QU’EST-CE QUE LA « VÉRITÉ » ?

Listen to this article

– Jean 18 : 38 –

Nous savons tous qui a posé cette question. Il est remarquable que ce soit un païen, un Romain qui la pose. De plus, il est hautement symbolique qu’elle soit soulevée devant le Christ Jésus souffrant et sur le point d’être crucifié, qui répond : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » – Jean 18 : 37.

Le païen reconnaît ainsi que, malgré tous les efforts des anciens philosophes et des penseurs, l’humanité n’a pas trouvé la vérité. Mais à quoi pense Jésus et à quoi pense Pilate, lorsqu’ils parlent de « vérité » ? Pilate veut-il dire qu’on n’est pas sûr que « deux et deux font quatre », ou que le soleil se lève tous les matins et que les étoiles brillent la nuit au-dessus des nuages ?

Non, Pilate ne doute nullement des faits logiques et des lois de la nature. Mais il veut dire qu’il n’y a pas de certitude sur le sens de la vie humaine : que dois-je faire pour que ma vie ait un but raisonnable et un véritable sens – que dois-je faire pour ne pas être tourmenté ici-bas, pour que je ne souffre pas et que je ne meure pas, alors que la mort rend inutile tous mes désirs et mes efforts ? Que dois-je faire pour vivre ?… Ces questions restent sans réponses.

La question sur la Vérité implique donc la question sur le sens de la vie. Les Juifs sont ici en avance sur les philosophes grecs. Ils vont directement à l’essentiel. Certains s’approchent du Seigneur et demandent : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » – Matthieu 19 : 16 ; Marc 10 : 17 ; Luc 10 : 25 ; 18 : 18.

La « Vérité » signifie ici qu’on ne peut pas donner un sens qui satisferait raisonnablement le cœur et l’esprit, à une vie dominée par la mort, concluant la fin éternelle de notre existence éphémère. C’est pourquoi le problème de la vérité soulève en fait la question de la suppression de la mort – de la vie éternelle.

Mais Pilate ne pose pas de question ; il donne une réponse. Indirectement, il argumente en disant : qu’est-ce que c’est déjà la vérité ? Il n’y a pas de vérité ! Car, c’est le résultat de toutes les recherches païennes sur la vérité. Il a été établi qu’il n’y a pas de sens raisonnable à cette vie, à moins que l’homme ne possède une âme immortelle, comme l’enseignent par exemple Platon et Socrate, les grands philosophes grecs. Mais peut-on se fier à cette affirmation – qui sait ?

Et voilà, cette idéologie est dans l’air. Elle aurait depuis longtemps été oubliée telle une chimère, si elle n’avait pas rencontré par erreur les enseignements de Jésus-Christ – et ainsi été conservée et répandue. Pilate est plus près de la réalité : nous ne connaissons aucune vérité ! Nous ne connaissons aucun chemin vers la vie ! Tout n’est que vanité et poursuite du vent. La barque de notre vie dérive sur l’océan, sans gouvernail.

Remarquons qu’un Juif n’aurait jamais dit : « Qu’est-ce que la Vérité ? ». C’est le païen qui fait cette triste constatation. Mais comment un homme peut-il penser qu’il n’existe pas une source éternelle de vie, en considérant la nature qui toujours se renouvelle et se rajeunit, la vie exubérante, débordante de partout, le cercle éternel des étoiles ? Pauvre philosophie !

Il est vrai qu’il y a une chose essentielle (bien que certainement inconsciente) dans le refus de la Vérité : l’homme ne peut pas découvrir seul la Vérité. La Vérité qui indique le chemin vers la vie éternelle, la Vérité sur la vie éternelle est inaccessible à l’homme. Elle doit être donnée, ou mieux, elle doit être révélée, révélée par Dieu, sinon elle reste scellée à jamais. Nous recevons la Vérité par grâce ou nous ne la recevons pas. Cette révélation suppose un Dieu bienveillant, un Dieu miséricordieux pour les hommes, un Dieu aimant.

Mais pourquoi l’Éternel a-t-Il laissé si longtemps les hommes dans les ténèbres ? Et pourquoi en laisse-t-il encore autant dans les ténèbres ? « Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint ; j’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté ; mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits. Je ne veux pas contester à toujours, ni garder une éternelle colère. » – Esaïe 57 : 15, 16.

Là, nous entendons que Dieu est irrité contre les hommes. C’est l’homme qui a rompu l’alliance entre lui et son Créateur ; c’est lui qui a abandonné la Vérité et rompu son lien avec Dieu pour tomber dans l’erreur. C’est lui, le fils qui a demandé son héritage au Père, qui est parti vers l’étranger et a dilapidé son bien. Il est arrivé maintenant parmi les gardiens de pourceaux et ne songe toujours pas à retourner vers son Père, pour reconnaître : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi ». Quelle que soit la tristesse avec laquelle le Père attend le retour de son fils.

Bien que la parabole du fils prodigue (Luc 15 : 11-32) s’adresse d’abord au peuple d’Israël, on peut aussi reconnaître – non sans raison – dans le fils prodigue, son premier fils, Adam, dont toute la descendance, l’humanité entière, est indifférente à Dieu. Ce « fils » est toujours aussi plein d’assurance et croit qu’il peut diriger sa vie sans le Père. Il faut de l’humilité pour reconnaître qu’il n’y a de vérité pour l’homme, que celle venue d’en-haut, celle qui lui est révélée.

Le monde actuel semble être bien loin de cette notion. La Parole de Dieu est considérée comme une légende, écrite par des hommes, une compilation pleine de contradictions et de choses impossibles. La science et la technique sont les dieux des temps actuels ; mais la paix semble pourtant rester un problème insoluble. L’embarras des politiciens et des experts en économie ne provoque que la peur et le désespoir parmi la population. Pourquoi ? « L’arrogance précède la ruine, et l’orgueil précède la chute. » (Proverbes 16 : 18). Une parole sage et vraie ! « On ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. » (Galates 6 : 7). Ne voyons-nous pas ces maximes se vérifier dans cent, même mille absurdités de la vie quotidienne ?

Un Juif n’aurait jamais pu demander : « Qu’est-ce (donc) que la Vérité ? ». Il possédait la vérité révélée. Le Dieu bienveillant s’était penché sur lui. Il avait les Pères et la filiation, la gloire et les alliances, les lois, le culte et les promesses. (Voir Romains 9 : 4, 5).

Les pères Abel, Hénoc, Noé avaient déjà accueilli les révélations de Dieu avant Abraham, Isaac, Jacob et aussi Moïse. Ils avaient eu foi en Dieu et Lui avaient obéi ; et cela leur fut imputé à justice. « Abraham eut confiance en l’Éternel qui le lui imputa à justice. » (Genèse 15 : 6). Le plan de délivrance de Dieu avait été conçu bien avant la création du monde, mais parce que la Rançon était encore future, en ce temps-là, la justification était accordée seulement à celui qui avait une oreille attentive pour Dieu.

La promesse de la délivrance se retrouve partout dans la Parole de Dieu, consignée de différentes manières par de nombreux auteurs, tout au long des siècles. Nulle part dans les Écritures, nous ne lisons que – suite au progrès humain – l’« homo-sapiens » échappera finalement au besoin de vivre et à la mort et se hissera à la hauteur du Seigneur tout-puissant de la nature et de la terre.

Séparé de son Créateur par le péché, l’homme est condamné à mort. Mais Dieu ne « contestera pas toujours », Il est miséricordieux. Au temps fixé, Il envoya un Sauveur pour payer la dette du pécheur (Adam), afin de pouvoir rendre la vie à toute l’humanité.

C’est cette Vérité qui est contenue dans les paraboles, les symboles des sacrifices, les figures du tabernacle. Cette divine vérité interpelle aussi ceux « qui voient » et ceux « qui entendent » par des images vivantes, comme par exemple le sacrifice d’Isaac, ou dans les visions prophétiques d’Esaïe au chapitre 53 et dans bien d’autres descriptions. Et « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils. » – Hébreux 1 : 1.

La Vérité est une révélation, et sans la foi on ne peut pas la comprendre. En premier, le Tout-Puissant a choisi quelques personnes, pour leur révéler la Vérité. Et que signifie la Vérité pour eux ? Ni plus ni moins que cette justice imputée, qui est la base de la grande espérance du pardon du péché originel – l’espoir de la vie.

Certes, ils sont tous allés dans la tombe, mais avec la ferme assurance d’une résurrection. Ils savaient que la Vérité que Dieu donne, ne contient rien moins que la vie, la vie vivifiante. Si Abraham voulait reposer dans la mort près de sa femme Sara, et Jacob mourant souhaitait ne pas être enterré en Égypte, mais dans le pays de ses pères (comme son fils Joseph qui voulut reposer en Canaan, la Terre Sainte), cela montre que tous attendaient une résurrection dans le lieu de leur espérance. Aucun ne mourut en soupirant sans espoir : « Qu’est-ce (donc) que la vérité ? » La foi est le pont entre cette existence vouée à la mort et la vie éternelle.

Dieu ne s’est pas seulement penché vers des individus pour leur révéler son Nom. Un jour, Il accordera sa pitié à tous, même aux « durs d’oreille ». Il le démontra en concluant une alliance avec tout un peuple ; avec un peuple qui, en tant que tel, ne Le cherchait pas, car il était loin de Dieu : Israël. Parce que ce peuple était terre à terre, incapable de penser sur le plan spirituel et d’entendre la voix du Très-Haut, l’Éternel lui donna un médiateur, qui intercéda entre Lui et les enfants d’Israël.

Dieu accorda sa grâce à Moïse ; celui-ci fut à la fois un instrument et un type dans le plan grandiose du Tout-Puissant. A cause de Moïse, Dieu eut pitié du peuple auquel il appartenait. Car ce peuple ne croyait pas au Dieu vivant ; il ne croyait que ce qu’il voyait. Il croyait en Moïse.

Si Israël avait eu la foi (et ce n’était pas difficile de croire, après tous les miracles que Dieu avait fait pour lui), il n’aurait pas eu besoin de lois. Mais comme il ne voulait pas entendre la voix de l’Éternel, Moïse fut obligé de mettre les lois de Dieu par écrit. Et aussi parce qu’il suivait tous les chemins de la chair, sans guide, Israël serait resté dans le désert de cette vie terrestre.

Ainsi, Moïse et la Loi sont étroitement liés. La Loi représente pour ainsi dire Moïse, après sa mort. Elle était devenue une institution pour ceux qui ne pouvaient pas avoir accès à Dieu, parce qu’ils manquaient de foi. Les Juifs croyaient en Moïse, mais croire en Dieu aurait été mieux. De même, il y a des chrétiens qui croient que leur église est une institution « sain-te » ; mais ils ne croient en Dieu ou à Jésus que parce que l’église « sainte » l’enseigne. La plupart des croyants ont une sorte de foi « indirecte ». Elle n’est même pas aussi bonne que celle des Juifs, car la Loi était au moins la Vérité, alors que les enseignements de l’église comportent beaucoup d’erreurs.

Bien sûr, la Loi n’apportait pas beaucoup d’avantages à Israël. C’était pourtant la Vérité, montrant un chemin vers la vie. « Vous observerez mes lois et mes ordonnances : l’homme qui les mettra en pratique vivra par elles. » (Lévitique 18 : 5). Mais à quoi servait aux Israélites de suivre cette voie, alors qu’elle leur était impraticable ? Un Israélite pouvait-il être justifié devant Dieu ? Il ne pouvait l’être qu’en observant les commandements de la Loi. Mais ils sont parfaits. Comment alors un homme imparfait peut-il réaliser des œuvres parfaites ?

La Loi est la vérité – et elle vient de Dieu ; mais c’était « la vérité pour la mort », c’était une malédiction. Pourtant, c’était aussi une bénédiction, car le malheur était adouci par la promesse de la Grâce et du Sauveur.

En fin de compte, on devrait dire : la loi n’était pas la vérité elle-même ; c’était une ombre, une préfiguration de la Vérité. C’était un préambule à la connaissance et à l’acceptation de la Vérité : c’était « une initiation à Christ ». « Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » – Jean 1 : 16, 17.

Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous a ouvert la voie vers la vie, la vie éternelle. La Vérité est donc venue par Lui, si nous entendons par « Vérité », ce qui conduit à la vie éternelle. Un cœur qui cherche ne peut se contenter de rien de moins que de la vie éternelle. Et à l’instant où Jésus répond à Pilate : « Je suis né et je suis venu dans le monde, pour rendre témoignage à la vérité » – à l’instant où la vie éternelle en Christ est enfin visible, le païen demande : « Qu’est-ce que la vérité ? » Quel affront devant la réalité ! La guérison des aveugles, des sourds, des paralysés et des lépreux, le réveil des morts. Le monde ne comprend rien et est aveugle – les Juifs comme les païens – devant les preuves divines de la vie restituée grâce à son Fils. « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » – Jean 14 : 6.

Jésus est venu pour rétablir la paix entre Dieu et les hommes. Il est venu pour racheter la faute qui pèse sur la création terrestre depuis sa chute. Il est venu pour libérer l’homme et son environnement. Il n’est pas venu pour montrer comment on doit vivre et mourir. Si c’était cela, on ne serait pas plus avancés que les Juifs avec la Loi. Dans ce cas, chacun devrait reconnaître : Je ne peux pas vivre exactement comme Jésus ; en conséquence, je ne peux pas obtenir l’approbation de Dieu. Mais il n’en est pas ainsi. Grâce à son sacrifice, Jésus a ouvert la porte de la réconciliation avec son Père, non une porte de la « justification par les œuvres », mais la porte de la « justification par la foi ».

Jésus est la semence d’Abraham, par laquelle seront bénies toutes les familles de la terre. Paul dit qu’Israël selon la chair n’est pas cette semence ; la promesse ne parle pas de nombreuses semences, mais d’une seule : « Il n’est pas dit : et aux postérités, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais en tant qu’il s’agit d’une seule : et à ta postérité, c’est-à-dire à Christ. » – Galates 3 : 16.

Dieu, dans sa grâce surabondante, donne au croyant, qui a décidé de suivre le Seigneur, de prendre sur lui l’humiliation et la croix de Christ, la possibilité de devenir un « membre du Corps de Christ ». Il participera à la « semence d’Abraham », par laquelle toutes les familles de la terre seront bénies. Il n’y a pas de nombreuses semences, il s’agit toujours d’une seule : mais elle devient un organisme composé de nombreux organes.

C’est sur ce chemin de la consécration que Jésus-Christ nous invite. Il conduit au sanctuaire – à la gloire de Christ et à la « couronne de vie ». C’est la plénitude exubérante de la vie et de la Vérité. Une Vérité dont nous ne pouvons, dans ce corps imparfait, totalement apprécier la gloire, qui a été révélée par Christ et offerte à ceux qui voulaient l’accueillir. « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3 : 2). Vivre sur la plus haute marche, la nature divine, est le privilège des plus que vainqueurs.

Nous voyons donc, que la « Vérité » n’est pas à la mesure des forces humaines. Car, dans la Vérité réside un fond inaccessible au mécanisme des connaissances humaines. Es-tu prêt à croire et à t’approprier la Vérité révélée, grâce à ta foi ? Es-tu prêt à accepter la grâce que Dieu t’offre, proposée à cet échelon de vie divine uniquement dans l’âge actuel ? Car le disciple de Christ peut même en savoir plus. Il a le droit de savoir, que la grâce de Dieu ne s’arrête pas au pécheur repentant. Elle veut sauver celui qui est perdu – et aussi amener à la connaissance de la Vérité vivifiante, ceux qui n’ont pas encore cherché Dieu. Le grand tentateur sera enchaîné, c’est-à-dire qu’il ne pourra plus tromper les hommes ; et peu à peu, sera évacué tout ce qui empêchait les hommes, dans l’âge actuel de connaître la Vérité divine et d’accéder à la vie. Chacun doit saisir l’occasion de marcher sur le chemin vers la vie éternelle et la grâce et s’y maintenir. Quand le merveilleux plan de Dieu aura atteint son but, tous connaîtront la Vérité, du plus petit jusqu’au plus grand, et personne ne demandera plus : Qu’est-ce que la Vérité ?

Tagesanbruch − Juin-Juillet 1999

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *