SEULS LES HUMBLES SERONT ÉLEVÉS

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Texte d’or : « De même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir… » – Matthieu 20 : 28 – Darby.

Plusieurs semaines s’écoulèrent entre les faits de la dernière leçon et celle-ci. En ce temps-là, le Seigneur avait traversé le Jourdain pour répondre à la demande de Marie et de Marthe de venir guérir leur frère Lazare qui était malade. Jésus arriva intentionnellement trop tard pour cela, mais Il réveilla Lazare du sommeil, et suscita de ce fait une grande tempête d’opposition, surtout parmi les scribes et les pharisiens qui cherchaient à Le mettre à mort. Sachant que son heure n’était pas encore venue, Il se retira dans une montagne du nord de la Judée, mais au moment de cette leçon, Il était en route pour Jérusalem avec ses douze apôtres. Il venait de leur expliquer plus particulièrement l’ignominie, la honte et la mort qu’Il expérimenterait, et répéta son assurance de sa résurrection. Le riche jeune chef venait de Lui rendre visite et il s’en était allé tout triste en apprenant les conditions pour être disciple. Jésus venait de dire : Combien il serait difficile pour ceux qui ont des richesses d’entrer dans le Royaume ; les apôtres avaient demandé ce qu’ils obtiendraient dès lors qu’ils avaient tout quitté, et Jésus leur assura qu’ils devraient avoir cent fois plus dans le temps présent, avec la persécution, et dans le monde à venir, la vie éternelle.

Le contexte dit que Jésus marchait à l’avant des douze qui discutaient entre eux, impressionnés par les choses prodigieuses que le Seigneur avait déclarées imminentes. Le courage de notre Seigneur dans le chemin étroit nous remplit d’admiration. Quel fort caractère que le sien ! Il n’avait nullement la pensée de revenir en arrière ; Il était déterminé à accomplir la volonté de son Père – à se sacrifier dans l’intérêt des autres. Les apôtres avaient devant eux un noble modèle : la grandeur dans l’humilité, la victoire par le service.

UN BON HÉRITAGE DÉSIRÉ.

Ce fut à ce moment que Jacques et Jean s’approchèrent du Seigneur en privé. Matthieu nous dit que leur mère Salomé était avec eux et qu’elle fit effectivement la demande en leur faveur, en leurs noms. Salomé est censée avoir été la sœur de Marie, la tante de Jésus, et de ce fait Jacques et Jean étaient ses cousins à part entière. Réalisant que les choses étaient en train de conduire à une crise, ils sollicitèrent le Seigneur afin d’obtenir l’assurance qu’ils pourraient être tous les deux très proches de Lui dans le royaume, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, les deux premières places de plus haute faveur.

Notre Seigneur ne les réprimanda pas, car Il lut assurément dans leurs cœurs un grand amour et une grande loyauté envers Lui-même ; et le désir pour les positions indiquait non seulement le désir pour les honneurs et l’autorité qui en découle, mais surtout celui d’être au plus près de Lui. Si le Seigneur avait vu dans leur cœur une mauvaise forme d’ambition, Il l’aurait certainement condamnée sur-le-champ. Sa réponse, cependant, fut formulée de telle manière qu’elle marquât l’esprit de ces frères et celui de tous les disciples depuis lors par ce que veut dire être cohéritier avec le Seigneur dans le royaume. Puissante est l’expression : « Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire de la coupe que je bois et être baptisés du baptême dont je suis baptisé ? » – Marc 10 : 38.

La coupe signifie des expériences – comme, par exemple, lorsque notre Seigneur dit : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18 : 11 – Darby). Notre Seigneur a voulu que ses disciples voient clairement que le Père Lui avait versé une coupe spéciale d’expériences et qu’Il avait exigé de Lui un baptême spécial dans la mort comme conditions préalables à sa gloire et à son règne ; et que ceux qui Lui seraient associés dans le royaume devaient aussi participer à ses souffrances dans le temps présent – dans l’ignominie et toutes les expériences que le Père pourrait juger être les meilleures pour éprouver la foi, la dévotion et le caractère. Notre Seigneur ne faisait pas référence à la coupe du Souper Commémoratif, mais aux expériences qu’elle symbolisait, de même qu’Il ne faisait pas référence au baptême d’eau, mais au baptême en la mort symbolisé par l’immersion dans l’eau.

Combien cette question sondait le cœur ! Cela voulait dire : Le voulez-vous ? Car il était impossible pour les disciples de savoir s’ils en étaient capables, à moins d’avoir confiance en Dieu qu’Il en donnerait la capacité à ceux qui auraient leurs volontés complètement soumises à la sienne. Ceci est illustré dans le baptême symbolique, dans lequel personne ne s’ensevelit lui-même ni ne se relève lui-même. Nous abandonnons simplement notre volonté, notre tout, au Seigneur et, Lui, par sa Parole et par sa grâce, opère en nous pour que nous voulions et finalement agissions selon son bon plaisir, n’attendant de nous que notre possible et nous aidant en cela avec une grâce suffisante, dans chaque moment de besoin.

« MA GRÂCE TE SUFFIT » – 2 Corinthiens 12 : 9.

Que ces deux nobles apôtres n’aient pas été inspirés par des ambitions égoïstes dans cette requête est attesté par leur prompte réponse à la pénétrante question du Seigneur et plus tard par leur fidélité jusqu’à la mort. Ils répondirent : « Nous le pouvons », c’est-à-dire « Nous sommes disposés à le faire. Avec l’aide de Dieu, nous sacrifierons tout pour suivre tes traces ; rien ne comptera à nos yeux ; nous rejetterons tout fardeau et tout péché qui nous enveloppe ; nous courrons avec patience la course placée devant nous, regardant à Jésus, l’auteur et le consommateur de notre foi. » (selon Hébreux 12 : 1, 2). Nous pourrions formuler cela comme une déclaration plus complète de leur dévotion.

L’amour et la sympathie de notre Seigneur se manifesta à nouveau envers eux dans sa réponse qui garantissait qu’avec une telle volonté de cœur, ils auraient effectivement les expériences nécessaires pour les préparer en vue d’une place dans le royaume. Quel réconfort se trouve ici même pour les plus faibles parmi les disciples du Seigneur qui sont sincères.

Le Seigneur regarde au cœur, et s’Il y voit une pleine dévotion envers Lui, Il est heureux de lui accorder sa bénédiction, son aide, en disant : « Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point » (Hébreux 13 : 5). « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12 : 9). Nous aussi, nous désirons avoir part au royaume avec notre Seigneur, cependant ce n’est pas par amour d’être élevé au-dessus des autres, mais parce que nous désirons avoir cette preuve que nous plaisons à notre Père et à notre Seigneur Jésus, pour avoir cette communion intime avec Lui et le privilège de participer avec notre cher Rédempteur au grand travail de bénédiction de toutes les familles de la terre au temps convenable. Il est bon que nous ayons clairement à l’esprit la réponse du Seigneur et sachions qu’à moins de participer à sa coupe et d’être immergés dans sa mort, nous ne pouvons avoir aucune part dans son royaume de gloire. Regardons donc toutes les autres choses comme une perte et comme de la boue pour obtenir cette expérience nécessaire. Lorsque nous la subirons, ne soyons pas craintifs ; ne trouvons pas étranges les épreuves ardentes qui nous épurent, comme s’il nous arrivait quelque chose d’extraordinaire. Au contraire, c’est à cela que nous avons été appelés, afin que nous puissions souffrir maintenant avec le Seigneur et être bientôt glorifiés avec Lui.

Quant à la place particulière que les fils de Zébédée occuperont dans le royaume, ou nous-mêmes, notre Seigneur souligna que l’attribution de telles positions était entre les mains du Père – les meilleures positions seront données à ceux pour lesquels elles ont été préparées par le Père. Non pas que nous devions comprendre que le Père ait préparé les places à l’avance selon quelque affectation arbitraire, mais plutôt que le plan préétabli du Père est que chacun des disciples de Jésus aura une position d’honneur dans le royaume proportionnée au zèle de leur fidélité dans le temps présent – car personne n’aura part au royaume à moins de s’être montré fidèle maintenant.

LE PLUS HUMBLE ET LE PLUS ZÉLÉ.

Ce n’est pas à nous de décider du zèle et de la fidélité des apôtres, de dire quels sont les deux qui occuperaient le mieux ces positions d’honneur suprême. Le Père ne fera aucune erreur. Nous ne serions pas surpris, cependant, si nous trouvions l’Apôtre Paul à l’une de ces deux positions. Même parmi ceux qui furent également fidèles et loyaux, son zèle fidèle et affectueux et sa loyauté semblent remarquablement briller. Nous n’avons pas à avoir quelque sentiment ambitieux à ce sujet, si ce n’est de vouloir toujours servir le Seigneur et Lui être agréable, et finalement être aussi près de Lui que possible. Lorsque nous nous souvenons que plus nous nous approchons de Lui dans les épreuves et les expériences actuelles en souffrant avec fidélité, plus nous serons proches de Lui dans le futur, cela nous explique la signification des paroles de l’Apôtre quand il parle de ses épreuves sévères : il les appelle de légères afflictions du moment, qui produisent, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. – 2 Corinthiens 4 : 17, 18.

Nous rappelons qu’il y avait eu, peu de temps auparavant, une certaine rivalité entre les apôtres quant à savoir lequel devrait être le plus grand dans le royaume. Jésus prît alors un petit enfant comme exemple de sincérité et de candeur, et leur assura qu’à moins de devenir comme de petits enfants – simples de cœur, honnêtes, sincères – ils ne pourraient en aucune manière participer à son royaume. A présent, lorsque les dix autres disciples apprirent la demande de Jacques et de Jean et la mission spéciale de Salomé, leur mère, pour eux, ils furent indignés contre eux. Peut-être que certains d’entre eux, y compris Judas, désiraient vivement l’autorité, le pouvoir et la dignité du trône, mais sans avoir l’amour et le désir très particuliers d’être proches du Maître Lui-même, ce qui semble avoir influencé Jacques et Jean dans leur demande. Mais Jésus mit cette affaire au clair avec eux tous, et transforma leur mécontentement en opportunité pour une autre bonne leçon, en les assurant que les premières places dans le royaume seraient données selon le mérite du service rendu et qu’ainsi chacun d’entre eux aurait donc la possibilité d’essayer d’obtenir la première place en s’efforçant de rendre service aux autres.

Parmi les Gentils, les chefs sont des seigneurs qui ne servent pas mais sont servis. Parmi les disciples de Jésus, la règle doit être inversée ; celui qui sert le plus devrait être le plus hautement estimé. Quelle beauté il y a dans l’ordre divin des choses ! Combien tous ceux qui ont un esprit droit peuvent approuver sans réserve les principes exposés ici ! Combien ceux-ci sont raisonnables et contraires à l’esprit du monde. En vérité, en ce sens du terme, les disciples du Seigneur seront un peuple particulier par leur zèle pour les bonnes œuvres, pour se servir les uns les autres et pour faire du bien à tous les hommes selon qu’ils en ont l’occasion. L’Apôtre Pierre souligne ce point (1 Pierre 5 : 6) : « Humiliez-vous donc sous la main puissante de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable. » « Celui qui s’abaisse sera élevé, et celui qui s’élève sera abaissé. » selon Luc 14 : 11.

NOTRE SEIGNEUR SERVITEUR DE TOUS.

Le Seigneur n’avait pas un modèle pour ses disciples et un autre modèle pour Lui-même. En conséquence, quand ils L’entendirent déclarer : Quiconque veut être grand parmi vous qu’il soit le serviteur de tous, ils purent immédiatement reconnaître que c’était la voie qu’Il avait suivie – qu’Il avait été leur serviteur à tous ; et c’est à cause des services qu’Il leur rendait continuellement qu’ils se plaisaient à Le servir, à Le reconnaître comme leur Maître et à marcher sur ses pas. En effet, ils n’avaient vu qu’une petite partie du sacrifice du Seigneur et de sa profonde influence quant à servir les autres. Nous pouvons voir cela en reconnaissant le fait que notre Seigneur était sur le point de mourir, non seulement pour ses disciples, non seulement pour les Juifs, mais comme propitiation pour les péchés du monde entier, afin que le monde entier puisse finalement avoir une bénédiction – une occasion bénie de parvenir à la vie éternelle par le mérite de son service. Notre Seigneur attira leur attention sur cela, en disant : « Car en vérité, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs » selon Matthieu 20 : 28. C’est une des déclarations très explicites des Écritures concernant le but de la mort de notre Seigneur – que ce n’est pas pour ses propres péchés qu’Il est mort, mais au contraire pour nos péchés, et qu’en mourant ainsi Il donna Lui-même le prix de la rançon – un prix correspondant pour les péchés du monde entier.

Aucune autre leçon ne requiert d’être aussi soigneusement apprise par le peuple du Seigneur que cette leçon d’humilité. Cela concerne les plus humbles du troupeau, ainsi que ceux qui sont enseignants, anciens ou pèlerins, etc. ; mais l’accentuation d’un défaut ou d’une tentation semble s’amplifier proportionnellement à la position et aux connaissances de l’individu. L’orgueil et l’ambition peuvent se trouver chez ceux qui n’ont pas de position officielle dans l’église, qui se mettent en avant en recherchant des fautes et en critiquant, ce qui, pour les auditeurs, est censé impliquer une sagesse supérieure ou un grand sens critique – que sa sagesse et son aptitude n’attendent qu’une occasion pour manifester sa grandeur au-dessus de ses semblables. Nous ne nous opposons pas à une bienveillante parole fraternelle critique, donnée en privé et dans le but d’être utile, mais simplement à ce genre de parole qui se vante et cherche à nuire à la réputation d’un autre qui occupe une position privilégiée.

« NE SOYEZ PAS NOMBREUX À ENSEIGNER »

Cependant, comme l’Apôtre l’indique, ce défaut concerne principalement ceux qui ont un certain talent, une certaine aptitude, et que leurs frères et sœurs ont, dans une certaine mesure, honoré comme enseignants. Les petits hommes, comme les petits bateaux à larges voiles, risquent fort de chavirer si un vent de popularité trop fort les flatte. Mais plus encore, nous croyons que, pour être les serviteurs de la cause, même les plus humbles, les plus fidèles, les plus zélés, doivent toujours être sur leurs gardes de peur que leurs bonnes intentions ne soient utilisées par l’adversaire comme piège pour les séduire. Rappelons-nous les paroles de l’Apôtre : « Ne soyez pas nombreux parmi vous à enseigner, mes frères, sachant qu’un homme [qui est un enseignant] recevra une plus grande condamnation » (selon Jacques 3 : 1) – il est exposé en conséquence à de plus grandes épreuves et à de plus grandes tentations. Cela ne doit pas empêcher ceux qui ont des talents de les utiliser, mais il faut que chacun veille à ce qu’il n’ait pas une plus haute opinion de lui-même qu’il ne devrait, mais qu’il le fasse avec sobriété. Si le jugement de la majorité de l’assemblée ne reconnaît pas son aptitude au service d’enseignant, il devrait accepter humblement sa conclusion comme étant correcte, peu importe la haute opinion qu’il avait de lui-même auparavant. Et même si la majorité devait conclure qu’il est digne d’un poste d’enseignant en Sion, il devrait marcher très précautionneusement devant le Seigneur, très humblement, réalisant que ceux qui, à un degré quelconque, essayent de transmettre l’enseignement spirituel aux autres agissent dans cette mesure comme représentants et porte-parole du Seigneur Lui-même, la Tête du corps ; et tous devraient garder à l’esprit les paroles du Seigneur de ce texte d’or et son propre exemple relatif au thème – que celui qui sert le plus, et non celui qui domine, devrait recevoir la plus grande estime de la part du peuple du Seigneur.

WT1904 p3362