« Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, pour annoncer la promesse de la vie qui est en Jésus-Christ, à Timothée, mon enfant bien-aimé : que la grâce, la miséricorde et la paix te soient données de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ notre Seigneur !
Je rends grâces à Dieu, que mes ancêtres ont servi, et que je sers avec une conscience pure, de ce que nuit et jour je me souviens continuellement de toi dans mes prières, me rappelant tes larmes, et désirant te voir afin d’être rempli de joie, gardant le souvenir de la foi sincère qui est en toi, qui habita d’abord dans ton aïeule Loïs et dans ta mère Eunice, et qui, j’en suis persuadé, habite aussi en toi.
C’est pourquoi je t’exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains. Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse.
N’aie donc point honte du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. Mais souffre avec moi pour l’Évangile, par la puissance de Dieu qui nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels, et qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile.
C’est pour cet Évangile que j’ai été établi prédicateur et apôtre, chargé d’instruire les païens. Et c’est à cause de cela que je souffre ces choses ; mais j’en ai point honte, car je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là.
Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt, par le Saint Esprit qui habite en nous. » – 2 Timothée 1 : 1-14.
Le Seigneur a gardé cette belle lettre paternelle et nous l’a réservée, en lui donnant la place qui lui revient dans le Nouveau Testament. Pourquoi ? Sans doute parce qu’elle contient des paroles impérissables ; et parce que le Seigneur nous connaissait déjà et savait que notre état d’esprit serait semblable à celui de notre frère Timothée.
C’est une lettre rédigée pour encourager Timothée, une exhortation à ne pas oublier son engagement pris au début sur la voie de la foi.
Quelle joie immense avait dû remplir son cœur, lorsqu’il connut le message du salut en Jésus-Christ ! Cette merveilleuse délivrance a apaisé son impatience, et lui a donné de l’espoir. Elle l’a comblé d’amour et de reconnaissance pour ce merveilleux Sauveur Jésus-Christ. L’exemple de Paul, son ami « paternel », l’apôtre fidèle, la force spirituelle de son discours, l’ont grandement influencé.
Comment aurait-il pu oublier ces réunions bénies, où l’Esprit était présent, durant lesquelles Paul parlait aux croyants ! Ils étaient tous profondément bouleversés, et l’Esprit Saint habitait en eux. Tous attendaient le « jour » où le Seigneur se manifesterait. Ils se réjouissaient qu’ils verraient le Seigneur Jésus-Christ, ce jour-là, face à face, enlevés dans la gloire des demeures éternelles dont Paul leur parlait avec tant d’éloquence et avec une profonde conviction.
Oui, il y a des choses, des expériences spirituelles qu’on n’oublie jamais. Qui donc pourrait oublier que le Saint Esprit a conduit chacun de nous sur le chemin de la foi ? Quelle grâce nous avons reçue en partage ! Que d’espaces spirituels se sont ouverts devant nous ! Et quelle joie de pouvoir entrer en relation avec notre Père céleste par Jésus-Christ !
Et pourtant, un frère aussi favorisé que l’était Timothée se découragea, lui, qui avait comme ami et instructeur l’apôtre Paul. Ceci nous montre simplement qu’il lui arriva la même chose qu’à nous, parfois, et combien son combat peut ressembler au nôtre. Nous rencontrons tous, sur le chemin de la foi, des phénomènes d’affaiblissement, de lassitude, qui proviennent de déceptions, d’attentes prématurées ou manquées, d’influences mauvaises.
Ce monde est un lieu de peur et d’angoisses. Tout le monde a peur – de la maladie, de vieillir, de la mort ; peur des autres hommes, de la guerre, de la menace des armes nucléaires aux mains de puissances égoïstes ; peur de la calomnie ou de paraître antipathique ; peur pour les siens, pour les enfants, pour l’avenir ; peur que les conditions d’existence se dégradent, de ne pouvoir résister à l’heure de l’épreuve. Et ces tourments nous touchent aussi. Mais il faut arriver à les surmonter. Timothée aussi ressentait ces peurs. Paul, son père spirituel, n’était-il pas en prison ? Cet apôtre, héraut de Jésus-Christ, n’était-il pas enchaîné comme un malfaiteur ? Et le Seigneur permettait que son meilleur et son plus humble serviteur soit ainsi couvert d’infamie !
Qu’est-ce que Paul lui écrit ? « N’aie donc point honte … de moi son prisonnier [du Seigneur]. » (Verset 8). Mais qui pourrait avoir honte de Paul, un apôtre si remarquable ? dirait-on aujourd’hui. N’oublions pas qu’en ce temps-là, Paul n’était pas un apôtre aussi connu. De nos jours, il tient une place privilégiée dans les pensées et l’attention des Chrétiens.
Mais, imaginons que, de nos jours, Paul soit en prison à cause de Jésus. Nous pourrions faire des démarches administratives pour le faire libérer, lui rendre visite, prendre son parti, et ainsi nous compromettre. On penserait bientôt de nous : « Voilà l’un (e) de ces indésirables agitateurs ! » et nous serions dans l’épreuve à cause de Jésus. C’est pourquoi, connaissant le danger, Paul écrit à Timothée : « Mais souffre avec moi pour l’Évangile, par la puissance de Dieu » (Verset 8).
Seul le Seigneur peut donner la force de souffrir pour la Vérité, à cause de Jésus et de notre profession de foi. Avec l’aide de l’Esprit, nous pouvons dominer la peur de la souffrance. L’Esprit dirige également notre corps, notre destin temporel et les sanctifie. Quand nous sommes touchés par des douleurs physiques, à cause de l’âge, de la maladie ou d’un accident, nous savons que Dieu donne la force, supervise, protège et guide les siens et leur famille.
Paul disait : « Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère ; autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. » (1 Corinthiens 7 : 14). Nous voyons donc combien notre situation de consacré agit sur notre entourage, par les bénédictions, la protection et la force en action autour de nous, grâce à notre foi.
D’où provenait la lettre de Paul à Timothée ? Nous l’avons dit : il lui écrivit alors qu’il était en prison. N’aurait-on pas pu penser, que ce soit Timothée qui écrive à Paul, pour le consoler, l’encourager et lui prouver son attachement ? Mais non, c’est le prisonnier qui console l’homme libre ! Lui qui va mal, encourage, exhorte à la fidélité. Lui, dont la foi ne faiblit pas malgré les chaînes, malgré le danger de mort – « car je sais en qui j’ai cru » (Verset 12).
Une telle chose nous est-elle déjà arrivée ? Nous sommes peut être allés rendre visite à un malade pour le consoler et l’encourager, et c’est lui, au contraire, qui nous a consolés et encouragés. Parfois, c’est le malade le plus fort, parce qu’il a surmonté la peur. Il a vaincu son « moi ». C’était le cas de Paul. A la place de son « moi », il y avait Jésus-Christ. « … notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile. C’est pour cet Évangile que j’ai été établi prédicateur et apôtre, chargé d’instruire les païens. » (Versets 10 et 11).
Souvent, dans notre quête spirituelle, notre propre « moi » nous barre la route. Quand nous sommes lassés, trop distraits par des influences matérielles, le Saint Esprit, qui voudrait augmenter son influence sur nous, se trouve empêché dans son action.
On peut acquérir une conduite spirituelle ferme avec les années, pourtant, inconsciemment, une certaine routine monotone peut s’installer. On peut aussi se focaliser sur des questions secondaires, ayant pour conséquence de ne plus voir le côté glorieux, grandiose, et surtout vivant du message.
L’Esprit, c’est le mouvement. Le Saint Esprit est une puissance qui fait avancer. A la question : Est-ce que j’ai l’Esprit de Dieu ? On peut répondre par une autre question : Qu’est-ce qui me fait avancer ? Qu’est-ce qui me pousse ? Quelles influences déterminent et dirigent mes pensées et mes actes ? Interrogeons-nous dans l’intimité de la chambre, et prions pour être bien éclairés sur nous-mêmes.
Le Tout-Puissant parle à notre conscience par l’Esprit. Quand l’Esprit nous guide, c’est Dieu qui se manifeste en nous. Le Saint Esprit agit directement sur nous. Il s’impose à nous dans la Parole de Dieu et nous guide vers la connaissance de la Vérité, car « c’est poussés par le Saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » – 2 Pierre 1 : 21.
Par contre, la connaissance de la Parole nous est inutile si le Saint Esprit ne nous éclaire pas. Nous n’accédons pas à la Vérité seulement en cumulant du savoir qui nous conduit à certaines conclusions. L’Esprit agit plus directement et plus profondément. Les croyances théoriques sont vaines, comme « mortes », même si elles correspondent à la Vérité. Et cependant nous ne pouvons pas cesser d’approfondir notre foi. Mais nous devons nous rappeler que toute pensée théorique doit immédiatement nous conduire au Dieu vivant. Souvent, dans notre faiblesse, nous oscillons de gauche à droite, entre des théories stylées et la référence au véritable Dieu vivant.
Le « moi » joue ici un grand rôle, et empêche l’Esprit de nous guider. Il arrive parfois que nous étudions la Parole de Dieu de la même manière que nous le ferions avec les choses du monde. Mais, rappelons-nous que tout point de vue humain est obligatoirement limité.
Les Saintes Écritures nous instruisent selon nos capacités. Dans ce « crépuscule », le Saint Esprit nous vient en aide, il nous éclaire ; le Père et le Fils nous parlent par son intermédiaire. Et par lui, nous voyons le Père Éternel et Jésus-Christ dans une merveilleuse clarté qui nous console et nous secourt. C’est parce que Dieu a éclairé nos cœurs, que nous sommes devenus des enfants de lumière. Ce n’est pas en raison de notre intelligence que nous sommes dans la lumière, cela vient de Dieu : « Car Dieu, qui a dit : La lumière brillera du sein des ténèbres ! a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ. » – 2 Corinthiens 4 : 6.
Il est nécessaire que, non seulement notre intelligence comprenne cela, mais aussi notre cœur, notre conscience spirituelle, notre perception de la lumière, c’est-à-dire de l’influence de Dieu. Nous restons dans la lumière à condition que nous répandions également un peu de notre lumière, de la joie, de la chaleur. « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! » (Éphésiens 5 : 8). Les autres devraient toujours remarquer que notre lumière leur donne de la joie et de la chaleur.
Il y a des frères et des sœurs qui agissent sur nous comme une sorte de lumière douce et joyeuse. Comme on aime réchauffer notre cœur à une telle lumière, à un tel soutien ! Pourquoi ont-ils une telle influence ? N’ont-ils pas de soucis, pas de manques, pas de tristesse ? Oh non ! Souvent ils en ont plus que nous. Mais ils ont une foi ferme, confiante, et grâce à elle, ils dominent leur propre « moi ». Car le « moi » obscurcit la lumière. Le « moi » nous empêche d’ouvrir notre cœur à tout ce que Dieu voudrait nous donner par Jésus-Christ, tout ce qui est grandiose, brillant et libérateur ; il nous empêche aussi d’aimer les autres membres de la famille de la foi et de leur porter une réelle sympathie.
Si nous pensons constamment à nos soucis et à notre intérêt personnel, comment pouvons-nous servir en tant « qu’enfants de lumière » ? Et comment pouvons-nous, nous-mêmes être bénis et éclairés ?
Paul exerce précisément une grande influence, parce que son « moi » a totalement disparu. Il l’a vaincu. « Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ. » (Philippiens 3 : 8). Ainsi, il écrivait à Timothée : « C’est pourquoi je t’exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains. Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. » – 2 Timothée 1 : 6, 7.
Nous aussi, efforçons-nous de rallumer l’étincelle, lors de nos réunions. Cherchons à saisir un peu de ce vent impétueux qui passa lors de la première Pentecôte à Jérusalem, pour que l’œuvre de l’Esprit se manifeste aussi en nous et qu’il nous vivifie, nous bénisse et nous fortifie. Sans aucun doute, Dieu est prêt à nous l’accorder… mais c’est à nous d’ôter tout obstacle de notre cœur, pour laisser la place à l’action de l’Esprit. Dans l’époque difficile où nous vivons, nous avons besoin de ressentir l’influence du Saint Esprit. Ne doutons pas que l’Adversaire soit actif, pour nous faire du tort et diminuer notre foi, susciter des malentendus parmi nous, et refroidir l’amour entre frères.
Il n’est pas toujours facile de garder une foi vivante pendant des dizaines d’années. Des problèmes extérieurs et intérieurs nous assaillent en permanence. Il semble parfois que la Parole ait perdu de sa force ; le cœur est fatigué. Cependant, le Seigneur nous a donné une mission : rester fidèles jusqu’à la fin ! Il est évident qu’Il attend quelque chose de nous. L’apôtre Jacques déclare : « Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre » (Jacques 1 : 4). Il faut donc lutter pour atteindre ce but. Nous devons surmonter les déceptions, et essayer d’écarter les difficultés – que ce soient des obstacles extérieurs ou personnels.
La Parole de Dieu est toujours efficace, et elle s’exécutera avec une précision infaillible. Nous seuls sommes parfois défaillants, et persévérer patiemment nous paraît difficile. Pourtant, notre espérance, fondée et réelle, est la « révélation » de notre Seigneur Jésus-Christ. Le désir ardent qu’Il se manifeste à toute l’humanité en puissance et en gloire pour mettre fin à l’horreur sur terre, et apporter la paix aux hommes tourmentés par le Malin, trouve son expression dans les paroles du prophète Esaïe : « Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais, les montagnes s’ébranleraient devant toi, comme s’allume un feu de bois sec, comme s’évapore l’eau qui bouillonne ; tes ennemis connaîtraient ton nom, et les nations trembleraient devant toi. Lorsque tu fis des prodiges que nous n’attendions pas, tu descendis, et les montagnes s’ébranlèrent devant toi. » – Ésaïe 63 : 19 et 64 : 1, 2.
« Des prodiges que nous n’attendions pas » ! De tout temps, le Seigneur a recommandé à l’Église de se tenir prête, même pour l’inattendu ; de se tenir prête pour un événement qui pourrait largement dépasser notre intelligence humaine et notre imagination, pour un événement qui pourrait nous mettre durement à l’épreuve. C’est pourquoi, laissons sa sagesse et son amour agir selon son gré dans notre vie. « Car je sais », écrit Paul à Timothée, « en qui j’ai cru et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là. » – 2 Timothée 1 : 12.
TA Septembre-Octobre 1998