Puissantes illusions

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« C’est pourquoi Dieu leur envoie des illusions puissantes qui les feront croire au mensonge, en sorte qu’ils tombent sous son jugement tous ceux qui ont refusé leur foi à la vérité, et ont au contraire pris plaisir à l’injustice ».

(2 Thessaloniciens 2 : 11, 12. Crampon.)

Une illusion est une erreur qui, lorsqu’elle est envisagée de certains points de vue, a l’apparence de la vérité. Une illusion est plus ou moins dangereuse selon l’importance de la vérité qu’elle présente sous un faux jour, qu’elle obscurcit ou qu’elle fausse. Si elle est entretenue, elle entraîne inévitablement des conséquences plus ou moins désastreuses. Si un négociant, sous l’effet de l’illusion, est induit en erreur par une apparente prospérité soudaine dans son secteur d’activité, il peut en résulter pour lui un désastre financier. Si un homme ou une femme, se berçant d’illusions, est induit en erreur par de fausses idées de la vie ou par de fausses apparences de caractère au moment de choisir un partenaire pour la vie, il peut en résulter pour lui ou pour elle de longues années de vie familiale malheureuse. De même, les intérêts éternels peuvent être et sont continuellement affectés par les illusions que donne l’erreur sur les sujets religieux.

Quand un homme se fait illusion, il pense vraiment qu’il a raison. Il prétend être honnête dans ses convictions et il l’est. « Il y a telle voie qui semble droite à l’homme, et dont l’issue [lorsque le sujet, sur lequel on se fait illusion, est d’un intérêt vital] aboutit à la mort » (Prov. 16 : 25). Le monde, aujourd’hui, est rempli d’illusions et de gens qui, séduits par l’effet de l’illusion, pensent vraiment avoir raison et s’attendent à voir se réaliser, en temps opportun, leurs espérances illusoires. Il y a les illusions politiques, les illusions financières et les illusions religieuses qui sont de toutes teintes et de toutes nuances. Des milliards de gens poursuivent ces illusions ; ils leur consacrent tout leur temps et toute leur énergie pour ne provoquer finalement qu’un tourbillon de confusion, que le désastre et le naufrage complet de toutes leurs espérances.

La question se pose alors : Qui peut échapper à ces illusions si communes parmi les hommes ? Le fait est qu’aucun membre de la race déchue ne peut, de lui-même, se mettre à l’abri de ces illusions. Nous sommes tous, par suite de la chute, affaiblis physiquement et mentalement ; nos épreuves personnelles sont brèves et diverses, et notre connaissance est nécessairement très limitée.

Bien que nous voyions que les illusions financières induisent continuellement les hommes en erreur, et bien que nous voyions que les illusions politiques créent diverses factions parmi les hommes et les conduisent à lutter pour la réalisation de nombreuses espérances illusoires qui, en définitive, n’amèneront que l’anarchie et un temps de détresse tel qu’il n’y en aura pas eu de pareil depuis qu’il existe des nations ; néanmoins, les illusions qui préoccupent principalement les enfants de Dieu sont les illusions religieuses ou celles qui sont capables d’affecter leurs intérêts éternels. Les saints ont peu à craindre des illusions ou désastres financiers, puisqu’ils représentent généralement les pauvres de ce monde, qui ont peu à perdre, pour lesquels le pain et l’eau sont assurés (Esaïe 33 : 6), et dont les trésors sont amassés non ici, mais dans le ciel. Ils ne sont pas non plus spécialement concernés par les illusions politiques qui, nous a-t-on dit, conduiront

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sous peu au grand désastre politique qui est même maintenant imminent. Toutes ces illusions sont importantes pour le monde qui se soucie uniquement de ses intérêts temporels. Mais les questions qui se posent à nous sont les suivantes : Comment échapperons-nous aux illusions religieuses qui prédominent partout ? et quelle preuve avons-nous que nous ne sommes pas victimes de telles hallucinations ?

Ce sont des questions importantes qu’aucun enfant de Dieu ne peut se permettre d’éluder sans agir avec légèreté. Mais remarquez les paroles de l’Apôtre, citées plus haut, qui semblent donner à entendre que Dieu désire que certains soient pris au piège, afin qu’Il puisse exercer contre eux Son jugement : « Dieu leur envoie [permet qu’ils aient] des illusions puissantes qui les feront croire au mensonge, en sorte qu’ils tombent sous son jugement ».

Qui sont ceux que Dieu désire ainsi qu’ils soient pris au piège et condamnés ? Paul répond : Ce sont ceux qui ne croient pas à la Vérité et qui prennent plaisir à l’injustice. Ce ne sont pas ceux qui n’ont jamais entendu parler de la Vérité, mais ceux qui, l’ayant jadis entendue et comprise, se sont détournés d’elle, l’ont rejetée et ont pris plaisir à l’injustice, non pas nécessairement à de grosses injustices, telles que les crimes, mais à une certaine mesure d’injustice ; souvent ils désirent un peu plus de liberté pour faire leur volonté personnelle, au lieu de se conformer strictement à la volonté divine ; par voie de conséquence, ils manifestent une préférence pour l’erreur qui leur accorderait une telle liberté, mais qui ferait taire l’aiguillon de la conscience et la voix de la Vérité. De telles personnes préfèrent l’erreur à la Vérité. Ceux qui ne reçoivent pas la Vérité par amour pour elle ne sont pas dignes d’elle, et ils s’en éloigneront donc pour aller dans les ténèbres extérieures qui enveloppent le monde. L’erreur se présente à ceux-là dans sa forme la plus séduisante, et elle les fait devenir rapidement une proie pour l’illusion.

Avec le Psalmiste, nous pouvons alors demander : « Qui », donc, « pourra subsister ? » – « Qui pourra monter à la montagne [royaume] de l’Eternel, et qui pourra subsister dans son saint lieu ? » Maintenant notez la réponse : « C’est l’homme qui a les mains nettes et le coeur pur, dont l’âme ne se porte pas vers le mensonge, et qui ne prononce pas de faux serments. Il obtiendra de l’Eternel la bénédiction, et du Dieu de son salut la miséricorde ». (Psaume 24 : 3-5). Ici il est fait mention de la classe de ceux parmi lesquels les illusions de l’erreur ne peuvent pas faire de progrès. Ceux-là se tiennent à un point d’observation d’où chaque erreur est vue dans sa vraie couleur et d’où chaque vérité est aperçue dans sa véritable lumière.

Remarquez les traits particuliers de ceux qui constituent cette classe de gens : Ils ont « les mains nettes ». Leur travail pour le Seigneur peut être très imparfait ; ils peuvent raconter l’histoire de l’amour et de la grâce du Seigneur d’une manière très hésitante et très maladroite ; ils peuvent assister les saints ou autres, dans leurs besoins temporels et spirituels, sobrement et modestement de leurs biens ; mais leur travail sera net ; leur narration de l’ histoire sera exempte du désir de rivaliser avec d’autres et de la recherche de la gloire des hommes ; leur oeuvre sera accomplie sans ostentation et sans parade. Ce qu’ils font, ils le font avec simplicité et douceur, comme pour le Seigneur, et non pour s’attirer les éloges des hommes.

Ils ont « le coeur pur ». Envisagés du point de vue divin, leurs motifs d’agir sont purs. Leur but est uniquement de glorifier Dieu et de bénir leur prochain, en particulier la maison de la foi ; et ils s’efforcent de le faire. « Ils n’élèvent pas leur âme à la vanité » [Darby]. Ils n’ont pas de vaines ambitions mondaines. Ils n’entretiennent

pas ni ne servent de telles ambitions soit secrètement, soit ouvertement tout en donnant l’apparence d’être entièrement consacrés à Dieu. Ils n’ont pas l’ambition d’être grands, ou bons, ou sages aux yeux des hommes, ni de s’emparer des trésors terrestres passagers qui ont été à un moment donné consacrés à Dieu. « Ils ne prononcent pas de faux serments ». Ils n’ont pas fait alliance avec Dieu, par une entière consécration à Son service, avec la détermination secrète de retenir pour eux une partie du prix à payer ; ils n’ont pas non plus, depuis qu’ils ont fait cette alliance, répudié ses obligations.

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Ceux-là ont une conduite toute de sincérité et de vérité. Leur caractère est empreint de douceur et de foi ; ils aiment la justice ; ils désirent se modeler et se former sur les principes de la justice ; ils haïssent d’une manière correspondante toute méchanceté et toute forme de mal. Ayant conscience de leurs propres manquements, quand ils les comparent au modèle de la perfection, ils ne mettent pas leur confiance dans la chair, mais ils soumettent humblement et implicitement leur volonté et leur jugement à la volonté de Dieu et s’accordent avec le Plan divin. Ainsi, ils n’ont pas de projets ni de plans personnels, mais ils se dévouent pleinement pour accomplir le Plan de Dieu, de la façon et au temps voulus par Dieu, ayant pleinement foi dans Sa sûre parole prophétique et dans Sa promesse.

Ceux qui ont un tel esprit s’approchent de la Parole de Dieu avec révérence pour s’enquérir de la volonté et des voies de Dieu, ayant le désir de se conformer à cette volonté et de marcher dans ces voies. Ils reçoivent alors l’armure de Dieu, à laquelle Dieu a pourvu, capable de protéger des traits enflammés du malin tous ceux qui la revêtent soigneusement. Sans cette armure complète, aucun enfant de Dieu n’est en sécurité dans ce mauvais jour. « C’est pourquoi », dit l’Apôtre, « prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté ». (Éphésiens 6 : 13).

Le mauvais jour, auquel il est fait ici allusion, est le jour du Seigneur, dans lequel nous vivons maintenant et pendant lequel l’oeuvre de chacun sera manifestée, se révèlera. C’est dans le feu qu’elle se révèlera. Ce sont les « temps difficiles » [« périlleux » selon la version anglaise – Trad.], que l’Apôtre avait annoncés à l’Eglise, l’avertissant de leur venue ; ce sont des temps particulièrement périlleux pour la foi chrétienne, à cause des nombreuses formes d’erreur, subtiles et illusoires, qui surgissent maintenant pour arrêter le progrès de la Vérité. Mais ce que Dieu a pourvu à Ses saints est capable de faire face au danger de cette heure périlleuse. Jamais il n’a été possible pour les saints, avant ce « mauvais jour », de revêtir toute l’armure de Dieu ; et jamais auparavant toute l’armure n’était nécessaire. Pendant un certain nombre d’années dans le passé, le Seigneur nous remettait cette armure, pièce par pièce, et Il nous disait de nous en revêtir, de la porter, afin que nous nous habituions à elle et nous sentions à l’aise en elle, comme chez nous, parce que le temps devait bientôt venir où il serait impossible de résister sans elle.

Certains – peu nombreux – ont attaché de l’importance à ce conseil. Ils ont soigneusement endossé toutes les parties de l’armure. Ils les ont endossées aussi vite qu’ils les recevaient ; ils demeurent donc aujourd’hui complètement revêtus de la Vérité. Ils ont ceint leurs reins de la Vérité ; ils en ont chaussé leurs pieds ; ils s’en sont couvert la tête (leurs facultés intellectuelles) comme d’un casque de salut (pour être préservés des pièges et des illusions de l’erreur). Ils portent aussi la cuirasse de justice, autrement dit, ils ont un caractère juste, développé par la Vérité ; ils ont dans

la main l’épée de l’esprit, qui est la Parole de Dieu. Ils sont maintenant capables de la manier facilement et vigoureusement pour la défense des doctrines de Christ. Ils ont pris un ample bouclier, celui de la foi, capable d’éteindre tous les dards enflammés de l’ennemi, de sorte que les flèches qui volent ne heurtent même pas l’armure ni n’ébranlent, même pour un moment, l’homme intérieur.

Loué soit Dieu pour une telle armure ! Frère, l’avez-vous revêtue ? Ne vous tenez pas pour satisfait de l’idée que vous pouvez progresser de la même manière que vos pères en revêtant seulement une partie de l’armure. Le temps viendra, bien plus, il est maintenant venu, où vous devrez la porter toute entière, sinon vous tomberez sûrement. Les parties de l’armure offertes aux saints du passé étaient suffisantes pour leur jour et pour leur permettre de résister dans l’épreuve ; mais l’épreuve de foi étant plus grande dans ce « mauvais jour », il est nécessaire d’avoir une protection plus complète.

Ne dites pas au Seigneur : « Eh bien ! J’ai la cuirasse et le bouclier ; non, merci, je pense que je n’aurai pas besoin du casque » ; ou « Je pense que je

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peux progresser sans l’épée. » Je vous le dis, vous aurez besoin de toutes ces pièces de l’armure. Hâtez-vous de les mettre, et faites-le sans tarder. Certains d’entre vous devraient les porter depuis longtemps et ils devraient être capables d’aider les autres à les endosser maintenant. Beaucoup sont déjà en train de tomber, et bien d’autres prennent conscience avec tristesse qu’il leur manque le casque. Certains, dont l’intérêt est inspiré par une simple curiosité, ont passé beaucoup de temps précieux à regarder les diverses parties de l’armure, à mesure qu’elles se présentaient à eux, pendant les quelques dernières années, au lieu de les endosser avec empressement et de les essayer ; ils se sont tellement habitués à simplement regarder la beauté des pièces de l’armure qu’ils s’attendent à ce que le processus, qui a produit de nouvelles pièces, se perpétue indéfiniment. Que de telles personnes prennent conscience du fait que l’armure est déjà complète et que rien de plus ne peut y être ajouté, parce que ce qui viendrait en plus serait superflu. Le Seigneur nous en a montré gracieusement toute l’esquisse, et Il nous a fait voir aussi comment les différentes pièces de cette armure fonctionnent ensemble. Regardez votre main : elle a quatre doigts et un pouce. Vous ne dites pas : « Eh bien ! peut-être qu’un autre pouce ou un autre doigt va pousser ». Vous savez que cela n’arrivera pas. Cette main est complète et tout membre qu’on y ajouterait serait superflu.

Il en est justement ainsi de ceux qui sont venus à voir le Plan de Dieu dans sa plénitude, tel qu’il a été déroulé maintenant pour nous ; ils savent que rien de plus ne pourrait y être ajouté. Ce plan est magnifiquement complet et digne, en vérité, de son grand Auteur. Mais, même si les contours des diverses parties de ce Plan, l’harmonie générale existant entre ces dernières et leur fonctionnement sont maintenant tous clairs à nos yeux, nous avons cependant la possibilité de le méditer profondément et de l’étudier. Il est probable que nous le ferons encore, même après que nous serons glorifiés. Certains commettent une grande erreur en revêtant et en déposant continuellement diverses armures qu’on leur offre. Il n’y a qu’une armure qui pourra nous être utile et nous protéger ; c’est celle qui est frappée de l’empreinte écarlate du précieux sang de Christ. Chaque pièce de cette armure est ainsi marquée et elle s’ajuste bien à l’ensemble. Si vous pensez changer votre casque de salut pour un autre casque, vous aurez très bientôt besoin d’une autre cuirasse pour l’appareiller. Et vous aurez besoin d’une nouvelle épée, car l’épée ne sera pas assortie au

nouveau casque. Le bouclier de la foi ne s’adaptera pas à une autre armure. Ne permettez pas à votre tête de devenir trop grosse pour le casque fourni par le Seigneur, ni d’aller à la recherche d’un nouveau casque qui convienne à votre tête devenue grosse et à vos idées erronées. Si le casque pourvu dans la Parole de Dieu ne vous convient pas, ne vous imaginez pas que ce qui a grossi est de la vraie sagesse et n’essayez pas d’élargir le casque ancien ou de vous en procurer un nouveau ; mais appliquez copieusement sur votre tête du liniment d’humilité et réduisez-la pour qu’elle entre de nouveau dans le casque.

Endossez toute l’armure de Dieu. Assurez-vous que vous n’acceptez aucune armure marquée d’une fausse empreinte. Chaque pièce authentique porte la marque d’une croix et les paroles suivantes : « Doit être porté seulement par celui qui est racheté ». Revêtez-la, pièce par pièce, rapidement ; serrez-la solidement, et après avoir fait tout cela, TENEZ FERME. Cette position qu’il nous est suggéré d’avoir, implique que l’on doit s’attendre à subir une attaque. L’attaque viendra sûrement et, en vérité, elle est déjà venue contre beaucoup. Etes-vous prêts maintenant à accomplir un bon service comme un vaillant soldat de la croix de Christ ? Tenez ferme ! Ne vous échappez-pas ; maintenez-vous sur vos positions et combattez pour la Vérité.

Comme nous l’avons déjà fait observer, c’est une partie des desseins de Dieu de permettre à certains de tomber dans ce mauvais jour et de rendre d’autres capables de résister. C’est pourquoi, Dieu permet que soient sous l’emprise de puissantes illusions tous ceux qui ont pris plaisir à l’injustice et qui, par conséquent, ne croient pas à la Vérité. De telles personnes sont indignes de la Vérité, et tôt ou tard elles tomberont toutes. De telles personnes sont jugées indignes d’être membres de Christ, de

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faire partie de la vigne ; et comme le temps pour l’élévation de l’Eglise à la gloire est de plus en plus proche, on peut s’attendre à ce que l’épreuve soit de plus en plus dure, jusqu’à ce que tous ceux qui sont indignes soient éliminés. « Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui feront disparaître de son royaume tous les scandales [ceux qui ont ôté la robe de noce de la justice imputée de Christ, etc.] et ceux qui commettent l’iniquité [ceux qui pratiquent le péché, qui ne sont pas pleinement en sympathie avec les principes qui sont énoncés dans la Parole de Dieu et avec les voies justes qui y sont indiquées] ». « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Matthieu 13 : 41, 43).

Si donc nous voulons échapper aux illusions de ce mauvais jour, veillons à ce que nous soyons, en action et en vérité, des gens qui aiment la justice ; recevons la Vérité avec douceur ; tenons- la avec humilité et reconnaissance, et servons-la avec énergie et avec zèle.

W.T. 2274 – 1898.

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