QUEL EST DONC LE SERVITEUR FIDÈLE ET PRUDENT ?

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(Matthieu 24 45)

Voici bientôt dix ans que parait notre périodique, le Journal de Sion, dans lequel nous avons essentiellement publié, après traduction, des articles du Pasteur américain Charles Taze Russell. D’après les lettres reçues jusqu’à présent, nous avons pu constater que beaucoup de nos chers lecteurs ont été édifiés spirituellement, encouragés et éclairés sur bien des points par ces articles. Nous croyons que nos lecteurs seraient heureux de connaître l’instrument que Dieu a employé pour leur apporter cette bénédiction. Aussi avons nous jugé bon de faire paraître, dans ce numéro, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, la biographie de ce grand homme né de Dieu que fut le Pasteur C. T. Russell.

Il y a en effet 50 ans de cela, le 31 octobre 1916, que Charles Taze Russell achevait sa course terrestre, après avoir fait un don total de sa personne au service de Dieu. Charles Taze Russell, Pasteur Russell pour les uns, frère Russell pour d’autres aimé, apprécié, criti­qué, calomnié, sui­vant que le mouve­ment religieux qui parlait de lui était animé d’une grande ou d’une petite mesure de sentiments chrétiens, a été cependant un homme extraordinaire pour son siècle, tant par son caractère, sa valeur morale et spiri­tuelle, que par ses talents divers et nombreux: c’était un écrivain, un confé­rencier, un prédica­teur, un réformateur, etc. Ce fut aussi un travailleur infatigable. L’oeuvre accom­plie par cet humain né dans le péché et imparfait comme les autres a été gigantes­que. L’aide et la bé­nédiction de l’Eter­nel l’ont accompa­gné sans aucun doute. Charles Taze Russell

Charles Taze Russell est né à Pitts­burg (Etats-Unis d’Amérique) le 16 février 1852. Il était le fils de Joseph L. et d’Elina Birney Russell, tous deux de descendance Ecosso-Irlan­daise. Il reçut son instruction dans les écoles com­munes et de professeurs privés. Il avait 9 ans à la mort de sa mère. A 11 ans, Russell fut associé aux affaires de son père. Agé de 12 ans, il fut un jour trouvé par son père à deux heures du matin dans le magasin, absorbé par une concordance biblique et inconscient du temps écoulé.

Dès son jeune âge, l’enfant reçut une solide instruction religieuse, qui fut profondément modi­fiée par les études qu’il entreprit plus tard. Jus­qu’à l’âge de 15 ans, le jeune Russell suivit l’en­seignement généralement accepté, selon lequel Dieu a appelé à l’existence des milliards de créa­tures, dont il ne peut sauver qu’un petit nombre, tous les autres étant condamnés à des tourments effrayants dans un enfer éternel de feu et de sou­fre. Il était membre de l’église congrégationaliste (presbytérienne) et de l’Y.M.C.A. (Union chrétien­ne de jeunes gens), et il était déjà un enfant de Dieu consacré. Endoctriné d’après le catéchisme presbytérien et naturellement doué d’un esprit chercheur, sa foi en certaines doctrines, depuis longtemps admises, se mit à chanceler, lorsque, vers l’âge de 16 ans, il commença à réfléchir par lui-même. Il ne pouvait admettre qu’un Dieu jus­te, bon et sage pût prédestiner des milliards d’hu­mains aux tourments éternels. C’est ainsi qu’à 17 ans il devint incrédule. Il continua à croire en Dieu, mais il ne pouvait s’accorder avec les ensei­gnements généralement compris comme étant la révélation divine faite à l’homme, ni les accepter. Il étudia alors les religions orientales, espérant y trouver un meilleur message; mais il les trouva peu dignes de foi.

A l’âge de 19 ans environ, C. T. Russell était dans les affaires, à la tête d’un commerce très important, qui prit bientôt assez d’extension pour occuper quatre grands magasins dans des villes différentes. Ce commerce accaparait presque tout son temps. C. T. Russell se décida néanmoins, malgré ses occupations absorbantes, à étudier la Bible (qu’il n’avait pas entièrement délaissée) d’une manière tout à fait nouvelle, en scrutant les Ecritures, après avoir mis de côté tous les ensei­gnements admis par les diverses dénominations religieuses. Il se dit qu’après tout, la Bible n’ensei­gne peut-être pas ces terribles tourments éternels, étant donné que les différentes sectes religieuses sont elles-mêmes en désaccord entre elles: Grâce à cette méthode, il put voir que la Bible est har­monieuse et magnifique. Son coeur honnête se réjouit de constater que la Bible démontre, en réalité, l’existence d’un Créateur tout-puissant, sage et plein de compassion à l’égard de Ses créa­tures. Ainsi, ce qui semblait provoquer, à pre­mière vue, la ruine totale de sa foi en Dieu et dans la Bible, fut, grâce à Dieu, une épreuve salutaire. Le résultat en fut simplement qu’il perdit toute confiance dans les croyances humaines et dans les méthodes des confessions religieuses d’interpré­tation de la Bible.

Le secret de la foi

Ce qui le poussa aussi à revenir à la Bible, à l’étudier avec plus de zèle et plus de soin qu’il ne l’avait jamais fait auparavant, fut ce qu’il entendit un jour, à Allegheny, en pénétrant dans une salle poussiéreuse et sombre, où il avait appris que se tenaient des réunions religieuses. Il écouta le culte religieux pour voir si, dans cette petite assemblée, il trouverait quelque chose de meilleur pour lui que dans les grandes églises. Pour la pre­mière fois, il entendit quelques-unes des théories du second-adventisme exposées par Jonas Wen­delI. Russell fut assurément redevable aux Adven­tistes de certaines lumières ; il en reçut aussi de quelques autres étudiants de la Bible. Le culte qu’il écouta n’était pas très clair et naturellement bien loin des vérités qui font notre joie aujour­d’hui; cependant cela fut suffisant pour raffer­mir la foi de Russell dans l’inspiration divine de la Bible et pour lui prouver que les écrits des Pro­phètes et ceux des Apôtres sont indissolublement liés entre eux.

D’avoir découvert l’harmonie magnifique des Ecritures, C. T. Russell ressentit une telle joie, qu’il n’eut plus qu’une seule ambition, celle de réjouir le coeur de son prochain par cette bonne nouvelle. Pour atteindre plus facilement Catholi­ques, Protestants, Juifs et Libres-penseurs recher­chant la vérité, il résolut de rester libre et indé­pendant, séparé de toute secte, et il inaugura ainsi une oeuvre complètement dégagée de toute entrave confessionnelle. Dans ses études de la Bible, il vit graduellement que chaque confession de foi con­tenait quelques vérités, mais mélangées avec des erreurs, ce qui fatalement rendait impossible toute compréhension des desseins de Dieu.

La période de 1870 à 1872 fut pour lui une période de progrès continu dans la grâce, dans la connaissance et dans l’amour de Dieu et de Sa Parole. C. T. Russell commençait à avoir des clar­tés sur le plan d’amour de Dieu, et à comprendre l’oeuvre rédemptrice que notre Seigneur Jésus vint accomplir en faveur de tous les humains pour les faire sortir du tombeau, afin de les discipliner et de les remettre en pleine harmonie avec le Créa­teur. Russell voyait dans cette oeuvre le Rétablis­sement de toutes choses, dont il est parlé en Actes 3 : 21.

Le premier groupe de l’Association des Etudiants de la Bible

Les années qui suivirent (de 1872 à 1876) furent des années pendant lesquelles C. T. Rus­sell et quelques amis, étudiants de la Bible com­me lui, se réunissant à Allegheny, croissaient en grâce et en connaissance. Leurs notions élémen­taires sur le Rétablissement de toutes choses se précisèrent, devinrent plus claires. C’est en 1872 que Russell comprit clairement l’oeuvre de notre Seigneur comme Prix de notre rançon, et du même coup il découvrit que la force et le fondement de tout espoir de rétablissement sont basés sur cette doctrine. Il se mit alors à examiner la question du Rétablissement de toutes choses en la mettant en regard de la rançon fournie par notre Seigneur pour Adam et, par là même, pour tous ceux qui furent perdus en Adam. Cette étude le fixa com­plètement sur cette question et lui donna l’assurance complète que TOUS doivent sortir des sépul­cres, être amenés à une claire connaissance de la vérité et avoir l’occasion d’obtenir la vie éternel­le par Christ. Il comprit aussi, avec ses amis, la différence existant entre notre Seigneur, l’homme qui s’offrit en sacrifice, et Celui qui devait reve­nir plus tard comme être spirituel. Il comprit que les êtres spirituels peuvent être présents et cepen­dant invisibles aux humains.

C.T. Russell fut très choqué par l’erreur des Seconds-adventistes qui attendaient Christ en chair et enseignaient que le monde et tout ce qu’il con­tient, à l’exception d’eux-mêmes, serait consumé par le feu en 1873 ou 1874. Leur déconvenue jeta d’ailleurs un certain discrédit sur Russell et ses amis. Il fut donc incité à écrire une brochure sur « Le but et la manière du retour du Seigneur », qui fut tirée à environ 50.000 exemplaires.

En janvier 1876, notre ami Russell reçut un journal qui avait pour titre « Le Messager du matin »; dans ce journal, il était indiqué que le retour du Seigneur n’avait pas pour but de brûler notre globe, mais de bénir toutes les familles de la terre; Il viendrait comme un voleur dans la nuit, invisible aux hommes. Ce journal montrait égale­ment que le rassemblement des membres de l’Egli­se et la séparation du bon grain et de l’ivraie devaient s’effectuer à la fin de cet âge, sans que le monde en eût connaissance. Russell se réjouit beaucoup de voir dans ce journal des vérités que lui-même avait trouvées précédemment; il se sou­vint de l’exhortation de l’Apôtre Paul : « Vous frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur, vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour » (1 Thess. 5 : 4). Il remarqua aussi dans ce journal que, selon l’éditeur, les prophéties et la chronologie de la Bible indiquaient que notre Sei­gneur était déjà présent dans le monde, depuis 1874, inaperçu et invisible, et que l’oeuvre de la Moisson, ou de séparation du blé et de l’ivraie, devait commencer à s’effectuer. C’était là une pen­sée nouvelle.

Peu de temps après, un lecteur du journal « Le Messager du matin », qui possédait le Diaglotte Emphatique, version grecque du Nouveau Testa­ment avec traduction interlinéaire en anglais, remarqua dans cet ouvrage qu’en Matthieu 24 27, 37, 39, le mot grec parousia, rendu usuellement par venue ou avènement était traduit par pré­sence, ce qui était indiscutablement la traduction correcte du grec. Cette notion fut le point de départ d’une conception plus rationnelle sur le but de la seconde venue de Christ et la manière dont elle devait avoir lieu.

A ce moment-là, il n’y avait pas d’ouvrages, ni d’autres publications, excepté le « Messager du matin », qui étudiaient les prophéties chronolo­giques que l’on comprenait alors. C. T. Russell paya à Barbour, rédacteur de ce dernier journal, ses frais de voyage pour avoir une entrevue avec lui à Philadelphie (pendant l’été 1876). Russell désirait que Barbour lui montrât clairement et scripturairement que les prophéties désignaient 1874 comme la date de la présence de notre Sei­gneur et du commencement de la Moisson évan­gélique. Les preuves fournies furent satisfaisantes et convaincantes pour Russell qui, pleinement con­sacré au Seigneur, comprit tout de suite qu’au temps spécial où il vivait, le disciple de Christ a des devoirs et une oeuvre exceptionnelle à accom­plir. Si l’on est au temps de la Moisson, le travail de la Moisson doit être fait. Russell vit que l’outil de travail de la Moisson, la faucille, était la vérité présente. L’Eternel veut que Ses enfants s’en ser­vent pour accomplir l’oeuvre de la Moisson en tous lieux. Russell demanda à Barbour ce qu’il avait fait dans ce but-là et comment son journal avait contribué à cette oeuvre. Barbour déclara qu’en somme rien n’avait été fait dans ce domaine-là.

Commencement de la Moisson

En 1877, Russell convoqua une assemblée géné­rale de tous les pasteurs d’Allegheny et de Pitts­burg ; il leur montra que, selon les Ecritures, notre Seigneur était présent, et il les adjura d’ap­profondir ce message, puis de le proclamer. Tous les pasteurs de ces deux villes étaient présents, et tous refusèrent de croire à ce message. Au cours de la même année, Russell se décida à abandon­ner son commerce et à consacrer tout son temps et toute sa fortune à l’oeuvre que les Ecritures indiquaient comme étant celle de la Moisson ou de la fin de l’Age. Pour déterminer si sa ligne de conduite était en harmonie avec les Ecritures, et aussi pour démontrer sa propre sincérité, Russell décida de mettre à l’épreuve l’approbation du Sei­gneur. Dans ce but, il procéda comme suit : 1) il consacra sa vie à cette cause; 2) il engagea toute sa fortune pour faire progresser cette oeuvre ; 3) il refusa d’instituer des collectes dans les assemblées et conférences; 4) il fit dépendre l’oeuvre de con­tributions volontaires, non sollicitées, pour assurer la continuation du travail, après l’épuisement de sa fortune.

C.T. Russell chargea l’un de ses amis, en lui fournissant les fonds nécessaires, d’écrire un petit livre intitulé « Les trois mondes », tandis qu’il voyagerait et donnerait des conférences avec un autre de ses amis. L’expérience prouva que, mal­gré le grand intérêt soulevé par les conférences, les auditeurs oubliaient rapidement ce qui avait été dit. Russell et ses amis décidèrent donc de reprendre la publication régulière du journal « Le Messager du matin » dont la parution avait été sus­pendue. D’autres collaborateurs vinrent se joindre bientôt à nos amis, dans cette oeuvre de Moisson. Ils obtinrent une certaine connaissance de la Véri­té, mais finalement tous, les uns après les autres, se butèrent contre le rocher du scandale qui est la Rançon. Même celui qui était chargé de la publi­cation du « Messager du matin » trébucha et se mit à publier des articles niant la Rançon. Russell cessa donc de le soutenir financièrement.

Fondation du journal – «Zion’s Watch Tower»

La rédaction du « Messager du matin » ayant passé entre les mains d’un infidèle, C. T. Russell décida de lancer un autre journal ayant pour titre : « Zion’s Watch Tower and Herald of Christ’s Presence ». Ce journal, dès le premier jour, se pré­sentait comme soutenant particulièrement la Ran­çon pour tous. C. T. Russell en fut le rédacteur jusqu’à la fin de sa vie. D’abord mensuel, ce jour­nal devint ensuite bi-mensuel, et ce fut la pre­mière et la seule publication qui, pendant plus de quarante ans, a annoncé la seconde présence du Seigneur. Ce journal s’occupa exclusivement de questions scripturales; ce fut l’un des moyens par lesquels a été servie à la maison de la foi la nourriture au temps convenable.

En 1881, deux années après la parution de ce journal, C. T. Russell publia deux brochures. La première avait pour titre : « Nourriture pour Chré­tiens qui réfléchissent ». Il en fit distribuer gra­tuitement 1.400.000 numéros. Cette brochure fut distribuée à la porte de toutes les églises protes­tantes des Etats-Unis, du Canada et de la Grande-Bretagne, pendant trois dimanches consécutifs, par des messagers spéciaux. La seconde s’intitule « Les figures du Tabernacle, types de meilleurs sacrifices ». C’est dans la prière et l’étude que cet important ouvrage fut écrit; le sujet qui y est traité est, pour ainsi dire, le point central vers lequel convergent tous les rayons du salut destiné à l’humanité. Plus de 1.000.000 d’exemplaires de cette brochure ont été mis en circulation.

Publication des volumes des Etudes des Ecritures

Le premier volume des « Etudes des Ecritu­res » parut quelques années après ces événements; c’est avec beaucoup de peines et de luttes que les différents volumes furent publiés successivement. Le travail de la Moisson progressa rapidement par la proclamation des merveilleuses vérités qui arri­vaient au temps convenable, l’Eternel donnant au fur et à mesure de nouvelles lumières et des détails toujours plus précis sur son Plan d’amour. Le pre­mier volume sortit de presse en 1886 et a pour titre « Le divin Plan des âges ». C’est un exposé général et harmonieux du Plan de Dieu. Le deuxiè­me volume, « Le temps est proche », parut en 1889. Il traite en particulier de la chronologie biblique et contient, entre autres, un important chapitre sur la seconde venue du Seigneur. Le troisième volume fut publié en 1890 et s’intitule «Ton règne vienne ». Le temps et l’oeuvre de la Moisson y sont abondamment traités. On y trouve un chapitre intéressant sur le rétablissement d’Israël et un autre sur la grande Pyramide d’Egypte.

En 1897 parut le quatrième volume de la série, qui a pour titre « Le Jour de la vengeance ». Le jugement et la chute de Babylone (la chrétienté) y sont largement exposés. Un chapitre entier a été consacré dans cet ouvrage pour l’explication de la grande prophétie de notre Seigneur. « La réconci­liation entre Dieu et l’homme » est le titre du volu­me 5 qui fit son apparition en 1899. Ce livre est profondément spirituel. Il décrit admirablement le caractère du Père Céleste, Sa personnalité. Il mon­tre la différence existant entre le Père et le Fils qui est Médiateur, Fils Unique, Fils de David et Fils de l’homme. Il explique ce qu’est le Saint Esprit et renferme un important chapitre sur la Rançon. En 1904, enfin, parut le volume 6 qui est un véritable chef-d’oeuvre et une source d’ensei­gnements précieux pour l’enfant de Dieu, il s’in­titule « La nouvelle Création ». Les sujets qui y sont traités sont nombreux. On y parle de la « nou­velle créature », de son appel, de sa prédestination, de son organisation, de sa discipline, de sa loi, de son sabbat, de son jugement, de son bap­tême, de sa Pâque, de ses devoirs et privilèges maritaux, paternels et maternels, de ses diverses obligations terrestres, de ses adversaires, de son héritage actuel, de son héritage à la résurrection, et aussi de l’histoire de la création du monde.

La série des volumes des « Etudes des Ecri­tures » renferme au total 2.507 pages; ce sont de merveilleux commentaires des Ecritures, logiques et compréhensibles. Tous ceux qui ont étudié la Bible à l’aide de ces volumes ont reçu de très gran­des bénédictions.

Ses enseignements

C. T. Russell n’a pas été le fondateur d’une nouvelle religion et il n’a jamais eu cette préten­tion. Il fit simplement revivre les grandes vérités enseignées par Jésus et les Apôtres et fit projeter sur elles la lumière de ce vingtième siècle. Il n’a jamais prétendu obtenir une révélation spéciale de Dieu, mais il soutenait que le temps marqué de Dieu était venu de comprendre la Bible. Etant pleinement consacré à Dieu, il lui fut donné de la comprendre.

Il enseignait clairement, en prouvant par des citations des Ecritures, que l’homme ne possède pas d’âme immortelle, mais qu’il est une âme et est mortel; que le salaire du péché est la mort, et non les tourments éternels; que la condamna­tion à mort de l’homme fut juste et qu’elle tomba sur lui par suite de sa transgression de la Loi divi­ne; que la mort signifie la destruction de l’hom­me; que Dieu, dans Sa bonté, a pourvu au Prix de la Rançon de l’homme, afin que celui-ci soit délivré de l’esclavage du péché et de la mort; que le Fils bien-aimé de Dieu, Jésus, devint homme, fut mis à mort et ressuscita Etre spirituel, possé­dant la Nature divine; que par Sa mort, Christ Jésus fournit le Prix de rançon pour la délivrance et le rétablissement de l’homme; que Jésus-Christ, par la grâce de Dieu, goûta la mort pour tous les hommes; que tout homme, au temps voulu de Dieu, doit donc être mis à l’épreuve pour avoir la vie, et qu’à cette fin il y aura une résurrection de tous les morts; que Jésus-Christ est monté au ciel et qu’il devait revenir par la suite; qu’Il est actuellement revenu; que la période de temps se situant entre la première venue du Seigneur et l’établissement du Royaume Messianique sur la terre, est réservée au choix des membres du Corps de Christ du milieu du monde; que les conditions requises pour être élu à une si haute position sont une foi entière dans le sang versé de Jésus comme Prix de Rançon, une totale consécration pour fai­re la volonté du Père et une fidèle persévérance dans l’obéissance à la volonté du Père, même jus­qu’à la mort; que tous ceux qui sont consacrés ainsi et engendrés du Saint Esprit, et qui seront vainqueurs, auront part à la principale Résurrec­tion, seront élevés à la position de membres du Royaume céleste de Dieu et participeront avec Christ Jésus, au cours de Son Règne millénaire, à la bénédiction de toutes les familles de la ter­re; que durant le Règne de mille ans de Christ, tous les morts seront réveillés du sommeil de la mort et seront soumis à une épreuve franche et impartiale pour la vie ou pour la mort; que sous ce règne, ceux qui désobéiront volontairement seront exterminés pour toujours, tandis que ceux qui obéiront au juste gouvernement de Christ seront pleinement rétablis à l’humaine perfection de corps, d’esprit et de caractère; que pendant ce Règne millénaire la terre sera ramenée à l’état paradisiaque et rendue ainsi habitable pour l’hom­me parfait; que l’homme, entièrement rétabli à la perfection, habitera sur la terre embellie aux siè­cles des siècles.

Les attaques dont il a été l’objet

La place nous manquerait pour parler de l’op­position que ses enseignements ont soulevé, aussi nous bornerons-nous à ne citer qu’un extrait d’une lettre, suffisamment éloquente, qu’a écrite au sujet de C. T. Russell le professeur C. E. Ellis, un juge impartial

« Je prends la plume, non pour défendre une doctrine, une croyance ou un dogme, mais pour défendre un homme, pour défendre la cause de la loyauté, de la justice et de la droiture. Le pas­teur Russell, de Brooklyn, est en butte, aujour­d’hui, aux attaques des ecclésiastiques et des jour­naux religieux des Etats-Unis. Personne, peut-être, n’a été persécuté avec plus d’acharnement, et plus impitoyablement condamné; il a été outra­geusement calomnié et cet homme de Dieu, sans crainte et consciencieux, a été grandement incom­pris. Aucun écrivain athée tel que Hume, Vol­taire, Ingersol n’a jamais eu à subir de pareilles attaques. Il ne m’appartient pas de dire si ces persécutions et ces calomnies proviennent de pré­jugés ou de l’ignorance totale du véritable carac­tère de cet homme et de ses écrits. Je crois cepen­dant que ces deux éléments ont joué un rôle effec­tif dans les critiques malveillantes répandues du haut de la chaire et dans la presse, il est naturel que les humains n’aiment pas les attaques adres­sées à leurs croyances, car, ils y tiennent beau­coup, plus qu’ils ne s’en doutent. Lorsqu’une intel­ligence énergique, puissante, fondée sur les Ecri­tures, commence à déraciner leurs doctrines en faisant ressortir les inconséquences et les erreurs de ces croyances, alors ces gens-là sont blessés. C’est l’oeuvre qu’accomplit Russell. Comme logi­cien et théologien, il est certainement sans égal aujourd’hui. Nul ne l’a dépassé dans ses recher­ches des vérités bibliques et dans sa mise en évi­dence de l’harmonie des Ecritures. Il n’y a pas l’ombre d’une flétrissure ou d’une tare dans ce caractère; il a le mieux compris les vastes pers­pectives ouvertes aux humains et, par son oeuvre, il s’élève comme un géant sans rival. Ses défauts disparaissent vraiment, tant ils sont insignifiants. Cet homme a été trop occupé à répandre la vérité divine, telle qu’il l’avait saisie, pour perdre son temps à des sujets frivoles qui ne fussent pas en relation directe avec la condition future des humains, telle qu’elle est indiquée dans « Le Plan des âges ». Cet homme désintéressé fut toujours libéral et courtois envers les Chrétiens d’autres dénominations religieuses. Par contre, il condam­na impitoyablement, en termes énergiques, les erreurs et les inconséquences de toute croyance qu’il reconnut inexacte. Cet homme est certaine­ment un bienfaiteur immortel et il a marqué avec puissance l’empreinte de ses opinions sur le mon­de, à un degré inconnu depuis le temps de la Réformation. Tous les efforts possibles ont été faits pour empêcher la presse de publier ses ser­mons. Pourquoi donc une telle opposition ? Pour­quoi donc y a-t-il tant de personnes qui s’oppo­sent aux recherches approfondies dans les Ecri­tures, aux études de la révélation prophétique ? Pourquoi donc empêcher la liberté de pensée, la liberté de parole ou la liberté d’utilisation de la presse ? Quel genre d’humains sommes-nous donc? Que tout homme, prédicateur ou autre, se garde d’obstruer le chemin d’un tel homme ! »

Son érudition

Ceux qui réclament des parchemins comme titres d’instruction, lui contesteront peut-être la qualité d’érudit. Et pourtant, ils ne sont pas rares les cas de savants, fils de leurs propres oeuvres, qui se sont instruits sans passer par les univer­sités réputées dans le monde. Parmi ceux-là figure C. T. Russell.

A part l’anglais, il ne connaissait pas de lan­gues, mais il avait appris à utiliser, pour ses étu­des bibliques, les travaux des plus grands érudits en grec et en hébreu. A propos de sa connaissance de ces deux dernières langues, voici ce qu’il nous dit « En ce qui concerne mes connaissances du grec et de l’hébreu, elles sont très sommaires, je n’ai aucune érudition spéciale dans l’une ou l’autre langue. D’ailleurs, sur mille pasteurs, je ne pense pas qu’il y en ait plus d’un qui soit un véri­table érudit dans le grec ou dans l’hébreu. Le fait de pouvoir lire quelques mots d’hébreu n’a guère d’importance; il n’est pas non plus nécessaire d’étudier ces langues pour connaître la Bible. Nos amis les Presbytériens ont publié à grands frais la célèbre concordance analytique de Young, qui embrasse tous les termes bibliques hébreux, chal­déens, grecs et anglais. Nos amis, les Méthodistes, ont aussi publié un ouvrage analogue de haute valeur, la concordance analytique de Strong; il existe d’ailleurs un autre ouvrage plus ancien, la Concordance anglaise des textes hébreu, chal­déen, grec et anglais. Il y a en outre le Lexique grec de Liddell et Scott qui fait autorité en la matière. Chacun peut se procurer aisément ces ouvrages de haute valeur et approfondir person­nellement les textes originaux de la Bible ».

C.T. Russell possédait ces quatre ouvrages et les utilisa fidèlement; d’ailleurs, peu de pro­fesseurs des facultés de théologie ou séminaires oseraient aborder une étude critique de textes bibliques sans se référer à ces ouvrages dont l’au­torité est universellement reconnue. Russell rap­pelle, d’autre part, que les traductions actuelles de la Bible sont nombreuses et la plupart très bon­nes. Il possédait presque toutes ces versions bibli­ques et les comparait souvent dans l’étude de cer­tains textes, l’une exprimant certaines nuances de pensée que d’autres ne rendaient pas. Un jour, par curiosité, il compta les diverses versions de la Bible qu’il possédait et en trouva trente-deux.

Il était très versé en histoire, comme le mon­trent ses écrits. Son expérience des affaires était telle que des financiers de renom le consultaient pour solliciter son avis. Ses écrits attestent qu’il était à l’aise pour traiter les questions perplexes du jour, économie politique, sociologie, rapports du capital et du travail, etc.

Il avait exploré à fond tous les domaines de la philosophie, et il était expert en psychologie théorique et pratique et en phrénologie. Peu de savants ont compris aussi bien que lui le fonction­nement de l’esprit et du coeur humain. L’anato­mie humaine et la physiologie lui étaient bien connus.

Mais sa véritable supériorité était dans le domaine de la théologie, où personne ne l’a égalé depuis le temps des Apôtres. Sa connaissance de la Bible était phénoménale, et quand d’autres théologiens seront déjà oubliés, son nom subsis­tera comme faisant autorité dans cette science qui domine toutes les autres.

Charles Tue Russell est nommé Pasteur

Dès 1904 des groupes d’étudiants de la Bible se formèrent un peu partout; il en existait déjà auparavant, mais c’est dès cette date-là surtout qu’un grand nombre d’assemblées s’organisèrent. Et il n’y eut pas moins de 1.200 églises ou assem­blées différentes qui le nommèrent leur Pasteur.

C. T. Russell, il est vrai, n’a pas été élu pasteur suivant la méthode erronée pratiquée dans les diverses dénominations religieuses, mais il reçut son ordination d’abord de Dieu) ensuite des hom­mes. Voici ce qu’il dit au sujet de son ordination pastorale : « Il existe deux ordinations véritables, l’une vient de Dieu et l’autre des hommes. L’ordi­nation de Dieu consiste dans l’engendrement du Saint Esprit ; celui qui prêche sans cette ordination-là fait quelque chose qu’il n’a aucun droit de faire, il n’est pas autorisé par Dieu à être un ambassadeur de Christ. Il y a aussi une seconde ordination pour ceux qui sont appelés ministres de l’Evangile et au nombre desquels je me compte moi-même; cette ordination est accor­dée par l’église elle-­même et cette seconde ordi­nation, tout au moins, est reconnue par les diver­ses confessions religieuses en tout lieu. Cette der­nière est considérée par beaucoup comme une sim­ple formalité; d’autres l’accomplissent en gran­de cérémonie, d’autres enfin y mettent moins d’apparat. Nous pensons que chaque ecclésia ou assemblée religieuse devrait accorder l’ordina­tion à ceux qu’elle a choisis pour la desservir par un vote à main levée, selon les indications de la Bible. Quiconque n’a pas reçu les deux ordina­tions ci-dessus n’a pas été ordonné ministre de l’Evangile, selon les instructions de la Bible. L’or­dination divine est premièrement indispensable, ensuite l’ordination terrestre est aussi nécessaire. Par la grâce de Dieu, je possède ces deux ordina­tions ».

Il avait réellement, comme l’Apôtre, « le souci de toutes les églises » (2 Cor. 11 : 28). Lui demandait-on conseil, on trouvait un pasteur sans égal; s’agissait-il de réconforter, de ranimer, il entraînait, il enflammait; quand il fallait corri­ger, c’était un pasteur plein de tact et riche de résultats; comme conducteur pastoral, il était modeste autant que discret et cependant persua­sif et toujours produisant son effet. Ces qualités faisaient qu’il était comme la vie même de ceux dont il était le pasteur elles le liaient à eux par des liens que la mort même n’a pas déliés. Voilà pourquoi les dizaines de mille qui l’avaient choisi pour leur pasteur ne lui ont pas nommé de suc­cesseur après sa mort.

Le Pasteur Russell écrivain

Il est difficile de se rendre compte de l’acti­vité prodigieuse du Pasteur Russell; plusieurs vies humaines moyennes auraient de la peine à accomplir le travail que cet enfant de Dieu a con­sacré au service de son Maître. Sa correspondance, à elle seule, était suffisante pour occuper un homme actif et de talent. Quand on se rappelle qu’il y a eu des années où il a reçu plus de 300.000 lettres et cartes postales, et qu’il avait la haute main à ce qu’il y fut répondu, et qu’il y répondait lui-même pour une bonne part, on peut se faire une idée de la somme de travail, du temps et de la peine que cela lui a coûté.

Comme auteur, il a produit les 6 volumes des Etudes des Ecritures. Ces livres ont été traduits en une trentaine de langues et plus de 11.000.000 d’exemplaires ont été mis en circulation. Pour la période de 1886 à 1914, le tirage par volume a été le suivant

Le divin Plan des âges 4.817.000 exemplaires

Le temps est proche .. 1.657.000 exemplaires

Ton Règne vienne …. 1.578.000 exemplaires

Le Jour de la vengeance 464.000 exemplaires

La Réconciliation …. 445.000 exemplaires

La Nouvelle Création .. 423.000 exemplaires

Comme pamphlétaire, il a publié de nom­breuses brochures, dont l’une, sur l’enfer, a été tirée, de son vivant même, à plus de 3.000.000 d’exemplaires. Il a écrit plus de 200 petits trai­tés, dont quelques-uns ont été publiés à plus de 50.000.000 de numéros.

Ses sermons ont paru régulièrement chaque semaine pendant treize ans. Ils furent publiés, pendant les dernières années de sa vie, dans plus de 2.000 journaux, représentant un total de 15.000.000 de lecteurs, et il y eut en tout environ 4.000 journaux différents qui rapportèrent ses pré­dications. On peut se faire une idée de l’importance de son oeuvre par ces quelques lignes tirées du journal « The Continent », qui ne lui était pas favo­rable:

« On dit que la circulation de ses écrits par les journaux devient chaque semaine plus gran­de, qu’elle dépasse celle des écrits de n’importe lequel de ses contemporains; qu’elle est sans con­teste plus considérable que celle des oeuvres de tous les prêtres et prédicateurs de l’Amérique du Nord, ainsi que des oeuvres réunies d’Arthur Bris­bane, de Norman Hapgood, de Georges Horace Lorimer, du Docteur Frank Crane, de Frederik Haskins et d’une douzaine d’autres rédacteurs et écrivains connus ».

Il éditait, en outre, le journal religieux « The Watch Tower » dont le tirage atteignait 45.000 exemplaires, il a rédigé le scénario sur le « Photo­drame de la création », donnant un résumé du Plan divin depuis la création jusqu’aux temps du rétablissement.

Ses écrits furent, à un moment donné, sou­mis à une analyse comparative en regard de 20.511 exposés des Ecritures. On assembla toutes ces comparaisons et explications dans l’ordre bibli­que et l’on ne découvrit que 6 points d’interroga­tion restés en suspens, et ils furent d’ailleurs aisé­ment harmonisés avec l’ensemble des Ecritures.

Ses articles pour les leçons de l’Ecole Inter­nationale du Dimanche étaient attendus par un grand nombre de moniteurs de cette Ecole et paraissaient dans une publication spéciale. Des centaines de journaux les reproduisaient. Ils étaient publiés aussi dans son journal bi-mensuel. Il écrivait régulièrement pour plusieurs revues et journaux. Il donnait fréquemment des articles spéciaux dans la presse américaine, où parais­saient également des comptes rendus de ses con­férences.

Le Pasteur Russe!! Prédicateur et conférencier

Le Pasteur Russell a prononcé des discours et donné des conférences en quantité phénoménale. Lorsqu’il était en Amérique, il prêchait en moyen­ne 35 dimanches par année devant des amis innombrables, prononçant ses discours, qui duraient parfois deux heures et demie, dans des salles tou­jours combles. Un dimanche le Pasteur Russell était à New-York, un autre dimanche à Los Angeles (Californie), le dimanche suivant à Seattle (Washington), prononçant des sermons, encoura­geant les enfants de Dieu par sa présence et par sa confiance illimitée dans la bienveillance et l’amour de son Dieu et de son Seigneur Jésus-Christ.

Les étudiants de la Bible ont coutume d’or­ganiser en Amérique, comme aussi dans d’autres parties du monde, des réunions générales; ces réunions rassemblent les étudiants de la Bible d’un même pays et aussi des délégués de pays limitrophes. Des réunions de ce genre eurent lieu, du vivant du Pasteur Russell, à Genève, à Berne, à Zurich, à Paris, à Londres, à Berlin et surtout en Amérique. L’une des plus grandes de ces réu­nions eut lieu à Chautauqua Lake City, où 10.000 étudiants de la Bible se rassemblèrent pendant 10 jours sous la présidence du Pasteur Russell. Nous pouvons nous représenter le nombre de trains spéciaux qu’il fallut pour amener ces nom­breux amis et frères au rendez-vous fixé. C’est pendant l’été que de telles réunions, dites Conventions, étaient organisées. Et le Pasteur Russell y prononçait plusieurs discours.

Pendant tous ses voyages, frère Russell était accompagné d’un sténographe qui relevait, sous sa dictée, ce qui devait paraître comme brochures, traités ou sermons. Le Pasteur était presque tou­jours accompagné d’un certain nombre d’amis qui estimaient que voyager avec lui était une faveur. Ses conférences les plus grandes et les plus remar­quables furent sans contredit celles qu’il donna à Londres, au Royal Albert Hall, pendant plusieurs dimanches, devant 10.000 auditeurs. A New-York, il parla devant 4.000 Juifs sur « Les espérances d’Israël ». Aux Indes, c’est à un auditoire de près de 8.000 personnes qu’il apporta le message de l’Evangile. C’est à l’occasion de ce voyage qu’un village hindou fut nommé de son nom «Russell Puram ». Les auditoires de 2.000 à 3.000 person­nes, que le Pasteur Russell eut le privilège de desservir, en leur apportant la Parole de Dieu, sont innombrables.

Il avait organisé et dirigeait un Bureau de Conférences disposant d’un personnel de 70 confé­renciers qui voyageaient et faisaient des exposés bibliques. Il dirigeait en outre tous les départe­ments d’une oeuvre d’évangélisation mondiale qui employait 700 prédicateurs à temps partiel. Pen­dant trente ans, il supervisa une oeuvre de diffusion d’écrits bibliques qui, à certains moments, compta jusqu’à mille colporteurs à son service. Il avait donné l’impulsion à une oeuvre de distribution de petits traités ou brochures, à laquelle partici­paient, à un moment donné, près de 10.000 per­sonnes. Il avait créé une Ecole biblique par cor­respondance et il consacrait deux heures par jour au moins à la direction d’une Ecole de Théologie dans sa demeure de Béthel. Il avait organisé, en­fin, sept succursales à l’étranger.

Les voyages du Pasteur Russell

Le Pasteur Russell est venu plusieurs fois en Europe. Il traversait plusieurs fois l’Atlantique chaque année; il parlait devant différents audi­toires en Angleterre, spécialement à Londres, au London Tabernacle, église dont il était aussi le pasteur.

Il fit son premier grand voyage en 1910, accompagné d’une nombreuse suite. Il visita l’An­gleterre, vint en Suisse, d’où il se rendit, par l’Italie, en Palestine. Il annonça la Bonne nouvelle à un très grand auditoire à Jérusalem. Ses amis furent persuadés que ce fut là l’accomplissement de la prophétie d’Esaïe 40: 12 qui dit : « Consolez, consolez mon peuple, parlez au coeur de Jérusalem et criez-lui que sa servitude est finie, que son iniquité est expiée, qu’elle a reçu de la main de l’Eternel au double de tous ses péchés. » Le Pas­teur Russell continua son voyage avec ses amis, visita la pyramide de Chéops, dont il donna une explication symbolique dans le volume 3 des Etu­des des Ecritures. La même année, il annonça l’Evangile à des Juifs en Galicie, mais ils ne reçu­rent pas son message et ils cherchèrent à lui ôter la vie.

Son plus grand voyage fut celui de 1911-12. Il était chargé, par un Comité de missions, de pré­senter un rapport sur la conversion du monde au Christianisme. Au début de décembre, il partit de Brooklyn, le 4 il était à Pittsburg, le 10 il était à Los Angeles en Californie. Dans toutes ces villes, frère Russell parle devant des auditoires très nombreux. A Los Angeles, il prononce un dis­cours devant 2.100 personnes. Le 11 il est à Fresno et le 12 à San-Francisco, le 13 il s’embarquait pour les îles Hawaï, dont il visita avec soin la capitale Honolulu. Les besoins religieux du peu­ple de ces îles sont très petits. Dans certains insti­tuts bien tenus, les enfants ont appris à s’agenouil­ler devant leur lit avant de s’endormir et il disent: Maintenant je me couche pour dormir. C’est la seule marque d’une religion quelconque que l’on constate en eux. Le Pasteur Russell trouve, cepen­dant, une Union chrétienne dans la ville de Hono­lulu. De là, il se rend à Tokio où il constate un état de choses un peu meilleur. Cependant les Japonais n’acceptent pas facilement le Message divin, ils désirent des preuves que ni les prêtres, ni les missionnaires ne peuvent leur donner c’est le Royaume de Dieu qu’il faut leur annoncer, le Rétablissement de toutes choses (Actes 3 : 21). Du Japon, frère Russell se rend à Changhaï, en­suite à Hongkong, puis nous le trouvons à Manille, de là il se rend à Singapore. Il visite après cela les missions des Indes; il s’arrête à Colombo et visite avec soin le district de Travancore. Le 11 février il arrive à Madras, le 18 nous le retrouvons à Cal­cutta, le 24 il part de Bombay et arrive à Aden le 29; de là il se rend au Caire et à Alexandrie, il arrive le 8 mars au Pirée et il visite la Grèce. Le 13 mars il arrive à Brindisi, le 14 à Rome, le 16, des frères l’attendent à la gare de Lyon à Paris; il repart dans la soirée pour Londres et il arrive le 28 mars à New-York, après avoir fait le tour du globe. Dans ce voyage, le Pasteur Russell a parlé devant de nombreux auditoires.

La même année, 1912, nous voyons le Pasteur Russell au mois d’Août de nouveau à Londres, il visite ensuite le Nord de la France, de là il se rend à Paris, de Paris à Genève, de Genève à Mulhouse, de Mulhouse à Bâle, de Bâle à Zurich et à Saint-Gaîl. Il part ensuite pour l’Allemagne où il visite différentes villes. Puis il se rend dans les Etats scandinaves, où de très grands auditoires assistent à ses conférences. C’est surtout en Suède que la réception et l’enthousiasme furent grands. Il visita ensuite la Russie pour revenir à Londres en passant de nouveau par l’Allemagne et par Paris.

On peut dire que peu de personnes, de son temps, ont parcouru autant de kilomètres et fait autant de voyages que lui.

L’une des dernières productions du Pasteur Russe!! : le Photodrame de la création.

Au cours des dernières années de sa vie, le Pasteur Russell élabora personnellement le plus merveilleux drame biblique que l’on ait jamais vu. Le Photo­drame de la création est, pour ainsi dire, une oeuvre présentée au public à l’aide de projections lumineuses fixes et cinématographi­ques; l’interprétation des tableaux défilant devant les yeux du public est donnée par un conféren­cier. Il existe aussi sous forme de livre contenant près de 500 images et un scénario ou description sommaire de celles-ci. Cet ouvrage a été traduit en plusieurs langues et a été largement répandu dans le monde.

Le Photo­drame de la Création a été présenté dans la plupart des villes importantes des cinq parties du monde. C’est à New-York, au commen­cement de 1914, que cette oeuvre a été présentée pour la première fois au public. Dès lors elle s’est rapidement étendue et son succès a été complet partout.

Chicago, aux Etats­-Unis, possède un grand temple dans lequel le Photo-drame fut montré toute une année deux fois par jour. L’affluence du public fut considérable dans ce grand édifice. Le Photo­drame de la création a été présenté sur tout le territoire des Etats-Unis d’Amérique, ainsi que dans les principales villes de la Grande­-Bre­tagne. Il fut projeté aussi en Australie, où il con­nut un grand succès. En Suisse il obtint, comme partout ailleurs, un succès total.

Les journaux en ont parlé avec les éloges dus à une oeuvre aussi considérable et montrant l’his­toire de la Bible depuis la création jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses.

La mort de frère Russell

Pendant la dernière semaine de sa vie, il avait à accomplir une tournée de conférences régulièrement organisées en Californie, dans le Kansas, l’Oklahoma, le Nébraska et à New-York. Depuis plusieurs jours, il était déjà en fait un moribond (il souffrait d’une cystite causée par la fatigue provenant de ses nombreux voyages et des innombrables sermons qu’il prononça), néan­moins frère Russell refusa de contremander ces conférences; il mourut le 31 Octobre 1916, en chemin de fer, lorsqu’il se rendait dans le Kansas pour y faire la conférence annoncée. A l’âge de 30 ans, il possédait une fortune de plus de 300.000 dollars; il mourut cependant pauvre; toute sa fortune ainsi que les larges contributions volon­taires reçues pour la cause de la Vérité avaient été dépensées au service du Maître.

En tout lieu, le Pasteur Russell fut aimé par ceux qui « suivent l’Agneau partout où il va ». Il remplit sans aucun doute la charge que le Sei­gneur avait prévue et dont Il avait parlé. Il fut le serviteur fidèle et prudent qui dispensa la nour­riture à la famille de la foi au temps convenable. (Matth. 24 45).

Le legs d’amour de frère Russell

(Extrait de son testament)

A la chère famille de Béthel, collectivement et à tous personnellement, je laisse mes meilleurs voeux, espérant que le Seigneur vous accordera sa bénédiction qui enrichit et n’apporte aucun chagrin. Je fais le même legs à toute la famille du Seigneur en tout lieu, surtout aux frères et soeurs qui se réjouissent dans la Vérité de la moisson. Je vous supplie de continuer à faire des progrès et à croître en grâce, en connaissance et surtout en amour, fruit de l’Esprit par excellence, dans ses différentes formes. Je vous exhorte à être hum­bles, non seulement avec le monde, mais aussi entre vous, à être patients les uns à l’égard des autres et avec tous les hommes, à être doux envers tous, à avoir de la bonté fraternelle, à être pieux et purs. Je vous rappelle que toutes ces qualités nous sont nécessaires, si nous voulons entrer dans le Royaume promis; l’Apôtre nous dit que, si nous faisons ces choses, nous ne broncherons jamais. « C’est ainsi, en effet, que l’entrée dans le Royau­me éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ nous sera pleinement accordée ».

Je désire que mes dernières volontés et mon testament soient publiés dans le premier numéro du « Watch Tower » qui paraîtra après ma mort.

J’espère pour moi-même, comme pour tout l’Israël bien-aimé de Dieu, que bientôt nous nous rencontrerons pour ne plus nous séparer, dans la première résurrection, en la présence du Maître, où il y a plénitude de joie pour toujours. Nous serons satisfaits lorsque nous nous réveillerons à Sa ressemblance, « Transformés de gloire en gloire ».

Signé Charles Taze Russell

Conclusion

Voilà ce qu’était Ch. T. Russell, non le fonda­teur d’une nouvelle secte, mais un réformateur qui a mis en lumière des vérités cachées par les erreurs et les traditions des églises nominales, et qui a donné sa vie pour les répandre.

Si certains événements annoncés dans ses ouvrages ne se sont pas produits aussi rapidement qu’il s’y attendait, on ne peut lui en tenir rigueur. C’est chose humaine que de tirer parfois des con­clusions prématurées. L’homme est imparfait et frère Russell n’a jamais prétendu à la perfection et à l’infaillibilité. Soulignons cependant le fait, que l’on peut qualifier d’extraordinaire, c’est que, éclairé par les Saints Ecrits, il a eu le courage d’annoncer en 1889 déjà, à un monde sceptique et moqueur, que l’année 1914 serait marquée par un bouleversement mondial comparable à « un éclair, un coup de tonnerre dans un ciel serein ». Ceux qui ont vécu cette date peuvent attester l’exacti­tude de cette expression. La détresse prédite dans la Bible devait alors commencer son oeuvre, com­me l’expliqua ce serviteur de Dieu, une oeuvre dont les générations qui suivirent ont été et sont toujours témoins. D’ailleurs, peu de gens savent que les événements caractéristiques de notre siè­cle, tels le retour des Juifs en Palestine, l’accession à l’indépendance de nombre de peuples hier enco­re assujettis, l’oecuménisme, c’est-à-dire le regrou­pement et le rapprochement s’opérant dans la Chrétienté, la prolifération du progrès dans tous les domaines, l’instabilité et les remous sociaux actuels, etc., ont été annoncée par Russell comme devant s’effectuer de notre temps, en accomplis­sement de la Parole de Dieu. Leur réalisation confère à ses écrits un caractère presque prophé­tique.

Après sa mort, de sévères épreuves s’abatti­rent sur le peuple de Dieu. Du milieu même de ceux qui alors se réjouissaient de la Vérité, s’éle­vèrent des hommes qui commencèrent à enseigner des doctrines erronées, attirant des disciples après eux. L’adversaire, le Diable, toujours très actif, et l’esprit charnel en l’homme, oeuvrèrent de con­cert et contribuèrent à la formation de divers mouvements existant encore de nos jours. Il en fut exactement comme après la mort des Apôtres, et particulièrement de l’Apôtre Paul (Actes 20 :29, 30). L’Eternel permet de telles divisions dans le but d’éprouver ceux qui prétendent Lui appar­tenir, et de manifester ceux qui sont véritablement Siens. Ce qui est regrettable, et même profondé­ment injuste, c’est que les erreurs de ces divers mouvements sont -exploitées de façon à porter atteinte à l’honorabilité du Pasteur Russell. Si nous respectons la liberté de chacun, dans ses convictions, convenons qu’il n’est pas charitable, et encore moins chrétien, d’attribuer à quelqu’un des choses qu’il n’a pas dites ni faites.

Pour résumer, nous dirons que frère Russell était un enfant de Dieu entièrement consacré.

C’était un serviteur par le moyen duquel beaucoup ont cru (1 Corinthiens 3 :5, 8), et se sont donnés au Seigneur et à Son service. L’oeuvre qu’il a accomplie, le caractère qu’il a manifesté, indi­quent qu’il était, pour cette fin de l’Age de l’Evan­gile dans laquelle nous vivons, ce serviteur parti­culier que le Seigneur revenu a établi sur Ses gens pour leur donner la nourriture au temps convenable (Matthieu 24 45-47).

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