GARDE TA LANGUE DU MAL

Listen to this article

Jacques 3 : 1-13.

« Garde ta langue du mal, et tes lèvres de proférer la tromperie. » – Psaume 34 : 13 – Darby.

« Ne soyez pas beaucoup de docteurs, mes frères, sachant que nous en recevrons un jugement plus sévère » (Jacques 3 : 1 – Darby). L’Apôtre indique ainsi que ce qu’il a à dire au sujet de la grande influence de la langue s’adresse en grande partie à ceux qui, parmi les croyants, essayent d’être des enseignants ; ils ont une plus grande responsabilité que s’ils ne l’étaient pas. Il ne souhaite pas décourager ceux qui ont des capacités ou un don dans ce sens, mais plutôt les mettre en garde quant à leur responsabilité dans la position qu’ils prennent ainsi. S’ils possèdent une langue éloquente, elle peut être le canal d’une grande bénédiction, faisant qu’un grand nombre de personnes se tourne vers le Seigneur, la vérité et la voie de la justice ; par contre, si elle est contaminée par l’erreur, la langue peut faire un mal presque indescriptible — portant atteinte à la foi, à la moralité, aux bonnes actions. Il est vrai que celui qui exerce le don d’enseigner s’expose à une responsabilité accrue aux yeux de Dieu et des hommes. — Voir Matthieu 5 :19 ; Romains 2 : 20, 21 ; 1 Pierre 5 : 3 ; Tite 1 : 11 ; 1 Timothée 1 : 7 ; 2 Timothée 4 : 3 ; 2 Pierre 2 : 1.

La mise en garde de cette leçon n’est pas contre la langue elle-même, mais concerne le pouvoir que nous exerçons sur les autres par l’usage de notre langue. Toute personne expérimentée sera probablement d’accord avec l’affirmation selon laquelle la langue exerce une influence plus puissante que n’importe quel autre membre du corps, que ce soit pour le bien ou pour le mal. L’expérience montre également que, dans la grande majorité des cas, il est plus facile de contrôler un autre organe que la langue. Elle est un serviteur si habile que toute ambition, passion et inclination de la nature déchue cherche à l’utiliser comme serviteur ou canal du mal. Le Chrétien doit donc faire preuve d’une vigilance, d’une sagesse et d’une attention accrues pour gouverner ce membre de son corps et le soumettre à l’esprit nouveau en Christ, afin qu’il ne soit pas un obstacle pour lui-même ou pour les autres, mais, au contraire, une aide sur le chemin étroit. De même que le mors dans la bouche d’un cheval le fait bouger et contrôle sa force, et que le petit gouvernail d’un navire le dirige ou change sa trajectoire, de même la langue et la plume, qui la représente, peuvent influencer et orienter un grand nombre de personnes, vers le bien ou vers le mal. Combien la langue est donc importante, et combien nous la trouvons plus souvent employée pour faire le mal que pour faire le bien, pour affaiblir la foi plutôt que pour l’édifier, pour répandre des semences de discorde et de mécontentement plutôt que des semences qui produiront la justice et la paix ! Bien que cela soit particulièrement vrai dans le monde, c’est également vrai dans une large mesure au sein du peuple de Dieu ; et chacun devrait se rappeler que, dans une certaine mesure, il est un enseignant et que, jour après jour, il fait avancer ou reculer la cause de la vérité, de la droiture et de la paix.

Dans le monde non régénéré, la langue est en effet un « feu » causant sans cesse un embrasement de colère, d’envie, de haine, de querelle et de tout ce qui souille le corps entier, stimulant toutes les passions et tous les désirs déchus. Il n’est pas étonnant que l’Apôtre déclare, au sens figuré, que la langue elle-même semble être enflammée par la Géhenne (Jacques 3 : 6) — la seconde mort. Son feu tend non seulement à conduire son maître à la destruction, mais aussi d’autres personnes.

Nous ne devons pas comprendre par l’affirmation « Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu » (Jacques 3 : 9), que l’auteur fait référence à lui-même et à l’église comme employant leur langue à des fins aussi impies, mais qu’il parle du monde entier, certains utilisant la langue pour louer Dieu et d’autres l’utilisant pour blasphémer son saint nom et pour maudire leurs prochains. C’est une servante empressée, quelle que soit la direction dans laquelle elle est guidée ; d’où l’importance d’avoir un serviteur ou un membre aussi important correctement dirigé. Apparemment, cependant, il y avait dans l’église des personnes qui, de la même bouche, rendaient grâce à Dieu et maudissaient leurs semblables — peut-être pas souvent par des malédictions selon l’acception ordinaire du terme, mais des malédictions dans le sens de paroles préjudiciables, qui conduiraient à une situation empoisonnée, détestable ou mauvaise ; car tout faux enseignement est une malédiction pour ceux qui l’acceptent. Dans ce sens du moins, beaucoup de gens exercent par la même bouche des influences à la fois bonnes et mauvaises. C’est une mauvaise condition, d’où l’importance de l’avertissement : « Mes frères, ne soyez pas beaucoup de docteurs ». Quiconque veut être une source d’où jaillit la Parole divine, porteuse de bénédiction, de rafraîchissement et de force, doit veiller à ce que les eaux amères, les fausses doctrines qui causeraient une malédiction, un préjudice — en déshonorant Dieu et en dénaturant sa Parole — ne trouvent pas en eux un canal pour s’exprimer.

Dans le choix des conducteurs pour les réunions, il ne faut pas négliger le critère de la « langue », tel qu’il est énoncé ici. Il ne faut pas choisir les langues enflammées, mais seulement les plus douces, les plus modérées, qui « brident » leur langue et s’efforcent soigneusement de parler « comme annonçant les oracles de Dieu » (1 Pierre 4 : 11). De telles langues contraignent, tandis que d’autres blessent et repoussent plus fréquemment. La Parole de Dieu est vivante, puissante et tranchante (Hébreux 4 :12), et elle touche « au cœur » sans que des expressions humaines amères, acrimonieuses et peu charitables ne viennent la renforcer. D’où l’instruction divine est de « dire la vérité dans l’amour ».

La leçon se termine par une exhortation à ceux qui ont les qualités requises pour enseigner dans l’Église (sagesse et connaissance) à se manifester non seulement par des paroles et des enseignements, mais aussi par une vie pieuse et de bonnes œuvres, dans la douceur de la sagesse.

Bien que cette leçon s’adresse tout particulièrement aux « enseignants », elle devrait être prise en considération par tous. Un vieux et vrai dicton dit que « les bonnes paroles ne meurent jamais » et il serait tout aussi vrai de dire que « les mauvaises paroles ne meurent jamais ». En effet, ces dernières vivent beaucoup plus longtemps dans la plupart des cas — surtout dans les cœurs mondains. Redoublons tous d’énergie pour maîtriser notre langue, afin qu’elle puisse toujours bénir et « communiquer une grâce à ceux qui l’entendent ». – Lire Éphésiens 4 : 29.

WT1897 p2156