« Ainsi parle l’Éternel : Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le fort ne se glorifie pas de sa force, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d’avoir de l’intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l’Éternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre ; car, c’est à cela que je prends plaisir, dit l’Éternel. » ― Jérémie 9 : 23, 24.
« Afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. » ― 1 Corinthiens 1 : 29.
Les paroles du prophète Jérémie contiennent toutes les directives importantes pour nous. Dieu délivra ce message à Israël autrefois, et il est encore valable aujourd’hui pour l’Église. Avec amour et sollicitude, le Seigneur nous enseigne ces choses, car Il sait que l’adversaire, le diable, s’efforce toujours de diriger notre esprit vers le mal et l’égoïsme. Pour que nous reconnaissions les machinations de Satan et que nous ne succombions pas à ses tentations, les saints prophètes et les apôtres ont écrit ces paroles d’exhortations, inspirés en esprit de vérité par le Père céleste.
Le Seigneur sait que Satan cherche à utiliser nos faiblesses. Le péché est ancré en nous, car nous sommes une race déchue, étant les descendants d’Adam. Et l’homme déchu possède naturellement les caractéristiques contraires à celles que doivent développer les disciples de Jésus.
Si l’un de nous croit être ou est réellement intelligent, il ne devrait pas s’en glorifier. Si quelqu’un exerce un pouvoir, il ne doit pas non plus s’en glorifier. Que le riche ne se glorifie pas de sa richesse, qu’il l’ait obtenue par héritage ou par son travail. On a plus ou moins tendance à se glorifier des choses que les autres ne semblent pas posséder. C’est un comportement indigne aux yeux de Dieu. Demandons-nous comment nous débarrasser de cette tendance. La réponse est simple : portons notre regard sur Dieu, sur son caractère, voyons comment Il agit et applique avec amour son plan grandiose. Imitons-Le avec zèle.
Le peuple du Seigneur a reçu de multiples bénédictions, depuis que Dieu et son Fils l’ont attiré à eux. Nous nous réjouissons de ces bénédictions et nous nous efforçons de prouver notre appréciation par nos actions. Mais ne commettons pas l’erreur de nous glorifier de nos progrès et ne soyons pas fiers de nos actes. Ne faisons pas la volonté de Dieu avec nos capacités propres, mais avec la force de son Esprit. Si nous nous glorifions de nos œuvres, nous courons le danger de perdre, non seulement les bénédictions futures, mais aussi celles que nous avons déjà reçues de Dieu.
Le peuple d’Israël était béni de Dieu, parce qu’il était son peuple choisi. Mais Israël oublia vite quelle était la source de ces bénédictions et il se tourna dans d’autres directions. Nous savons que les bénédictions devinrent ponctuelles puis cessèrent. L’apôtre Paul écrit en 1 Corinthiens 10 : 6 que les expériences du peuple d’Israël doivent nous servir d’exemples. Ne devrions-nous pas étudier avec attention la cause de ces erreurs et en tirer des leçons ?
Lorsque Jérémie écrivit les paroles du texte d’en-tête, il avait une mission spéciale. Dieu le chargea de faire savoir à Israël (et spécialement à Jérusalem et au royaume de Juda et de Benjamin), que leur culte des idoles et leur manque d’adoration pour Dieu auraient pour conséquences une défaite devant l’ennemi et leur capture par les Babyloniens. Il accomplit fidèlement cette mission, mais fut qualifié de traître par le peuple. Malgré tout, il poursuivit sa tâche, bien qu’on lui fît subir haine et persécutions.
Cependant il était affecté par le manque de fidélité du peuple et par sa désobéissance aux lois divines. Il exprima ses sentiments en Jérémie 9 : 1 : « Oh ! Si ma tête était remplie d’eau, si mes yeux étaient une source de larmes, je pleurerais jour et nuit les morts de la fille de mon peuple ! » Oui, il prévoyait la grande détresse qui allait s’abattre sur son peuple, parce que celui-ci ne voulait pas changer. Son comportement est décrit au verset 3 : « Car ils vont de méchanceté en méchanceté, et ils ne me connaissent pas, dit l’Éternel ».
Pourtant, c’est à ce peuple que l’occasion avait été donnée de connaître l’Éternel ; il avait le privilège de s’attacher fidèlement à Dieu en Lui obéissant, et recevoir ainsi bénédiction sur bénédiction. La loi lui fut donnée comme règle de conduite ; s’il la suivait, il était béni. Cette loi était aussi un enseignement concernant Christ. L’occasion lui fut offerte, en premier parmi tous les peuples, à avoir part à l’héritage spirituel de la promesse et d’en devenir la sacrificature royale. Influencé par l’Adversaire, il manqua pourtant l’occasion d’atteindre la plus haute bénédiction et perdit la faveur de Dieu à cause de sa conduite. Seul un reste conserva la grâce. La désobéissance de presque tout le peuple résultait de la glorification de soi-même.
Jérémie annonçait : « Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse ». C’était précisément la tendance de la nation d’Israël. Ils se vantaient de leur sagesse. C’était particulièrement le comportement des scribes et des pharisiens, les maîtres et les gardiens de la loi, du temps de Jésus. Ils essayaient toujours de commenter les directives de l’Ancien Testament et faisaient de longs discours sur les commandements de Dieu. Le Talmud qui comporte de telles interprétations, était plus fourni et fut davantage pris au sérieux que la Torah ou Pentateuque.
Jérémie dit encore : « Que le fort ne se glorifie pas de sa force ». Et Israël, de même, manqua d’apprendre la leçon de l’humilité. Le peuple attendait un Messie qui le libérerait du joug romain, car il souffrait de l’autorité du conquérant. Comment ce peuple pouvait-il recevoir Jésus qui était humble et faible ? Comment pouvait-il Le suivre, Lui qui recherchait des sympathisants aussi modestes que ses disciples ? Leur fierté ne leur permettait pas une chose pareille !
Et Jérémie dit encore : « Que le riche ne se glorifie pas de sa richesse ». Il avait une raison de dire cela. Israël aimait tellement la richesse que les dirigeants religieux, par avarice, s’emparaient des maisons des veuves, au nom de Dieu (Luc 20 : 47). Avides de gloire, ils faisaient ces choses pour exhiber un système religieux pompeux et se mettre avantageusement en lumière. C’était difficile pour eux, qui aimaient la richesse, d’accepter que le fils d’un charpentier soit leur dirigeant. C’était au‑dessus de leurs forces !
Paul éprouvait la même chose que Jérémie. Il écrivit à ses frères selon la chair : « Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint Esprit : j’éprouve une grande tristesse et j’ai dans le cœur un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair. » (Romains 9 : 1-3). Qu’est-ce qui a poussé l’apôtre à parler ainsi ? C’est le chagrin de voir que ses frères selon la chair, les Israélites, n’avaient pas saisi l’occasion d’accepter Jésus et de s’unir à Lui. Quand Jésus pleura sur Jérusalem, parce que la nation L’avait rejeté, Il dit : « Si toi aussi, au moins en ce jour qui t’est donné, tu connaissais les choses qui appartiennent à ta paix ! Mais maintenant, elles sont cachées à tes yeux. » ― Luc 19 : 42.
Jean décrit clairement la situation du peuple juif : « Malgré tant de miracles qu’Il (Jésus) avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en lui, afin que s’accomplît la parole qu’Ésaïe, le prophète, a prononcée : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu’Ésaïe a dit encore : Il a aveuglé leurs yeux ; et il a endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient des yeux, qu’ils ne comprennent du cœur, qu’ils se convertissent, et que je ne les guérisse. Ésaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui. Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue. Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. » ― Jean 12 : 37-43.
La plupart des Israélites étaient aveuglés et ne pouvaient pas comprendre l’appel à suivre Jésus. Leurs dirigeants aimaient être honorés par les hommes, c’était plus important que de servir Dieu. C’est ainsi qu’Israël a refusé la plus grande de toutes les bénédictions.
Cette expérience, dont le peuple d’Israël comprendra un jour l’importance, devrait nous engager à mieux apprécier la parole de Jésus, comme il est dit en Matthieu 13 :16 : « Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent ! » Et quand Israël refusa de suivre les directives que Dieu lui donna par l’intermédiaire de Jérémie et des autres prophètes, l’occasion de devenir membres de la sacrificature royale lui fut enlevée et donnée à d’autres.
L’appel de Jésus fut accordé aux nations. Comment ont-ils profité de cette opportunité ? Ceux qui répondirent à l’appel au début de l’ère chrétienne eurent les mêmes problèmes que les Juifs. On préféra aussi les honneurs mondains et mit les vraies valeurs spirituelles à l’arrière-plan. On ressentit toujours le besoin de montrer sa sagesse, sa force et sa richesse. Ce fut même le cas de l’assemblée de Corinthe. L’apôtre Paul écrivit avec sévérité à ses frères dans le Seigneur de cette Église en leur rappelant l’honneur incomparable et la gloire que Dieu leur avait promis s’ils restaient fidèles. Il les mit en garde et leur signifia qu’ils perdraient la faveur de Dieu, s’ils continuaient leurs pratiques égoïstes et provoquaient querelles et chagrin. Paul s’efforçait sincèrement de leur venir en aide en leur montrant leurs erreurs. Il leur faisait remarquer que leurs divisions n’étaient pas acceptables. Il écrit à ce sujet : « Car, mes frères, j’ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes au milieu de vous. Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » ― 1 Corinthiens 1 : 11-13.
Paul conseillait aux frères de ne pas se diviser à l’exemple de certains, mais plutôt d’annoncer ensemble le message de vérité, comme il le faisait lui-même : « Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Évangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine. » ― 1 Corinthiens 1 : 17.
Le talent pour discourir, l’art de s’exprimer provoquent l’admiration pour l’orateur et honore ainsi la chair ; et l’auditeur risque de ne pas remarquer qu’on lui a présenté le véritable message de l’Évangile de Christ. La prédication de la croix doit être présentée en toute simplicité et doit être à la portée de tout le monde. Il poursuit : « Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. » ― 1 Corinthiens 1 : 18, 19 ; Ésaïe 29 : 14.
En citant Ésaïe, l’apôtre Paul prévient que Dieu a l’intention de réduire à néant la soi-disant sagesse du monde. Mais il y a une autre idée dans ses paroles. La sagesse des hommes est infiltrée par l’égoïsme et conduit à la fierté et à l’orgueil. Nous lisons à propos de l’orgueil qu’il « précède la ruine. » (Proverbes 16 : 18). La science des hommes se révèle être un mirage. Elle attire le regard sur soi et détourne de la vraie sagesse de Dieu. Celui qui est séduit par sa propre sagesse, ses capacités ou sa richesse, aura du mal à reconnaître que Dieu puisse se soucier de lui. Comment pourrait-il honorer convenablement le Seigneur ? L’adversaire suscite un esprit d’orgueil chez un tel disciple de Jésus, et le séduit en l’incitant à se glorifier de toutes les bonnes choses qu’il possède, et le détourne ainsi du chemin de la vraie sagesse et de l’humilité.
Paul poursuit son raisonnement : « Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. » ― 1 Corinthiens 1 : 20-25.
Nous nous demandons pourquoi Paul a écrit : « Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? » Il donne ensuite la réponse : les hommes ne trouveront pas la vérité dans la sagesse terrestre ni dans la philosophie du monde.
L’apôtre préférait appeler les élus en présentant de manière simple le message du sacrifice de Jésus et ainsi les sauver du péché et de la mort. Cet enseignement était si simple que les sages d’Israël ne voulaient pas l’admettre, car ils y voyaient la révélation de la puissance et de la sagesse divines. Les Grecs refusèrent cet enseignement, parce qu’ils considéraient leur philosophie comme supérieure. Pourtant, c’est cet enseignement simple de la croix qui est la base de toute l’œuvre de rédemption de Dieu.
La puissance et la sagesse de Christ, comme le montre son sacrifice, ne peuvent être comprises que de ceux qui souhaitent partager ses souffrances et sa gloire, ce sont ceux que Dieu a appelés. Il prévoit ainsi de montrer aux hommes que ceux qu’ils considèrent comme fous sont en vérité « plus sages que les hommes » et ceux qu’ils considèrent comme faibles sont « plus forts que les hommes » (1 Corinthiens 1 : 25). Paul emploie des mots tels que fou, faible, vil, méprisé, pour décrire l’Église de Dieu du point de vue humain. « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont. » ― 1 Corinthiens 1 : 27, 28.
Alors que ces paroles décrivent la façon dont le monde juge l’Église de Dieu, elles sont aussi une leçon plus personnelle pour elle. Dieu aimerait que nous prenions conscience que nous n’avons pas été choisis pour devenir sages, nobles et dans l’opulence sous sa protection, mais pour que nous, hommes ignorants, insignifiants et simples, nous devenions parfaits, « afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. » ― 1 Corinthiens 1 : 29.
Nous devons toujours tourner nos regards vers Dieu, un Dieu de bonté, qui dit à Moïse : « … L’Éternel, l’Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché. » ― Exode 34 : 6, 7).
La plupart des hommes n’ont pas encore l’heureux avantage de connaître Dieu dans sa véritable gloire. Mais notre Père céleste, le grand Créateur de tout l’univers, se révèlera dans sa grande bonté et sa justice, comme le dit Jérémie : « Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d’avoir de l’intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l’Éternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre. » ― Jérémie 9 : 24.
Dans notre actuel monde mauvais, les hommes sont loin de reconnaître la sagesse et la puissance de Dieu et de louer sa justice et son amour. Certes, les hommes considèrent l’univers, le système solaire, la terre et tout ce qu’elle contient, et le plus petit atome avec une certaine admiration. Mais bien peu d’entre eux imaginent que toutes ces merveilleuses créations reflètent la grande puissance et la sagesse de Dieu.
Toutes sagesses et toutes puissances seront révélées aux hommes par Christ. Dans le royaume, tous les hommes verront alors la sagesse et la puissance de Dieu et aussi sa justice et son amour. Ces caractéristiques du Tout-Puissant seront manifestes, quand les hommes seront réveillés de la mort à la vie et qu’ils apprendront la Vérité. Alors, ils loueront Dieu d’une seule voix.
Les Élus ont le privilège de connaître leur merveilleux Père Éternel déjà maintenant, de L’honorer et de Le louer. Plus tard, ils continueront à glorifier Dieu et ils apprendront aux hommes à faire de même, comme le dit l’apôtre Paul : « Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, lequel, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice, et sanctification et rédemption (délivrance), afin, comme il est écrit, que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. » ― 1 Corinthiens 1 : 30, 31.
De même que Dieu a établi Jésus en sagesse, justice, sainteté et rédemption, de même l’Église aura le privilège de conduire l’humanité vers le Sauveur Jésus-Christ. Alors, les rachetés du monde glorifieront le Seigneur éternellement.
TA – Octobre 1981