Paul en Asie Mineure.

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— Actes 13: 13—52. —

‘La parole du Seigneur se répandait dans tout le pays.

En route de Paphos (Chypre) à Perge on Pamphylie.

Paul et Barnabas n’étaient qu’au début de leur tournée missionnaire, et néanmoins notre texte intro­duit par la mention: “Paul et ses compagnons”, tandis qu’auparavant il n’était fait mention que de Barnabas et Paul. Barnabas était toujours: “le fils de conso­lation”, toujours aimé et approuvé du Seigneur, mais Paul était son “instrument choisi pour porter son nom devant les nations,” et la puissance spéciale de Dieu qui était sur lui et agissait par lui se manifesta prompte­ment. Nous ne pensons pas qu’en suite de cela un esprit de jalousie s’éveilla en Barnabas, sinon il eût eu tort. Croyons plutôt qu’il continua à se réjouir en en fai­sant profiter les autres de son talent spécial de con­solateur — d’avoir ce privilège d’aider, d’encourager et de consoler St. Paul, et ainsi de reconnaître que le Seigneur dirige lui-même son oeuvre et que sa volonté seule doit s’accomplir. Tous les frères du Seigneur sont éprouvés d’une façon semblable, aujourd’hui comme jadis; il faut qu’il se démontre si nous sommes humbles, si nous possédons l’amour fraternel, si nous nous sou­mettons entièrement aux directions du Seigneur. Ces épreuves sont spécialement sévères pour les frères qui sont en vue dans l’Eglise Aussi l’exhortation de Jacques (3 : 1) est-elle à sa place: “Mes frères qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de docteurs, car vous savez que nous [qui nous nous mettons à en­seigner et qui manquons, nous] serons jugés plus sé­vèrement.” C’est pour notre bien que la Providence nous éprouve ainsi, même dans nos pensées les plus secrètes; puisque nous sommes appelés à un but si glorieux. Rappelons-nous toujours (surtout ceux qui occupent une situation proéminente) des paroles de

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l’apôtre: “Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber.” “Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps marqué”. —           1 Cor. 10:12; 1 Pierre 5:6.

Le même verset (13) dit brièvement que Jean (Marc) quitta les missionnaires et s’en retourna chez lui à Jérusalem. Il ne nous est pas dit pour quel motif: si c’est par timidité, manque de foi ou de courage —il fut, il n’y a pas de doute, atteint par quelques traits de l’adversaire. Le fait que St. Paul, dans une autre tournée missionnaire, ne le voulut plus comme com­pagnon de voyage le prouve. Marc revint pourtant à de meilleurs sentiments et la leçon lui fut de quel­que utilité, puisque plus tard nous le trouvons réin­tégré dans les grâces de Paul (Col. 4: 10 et 2 Tim. 4: 11). Tout en nous félicitant du revirement de Marc, ne l’imitons pas, mais une fois la main mise à la char­rue, ne regardons pas en arrière et que nos regards fixent le but céleste.

C’était pour le bien éternel de Marc que St. Paul le blâma ainsi et le congédia jusqu’à ce qu’il affiche un caractère apostolique plus développé. Tirons de là cette leçon qu’un frère dont la fermeté a fléchi doit donner des signes de regrets avant qu’on puisse lui confier un nouveau travail. Quant à la leçon de ré­conciliation qui se dégage de cet incident, elle est aussi d’une haute valeur morale. Gladstone avait fait cette juste remarque: “Personne n’est jamais devenu grand et bon, avant d’avoir commis bien des fautes.” Un autre, Wayland, a dit non moins bien: “J’ai vu un homme qui ne s’est jamais mépris depuis 4000 ans. C’est une momie égyptienne . . . Le peuple qui ne fait pas de fautes est un peuple mort.

Le sermon d’un homme de marque.

Après Perge en Pamphylie, les missionnaires s’ar­rêtèrent à Antioche de Pisidie, belle et grande ville, quoique pourtant pas métropolitaine comme Antioche de Syrie. (Il y avait en tout 16 Antioche.)

Le premier jour de sabbat, comme c’était leur cou­tume, Paul et Barnabas se rendirent à la synagogue juive; ils y allaient régulièrement parce que les Juifs, attendant l’accomplissement des prophéties messiani­ques, étaient — au moins quant à la mentalité — les mieux préparés à recevoir le message de l’Evangile. Ils se mêlèrent aux auditeurs et, après la prière, écou­tèrent attentivement la lecture de la portion de la loi et des prophètes. Puis vint le moment où les rabbins et d’autres personnes savantes purent également se prononcer. Les chefs de la synagogue remarquant en Paul et Barnabas des hommes intelligents et cultivés leur firent dire qu’ils aimeraient les voir profiter de la liberté de leur synagogue et s’adresser an peuple dans les termes que leur coeur leur dicterait. Alors Paul se leva [mais sans aller à la place publique pour ne pas déranger les autres] et saluant de la main> com­mença par dire qu’il avait un message pour tous les Israélites et pour les autres qui craignent Dieu. Il tint là un grand discours qui nous rappelle en plus &un point celui du martyr Etienne que sans nul doute Paul avait écouté et rejeté.

Voici en substance ce qu’il dit: Dieu, ayant en vue de grandes bénédictions pour l’huma­nité, a choisi la nation d’Israël comme canal des bienfaits divins et, conformément à la promesse originelle, la sollici­tude de Dieu s’étend sur son peuple depuis des siècles.

Dans la suite Dieu, l’Eternel, arrêta son choix sur une des familles de ce peuple par laquelle devaient découler les bénédictions. Le Messie devait descendre de David. Et «les saintes grâces de David, qui sont assurées» et qui doivent s’accomplir dans le Messie, sont une preuve des faveurs cer­taines de Dieu envers Israël, comme nation, parce que le Messie doit aussi être leur Roi.

Finalement, après des siècles d’attente, le Messie vint juste­ment de cette lignée — de la maison d’Israël de la famille de David — Jésus de Nazareth — l’oint de Dieu. — V. 23.

Le messianisme de Jésus a été reconnu et est déjà accepté par un grand nombre. — V. 24~26.

Mais la nation juive en bloc, représentée dans ses magis­trats, méconnaissant la pureté manifeste de Jésus et le té­moignage des prophéties, l’a fait mourir par les Romains. — V.       27—29.

Jésus est bien le Messie, cela est prouvé par sa résurrection d’entre les morts, laquelle avait été annoncée par les prophé­ties scripturaires; le fait est de plus confirmé par un grand nombre de témoins (v. 30—37) … Remarquons dans ce dis­cours l’absence de vain babil et de violence, l’appel à la rai­son, la logique savante des arguments — fait sur fait, chacun à sa place et en son ordre! Toutefois il était à craindre que la seule narration de ces faits ne fasse peu d’impression; l’apôtre procéda donc de tirer de cet ordre d’idées une leçon très importante pour ses auditeurs:

Tous affirma-t-il sont pécheurs, et Jésus, le Messie, est devenu par sa mort le Sauveur des pécheurs. Quelle que soit son oeuvre future, il a fait un grand travail déjà pour tous ceux qui veulent écouter et obéir de bon coeur. —Voilà à quoi l’on reconnaît le véritable enseigne­ment de l’Evangile. Celui qui convainc de péché et non celui qui prétend à la mode évolutionniste que: “Si l’homme est tombé, il est tombé en haut pour ainsi dire [du singe à l’homme d’aujourd’hui]”; —qu’au lieu d’être condamné de Dieu comme pécheur, l’homme est dans les bonnes grâces de l’Eternel à cause de ses efforts évolutionnistes qui lui réussissent à merveille.

L’Evangile de Christ reconnaît au contraire le péché originel et sa conséquence: l’éloignement de l’homme de la ressemblance de Dieu, le besoin d’une rançon et surtout le fait que Christ est notre Rédempteur, que par ses meurtrissures nous avons [ou aurons] la guérison. Il présente comme divine la doctrine de la réconciliation par sa mort et notre justification aux yeux de Dieu, avec le privilège d’entrer maintenant à l’école de Christ pour être préparés à la gloire céleste. Paul montra brièvement comment la justification —qu’on ne pouvait obtenir sous la loi — est maintenant rendue possible; une justification plus grande et éternelle que celle de la loi qui devait être renouvelée d’année en année et qui n’a rien amené à la perfection.

Avertissements de l’Evangile.

Notons soigneusement que l’apôtre ne dit pas à ses auditeurs que le rejet de son message les condamnerait aux tourments éternels. Il ne dit pas un mot de cette doctrine des démons qui n’avait pas encore cours dans ce temps. Mais il leur cita un passage de l’Ancien Testament: “Vovez contempteurs, étonnez-vous et soyez anéantis [ou périssez]; car je fais une oeuvre en

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vos jours, une oeuvre que vous ne croiriez point, si quelqu’un vous la racontait.” — Verset 41.

Paul ne dit pas davantage que sa citation scriptu­raire implique qu’il n’y a plus d’espoir pour ces hom­mes dédaigneux qui périssent dans cette condition. La prophétie d’ailleurs dit simplement que le plan de Dieu serait publié et que tous ceux qui le méprise­ront n’en seront pas moins étonnés de sa beauté et périront sans faire leur profit des bénédictions fu­tures de salut. Dieu seul sait combien de ces con­tempteurs étonnés, en mourant, ont péché contre une suffisance de lumière qui les empêche d’avoir encore une occasion future pendant le Millénium. Satan, “le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence des incré­dules”, mais pendant les mille ans Satan sera lié afin qu’il ne séduise plus les nations comme actuellement (2 Cor. 4 :4; Apoc. 20: 3). Le même apôtre Paul nous dit encore que quand la nouvelle alliance entrera en vigueur, Dieu fera que tout homme (qui veut) puisse être sauvé et “parvienne à la connaissance de la vérité.” — 1 Tim. 2: 4.

D’après les anciens manuscrits grecs le verset 42 dit quelque peu différemment, qu’après avoir parlé, Paul et Barnabas ne restèrent pas dans la synagogue (comme c’était la coutume) pour entendre les objec­tions et y répondre. Après avoir annoncé leur mes­sage ils préférèrent le voir travailler les coeurs pour que la discussion en fût différée quelque temps. Mais les Juifs aussi bien que les prosélytes leur deman­dèrent qu’on leur parlât encore plus profondément de ces choses. Or il y avait dans cette synagogue une minorité dont les membres étaient pieux tandis que le plus grand nombre n’était composé que de forma­listes. Ceux qui étaient dévoués à Dieu, comme tou­jours, s’intéressèrent à la vérité. Ils suivirent les missionnaires lesquels les “exhortèrent à persévérer dans la grâce de Dieu”. — Ils leur firent bien com­prendre que déjà favorisés de Dieu par la loi et les prophètes, ils devaient continuer à aller de l’avant pour atteindre à la pleine réalisation de leurs espé­rances selon les directions constantes du Seigneur. Ils leur expliquèrent que l’avènement et l’oeuvre du Seigneur étaient simplement une autre partie, de ce miséricordieux programme de Dieu, dont ils avaient déjà bénéficié, et que s’ils rejetaient cela, ils rejetaient par cela même toutes les faveurs divines qui leur sont encore réservées.

Jalousie, contradiction, injure et blasphème.

Le sabbat suivant il y avait un grand concours de peuple pour écouter les apôtres. Nous ne savons si ce fut de l’intérieur de la synagogue ou du péristyle qu’ils s’adressèrent à la foule assemblée peut-être dans la cour. Mais à peine eurent-ils commencé, que de violentes clameurs, de furieuses contradictions, suivies d’injures furent lancées par des notables juifs. On comprend leur jalousie, car leurs prédications indi­gestes n’avaient jamais pu attirer tant de monde, d’autant que les apôtres avaient un message bien au­trement logique et consolant que celui offert par le judaïsme et la loi avec leurs sacrifices, leurs fêtes et leurs jeûnes. La vérité travaille les coeurs; elle attire les uns et repousse les autres. Combien l’esprit l’ambition, de jalousie et d’envie sont l’ennemis de la vérité! Combien ils conduisent l’homme naturel à la colère, à la malice, à la haine, et à toute sorte d’envie et de querelle! Combien ceux que l’Evangile dénommé des nouvelles créatures sont exposés au même danger! Les exhortations de St. Paul sont à leur place, bien appropriées à notre temps, savoir, que tous ceux qui se réclament de Christ se dépouillent de la colère, de l’animosité, de la méchanceté et de toute oeuvre du diable et qu’ils se revêtent d’entrailles de miséri­corde, de bonté, d’humilité, de douceur de patience et d’amour s’ils veulent combattre le bon combat et gagner le grand prix. — Col. 3 : 8—15.

L’opposition que les missionnaires rencontrèrent eut pour effet de les enhardir. Ils s’étaient exprimés avec douceur, évitant tout ce qui pouvait prévenir et cho­quer le sectarisme judaïque; mais maintenant qu’en dépit de leurs efforts l’efficacité de la vérité était en jeu, il fallait qu’ils se montrent résolus et courageux, et disent les choses comme elles étaient. Il était nécessaire qu’ils montrassent du doigt les blasphéma­teurs remplis de jalousie. Le peuple aussi, dominé par ces conducteurs aveugles, avait besoin qu’on lui montre les traits de la vérité. Paul et Barnabas leur dirent donc: “C’est à vous premièrement que la Parole de Dieu devait être annoncée; mais puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations!”

Vous, vous-jugez vous-mêmes indignes.

Quelle force, quel sens profond contient cette parole! Dieu a arrangé les choses de la sorte que, pendant cet âge de l’Evangile, ce soit sa parole de grâce et de vérité qui juge, éprouve l’honnêteté et la sincérité de ceux qui professent être ses enfants. Ce n’est pas que Paul s’érigeât en juge de leur coeur en disant:

Vous n’êtes pas dignes de ce message. Le rejet de cette bonne nouvelle démontra que ces auditeurs en étaient indignes par le coeur. Chacun des appelés qui agissent ainsi vient augmenter la liste de ceux qui ne sont pas dignes de la vie éternelle sous les con­ditions actuelles de foi et d’obéissance. Ce n’est pas à nous de déduire de cela, combien de ceux-ci auront une occasion future et combien en profiteront. Ils sont dans les mains de l’Eternel. Tous ceux qui ont l’esprit de Christ seront satisfaits avec tout ce que le Seigneur a en vue pour eux.

Dieu est bon et riche en miséricorde; son amour est sans bornes et il donnera à goûter à tous, le bé­néfice de la rédemption qui est en Jésus-Christ: une épreuve complète et impartiale pour la vie éternelle.

Il en est de même aujourd’hui avec certains audi­teurs du message qui le rejette haineusement, avec fureur, malice et opposition systématique. Ils ne se figurent pas qu’ils attirent sur eux-mêmes le jugement et qu’ils démontrent par leur méchanceté, leurs mau­vais sentiments et leur esprit de désordre qu’ils sont au moins clans cet âge) indignes de la vie éternelle. En ce qui concerne certains de ceux qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissance du  siècle à venir et qui ont été faits participants de l’Esprit et qui, ayant communié en disciple et cohéritiers du même corps de Christ,

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retombent et s’inspi­rent d’un esprit de malignité, d’opposition, d’amertume, de blasphème et de médisance, hélas! nous craignons fort qu’à l’exemple de Judas — leur cas ne soit dé­sespéré en ce qui concerne une épreuve future.

Puis Paul et Barnabas citèrent Esaïe 49: 6: “Je t’établis pour être la lumière des nations, afin que tu sois mon salut jusqu’aux extrémités de la terre” — fai­sant voir que si la lumière était premièrement pour Israël, elle est aussi destinée aux nations et que le salut offert d’abord au peuple de l’alliance doit finale­ment être annoncé jusqu’aux bouts de la terre. Quelle consolation et quelle satisfaction! quand nous pensons que si actuellement peu d’hommes goûtent et appré­cient la longueur et la largeur de ce grand salut par le seul nom; du moins le temps vient où tous pour­ront s’en réjouir et en profiter pour atteindre à la vie éternelle, même si cela exige les mille ans entiers du Règne de justice pour répandre en sous lieux la con­naissance et l’opportunité glorieuses.

Quand ceux des nations entendirent cela ils s’en réjouirent et glorifièrent la parole du Seigneur. “Et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle cru­rent.” Ce qui veut dire que ceux appartenant à la classe et possédant le caractère recherché par Dieu durant cet âge, pour avoir la vie éternelle au sens le plus élevé, ceux-là crurent. Il y a ici la pensée im­portante qui s’applique comme principe général, c’est que sous l’arrangement divin ceux seuls qui sont dans la bonne disposition d’esprit peuvent croire dans les conditions actuelles. Cela implique l’idée que de tels, aimant déjà plus ou moins Lieu et sa justice, doivent amener leurs pensées captives à l’obéissance du Sei­gneur, afin d’être instruits de Dieu par les moyens qu’il lui plaît d’employer à cet effet.

Le résultat de ces efforts fut que beaucoup saisi­rent la vérité, — le message de Dieu: “La parole du Seigneur se répandait dans tout le pays.”

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