PIERRE PASSE AU CRIBLE COMME LE FROMENT

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 » Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber.

1 Cor. 10: 12.

Nous reconnaissons que Pierre était un homme doué d’un caractère solide, il était courageux, mais, par contre, trop emporté. Il était un des deux disciples dont les Ecritures disent « que c’étaient des hommes du peuple sans instruction » (Actes 4 : 13). A certains égards, nous pouvons dire que Pierre avait eu moins d’avan­tages que Judas; tous deux furent également favorisés à l’école du Christ et cependant, combien sont différents les résultats obtenus par ces deux hommes! L’un d’eux descendit dans la seconde mort couvert de mépris; le second, après des alternatives de succès et d’échecs dans ses épreuves et ses expériences disciplinaires obtint une récompense de gloire, d’honneur et d’immortalité auprès de son Maître, étant certainement un des apôtres les plus méritants.

Cette méditation à trait essentiellement au criblage spécial par lequel passa St. Pierre lors de la mort de notre Seigneur et au sujet duquel Jésus l’avertit en lui disant : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment, mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. » Le courage dont Pierre avait fait preuve en maintes occasions était en réalité son point faible. Malgré les avertissements de Jésus au sujet du criblage qui l’attendait, Pierre n’éprou­vait ni peur ni crainte. C’est pourquoi il veilla et pria beaucoup moins qu’il n’eût dû le faire et sa présomption le conduisit à une chute temporaire.

C’est Pierre qui, lorsque le Seigneur lui dit qu’il le renierait le jour suivant avant le chant du coq, assura que c’était une erreur, car il était prêt, disait-il, à mourir avec le Maître. C’est Pierre également qui tira son épée et trancha l’oreille du serviteur du souverain sacrificateur, blessure qui fut guérie par Jésus. C’est encore Pierre, caractère tout d’impulsion, qui reconnut le premier le rôle messianique de Jésus.

Jésus avait demandé ce que le peuple disait de lui touchant sa personnalité, il avait finalement demandé: « Qui dites-vous que je suis? » Pierre répondit alors « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant »; là-dessus Jésus déclara que cette réponse était un indice d’une communion bénie entre Pierre et Dieu, sinon, il n’aurait pas reçu la connaissance qui lui permit de donner cette réponse. Jésus lui dit : « Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. » Qui pouvait concevoir que ce noble caractère serait si déprimé par la crainte qu’il irait jus­qu’à renier son Maître, même avec des imprécations?

Une chose s’impose rapidement à nous-mêmes et d’une manière incisive, c’est le fait que les écrivains du Nouveau Testament diffèrent certainement beaucoup de la plupart des écrivains parce qu’ils nous disent la vérité pure et simple sans altération et sans enjolivures; il n’existe certainement aucun autre ouvrage pareil à la Bible à cet égard-là. Ceux qui ont fondé les grandes organisations religieuses du monde et les diverses sectes ont fait preuve d’un état d’esprit très différent; leurs principaux personnages sont tous grands, nobles, bien éduqués et héroïques; jamais ils n’auraient songé à relever des défaillances analogues à celles que manifesta Pierre pendant la nuit où notre Seigneur fut trahi et lorsqu’il le renia.

Ce caractère distinctif de la Bible nous donne certai­nement une confiance supérieure en elle, dans son hon­nêteté et dans sa fidélité. Nous pouvons avoir confiance dans les hommes qui nous ont parlé avec une telle sincé­rité de leurs défaillances, de leur manque de connais­sances, car ils ont dû avoir un grand courage, une grande franchise et un grand amour pour la vérité; leur témoignage est assurément digne d’être accepté.

« L’épreuve de Pierre se présenta sous une forme inattendue.

Les tentations nous viennent sous une forme subtile. Nous ne pensons pas qu’au moment où Pierre coupa

71 Décembre 1914

l’oreille du serviteur du souverain sacrificateur, il eut la moindre idée de renier notre Seigneur. Mais les circons­tances et l’état de choses changèrent; le Maître était prisonnier. Le pouvoir qu’il avait manifesté antérieurement, et grâce auquel il s’était dérobé à ses ennemis, qui ne purent se saisir de lui parce que son heure n’était pas encore venue, ce pouvoir-là, il n’en faisait plus usage, car son heure était venue. A la vue de son Maître qui, selon toute apparence, n’avait plus d’amis au ciel, était livré à ses ennemis, était conduit d’un tribunal à un autre, Pierre était comme paralysé.

Jean était en relation avec une personne ayant accès au palais; c’est ainsi qu’il put pénétrer dans la cour avec Pierre; mais ils furent séparés, Pierre resta dans la cour. Il faisait froid et il s’approcha d’un feu pour se réchauffer.

Exposé à la lumière de la cour, entouré par le per­sonnel bavard du palais, Pierre fut examiné avec atten­tion par une des servantes qui lui dit Toi aussi tu étais avec Jésus de Nazareth.

Pierre fut stupéfait de se voir reconnu et, à la pensée des conséquences qui pouvaient en résulter, il certifia qu’il ne connaissait pas Jésus, puis il s’éloigna dans une autre partie de la cour où l’obscurité était plus profonde et où il y avait moins de monde, mais il fut de nouveau reconnu comme Galiléen et accusé d’être un des disciples de Jésus; il repoussa de nouveau cette accusation. Pour la troisième fois on lui reprocha d’être un disciple de Jésus et d’être Galiléen, car son langage le trahissait. De nouveau il renia son Maître avec des imprécations.

Ce fut vraiment terrible, dirons-nous, et certainement Pierre dut se rendre compte après coup que c’était vrai­ment grave car, au même moment, c’est à dire aux premières heures du jour, le chant du coq retentit et Pierre se rappela des paroles du Maître lui disant que Satan voulait le passer au crible comme le blé et qu’avant le chant du coq il aurait renié son Maître trois fois. Toutes ces pensées se présentèrent à lui avec une puissance extraordinaire. Enveloppant sa tête de son manteau, il s’éloigna rapidement dans l’obscurité en pleu­rant amèrement, car, sensiblement à la même heure ou le coq chantait, Jésus avait été amené à quelques pas de lui et lorsqu’il avait levé les yeux sur Jésus, le Maître dirigea ses yeux sur lui. C’était un regard plein de sym­pathie, dans lequel il n’y avait point de colère et qui alla droit au cœur de Pierre.

Le péché de Pierre n’avait aucune analogie avec celui de Judas, car Pierre n’avait songé qu’à sauver sa vie: il n’avait eu aucune intention de faire du tort ou même de risquer de porter préjudice à son Maître. La repentance complète de Pierre nous est largement prouvée par la fidélité qu’il manifesta dans la suite jusqu’à la mort. Selon la tradition, il fut condamné à la crucifixion; se rappelant alors qu’il avait autrefois renié son Maître, il estima qu’il serait trop honoré de subir une mort iden­tique à celle de son Seigneur; c’est pourquoi, à sa propre requête, il fut crucifié la tête en bas.

QUELLE EST LA LEÇON QUI S’EN DEGAGE POUR TOUS LES CHRÉTIENS

Notre texte proclame à tous les chrétiens la leçon qui ressort des expériences de Pierre : « Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber.» Lorsqu’à nos pro­pres yeux nous sommes faibles, et qu’avec une foi par­faite nous nous appuyons solidement sur le bras du Sei­gneur, c’est alors que nous sommes vraiment forts de la puissance que Dieu nous accorde par son Fils éternel. Quelles que soient les épreuves des enfants de Dieu, il y a une autre leçon qui se dégage pour eux, pour tous ceux qui aspirent à avoir part à la première résurrection, c’est qu’ils seront durement criblés, leur amour, et leur fidélité pour le Seigneur, pour la vérité et pour les frères seront mis à une rude épreuve.

N’oublions pas que, si le Seigneur permet ces criblages, ce n’est pas parce qu’il n’éprouve aucun intérêt pour nous, mais parce que, seuls, ceux qui peuvent supporter ces criblages, ces expériences et ces épreuves seront dignes d’entrer dans le Royaume.