« Ayant donc ces promesses, mes bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en nous perfectionnant dans la sainteté, dans la crainte de Dieu. » – 2 Corinthiens 7 : 1.
Bien que les paroles de notre texte n’aient pas été adressées par Saint Paul aux gens du monde, elles peuvent être néanmoins d’excellents conseils très profitables à tous. D’une manière générale, tous les peuples civilisés reconnaissent que « la propreté vient juste après la piété ». D’une manière générale, ce qui est pur, ce qui est propre, est reconnu comme étant beau ; et l’impureté et la malpropreté sont détestées même par ceux qui sont impurs et sales. Nous sommes à une époque où l’eau est abondante, où le savon est bon marché et où la souillure de la chair est presque inexcusable en ce qui concerne l’homme extérieur. Mais la souillure de l’esprit ne peut être nettoyée avec de l’eau et du savon ordinaires ; et c’est sans doute la raison pour laquelle le Seigneur et les Apôtres n’ont pas adressé ces paroles au monde – Psaume 119 : 9.
« AYANT CES PROMESSES »
Notre texte parle de la différence entre la personne mondaine bien intentionnée et le chrétien entièrement consacré. Ce dernier a entendu par la Parole de Dieu certaines « promesses excessivement grandes et précieuses », que les mondains bien intentionnés n’ont pas encore entendues dans le vrai sens d’entendre — dans le sens d’apprécier, de comprendre. Le monde civilisé tout entier, dans un sens, possède la même Bible, la même Parole de Dieu, les mêmes précieuses promesses ; mais il ne les a pas appréciées. Il ne les a pas comprises, ne les a pas acceptées et ne les a pas faites siennes en se donnant au Seigneur. L’Église, au contraire, est composée de ceux qui ont entendu intelligemment les promesses du Seigneur et qui les ont acceptées aux conditions de Dieu. Ces promesses de Dieu constituent la puissance de Dieu, qui agit dans le cœur de chacun des membres de l’Église, premièrement pour vouloir correctement et, deuxièmement, pour faire dans la mesure de ses capacités le bon plaisir du Seigneur – Philippiens 2 : 13.
C’est la classe à laquelle s’adresse notre texte — les disciples de Jésus. Ceux-ci ont entendu parler de la grâce de Dieu — du dessein divin de bénir Adam et sa race par le grand Médiateur — le Messie, le Christ. Ils ont entendu que Jésus a quitté la gloire qu’Il avait auprès du Père et s’est abaissé Lui-même à la nature humaine, afin de racheter la race humaine. Ils ont entendu que l’application du mérite de son sacrifice, lorsqu’elle sera faite au temps convenable, sera suffisante pour les péchés du monde entier ; et qu’alors le Père céleste remettra le monde au Rédempteur. Ils ont appris que le Rédempteur, soutenu par l’autorité divine, soumettra toutes choses sous ses pieds, instituera un Royaume céleste sur la terre, et régnera pendant mille ans comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ils ont entendu dire que lorsqu’Il régnera ainsi, son Royaume sera « sous tous les cieux », bien que le Roi Lui-même sera le Roi de Gloire sur le plan spirituel, « bien au-dessus des anges, des principautés et des puissances et de tout nom qui se nomme » – Éphésiens 1 : 21 ; Daniel 7 : 27.
Ils ont entendu que son Royaume règnera d’une mer à l’autre et jusqu’aux extrémités de la terre, et que finalement tout genou fléchira devant Lui et toute langue confessera son allégeance et son obéissance, et que tous ceux qui refuseront ainsi de se soumettre à ce Règne de Justice seront exterminés du milieu du peuple dans la Seconde Mort (Actes 3 : 22, 23). Ils ont entendu que ce grand Royaume non seulement élèvera, relèvera, ressuscitera l’humanité de sa condition déchue, du péché et de la mort, mais qu’il amènera aussi la terre entière à la condition montrée d’avance dans le jardin d’Éden, rendant glorieux le marchepied de Dieu et tout à fait apte à être la demeure éternelle de ceux de la race humaine qui seront sauvés par ce Royaume glorieux pour lequel nous prions : « Que ton royaume vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »
« BİEN-AİMÉS, PURİFİONS-NOUS »
Mais ceux-ci ont entendu quelque chose de plus ― quelque chose qui appartient au temps présent. Ils ont entendu que le dessein divin est de sélectionner parmi l’humanité une Sacrificature Royale, pour être associée au grand Rédempteur dans son Royaume de Médiation. Ils ont entendu qu’un appel a été lancé dans ce sens il y a dix-huit siècles, invitant, tout d’abord, les Juifs qui étaient prêts et disposés à accepter cette très haute faveur de Dieu — être cohéritiers avec son Fils dans le Royaume spirituel qui doit bénir d’ici peu l’humanité. Ils ont entendu dire que pour devenir membres de cette Sacrificature Royale, il faut atteindre la ressemblance de caractère de Jésus, devenir des copies du cher Fils de Dieu (Romains 8 : 29). Cela implique, comme coût, le sacrifice des intérêts terrestres. Ils ont entendu le message du Seigneur, qui non seulement les invite aux gloires du Royaume, mais les informe aussi que le chemin vers cette couronne de gloire est étroit et difficile. Ils ont entendu la voix du Maître, qui leur dit : « Assieds-toi d’abord et calcule la dépense » (Luc 14 : 28), avant de prendre l’engagement d’une telle consécration de ta vie, d’un tel sacrifice de tes intérêts terrestres. « Aucun homme ayant mis la main à la charrue et regardant en arrière ne serait apte au Royaume » — apte à une place sur le Trône comme cohéritier de Christ (Luc 9 : 62). Ils ont entendu la déclaration complémentaire de Saint Paul à tous ceux qui veulent devenir cohéritiers de Christ dans son Royaume, leur assurant que s’ils souffrent avec Christ, ils régneront avec Lui – Romains 8 : 17.
Nous ne doutons pas que, de même que le Père céleste et notre Seigneur Jésus ont aimé le monde au point de fournir le grand Sacrifice pour le péché, de même Saint Paul a aimé le monde — et tous les autres membres du peuple de Dieu doivent avoir un amour sympathique pour le monde. Mais lorsque nous pensons à ceux qui sont tendrement aimés par le Père, par le Fils, par les Apôtres et les uns par les autres, nous pensons à la classe spéciale des saints consacrés qui sont décrits dans les Écritures comme n’appartenant à aucune secte ou parti terrestre, mais comme étant « l’Église des premiers-nés, dont les noms sont écrits dans les cieux ».
Ceux-ci sont « bien-aimés » parce qu’ils ont la pensée de Christ, qui est aussi celle du Père. Selon la chair, ils ne sont pas tous charmants ou beaux. Saint Paul nous avertit ailleurs que parmi ces « bien-aimés », il n’y a pas beaucoup de grands, de sages, de nobles, de riches, mais surtout des personnes viles et des pauvres de ce monde. Leur richesse et leur noblesse ne viennent pas de la chair, mais de l’esprit, du cœur, de la nouvelle volonté, à laquelle ils ont été engendrés de Dieu par l’Esprit Saint. Telle est assurément la pensée de l’Apôtre, car au verset précédent il parle de ces « bien-aimés » comme de « fils et de filles » du Seigneur, d’enfants du Tout-Puissant, engendrés à nouveau par le Saint Esprit ― « des Nouvelles Créatures dans le Christ Jésus » (2 Corinthiens 5 : 17). Ah, comme il semble merveilleux qu’il y ait une telle classe dans le monde, et pourtant non séparée du monde, hormis par leur nouvel esprit ! Ils sont dans le monde mais pas du monde, comme l’a déclaré le Maître. Ils sont morts aux buts et aux objectifs du monde, et sont devenus vivants pour Dieu par le Saint Esprit et par les influences vivifiantes des excessivement grandes et précieuses promesses que Dieu leur a données. Le dessein de Dieu à leur égard est qu’ils puissent être transformés de la nature humaine à la nature spirituelle — de la participation avec le monde aux bénédictions qui lui reviennent pour recevoir à la place la nature divine, avec la gloire, l’honneur et l’immortalité qui s’y rattachent, comme de nouvelles créatures, des fils du Très-Haut.
LA « SOUİLLURE DE LA CHAİR » DU CHRÉTİEN
Ayant déterminé précisément la classe à laquelle s’adresse l’Apôtre, « les saints » (2 Corinthiens 1 : 1), remarquons pourquoi il est nécessaire que les saints reçoivent une telle exhortation. Pourquoi l’Apôtre écrit-il aux saints pour qu’ils purifient leur chair de toute souillure ? Peut-on être un saint et avoir cependant des souillures dans la chair ?
Nous répondons que ces saints, engendrés du Saint Esprit, ne seront pas parfaits comme nouvelles créatures avant de faire l’expérience du « changement » de la « première résurrection ». En attendant, ils ont le trésor de la nature divine, le Saint Esprit, les prémices de leur héritage, dans des corps humains imparfaits. Ce n’est pas la chair qui est engendrée de nouveau par l’Esprit Saint, mais un nouvel esprit, une nouvelle volonté. Ils sacrifient la volonté de la chair. Ils renoncent à tous les droits et ambitions terrestres et acceptent à la place la volonté de Dieu, la volonté de Christ, l’Esprit Saint, afin de marcher en nouveauté de vie. Cependant, dès le début de leur expérience chrétienne, tous ces membres de la Sacrificature Royale, dans la vie présente, passent par des difficultés qui proviennent de trois sources différentes :
- L’Adversaire s’oppose à eux, et leur fera tout le mal que le Seigneur permettra. Leur protection est la promesse divine qu’ils ne seront pas tentés au-delà de ce qu’ils seront capables de supporter — que le Seigneur surveillera leurs intérêts de telle sorte qu’à chaque tentation sera fournie une issue – 1 Corinthiens 10 : 13.
- Ils se trouvent dans un monde obscur, marqué par le péché et l’égoïsme, la superstition et l’ignorance de Dieu, et en désaccord avec sa justice. Le monde et son esprit déferlent sur eux chaque jour, du matin au soir. Ses marées et ses courants cherchent à les éloigner de leurs résolutions d’abnégation et de loyauté envers Dieu et la justice. De diverses manières, il leur présente des perspectives séduisantes, des plaisirs et des richesses, de l’aisance et de l’opulence. Ces perspectives ont leur influence, même si l’on sait qu’il y a relativement peu de personnes qui, en suivant les appels et les séductions du monde, obtiennent la réalisation des promesses qui leur sont faites – 1 Corinthiens 2 : 12-14.
- L’adversaire le plus proche et le plus tenace de la nouvelle créature est sa propre chair. Les désirs de sa nature dépravée crient contre les contraintes et insistent sur le fait qu’elle prend un chemin déraisonnable en s’engageant à suivre le Seigneur Jésus, et donc à aller dans une direction opposée à celle du monde et cela au prix de la crucifixion, de la mortification, de sa propre chair et de ses préférences naturelles – Romains 8 : 13.
Ainsi, chaque chrétien engendré de l’esprit est un objet de sympathie du point de vue divin, et ce devrait être le point de vue de l’un envers l’autre. Mais le monde n’a aucune sympathie. Le monde ne voit pas, ne comprend pas et n’apprécie pas les excessivement grandes et précieuses promesses qui se cachent derrière la consécration des « saints », « l’Église des premiers-nés ». C’est pourquoi ces frères, « bien-aimés », doivent avoir de la sympathie les uns pour les autres, s’encourageant, se fortifiant, s’édifiant l’un l’autre dans la très sainte foi et, surtout, ne faisant rien qui puisse faire trébucher l’un ou l’autre dans le chemin étroit – Jean 13 : 34, 35.
Les « saints » ne peuvent pas combattre Satan. Ils peuvent simplement lui résister par leur volonté et compter sur les promesses de la grâce pour les aider et les protéger. Les « saints » ne peuvent pas conquérir le monde et le convertir à Dieu — c’est une tâche trop herculéenne. Dieu, comme nous l’avons vu, a prévu les mille ans du règne du Messie dans ce but — conquérir le monde, renverser le péché et relever les humains de bonne volonté et obéissants. Mais les « saints » doivent tous vaincre le monde dans le sens de résister à son esprit et garder leur cœur fidèle à Dieu, fidèle à l’alliance de consécration qu’ils ont conclue avec Lui. Les promesses célestes, avec les récompenses encore plus grandes de gloires, bien au-dessus de tout ce que le monde peut offrir, sont les plus grandes aides dans cette résistance à l’esprit du monde.
Le grand travail de l’Église est le bon combat de la foi qui se manifeste par l’action de se purifier des souillures de leur propre chair et de leur propre esprit. Certains ont par nature plus de souillures de la chair et de l’esprit, plus de bassesse, plus d’égoïsme, plus de dépravation naturelle, etc. que d’autres. Néanmoins, la course n’est pas pour ceux qui sont rapides, ni le combat pour les forts ; car l’arrangement de Dieu est que chaque membre de la Sacrificature Royale soit jugé selon son esprit ou son intention, et non selon sa chair. À partir du moment où le chrétien est consacré au Seigneur, il est considéré comme mort en tant qu’être humain et vivant en tant qu’être spirituel. Son épreuve n’a pas pour but de voir s’il peut ou non faire l’impossible, c’est-à-dire vivre une vie absolument parfaite dans un corps imparfait. Son épreuve, au contraire, consiste à voir dans quelle mesure son esprit, sa volonté, mènent un bon combat contre ses faiblesses naturelles et ses défauts. « Il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romains 3 : 10). Toutes les tentatives dans le monde ne pourraient prouver que cette déclaration divine est incorrecte. La droiture de la volonté, la sainteté et la pureté du cœur, sont ce qui est possible. C’est ce que Dieu recherche, et c’est ce qu’Il récompensera lors de la « Première Résurrection » en accordant des corps spirituels parfaits, en pleine harmonie avec leurs cœurs purs, leurs intentions et leurs buts loyaux – Romains 3 : 10 ; 1 Timothée 6 : 12.
COMMENT SE DÉBARRASSER DES SOUİLLURES DE LA CHAİR
S’il est impossible pour la Nouvelle Créature de rendre la chair parfaite, que veut dire l’Apôtre en exhortant les saints à se purifier des souillures de la chair ? Il veut dire que nous ne devons pas, en tant que Nouvelles Créatures, être découragées et dire que, puisque nous ne pouvons pas espérer atteindre la perfection dans la chair, nous ne ferons donc aucun effort dans cette direction. Il veut nous faire comprendre que la volonté du Seigneur est que nous luttions contre les faiblesses de la chair dans un double but.
- Pour que nous puissions nous purifier petit à petit ― devenir graduellement de plus en plus ce que le Seigneur voudrait que nous soyons et ce que nous-mêmes nous aimerions être.
- De plus, ce combat contre le péché dans la chair nous rendra de plus en plus forts dans notre esprit en tant que Nouvelles Créatures. C’est cette fermeté, cette détermination, cette conviction de la Nouvelle Créature contre le péché et pour la justice que Dieu désire. Ceux qui développent cela sont appelés « vainqueurs » ; et toutes leurs expériences dans ces épreuves et combats contre le monde, la chair et l’Adversaire, sont destinées à les rendre forts « dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Éphésiens 6 : 10 – Darby). Leurs expériences sont arrangées et dirigées de manière à les amener à avoir de plus en plus foi en Dieu et à Lui obéir. Pour être acceptables, ils doivent atteindre le point où ils aiment la justice et haïssent l’iniquité — non-équité — injustice – Psaume 45 : 7 ; Luc 16 : 13.
Dans la Bible et dans le langage courant, le mot « esprit » est utilisé dans différents sens. Dans notre texte, il ne signifie pas que les saints, en tant qu’êtres spirituels, sont souillés et ont besoin d’être purifiés. Bien au contraire, la nouvelle créature, engendrée du Saint Esprit, est pure. Mais de même que la nouvelle créature doit utiliser le corps de chair jusqu’à ce qu’elle reçoive le nouveau corps, elle doit, de même, utiliser le cerveau ou l’esprit de la chair pour penser et raisonner, jusqu’à ce que la perfection soit atteinte dans la « première résurrection ». Le sens que donne l’Apôtre n’est donc pas seulement que les saints doivent se débarrasser des souillures en parole et en action, et de toute sympathie avec l’impureté de toute sorte, mais que leurs esprits (leurs pensées) doivent aussi être purs, être purifiés de tout ce qui n’est pas pleinement en sympathie et en accord avec la pensée de Christ. Nous ne devons pas non plus supposer que cette œuvre est purement l’œuvre de Dieu en nous. C’est à Lui de pardonner les péchés du passé. C’est à Lui de nous purifier de toute condamnation du passé. C’est à Lui de couvrir par Christ toutes nos imperfections involontaires. C’est à Lui de nous encourager par ses promesses. Mais c’est à nous de montrer notre fidélité aux principes de sa Parole et de son caractère en nous débarrassant, dans la mesure de nos capacités, de toute souillure de la chair et de l’esprit – Philippiens 2 : 12, 13 ; 2 Pierre 1 : 10.
Livre des Sermons CTR p388