L’homme extérieur oppose à l’homme intérieur.

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Cette double personnalité est rare. — Ses avantages et ses désavantages. — Engendré de la chair. — Engendré de l’Esprit.

«Si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » — 2 Cor. 4 :16. Notre texte et les expressions similaires, tirées des Ecri­tures ne sont pas comprises par les masses.

Peu de personnes, parmi celles qui étudient la Bible, dis­cernent que l’Eglise est complètement distincte et séparée du reste de l’humanité, elles ne comprennent pas que les Ecritures s’expriment littéralement, en montrant l’Eglise comme étant « une nouvelle création» et ses membres de «nouvelles créatures». De même que, pour l’homme naturel, il y a en­gendrement et puis naissance, ainsi en est-il pour ces «nou­velles créatures», il y a un engendrement spirituel qui atteindra son point culminant à la première résurrection, la naissance spirituelle — «changés en un instant, en un clin d’oeil» —ils seront des êtres formés de matières d’esprit, glorieux, immortels, cohéritiers avec leur Rédempteur dans son glorieux royaume millénaire; ils participeront au grand oeuvre du re­lèvement et de la bénédiction de l’humanité.

La plupart de ceux qui lisent notre texte, même les chré­tiens sont tentés de l’appliquer à toute l’humanité, de chercher en chacun cette double personnalité. Une telle interprétation nous amène à deux solutions: (1) S’examinant et trouvant en eux-mêmes les deux natures, ils jugent à tort qu’il en est de même pour tous les hommes; (2) Regardant à l’humanité en général et ne voyant pas la double personnalité dont parle notre texte, ils doutent de la leur propre et par conséquent ne peuvent apprécier les Ecritures ni en retirer des leçons profitables. La confusion vient de ce que la chrétienté nomi­nale embrasse trois classes: (A) La classe de ceux qui se disent chrétiens uniquement parce que le nom est popu­laire. (B) La classe des justifiés, croyant en la croix de Christ dont la consécration se borne au désir d’éviter le péché dans sa forme grossière, de vivre décemment, d’avoir une bonne réputation. (C) La classe, au-dessus de la précédente, qui a reconnu et apprécié la divine grâce, l’ayant déjà reçue, qui a fait une pleine consécration d’elle-même au Seigneur —une consécration même jusqu’à la mort, une consécration de servir le Seigneur et marcher sur ses pas quoiqu’il lui en coûte — une consécration qui va jusqu au sacrifice des inté­rêts, des avantages, des privilèges, terrestres, une consécration qui évite le péché dans l’intérêt de la vérité, de la justice et de tous les principes de justice qui représentent le Père céleste et son Fils.

Cette dernière classe (C) est sûrement celle qui est appelée «un petit troupeau» et qui continue quoique peu nombreuse à être sage ou noble, c’est, par conséquent, cette classe seule qui est engendrée de l’Esprit, le gage de l’héritage que Dieu a en réserve pour ceux qui l’aiment, qui l’aiment plus que leurs maisons ou leurs terres, leurs parents ou leurs enfants, leur mari ou leur femme ou même leur propre vie. Ces en­gendrés de l’Esprit, la plus petite section du christianisme nominal, sont les seuls à qui s’adresse notre texte. Plus que cela, je dis qu’ils sont les seuls qui dans le N. Testament sont appelés des «saints» à qui s’adresse uniformément le commen­cement de chaque épître.

Tous appelés a une espérance.

On pourrait penser que les apôtres étaient l’exception a la règle générale et que le sacrifice de leurs intérêts terrestres, — leurs souffrances en étant persécutés dans la chair, leurs propres privations au service de l’Evangile, n’étaient pas donnés, comme modèles de la part du Seigneur, au reste de l’Eglise. Nous répondons que c’est une fausse vue qui, si, elle était admise, nous exempterait d’obéir à l’injonction de Paul savoir: «d’être ses imitateurs et ceux du Seigneur. » 1 Thess. 1 : 6.

Il est certain que Jésus ne fut pas seulement le Rédempteur, mais aussi le grand Berger et le Guide de ceux qui le sui­vent. Il est certain qu’il envoya au loin les douze apôtres comme ses représentants spéciaux pour l’établissement de l’Eglise et que c’était pour eux une obligation spéciale et un devoir aussi bien qu’un privilège spécial. Il est certain aussi du reste que chacun de ceux qui suivent le Seigneur est ap­pelé sa brebis, et qu’à l’égard d’eux tous il dit: «Vous n’êtes pas du monde et je vous ai choisis du milieu du monde.» «Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous» (Jean 15 : 18, 19). «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive et là où je suis, là aussi sera mon serviteur» (Matth. 16 : 24; Jean 12 : 26). Tous ses disciples (non seulement les apôtres, mais les plus humbles de ses brebis), sont compris dans ceux qui suivent ces conditions. Les récompenses pro­mises aux fidèles sont démontrées distinctement par notre Seigneur quand il fait allusion à sa seconde venue; c’est alors que les récompenses et les bénédictions seront données à tous ses fidèles parmi lesquels il ne comprend pas seulement les douze apôtres (qui sont sûrement ceux qui seront en position la plus honorable et glorieuse), mais il comprend aussi chaque membre de «l’Eglise qui est son corps»: «Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi afin que, là où je suis, vous y soyez aussi.» Dans les paraboles des deniers et des talents notre Seigneur évidemment parle de ceux qui seront vivants lors de son second avènement; il parle d’eux comme les re­présentants de tous ses serviteurs fidèles à travers les âges, car à chacun d’eux il a confié certains deniers et talents, dons et responsabilités, comme étant ses serviteurs, comme étant de nouvelles créatures. «Vous tous avez été appelés à une espérance par votre vocation.» — Eph. 4 : 4.

«  Notre homme extérieur se détruit».

Changement de temps et de circonstances diffèrent les conditions, mais le principe énoncé dans les Ecritures con­tinue à avoir force et signification. Ce n’est plus la coutume de crucifier, de lapider, de battre de verges, de brûler vif

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ou d’emprisonner pour convictions religieuses. L’évangile de Christ a fait une profonde impression sur le monde et ses sentiments généraux, quand même il n’a influencé qu’un «petit troupeau» à accepter d’être tout à fait ses disciples et de «suivre [de plein gré] l’Agneau partout où il va». Il en est malgré tout, aujourd’hui comme dans le passé: quiconque veut vivre pieusement dans ce présent monde doit souffrir des persécutions — plus raffinées, plus civilisées, quoique à certains égards non moins malicieuses et amères que celles des temps passés; elles causent quelquefois des souffrances atroces physiquement comme moralement. Il est à remarquer que la persécution, au temps de notre Seigneur, venait de personnes considérées comme religieuses et même orthodoxes de ce temps, des gens de sa propre nation. De même que toutes les persécutions de l’âge des ténèbres furent instituées par les professants religieux, ainsi en est-il aujourd’hui; la plus grande partie des souffrances, des tristesses, nous vient des religieux professants, orthodoxes, de ceux qui se disent nos frères.

Dans chaque cas, ces gens soi-disant religieux qui persé­cutent les membres du corps de Christ, — les membres qui le suivent et qui sont réellement consacrés, le font à cause de fausses conceptions de la volonté divine; ils le font parce qu’ils manquent de l’Esprit de Christ, l’Esprit de Dieu, le Saint Esprit ou ses dispositions, c’est à dire l’esprit d’amour. Les Ecritures nous expliquent que Satan exerce une grande influence sur le monde, aveuglant et faisant tort à plusieurs, se servant d’eux à leur insu comme d’instruments pour ac­complir son oeuvre. Les Ecritures nous disent que Dieu lui permet de faire cela pour le meilleur et le définitif accom­plissement de son plan grand et glorieux. Ainsi nous voyons dans Actes 3 :17 ce que l’apôtre dit au sujet de ceux qui crucifièrent notre Seigneur: «Je sais, frères, que vous l’avez fait par ignorance ainsi que vos chefs.» Ceux de l’âge des ténèbres, qui se brûlèrent les uns les autres sur le bûcher, pensaient sans doute comme Saul de Tarse qu’ils servaient Dieu fidèlement; mais aveuglés au sujet du vrai but de Dieu et ne sachant apprécier son esprit d’amour, ils servaient Satan et le péché. Ceux de notre temps, ayant une manière plus raffinée pour faire souffrir, jugent, sans aucun doute, très sévèrement leurs frères d’autrefois et trouvent que leur ma­nière d’agir était mauvaise. Malgré tout, de tout temps, Dieu a été le Maître dans les affaires de son peuple, tant et si bien que, pour ceux qui sont «nouvelles créatures» en Christ, il en a résulté cette bénédiction: pendant que leur homme extérieur souffrait, périssait et était mortifié, leur homme intérieur, leur nouvelle nature se renouvelait, se for­tifiait et croissait à l’image de Dieu; leurs épreuves les avaient rendus plus semblables à de «nouvelles créatures», à la res­semblance du Fils de son amour. — Rom. 8 : 29.

Mortifiez donc vos membres.

Nous venons de considérer les attaques du dehors sur nos corps mortels et nous avons vu comment «nos légères afflic­tions du moment présent produisent pour nous au delà de toute mesure un poids éternel de gloire». Partant de ce point de vue, nous sentons que toutes les persécutions, épreuves, tristesses, souffrances qui viennent sur notre chair sont réelle­ment des bénédictions, voilées à cause de notre nature hu­maine; laquelle doit être entièrement détruite avant que, comme de «nouvelles créatures», nous devenions parfaits, à la première résurrection. Ce que dit l’apôtre peut étonner quelques personnes, que, non seulement nous acceptons et apprécions la prévoyance de Dieu nous envoyant des persé­cutions du dehors, mais que notre zèle, comme nouvelles créatures nous conduit à attaquer notre propre chair du dedans. L’apôtre nous dit qu’il y a un conflit engagé entre la nou­velle nature et l’ancienne, que le progrès, le développement de l’une veut dire le renversement, la destruction de l’autre, tant leurs intérêts sont opposés. Ainsi nous sommes exhortés à: «Combattre le bon combat de la foi et à saisir la vie éter­nelle (1 Tim. 6 : 12). Nous savons que notre courage, notre persévérance, notre zèle dans le combat contre la vieille na­ture propre et ses tendances, — combat dans l’intérêt du royaume céleste et ses divines lois — veut dire pour nous ou la victoire ou la défaite en raison de nos progrès vers le but; de notre arrivée à ce but glorieux qui nous est montré par les Ecritures — cohéritiers avec Christ dans son royaume millénaire et cohéritiers de sa nature divine. C’est aux vain­queurs que les promesses bénies des Ecritures s’appliquent. Notre Rédempteur est le Prince de notre salut (Hébr. 2 : 10), la Tête et le Conducteur de tous les vainqueurs; sans lui ils seraient incapables de vaincre, mais ils le peuvent par son aide et sa grâce; ils peuvent triompher ayant la promesse d’être «vainqueurs et au delà par celui qui nous a aimés». — Rom. 8 : 37.

Ce combat de la nouvelle créature contre le vieil homme est démontré par l’apôtre dans son exhortation au nouvel homme: «Mortifiez donc vos membres» qui sont terrestres, faites-les mourir premièrement, abandonnez votre volonté humaine, qu’elle meure, que vous n’ayez pas de volonté propre, mais que vous adoptiez dans la pleine mesure l’esprit de Christ, la volonté du Père; que la volonté de la «nou­velle créature» puisse dorénavant dominer votre vie, qu’elle contrôle de plus en plus chacune de vos pensées, de vos paroles et de vos actions. Cette mortification ne finit pas avec la mort de la volonté propre, elle doit commencer là. La mortification et l’anéantissement procédera en luttant contre chacun des membres de nos corps mortels, pour les faire mourir au péché et en les vivifiant et les encourageant par l’esprit saint de la nouvelle créature. Alors nos mains et nos actes, nos pieds et nos démarches, nos yeux et nos regards, notre langue et nos paroles doivent mourir au péché, mourir à l’égoïsme, mourir à tout ce qui est mauvais; le nouvel Esprit, le saint Esprit les contrôlera, les emploiera chaque jour, chaque heure, sans cesse au service de Dieu qui est le service de Christ, le service des frères, le service de la vérité, le service de l’humanité, maintenant déjà, selon que l’occasion se présente, mais surtout dans l’âge prochain. Pour commencer l’homme naturel est comparativement fort, mais si les progrès sont définitifs, il sera tout à fait soumis à la nouvelle créature. L’homme extérieur périssant et l’homme intérieur étant renouvelé, donc acheminement continuel vers le complet changement, pour la naissance de l’esprit dans la première résurrection. Il n’y a pas de développement ni d’enseignement dans la tombe et personne ne peut entrer dans la condition céleste, excepté ceux qui, à l’école de Christ, dans la vie présente, ont été « faits participants de l’héritage des saints dans la lumière”. Puisqu’il en est ainsi, ceux qui sont engendrés de l’Esprit ont besoin de suivre l’exhortation de l’apôtre: «Appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection; car en faisant cela vous ne bron­cherez jamais. C’est ainsi, en effet, que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée.” — 2 Pierre 1 : 10,11.

Avertissement nécessaire à quelques-uns.

Ici un mot d’avertissement est nécessaire. Quelques-uns ont l’impression erronée que la perfection actuelle, dans chaque mot, pensée, action, est l’exigence divine; c’est une faute; une telle perfection est une impossibilité. La perfection que Dieu demande, d’après les Ecritures est une perfection du coeur, une perfection de la volonté: « Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu!” C’est à dire la pureté des désirs et aussi la pureté des efforts. Les élus de Dieu sont de conditions différentes, les uns sont plus, les autres moins nobles, les uns plus, les autres moins dépravés. Nous ne pouvons pas attendre de tous, qu’ils atteignent le

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même degré de se gouverner et de dominer leurs passions dans la vie présente, aussi le jugement de Dieu ne se fera pas selon la lettre, mais selon l’esprit, (non selon leurs progrès extérieurs, mais selon leurs progrès intérieurs). Quelques-uns de ceux qui font partie du peuple de Dieu et qui sont d’une nature noble, étant plus ou moins dans une haute considé­ration parmi les hommes peuvent, dans l’estimation de Dieu, être trouvés indignes pour le royaume et ses hautes respon­sabilités et honneurs. D’un autre côté quelques-uns de ceux que l’apôtre énumère d’après la chair comme étant: «Les choses viles du monde» (1 Cor. 1 28)’ et  selon les hommes, n’ont jamais été beaucoup estimés de l’homme, peu­vent aux yeux de Dieu être dignes du Royaume à cause de la sincérité de leur coeur, de leur loyauté envers lui, envers leurs frères et envers les principes de justice, à cause de la plénitude de leur esprit d’amour. Sans aucun doute il y a de grandes surprises en réserve pour le temps quand le Sei­gneur manifestera son jugement, sa décision.

En terminant nous exhortons ceux qui se disent chrétiens à accepter Christ comme leur Rédempteur et aussi à prendre leur placé parmi les justifiés qui renoncent au péché et désirent la justice; nous les exhortons, ainsi que quel­ques-uns qui ont déjà pris cette position vis-à-vis de Dieu, nous les exhortons à faire un pas de plus, à entrer dans le corps de Christ, à devenir membres du «petit troupeau», de la véritable Eglise dont Christ est la tête et les apôtres les plus hauts membres; et dont font partie tous ceux qui sui­vent l’Agneau dans une pleine et entière consécration. Ceux engendrés de l’Esprit, nous les exhortons à se considérer comme «nouvelles créatures», à combattre le bon combat contre la vieille nature, à abandonner les oeuvres de la chair, la colère, la malice, la haine, les querelles, à acquérir un caractère pro­duisant les fruits de l’Esprit, l’humilité, la douceur, la patience, le support dans la souffrance, la charité avec les frères et l’amour. Ces qualités célestes seront loin de nous rendre des gens populaires, des gens bien vus du monde; car le monde a un esprit différent, un esprit de ténèbres qui hait la lumière, parce qu’elle les condamne. Ces grâces de l’esprit de Dieu, l’esprit d’amour, constituent une panoplie de Dieu, une ar­mure qui nous rendra capables de résister à tous les traits enflammés du malin, qui nous rendra capables d’aider les autres. Cette armure, par la grâce de Dieu en Christ, finale­ment, nous rendra parfaits, vainqueurs et plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés et qui nous a rachetés par son précieux sang.          

Trad : A. B.)