N’aimez pas le monde

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« N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ». – 1 Jean 2 : 15.

Nous ne pouvons lire ce conseil de l’Apôtre Jean sans qu’un autre texte biblique qui, à première vue, peut paraître contradictoire, nous vienne à l’esprit ; c’est celui où il est dit : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». (Jean 3 : 16). Ces deux textes, cependant, ne sont pas opposés, mais ils sont entièrement d’accord, lorsqu’ils sont correctement compris. Si Dieu a tant aimé les hommes, alors qu’ils étaient encore pécheurs (Rom. 5 : 8), et au point de sacrifier le plus cher trésor de Son coeur pour les racheter et les sauver, nous ne pouvons pas être en désaccord avec Sa volonté si nous manifestons le même amour et la même bienveillance envers eux. En effet, l’enseignement formel de la Parole est celui-ci : « Pendant que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous les hommes ». « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes… Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». – Gal. 6 : 10 ; Matth. 5 : 44-48.

L’amour que Dieu a pour le monde n’est pas le sentiment contre lequel l’Apôtre met en garde l’Eglise, comme le montre clairement le contexte. Cet amour de Dieu est un amour grandiose et ennoblissant – un amour qui se tient sur un plan élevé de pureté et qui n’a pas la moindre relation avec l’impureté. Néanmoins cet amour prend en pitié ceux qui sont déchus et il fait beaucoup d’efforts pour les délivrer de cette dégradation. Cet amour divin, si digne d’imitation de notre part, est celui qui, par bienveillance, ne fait pas attention aux animosités et aux antagonismes personnels, mais qui, laissant de côté toutes les considérations égoïstes et les sentiments vindicatifs, considère seulement les possibilités, les voies et les moyens pour amener la paix, la réforme et le salut.

Mais l’amour pour le monde auquel Jean fait allusion, comme le montre le contexte, est l’amour d’association avec le monde, un amour qui implique la participation à l’esprit du monde, à ses buts, à ses ambitions, à ses espérances et à ses méthodes pour les atteindre. Si quelqu’un aime le monde dans ce sens, certainement l’amour du Père n’est pas en lui. « En effet, tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais vient du monde [c’est-à-dire selon l’esprit de ce présent monde mauvais]. Or le monde passe, avec sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ». – 1 Jean 2 : 16, 17.

Comme enfants de Dieu, nous avons été appelés à une position de grande faveur et de supériorité. Notre Père Céleste nous a révélé Ses plans et Ses desseins et Il a usé de condescendance envers nous pour nous prendre dans Sa communion et nous inviter à coopérer activement avec Lui ; et notre perception de l’avenir est si grande et si étendue que nous sommes capables de voir la vie présente sous un aspect très différent de celui sous lequel le monde la voit. Les gens du monde marchent dans les ténèbres sans la lumière de la vie et, conséquemment, pour eux les choses de la vie présente, que nous avons appris à considérer comme des balayures, sont d’une grande valeur ; ils courent, ils luttent et ils font des efforts pour atteindre des avantages trompeurs qui leur apportent seulement labeur et chagrin et qui passent rapidement.

L’Apôtre a très brièvement résumé les trésors du monde en les appelant convoitise de la chair, convoitise des yeux et orgueil de la vie. La convoitise de la chair inclut toutes les passions et tous les appétits charnels, les instincts purement animaux. Pour ces choses-là des milliers de gens renoncent à leurs meilleurs intérêts. Faire bonne chère lors de repas somptueux, manger et boire, se livrer à des ébats folâtres et au plaisir, c’est leur bonheur. La convoitise des yeux recherche le luxe dans l’habillement et dans l’aménagement de la maison, ainsi que l’accumulation, pour son propre contentement, de tout ce qui est admiré et désiré. L’orgueil de la vie se glorifie honteusement de cet égoïsme qui, d’une part, ignore les besoins et les malheurs des indigents, des personnes qui souffrent, et qui, d’autre part, déclare avec suffisance : « Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour beaucoup d’années ; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi. » (Luc 12 : 19). Il va même plus loin ; il méprise le pauvre et le nécessiteux, et il les opprime.

Tel est l’esprit de ce monde. Il est l’opposé même de l’Esprit de Dieu et de Christ ; ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu devraient s’en tenir éloignés le plus possible. Leur conduite, leur habillement, leur vie familiale et l’aménagement de leur habitation devraient tous parler d’une voix différente de celle du monde. Nous ne devons pas tourner nos pensées vers les choses élevées, mais nous devons nous montrer condescendants envers les hommes d’humble condition. Nous ne devons pas non plus montrer de la préférence pour l’homme qui porte des habits magnifiques et des bagues en or, mais, comme notre Maître, nous devons avoir la plus haute estime et de l’amour chrétien pour ceux qui font la volonté de notre Père Céleste. – Rom. 12 : 16 ; Jacques 2 : 1-5.

« Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Voici comment l’amour est accompli en nous, pour nous donner une pleine assurance au jour du jugement ; c’est tel Il [Dieu] est, lui, tels nous sommes, nous dans ce monde ». (1 Jean 4 : 16, 17). Dieu est amour, et c’est ainsi qu’Il se manifeste à toutes Ses créatures ; nous devrions aussi être amour et briller comme des lumières dans le monde. Si dans ce monde nous devenons des personnifications vivantes et des représentants de l’amour, nous pouvons être assurés qu’à la fin de notre course nous paraîtrons approuvés devant Dieu qui cherche par-dessus tout à voir en nous cette ressemblance à Lui-même. – 1 Jean 4 : 16-18.

Avoir communion avec le monde, c’est marcher en accord avec ses idées et se conformer à ses voies. Dans ce sens non seulement nous pouvons ne pas l’aimer, mais nous devons nous tenir à l’écart de lui et être en opposition avec lui. La voie qui nous est ainsi tracée est, à certains égards du moins, difficile et solitaire ; mais c’est la seule voie où nous puissions trouver la paix et un bonheur durable. Ce monde avec ses convoitises passe rapidement ; il est creux, peu satisfaisant et mène, en fin de compte, au désastre et à la ruine. Mais ceux qui prennent plaisir aux voies de l’Eternel jouissent de Sa communion bénie et de Son amitié. Leur joie provient d’une source que le monde ne comprend pas. Ils vivent sur un plan plus élevé, respirent une atmosphère plus pure et sont les objets d’une amitié plus douce et plus sainte, choses que le monde ne pourrait jamais leur offrir.

Si quelqu’un, étant en Christ, quitte ces hauts privilèges et s’abaisse pour participer aux pauvres succédanés que le monde est prêt à lui offrir, il prouve par là son manque d’appréciation et conséquemment son indignité des choses spirituelles : l’amour du Père n’est pas en lui. Il peut donc redouter le verdict du jour du jugement.

W.T. 1955 – 1896.

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