chrétiens nominaux n’offrent plus de brebis, mais consacrent souvent leurs talents et leurs capacités pour des oeuvres qui ne les rapprochent que rarement de l’obéissance et du véritable sacrifice à Dieu.
L’histoire se répète fréquemment. Les prêtres et les prophètes du temps de Jérémie ne pouvaient supporter les réprimandes. C’est pourquoi il organisèrent un complot et remplirent sa vie d’épreuves et de difficultés. De nos jours la persécution est plus raffinée. On s’oppose à ceux qui parlent sans l’ordination de telle ou telle église, d’un tel système ou d’une institution quelconque. On soutient que de telles personnes ne peuvent les représenter. Toutefois dans ces derniers temps, les véritables membres du Corps ne sont-ils pas oints pour enseigner ?
Reportons-nous à une pensée du serviteur fidèle et prudent : « Comme nous le voyons, l’enseignement sur la base des Ecritures saintes n’est pas seulement dirigé vers la classe du clergé, car chaque Nouvelle Créature est membre du Sacerdoce Royal, ; elle est donc ointe pour enseigner et ainsi pleinement autorisée à annoncer la bonne nouvelle à tous ceux qui ont des oreilles pour entendre, et peut le faire en fonction de ses capacités, dans la mesure où cette démarche est faite fidèlement et correctement ».
LES CAUSES DES MANQUEMENTS SPIRITUELS ET DE SES ECARTS
Les membres de l’assemblée véritablement consacrés bénéficient d’un grand privilège. L’esprit d’humilité à la ressemblance du Seigneur et leur zèle permettent de collaborer avec le Seigneur dans le choix des anciens et des diacres. Parfois il peut arriver que l’assemblée se compose d’une majorité de membres dont le sacrifice n’est pas suffisant. Leur condition spirituelle peut s’avérer faible, alors qu’elles sont amenées à élire des anciens.
L’histoire note comment dans les institutions et les systèmes humains, certains s’octroyèrent le droit de oindre et d’ordonner ceux qu’ils allaient instituer comme porte-parole. Les Ecritures n’approuvent pas les recommandations d’une corporation humaine, ou d’une organisation quelconque. Combien tristes s’avèrent toujours ces pratiques qui ne sont d’aucune manière reconnues par le Seigneur ! Ces comportements ouvrent la voie à l’ordination d’éléments que la mondanité pousse à devenir la proie de tentations et de pratiques qui ne relèvent pas de la vérité. Une telle abomination engendre un esprit de corruption spirituelle et d’apostasie dans l’Eglise.
C’est une grande erreur de supposer que le Seigneur soit limité par le nombre des orateurs. Considérons le travail des apôtres, des réformateurs et dernièrement de la grande bénédiction venue par l’intermédiaire du serviteur fidèle et prudent et de ceux qui furent engagés dans l’œuvre du temps de la moisson, qui servirent l’Eglise sans oublier le travail accompli par chaque assemblée et ses anciens.
Avant de conclure le point des élections, nous voulons souligner que de nos jours il est triste que certaines assemblées négligent leurs privilèges et leur liberté en ce qui concerne l’élection des anciens, en permettant à certains qui ne possèdent pas les qualités requises d’être élus. Si ces conditions se présentent, alors ce n’est qu’une question de temps pour que ces personnes deviennent des éléments dominateurs parmi les frères, et qu’ils se mettent à battre ceux qui possèdent une vérité saine, ne pouvant la supporter, la recevant souvent comme un reproche.
Tous ceux qui veillent en ces temps décisifs, connaissent le fait soutenu par la vérité prophétique que l’église nominale durant l’âge de l’Evangile s’est toujours conduite dans la corruption, comme cela fut typifié par l’Israël naturel. Toutes formes de mal se sont introduites dans l’église semant la confusion quant à la foi et la vie spirituelle. L’église nominale n’a jamais été guérie de cela, et n’a manifesté aucun signe de guérison. Quelqu’un a dit à juste titre : « L’histoire de l’église est l’histoire de la corruption à grande échelle». Chacun peut se convaincre de la réalité de cette déclaration.
Ceci manifeste l’infinie sagesse divine qui a prévu une épreuve de polissage et de transformation des futurs cohéritiers de Christ, parmi quantité de personnes dépourvues de sentiments spirituels, non régénérées ou incirconcises, des chrétiens qui n’ont de Christ que le nom.
L’influence d’un autre esprit que l’Esprit saint se mit à agir dans le temple de Dieu, et un petit nombre de Saints tenta de s’opposer à la grande majorité de ceux qui ne possédaient pas l’Esprit saint et dont le comportement n’était pas celui d’enfants de Dieu, de Nouvelles Créatures.
Ce furent les jours, où chacun put imiter le prophète Jérémie. Impopulaire, seul, tourmenté, mais incapable de retenir en lui « le feu dévorant renfermé dans ses os ». Jérémie était comme un faible roseau. Humilié, homme de douleur, comme oublié par l’Eternel ; mais Dieu le consola, en lui révélant que son peuple retrouverait sa terre. Il entendit un message de joie, la voix de l’Epoux et de l’Epouse. Il reçut des informations au sujet du « rejeton » issu de David, qui devait s’asseoir sur le trône, comme Etre-Esprit glorieux.
Il lui fut donné l’une des plus grandes prophéties de l’Ancien Testament se rapportant à la Nouvelle Alliance. Cette Alliance sera conclue avec les deux maisons – Israël et Juda – ; sous cette Alliance, il n’en sera pas comme il en fut sous l’ancienne alliance qu’ils ont rompue , mais ce sera une alliance qui sera observée, car la loi sera écrite dans leurs cœurs – Jérémie 31 : 31 – 34.
Quel merveilleux jour que celui où leurs cœurs de pierre seront réellement transformés pour observer cette alliance. Jérémie, qui ne fut pas engendré de l’Esprit (car il vécut avant la dispensation de l’Esprit), ne put comprendre cette vérité, une vérité qui s’avère parfois si difficile à garder par certains dans ce temps moisson. Comme le cœur de Jérémie a dû aspirer à ce jour où les cœurs des humains seront transformés ; lui, il n’a connu de son temps qu’un très petit nombre de personnes bien disposées.
LES DERNIERS MOMENTS DE LA CARRIERE DE L’EGLISE
Si donc, dans ces jours, certains sont accablés à cause de la Vérité du temps présent, qu’ils soient consolés à l’exemple de Jérémie. Dans cette dernière heure de pèlerinage de l’Eglise sur la terre, il n’y a guère à s’attendre à de la popularité ni à des formes extérieures de progrès. Mais cela ne peut les empêcher de proclamer la vérité, car un « feu dévorant » est renfermé dans leurs os.
« L’homme de Dieu » – (2 Timothée 3 : 17) quel qu’il soit et où qu’il se trouve, doit aller de l’avant, travailler, servir selon les talents mis à sa disposition et selon le poste attribué par le Seigneur. Les ennemis peuvent s’opposer, le monde se moquer et les frères de nom tenter de mettre des obstacles et nous abandonner. Les luttes et les querelles peuvent survenir, suscitant la déception et le désespoir, mais les nouveaux « Jérémie » doivent toujours aller de l’avant. Ils rendent témoignage à la Vérité selon l’exemple de l’apôtre Paul qui, écrivant à Timothée, déclara : « Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » – 2 Timothée 3 : 16.
La vérité a toujours été l’objet d’attaques subtiles. Les livres écrits par Jérémie furent coupés au canif et jetés au brasier – Jérémie 36 : 23. L’instrument tranchant a souvent été l’arme de choix des opposants à la vérité. Cet outil symbolique a toujours été utilisé dans une mesure plus ou moins grande, et il l’est encore aujourd’hui en rapport avec certaines doctrines de la Vérité présente – la Vérité de la moisson – si abondamment fournie par notre Seigneur par le moyen du Serviteur fidèle et prudent.
Combien chacun de nous doit prendre garde à la subtile tentation d’utiliser un instrument tranchant à l’encontre du message divin. Que celui qui lit, soit attentif ! Si la Vérité peut être momentanément salie, elle est finalement indestructible. Jérémie écrivit un autre livre et « beaucoup d’autres paroles semblables y furent encore ajoutées » – Jérémie 36 : 32.
C’est une immense consolation pour ceux qui défendent la Vérité, de savoir qu’elle ne sera jamais détruite. Leur connaissance est déjà une grande récompense dans ce monde corrompu. Le Seigneur Lui-même, n’avait pas où reposer la tête – Luc 9 : 58. L’apôtre Paul aussi, n’avait que quelques proches amis, un manteau, quelques livres et certains parchemins – 2 Timothée 4 : 13.
Il savait que la couronne de justice lui était réservée, et cela suffisait à le satisfaire. Il en est de même des véritables consacrés.
Il est toujours préférable de boire à la source d’eau vive que de puiser dans des citernes faites de mains d’hommes et qui ne peuvent retenir l’eau à cause de leurs fissures. Les gens au temps de Jérémie buvaient à de telles citernes crevassées, lorsqu’ils recevaient des leçons d’instructeurs indépendants, de prêtres et de prophètes non reconnus par Dieu ; c’étaient des personnes charnelles qui diffusaient l’erreur en prétendant puiser à la source de Vérité.
LE RESTE, ELEMENT DE PRESERVATION
Les Saintes Ecritures décrivent le véritable chrétien comme « l’homme intérieur, fortifié par la puissance de l’Esprit ». C’est un zèle spirituel, une force intérieure, la puissance de l’Esprit qui caractérise le chrétien. L’homme naturel peut parfois se soustraire aux obligations qui lui incombent sur le chemin de la vie chrétienne, toutefois sous l’influence céleste, les plus craintifs peuvent devenir forts comme des lions, les peureux acquérir la hardiesse par laquelle le Père céleste les encourage lorsqu’Il déclare : « N’aie crainte, car je suis avec toi ».
Jérémie est l’exemple d’un caractère approprié pour les véritables chrétiens. Il était doux, humble, et inébranlable quant au message que le Seigneur lui demanda de transmettre. C’est avec une grande sensibilité qu’il manifestait sa tristesse à l’égard de son peuple déchu. Il n’eut aucun égard envers les princes, les prêtres, ni qui que ce soit, car l’inspiration prophétique lui permit d’être fort en esprit.
De tout temps, un chrétien véritable, à l’exemple de Jérémie, est souvent abandonné. L’homme intérieur (la Nouvelle Créature) tient ferme comme un pilier contre les forces extérieures de la mondanité, de l’opposition des faux frères de la séduction et de l’impopularité. Il se réjouit de la présence du Seigneur, de son conseil, de sa communion dans la prière. Il est ainsi plus que récompensé dans son isolement.
Les Ecritures nous montrent, que dans tous ses agissements avec le « reste » de son peuple, Dieu permet que celui-ci constitue l’élément de préservation. La majorité semble se satisfaire de l’erreur et de l’apostasie, elle s’égare et ne remplit pas son alliance. Seul un petit reste, un ici, un autre là, s’efforce d’accomplir la mission qui lui a été confiée et permet ainsi au plan de Dieu de progresser.
Combien sont vraies les paroles de Dieu adressées par le prophète : « Si tu te rattaches à moi, je te répondrais, et tu te tiendras devant moi ; si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. C’est à eux de revenir à toi, mais ce n’est pas à toi de retourner vers eux » – Jérémie 15 : 19.
Les fidèles du Seigneur qui respectent leur alliance et agissent avec la grâce divine, sont préservés dans leur cœur de la corruption charnelle. Ceux qui parlent « comme ma bouche », sont comme le déclare Jérémie, peu nombreux – un reste choisi pour être son porte-parole.
DES TENEBRES SEMBLABLES
Tout le peuple au temps de Jérémie, s’inclinait se tournait soit vers l’Egypte soit vers Babylone. Sa disposition morale fut fortement minée. Nous ne pouvons nous étonner du fait que les Israélites furent rapidement assujettis et conduits en captivité. Cette image nous suggère, que l’Israël spirituel peut être tenté de se rapprocher de l’Egypte symbolique, du monde ou de Babylone (le système de sectes).
Le peuple de Dieu peut également être accaparé par les plaisirs mondains, par manque de croissance spirituelle et être tenté de rechercher une autre nourriture, mais aussi de se laisser influencer par des méthodes sectaires.
Naturellement, lorsque Jérémie admonestait le peuple d’Israël pour ses écarts de la morale et ses mensonges, il suscita la colère et la haine des prêtres et des prophètes de son temps. C’est cela qui fut la cause de son enchaînement et de son emprisonnement comme malfaiteur. Puis, il fut chassé des ruines de son pays natal et devint esclave dans la terre idolâtre d’Egypte contre laquelle il parla si souvent. Là encore il voulu poursuivre sa mission parmi les siens en esclavage, mais ils s’opposaient à toutes les paroles qu’il prononçait, disant qu’ils étaient mieux lorsqu’ils avaient « du pain pour se rassasier, lorsqu’ils étaient heureux, et n’éprouvaient point de malheur » – Jérémie 44 : 17.
De même, de nos jours, les fidèles qui travaillent pour la pure vérité, sont souvent soupçonnés de perturber et de diviser le peuple du Seigneur ou même de semer le trouble là où règne l’harmonie. Enfin, lorsque les objectifs de Dieu furent atteints, la vie de Jérémie, semblable à une bougie, s’éteignit. Telle sera la fin de tous ceux qui parlent au nom de Dieu.
Le mensonge moral et spirituel d’Israël spirituel cessera également, non seulement à l’égard de l’église nominale, mais aussi quant à sa prétention d’être « un peuple dans la vérité ». Il en sera bientôt comme de l’antique Babylone. Seul le reste fidèle, qui vit selon la lettre et l’esprit de la Vérité parlera en son nom.
Cette poignée de fidèles qui se trouvent encore dans la vallée de l’ombre de la mort, bénéficient de la grâce et de l’aide qui vient d’En-Haut. Elles leur permettent de marcher fidèlement jusqu’à la fin. Leur message, comme celui de Jérémie prendra fin, et leurs jours se termineront. Aujourd’hui déjà, les cieux s’obscurcissent, les ténèbres de la nuit s’avancent – cette nuit fera place à l’aurore éternelle du royaume de Dieu.
(Selon Straz Poranka – 1945–5–1).