« Les pleurs logent le soir [la nuit], mais le chant de triomphe (survient) au matin. » – Psaume 30:6.
Il n’y a pas de livre qui parle des malheurs et des tristesses de l’humanité, avec plus de sagesse, avec plus de tendresse, de sympathie et d’une manière plus secourable que la Bible. Elle nous dit que si le monde et nos amis sont froids, sans pitié, s’ils sont pour nous une cause de désappointement, s’il en est de même des personnes desquelles nous aurions pu attendre de meilleurs sentiments, nous avons au-dessus d’eux un Dieu qui a de la sympathie, de l’amour. Aucune religion païenne n’a connaissance d’un tel Dieu. Selon les païens un dieu est un être plus ou moins féroce. Leurs dieux doivent être apaisés et adorés dans la crainte de représailles de leur part. Le Dieu de la Bible nous assure de son amour, de sa sympathie dans toutes nos détresses, de son intérêt dans toutes nos affaires. Il nous assure qu’Il a pourvu à notre bien-être futur ainsi qu’à celui de tous ceux qui aimeront la justice et haïront l’iniquité, seule bonne attitude du coeur que Dieu puisse approuver et bénir par le don de la vie éternelle.
Une nuit de tristesse et de mort.
Les Ecritures nous montrent que pendant six mille ans le monde a été meurtri et enveloppé d’un linceul de malédiction – la mort. Notre texte décrit cette période comme un temps sombre et difficile, un temps de dures expériences, une nuit de pleurs et de douleurs. Pour appuyer ces paroles, il est dit que « les ténèbres couvrent la terre (civilisée) et l’obscurité profonde les peuples ». – (D.) Esaïe 60:2.
Cette condition n’affecte pas seulement ceux qui sont éloignés de Dieu par l’ignorance, la superstition et la puissance du péché, mais elle affecte aussi ceux qui ont accepté la grâce de Dieu, qui ont tourné le dos du péché, qui cherchent à marcher sur le chemin étroit, sur les traces de Jésus. C’est avec raison que l’apôtre dit : « La création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement ; et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit ; nous aussi nous gémissons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la délivrance de notre corps, » le corps duquel Christ est la tête, le Chef, et nous nous sommes les membres symboliques ou sacrificateurs. – Romains 8:22, 23.
Il y a une différence entre les gémissements de l’Eglise et ceux du monde, ainsi que le fait remarquer l’apôtre ; le monde gémit sans soulagement et même son attente de la manifestation des fils de Dieu est une attente dans l’ignorance, car n’ayant pas de relations avec l’Eternel, il ne sait rien de ses grands desseins et arrangements, lesquels sont tenus secrets pour tous, excepté pour les sanctifiés. « Le secret de l’Eternel est pour ceux qui le craignent et son alliance leur donne instruction. » (Psaume 25:14). Ceux qui connaissent les secrets de l’Eternel « ne s’affligent pas, comme les autres qui n’ont point d’espérance. » (1 Thessaloniciens 4:13). Ils gémissent au-dedans et attendent leur glorification et celle de tous les frères, membres du corps symbolique de Christ, par leur participation à la première résurrection. Leurs espérances doivent être réalisées, avant que les bénédictions puissent atteindre la « création gémissante » en général. Cette dernière attend la révélation des fils de Dieu, c’est-à-dire de l’Eglise en gloire.
Une lumière dans les ténèbres.
La Bible se montre comme la lumière de l’Eternel, la lampe de la vérité divine qui éclaire. Elle nous dit que sa lumière n’est pas pour le monde actuellement. Au cours de l’âge de l’Evangile, elle n’est que pour ceux qui, par la foi et la consécration, cherchent à marcher sur les traces de Jésus. Ils ont besoin de la lumière, Dieu la leur a procurée ; ils sont représentés par le prophète comme disant à Dieu : « Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier. » (Psaume 119:105). Cette lumière ne brille pas très loin dans le futur, mais assez loin pour éclairer chaque pas progressif au temps qu’il faut.
St Pierre s’étend sur la même pensée, quand il nous parle de l’assurance que ses compagnons et lui eurent sur la montagne de la transfiguration, lorsqu’ils contemplèrent « la vision » (Matthieu 17:1-9) de la transformation miraculeuse du Seigneur, et avec lui Moïse et Elie, et entendirent la voix venant des cieux. Ces choses leur enseignèrent avec puissance la venue de notre Seigneur en gloire au temps marqué, néanmoins honorant la Bible au-dessus de toute vision, l’apôtre ajoute : « Nous avons la parole prophétique plus ferme à laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire » (2 Pierre 1:19) , indiquant ainsi que le matin est proche, que le Soleil de Justice remplira bientôt sa sublime mission qui est de bénir toutes les familles de la terre.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Pourquoi Dieu permit-Il le règne du péché et de la mort, le règne de l’injustice, des tristesses, des troubles, des douleurs, des maux de têtes, des peines du coeur, etc..? Pourquoi n’agit-Il pas envers l’humanité avec douceur, avec bonté, avec amour, comme un père, de la même manière qu’Il agit avec les anges ? Est-ce juste que notre Créateur amène des millions de ses créatures dans ces conditions défavorables, entourées qu’elles sont dès leur naissance de faiblesses de toutes sortes, de péchés et assiégées par Satan et les esprits méchants ? Est-ce juste que nous devions combattre dans des conditions d’imperfection, de faiblesse et de mort à cause du péché de nos premiers parents, et, par leur faute, être en danger d’une éternité de tortures avec 999 chances sur 1000 de ne point pouvoir y échapper.
Béni soit Dieu ! Cette pensée des tourments éternels qui nous vient de l’âge des ténèbres et que, pour un temps, nous crûmes biblique, est fausse et antiscripturaire ; nous la jugeons telle quand nous l’examinons à la lumière et selon le témoignage de la Bible. La doctrine des tourments éternels, assurément n’est pas de Dieu, n’est pas de la Bible, mais, comme St Paul l’appelle, c’est « une doctrine de démons. » L’héritage des faiblesses, des fautes, des souffrances, des peines dans lesquelles nous sommes nés suffit et, selon les Ecritures, fait partie de la mort ; tous ces maux atteignent leur point culminant à la mort qui est la pénalité réelle prescrite par le Créateur pour le péché. Le fait que ces taches demeurent sur notre race prouve que ses péchés ne sont pas effacés. Cette croyance s’accorde avec les Ecritures qui nous parlent du jour à venir glorieux, du jour de mille ans, du Millenium de bénédictions divines accordées à tous les membres de la famille d’Adam. Le mérite du sacrifice de Christ, le prix de la rançon qu’il a payé pour les pécheurs profitera alors pour les péchés de toute l’humanité. Le mérite de ce sacrifice a déjà profité à l’Eglise, « la maison de la foi, » depuis la Pentecôte. Il a apporté à cette classe des privilèges spéciaux, tout à fait différents de ceux qu’il apportera au monde durant le Millenium. Ceux qui seront de bonne volonté et obéissants atteindront graduellement la perfection humaine (Actes 3:20) ; le monde entier sera un jardin d’Eden (Ezéchiel 36:35). La bénédiction pour l’Eglise est différente ; la promesse faite maintenant à ceux qui peuvent et veulent marcher par la foi et non par la vue est une promesse céleste ; ceux-ci auront une récompense spirituelle ou céleste et, à la résurrection, seront faits participants de la nature divine ; ils n’auront en conséquence aucune part à la nature humaine. Les conditions du temps présent sont sévères, proportionnées à la grandeur, à la sublimité de l’appel céleste. Les conditions d’acceptation à la nature divine comprennent, non seulement la foi et l’amour, mais aussi une volonté qui se sacrifie. Ceux qui acceptent ces conditions sacrifient leurs droits terrestres et leurs privilèges de rétablissement et acceptent à la place le privilège de souffrir avec Christ, afin de pouvoir régner avec Lui dans son royaume millénaire.
Instruits par la souffrance.
La même pensée est exprimée ailleurs. Ceux seuls qui entendent la voix de l’Instructeur envoyé par Dieu et lui obéissent, dans le but de devenir membres de la « sacrificature royale » (laquelle est maintenant choisie parmi le monde) voient leurs efforts couronnés de succès. De même, pendant le Millenium, il n’y aura que ceux qui entendront et obéiront, qui recevront les grandes bénédictions du salut éternel, de la vie éternelle, par la faveur divine, et seront libérés de toute malédiction. La récompense de l’obéissance et de la fidélité, pour le monde, à la fin du Millenium et la récompense pour l’Eglise, à la fin de cet âge de l’Evangile seront, l’une et l’autre, un salut éternel, mais la récompense pour l’Eglise comprendra une gloire éternelle, un cohéritage dans la grande oeuvre d’administration des bénédictions à l’humanité, avec le Christ Rédempteur et Médiateur de la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes.
Il a semblé sage à notre Père céleste d’apprendre à notre Seigneur Jésus, l’obéissance par la souffrance (Hébreux 5:8) et les épreuves, afin qu’Il prouvât ainsi sa volonté d’endurer les souffrances pour l’amour de la justice. Combien il est juste que le même Père emploie les mêmes procédés envers tous ceux de l’Eglise qu’Il choisit parmi la race d’Adam pour être membres de la sacrificature royale sous Jésus, le grand Prêtre de notre ordre ! Ceci démontre la nécessité des épreuves pour nous, non seulement parce qu’elles sont une occasion de prouver notre fidélité au Seigneur, mais parce que Dieu, dans sa sagesse, a vu là le meilleur moyen de préparer une sacrificature en vue de l’oeuvre future. Le prêtre reconnu des Juifs, était non seulement celui qui offrait des sacrifices (quoique chaque prêtre fût dans l’obligation de sacrifier), mais c’était aussi celui qui instruisait, aidait, guérissait, enseignait. Dieu prépare de même pour le Millenium, une sacrificature royale pour bénir, guérir, enseigner, relever tous ceux qui seront obéissants et de bonne volonté.
La royauté de la sacrificature signifie qu’elle ne sera pas toujours une classe qui sacrifie, car le sacrifice aura une fin. Ce sera également une classe glorieuse, royale, de nature divine et qui représentera le pouvoir de Dieu avec notre Seigneur Jésus. Etant des prêtres royaux qui auront à juger, châtier, guérir et aider l’humanité, que de douceur ils devront avoir ! Ne sont ils pas appelés pour être sur un plan divin de gloire, membres du corps du Messie, du Souverain Sacrificateur et Roi selon l’ordre de Melchisédek ? L’apôtre n’a-t-il pas écrit de lui qu’il doit être un grand Prêtre miséricordieux et fidèle, capable de compatir aux infirmités du peuple ? Ne dit-il pas que c’est dans ce but que notre Seigneur fut touché au sujet des infirmités de l’humanité (Hébreux 4:15) ; n’est-ce pas pour cela que tous ceux qui sont acceptés comme membres de son corps, dans le temps présent de sacrifice, doivent démontrer leur fidélité au Seigneur et donner des garanties de leur intérêt profond pour le monde qui sera remis à leurs soins. Il leur sera confié l’oeuvre du rétablissement de l’humanité, de son relèvement mental, moral et physique, des conditions de péché et de mort dans lesquelles gît le monde.
Le matin de joie.
Combien nous devrions être heureux de la bonté du Père céleste qui, dans sa grâce merveilleuse, nous a préparé « un matin de joie » au temps marqué et nous a donné un message, une révélation, une explication pour nous réconforter, pour nous soutenir dans le chemin. Nous avons déjà vu que cette révélation n’est, au temps présent, que pour ceux qui ont les yeux et les oreilles de la foi. « Bénis sont vos yeux, car ils voient et vos oreilles car elles entendent ! » « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. »
Nous reconnaissons que Dieu est sage d’avoir caché le secret de son plan au monde en général ; pour lui, connaître dès maintenant les choses profondes de Dieu, lui ferait du mal plutôt que du bien. Cette connaissance engendrerait peut-être une oeuvre d’interposition au programme divin. Quoi qu’il en soit, nous devons avoir de la sympathie pour la création qui gémit dans son aveuglement, dans son ignorance. Le pauvre monde ne sait pas pourquoi il est né ; à la façon des animaux, il cherche à jouir des occasions de la vie présente dans le manger et le boire ; après quelques courtes années pleines de souffrances et de peine, il va à la tombe, ignorant le pourquoi de sa création et assujetti par la crainte de l’avenir, au-delà des portes de la mort.
Réjouissons-nous en esprit, en voyant la longueur, la largeur, la profondeur et la hauteur du divin programme en ce qui concerne l’avenir de la création gémissante et les bénédictions qu’il lui apportera. Combien nous soupirons, attendant le temps à venir, le temps où l’Eglise sera prête pour les gloires futures, ayant été préparée par les souffrances de ce temps-ci. Il n’est pas étonnant que l’apôtre dise : « Quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui-même [le Seigneur] est pur. » (1 Jean 3:3). Il est notre Modèle, nous cherchons à Lui ressembler. Quoique nous ne puissions pas espérer être comme Lui dans la chair, nous pouvons toutefois devenir semblables à Lui en esprit et ainsi posséder son caractère, c’est-à-dire le caractère qu’il plaira au Père de récompenser en lui accordant la faveur et la grâce d’avoir part à la première résurrection. Par ce glorieux changement, nous serons faits semblables à Lui, nous pourrons Le voir tel qu’Il est et partager sa gloire.
Le matin de joie, le matin millénaire ne peut pas arriver avant le lever du Soleil de Justice. Les rayons de grâce et de vérité inonderont la terre de la lumière de la connaissance et de la gloire de Dieu à un tel degré qu’ils chasseront toute ignorance, toute superstition, tout péché qui ont fait un si grand dégât parmi notre race ; mais quel est ce Soleil de Justice ? D’où vient-il ? La Bible répond à cette question en nous disant que le Soleil de Justice représente le Seigneur Lui-même et l’Eglise élue de cet âge de l’Evangile. Le Soleil de Justice est synonyme de la postérité d’Abraham de laquelle il est écrit : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Le mystère caché pour un temps à plusieurs est celui-ci : l’Eglise partagera avec son Seigneur chaque trait de son oeuvre glorieuse, non seulement dans la souffrance, mais aussi dans le règne. Nous avons, par St Paul, l’assurance que les vainqueurs seront membres de la postérité d’Abraham (Galates 3:29). Nous avons aussi les paroles de notre Seigneur indiquant que cette classe fidèle sera représentée dans le grand Soleil de Justice, le grand Messie, le grand Prophète, Prêtre, Roi et Médiateur entre Dieu et les hommes. – Matthieu 13:43.
« Quels ne devez-vous pas être. » (2 Pierre 3:11)
St Pierre en parlant de l’Eglise dit : « Quels ne devez-vous pas être de toutes manières par une vie sainte et par votre piété » ; il parle de nous qui connaissons que le présent ordre de choses est le règne du péché et de la mort, duquel notre Seigneur nous a délivrés par sa mort. Quels ne devons-nous pas être, nous qui avons entendu l’invitation du Seigneur au cohéritage dans son royaume, nous qui savons que nous sommes maintenant à l’épreuve pour montrer, par la course dans laquelle nous nous sommes engagés volontairement, notre dignité ou notre indignité de la position glorieuse à laquelle nous avons été appelés par la grâce de Dieu. Que les choses de la vie paraissent insignifiantes en comparaison de ce grand prix placé devant nous dans l’Evangile !
Quelle doit être notre attitude vis-à-vis du monde, en le considérant au point de vue de la Révélation divine, voyant sa réelle condition et la bonté de Dieu pour lui ? Son ignorance devrait nous remplir de bonté et nous disposer à lui venir en aide de toutes manières. Nous devons être prêts à enlever les écailles de l’aveuglement de la vision mentale de tous ceux qui ont un désir pour Dieu, afin qu’ils puissent le trouver (Actes 17:27). Ceux seuls qui sympathisent, qui compatissent aux infirmités du monde, seront prêts pour le Royaume et aptes à la « sacrificature royale ».